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  • Tourcoing : pour Gérald Darmanin, la ville doit arrêter de faire du « sous Lille 3000 » - Tourcoing - La Voix du Nord
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    Publié le 19/02/2014 - Mis à jour le 19/02/2014 à 13:46

    CHRISTIAN VINCENT

    Dans le cadre des élections municipales, nous avons décidé de confronter les projets des candidats. Cette semaine, place à la culture, en commençant par Gérald Darmanin (UMP).
    Pour Gérald Darmanin, « le musée des Beaux-arts doit redevenir celui des Tourquennois ». Photo Hubert Van Maele VDN

    Quel bilan tirez-vous de l’action culturelle à Tourcoing ?

    « Je crois qu’il y a des choses qui fonctionnent bien. Le festival de jazz par exemple, il n’est pas assez ouvert aux Tourquennois. Je crois qu’il est trop fermé quand il y a le chapiteau en centre-ville et qu’autour, les commerces sont fermés… On ne l’accompagne pas d’éveil à la musique jazz dans les écoles ou dans les centres sociaux. Il n’y a pas de médiation culturelle autour du jazz. On pourrait aussi imaginer un festival du film musical dans notre cinéma en plein centre, des expositions, des conférences autour du jazz. Le festival est une chose à garder. Le Grand Mix, le Fresnoy, l’Atelier lyrique, des structures qui font venir du monde. C’est un peu dommage que les Tourquennois n’aient une vision du Fresnoy qu’une fois pas an avec les vœux du maire. La médiation culturelle, j’y crois. Apprendre l’art lyrique à des gamins des Phalempins ou de la Marlière, j’y crois. C’est fait, mais pas assez. »

    Quelle utilisation du théâtre municipal ?

    « Je pense que notre théâtre municipal ne fonctionne pas assez, qu’il n’y a pas suffisamment de programmation populaire. Les opérettes supprimées, c’était une idiotie. 75 000 € pour nos seniors alors que c’était plein. Quand Didier Gustin vient à Tourcoing, manifestement c’est plein. Le théâtre Chotteau, c’est formidable, l’Atelier lyrique, c’est vraiment bien, mais il faut aussi du théâtre qui attire les Tourquennois et pas simplement les Lillois. Idem pour l’Idéal, pas assez connu par les Tourquennois. (…) Le problème de la politique culturelle à Tourcoing est qu’elle est extrêmement centralisée à la mairie et elle-même extrêmement centralisée auprès de la communauté urbaine. On a l’impression que ce que fait la communauté urbaine, on le duplique. »

    Des manques à combler ?

    « Ce qui a le plus manqué ces six dernières années, c’est la culture patrimoniale. Notre patrimoine tourquennois, Peter Maenhout aura à cœur de le faire découvrir. Pourquoi ne pas profiter pour faire plaisir à M. Balduyck sur notre histoire textile, notre histoire industrielle, ou encore la grande bataille de Tourcoing ? »

    Des reproches ?

    « Plutôt que de faire du Lille 3000 à Tourcoing, on ferait mieux de faire du Tourcoing 2014 ; regardez l’hospice d’Havré, il n’a pas d’identité culturelle. C’est un bâtiment magnifique qui correspond à l’histoire de Tourcoing, qui a été aménagé correctement, pourquoi est-il vide ? Regardons ce qu’a fait Roubaix de sa Piscine. Je suis toujours un peu vexé en sortant de la gare Lille Flandres de voir des panneaux « Degas à Roubaix » ou « Robert de Niro à Roubaix ». Vous allez à la piscine le dimanche, il y a un monde fou, on parle anglais, italien ou espagnol. »

    Des propositions rejetées ?

    « J’ai proposé deux choses en conseil municipal. Je suis administrateur au centre Pompidou qui fait des expositions décentralisées. C’est un peu dommage de ne pas avoir sauté sur l’occasion d’avoir ce qui a permis aux habitants de Boulogne-sur-Mer de voir un Picasso. On a mis au cœur de Boulogne ou de Cambrai le centre Pompidou. Ça a été refusé à Tourcoing. J’ai aussi proposé « Tourcoing capitale régionale de la culture », jamais nous n’avons été candidats officiellement. »

    Une salle de congrès ?

    « Il en manque une. Je la mets en plein centre-ville avec 800 places. Je rappelle qu’elle avait été promise depuis plusieurs mandats, notamment sur le site Le Corbusier. Plutôt que cette piscine olympique de 26 M€, je crois que nous aurions intérêt d’échanger avec la communauté urbaine pour avoir une grande salle communautaire d’exposition qui pourrait aussi servir de salle de sport pour 8 à 10 M€ ; la communauté urbaine gagnerait de l’argent et Tourcoing aurait sa salle. »

    Un bowling ?

    « Oui, en centre-ville, mais c’est un projet privé. Dans l’ancien cinéma ? Il y aurait des difficultés à se mettre d’accord avec la ville, depuis bien avant 2008… »

    Que faut-il arrêter ?

    « Faire toute la publicité autour du MUba est assez agaçant. Le MUba ne peut pas se résumer à Eugène Leroy. Il faut, bien sûr, qu’il y en ait car nous avons la chance de cette donation, mais ce doit être le musée des Beaux-Arts et Eugène Leroy. Il y a de la belle peinture flamande à Tourcoing, il y a de jolies expositions à y faire. Il y a aussi le centre d’histoire locale qui a de magnifiques œuvres qui ne sont jamais exposées. Je crois que le musée des Beaux-Arts doit redevenir celui des Tourquennois. Tourcoing n’est pas New York et le MUba n’est pas le MoMA. C’est un lieu très agréable mais les expositions sont un peu élitistes ou alors, j’ai un peu de mal peut-être. On ne fait pas une politique culturelle parce que ça plaît au maire, à l’adjointe ou à l’administration, mais parce que ça plaît aux Tourquennois. »

    Oui, mais les grands noms ça a un coût !

    « Pourquoi Roubaix y arrive et pas nous ? Quand vous faites venir une exposition Degas, vous ne faites pas venir tout Degas. Je ne comprends pas pourquoi Roubaix a réussi à faire un lieu dont tout le monde parle et réussit à faire tous les ans ou tous les deux ans une exposition dont tout le monde parle. Il y a une programmation culturelle à Tourcoing qui est réservée à une certaine élite. Un homme politique n’a pas à critiquer une œuvre artistique mais d’un point de vue politique culturelle, elle ne correspond pas aux attentes des Tourquennois. On a voulu singer Lille, se labelliser Didier Fusiller… »