person:hillary clinton

  • Des informaticiens appellent Clinton à contester les votes électroniques de 3 États
    http://www.numerama.com/politique/211196-des-informaticiens-appellent-clinton-a-contester-les-votes-electron

    Un groupe d’informaticiens et d’avocats invite Hillary Clinton à demander un nouveau dépouillement dans le Michigan, le Wisconsin et en Pennsylvanie. Selon eux, leurs votes électroniques auraient été piratés ou manipulés. Un groupe d’informaticiens et d’avocats exhorte Hillary Clinton à demander un nouveau dépouillement de votes concernant trois États gagnés par Donald Trump : le Wisconsin, le Michigan et la Pennsylvanie. D’après eux, leurs résultats électoraux auraient pu être piratés ou (...)

    #vote #hacking

  • Le décompte des voix des électeurs donnerait Hillary Clinton gagnante. Étrangeté de la démocratie US ...

    La marge du vote populaire contre Trump atteint 1,7 million de voix
    http://www.wsws.org/fr/articles/2016/nov2016/pers-n23.shtml

    Donald Trump perd le vote populaire aux élections présidentielles américaines avec la plus grande marge jamais enregistrée pour un vainqueur au Collège électoral. Alors que Trump mène contre la démocrate Hillary Clinton par 302 voix contre 236 dans les votes au Collège électoral, attribués au gagnant de chaque état d’après une formule qui favorise les états plus petits et plus ruraux, la marge de Clinton dans les bulletins de vote des électeurs populaires dépasse maintenant 1,7 million.

    ... / ...

    Il est très probable que, sur la base de ces tendances, l’avance de Clinton sur Trump dans le vote populaire finira par franchir la barre des deux millions, soit une marge plus importante que celle des élections pour des présidents du XXᵉ siècle tels John F. Kennedy en 1960, Richard Nixon en 1968 et Jimmy Carter en 1976. Mais Trump deviendra quand même le 45ᵉ président des États-Unis.

    Il n’y a pas de précédent historique pour un écart aussi important entre le Collège électoral et le vote populaire. Pourtant, ni le Parti démocrate, ni les médias contrôlés par les grandes entreprises n’ont insisté sur cette question.

    #WTF

  • Computer scientists urge Clinton campaign to challenge election results
    http://edition.cnn.com/2016/11/22/politics/hillary-clinton-challenge-results

    Hillary Clinton’s campaign is being urged by a number of top computer scientists to call for a recount of vote totals in Wisconsin, Michigan and Pennsylvania, according to a source with knowledge of the request.

    The computer scientists believe they have found evidence that vote totals in the three states could have been manipulated or hacked and presented their findings to top Clinton aides on a call last Thursday.

    Ah oui ! Pour répondre à la demande populaire,16 ans plus tard, enfin le remake du feuilleton du comté de Palm Beach.

    • The group informed John Podesta, Clinton’s campaign chairman, and Marc Elias, the campaign’s general counsel, that Clinton received 7% fewer votes in counties that relied on electronic voting machines, which the group said could have been hacked.

      Their group told Podesta and Elias that while they had not found any evidence of hacking, the pattern needs to be looked at by an independent review.

  • Trump-Clinton : produits de notre civilisation

    Quel enseignement principal tirer de la victoire de Trump aux élections américaines ? Que c’est là la catastrophe que personne n’avait vu arriver, le triomphe de « Trump le populiste, le machiste, le menteur, le provocateur, l’homme qui insulte et divise une bonne partie de l’Amérique » (Le Soir, éditorial, 10 novembre 2016) ? N’y-a-t-il pas plutôt des leçons à tirer de ce qu’on ne dit pas, et que toutes ces offuscations feintes visent à occulter ?

    À savoir :
    Que les deux candidats étaient peu ou prou les « mêmes », aucun d’eux n’étant porteur d’un autre projet de civilisation ;

    Que l’élection est le fruit d’un vote "démocratique" de systèmes qui ont dévolu la gestion de la cité aux forces économiques et financières, où une minorité décide pour la majorité et où le choix de la masse n’en est pas un – sans parler d’un taux d’abstention flirtant avec les 50% ;

    Découlant du point précédent, que les #élections_aux_USA sont, plus qu’ailleurs, un show distrayant le peuple des questions essentielles qui devraient les occuper ;

    Qu’on a monté en épingle les dérives langagières, xénophobes ou sexistes de Donald Trump, mais que c’était là de loin le moins grave des problèmes. Trump le « menteur », « sexiste », « provocateur »… n’a que peu d’importance à côté de Trump le milliardaire magnat de l’immobilier. Mais cela, on ne l’a que peu entendu ;

    On tait la richesse car, tout simplement, si Trump gagne aujourd’hui, ce n’est que la suite logique d’une politique qui a favorisé les classes nanties, a engagé des dépenses énormes dans l’ingérence étrangère, dont nous vivons les effets aujourd’hui. Les politiques préfèrent les sophismes de la « lutte contre la pauvreté », comme si celle-ci n’était pas liée à la richesse et à son pouvoir d’attraction... ;

    L’"erreur" qu’on cherche à identifier dans le choix des électeurs n’est que le résultat d’un système socio-économique d’une violence inouïe, élevant les inégalités à un point jamais atteint, où les écarts de salaire peuvent aller de 1 à 1000 ! ;

    Ne pas nommer le véritable problème, ne pourra mener qu’à la recherche par une partie des laissez-pour-compte de la mondialisation, d’un exutoire, d’un "coupable idéal" qui, au grand plaisir des 1% des plus riches, les écartera de la révolte contre ces derniers et les politiques qui les font exister.

    Parfois, comme pris par un excès de lucidité, feinte ou en tous cas permise par la situation, certains journalistes arrivent à comprendre que « les experts, l’establishment et les journalistes – nous compris – feraient mieux de se demander comment ils peuvent être aussi déconnectés de la majorité des citoyens et pourquoi leurs messages ne touchent plus le public » (Le Soir, idem). Mais ce n’est que temporaire, car la question essentielle, celle de l’inégalité produite par un système sans limites où le désir d’avoir toujours plus fonctionne comme moteur, ne sera pas posée par les médias de masse, ceux-là mêmes qui se gargarisent du show électoral américain cher aux annonceurs, et ne sont pas prêts à remettre en question la propriété de leur média.

    La déception d’un certain nombre de personnes le matin des résultats, qui ont ingurgité pendant plus d’un an la propagande médiatique, a donc quelque chose de profondément déplorable et catastrophique, car cela laisse penser que la victoire d’Hillary Clinton, laquelle a encouragé les guerres en Yougoslavie, Irak, Lybie, Syrie notamment, aurait été une victoire de la démocratie. Pourtant, pas plus elle que Trump ne signe le triomphe de la justice. Comment peut-on encore croire en un système politique tout à fait sclérosé où l’indécence règne en maître ?

    Quelle naïveté d’encore croire qu’un président, ou l’autre, était autre chose qu’un fantoche aux mains des multinationales, de l’industrie guerrière et des mastodontes de la finance, "C’est à la classe des super-riches qu’appartient le nouveau président #Trump (1). Ce sont eux qui commandent, pas la maison blanche...Et en refusant son salaire de président de 400000 dollars par an, Trump réalise une supercherie démagogique formidable qui laisserait croire que sa fortune estimée à 3,7 milliards serait due à son mérite, de même que son accession au trône présidentiel. Au fond, à 3,7 milliards de patrimoine ou 40 000 euros par mois, les uns ou les autres sont les symboles d’une seule et même chose : un capitalisme débridé où ceux au pouvoir, minorité nantie, n’ont cure de la majorité qui crève.

    Est-ce Trump qui « divise l’Amérique », où Trump n’est-il que le produit d’un système ségrégationniste qui crée des richesses extrêmes, minoritaires, et de la misère, de plus en plus répandue ?

    Nous sommes toujours ancrés dans un présent comme en perpétuel mouvement vers un futur qui nous empêche de tirer des enseignements du passé, comme si nous étions toujours plus modernes et que les « accidents » d’hier n’étaient plus en train de se produire aujourd’hui. Or, dans quelques années, nous reconnaîtrons ce que nous refusons de voir maintenant, mais nous le reconnaîtrons seulement sous la forme de l’accident, comme quelque chose qui n’aurait pas dû se passer. Pourtant, ce qui a lieu maintenant est loin d’être inattendu. Ce n’est que la continuation logique du même. Et donc du pire.

    Alexandre Penasse

    (1) Édition de mardi 15 novembre 2016 de il manifesto,
    http://ilmanifesto.info/lalternanza-del-potere-imperiale
    Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio

    Source : Kairos http://www.kairospresse.be

  • Why Presidential Elections Aren’t Really About the Candidates - Facts So Romantic
    http://nautil.us/blog/why-presidential-elections-arent-really-about-the-candidates

    Political pundits have had some explaining to do since the Presidential election. FiveThirtyEight’s Nate Silver and other analysts have come under fire for assigning a high likelihood to Hillary Clinton’s victory—their predictions ranged from a 70 percent to 99 percent chance of her winning the Electoral College. Clinton’s loss prompted people to question the trustworthiness of polling data—and the statistical models that relied so heavily on it. But to do so is at least a little bit naïve, says Andrew Gelman, a statistician and political scientist at Columbia University. “The polls were off by two percentage points,” Gelman says. Trump was expected to win roughly 48 percent of the two-party vote and ended up with nearly 50 percent. “It just happened to be that this election, two percentage (...)

  • C’est le ralliement des Démocrates au néolibéralisme qui a offert la victoire à Trump - Naomi KLEIN

    https://www.legrandsoir.info/c-est-le-ralliement-des-democrates-au-neoliberalisme-qui-a-offert-la-v

    Ils mettront ça sur le dos de James Comey et du FBI. Sur le dos des radiations des listes, et du racisme. Ils accuseront le ’Bernie ou rien’ [Bernie or bust] et la misogynie - les petits partis, les candidats indépendants. Ils accuseront les grands médias de lui avoir fourni la plate-forme, les réseaux ’sociaux’d’avoir été le mégaphone, et Wikileaks d’avoir déballé le linge sale.

    Dans tout cela, l’influence principale qui nous amène à vivre ce cauchemar éveillé est ignorée : le néolibéralisme. Cette vision du monde - totalement incarnée par Hillary Clinton et sa machine - ne fait pas le poids en face de l’extrémisme ’à la Trump’. C’est la décision de présenter celle-là contre celui-ci qui a scellé notre sort. Alors s’il-vous-plaît, si nous n’apprenons que cela, au moins tirons les leçons de cette erreur.

    Voici ce que nous devons admettre : énormément de gens souffrent. Avec les politiques néolibérales de dérégulation, privatisation, d’austérité et de business trans-national, leur niveau de vie a brutalement chuté. Ils ont perdu leurs boulots, perdu leurs retraites. La plus grande part du filet de sécurité - qui rendait ces pertes moins effrayantes -, ils l’ont perdue. Pour leurs enfants, ils anticipent un avenir encore pire que leur précarité actuelle.

    Pendant ce temps, ils ont assisté à l’avènement de la classe de Davos, un réseau hyper-connecté de milliardaires de la banque et de la technologie, de dirigeants élus excessivement familiers avec ces intérêts, et de stars hollywoodiennes qui font paraître tout cela odieusement glamour. Le succès est une fête à laquelle ils ne sont pas invités, et ils comprennent intimement que l’ascension de ces fortunes et de ce pouvoir est d’une façon ou d’une autre reliée directement à l’aggravation de leurs dettes et de leur pauvreté.

  • Les riches ont voté Trump, les villes Clinton
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2016/11/16/les-riches-ont-vote-trump-les-villes-clinton_5031798_3232.html?xtmc=jacques_

    Dissymétrie des espaces

    La ressemblance frappante entre les cartes des trois dernières élections conduit aussi à relativiser l’effet propre du duel Clinton-Trump. Les choix des différents groupes ont en fait relativement peu bougé depuis quinze ans. Le fait que Barack Obama soit noir et que Hillary Clinton soit une femme a eu des effets limités et les attaques de Donald Trump contre les « minorités » n’ont pas empêché les démocrates de perdre un peu de terrain auprès d’elles.

    La question centrale est tout autre. Deux conceptions de la société et, jusqu’à un certain point, deux sociétés se font face depuis le duel serré entre Al Gore et George W. Bush en 2000 et qui se confirme, quel que soit le style particulier des protagonistes qui s’agitent sur la scène. Les électeurs utilisent les candidats pour faire passer leurs propres messages, qui s’opposent point par point.

    L’urbanité ou son rejet, l’espace public contre l’espace privé font résonance avec d’autres éléments très forts : éducation, productivité, créativité, mondialité, ouverture à l’altérité, demande de justice, présence du futur d’un côté ; de l’autre, mépris de l’intellect, enclavement économique, absence d’innovation, appel au protectionnisme, peur de l’étranger, affirmation d’une d’identité fondée sur la pureté biologique, la loyauté communautaire, le respect de l’autorité et la référence nostalgique à un passé mythifié – toutes choses qui ne définissent pas une approche différente de la justice, mais une alternative à l’idée même de justice.

    La dissymétrie des espaces fait écho à celle qui marque leur relation : si les Etats-Unis perdaient les « surfaces rouges », ils deviendraient soudain plus riches et plus inventifs ; s’ils perdaient les « ronds bleus », ils disparaîtraient purement et simplement.

    Le constat que l’on est encore démographiquement puissant mais politiquement inutile contribue à l’angoisse et au ressentiment qu’expriment les électeurs de Donald Trump, tout autant que leur champion. Ce n’est donc pas à un combat entre « peuple » et « élites » puisque les effectifs sont comparables. Ce sont plutôt deux « peuples » qui se font face, avec deux conceptions antithétiques de la cohabitation.


    Le pb avec J. Lévy c’est que ses catégories sont idéologiquement hyper-connotées : la ville c’est bien, le rural c’est réac.

    • Voir en contrepoint ce que lui rétorque Olivier Bougo Olga :
      http://abonnes.lemonde.fr/idees/article/2016/11/19/olivier-bouba-olga-non-le-vote-des-americains-n-oppose-pas-le-centre

      L’erreur consiste à attribuer à un espace donné ou un ensemble d’espaces – les grandes villes – des caractéristiques intrinsèques sur la base des moyennes d’un certain nombre d’indicateurs. Ainsi, le PIB élevé des grandes villes est dû à un effet de composition qui fait que certaines activités apparemment très productives et certaines professions à salaires très élevés y sont concentrées plus qu’ailleurs.

      La même erreur est présente dans les analyses du vote en faveur de Trump, plus fréquent dans les Etats à dominante rurale. Comme les différences de productivité apparente selon la taille des villes, il s’agit d’un simple effet de composition : les étudiants ou les intellectuels des Etats concernés n’ont probablement pas plus voté pour Trump que leurs équivalents de New York ou San Francisco, mais leur proportion dans la population de ces Etats est moins élevée. Trump a séduit les personnes que les évolutions économiques ont réellement appauvries ou qui se sentent menacées par elles, quel que soit l’endroit où elles vivent.
      [...]
      la mauvaise interprétation de moyennes portant sur des espaces géographiques doit céder la place à des analyses plus réalistes des logiques territoriales, prenant en compte la diversité des types d’activités et des contraintes géographiques qui s’exercent sur eux. Enfin, les sciences sociales devraient faire évoluer leur vocabulaire : il serait préférable désormais de se concentrer sur l’analyse des activités sociales et économiques, et la façon dont elles se déploient dans l’espace.
      [...]
      La souffrance et la misère sont bien là, mais elles peuvent se nicher au cœur des villes aussi bien que dans d’autres lieux. Réciproquement, des configurations locales très diverses peuvent favoriser l’inno­vation et le développement d’activités économiques.

  • La « #post-vérité », nouvelle grille de lecture du politique - Le Temps
    https://www.letemps.ch/monde/2016/11/18/postverite-nouvelle-grille-lecture-politique

    La « post-vérité », nouvelle grille de lecture du politique

    C’est le mot de l’année selon le dictionnaire britannique d’Oxford. Il décrit un discours politique qui se passe de toute référence à des faits réels. Le Brexit et le trumpisme en sont le résultat

    • Le terme n’est pas encore entré dans le lexique courant de la langue française, mais pour la vénérable institution du dictionnaire d’Oxford c’est le mot de l’année : post-vérité, « post-truth » en anglais. Inventé par l’auteur américain Ralph Keyes en 2004 (« The post-truth era »), il a lentement fait son chemin dans les médias anglo-saxons avant de s’imposer comme une grille de lecture des bouleversements politiques en cours.

      Les victoires surprises du Brexit au Royaume-Uni, puis de Donald Trump aux Etats-Unis expliquent son succès. L’usage de « post-vérité » a augmenté de 2000% entre 2015 et 2016, note l’Oxford Dictionnary qui ajoute qu’il est devenu un « pilier du commentaire politique » désormais largement compris.

      Exemple du Brexit
      De quoi parle-t-on ? Il s’agit, selon l’Oxford Dictionnary, d’un adjectif désignant « les circonstances dans lesquelles les faits objectifs ont moins d’influence pour former l’opinion publique que l’appel à l’émotion et aux croyances personnelles ». Quelle différence avec le mensonge, aussi vieux que la politique ? Le menteur n’a plus honte, même s’il est démenti par les faits, car il n’accorde plus d’importance à la vérité factuellement vérifiée.

      Des exemples ? La campagne des « Brexiters » promettait que le Royaume-Uni récupérerait 350 millions de livres sterling versées chaque semaine à l’Union européenne ce qui permettrait de financer les services de santé du pays. Au lendemain de leur victoire, ils ont aussitôt reconnu que c’était faux. De même le leader pro-Brexit, Nigel Farage, se défaussa tout aussi vite de ses responsabilités en tant que principale voix du non. Le mensonge, même avoué, est sans conséquence.

      Les mensonges de Trump
      Il en va de même avec Donald Trump qui a multiplié les contre-vérités, affirmant par exemple qu’il n’avait pas soutenu la guerre en Irak en 2003 ou que Barack Obama n’était pas un Américain. Il ne s’agit pas de fausses promesses ou d’interprétations discutables des faits, courantes dans le débat politique. Le milliardaire est en totale rupture avec la tradition politique américaine dans laquelle le parjure, ou le mensonge, est parfois plus sévèrement puni que les méfaits eux-mêmes.

      « C’est le mensonge plus que le cambriolage du Watergate qui a valu la procédure d’impeachment à Richard Nixon, rappelait récemment Pierre Haski, journaliste à l’hebdomadaire L’Obs. Et pourtant tous les organismes de fact checking (vérifications des faits) qui ont fleuri ces dernières années ne cessent de prouver que plus des deux tiers des affirmations de Trump depuis un an sont fausses, sans que sa crédibilité en soit affectée auprès de ses électeurs. » Ces derniers ne voient pas le problème.

      C’est Katharine Viner, rédactrice en chef du quotidien britannique The Guardian qui a la première mis en perspective ce basculement à la suite de la débâcle de la classe politique britannique lors du Brexit en évoquant « le premier vote majeur dans l’ère de la politique post-vérité ». A propos de la campagne des anti-européens, elle écrivait : « Il s’agissait d’avoir une approche médiatique sur le mode américain. Très tôt, ils ont dit : « Les faits, ça ne fonctionne pas. » Le camp du « Remain » ne pensait qu’aux faits, aux faits, aux faits, aux faits. Ça ne fonctionne tout simplement pas. Vous devez vous connecter émotionnellement avec les électeurs. C’est le succès de Trump. »

      « Les médias sapent les raisons mêmes de leur existence »
      Le discrédit des partis politiques et des médias traditionnels participe de cette logique. Ils ne sont plus jugés pertinents pour décider de l’exactitude des faits. L’avènement de la « post-vérité » en politique accompagne celui des réseaux sociaux comme première source d’information pour des couches de plus en plus importantes de la population. « En chassant le clic facile au détriment de l’exactitude et la véracité, les médias sapent les raisons mêmes de leur existence », écrivait encore Katharine Viner.

      Comment résister ? En mettant à jour les mensonges, les théories du complot, en rétablissant les faits et la vérité, notait récemment The Economist, hebdomadaire britannique des milieux d’affaires. « L’humilité et la reconnaissance d’un certain hubris passé pourraient aussi aider », ajoutait-il.

    • @marielle je ne vois pas comment tu as fait pour avoir cer article payant, mais sinon je trouve ta réflexion inapproriée. Je te vois signaler des articles payant du diplo :)

      Seenthis est un outil de veille qui sert aussi à archiver et retrouver ce qui méritent de l’être, et par ailleurs le temps, même payant comme médiapart ou les jours mérite largement un abonnement et d’être lu et mentionné, certainement plus qu’un diplo à la dérive.

    • Et bien j’ai tout simplement cliqué sur le lien et j’ai eu droit uniquement à 5% de l’article qui me semblait intéressant soit :

      Le terme n’est pas encore entré dans le lexique courant de la langue française, mais pour la vénérable institution du dictionnaire d’Oxford c’est le mot de l’année : post-vérité, « post-truth » en anglais. Inventé par l’auteur américain Ralph Keyes en 2…

      Autant pour moi, je suis sur Ubuntu et il fallait que je désactive Adblock pour lire la suite de l’article ou payer 0.75 euros en 2 clics (super comme procédé) et je remercie Kassem pour en avoir cité une partie.

      L’aperçu des articles du Diplo est un peu plus conséquent et souvent les articles de plus de 6 mois sont disponibles en totalité gratuitement. Personnellement j’aime beaucoup le Diplo, je l’achète régulièrement tous les mois et je trouve les articles de qualité.

      Seenthis est un outil de veille qui sert aussi à archiver et retrouver ce qui méritent de l’être, et par ailleurs le temps, même payant comme médiapart ou les jours mérite largement un abonnement et d’être lu et mentionné, certainement plus qu’un diplo à la dérive.

      Ok pour Seenthis, comme outil de veille et d’archivage. Vous êtes tout à fait libre et en droit de penser que le Diplo est à la dérive. Ce n’est pas mon point de vue et je trouve votre réponse un peu sévère.

      Sinon, lundimatin a également mentionné ce terme :

      – La politique est essentiellement l’art de la manipulation des apparences, du faux-semblant, du stratagème, des jeux à trois bandes, du coup d’État permanent, de la mauvaise foi et de la domination, bref : du mensonge efficace. Quoi de plus logique que d’élire comme président un menteur patenté ? Ceux qui voient dans cette élection le triomphe d’une politique de la « post-vérité » parce que le vainqueur du jour ne s’est jamais soucié de « respecter les faits » tentent lamentablement d’occulter l’évidence que s’il a été élu, c’est précisément parce qu’il incarnait la vérité de la politique, la vérité de son mensonge. Ce qui rend la gauche partout haïssable, c’est de mentir sur le mensonge en faisant de la politique avec des bons sentiments. Chaque fois que la gauche s’en est pris à l’obscénité de Trump, elle n’a donné à entendre que le caractère faux-cul de son propre moralisme. La retenue dont la gauche se prévaut est aussi bien retenue de la vérité, qui éternise le règne du mensonge. C’est ainsi que Trump est devenu, pour certains, le nom de la fin du mensonge. Il leur manque seulement d’avoir lu Gracian, qui disait de l’homme de cour : « Quand son artifice est connu, il raffine sa dissimulation, en se servant de la vérité même pour tromper. Il change de jeu et de batterie pour changer de ruse. Son artifice est de n’en avoir plus. »

      https://lundi.am/LETTRE-A-NOS-COUSINS-D-AMERIQUE

    • America Called #Bullshit on the Cult of Clinton
      https://reason.com/archives/2016/11/20/america-called-bullshit-on-saint-hillary

      The one good thing about Trump’s win? It shows a willingness among Americans to blaspheme against saints and reject the religion of hollow progressiveness.

      If you want to see politics based on emotionalism over reason and a borderline-religious devotion to an iconic figure, forget the Trump Army; look instead to the Cult of #Clinton.

      [...]

      It’s all incredibly revealing. What it points to is a mainstream, Democratic left that is so bereft of ideas and so disconnected from everyday people that it ends up pursuing an utterly substance-free politics of emotion and feeling and doesn’t even realize it’s doing it. They are good, everyone else is bad; they are light itself, everyone else is darkness; and so no self-awareness can exist and no self-criticism can be entertained. Not for even one second, in Heffernan’s words. The Cult of Hillary Clinton is the clearest manifestation yet of the 21st-century problem of life in the political echo chamber.

  • LA GIFLE ! Etats-Unis : Donald Trump propose à Michael Flynn, proche de Poutine, le Conseil de sécurité nationale - RipouxBlique des CumulardsVentrusGrosQ
    http://slisel.over-blog.com/2016/11/la-gifle-etats-unis-donald-trump-propose-a-michael-flynn-proche-de

    WASHINGTON DC, Etats-Unis (07h15) – Il y a deux ans, le président Barack obama l’avait viré. Le général Michael Thomas Flynn voulait juste deux choses : la lutte contre le terrorisme et l’association avec la Russie pour le faire. Proche des Frères musulmans comme Alain Juppé et François Hollande, en France, Barack Obama, avait vu ça d’un mauvais oeil.

    Le général Michael T. Flynn revient donc par la grande porte, deux ans après avoir été mis à la retraite de manière inélégante. Quand Donald Trump a demandé, hier, au général de devenir son conseiller à la sécurité nationale à la Maison Blanche, tout le monde a compris. Ça marque une vraie rupture.

    Ancien vétéran de la guerre en Irak et en Afghanistan, Michael T. Flynn a analysé la situation et sait qu’il n’y a pas d’alternative contre le djihadisme, pas de demi-mesure, il n’y a que l’éradication, « à la Tchétchène », comme le dirait l’autre.

    Ironie du sort, et probablement l’explication de l’exaspération de nombreux électeurs démocrates floués par Obama et donc par Hillary Clinton, Michael T. Flynn est un démocrate pur jus. Lors de la campagne électorale américaine, il a tout de suite été séduit par le discours du président-élu Donald Trump : rapprochement avec la Russie et « torture légitime », bonne, disent-ils tous les deux, pour les terroristes.

    C’est la consternation dans le camp des adeptes de la guerre illogique et surréaliste contre Moscou. Le parti de la haine. Tous ces personnages sans vision, qui pullulent en Europe. Pire, qui gouvernent…Ils vont avaler leur chapeau…

    http://www.mamafrika.tv

  • Comment #Donald_Trump a remporté la Maison Blanche
    https://www.mediapart.fr/journal/international/171116/comment-donald-trump-remporte-la-maison-blanche

    Après examen des données électorales disponibles, il est clair que le succès du républicain est avant tout une défaite d’Hillary Clinton, renforcée par un système de grands électeurs particulièrement défavorable aux démocrates.> Dossier : Trump, le 45e président

    #International #élection #Etats-Unis #Hillary_Clinton

  • We must rethink globalization, or Trumpism will prevail | Thomas #Piketty | Opinion | The Guardian
    https://www.theguardian.com/commentisfree/2016/nov/16/globalization-trump-inequality-thomas-piketty

    Let it be said at once: Trump’s victory is primarily due to the explosion in economic and geographic inequality in the United States over several decades and the inability of successive governments to deal with this.

    Both the Clinton and the Obama administrations frequently went along with the market liberalization launched under Reagan and both Bush presidencies. At times they even outdid them: the financial and commercial deregulation carried out under Clinton is an example. What sealed the deal, though, was the suspicion that the Democrats were too close to Wall Street – and the inability of the Democratic media elite to learn the lessons from the Sanders vote.

    #états-unis #trump #mondialisation

    • Pour une autre mondialisation
      #Thomas_Piketty, Le Monde, le 12 novembre 2016
      http://abonnes.lemonde.fr/idees/article/2016/11/12/pour-une-autre-mondialisation_5029938_3232.html

      Disons-le d’emblée : la victoire de Trump s’explique avant tout par l’explosion des inégalités économiques et territoriales aux Etats-Unis depuis plusieurs décennies, et par l’incapacité des gouvernements successifs à y faire face.

      Les administrations Clinton puis Obama n’ont fait souvent qu’accompagner le mouvement de libéralisation et de sacralisation du marché lancé sous Reagan puis Bush père et fils, quand elles ne l’ont pas elles-mêmes exacerbé, comme avec la dérégulation financière et commerciale menée sous Clinton. Les soupçons de proximité avec la finance et l’incapacité de l’élite politico-médiatique démocrate à tirer les leçons du vote Sanders ont fait le reste.

      Hillary Clinton a remporté d’un cheveu le vote populaire (60,1 millions de voix contre 59,8 millions pour Trump, pour une population adulte totale de 240 millions), mais la participation des plus jeunes et des plus modestes était beaucoup trop faible pour lui permettre de remporter les Etats-clés.

      Le plus triste est que le programme de Trump ne fera que renforcer les tendances inégalitaires : il s’apprête à supprimer l’assurance-maladie laborieusement accordée aux salariés pauvres sous Obama, et à lancer son pays dans une fuite en avant dans le dumping fiscal, avec une réduction de 35 % à 15 % du taux de l’impôt fédéral sur les bénéfices des sociétés, alors que jusqu’ici les Etats-Unis avaient résisté à cette course-poursuite sans fin venue d’Europe.

      Sans compter que l’ethnicisation croissante du conflit politique américain laisse mal augurer de l’avenir si de nouveaux compromis ne sont pas trouvés : voici un pays où la majorité blanche vote structurellement à 60 % pour un parti, alors que les minorités votent à plus de 70 % pour l’autre, et où la majorité est en passe de perdre sa supériorité numérique (70 % des suffrages exprimés en 2016, contre 80 % en 2000, et 50 % d’ici à 2040).

      La principale leçon pour l’Europe et le monde est claire : il est urgent de réorienter fondamentalement la mondialisation. Les principaux défis de notre temps sont la montée des inégalités et le réchauffement climatique. Il faut donc mettre en place des traités internationaux permettant de répondre à ces défis et de promouvoir un modèle de développement équitable et durable.

      Ces accords d’un type nouveau peuvent contenir, si nécessaire, des mesures visant à faciliter les échanges. Mais la question de la libéralisation du commerce ne doit plus en être le cœur. Le commerce doit redevenir ce qu’il n’aurait jamais dû cessé d’être : un moyen au service d’objectifs plus élevés.

      Concrètement, il faut arrêter de signer des accords internationaux réduisant les droits de douanes et autres barrières commerciales sans inclure dans ces mêmes traités, et dès les premiers chapitres, des règles chiffrées et contraignantes permettant de lutter contre le dumping fiscal et climatique, comme par exemple des taux minimaux communs d’imposition des profits des sociétés et des cibles vérifiables et sanctionnables d’émissions carbone. Il n’est plus possible de négocier des traités de libre-échange en échange de rien.

      De ce point de vue, l’Accord économique et commercial global (CETA) – entre l’Union européenne (UE) et le Canada – est un traité d’un autre temps et doit être rejeté. Il s’agit d’un traité étroitement commercial, ne contenant aucune mesure contraignante sur le plan fiscal ou climatique. Il comporte en revanche tout un volet sur la « protection des investisseurs » permettant aux multinationales de poursuivre les Etats devant des cours arbitrales privées, en contournant les tribunaux publics applicables à tout un chacun.

      L’encadrement proposé est notoirement insuffisant, notamment concernant la question clé de la rémunération des juges-arbitres, et conduira à toutes les dérives. Au moment même où l’impérialisme juridique américain redouble d’intensité et impose ses règles et ses tributs à nos entreprises, cet affaiblissement de la justice publique est une aberration.

      La priorité devrait être au contraire la constitution d’une puissance publique forte, avec la création d’un procureur et d’un parquet européen capables de faire respecter ses décisions.

      Et quel sens cela a-t-il de signer lors des accords de Paris un objectif purement théorique de limiter le réchauffement à 1,5° C – ce qui demanderait de laisser dans le sol les hydrocarbures tels que ceux issus des sables bitumineux de l’Alberta, dont le Canada vient de relancer l’exploitation –, puis de conclure quelques mois plus tard un traité commercial véritablement contraignant et ne faisant aucune mention de cette question ?

      Un traité équilibré entre le Canada et l’Europe, visant à promouvoir un partenariat de développement équitable et durable, devrait commencer par préciser les cibles d’émissions de chacun et les engagements concrets pour y parvenir.

      Sur la question du dumping fiscal et des taux minimaux d’imposition sur les bénéfices des sociétés, il s’agirait évidemment d’un changement complet de paradigme pour l’Europe, qui s’est construite comme une zone de libre-échange sans règle fiscale commune.

      Ce changement est pourtant indispensable : quel sens cela a-t-il de se mettre d’accord sur une base commune d’imposition – qui est le seul chantier sur lequel l’UE a légèrement avancé pour l’instant – si chaque pays peut ensuite fixer un taux quasi nul et attirer tous les sièges d’entreprises ?

      Il est temps de changer le discours politique sur la mondialisation : le commerce est une bonne chose, mais le développement durable et équitable exige également des services publics, des infrastructures, des systèmes d’éducation et de santé, qui eux-mêmes demandent des impôts équitables. Faute de quoi le trumpisme finira par tout emporter.

    • Ce genre d’analyse suppose que les dirigeants de « gauche » se sont « trompés » de politique. Mais j’en suis réduit à penser qu’ils ne se sont PAS trompés, que leurs mesures ne sont PAS inefficaces POUR EUX, et qu’il n’y a donc aucune raisons qu’ils changent de stratégie...

  • Une guerre pour le CFA ?
    http://survie.org/billets-d-afrique/2016/254-fevrier-2016/article/une-guerre-pour-le-cfa-5189

    La déclassification des emails d’Hillary Clinton continuent de susciter la controverse… en France. Les analyses de son conseiller officieux, Sidney Blumenthal, laissent transparaître « un autre récit de la guerre de Sarkozy et BHL en #Libye », comme l’avait déjà rapporté Mediapart (28/06/15), confirmant que les motivations militaires et pétrolières n’étaient pas absentes derrière l’apparente guerre « humanitaire ». Dans de nouveaux emails déclassifiés, Blumenthal affirme cette fois, selon LeMonde.fr (11/01) (...)

    #254_-_février_2016

    / #Franc_CFA, #Brèves_d'Afrique_et_d'ailleurs, Libye

  • Des revers en cascade - RipouxBlique des CumulardsVentrusGrosQ
    http://slisel.over-blog.com/2016/11/des-revers-en-cascade.html
    http://i1.wp.com/arretsurinfo.ch/wp-content/uploads/2016/11/fabius-jean-marc-ayrault-francois-hollande-11-fevrier-2016-paris.jpg?resize=6

    Achat d’hélicoptères américains par la Pologne, rejet de la résolution française sur la Syrie à l’ONU, annulation de la visite de Vladimir Poutine à Paris : courant octobre, en quelques jours, notre diplomatie a connu trois revers majeurs, dont elle s’offusque, alors même qu’elle en porte l’entière responsabilité en raison de la politique erratique conduite par nos dirigeants.
    Des revers en cascade

    La « trahison » polonaise n’a surpris que ceux qui ne s’intéressent pas à ce pays, car il est clair que la défense de ses intérêts nationaux – et sa défiance légitime à l’égard de son voisin russe – a toujours conduit Varsovie, depuis 1991, à privilégier l’alliance avec Washington plutôt que la solidarité européenne. On ne peut guère reprocher aux Polonais de nous l’avoir caché, car ils ont montré à plusieurs reprises, sans ambigüité aucune – notamment sur le dossier ukrainien – de quel côté leur cœur penchait. Mais nos politiques se bercent d’illusions. Non seulement ils n’ont pas voulu tenir compte de cette évidence, mais pire, ils se sont persuadés que notre refus de livrer deux navires amphibies Mistral à la marine Russe – sous la pression américaine – conduirait notre partenaire européen à choisir notre offre. Bien sûr, il n’en a rien été et l’annulation de la visite présidentielle à Varsovie comme les critiques du ministre des Affaires étrangères illustrent à quel point nos dirigeants ont pris leurs désirs pour la réalité… laquelle semble totalement leur échapper.
    L’émotion de nos gouvernants au sujet de la bataille d’Alep en est un autre exemple. Leur « révolte » face aux « exactions » des forces russes et syriennes se fonde sur une vision totalement partiale de la situation, diffusée par les médias occidentaux.
    A Alep, tout ceux qui connaissent la situation de terrain savent que les djihadistes d’Al-Nosrah pilonnent quotidiennement depuis plusieurs années les quartiers dont la population est restée fidèle au gouvernement de Damas[1] – ciblant prioritairement les quartiers chrétiens -, faisant de nombreuses victimes innocentes ; mais sans doute ces vies ont-elles moins de valeur que celles de ceux qui soutiennent les djihadistes. En effet, les témoins locaux confirment que tous les quartiers bombardés par les aviations russe et syrienne sont ceux dans lesquels la population a pris ouvertement parti pour les islamistes et où flotte ostensiblement le drapeau de Daech… ce que le médias ne nous montrent jamais[2].
    Cette présentation totalement déformée de la réalité est insupportable. Pourtant elle est à l’origine des envolées lyriques et outragées de François Hollande et de Jean-Marc Ayrault, qui se sont même montrés menaçants à l’égard de Moscou. Voir nos autorités réagir à partir d’éléments aussi faux conduit à s’interroger sur leur connaissance réelle du dossier ou leur indépendance d’esprit vis-à-vis de Washington. De plus, ces positions de Matamore ne sont d’aucun effet. Les dirigeants français ont peut être l’illusion d’être des acteurs entendus et écoutés ; mais il n’en est rien. Ils sont aussi insignifiants qu’inaudibles. Notre proposition de résolution à l’ONU a été rejetée et nous ne sommes même plus invités aux négociations internationales sur la Syrie à Genève.
    En toute logique, devant l’hostilité manifestée à son égard par nos gouvernants, les menaces de poursuivre Moscou devant la Cour pénale internationale (CPI), la surenchère de nos médias qui font du Poutine Bashing leur sport favori et la présentation totalement partiale du conflit syrien, le président russe a décidé d’annuler sa visite dans notre pays, jugeant le contexte peu favorable à des discussions sereines. Cette décision semble avoir pris au dépourvu notre président qui pensait pouvoir tancer son homologue russe sans que celui-ci ne réagisse, puis sans doute l’accueillir pour lui faire la leçon.
    Une perception des faits totalement orientée
    Il n’est pas question de faire l’apologie de Vladimir Poutine ou de Bachar El-Assad, ni de nier que la guerre tue, à Alep ou ailleurs ; mais il est bon de rétablir certaines vérités qui sont délibérément dissimulées par les stratèges de la communication américains et les médias Mainstream à leur service.
    Depuis qu’ils sont devenus l’unique superpuissance, les Etats-Unis n’ont cessé de prendre des libertés vis-à-vis du droit international. Pourtant, rares ont été les médias à dénoncer leurs méfaits et les ONG ou les Etats les ayant menacé de poursuites juridiques internationales ou déclaré qu’ils en porteraient la responsabilité devant l’histoire. Rappelons quelques faits :
    – l’invasion illégale de l’Irak – passant outre le véto de la ONU -, laquelle a permis la naissance de Daesh et a provoqué la mort et la désolation dans ce pays, faisant plus de victimes encore que la dictature de Saddam Hussein. Cette action a tout autant violé le droit international que l’action russe en Crimée ;
    – les nombreuses victimes collatérales des frappes de drones dans le cadre de la Global War on Terrorism (GWOT)[3] ;
    – la légalisation la torture et la multiplication des arrestations extra-judiciaires (Rendition) et des prisons secrètes dans le cadre de la GWOT ; la généralisation de l’espionnage de leur population et de leurs alliés. Pourtant ni l’une ni l’autre de ses mesures n’ont été d’une grande efficacité dans la lutte contre le terrorisme ;
    – le soutien à l’Arabie saoudite et au Qatar – deux Etats qui exportent leur islam radical archaïque dans le monde et soutiennent les djihadistes -, à la confrérie des Frères musulmans – dans le cadre du « printemps arabe » – et aux djihadistes liés à Al-Qaïda pour renverser le régime syrien.
    Mais les Etats-Unis ne sont pas les seuls dans ce cas. Ces pratiques concernent aussi plusieurs de leurs alliés.
    L’Arabie Saoudite, non contente d’exporter le wahhabisme de par le monde et d’avoir soutenu les djihadistes, est intervenue au Bahrein à l’occasion du printemps arabe (2011) pour mater une révolte populaire sans que personne ne s’en offusque. Elle semble pourtant incapable d’assurer la sécurité des pélerins se rendant à La Mecque pour le hadj, ainsi qu’en témoignent les incidents à répétition survenus ces dernières années ayant entrainé la mort de centaines de croyants. Surtout, depuis dix-huit mois, elle a déclenché une guerre sanglante au Yémen (opération Tempête décisive), laquelle semble ne pas intéresser grand-monde, contrairement au conflit syrien.
    Depuis mars 2015, une coalition internationale[4] menée par Riyad s’attache à remettre au pouvoir le gouvernement d’Abd Rabo Mansour Hadi, afin d’empêcher l’installation d’un régime chiite à sa frontière méridionale. Dans ce conflit, les Saoudiens sont aidés par les Etats Unis qui leur fournissent armement, renseignements et ravitaillent leurs avions. Les combats ont déjà provoqué plus de 10 000 morts dont beaucoup de civils. L’Arabie saoudite bombarde systématiquement les infrastructures du pays – y compris les hôpitaux – et exerce un blocus sur les zones rebelles au point que des millions de Yéménites n’ont plus de quoi se nourrir ; trois millions ont fui les zones de combat. Le 8 octobre dernier, les avions saoudiens ont pris pour cible une cérémonie funéraire à Sanaa, tuant au moins 140 personnes et en blessant 500. Ces frappes relèvent pleinement d’un crime de guerre ; pourtant aucun Etat occidental ne l’a signalé ni n’a protesté. Tout juste les Américains ont-ils fait savoir qu’ils allaient reconsidérer leur soutien aux Saoudiens dans ce conflit.
    A noter également que plusieurs milliers de véhicules Toyota ont été achetés par les pays du Golfe (Arabie saoudite, Qatar, Émirats arabes unis et Jordanie) pour être livrés à l’État islamique,en Syrie et en Irak. C’est le constructeur japonais, accusé à tort de commercer avec Daesh, qui a révélé la liste de ses principaux clients dans la région. Ainsi, 22 500 véhicules auraient été vendus aux Saoudiens, 32 000 aux Qataris et 11 650 aux Emiratis. Puis, selon des informations provenant des services russes – à considérer naturellement avec circonspection -, l’armée jordanienne aurait facilité le transfert de ces véhicules en Syrie et en Irak. Une fois encore, les dénonciations de ce soutien des monarchies pétrolières à l’Etat islamique, sont rares.
    La Turquie est dirigée par un président membre de la confrérie internationale des Frères musulmans, qu’il a soutenu en Tunisie, Libye, Egypte et Syrie à l’occasion des « printemps arabes ». Erdogan a aussi longtemps laissé à Daesh la libre utilisation de son territoire pour son approvisionnement et ses opérations en Syrie et en Irak. Par ailleurs, il ne cesse de renforcer son pouvoir personnel – dans le but de devenir président à vie – et d’encourager l’islamisation de la société. A la suite d’une tentative avortée de coup d’Etat contre lui[5], il s’est livré à une gigantesque purge afin de liquider ses opposants et d’installer ses affidés. C’est-à-dire que l’un des pays membre de l’OTAN est dirigé par un islamiste radical aux tendances despotiques, bafouant les droits de l’homme, sans que cela ne choque personne ni ne remette en cause notre politique à l’égard d’Ankara. Et l’on parle toujours d’une éventuelle entrée de la Turquie dans l’Union européenne… Rappelons également, les forces turques ont pénétré illégalement dans le nord de la Syrie et de l’Irak et occupent une portion du territoire de ces deux Etats sans que la communauté internationale ne trouve à y redire.
    Les faits ci-dessus montrent sans ambiguïté que le droit international est, depuis quinze ans, davantage bafoué par Washington et ses obligés que par Moscou ou Damas ; et que les victimes civiles du « camp de la liberté » sont tout aussi innocentes et bien plus nombreuses que celles qui tombent lors des opérations russo-syriennes. Mais dès lors que des actions de force sont américaines ou alliées de Washington, elles sont, par essence, « justes, légitimes et utiles ». Seuls ceux qui n’appartiennent pas à ce camp ou qui ne soutiennent pas cette politique sont coupables : Moscou, Damas, Téhéran, etc.
    Il faut le réaffirmer sans cesse : contrairement aux idées reçues, la société de l’information dans laquelle nous vivons n’a que très marginalement permis d’améliorer la qualité et l’objectivité des données à la disposition du public. Au contraire, en dépit de la multiplication des canaux médiatiques, leur concentration entre les mêmes mains permet encore davantage de manipulation des faits qu’avant son émergence. Les événements actuels en sont la flagrante illustration.
    La provocation délibérée du Russian Bashing
    Pour envenimer la situation, dirigeants politiques, responsables militaires et journalistes occidentaux ne cessent d’évoquer la montée en puissance de la menace russe et le retour d’une nouvelle Guerre froide… voire pour certains, le spectre d’une nouvelle guerre mondiale[6] !
    Mais le Russian Bashing impulsé par les milieux anglo-saxons ne reflète pas la réalité. Rappelons que le budget de la défense des Etats-Unis (près de 600 milliards de dollars) est de très loin le premier au monde et qu’il est supérieur aux budgets cumulés des dix pays qui le suivent ; la Russie (avec un budget de moins de 70 milliards de dollars) n’arrive elle-même que loin derrière la Chine et l’Arabie saoudite. Moscou dépense ainsi pour sa défense huit fois moins que Washington. La « menace » doit donc être fortement relativisée. Elle est pourtant largement utilisée par Hillary Clinton dans le cadre de sa campagne présidentielle, comme si elle cherchait par avance à remettre en cause une éventuelle victoire de Donald Trump… avec le soutien des hackers russes !
    Il convient également de réfuter la soi-disant volonté hégémonique de Moscou. Poutine n’a d’autre but que de mettre fin aux humiliations répétées dont son pays a été victime depuis vingt ans et au grignotage de ses marges. Il n’accepte plus sans réagir que la Russie soit provoquée ou que ses intérêts soient bafoués. Pourtant, c’est aujourd’hui Moscou qui apparaît comme « fauteur de troubles ».
    A l’opposé, il faut être aveugle pour ne pas mesurer le comportement impérialiste croissant de Washington, tant par ses interventions extérieures qui ne résolvent rien, que par l’application extraterritoriale de son droit au monde entier.
    Bien sur, il ne fait aucun doute que de tels propos seront immédiatement qualifiés de « pro Poutine » et que leur auteur sera accusé d’être un relais de l’influence russe. En effet, c’est une technique régulièrement utilisée ces dernières années que de mettre systématiquement en doute l’objectivité et l’indépendance de ceux qui critiquent la politiqueMainstream. Ainsi, les médias nous rebattent régulièrement les oreilles au sujet des réseaux d’influence russes en France – ce qui est une réalité, tout comme l’espionnage de Moscou -, mais sans jamais parler des réseaux d’influence et d’espionnage infiniment plus puissants des Américains
    Nous vivons une période difficile dans laquelle les esprits sont l’enjeu des stratégies des uns et des autres et où les médias sont devenus un véritable champ de bataille. En la matière, par leur maîtrise des canaux de communication mondiaux, les Etats-Unis disposent d‘un net avantage ; ils ont réussi à imposer leur vision du monde, laquelle répond à la promotion et la défense de leurs intérêts… mais en rien à ceux de la démocratie ni de l’Occident – et surtout pas de la France. Ils ont également réussi à convaincre que leur point de vue était « la » vérité objective et que tous ceux qu’ils désignent comme leurs adversaires sont le « mal ». Evidemment, la réalité est quelque peu différente. Mais nos élites ne semblent pas le percevoir.
    Pour nous Français, l’enjeu n’est pas Moscou, Damas ou Alep, ni Poutine ou Bachar. Il est de retrouver une indépendance de vue et une objectivité d’analyse que nous avons abandonnées depuis plus d’une décennie et d’échapper à la vision sectaire du monde qu’imposent les Américains.
    D’autant plus qu’à la différence des Britanniques, nous ne reconnaissons ni ne cherchons à analyser nos erreurs. Le parlement du Royaume Uni a publié, en juillet et en septembre dernier, deux rapports remettant en cause la décision de David Cameron d’intervenir en Libye, jugeant que les informations l’ayant conduit à lancer cette opération étaient infondées. Qu’avons nous fait en France ? Strictement rien ! Interviewé par la presse, Nicolas Sarkozy a persisté, déclarant qu’il avait pris alors « la bonne décision ».
    *
    La très grande majorité des spécialistes de géopolitique, des relations internationales et des diplomates nous répètent à l’envi depuis un quart de siècle que le monde a changé. Certes. Cela est indéniable. Nous le mesurons chaque jour.
    Ce qui n’a pas changé en revanche, c’est la grille de lecture sur laquelle ils fondent leur analyse. Elle est restée, pour l’essentiel, basée sur des critères d’évaluation datant de la Guerre froide : le bien, la vérité et la justice sont américains ; le mal, le mensonge et l’injustice demeurent russes ou iraniens. D’où leurs jugements erronés et leurs conseils inadaptés pour la conduite des politiques étrangères européennes… et les erreurs à répétition de celles-ci.
    Le monde évolue donc plus vite que les analyses qu’en font ces « experts » et les choses ont changé de manière bien plus profonde qu’ils ne l’observent, même si des constantes demeurent. C’est pourquoi il est nécessaire d’adopter une nouvelle lecture de la situation internationale afin d’essayer de redonner à la France – et plus largement l’Europe – la boussole dont elle semble démunie.
    Seule lueur de lucidité dans ce sombre tableau, le remarquable rapport récemment publié par les députés Pierre Lellouche et Karine Berger, relatif à l’application extraterritoriale du droit américain[7]. Voilà enfin une réflexion de fond sur un sujet stratégique pour notre économie et nos entreprises, auquel le gouvernement ne s’est guère intéressé, en dépit des affaires BNP et ALSTOM. A lire absolument.
    Eric Denécé | 04-11-2016
    [1] Il convient également de rappeler que depuis cinq ans la population fidèle au régime n’a cessé d’être ciblée par les djihadistes : coupures d’eau et d’électricité, bombardements, blocus du ravitaillement, assassinats, enlèvements, tortures…
    [2] Voir à ce sujet l’excellente analyse de Richard Labévière : http://prochetmoyen-orient.ch/mossoul-alep-la-diagonale-du-fou
    [3] Outre les frappes de drones – qui créent plus de terroristes qu’elles n’en éliminent – ces frappes ont eu lieu à plusieurs reprises en Afghanistan à l’occasion fêtes de mariage, faisant chaque fois une centaine de victimes civiles. Rappelons également que les forces aériennes américaines ont bombardé, le 3 octobre 2015, un hôpital à Kunduz, en Afghanistan, faisant 42 morts et 37 blessés, parmi lesquels des membres Médecins sans frontières ; et qu’elles ont tué une centaine de soldats syriens, mi-septembre 2016, dans un bombardement effectué « par erreur », ce qui a par ailleurs permis à Daesh de s’emparer d’une position stratégique.
    [4] Elle comprend une dizaine de pays arabes et sunnites : les membres du Conseil de coopération du Golfe (Oman excepté), le Maroc, la Jordanie, le Soudan et l’Egypte.
    [5] La genèse de cet événement n’est toujours pas claire. De fortes suspicions existent quant à la parfaite connaissance de ce complot par Erdogan, qui pourrait avoir laissé faire afin de procéder à une purge radicale dans tous les domaines de l’appareil d’Etat.
    [6] Cf. Alain Rodier, « Autour des conflits syriens et irakiens : Etats-Unis et Russie, ils sont tous devenus fous ! »,Note d’actualité n°456, www.cf2r.org, octobre 2016.
    [7] Pierre Lellouche et Karine Berger, Rapport d’information des commissions des Affaires étrangères et des Finances sur L’Extraterritorialité de la législation américaine, Assemblée nationale, Paris, 5 octobre 2016.
    Source : http://www.cf2r.org/fr/editorial-eric-denece-lst/une-lecon-meritee.php

  • The Troubling Reason the Electoral College Exists | TIME
    http://time.com/4558510/electoral-college-history-slavery
    https://timedotcom.files.wordpress.com/2016/11/constitution.jpeg?quality=85&w=1012

    The Founding Fathers had something particular in mind when they set up the U.S. presidential election system: slavery

    As Americans await the quadrennial running of the presidential obstacle course now known as the Electoral College, it’s worth remembering why we have this odd political contraption in the first place. After all, state governors in all 50 states are elected by popular vote; why not do the same for the governor of all states, a.k.a. the president? The quirks of the Electoral College system were exposed this week when Donald Trump secured the presidency with an Electoral College majority, even as Hillary Clinton took a narrow lead in the popular vote.

    #états-unis #trump #collège_électoral #élections #système_électoral

    • Akhil Reed Amar teaches constitutional law at Yale University. This essay borrows from his recently published book, The Constitution Today.

      At the Philadelphia convention, the visionary Pennsylvanian James Wilson proposed direct national election of the president. But the savvy Virginian James Madison responded that such a system would prove unacceptable to the South: “The right of suffrage was much more diffusive [i.e., extensive] in the Northern than the Southern States; and the latter could have no influence in the election on the score of Negroes.” In other words, in a direct election system, the North would outnumber the South, whose many slaves (more than half a million in all) of course could not vote. But the Electoral College—a prototype of which Madison proposed in this same speech—instead let each southern state count its slaves, albeit with a two-fifths discount, in computing its share of the overall count.

      (...) If the system’s pro-slavery tilt was not overwhelmingly obvious when the Constitution was ratified, it quickly became so. For 32 of the Constitution’s first 36 years, a white slaveholding Virginian occupied the presidency.

      #pouvoir_de_vote #États-Unis #histoire #esclavage

  • US against the world? Trump’s America and the new global order
    https://www.ft.com/content/6a43cf54-a75d-11e6-8b69-02899e8bd9d1

    http://prod-upp-image-read.ft.com/7f328d04-a778-11e6-8898-79a99e2a4de6

    Donald Trump’s stunning electoral defeat of Hillary Clinton marks a watershed not just for American politics, but for the entire world order. We appear to be entering a new age of populist nationalism, in which the dominant liberal order that has been constructed since the 1950s has come under attack from angry and energised democratic majorities. The risk of sliding into a world of competitive and equally angry nationalisms is huge, and if this happens it would mark as momentous a juncture as the fall of the Berlin Wall in 1989.
    Sample the FT’s top stories for a week

    The manner of Trump’s victory lays bare the social basis of the movement he has mobilised. A look at the voting map shows Clinton’s support concentrated geographically in cities along the coasts, with swaths of rural and small-town America voting solidly for Trump. The most surprising shifts were his flipping of Pennsylvania, Michigan and Wisconsin, three northern industrial states that were so solidly Democratic in recent elections that Clinton didn’t even bother to campaign in the latter one. He won by being able to win over unionised workers who had been hit by deindustrialisation, promising to “make America great again” by restoring their lost manufacturing jobs.

    #états-unis #trump

  • Slavoj Žižek a au moins le mérite d’exhumer cette citation d’Orwell : « Nous daubons tous allègrement sur les particularismes de classe, mais bien peu nombreux sont ceux qui souhaitent vraiment les abolir. On en arrive ainsi à constater ce fait important que toute opinion révolutionnaire tire une partie de sa force de la secrète conviction que rien ne saurait être changé. »

    #Etats-Unis — « La chance d’une gauche plus radicale » (Le Monde, 12/10/2016)
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2016/11/12/une-chance-de-recreer-une-gauche-authentique_5029953_3232.html

    Dans La Lucidité (Point, 2007), José Saramago raconte d’étranges événements survenus dans la capitale sans nom d’un pays démocratique sans nom. Le matin des élections, il pleut à torrent et le faible taux de participation inquiète, mais, en milieu d’après-midi, le ciel se dégage enfin et la population se rend aux urnes en masse. Le soulagement du gouvernement est toutefois de courte durée : le décompte des voix révèle 70 % de bulletins blancs.

    Déconcerté par cette apparente erreur civique, le gouvernement veut donner aux citoyens une chance de se racheter et organise une nouvelle élection la semaine suivante. Mais c’est encore pire : c’est fois, on compte 83 % de votes blancs.

    S’agit-il d’un complot organisé pour renverser non seulement le gouvernement en place mais l’ensemble du système démocratique ? Si tel est le cas, qui se cache derrière tout ça et comment a-t-on pu convaincre, sans qu’on le remarque, des centaines de milliers de personnes de se révolter ainsi ? La ville a continué de fonctionner quasiment normalement, les gens parant tous les efforts du gouvernement dans un inexplicable unisson et dans une résistance non violente tout à fait gandhienne…

    La leçon à tirer de cette expérience de pensée est claire : le danger, aujourd’hui, ne réside pas dans la passivité, mais dans la pseudo-activité, l’envie d’être « actif », de « participer », pour masquer la vacuité de la situation. Nous ne cessons d’intervenir, de « faire quelque chose », les universitaires participent à des débats ineptes, etc. Le plus dur est de reculer, de se retirer.

    Ceux qui sont au pouvoir préfèrent souvent une participation, même « critique », un dialogue plutôt que le silence – juste pour nous forcer à « dialoguer », pour être sûr de briser notre toujours inquiétante passivité. L’abstention des électeurs est donc un véritable acte politique : elle confronte énergiquement à la vacuité des démocraties actuelles.

    C’est exactement ainsi qu’auraient dû réagir les citoyens qui avaient à choisir entre Hillary Clinton et Donald Trump. Quand, à la fin des années 1920, on a demandé à Staline quel penchant était le pire, la droite ou la gauche, il a répondu « les deux sont pires ! »

    L’élection présidentielle de 2016 n’a-t-elle pas confronté les Américains à la même situation ? Trump est de toute évidence le « pire », pour le tournant droitier qu’il nous réserve et la décomposition de la moralité publique qu’il engage. Mais au moins promet-il un changement. Tandis que Hillary est la « pire », parce que c’est le statu quo qu’elle rend désirable.

    Face à un choix pareil, il aurait fallu garder son calme et choisir le « pire » qui représentait un changement : même si c’est un changement dangereux, cela peut ouvrir la voie à un autre changement plus authentique. C’est pour cela qu’il ne fallait pas voter Trump – pas seulement parce qu’on ne devrait pas voter pour lui, mais parce qu’on ne devrait même pas participer à de telles élections. Il faut se demander froidement : quelle victoire sert au mieux un projet radical d’émancipation, celle de Clinton ou de Trump ?

    Les libéraux épouvantés par Trump excluent la possibilité que sa victoire puisse engager une dynamique qui fera émerger une véritable gauche – leur contre-argument se fondant sur la référence à Hitler. De nombreux communistes allemands avaient vu dans la prise de pouvoir des nazis une chance pour la gauche radicale, seule force capable de les battre. Leur appréciation d’alors fut, comme on sait, une terrible erreur.

    La question est de savoir s’il en va de même avec Trump. Celui-ci représente-t-il un danger face auquel il faudrait constituer un large front où conservateurs « raisonnables » et ultralibéraux se battraient ensemble, aux côtés des libéraux progressistes traditionnels et (de ce qui reste) de la gauche radicale ? Pas encore ! (Soit dit en passant, le terme de « fascisme », tel qu’on l’emploie aujourd’hui, n’est souvent plus qu’un mot vide que l’on agite quand quelque chose de manifestement dangereux surgit sur la scène politique. Mais nous ne savons plus vraiment ce qu’il recouvre. Non, les populistes d’aujourd’hui ne sont pas de simples fascistes !).

    Craindre qu’une victoire de Trump transforme les Etats-Unis en un Etat fasciste est une exagération ridicule. Les Etats-Unis ont tout un ensemble d’institutions politiques et civiques suffisamment contradictoires pour qu’une mise au pas (Gleichshaltung [euphémisme nazi désignant la suppression de toute vie démocratique après 1933]) si directe soit impossible.

    Alors, d’où vient cette #peur ? Elle sert clairement à nous unir tous contre Trump et à masquer ainsi les véritables divisions qui existent entre la gauche ressuscitée par Sanders et Hillary, qui était LA candidate de l’establishment, soutenue par une large coalition arc-en-ciel incluant les figures belliqueuses de l’ancienne administration Bush comme Paul Wolfowitz et l’Arabie saoudite.

    Le fait est que Trump a été porté par la même colère que celle où Bernie Sanders a puisé pour mobiliser les militants : il est perçu par la majeure partie de ses sympathisants comme LE candidat anti-establishment.

    N’oublions jamais en effet que la colère populaire est, par définition, flottante, et qu’elle peut être réorientée. Les libéraux, que la victoire de Trump effraie, n’ont pas vraiment peur d’un virage radical à droite. Ce qui les effraie, en réalité, c’est un changement social radical.

    Pour reprendre les mots de Robespierre, ils reconnaissent les injustices profondes de notre vie sociale (et s’en inquiètent sincèrement), mais ils veulent s’y attaquer par « une révolution sans révolution » (exactement de la même manière que le consumérisme actuel nous vend du café sans caféine, du chocolat sans sucre, de la bière sans alcool, du multiculturalisme sans conflits violents, etc.). C’est une vision du changement social sans vrai changement, un changement qui laisse tout le monde indemne, où les libéraux bien intentionnés restent bien à l’abri dans leur cocon.

    On imagine aisément, si Hillary avait gagné, le soulagement de l’élite libérale : « Merci mon Dieu, le cauchemar est terminé, nous avons frôlé la catastrophe ! » Mais un tel soulagement n’aurait fait que précipiter la véritable catastrophe parce qu’il aurait signifié : « Merci mon Dieu, la va-t-en-guerre de l’establishment politique qui représente les intérêts des grosses banques a gagné, le danger est derrière nous ! »

    En 1937, George Orwell écrivait : « Nous daubons tous allègrement sur les particularismes de classe, mais bien peu nombreux sont ceux qui souhaitent vraiment les abolir. On en arrive ainsi à constater ce fait important que toute opinion révolutionnaire tire une partie de sa force de la secrète conviction que rien ne saurait être changé. »

    Ce que veut dire Orwell, c’est que les radicaux brandissent la nécessité d’un changement révolutionnaire comme un gri-gri destiné à les en protéger et à faire advenir le contraire ; autrement dit, pour que le seul changement qui compte, le changement de ceux qui nous gouvernent, ne puisse pas voir le jour.

    La victoire d’Hillary aurait été la victoire du statu quo, assombri par la perspective d’une nouvelle guerre mondiale (elle est définitivement la démocrate belliqueuse type), statu quo dans une situation où nous nous enfonçons pourtant, peu à peu mais sûrement, dans d’innombrables catastrophes, écologiques, économiques, humanitaires, etc.

    Oui, la victoire de Trump représente un grand danger, mais la gauche a besoin de la menace de la catastrophe pour se mobiliser – dans l’inertie du statu quo actuel, jamais il n’y aura de mobilisation de gauche. Je suis tenté ici de citer Hölderlin : « Là où il y a péril croît aussi ce qui sauve. »

    Qu’est-ce que cela aurait changé qu’Hillary Clinton soit la première femme présidente des Etats-Unis ? Dans son nouveau livre, La Vraie Vie (Fayard, 128 pages, 14 euros), Alain Badiou met en garde contre les dangers que recèle le nouvel ordre nihiliste post-patriarcal, qui prétend être l’espace de nouvelles libertés.

    Nous vivons une époque inouïe, où il est devenu impossible de fonder notre identité sur une tradition, où aucun cadre de vie digne de ce nom ne nous permet plus d’accéder à une existence qui ne soit pas simple reproduction hédoniste.

    Ce nouveau désordre mondial, cette civilisation sans monde qui émerge peu à peu sous nos yeux, affecte en particulier la jeunesse, qui oscille entre l’intensité de l’épuisement total (jouissance sexuelle, drogue, alcool, jusqu’à la violence) et l’effort pour réussir (faire des études, faire carrière, gagner de l’argent… à l’intérieur de l’ordre capitaliste existant). L’unique échappatoire étant de se retirer violemment dans une « Tradition » artificiellement ressuscitée.

    Cette désintégration d’une substance éthique partagée affecte différemment les deux sexes. Les hommes deviennent progressivement d’éternels adolescents sans qu’un véritable rite d’initiation marque leur entrée dans la maturité (service militaire, apprentissage d’un métier – même l’éducation ne remplit plus cette fonction). Il n’est dès lors pas étonnant que prolifèrent, pour pallier ce manque, des gangs de jeunes offrant un ersatz d’initiation et d’identité sociale.

    A l’opposé, les #femmes aujourd’hui sont mûres de plus en plus tôt : traitées comme de jeunes adultes, on attend d’elles qu’elles contrôlent leur vie, qu’elles planifient leur carrière… Dans cette nouvelle version de la différence sexuelle, les hommes sont des adolescents ludiques, vivant en dehors des lois, tandis que les femmes semblent dures, mûres, sérieuses, soucieuses de la légalité et vindicatives.

    L’idéologie dominante ne demande plus aux femmes d’être des subordonnées ; elle les invite, leur enjoint de devenir juge, administrateur, ministre, PDG, professeur et même d’entrer en politique et dans l’armée. L’image paradigmatique que véhiculent quotidiennement nos institutions sécuritaires est celle d’une femme professeur/juge ou psychologue s’occupant d’un jeune homme délinquant, immature et asocial…

    Une nouvelle figure de l’Un est en train de s’imposer, celle d’un agent de pouvoir compétitif et froid, séduisant et manipulateur, qui atteste du paradoxe suivant : « Dans les conditions du capitalisme, les femmes peuvent faire mieux que les hommes. » (Badiou) Il ne s’agit en aucun cas de suspecter les femmes d’être des agents du capitalisme, mais simplement de montrer que le capitalisme contemporain a inventé sa propre image idéale de la femme.

    On retrouve exactement la situation décrite par Badiou dans cette triade politique : Hillary-Duterte-Trump. Hillary Clinton et Donald Trump représentent aujourd’hui le couple politique par excellence : Trump est l’éternel adolescent, un jouisseur irresponsable sujet à des accès violents qui peuvent lui jouer des tours, tandis que Hillary est le nouvel Un féminin, une redoutable manipulatrice, toujours dans le contrôle, qui ne cesse d’exploiter sa féminité pour se poser comme la seule capable de prendre soin des marginaux et des victimes – sa féminité rend la manipulation d’autant plus efficace.

    Il ne faut donc pas se laisser avoir par l’image qu’elle renvoie de victime d’un mari volage, flirtant à tout-va et ayant des relations sexuelles dans son bureau : Bill Clinton est un clown, c’est Hillary qui commande et concède à son serviteur de petits plaisirs insignifiants.

    Quant à Rodrigo Duterte, le président philippin qui appelle ouvertement au meurtre des toxicomanes et des dealers et n’hésite pas se comparer à Hitler, il incarne à lui seul le déclin de l’Etat de droit, ayant transformé la puissance étatique en une loi de la foule où l’emporte la loi de la jungle. Or il ne fait rien d’autre que ce qu’il n’est pas encore permis de faire ouvertement dans nos pays occidentaux « civilisés ».

    Si l’on rassemble ces trois figures en une, on obtient l’image idéale de l’homme politique d’aujourd’hui : Hillary Duterte Trump – « Hillary Trump », la principale opposition, plus « Duterte », le président philippin, l’intrus gênant qui révèle la violence sur laquelle les deux autres s’appuient.

    En conclusion, ne cédons pas à la fausse panique qui nous fait craindre la victoire de Trump comme l’horreur suprême, qui devrait nous forcer à soutenir Hillary malgré ses évidentes défaillances. La victoire de Trump a créé une situation politique totalement inédite, qui est la chance d’une gauche plus radicale.

    Si vous aimez l’Amérique (comme je l’aime), c’est le moment de se battre par amour, de s’impliquer dans le long processus de formation d’une gauche politique radicale aux Etats-Unis… ou de conclure sur la version Mao du vers d’Hölderlin : « Sous le ciel tout est grand chaos, la situation est excellente. » (Traduit de l’anglais par Pauline Colonna d’Istria)

    via @didier2 & @opironet cc @mona (pour tes archives)

  • Hillary, démiurge et thaumaturge à la fois de USA-2016
    http://www.dedefensa.org/article/hillary-demiurge-et-thaumaturge-a-la-fois-de-usa-2016

    Hillary, démiurge et thaumaturge à la fois de USA-2016

    Devant l’histoire courante et même la métahistoire (l’Histoire majusculée), il faudra remercier Hillary Clinton, – Many Thanks, Hillary. C’est elle qui, telle une démiurge et une thaumaturge à la fois, et parfaitement diabolique dans les deux cas, a créé la crise USA-2016 en mettant en place toutes les conditions de l’enchaînement d’explosions (“réaction en chaîne” du type nucléaire bien connu) qui marque la situation des USA depuis l’automne 2015. Elle a créé les conditions de la vérité-de-situation fondamentale, qui touche au cœur du cœur du Système en mettant en cause comme il ne le fut jamais (y compris durant la Guerre de sécession) “le centre du centre” du système de l’américanisme, qui est le principal moteur et l’opérateur préféré du Système. Ainsi (...)

  • Daily chart: How Donald Trump won the election | The Economist
    http://www.economist.com/blogs/graphicdetail/2016/11/daily-chart-5

    IT IS the biggest political upset in living memory. On the night of November 8th 2016 America decided that Donald Trump would be its 45th president. The vote stunned pollsters and pundits, who had reckoned that Hillary Clinton, his Democratic rival, would breeze to victory.

    The tables started to turn on Mrs Clinton’s campaign around 9pm eastern time (2am GMT) as county-level results trickled in, with Mr Trump outperforming his polls in key states like Florida, North Carolina and Virginia. Over the next few hours, as more and more counties were marked as red, news organisations frantically updated their predictions to favour Mr Trump. As Mrs Clinton’s chances to win tumbled, so too did the financial markets. The value of the Mexican peso dropped 10% against the dollar. At 10:50pm eastern time Associated Press, a newswire, declared that the Republican candidate had won the vital swing state of Florida. From there Mr Trump’s victory became ever more likely.

    #trump #états-unis

  • White and wealthy voters gave victory to Donald Trump, exit polls show | US news | The Guardian

    https://www.theguardian.com/us-news/2016/nov/09/white-voters-victory-donald-trump-exit-polls

    t was all supposed to hinge on the surging turnout of Latino voters for Hillary Clinton and whether or not the Democratic nominee could persuade enough African American voters to emulate them.

    In the end, according to exit polls, the election result seems to have been more about the clear backing of America’s white and wealthy voters for Donald Trump – including white graduates, and white female voters.

    #états-unis #trump

  • ’We’re called redneck, ignorant, racist. That’s not true’: Trump supporters explain why they voted for him - LA Times

    http://www.latimes.com/politics/la-na-pol-donald-trump-american-voices-20161113-story.html

    http://www.trbimg.com/img-5828a1cb/turbine/la-na-pol-donald-trump-american-voices-20161113

    When Audrey Kaatz and Ashley Wright finally decided whom to support for president, they kept the choice to themselves.

    They admired his business sense and blunt-spoken style. But voting for Donald Trump was not something the two were comfortable discussing before the election. Not with their friends. Not with their boyfriends.
    From Our Partners: Black lawmakers call Trump a fraud, liar, con man

    Certainly not with their boss, a Democrat who supported Hillary Clinton.

    “People were scared to say they were voting for him,” Kaatz, 27, said as she stepped away from the bang of a cash register and the thrum of hair dryers at the upscale salon in Scottsdale where the two women work.

    #états-unis #trump

  • Et si on arrêtait avec les bulles de filtre ? – L’image sociale
    http://imagesociale.fr/3666
    Le Monde n’est pas plus objectif que Facebook, explique André Gunthert, dans une critique de l’aveuglement de la presse au lendemain de l’élection de Trump.

    Plutôt que de bulles, indépendantes et forcément étanches, la dynamique des réseaux sociaux produit des essaims informationnels perméables, orientés par les préférences et les affinités, mais toujours susceptibles d’être traversés par les impulsions virales, la contagion du LOL ou la sérendipité du web. Habités par la conviction de l’universel, les vieux médias découvrent avec frayeur les îlots minoritaires et la fragmentation communautaire, sans s’apercevoir qu’ils ne sont eux-mêmes pas moins polaires, relatifs et bornés. En réalité, c’est à une nouvelle pensée du divers qu’invite la conversation en ligne, faite de mobilisations ponctuelles et de repositionnements instantanés, reflet d’une société de moins en moins fondée sur des logiques d’appartenance, avec laquelle il va bien falloir apprendre à composer.