person:hugo chávez

  • Le soutien du « Wall Street Journal » à Bolsonaro au Brésil s’inscrit dans la tradition du quotidien
    https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2018/10/16/le-soutien-du-wsj-a-jair-bolsonaro-s-inscrit-dans-une-tradition-ultradroitie

    Un éditorial assure que le candidat d’extrême droite ne représente pas une menace. Le journal économique avait défendu avant lui Pinochet.

    La tradition veut qu’un éditorial soit emblématique d’une prise de position graduelle du journal dans lequel il est publié. Celui du 10 octobre paru dans l’auguste quotidien économique et très conservateur Wall Street Journal ne semble pas déroger à la règle.

    Dans ce texte intitulé « Brazilian swamp drainer », que l’on pourrait traduire en français par « le Brésilien qui assèche le marécage », sous-entendu le marécage politicien, le comité éditorial du journal new-yorkais a ouvertement soutenu le candidat d’extrême droite à la présidentielle, Jair Bolsonaro.

    Rédigées dans un style direct, dru, ne répugnant ni aux raccourcis ni aux grosses ficelles, ces quelques lignes ont déclenché depuis une semaine moult remous sur les réseaux sociaux, avec certaines saillies du type : « Marine Le Pen le trouve toxique », en référence à la récente prise de distance de la présidente du Rassemblement national, « pas le WSJ ».

    Dans son éditorial, le quotidien assure que le capitaine parachutiste de réserve, « un populiste conservateur » selon le WSJ, ne représente pas une menace pour le Brésil, quatrième plus grande démocratie au monde. Il ne dit mot en revanche sur le fait que le candidat a défendu la dictature militaire (1964-1985), nommé un général à la retraite à ses côtés ayant évoqué l’éventualité d’un coup d’Etat militaire moderne et promis de donner carte blanche à l’armée et à la police pour tirer à vue sur des criminels. Rien non plus sur ses outrances répétées à l’égard des femmes, des homosexuels et des Noirs.

    Le programme de Haddad comparé aux mesures de Chavez

    « Après des années de corruption et de récession, peut-on lire, des millions de Brésiliens semblent penser qu’un outsider est exactement ce dont le pays a besoin. Peut-être qu’ils en savent plus que les réprobations internationales. » Une façon de rappeler, à sa manière, le score écrasant du candidat Bolsonaro au premier tour de la présidentielle, le 7 octobre, avec 47 % des voix contre 29 % à Fernando Haddad, son adversaire du Parti des travailleurs.

    Ce dernier, toujours selon le quotidien, aurait pour but de réécrire la Constitution afin d’y inclure la possibilité de recourir à une Assemblée constituante « sur le modèle vénézuélien ». Le candidat désigné par l’ancien président Luiz Inacio Lula da Silva, aujourd’hui incarcéré, souhaiterait aussi, d’après l’éditorial, réformer les règles de promotions militaires en donnant plus de pouvoir au président. Autant de propositions, s’alarme le WSJ, sorties tout droit de « l’agenda de Hugo Chavez », l’éternelle bête noire du quotidien.

    A contrario, le nouveau poulain brésilien du journal ne « propose pas de changer la Constitution » mais promet de restaurer la présence des policiers dans les centres urbains et ruraux, « où la loi ne règne plus ». Surtout, assure le quotidien financier, le conseiller économique et bras droit de Bolsonaro, Paulo Guedes – que le journal curieusement ne mentionne pas nommément – affirme vouloir, une fois au pouvoir, « vendre des parts du géant pétrolier public Petrobras, déréguler au maximum l’économie et réduire la dépense publique ». La messe est dite. Le choix assumé.

    Des odes à Pinochet, Fujimori et Videla

    Chose étrange, cet éditorial en faveur de l’actuel homme fort du Brésil a un air de déjà-vu. On se souvient d’un texte de 1980, resurgi dans les réseaux sociaux ces derniers jours et intitulé « Les Chiliens votent l’extension du pouvoir de Pinochet, assurant la continuation de la libre entreprise ». Le dictateur chilien venait de remporter un référendum sur la Constitution lui permettant de prolonger son mandat de huit ans. Mais une plongée rapide dans les archives du journal renvoie à un goût prononcé pour toute sorte de politiciens autoritaires d’une certaine droite dure et d’extrême droite, surtout d’Amérique latine.

    Dans une liste éclairante, réalisée par le Huffington Post, on retrouve non seulement les articles du WSJ regrettant la mort de l’ancien dictateur chilien en 2006 (« Il a pris le pouvoir lors d’un coup d’Etat en 1973, mais il a finalement créé un environnement propice aux institutions démocratiques » ou « Il est responsable des morts et des tortures qui ont eu lieu sous son égide, mais si Salvador Allende avait réussi à transformer le Chili en un autre Cuba, beaucoup plus auraient pu mourir ») mais aussi ceux, bienveillants, sur le Péruvien Alberto Fujimori et le dictateur argentin Jorge Rafael Videla.

    Pour Fujimori, on apprend du WSJ que « le style autoritaire » pourrait être excusé, car « on peut affirmer que sous sa direction, le pays s’est en fait frayé un chemin vers la modernité ». Pour l’Argentin, le journal avait qualifié la guérilla opposée au dictateur de « terroristes », un terme utilisé par la junte. La liste n’est pas exhaustive.

  • De Charybde en Scylla : Pierre Haski remplace Bernard Guetta pour enfumage quotidien renforcé sur France Inter * Maxime VIVAS - 21 Aout 2018 - LGS
    https://www.legrandsoir.info/pierre-haski-remplace-bernard-guetta-pour-enfumage-quotidien-renforce-

    Pierre Haski va intégrer le « 7/9 » de France Inter. « Tous les jours c’est à lui que reviendra désormais la mission d’analyser la marche du monde et de nous faire comprendre que nous en sommes les gardiens, ce que Bernard Guetta nous a inlassablement transmis », a déclaré Laurence Bloch, directrice de France Inter.

    Qui est Pierre Haski ?
    Spécialiste des articles obsessionnels contre la Chine (où il a été correspondant de presse), il est un des fondateurs du site Rue89 après avoir été directeur-adjoint de la rédaction de Libération où il couvrit obstinément quelques fake news, comme nous allons le voir. Il est aussi le président de la fausse ONG pro-US : Reporters sans frontières. 
Pour « analyser la marche du Monde » , on ne pouvait trouver esprit plus moral et impartial dans le vivier des médias.

    Qu’est-ce que #Rue89.
    C’est un site d’information fondé le 6 mai 2007 par des anciens de Libération, dont Pierre Haski. En 2009, Rue 89 a perçu une aide de 249 000 euros du gouvernement. Les sommes reçues par la suite ne sont pas connues de nous à ce jour. Le 31 décembre 2011, Rue89 a été vendu pour 7,5 millions d’euros au #Nouvel-Observateur ( #xavier_niel, #matthieu_pigasse), avec promesse que les fondateurs resteraient aux manettes (et Pierre Haski président).

    Un exploit de Pierre Haski à #libération.
    Le 9 janvier 2006, le journaliste Jean-Hébert Armengaud publie dans Libération, sous le titre : 
- « Le credo antisémite de Hugo Chavez » un article où il affirme qu’Hugo Chavez a évoqué la minorité qui a tué le Christ pour s’emparer des richesses du monde.

    Chacun comprend que le journaliste de Libération met en avant le stéréotype qui supporte l’antisémitisme en France. Parler de minorité qui tua le Christ et possède les richesses mondiales renvoie malheureusement une partie de nos concitoyens à la communauté juive et c’est une croyance qu’#armengaud va réactiver. Insidieusement. Dangereusement.

    Le journalisme de #divination.
    L’information donnée par Libération de Pierre Haski est parfaitement exacte à ceci près que :
    – Le seul « credo » de Chavez est catholique (on sait qu’il était croyant et pratiquant).
- Chavez a parlé des minorités 
- Il n’a pas dénoncé une minorité juive (il ne prononce pas ce mot, Armengaud a des dons divinatoires).

    Il a dit : _ « Le monde dispose d’assez de richesse pour tous, donc, mais dans les faits des minorités, les descendants de ceux qui crucifièrent le Christ, les descendants de ceux qui jetèrent Bolivar hors d’ici et le crucifièrent aussi à leur manière à Santa Marta en Colombie » (= les impérialistes, romains, espagnols N. de MV). Il ajoute alors : « Une minorité s’est appropriée les richesses du monde [...] » mais nullement, comme le dit Armengaud : « la minorité qui a tué le Christ pour s’emparer des richesses du monde ». _ Voir aussi Acrimed https://www.acrimed.org/-2005-Chavez-antisemite- .

    C’est beaucoup d’erreurs de détail pour enrober une troncature perverse.

    Ceux qui ont écouté Chavez leur parler ont bien compris ce qu’il disait (d’autant plus qu’ils avaient sa phrase en entier, avec en plus ce qui précédait et ce qui suivait).

    Armengaud va pousser l’impudence jusqu’à proposer à ses lecteurs de vérifier ses sources via un lien du site du gouvernement bolivarien. Il sait bien que peu le feront, que le site est en espagnol et qu’il faudra y lire 15 pages sur 26 pour y découvrir quoi ? Qu’Armengaud a menti.

    Depuis Caracas, un journaliste français découvre la supercherie. 
Un journaliste français, Romain Migus, ami et collaborateur du GS est en poste à Caracas (Voir sa série d’articles sur le Venezuela, actuellement en ligne). https://www.legrandsoir.info/penurie-organisee-de-medicaments-chroniques-d-en-bas-no-6.html
Quelques semaines plus tôt, le 9 novembre 2005, Romain Migus a lu une déclaration de David Bachenheimer, secrétaire général de la communauté juive, qui déclarait à l’un des principaux quotidiens d’opposition de Caracas, El Nacional, qu’il n’y pas d’antisémitisme au Venezuela.
Romain Migus s’étonne donc que Chavez ait pu faire brusquement preuve d’antisémitisme. Il vérifie, il lit le vrai discours, il ameute la blogosphère.

    Que fait, alors le coupable pris la main dans le sac ? 
Il persiste. Que fait Pierre Haski, alors directeur-adjoint de la rédaction de Libération ? Il soutient son journaliste manipulateur. Il se plaint que « Les accusations les plus violentes pleuvent depuis que Libération s’est fait l’écho, le 9 janvier, d’une déclaration du président vénézuélien Hugo Chavez, datant du 24 décembre, interprétée dans nos colonnes comme un dérapage antisémite... ». 
Admirez les astuces puisqu’en vérité Libération ne s’est pas fait l’écho d’une déclaration, mais il l’a traficotée et son titre ne parlait pas de dérapage (d’un accident) mais il fabriquait un credo. C’est très différent.

    La polémique se poursuivant, Pierre Haski clôt le débat ainsi :
 « Aurions-nous inventé des mots que Chavez n’aurait pas prononcés ? Il suffit de se référer au texte du discours en espagnol pour constater que pas un mot n’a été mis dans sa bouche qu’il n’aurait pas prononcé, en particulier la référence aux « descendants de ceux qui ont crucifié le Christ ». »
    Bolivar ? A nouveau disparu. Vous prouvez à Haski qu’ils ont tronqué, il récidive et il vous répond qu’ils n’ont rien ajouté !

    Les faux rouges-bruns, ou le journalisme d’imputation.
    Le 30 mai 2012, Rue89 de Pierre Haski désigne comme « brun » René Balme, le maire PG de Grigny dans le Rhône. Brun ? Cf. les Chemises brunes des SA qui s’illustrèrent dans la « Nuit de cristal », pogrom et point culminant de la vague antisémite en Allemagne. Les « bruns » sont des nazis. Au passage (et hors-sujet), l’auteur de l’article écrit : « … comment s’étonner de ce que René Balme ait invité, à la dernière édition du salon du livre alternatif qu’il a organisé dans sa commune, un des animateurs du site rouge-brun LeGrandSoir.info, Maxime Vivas ? ». Mon nom ouvre sur le lien d’un site lyonnais, Rebellyion qui s’oppose à ma venue dans ce salon : « Halte au confusionnisme politique !
A Lyon, à Grigny ou ailleurs : les fachos hors de nos quartiers, pas de quartier pour les fachos ! ».

    Le mépris du métier de journaliste et le mensonge récompensés.
    Jean-Hebert Armengaud est aujourd’hui rédacteur en Chef de #Courrier_International et Pierre Haski nous est imposé tous les matins sur une radio publique.

    Tout serait pour le mieux dans le domaine de l’information honnête sous l’œil vigilant du #DECODEX du Monde, si l’éditorialiste choisi par France Inter ne s’asseyait pas obstinément sur la plupart des devoirs imposé aux journalistes par la Charte du journaliste, dite Charte de Munich (1971).

    Attendons-nous à souffrir le matin ou à renoncer à écouter France Inter.
    Remplacer Bernard Guetta par Pierre Haski à l’analyse de la marche du monde, c’est tomber de Charybde en Scylla.

    C’est le #naufrage plus que jamais assuré d’une information matinale neutre, impartiale, non militante, qui s’en tienne aux faits, c’est-à-dire respectueuse des auditeurs qui épousent des opinions différentes et ne paient pas leur redevance pour qu’en soient promues certaines et fustigées d’autres.
    #Maxime_VIVAS
    (Pour une partie, ces lignes sont extraites d’une conférence que j’ai donnée en novembre 2012 à La Baume-lès-Aix (13) sur les médias alternatifs (Les médias électroniques ne sont pas, de facto, des médias plus honnêtes, plus libres, plus informatifs que les autres.) https://www.legrandsoir.info/rue89-article-11-lgs-et-les-autres-conference-sur-les-medias-alternati

    #france_inter #pierre_haski #bernard_guetta #enfumage #médias #cléricature_médiatique #hégémonie_idéologique #mensonges, #abus #servilité #caste_politique #médiacrates #oligarchie

  • Alexandria Ocasio-Cortez’s Historic Win and the Future of the Democratic Party | The New Yorker
    https://www.newyorker.com/magazine/2018/07/23/alexandria-ocasio-cortezs-historic-win-and-the-future-of-the-democratic-p

    Alexandria Ocasio-Cortez is twenty-eight. She was born in the Parkchester neighborhood of the Bronx and lives there now, in a modest one-bedroom apartment. Parkchester was originally a planned community conceived by the Metropolitan Life Insurance Company and was for decades segregated, predominantly Irish and Italian. Today, it’s largely African-American, Hispanic, and South Asian. Ocasio-Cortez comes from a Puerto Rican family in which the parents’ self-sacrifice has been rewarded by their daughter’s earnest striving, and, now, a historic achievement. Come November, Ocasio-Cortez is almost certain to become the youngest woman ever elected to Congress. As recently as ten months ago, she was waiting tables at a taco place near Union Square called Flats Fix. On June 26th, she pulled off a political upset in the Democratic primary for the Fourteenth Congressional District, soundly defeating the incumbent, Joseph Crowley, the most powerful politician in Queens County and the fourth-ranking Democrat in the House of Representatives.

    We sat down at a table near the window. She allowed that she was getting worn down. “You’re speaking to me when I am still emotionally, intellectually, spiritually, and logistically processing all of this,” she said. “The whole thing’s got me knocked a little flat.”

    With good reason. Not long ago, Ocasio-Cortez was mixing margaritas. Today, she is the embodiment of anti-corporate politics and a surge of female candidates in the midterm elections. “It’s a lot to carry,” she said. As a member of the Democratic Socialists of America, she was on the receiving end of Murdoch-media hysteria. The Post greeted her win with the headline “RED ALERT.” Sean Hannity pronounced her “downright scary.” And Ben Shapiro called her a member of the “howling at the moon” segment of the Democratic Party. On the anti-Trump right, Bret Stephens wrote in the Times that “Hugo Chávez was also a democratic socialist,” and warned that, in a national election, the likes of Ocasio-Cortez will be “political hemlock for the Democratic Party.” None of it seemed exactly real. When I asked her where she was going to live in D.C., her eyes widened in surprise, as if it had not occurred to her that she would no longer be spending most of her time in the Bronx. “Not a clue,” she said.

    One of her most effective strokes was a two-minute-long video, the creation of Naomi Burton and Nick Hayes, D.S.A. activists from Detroit, who started Means of Production, a media-production company, and set out looking for working-class-oriented campaigns. They learned about Ocasio-Cortez on Facebook and sent her a direct message on Twitter. For less than ten thousand dollars, they produced a soulful social-media-ready film that showed the candidate in her apartment, on a subway platform, in a bodega, talking with a pregnant woman, to kids selling cupcakes. All the while, in voice-over, she speaks directly to the viewer:

    Women like me aren’t supposed to run for office. I wasn’t born to a wealthy or powerful family. . . . This race is about people versus money. We’ve got people, they’ve got money. It’s time we acknowledged that not all Democrats are the same. That a Democrat who takes corporate money, profits off foreclosure, doesn’t live here, doesn’t send his kids to our schools, doesn’t drink our water or breathe our air cannot possibly represent us. What the Bronx and Queens needs is Medicare for all, tuition-free public college, a federal jobs guarantee, and criminal-justice reform.

    The video went viral. Something was afoot.

    On Election Day, in a car on the way to the billiards hall where Ocasio-Cortez was going to watch the returns, some of her advisers were getting encouraging reports from polling places. Shut it down, she said. No more looking at phones, no more guessing: “Let’s see the vote.” That night, cameras captured her expression of shock as she watched the news: a thirteen-point landslide. She had no words. It was a moment of pure joy playing out live on television. Crowley gamely accepted the results and, with a pickup band behind him, took out his guitar and dedicated “Born to Run” to Alexandria Ocasio-Cortez. For a man in six kinds of pain, he sang a creditable version.

    If the Murdoch press was predictably outraged, some establishment Democrats were wary, too. Nancy Pelosi dismissed the win as a local phenomenon. And, while her tone was curt and superior, her larger point was clear: in November, Democratic candidates, no matter what shade of blue, had to beat Republicans. Districts had to flip. At dinner, Ocasio-Cortez bristled at the establishment dismissals. She did not doubt that there were many factors in her win—her identity as a young woman, as a Latina, as a daughter of a working-class family—but she had also out-organized a party boss, hammered away at immigration and health-care issues, and brought out new voters. It was infuriating for her to listen to the condescension.

    “I’m twenty-eight years old, and I was elected on this super-idealistic platform,” she said. “Folks may want to take that away from me, but I won. When you hear ‘She won just for demographic reasons,’ or low turnout, or that I won because of all the white ‘Bernie bros’ in Astoria—maybe that all helped. But I smoked this race. I didn’t edge anybody out. I dominated. And I am going to own that.” The more complicated question was how she was going to own her identity as a democratic socialist.

    When Ocasio-Cortez is interviewed now, particularly by the establishment outlets, she is invariably asked about “the S-word,” socialism; sometimes the question is asked with a shiver of anxiety, as if she were suggesting that schoolchildren begin the day by singing the “Internationale” under a portrait of Enver Hoxha. When I asked her about her political heroes, though, there was no mention of anyone in the Marxist pantheon. She named Robert F. Kennedy. In college, reading his speeches—“that was my jam,” she said. R.F.K., at least in the last chapter of his life, his 1968 Presidential campaign, tried to forge a party coalition of workers, minorities, and the middle class.

    D.S.A., which was founded in 1982, is not a party but a dues-paying organization, and it has seen a bump in membership recently, from five thousand in 2016 to more than forty thousand today. The first co-chairs were Harrington and the author Barbara Ehrenreich. David Dinkins, the former mayor of New York, was a member of D.S.A. There’s no question that some members are Marxists in the traditional sense; some want to see the destruction of capitalism and the state ownership of factories, banks, and utilities. Jabari Brisport, a D.S.A. member from Brooklyn who recently ran, unsuccessfully, for City Council, told me that the group is “a big umbrella organization for left and leftish types, from Bernie-crats to hard-core Trotskyists.” Julia Salazar, a D.S.A. member in her mid-twenties who is running for the New York State Senate with the ardent support of Ocasio-Cortez, told Jacobin, a leftist quarterly, that a democratic socialist “recognizes the capitalist system as being inherently oppressive, and is actively working to dismantle it and to empower the working class and the marginalized in our society.”

    Ocasio-Cortez and, for the most part, the people around her speak largely in the language of Sanders. Sanders calls himself a democratic socialist, and yet in the most extensive speech he ever gave on the theme—at Georgetown University, in November, 2015—he did not mention Debs. Rather, he focussed almost entirely on Franklin Roosevelt and the legacy of the New Deal. He said that he shared the vision that F.D.R. set out in his 1944 State of the Union speech, what Roosevelt called the Second Bill of Rights. Sanders pointed out that universal health care was “not a radical idea” and existed in countries such as Denmark, France, Germany, and Taiwan. “I don’t believe government should own the means of production,” he said, “but I do believe that the middle class and the working families who produce the wealth of America deserve a fair deal.”

    Ocasio-Cortez and her circle focus less on the malefactions of the current Administration than on the endemic corruption of the American system, particularly the role of “dark money” in American politics and the lack of basic welfare provisions for the working classes and the poor. When they hear conservatives describe as a “socialist” Barack Obama—a man who, in their view, had failed to help the real victims of the financial crisis, while bailing out the banks—they tend to laugh ruefully. “I think the right did us a service calling Obama a socialist for eight years,” Saikat Chakrabarti, one of Ocasio-Cortez’s closest associates, said. “It inoculated us. But people focus on the labels when they are not sure what they mean. What people call socialism these days is Eisenhower Republicanism!”

    #Alexandria_Ocasio_Cortez #Politique_USA #My_heroin_for_now

  • The Rise and Fall of the Latin American Left | The Nation
    https://www.thenation.com/article/the-ebb-and-flow-of-latin-americas-pink-tide

    Conservatives now control Latin America’s leading economies, but the region’s leftists can still look to Uruguay for direction.
    By Omar G. Encarnación, May 9, 2018

    Last December’s election of Sebastián Piñera, of the National Renewal party, to the Chilean presidency was doubly significant for Latin American politics. Coming on the heels of the rise of right-wing governments in Argentina in 2015 and Brazil in 2016, Piñera’s victory signaled an unmistakable right-wing turn for the region. For the first time since the 1980s, when much of South America was governed by military dictatorship, the continent’s three leading economies are in the hands of right-wing leaders.

    Piñera’s election also dealt a blow to the resurrection of the Latin American left in the post–Cold War era. In the mid-2000s, at the peak of the so-called Pink Tide (a phrase meant to suggest the surge of leftist, noncommunist governments), Venezuela, Argentina, Brazil, Chile, Uruguay, Paraguay, Ecuador, and Bolivia, or three-quarters of South America’s population (some 350 million people), were under left-wing rule. By the time the Pink Tide reached the mini-state of Mexico City, in 2006, and Nicaragua, a year later (culminating in the election of Daniel Ortega as president there), it was a region-wide phenomenon.

    It’s no mystery why the Pink Tide ran out of steam; even before the Chilean election, Mexican political scientist Jorge Castañeda had already declared it dead in The New York Times. Left-wing fatigue is an obvious factor. It has been two decades since the late Hugo Chávez launched the Pink Tide by toppling the political establishment in the 1998 Venezuelan presidential election. His Bolivarian revolution lives on in the hands of his handpicked successor, Nicolás Maduro, but few Latin American governments regard Venezuela’s ravaged economy and diminished democratic institutions as an inspiring model. In Brazil, the Workers’ Party, or PT, was in power for 14 years, from 2002 through 2016, first under its founder, Luiz Inácio Lula da Silva, between 2003 and 2011, and then under his successor and protégée, Dilma Rousseff, from 2011 to 2016. The husband-and-wife team of Néstor Kirchner and Cristina Fernández de Kirchner of the Peronist Party governed Argentina from 2003 to 2015. Socialist Michelle Bachelet had two nonconsecutive terms in office in Chile, from 2006 to 2010 and from 2014 to 2018.

    Economic turmoil and discontent is another culprit. As fate would have it, the Pink Tide coincided with one of the biggest economic expansions in Latin American history. Its engine was one of the largest commodities booms in modern times. Once the boom ended, in 2012—largely a consequence of a slowdown in China’s economy—economic growth in Latin America screeched to a halt. According to the International Monetary Fund, since 2012 every major Latin American economy has underperformed relative to the previous 10 years, with some economies, including that of Brazil, the region’s powerhouse, experiencing their worst recession in decades. The downturn reined in public spending and sent the masses into the streets, making it very difficult for governments to hang on to power.

    Meanwhile, as the commodity boom filled states’ coffers, leftist politicians became enmeshed in the same sorts of corrupt practices as their conservative predecessors. In April, Lula began serving a 12-year prison sentence for having accepted bribes in exchange for government contracts while in office. His prosecution, which in principle guarantees that he will not be a candidate in this year’s presidential race, was the high point of Operation Car Wash, the biggest anti-corruption dragnet in Brazilian history. Just after leaving office, in 2015, Cristina Fernández de Kirchner was indicted for fraud for conspiring with her former public-works secretary, José López, to steal millions of federal dollars intended for roadwork in Argentina. The “nuns and guns” scandal riveted the country, with the arrest of a gun-toting López as he hurled bags stuffed with millions of dollars over the walls of a Catholic convent in a suburb of Buenos Aires. In Chile, Bachelet left office under a cloud of suspicion. Her family, and by extension Bachelet herself, is accused of illegal real-estate transactions that netted millions of dollars.

    All this said, largely overlooked in obituaries of the Pink Tide is the right-wing backlash that it provoked. This backlash aimed to reverse the shift in power brought on by the Pink Tide—a shift away from the power brokers that have historically controlled Latin America, such as the military, the Catholic Church, and the oligarchy, and toward those sectors of society that have been marginalized: women, the poor, sexual minorities, and indigenous peoples. Rousseff’s impeachment in 2016 perfectly exemplifies the retaliation organized by the country’s traditional elites. Engineered by members of the Brazilian Congress, a body that is only 11 percent female and has deep ties to industrial barons, rural oligarchs, and powerful evangelical pastors, the impeachment process was nothing short of a patriarchal coup.

    In a 2017 interview, Rousseff made note of the “very misogynist element in the coup against me.… They accused me of being overly tough and harsh, while a man would have been considered firm, strong. Or they would say I was too emotional and fragile, when a man would have been considered sensitive.” In support of her case, Rousseff pointed out that previous Brazilian presidents committed the same “crime” she was accused of (fudging the national budget to hide deficits at reelection time), without any political consequence. As if to underscore the misogyny, Rousseff’s successor, Michel Temer, came into office with an all-male cabinet.

    In assessing the impact of the Pink Tide, there is a tendency to bemoan its failure to generate an alternative to neoliberalism. After all, the Pink Tide rose out of the discontent generated by the economic policies championed by the United States and international financial institutions during the 1990s, such as privatizations of state enterprises, austerity measures, and ending economic protectionism. Yet capitalism never retreated in most of Latin America, and US economic influence remains for the most part unabated. The only significant dent on the neoliberal international order made by the Pink Tide came in 2005, when a massive wave of political protests derailed the George W. Bush administration’s plan for a Free Trade Area of the Americas, or FTAA. If enacted, this new trade pact would have extended the North American Free Trade Agreement (NAFTA) to all countries in the Americas save for Cuba, or 34 nations in total.

    But one shouldn’t look at the legacy of the Pink Tide only through the lens of what might have been with respect to replacing neoliberalism and defeating US imperialism. For one thing, a good share of the Pink Tide was never anti-neoliberal or anti-imperialist. Left-wing rule in Argentina, Brazil, Uruguay, and Chile (what Castañeda called the “good left”) had more in common with the social-democratic governments of Western Europe, with its blend of free-market economics and commitment to the welfare state, than with Cuba’s Communist regime.

    Indeed, only in the radical fringe of the Pink Tide, especially the triumvirate of Chávez of Venezuela, Evo Morales of Bolivia, and Rafael Correa of Ecuador (the “bad left,” according to Castañeda), was the main thrust of governance anti-neoliberal and anti-imperialist. Taking Cuba as a model, these self-termed revolutionaries nationalized large sectors of the economy, reinvigorated the role of the state in redistributing wealth, promoted social services to the poor, and created interstate institutions, such as the Bolivarian Alliance for the Peoples of Our America, or ALBA, to promote inter-American collaboration and to challenge US hegemony.

    Second, the focus on neoliberalism and US imperialism obscures the Pink Tide’s biggest accomplishments. To be sure, the picture is far from being uniformly pretty, especially when it comes to democracy. The strong strand of populism that runs through the Pink Tide accounts for why some of its leaders have been so willing to break democratic norms. Claiming to be looking after the little guy, the likes of Chávez and Maduro have circumvented term limits and curtailed the independence of the courts and the press. But there is little doubt that the Pink Tide made Latin America more inclusive, equitable, and democratic, by, among other things, ushering in an unprecedented era of social progressivism.

    Because of the Pink Tide, women in power are no longer a novelty in Latin American politics; in 2014, female presidents ruled in Argentina, Brazil, and Chile. Their policies leave little doubt about the transformative nature of their leadership. In 2010, Fernández boldly took on the Argentine Catholic Church (then headed by present-day Pope Francis) to enact Latin America’s first ever same-sex marriage law; this was five years before same-sex marriage became the law of the land in the United States. A gender-identity law, one of the world’s most liberal, followed. It allows individuals to change their sex assigned at birth without permission from either a doctor or a judge. Yet another law banned the use of “conversion therapy” to cure same-sex attraction. Argentina’s gay-rights advances were quickly emulated by neighboring Uruguay and Brazil, kick-starting a “gay-rights revolution” in Latin America.

    Rousseff, who famously referred to herself with the gender-specific title of a presidenta, instead of the gender-neutral “president,” did much to advance the status of women in Brazilian society. She appointed women to the three most powerful cabinet positions, including chief of staff, and named the first female head of Petrobras, Brazil’s largest business corporation; during her tenure in office, a woman became chief justice of the Federal Supreme Court. Brutally tortured by the military during the 1970s, as a university student, Rousseff put human rights at the center of Brazilian politics by enacting a law that created Brazil’s first ever truth commission to investigate the abuses by the military between 1964 and 1985. She also signed laws that opened the Brazilian Army to women and that set into motion the corruption campaign that is currently roiling the Brazilian political class. These laws earned Rousseff the enmity of the military and conservatives.

    Bachelet, the last woman standing, made news when she entered office, in 2006, by naming the same number of men and women to her cabinet. After being term-limited, she became the first head of the newly established UN Women (formally known as the United Nations Entity for Gender Equality and the Empowerment of Women), before returning to Chile to win a second term at the presidency in 2014. During her second term, she created the Ministry of Gender Equality to address gender disparities and discrimination, and passed a law that legalized abortion in cases of rape, when there is a threat to the life of the mother, or when the fetus has a terminal condition. Less known is Bachelet’s advocacy for the environment. She weaned Chile off its dependence on hydrocarbons by building a vast network of solar- and wind-powered grids that made electricity cheaper and cleaner. She also created a vast system of national parks to protect much of the country’s forestland and coastline from development.

    Latin America’s socioeconomic transformation under the Pink Tide is no less impressive. Just before the economic downturn of 2012, Latin America came tantalizingly close to becoming a middle-class region. According to the World Bank, from 2002 to 2012, the middle class in Latin America grew every year by at least 1 percent to reach 35 percent of the population by 2013. This means that during that time frame, some 10 million Latin Americans joined the middle class every year. A consequence of this dramatic expansion of the middle class is a significant shrinking of the poor. Between 2000 and 2014, the percentage of Latin Americans living in poverty (under $4 per day) shrank from 45 to 25 percent.

    Economic growth alone does not explain this extraordinary expansion of the Latin American middle class and the massive reduction in poverty: Deliberate efforts by the government to redistribute wealth were also a key factor. Among these, none has garnered more praise than those implemented by the Lula administration, especially Bolsa Família, or Family Purse. The program channeled direct cash payments to poor families, as long as they agreed to keep their children in school and to attend regular health checkups. By 2013, the program had reached some 12 million households (50 million people), helping cut extreme poverty in Brazil from 9.7 to 4.3 percent of the population.

    Last but not least are the political achievements of the Pink Tide. It made Latin America the epicenter of left-wing politics in the Global South; it also did much to normalize democratic politics in the region. With its revolutionary movements crushed by military dictatorship, it is not surprising that the Latin American left was left for dead after the end of the Cold War. But since embracing democracy, the left in Latin America has moderated its tactics and beliefs while remaining committed to the idea that deliberate state action powered by the popular will is critical to correcting injustice and alleviating human suffering. Its achievements are a welcome antidote to the cynicism about democratic politics afflicting the American left.

    How the epoch-making legacy of the Pink Tide will fare in the hands of incoming right-wing governments is an open question. Some of the early signs are not encouraging. The Temer administration in Brazil has shown a decidedly retro-macho attitude, as suggested by its abolishment of the Ministry of Women, Racial Equality, and Human Rights (its functions were collapsed into the Ministry of Justice) and its close ties to a politically powerful evangelical movement with a penchant for homophobia. In Argentina, President Mauricio Macri has launched a “Trumpian” assault on undocumented immigrants from Bolivia, Paraguay, and Peru, blaming them for bringing crime and drugs into the country. Some political observers expect that Piñera will abridge or overturn Chile’s new abortion law.

    But there is reason for optimism. Temer and Macri have been slow to dismantle anti-poverty programs, realizing that doing so would be political suicide. This is hardly surprising, given the success of those programs. Right-wing governments have even seen fit to create anti-poverty programs of their own, such as Mexico’s Prospera. Moreover, unlike with prior ascents by the right in Latin America, the left is not being vanished to the political wilderness. Left-wing parties remain a formidable force in the legislatures of most major Latin American countries. This year alone, voters in Brazil, Mexico, and Colombia will have presidential elections, raising the prospect that a new Pink Tide might be rising. Should this new tide come in, the Latin American left would do well to reform its act and show what it has learned from its mistakes.

    Latin American leftists need not look far to find a model to emulate: Uruguay. It exemplifies the best of the Pink Tide without its excesses. Frente Amplio, or Broad Front, a coalition of left-wing parties in power since 2005, has put the country at the vanguard of social change by legalizing abortion, same-sex marriage, and, most famously, recreational marijuana. For these reasons alone, in 2013 The Economist chose “liberal and fun-loving” Uruguay for its first ever “country of the year” award.

    Less known accomplishments include being one of only two countries in Latin America that enjoy the status of “high income” (alongside Chile), reducing poverty from around 40 percent to less than 12 percent from 2005 to 2014, and steering clear of corruption scandals. According to Transparency International, Uruguay is the least corrupt country in Latin America, and ranks among the world’s 25 least corrupt nations. The country also scored a near perfect 100 in Freedom House’s 2018 ranking of civil and political freedoms, virtually tied with Canada, and far ahead of the United States and neighboring Argentina and Brazil. The payoff for this much virtue is hard to ignore. Among Latin American nations, no other country shows more satisfaction with its democracy.

    Omar G. EncarnaciónOmar G. Encarnación is a professor of political studies at Bard College and author of Out in the Periphery: Latin America’s Gay Rights Revolution.

    #politique #amérique_latine #impérialisme

  • The Perils of a Putsch in Venezuela – Foreign Policy
    http://foreignpolicy.com/2018/05/04/the-perils-of-a-putsch-in-venezuela

    Encouraging a coup in Caracas will give Russia and China a foothold in the United States’ backyard.
    BY BRIAN FONSECA

    In recent months, high-ranking U.S. officials have been signaling to Venezuelan military leaders that they have Washington’s blessing to take the reins in Caracas. In a February speech ahead of his trip to Latin America, then-Secretary of State Rex Tillerson said, “In the history of Venezuela and South American countries, it is often times that the military is the agent of change when things are so bad and the leadership can no longer serve the people.

    Others have been blunter. Just a few days after Tillerson’s remarks, Florida Sen. Marco Rubio (R) took to Twitter to say that the world “would support the Armed Forces in #Venezuela if they decide to protect the people & restore democracy by removing a dictator.” And earlier this week, in a speech at Florida International University, Juan Cruz, U.S. President Donald Trump’s special assistant and senior director for western hemisphere affairs at the National Security Council, urged “the military to respect the oath they took to perform their functions.
     
    Giving the green light for a military coup is not only bad for America’s image; it is also a threat to U.S. strategic interests.Giving the green light for a military coup is not only bad for America’s image; it is also a threat to U.S. strategic interests. That’s because encouraging a putsch in Venezuela could backfire and end up increasing Russian and Chinese influence in the Western Hemisphere.
    The U.S. officials praising the prospect of a military takeover seem to disregard the fact that U.S.-Venezuelan military relations are virtually nonexistent today. U.S. defense contacts with Venezuela declined sharply in the years following the rise of former Venezuelan President Hugo Chávez in 1999. Meanwhile, the Russians, Chinese, and Cubans have replaced the United States as the primary sources of financial, technical, and material support to the Venezuelan military. The mere threat of a coup in Venezuela could be enough to rally the military around hard-liners and compel U.S. rivals to consider their preferred alternatives to the Maduro regime as collapse becomes imminent. Rivals with economic, political, and geostrategic interests in Venezuela, such as Russia and China, are far better positioned than the United States to influence the Venezuelan military during any transition.

    Moscow and Beijing will be especially interested in cultivating ties with the top brass in Caracas if they sense that offering economic and political support to a new Venezuelan leadership could change the mineral-rich country’s trajectory from an economic basket case to an economically and politically stable authoritarian regime. In such a situation, Russia, China, and Cuba — in some formal or informal configuration — could abandon the flailing and ineffective leadership of President Nicolás Maduro and back a military regime in uncomfortably close geographic proximity to the United States.

    The current situation in Venezuela is untenable. Oil production is declining, public unrest is spreading, inflation is up nearly 13,000 percentage points in the last two months, and military and civilian elites are becoming increasingly dissatisfied. Moreover, other countries in Latin America that stood by Chavez in the past are now denouncing Maduro. Pressure for regime change is growing.

  • Reconversión monetaria: ¿Una medida para tapar la hiperinflación?
    http://www.el-nacional.com/noticias/economia/reconversion-monetaria-una-medida-para-tapar-hiperinflacion_228019


    Bolívar Fuerte (2008)


    Bolívar (2016)


    Bolívar Soberano (2017)_

    Al bolívar se le quitaron seis ceros en 10 años. Con el nuevo cono de billetes y monedas no se puede pagar servicios como la gasolina y el Metro

    Este jueves el presidente Nicolás Maduro anunció una nueva reconversión del bolívar. La moneda nacional por segunda vez en 10 años tendrá tres ceros menos, por lo que un producto que en la actualidad vale 180.000 bolívares pasará a costar 180 bolívares.

  • Elorza, la nueva “moneda” local de Apure
    http://www.el-nacional.com/noticias/economia/elorza-nueva-moneda-local-apure_227234

    José Guerra, presidente de la Comisión de Finanzas de la Asamblea Nacional (AN), reportó que la grave crisis de efectivo ha ocasionado la creación de lo que denominó “mini bancos centrales” que emiten “monedas locales”.

    Los “billetes” de 50.000 y 100.000 Elorzas, presuntamente creados por una alcaldía, buscan paliar la falta de efectivo que se sufre en el ámbito nacional.

    Ante la crisis del efectivo, empiezan a circular monedas locales. Acá está el Elorza, emitido en la ciudad de Elorza, estado Apure”, escribió el legislador en Apure.

    Mêmes causes, mêmes effets : l’#hyperinflation et l’effondrement économique du #Venezuela provoque l’éclosion de #monnaie_locale

  • Nicolás Maduro, candidat sans surprise, la surprise vient d’un candidat provenant de l’opposition (toujours aussi désunie) #Henri_Falcón, ancien sous-officier de l’aviation, ancien gouverneur d’état, membre du PSUV (chaviste) jusqu’en 2010. Des 4 partis cités dont des dirigeants accompagnaient le candidat (validé) seul le premier fait encore partie de la MUD, les 3 autres l’ont quittée (en 2013, 2015 et 2013, respectivement).

    En el último suspiro, Maduro conoce a su rival en las presidenciales
    http://www.el-nacional.com/noticias/latinoamerica/ultimo-suspiro-maduro-conoce-rival-las-presidenciales_224863

    Venezuela ya cuenta con dos candidatos de peso para las elecciones del 22 de abril: el presidente Nicolás Maduro y el ex gobernador Henri Falcón, cifra mínima que la revolución se había impuesto a sí misma para intentar legitimar las elecciones dentro y fuera de sus fronteras. Un objetivo que está por ver si logrará, ya que tanto la Mesa de la Unidad Democrática (MUD) como la Asamblea Nacional ratificaron ayer con firmeza «que no existen garantías para elecciones libres en Venezuela».

    Las oficinas centrales del Consejo Nacional Electoral (CNE) vivieron un día de locos, tomados sus alrededores por miles de seguidores bolivarianos y con políticos desconocidos presentando candidaturas menores, como la del general chavista retirado Francisco Visconti y el ingeniero Reinaldo Quijada. Sin confirmar, en cambio, quedó la del pastor evangélico Javier Bertucci, del que todavía se estaba a la espera de sus credenciales. El plazo finalizaba ayer a medianoche.

    La postulación de Maduro estaba cantada, pero no así la del ex militar Falcón, que lleva días haciendo malabares sobre un cable político muy fino. Los dirigentes de su partido, Avanzada Progresista (AP), se contradijeron todo el día, incluso Juan José Molina, antiguo secretario general del partido, nacido de una escisión de Patria Para Todos, insistió en que «lo más conveniente para la oposición es no hacerle el juego al gobierno», además de asegurar que su antiguo líder no tiene opciones electorales.

    El ex gobernador de Lara apareció de una forma casi subrepticia, acompañado por dirigentes de AP, MAS, Copei y Movimiento Ecológico y en contra de la opinión de toda la MUD.
    […]
    Maduro se atrevió incluso con una versión del popular «Despacito», una adaptación muy revolucionaria para incitar a Henry Ramos Allup, líder de la opositora MUD, a presentarse a las elecciones.

    «Suavecito, para que entre despacito... Despacito, te lo vamos a meter todito, 10 millones de votos por el buche», teatralizó el «hijo de Chávez».

    https://www.youtube.com/watch?v=A5I-Xb8eJD0

    (Bon, Hugo Chávez chantait nettement mieux que Nicolás Maduro…)

  • Le consulat du Venezuela à Miami menacé d’expulsion pour impayés. Fermé depuis janvier 2012 par Hugo Chávez, dont la réouverture vient d’être ordonnée par Nicolás Maduro, il n’a pas payé ses loyers depuis septembre dernier.

    Venezuela afronta abandono de su consulado en Miami por impago de alquiler
    http://www.el-nacional.com/noticias/venezuela-afronta-abandono-consulado-miami-por-impago-alquiler_224238

    El consulado de Venezuela en Miami, cuya reapertura ordenó la semana pasada el presidente Nicolás Maduro está en riesgo de desahucio por impago del alquiler desde septiembre de 2017.

    El propietario del inmueble presentó la solicitud de desalojo ante un tribunal de Miami el pasado 15 de febrero, una semana después de instar a Venezuela a pagar la deuda o irse, según documentos judiciales recogidos este jueves en medios locales.

    La compañía propietaria, TWJ 1101 LLC, reclamaba unos 142.000 dólares en concepto de alquiler impagado.

    Según los abogados de TWJ 1101 LLC, el gobierno de Venezuela "rehúsa" cumplir con alguna sus dos opciones.

    El ex presidente Hugo Chávez ordenó el cierre del consulado en Miami en enero de 2012, después de que las autoridades estadounidenses expulsasen a la cónsul, Livia Acosta Noguera.

    Pese a su cierre, Venezuela siguió pagando el alquiler del inmueble, una planta en un edificio de Brickell, el distrito financiero de Miami.

  • Horreur ! c’est un « chaviste » qui est en tête dans les sondages pour la présidentielle colombienne (premier tour le 27 mai 2018)

    Crisis de Venezuela incendia la campaña presidencial de Colombia
    http://www.el-nacional.com/noticias/mundo/crisis-venezuela-incendia-campana-presidencial-colombia_222819

    La crisis de Venezuela ha incendiado la campaña para las elecciones presidenciales de Colombia con ataques de diferente calibre en la plaza pública y las redes sociales que muestran el alto grado de polarización reinante cuando faltan tres meses y medio para los comicios.

    Con la misma intensidad con que se agrava la crisis venezolana sube el tono verbal en la campaña colombiana, donde el temor a un eventual gobierno de izquierda, cercano ideológicamente al fallecido presidente Hugo Chávez y su sucesor, Nicolás Maduro, planea como un fantasma sobre parte del electorado.

    La polémica alzó vuelo esta semana luego de que las últimas encuestas mostraran en primer lugar en las intenciones de voto para las elecciones del 27 de mayo al ex alcalde de Bogotá Gustavo Petro, del movimiento de izquierda Colombia Humana, y cercano a las ideas del régimen bolivariano.

    «Que no le niegue @petrogustavo al país su larga amistad con @chavezcandanga. Suficiente evidencia hay de su simpatía y su afinidad ideológica, para que ahora actúe como Judas negando a su mentor», escribió esta semana en Twitter el ex vicepresidente y candidato presidencial Germán Vargas Lleras, una de las cartas de la derecha para las presidenciales.

    • Izquierdista duro” lidera sondeos presidenciales en Colombia - El Mostrador
      http://www.elmostrador.cl/noticias/mundo/2018/02/09/izquierdista-duro-lidera-sondeos-presidenciales-en-colombia

      Dos encuestas publicadas este mes muestran a Gustavo Petro en el primer lugar, mientras que otra lo tiene en segundo lugar.

      Con las elecciones presidenciales de Colombia a poco más de tres meses de de distancia, un exguerrillero de la «izquierda dura» encabeza las encuestas, y los inversionistas aún no se han despertado por completo al riesgo de que él podría ganar, según Nomura.

      Cuando lo hagan, es probable que los bonos y la moneda del país experimenten una venta generalizada, según Mario Castro, estratega de divisas y tasas para América Latina de Nomura en Nueva York. Dos encuestas publicadas este mes muestran a Gustavo Petro en el primer lugar, mientras que otra lo tiene en segundo lugar.

      «Los mercados son muy complacientes y cortoplacistas», dijo Castro en una entrevista telefónica. «Está claro que hay un riesgo de que él pueda ser presidente».

      En un informe del 9 de febrero, el director de estrategia latinoamericana de Scotiabank, Joe Kogan, dijo que la falta de preocupación de los inversionistas por Petro era una reminiscencia de los economistas peruanos que fueron sorprendidos por la victoria en 2011 del izquierdista Ollanta Humala.

  • Le populisme : qu’est-ce donc ?
    https://www.revue-ballast.fr/le-populisme-quest-ce-donc

    Hugo Chávez ? Populiste. Marine Le Pen ? Populiste. Mélenchon, Donald Trump, Poutine, le zapatisme et le Brexit ? Populistes. On reste en droit de s’étonner : le mot « populisme » est devenu un signifiant sans signifié, servant, à longueur d’articles et d’interventions télévisées, à désigner tout, son contraire et souvent n’importe quoi. De la gauche radicale à l’extrême droite, quiconque s’en prend au système économique et politique en place se voit accoler l’étiquette désormais injurieuse — « Le populisme, voilà l’ennemi ! », ironisait déjà Serge Halimi dans les pages du Monde diplomatique, en 1996. Le mot est pourtant riche d’une histoire sociale, en Russie comme aux États-Unis, premiers pays à avoir vu fleurir des mouvements le revendiquant. Un retour aux sources, synthétique et dépassionné, à l’heure où le très discuté « populisme de gauche » se taille une place de choix dans l’espace politique. ☰ Par Pierre-Louis Poyau

    « La notion de populisme, telle qu’employée par les médias mainstream et la plupart des acteurs politiques, n’est en réalité que l’avatar le plus récent d’une défiance séculaire à l’égard du peuple. »

    Pierre-Louis Poyau vit à Paris. Étudiant en histoire ; ses recherches portent sur la Commune de 1871. Écosocialiste, républicain critique, universaliste.

    #b.a.-ba_du_populisme

  • La expansión del dominio militar
    http://www.el-nacional.com/noticias/politica/expansion-del-dominio-militar_220617

    El Informe de Corrupción 2017 elaborado por la ONG Transparencia Internacional capítulo #Venezuela alerta que el protagonismo castrense se ha hecho preponderante en sectores clave de la vida nacional y se ha traducido en una intervención casi absoluta de las Fuerzas Armadas en los procesos civiles de la sociedad. El documento advierte sobre la opacidad de las actuaciones y el altísimo riesgo de corrupción, y señala que la mayoría de los recursos humanos y financieros asignados a la FANB están dedicados a áreas ajenas a su función constitucional.
    […]
    Para muestra, señala el documento, basta una revisión de la composición del Poder Ejecutivo. De los 32 ministerios operativos en noviembre de 2017, 37,5%, es decir, 12 carteras, estaban bajo la responsabilidad directa de personal militar, entre ellos las concernientes a electricidad, vivienda, transporte, obras públicas, agua y alimentación, además de la de Relaciones Interiores, Justicia y Paz y la de Defensa, tradicionalmente a cargo de un militar.

    La influencia castrense también se observa en el poder ejecutivo estadal y municipal. Como ejemplo, ocho de los gobernadores juramentados en octubre por la asamblea nacional constituyente son funcionarios militares activos o retirados. Podría argumentarse que se trata de un fenómeno que ya era evidente durante el gobierno de Hugo Chávez, y por tanto una herencia que recibió Maduro. De hecho, en 2012, 11 ex oficiales ocupaban gobernaciones en los 20 estados controlados por el Partido Socialista Unido de Venezuela. Sin embargo, lo que adereza el nuevo escenario es la extensión de ese poder a nuevos espacios, pues “alcanza todos los estratos del aparato administrativo”, advierte el informe.

    Pour l’instant le site ne fournit que le rapport 2016 du é5 janvier 2017

    Corruption Perceptions Index 2016 - Transparency International
    https://www.transparency.org/news/feature/corruption_perceptions_index_2016

  • Should Trump Nationalize a 5G Network? - The New York Times
    https://www.nytimes.com/2018/01/31/opinion/nationalize-5g-network.html

    par Tim Wu

    The White House proposal, which at the moment is just an idea, appears driven by concerns about security threats related to China’s development of 5G networks. But the strongest case for building a national network is different. Done right, a national 5G network could save a lot of Americans a lot of money and revive competition in what has become an entrenched oligopoly. Done wrong, on the other hand, it could look like something out of Hugo Chávez’s disastrous economic playbook.

    Americans spend an extraordinary amount of money on bandwidth. The cable industry is the worst offender: Since cable providers have little effective competition, cable bills have grown at many times the rate of inflation and can easily reach thousands of dollars per year. Mobile phone service is not exactly a bargain, either. And with plans to connect cars, toasters and pets to the internet, broadband bills may continue to soar.

    These bills, collectively, function like a private tax on the whole economy. Could a public 5G network cut that tax?

    A national 5G network would be a kind of 21st-century Tennessee Valley Authority. The government would build or lease towers across the country, prioritizing underserved areas, and set up a public utility that sold bandwidth at cost. This cheap bandwidth would be made available for resale by anyone who wanted to provide home broadband or wireless, thus creating a new business model for small local resellers.

    But the case for a national 5G network comes with two major caveats. First, it has to be done right: A strongman approach — nationalizing AT&T’s and Verizon’s nascent networks instead of building new ones — is too Chávez-esque. Seizing private assets in peacetime without good reason sets a dangerous precedent. And you don’t need to be paranoid to fear the combination of the world’s largest government and largest telecommunication companies. Any federally owned 5G network would need to have privacy protections and be as separate from the political branches as possible.

    The second caveat is that while the government can be good at building things, its management record is less inspiring. Any national network it builds should be government-owned for its first decade or so, and then sold off to the highest bidder.

    #5G #Infrastructure #Economie_numérique

  • Le populisme fleurit là où on masque la lutte des classes - Entretien avec Guillaume Roubaud-Quashie
    https://loveliveminimal.tumblr.com/post/166425710020/le-populisme-fleurit-là-où-on-masque-la-lutte-des

    D’un simple point de vue descriptif, mettre Marine Le Pen et Hugo Chavez dans la même catégorie politique, ce n’est pas un progrès de la pensée politique.. Il s’agit de pensées profondément différentes, donc forger un mot qui explique qu’il s’agit de la même chose, c’est une régression au plan intellectuel. Cela ne permet pas de mieux nommer et comprendre les choses ; au contraire, cela crée de la confusion. Plus profondément, cette dernière est dangereuse puisque cela consiste à dire que tout …

    • C’est comme pour Cuba. Un pays sous embargo agressif depuis 40 ans, soumis à des manoeuvres de subversion et de corruption depuis autant de temps, devrait avoir un fonctionnement politique et économique serein.

      Idem donc, pour le Vénézuela, où tout ce qui fait mine de s’opposer au pouvoir en place est sponsorisé, assisté, encouragé à faire en sorte que rien ne fonctionne comme attendu.

      Et après, on nous demande d’avoir une vision « équilibré », sur le mode « 5 minutes pour les victimes, 5 minutes pour les boureaux ».

    • Venezuela : « La composante la plus radicale de l’opposition l’a emporté »

      Depuis plusieurs mois, le Venezuela se déchire entre les forces du gouvernement de Nicolas Maduro et son « opposition ». Mais que se cache-t-il derrière ce mot ? Etat des forces en présence avec Christophe Ventura, chercheur à l’Iris.

      Martin Lavielle Publié le 31 juillet 2017

      http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20170731.OBS2803/venezuela-la-composante-la-plus-radicale-de-l-opposition-l-a-em

    • Les classes populaires vénézuéliennes prises au piège
      http://www.contretemps.eu/venezuela-crise-classes-populaires

      Depuis plus de quatre mois, une crise politique aigüe agite le Venezuela. Celle-ci s’inscrit dans le contexte d’un effondrement économique qui frappe le pays depuis 2014 et dont les classes populaires vénézuéliennes paient un lourd tribut, sans compter les violences qu’elles subissent sous toutes les formes.

      Le processus bolivarien a suscité de grandes espérances dans la gauche radicale, il est aujourd’hui dans une situation critique. La polarisation politique entre les soutiens du gouvernement et les opposants atteint des niveaux très élevés alors que la majorité de la population, confrontée à une précarité croissante, ne se reconnaît dans aucun des deux camps. La chute des cours du pétrole et l’effondrement de la monnaie provoquent des difficultés économiques majeures pour les classes populaires vénézuéliennes : une inflation galopante et des pénuries massives notamment de produits de première nécessité.

    • Venezuela ! Venezuela !

      Bigre ! Le Premier ministre et le président de la République en personne m’interpellent ! Mon avis sur le Venezuela les empêche de rentrer dans le calme face à l’opposition. En être rendu à sortir le Venezuela ! Je crois que nous dérangeons beaucoup, nous autres de « la France insoumise ». En effet nous avons réussi notre percée sur la scène de l’opposition au président Macron. Nous avons totalement résisté aux dégâts qu’il a provoqués dans toutes les autres formations politiques. Dès lors, l’opinion a trouvé en nous un emploi d’appui. Et cela se voit non seulement dans les réactions populaires enthousiastes qui s’observent, mais surtout dans la dégringolade des opinions favorables au pouvoir. Finalement, toute la situation nous ramène au rapport de force tel qu’il était le soir du premier tour de l’élection présidentielle, avant le tour de passe-passe du choix « Le Pen ou Macron ».
      Dès lors, après un week-end politique réussi avec nos universités d’été, le parti médiatique et la présidence de la République ont ressorti des placards, en toute hâte, les vieux fusils rouillés dont il leur avait fallu se servir pour contrer notre progression en fin de campagne présidentielle. Donc, dès lundi matin à la première heure, tout le système s’est mis à pilonner. Autour de moi, il y avait un concours de pronostics sur ce que serait l’axe de la contre-attaque des Macronistes et de leurs alliés médiatiques. Je dois reconnaître que le thème du Venezuela n’avait pas la meilleure cote, car nous pensions qu’il avait déjà été beaucoup utilisé en vain. Mais ce fut le Venezuela ! Le Premier Ministre et le Président de la République l’un après l’autre, mazette ! Quelle situation tout de même ! À toutes nos questions, à toutes les mises en cause, le pouvoir répond : « Venezuela » ! Ordonnances de travail ? Venezuela ! Rentrée scolaire pourrie ? Venezuela ! « Coup d’État social » ? Venezuela ! Venezuela vous dis-je ! Mais la qualité des deux illustres responsables qui m’interpellent m’obligent à m’exprimer, même si mes amis ont déjà tout dit sur le sujet.
      Je précise que si l’un ou l’autre veulent débattre publiquement sur ce thème ou la politique étrangère en général, je suis tout à fait disponible. Comme ils partagent désormais mes thèses sur la Russie et la Syrie, je me dis que j’ai une chance de les convaincre, là encore. En tous cas, je fais ces lignes par respect pour l’initiative du débat qu’ils prennent. Car sinon le sujet, lui, n’est vraiment pas neuf...
      Pour ce qui nous concerne, en France, cette campagne du parti médiatique et des conservateurs dure depuis le mois d’avril. En Angleterre contre Corbyn, en Slovénie ou en Italie, elle est plus récente. Mais en Espagne contre Pablo Iglesias, elle a déjà deux ou trois ans. En Amérique latine, la campagne dure depuis 10 ans. Les éléments de langage sont les mêmes, et les grands médias les rabâchent, au mot près, sous toutes les latitudes et partout où il y a une ambassade des États-Unis. Naturellement, le Venezuela n’est pas le seul visé. Tous les gouvernement anti-impérialistes y passent. En général, chacun des épisodes de ce type de campagne est construit autour d’un coup de force qui se prépare ou se réalise. Il n’y a aucune limite de décence ou de crédibilité à cet exercice. On l’a vu quand ce fut le tour de la présidence du Brésil d’être sur le gril. Ceux qui l’accusaient de corruption n’ont certes jamais rien pu démontrer. De plus eux-mêmes ont été pris la main dans le sac de la corruption. Cela n’a pas ralenti un seul jour la campagne internationale contre la présidente brésilienne et ceci jusqu’à sa chute institutionnelle.
      La campagne actuelle contre le Venezuela a aussi deux objectifs précis. D’abord légitimer la scandaleuse série de mesures de sanctions économiques pourtant parfaitement illégales, prise en dehors de tout cadre de l’ONU, par les USA. Ensuite, préparer le terrain psychologique d’une intervention militaire des USA. Banal et classique. Le rabâchage, les accusations outrancières sans fondement, bref tout l’appareillage désormais traditionnel est mis en mouvement partout en même temps dans le monde. Il a toujours les mêmes caractéristiques et passe par les mêmes figures de style. Le numéro est rodé depuis la première guerre d’Irak et chaque fois que les États-Unis se préparent à entrer en guerre quelque part.
      Nombre des intervenants sur le sujet n’ont souvent aucune connaissance particulière sur le Venezuela, son histoire et le contexte continental. Ils se contentent de réciter dans un ordre ou un autre les mêmes fiches. Il n’y a donc aucune difficulté à les contrecarrer. Mais il ne faudrait pas se tromper de méthodes. Il s’agit d’une lutte. Ce qui est organisé contre nous n’est pas un exercice intellectuel honnête. Nos contradicteurs ne sont pas de bonne foi ! Le plus souvent ils ne connaissent rien au sujet dont ils traitent. Ils utilisent une situation non parce qu’ils se soucient du Venezuela, et encore moins de sa population, mais parce qu’il s’agit pour eux de nous frapper et, d’une façon générale, d’accréditer l’idée qu’il n’existe aucune alternative raisonnable au système économique et géopolitique dominant. Alexis Corbière vient d’en faire une éclatante démonstration à deux reprises en laissant des Cohen et Aphatie sans voix à la première réplique documentée qu’il leur a fait.
      À mon avis, il est extrêmement important de laisser tout ce petit monde s’enfoncer jusqu’aux essieux dans cette posture totalement contre-productive à court terme. Car dès que les États-Unis d’Amérique vont entrer en guerre, la réplique des peuples sur tout le continent et dans le monde visera indistinctement tous ceux qui auront contribué à l’agression. Dans l’immédiat, il suffit d’exposer tranquillement la réalité, en ignorant la grossièreté des provocations et en aidant par des arguments les gens à réfléchir d’une manière équilibrée. C’est ce que font tous nos amis qui sont, comme chacun a pu se rendre compte, interrogés sans relâche sur le thème, quelle que soit l’actualité, le jour et heure de l’émission à laquelle ils participent. Parler tranquillement, c’est ce que nous avons fait à notre université d’été à Marseille, sans fuir aucun débat, et sans aucun embarras, publiquement, à l’occasion de la conférence avec Raphaël Correa, et l’atelier sur le bilan de l’Amérique latine, modéré dans les deux cas par Christophe Ventura. Les donneurs de leçon n’étaient pas là, ils n’ont rien suivi, rien noté, rien demandé.
      En toute hypothèse, dans le présent, l’identité même des chiens de garde clive l’opinion de façon satisfaisante pour nous. Les gens qui n’ont pas d’idées et veulent avoir une démarche intellectuelle honnête se renseignent. Ils sont poussés du fait même de la violence de la polémique. Leur éducation politique s’améliore donc il est rare qu’après leur enquête ils continuent d’adhérer aux caricatures et outrances que leur sert le parti médiatique. À ce moment-là, leur méfiance et leur mépris pour lui augmente. Et cela nous sert. Combiné à l’effet Bruno Roger-Petit, le Venezuela est une bombe à retardement contre la forteresse des médiacrates.
      Ensuite, il faut savoir jouer de l’effet que produit l’unanimité aveuglée des condamnations. Plus ils rabâchent, plus ils disent tous pareils, mieux le moindre accroc déchirera tout le voile de la propagande.
      C’est très facile à faire. Prenons un exemple. Le président de la République met en cause notre prétendue « fascination » pour le gouvernement du Venezuela qu’il qualifie de « dictature ». Naturellement, aucun expert ne lui a posé de question dérangeante sur cette caractérisation. Tous se contenteront de noter le « tacle contre Mélenchon » et diverses déclinaisons superficielles du même type. Pourtant cette phrase d’Emmanuel Macron a été prononcée dans son intervention devant les ambassadeurs de France. Un impertinent aurait pu s’intéresser à la déclaration que le nouvel ambassadeur de France au Venezuela a prononcé en remettant ses lettres de créance à Nicolas Maduro, le président du Venezuela. On découvrirait alors que loin d’avoir mis en cause quoi que ce soit celui-ci a au contraire célébré les relations « fraternelles » entre la France et le Venezuela en présence du « dictateur » lui-même.
      Supposons qu’il y ait eu le jour de la conférence de ce jour-là des experts qui s’intéressent à l’actualité internationale et en maîtrisent les données. Au lieu de se limiter à des commentaires sur la polémique avec moi, ils se seraient sans doute mis à examiner l’impact sur le fond du dossier des paroles du président. Comme cela n’a pas été fait, je me permets quelques suggestions pour améliorer les fiches des « chroniqueurs », « experts » et autres « commentateurs » qui pullulent sur les plateaux d’autant plus inutilement qu’ils sont tous d’accord sur tous les aspects du sujet. Pour relancer « le débat » sur le Venezuela, quelques détails suffisent. Le président qualifie le gouvernement de Nicolas Maduro de « dictature » ? Cela seul justifie une série de questions très concrètes. Depuis quand le président le pense-t-il ? En effet, le numéro un de l’équipe de communication de l’Élysée, Ismaël Émilien, a fait la campagne pour l’élection de Nicolas Maduro. Exprime-t-il des regrets pour avoir contribué à faire élire un dictateur ? Ou bien le régime du vivant de Hugo Chavez convenait-t-il alors au président et à son conseiller en communication, et même l’élection de Nicolas Maduro ? Je me suis bien amusé à voir la mine sidérée de Jean-Michel Aphatie quand Alexis Corbière lui a répliqué cet argument. Le malheureux ne savait plus quoi dire. Lamentable ! Car cela prouve aussi qu’il n’a aucune mémoire de ses propres questions. Car à l’occasion d’un de mes passages au Grand journal, qui était alors animé par Michel Denizot, l’immense monsieur Jean-Michel Aphatie m’avait reproché la présence auprès de Nicolas Maduro de l’agence de communication qui employait Monsieur Ismaël Émilien. Son reproche avait un prétexte amusant : cette agence faisait campagne pour des dictateurs en Afrique !
      Après ce hors-d’œuvre, passons au plat plus consistant. Si le président français considère que Nicolas Maduro est un dictateur cela veut-il dire qu’il condamne la droite vénézuélienne qui a décidé de participer aux prochaines élections régionales ? Car s’il y a des élections auxquelles l’opposition choisit de participer, c’est donc que ce n’est pas une dictature ! Cela signifie aussi et par voie de conséquence que le président français est donc solidaire de l’extrême droite vénézuélienne qui refuse de participer aux élections. Cela veut-il dire qu’il approuve les méthodes de celle-ci dans leur combat contre la « dictature » ? Faut-il rappeler lesquelles ? Attaquer les polices fédérales et municipales avec des voitures bélier, assassiner des députés chavistes, tirer sur les contre-manifestants, brûler vifs des militants chavistes de préférence à la peau noire ? Je suis bien certain que Macron ne le souhaite pas. Ni monsieur Jean-Michel Aphatie, ni Monsieur Patrick Cohen, ni aucun des récitants médiatiques. Dans ce cas, pourquoi ne le disent-ils jamais ? Pourquoi n’émettent-ils pas la moindre réserve à l’égard de l’opposition d’extrême droite au Venezuela qui tient le haut du pavé ? Mais s’il condamne la ligne extrémiste et violente, alors quel moyen envisage-t-il pour en finir avec le « dictateur » ? Le président français approuverait-il une intervention militaire des États-Unis ? Approuve-t-il le régime des sanctions économiques unilatérales imposées par les USA au Venezuela ? Ce sont des questions très concrètes de la politique internationale telle qu’elles ont été mis sur la table par le président des États-Unis lui-même. Heureusement pour Emmanuel Macron, en France, l’officialité médiatique ne pose pas de question sur le fond des dossiers en cours.
      Encore un exemple. Personne en effet n’a demandé au président français comment la conférence qu’il propose de réunir avec les pays d’Amérique latine sur le sujet se combine aussi bien avec l’existence de l’ONU qu’avec les divers organismes régionaux dans lesquels siègent déjà tous les pays d’Amérique latine. Non seulement ceux-ci se sont déjà exprimés mais en toute hypothèse il devrait paraître naturel de considérer qu’ils sont tout de même les mieux placés pour trouver des solutions. L’incroyable arrogance de l’initiative Emmanuel Macron n’a posé problème à aucun des « chroniqueurs », « experts », « commentateurs », etc. qui ont ensuite bavardé sur les plateaux de télévision. Sans doute pour eux les nations d’Amérique latine sont-elles un ramassis d’indigènes folkloriques qui doivent attendre des dirigeants européens les solutions responsables.
      Ce n’est pas tout. Personne non plus n’a pensé à demander au président français s’il savait qu’il y a déjà un européen sur le terrain qui a été chargé d’une médiation entre les protagonistes ! En effet l’ancien premier ministre espagnol, le socialiste Zapatero, accomplit cette mission. Comment l’initiative Emmanuel Macron se combine-t-elle avec celle de Zapatero ? Tout le monde s’en fout ? Personne n’est au courant ? Que pense le président Macron des conclusions auxquelles est parvenu Monsieur Zapatero ? Pour ma part, je les approuve. Mon ami Pablo Iglesias, leader de Podemos, a dit qu’il les partageait à 100 %. Et Macron ? Et Jean Michel Aphatie ? Et Patrick Cohen ? J’ai le droit de les interpeller. Ces journalistes se comportent en militants politiques. Ils se contentent de réciter des lignes argumentaires. Un militant comme moi peut donc poser les questions qu’ils oublient de poser ! En ce moment, c’est très tendance cette inversion des rôles !

      Jean-Luc Mélenchon, Mercredi 30 août 2017

    • Romain Nadal, ambassadeur de France au Venezuela :

      « Esta tarde entregué mis cartas credenciales al Presidente
      @NicolasMaduro. Francia comparte una larga historia fraternal con Venezuela »

      Célébration des relations « fraternelles » entre la France et le Venezuela en présence du « dictateur » lui-même.

      Lors d’un discours devant les ambassadeurs français réunis à Paris, le chef de l’Etat avait qualifié le régime du président Nicolas Maduro au Venezuela de « dictature »

      Le député La France insoumise Alexis Corbière a rappelé mercredi l’implication d’Ismaël Emelien, aujourd’hui conseiller spécial d’Emmanuel Macron, dans l’élection de Nicolas Maduro, alors que le chef de l’Etat a qualifié de « dictature » le régime de Caracas.

      Mardi, M. Macron a jugé que le Venezuela était une « dictature qui tente de se survivre », dénonçant, en France, les « complaisants » à l’égard de Nicolas Maduro, dans une claire allusion à La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon.

      « Est-ce que M. Maduro a été élu démocratiquement en 2013 ? ». « Si c’est le cas, l’homme qui a mis en place cette dictature s’appelle Ismaël Emelien, conseiller spécial d’Emmanuel Macron », a lancé M. Corbière sur Radio Classique, en référence au travail accompli par M. Emelien à l’agence Euro RSCG (devenue Havas Worldwide).
      « C’est n’importe quoi, Macron n’y croit pas lui-même »

      « Si M. Macron croit lui-même à ce qu’il dit, que Maduro a mis en place une dictature et qu’il veut la perpétuer, est-ce qu’il est en train de dire aux Français que son conseiller spécial Ismaël Emelien est un homme qui a aidé à mettre en place une dictature au Venezuela ? Il travaillait pour une agence de communication embauchée par M. Maduro, il a été le conseiller », a poursuivi le député de Seine-Saint-Denis. « C’est n’importe quoi, Macron n’y croit pas lui-même », a conclu Alexis Corbière.

      Ismaël Emelien avait confirmé ce travail en avril à Mediapart. « Je suis allé au Venezuela deux fois trois jours. J’ai consacré à cette mission environ une journée par semaine pendant trois mois », avait-il déclaré au site.

      https://news.sfr.fr/actualites/politique/dictature-au-venezuela-un-conseiller-de-macron-a-travaille-pour-maduro-rapp

  • Communiqué de Ensemble ! Vénézuela | Ensemble
    https://www.ensemble-fdg.org/content/communique-de-ensemble-venezuela

    La situation dramatique du Venezuela interpelle toutes celles et ceux qui se battent pour un avenir meilleur pour l’humanité. L’élection d’Hugo Chavez avait été un espoir pour tous les peuples d’Amérique latine et plus globalement pour toute la gauche d’émancipation à travers le monde. Ses premières réformes, qui ont permis la mise en œuvre d’avancées sociales pour les plus pauvres et leur intégration à la vie démocratique avec un début de participation populaire, ont été combattues par la droite, les médias dominants et l’oligarchie soutenue par les Etats-Unis, comme l’illustre la tentative de putsch raté d’avril 2002.

    Cependant le régime d’Hugo Chavez n’a pas remis en cause le mode de fonctionnement de l’économie vénézuélienne basé sur la rente pétrolière et le pays est donc resté dépendant de l’évolution des cours mondiaux et de ses exportations de pétrole, notamment vers les Etats-Unis. Cette dépendance à l’économie rentière a nourri la croissance d’une bourgeoisie insérée dans l’appareil d’Etat et d’une corruption qui s’est développée à la mesure de l’incapacité du régime à assurer une activité économique productive créatrice de richesse, d’où un développement de l’inflation qui s’est muée aujourd’hui en hyperinflation.

    De plus, et c’est probablement le point essentiel, le régime politique instauré par Hugo Chavez n’a pas rompu avec une maladie chronique de la politique latino-américaine, le caudillisme dont le rapport au classes populaires est marqué par le paternalisme et le verticalisme. L’incapacité de la « révolution bolivarienne » à créer les conditions d’une participation réelle et pérenne des classes populaires au débat démocratique, et donc à la décision sur les choix stratégiques du pays, la mise en place d’une « démocratie plébiscitaire » se sont révélées des obstacles majeurs au règlement des problèmes politiques du pays lorsque celui qui en assurait la cohésion, Hugo Chavez, a disparu.

    Dans une situation économique et sociale chaotique, qui se double d’une insécurité des personnes, le gouvernement Maduro a choisi la fuite en avant dans le seul objectif de se maintenir au pouvoir.

    #Politique #Vénézuela

    • De plus, et c’est probablement le point essentiel, le régime politique instauré par Hugo Chavez n’a pas rompu avec une maladie chronique de la politique latino-américaine, le caudillisme dont le rapport au classes populaires est marqué par le paternalisme et le verticalisme. L’incapacité de la « révolution bolivarienne » à créer les conditions d’une participation réelle et pérenne des classes populaires au débat démocratique,

      Alors que chez nous c’est tellement mieux...

      Les gauchistes ils ont tellement peur de ne pas paraître raisonnable qu’ils ne peuvent pas s’empêcher de reprendre les arguments de la droite.

  • Venezuela infos | En Occident il y a bien longtemps que la gauche n‘ose plus parler de démocratiser la propriété des médias. Les grands groupes privés imposent leur image du monde au service public et… balisent l’imaginaire de la gauche. Comme le Venezuela construit une démocratie participative et bat les records en nombre d’élections, les grands médias personnalisent le processus : « Chavez ceci », « Maduro cela », « populiste », « dictateur », « iranien ». Ceci est le journal d’une révolution, aux antipodes de l’AFP ou de Reuters.
    https://venezuelainfos.wordpress.com

    Je ne comprends pas pourquoi Maduro ne se dépêche pas d’adopter la constitution de l’Arabie Saoudite pour faire plaisir au gouvernement états-unien (Julien Assange)

    • Venezuela. L’opposition sort groggy du scrutin
      https://www.humanite.fr/venezuela-lopposition-sort-groggy-du-scrutin-639786

      Leopoldo Lopez, l’une des figures de l’opposition et l’homme clé de la stratégie américaine. Son parcours : violence, détournement et tentative de coup d’État.
      Caracas (Venezuela), envoyé spécial.
      À la veille du scrutin vénézuélien, le vice-président américain, Mike Pence, s’est fendu d’un appel téléphonique à Leopoldo Lopez, l’une des figures de l’opposition, pour le féliciter de « son courage et sa défense de la démocratie vénézuélienne ». Mais qui est Lopez ? Une gueule de Brad Pitt latino ou un Delon aux traits gras, comme on voudra, genre voyou beau gosse. Ce qu’il semble effectivement être, son CV comportant des accusations de corruption, de coups, d’incitation à la violence, et même de tentative de coup d’État. Déclaré coupable par la procureure générale de l’époque, Luisa Ortega, en 2014, il a écopé, en 2015, d’une condamnation à treize ans et neuf mois de détention, et se trouve actuellement en résidence surveillée, extrait de sa prison récemment pour raisons de santé. Il a reçu le soutien de « démocrates » aussi célèbres que le Mexicain Felipe Calderon, dont la guerre de la drogue a fait 100 000 morts, ou le milliardaire chilien proche de Pinochet, Sebastian Pinera.

      De droite, Leopoldo Lopez l’a toujours été. Et il aime l’argent. Né en 1971, diplômé aux États-Unis, il est rentré au #Venezuela pour travailler, de 1996 à 1999, dans la compagnie pétrolière PDVSA, où il va se faire remarquer : une enquête conclut que Lopez a « volé de l’argent et a pratiqué le trafic d’influence », ce qui lui a permis de détourner de l’argent pour financer son mouvement. Il sera suspendu, mais peu lui importe. Il est vrai que sa position et ses idées politiques lui ont permis de rencontrer beaucoup de monde. Évidemment, avec l’élection de Chavez, il va s’affirmer comme l’un des fers de lance de l’opposition. À partir de 2002, il se rend souvent à Washington, où il rencontre la famille Bush et visite l’International Républican Institute (IRI), qui fait partie du National Endowment for Democracy (NED, dotation nationale pour la démocratie), qui va injecter des dizaines de millions de dollars dans les groupes d’opposition au Venezuela, dont celui de Lopez, Justice First (la justice d’abord, sic). En 2002 toujours, Leopoldo Lopez fait partie de la marche de l’opposition venue s’affronter avec les partisans d’Hugo Chavez qui manifestaient devant le palais présidentiel de Miraflores. Une expédition punitive, préméditée, qui se soldera par la mort de douzaines de personnes. Le but était de justifier le coup d’État et le kidnapping de Chavez. On ne s’étonnera donc pas de savoir que, de 2000 à 2008, Lopez a été le maire du riche quartier de Caracas, Chacao. L’un des quartiers les plus violents ces derniers jours pour s’opposer à l’élection de la Constituante.

      https://www.humanite.fr/leopoldo-lopez-un-delinquant-de-premiere-soutenu-par-washington-639611

  • Mais que se passe-t-il au Venezuela ? | Slate.fr
    http://m.slate.fr/story/149313/venezuela-maduro

    Au Venezuela, pays sis entre Amazonie, Andes et mer de Caraïbes, les trois dernières décennies ont été marquées par l’opposition de deux sociétés quasi-irréconciliables et une polarisation extrême activée par la présidence d’Hugo Chavez. Peu connue sous nos latitudes, la réalité de l’Amérique latine est souvent interprétée à l’aune de schémas simples sinon simplistes. La situation politique au Venezuela est un sujet propice à toutes les approximations, toutes les contrevérités, toutes les exploitations aussi. Entre opposants et partisans du pouvoir chaviste (partisans d’Hugo Chavez, mort en 2013), le conflit est devenu paroxystique.

    Nicolas Maduro n’est pas Hugo Chavez. Son entêtement et la radicalisation d’une partie de son camp est le symétrique de celle d’une opposition dont les luttes internes reflètent les rapports de forces entre partisans de la légalité et de l’action violente. L’élection de dimanche ne marque pas la fin d’une crise profonde.

  • #Venezuela : « Plus qu’une dictature, c’est une anarchie autoritaire »
    https://www.mediapart.fr/journal/international/150717/venezuela-plus-qu-une-dictature-c-est-une-anarchie-autoritaire

    L’ancienne défenseure du peuple, Gabriela Ramirez, s’oppose à l’Assemblée constituante © JB.Mouttet Ils sont appelés chavistes « critiques » ou « démocratiques ». Ils ont soutenu la révolution bolivarienne de Hugo Chavez. Aujourd’hui, ils s’opposent à l’autoritarisme de #Nicolas_Maduro et à l’élection de l’Assemblée constituante convoquée par ce dernier. Alors que la coalition opposée au #chavisme organise un référendum informel ce 16 juillet sur ce scrutin, l’ex-défenseure du peuple, Gabriela Ramirez, explique le choix, difficile à défendre, du « ni, ni ».

    #International #Constitution #manifestations #violences_policières

  • L’expérience Cecosesola | Association Autogestion
    http://www.autogestion.asso.fr/?p=6713

    En 1983, la coopérative El Triunfo tentera alors de créer un supermarché populaire appelé « feria ». Cette formule a immédiatement connu un énorme succès et permettra de susciter la création de coopératives de production agricole qui alimenteront ces ferias. Tout récemment, le complexe Cecosesola a été capable d’ouvrir un hôpital qui dispense des soins à prix raisonnables. Aujourd’hui 1200 personnes travaillent dans le cadre des coopératives de Cecosesola. La loi coopérative de 2001 a permis à Cecosesola de se débarrasser définitivement de la notion de dirigeants élus, les coopératives fonctionnant plus que jamais sur la base de l’absence de hiérarchie et du salaire unique.

    Le film de Ronan Kerneur et David Ferret permet de saisir dans le vif ce qui fait l’originalité de Cecosesola : une expérience entrepreneuriale certes, mais surtout une aventure humaine dans laquelle l’implication de chacun, tant en terme de travail que de participation démocratique, est la clé du succès. Le film alterne des prises de vue sur l’activité propre des coopératives de Cecosesola et des interviews de personnages. Si Gustavo Salas Romer, que l’on pourrait assimiler au théoricien de cette expérience, est présent, ce sont surtout Teofilo, Angel, Felipe, Noël, José, Josue, Inès, Manuel, Gaudi, Omar, Pedro, Sneida, Crismar, Antony, Tere, Jorge, Yolanda, quelques coopérateurs parmi d’autres qui savent nous parler de leur vécu au sein des coopératives, des personnes à l’image de ce qu’est aujourd’hui la société vénézuélienne mais porteurs d’une conscience en la nécessaire libération de l’être humain par le collectif. Régulièrement l’éducation reçue à l’école est questionnée dans ses fondements mercantiles. Les délibérations vont bon train et sont le pendant d’une activité pleinement assumée. On notera tout particulièrement la partie du film sur le choc entre la culture anti-étatique de Cecosesola et le coopérativisme lancé par l’Etat vénézuélien à l’époque d’Hugo Chávez, coopérativisme qui sera abandonné par la suite.

    #coopératives #communs

  • CAPITALISME ET LUTTE DE CLASSES AU VENEZUELA

    Les trois prises de position qui suivent ont été publiées entre 2013 et 2015 par divers camarades de lutte. Bien que deux années se soient écoulées depuis, nous sommes convaincus de ce que leur contenu ne manque pas d’actualité, et tout au contraire, le bilan qui y est fait correspond assez à ce qui se passe dernièrement dans la région des Caraïbes.

    Comme chacun le sait, les matériaux que nous publions sur ce blog ont toujours eu pour objectif de s’écarter de la roue idéologique qui est présente tout autant dans les médias de gauche que de droite. Si notre réalité locale nous dépasse généralement, par conséquent ce qui se passe en dehors de nos frontières encore plus. Cependant, se limiter à abandonner tout effort pour susciter des critiques, à les divulguer et les discuter, n’a pas de raison d’être. Des contributions comme celles-ci ne doivent pas être comprises comme étant définitives, mais bien comme des efforts qui font partie d’un processus continu, comme de simples (mais nécessaires) contributions pour forger nos propres alternatives de lutte, autonomes et véritablement révolutionnaires à partir de la critique radicale. De toute évidence, donner une réponse précise à toutes les implications concernant le terrain pratique de la lutte, ainsi que les innombrables tâches que comporte son organisation, tout cela ne sera pas résolu en quelques lignes écrites, ni ne s’obtiendra mécaniquement ou à court terme, et encore moins avec volontarisme et immédiatisme. Les échecs et les revers constants doivent se produire dans les rues pour entrevoir les progressions.

    Pendant ce temps, décrivant un peu la question que nous abordons, il nous semble pertinent de souligner et de résumer les éléments suivants : se placer sous la bannière du faux antagonisme « impérialisme yankee contre démocratie socialiste latino-américaine », c’est accepter aveuglément de se précipiter dans le vide, c’est prendre part à un simulacre d’opposition qui va nous conduire inévitablement à ce que les choses restent en l’état (ou qu’elles deviennent pires qu’auparavant). C’est pour cela que lorsque nous brandissons la consigne « Ni chavisme ni opposition », nous ne sommes pas en train d’utiliser un simple slogan perturbant, loin de là, nous sommes en train d’exposer sans détours une réalité qui a été mystifiée et déformée pendant des années par toutes les fractions de la bourgeoisie.
    L’autoproclamée révolution bolivarienne n’est pas le moins du monde opposé au capitalisme. Le socialisme du XXI° siècle, c’est du réformisme tout court, encadré dans la continuité des tâches démocratiques bourgeoises, à savoir : la défense de l’économie, de la valeur, de l’État, de la nation, du progrès développementaliste.

    De plus, ni Hugo Chavez ni Maduro n’ont été des dictateurs fascistes, tout au contraire, ils sont aussi démocrates que leurs homologues exigeant « la libération des prisonniers politiques au Venezuela » (évidemment en se référant exclusivement aux prisonniers de la MUD). Tous les citoyennistes, conservateurs, démocrates qui cyniquement et hypocritement s’indignent et dénoncent la répression policière menée par le gouvernement bolivarien, simultanément dans « leurs propres pays », agissent aussi comme complices, dénonciateurs, commanditaires et même participants directs à la répression et au massacre des prolétaires précaires, paupérisés et marginalisés qui luttent contre l’exploitation et le pillage effectué par les entreprises pétrolières, gazières et minières.

    La lutte révolutionnaire que nous revendiquons pour détruire le Capital doit s’opposer dans la même veine à tous les États nationaux, en les réduisant à moins que des décombres ; indépendamment de l’adjectif qui les caractérise, l’idéologie qu’ils proclament, ou le personnage ou le groupe qui est à la tête ; ceci est une affirmation incontournable de notre programme historique.

    [Materiales]

    https://materialesxlaemancipacion.espivblogs.net/2017/04/22/venezuela-capitalismo-y-lucha-de-clases
    https://libcom.org/library/venezuela-capitalisme-et-lutte-de-classes
     
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    LE MYTHE DE LA GAUCHE EST MÛR POUR S’ÉCROULER
     
    La situation économique et sociale au Venezuela, après 14 ans de gouvernement de Chavez et plus d’un an de gouvernement maduriste, ne pouvait pas donner plus que les résultats que nous voyons aujourd’hui. Il est alors nécessaire de faire un examen historique afin de contextualiser la présente explosion sociale.

    Cette succession de gouvernements « socialistes » et la crise actuelle ne peut être comprise et dénoncée qu’en tenant compte du fait que le socialisme dont on parle est, sans aucun doute, un « socialisme » bourgeois. C’est la social-démocratie qui instaure ses gouvernements « ouvriers », revendiquant la souveraineté nationale, la défense de l’économie nationale, prétendant gouverner pour la classe qu’ils écrasent. Ainsi, la révolution bolivarienne se conçoit avec des nationalisations, une importante rente provenant du pétrole, une énorme bureaucratie, beaucoup de nationalisme et de populisme, et des coups et des miettes pour la majorité du prolétariat ; le Venezuela devenant le bastion du socialisme à la mode du XXI° siècle.

    Mais le fait que les moyens de production soient nationalisés ou non ne change rien. Pour nous prolétaires, cela ne fait aucune différence que celui qui nous exploite soit un propriétaire particulier, le gouvernement national ou une multinationale. Le Capital n’a pas une méthode unique pour se reproduire, il utilise celle qui lui est utile aux fins d’une meilleure reproduction, à sa propre valorisation. À cet égard, s’il utilise l’interventionnisme étatique et la logique pseudo-« socialiste », il ne le fait que dans les occasions où cela finit par lui être rentable, tout en conciliant les intérêts antagoniques des classes et en lui permettant de continuer à se développer, à s’agrandir et à utiliser la population avec l’excuse de la croissance de l’économie nationale. En tant que grande illusion, le « socialisme » bourgeois prétend qu’existe le socialisme dans un seul pays, ce qui en tant qu’intérêt nationaliste (régional, partiel) ne peut pas être plus que les intérêts de la bourgeoisie qui vise à l’atomisation du prolétariat. Quelle que soit la forme qu’il prenne, tout État est impérialiste. Tout différend ou toute alliance entre les États n’est simplement que la conséquence du développement des économies nationales, à savoir des intérêts bourgeois individuels et jamais des intérêts du prolétariat.
    Les crises au Venezuela ont toujours été associées, tant par Chavez que Maduro, aux tentatives de coups d’État ou de complots yankees, et codifiées comme étant la lutte contre la droite ou l’« impérialisme ». En cohérence absolue, le discours de Nicolás Maduro réitère qu’il confronte un « Coup d’État » qui serait semblable à ce qui s’est passé en avril 2002 avec Hugo Chávez. La fausse dichotomie entre pays socialiste et puissance impérialiste que nous dénoncions plus haut se met à nu à son tour dans les accords commerciaux entre ces pays. La recherche de profit, ainsi que dans d’autres contextes, la nécessité de réprimer le prolétariat dans des moments de grands bouleversements sociaux, oblige à chercher de nouvelles subtilités discursives pour justifier alliances et mesures. Ceci est démontré par les mesures prises par Chavez par rapport à la production de pétrole sur son territoire.

    Après la grève du secteur pétrolier en 2002, le gouvernement dirigé par Chavez a proposé de récupérer les compagnies pétrolières du pays. À partir de 2005, une série d’actions ont été entreprises pour récupérer la ceinture pétrolifère de l’Orénoque, considérée comme le plus grand gisement de pétrole sur la planète. Déjà en 2007, la Loi 5.200 instituant la nationalisation de la ceinture est décrétée. De nombreuses entreprises mixtes pétrolières sont formées, dans lesquelles le gouvernement vénézuélien a obtenu une participation majoritaire grâce à sa compagnie étatique de pétrole et de gaz naturel « Petróleos de Venezuela SA » (PDVSA), reprenant de cette façon le contrôle – ainsi qu’une grande partie des redevances – des entreprises qui appartenaient à des capitaux internationaux.

    En dépit de la propagande médiatique outrancière et farfelue contre l’impérialisme américain, un grand allié dans la formation de ces entreprises mixtes a été la multinationale Chevron, connue pour la catastrophe écologique provoquée en Equateur. Les défenseurs du « Socialisme du XXI° siècle », comme tous les partisans du capitalisme, ont toujours une justification pour ces négociations, quand ce n’est pas « stratégique », c’est simplement « nécessaire ». Au Venezuela, le pétrole est la principale source de revenus. Les destinations de ses barils de brut sont principalement les États-Unis et dans une moindre mesure l’Europe et certains pays d’Amérique latine.

    Les accords économiques des compagnies pétrolières sont déguisés avec des discours visant à la « souveraineté pétrolière » et à la promotion des Missions Sociales. Ils apparaissent comme une initiative du gouvernement national bolivarien et constituent un ensemble de mesures pour faire face aux secteurs populaires du pays. Leur apparition a lieu dans un climat de conflit social et économique, dont les moments les plus cruciaux ont été la tentative de coup d’État en avril 2002, la grève du secteur pétrolier de décembre de la même année et le Référendum Révocatoire d’août 2004. À ce jour, les entreprises mixtes sont reconnues et glorifiées par un « renforcement de la sécurité sociale du pays » quand on augmente le budget alloué aux Missions.

    Si le Venezuela est parvenu pendant si longtemps à limiter la détérioration, c’est parce que sa force de choc pétrolière lui confère un avantage commercial et monétaire important. Mais ce n’est pas suffisant pour garantir la stabilité de la monnaie et la fuite des capitaux ; de plus, la redistribution de la rente pétrolière a produit un risque inflationniste, confirmé aujourd’hui. Au cours des quatre dernières semaines, le gouvernement de Maduro a annoncé presque tous les jours, de nouvelles mesures, avec la promesse de remédier à l’inflation et aux pénuries. Mais au-delà des débats houleux entre le gouvernement et l’opposition, le mécontentement se vit dans la rue.
    Lorsque la carotte est pourrie…

    Maintenant que tout a explosé, que l’inflation au Venezuela est la plus élevée d’Amérique latine, que cette grande masse d’hommes et de femmes précipités dans la misère et soumis aux pénuries et à la faim sont descendus dans les rues, on ne peut plus améliorer la situation avec des mesures populaires. Maduro a récemment opté pour des décisions similaires afin de faire face à ce qu’il appelle la « guerre économique » ou le « sabotage économique de fractions apatrides ». Ces mesures, allant de la Loi Habilitante des coûts et des prix équitables, en passant par un nouveau système de subventions pour l’achat de produits de première nécessité, jusqu’à la mise en œuvre d’un nouveau système de taux de change et la restructuration de la gestion des réserves en devises étrangères dans le pays, visent à l’interventionnisme et à la nationalisation pour renforcer l’économie nationale. Les aberrantes campagnes de la propagande officielle ne seront pas plus utiles, ni les mobilisations pro-Maduro ou les périodes de Noël et de carnaval anticipées. Il est temps maintenant de regarder de plus près ce qui se passe avec le prolétariat frappé de plein fouet qui habite la région du Venezuela.

    Le 4 février, ont éclaté des manifestations étudiantes qui trouvent leur origine dans l’agression sexuelle d’une étudiante à l’Université Nationale Expérimentale de Táchira. Quelques jours plus tard, le 12 février, une manifestation d’étudiants à Caracas a déclenché une série d’émeutes dans le pays. Ce qui a commencé comme une protestation étudiante contre la situation d’insécurité s’est achevé par la répression étatique et un bilan de 14 étudiants arrêtés. Les manifestations qui ont suivi pour la libération de ces étudiants ont déchaîné la tension qui venait à s’accumuler dans le contexte de la crise économique, de la pénurie de biens de première nécessité et des services de base, ainsi que le début de la mise en œuvre d’un ensemble de mesures économiques du gouvernement. Les manifestations se propagèrent à d’autres villes, en particulier Mérida, Táchira et Trujillo, et elles furent également réprimées par la Garde Nationale Bolivarienne (GNB) et le Service Bolivarien du Renseignement (SEBIN), en plus des célèbres groupes paramilitaires indirectement financés et directement initiés par cet État.

    Dans ce contexte, une partie de l’opposition, comme les partis dirigés par María Corina Machado et Leopoldo López, a voulu tirer profit de la situation et a appelé à la mobilisation, exigeant entre autre la démission de Maduro, dans une tentative de canaliser les protestations, de les légaliser, de les politiser. À leur tour, les autres partis d’opposition qui forment la Mesa de la Unidad Democrática [Table de l’Unité Démocratique, note du traducteur], une sorte d’amalgame social-démocrate, progressiste chrétien, réformiste, libéral (et nous pourrions continuer…) qui constitue la principale opposition au Venezuela, se sont opposés ouvertement aux manifestations et ont appelé à abandonner les mobilisations pendant trois jours. Cela a été ignoré par les gens qui continuèrent à descendre dans les rues, dépassant ainsi le parti pris des uns et la passivité des autres, en généralisant la protestation pour une grande partie du Venezuela.

    Les manifestations se sont étendues à de nombreuses régions du pays et ont été appelées principalement grâce aux « réseaux sociaux ». À son tour, dans chaque zone les opinions et les motifs qui ont incité les manifestations varient. Dans le cas de Caracas, elles ont été spécialement le fait de secteurs de la classe moyenne et d’universitaires, et les demandes traitèrent de questions politiques, telles que la démission de Maduro et la modification du modèle économique et social. À l’intérieur du pays, des secteurs populaires ont rejoint la protestation, y incorporant des revendications sociales telles que la critique de l’inflation, des pénuries et du manque de services de base.
    Après quelques jours de calme relatif, le samedi 22 mars, les manifestations et les affrontements entre partisans du gouvernement et forces de l’opposition ont repris. Cette journée de marches et de contremarches a donné lieu à nouveau à des émeutes dont le bilan s’élève à de nombreux détenus et trois morts.

    Les raisons de la protestation vont des exigences en matière de santé, le logement, et l’approvisionnement de produits de première nécessité, jusqu’à des revendications quant à l’insécurité. Cependant, ces journées de protestation, quelles que soient leurs raisons verbalisées, leurs mots d’ordre dans de nombreux cas limités, ont été une critique pratique et ont mis en avant la destruction des symboles et des institutions de l’État et du Capital. Il y a eu des assauts contre les sièges de partis politiques, tant de l’opposition que du gouvernement ; des attaques contre les bureaux des institutions de l’État et des patrouilles du Corps des Enquêtes Scientifiques, Judiciaires et Criminelles (le principal organe étatique d’enquêtes judiciaires). De plus, il y a eu l’attaque de l’Hôtel Venetur (une propriété de l’État) et le siège prolongé de la chaîne de télévision publique Compañia Anónima Venezolana de Televisión (VTV). À Táchira, il y a eu des attaques contre le siège de la Fondation de la Famille, dans la municipalité de Chacao contre la Banque Provinciale et la Banque du Venezuela, et à Barquisimeto, au siège de la Société Anonyme Nationale des Téléphones du Venezuela (CANTV).

    Aucune de ces attaques n’est une garantie face à l’éventuelle codification des manifestations en une demande de réformes partielles, mais les mobilisations, les « guarimbas » (les barricades urbaines) et les attaques menées par le prolétariat de la région vénézuélienne dénoncent avec des bâtons et de la fureur, encore une fois, l’inhumanité du Capital, son aspect démocratique et ses partis, ses médias, son bras répressif et ses forces de frappe. Ceci et d’autres révoltes dont nous sommes témoins, qui se passent dans des endroits différents et apparemment pour des raisons différentes, bien qu’elles soient souvent éphémères, posent l’identification des intérêts et de la lutte contre l’exploitation, comme la réponse la plus humaine contre la civilisation, comme critique pratique contre l’ordre et ses représentants, comme le montre la tentative d’imposer les besoins humains contre ceux du marché et des rapports sociaux capitalistes.

    Et comme toujours, quand la carotte se met à pourrir… il n’y a plus qu’à distribuer des coups de bâtons. La branche armée de l’État défend avec la prison et la torture son incontestable propriété privée. La répression par la GNB, le SEBIN et de groupes paramilitaires réussit à disperser quelques protestations alors qu’elle en déclenche d’autres. La répression sans ménagement, la détention et la torture, la militarisation de la ville de Táchira, les perquisitions illégales, entre autres, ont été la réponse préférée de l’État vénézuélien à cette série d’attaques et d’émeutes, avec un bilan jusqu’à présent de 36 morts, environ 400 blessés et 1 600 arrestations.

    Maintenant que le baratin du pouvoir populaire montre son vrai visage, il est temps de mettre l’accent sur la spontanéité de ces émeutes, et qu’au-delà des mots d’ordre qui les verbalisent, ce sont des ruptures de la vie quotidienne, peut-être l’expression partielle et incomplète, d’une classe épuisée de vivre et de mourir écrasée, étrangère à son humanité. Les différentes façons où ces conditions sont réunies dans différents États ne sont que les différents visages de notre condition de prolétaires.
    Comprendre cela, c’est comprendre que nous faisons partie du même être, dans la mesure où nous partageons les mêmes conditions misérables d’existence et nous portons la capacité de mettre fin à cette situation.

    « Si le socialisme du XXI° siècle ne veut que consolider la démocratie, le marché et le nationalisme, nous devrions nous demander pourquoi penser qu’il s’agit d’une révolution ? Si on est juste en train d’affirmer ces valeurs nauséabondes dans lesquels nous évoluons tous les jours. Tant Correa et sa révolution citoyenne que Chavez et la révolution bolivarienne ne font que nous montrer que le capitalisme change son image bienveillante et populaire, mais qu’il n’abandonne pas son essence de mort. »

    La Oveja Negra N° 15
    [Le Mouton Noir]
     
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    Venezuela
    CRISE, MANIFESTATIONS, LUTTE POLITIQUE INTER-BOURGEOISE ET MENACE DE GUERRE IMPÉRIALISTE
     
    – Le Venezuela est en crise parce que le capitalisme est en crise ; ou plutôt, la crise capitaliste mondiale s’exprime sous une forme dépouillée, brute et scandaleusement visible au Venezuela, non seulement au niveau économique, mais aussi politique, social, idéologique et probablement géopolitique et militaire maintenant et à l’avenir.

    – La situation actuelle au Venezuela est une démonstration de l’échec des gouvernements du « socialisme du XXI° siècle » de gérer efficacement la crise capitaliste. Ce qui se passe, c’est que le Capital et sa crise sont ingouvernables : c’est le Capital qui gouverne la société et donc l’État, et non l’inverse. Croire le contraire est naïf, en revanche faire semblant de le faire, c’est du réformisme.

    – Le gouvernement du Parti Socialiste Unifié du Venezuela (PSUV), comme un bon capitaliste qu’il est, ne peut que « décharger » ou « faire payer les pots cassés » aux prolétaires : pénuries, inflation, sous-emploi, chômage, paupérisation. C’est-à-dire austérité et misère. Ce qui donne comme conséquence logique de nouvelles manifestations de rue contre de telles conditions matérielles d’existence, comme celles de février-avril de cette année (et comme celles de février de l’année dernière, évidemment). Ensuite, ce gouvernement, en fonction de son rôle, ne peut qu’opter pour la répression : les lois répressives « d’exception » adoptées par le Congrès (tel la résolution 008610, ce qui permet à la police de réprimer les manifestations à balles réelles), la mort conséquente de quelques jeunes manifestants par la police, etc. Bien qu’il se justifie en disant qu’il a agi contre « la droite déstabilisatrice et putschiste, qui complote avec l’impérialisme américain » et même qu’il « regrette la mort de ces étudiants », il est évident que le gouvernement de Maduro – comme tous les gouvernements de gauche – n’est pas le moins du monde révolutionnaire. (Encore une fois, il est à noter que Rousseff et Correa font essentiellement la même chose dans leurs pays respectifs.)

    – Bien que lors des manifestations de l’année dernière notre classe ait revendiqué ses besoins matériels par l’action directe contre le Capital et l’État (pillages, barricades, jets de pierres, attaques de sièges de partis, etc.) ; bien que cette année, elle soit une nouvelle fois descendue dans les rues pour protester contre la pénurie et « contre le régime » ; et bien que la misère et la répression subie aujourd’hui puisse la pousser à se débarrasser de tant d’années de « chavisme » et de « missions sociales », le problème est que le prolétariat au Venezuela – comme dans beaucoup d’autres régions – est encore faible ; c’est-à-dire qu’il ne parvient pas encore à se réorganiser et agir avec autonomie et puissance, avec ses propres revendications et organisations, en tant que force sociale réelle, comme classe de négation. Mais il ne faudrait pas pour autant exclure la possibilité d’une explosion de colère prolétarienne incontrôlable tant pour le gouvernement que pour l’opposition, l’émergence d’un prolétariat sauvage au Venezuela précisément en raison des conditions difficiles dans lesquelles survit actuellement notre classe. En fin de compte, nos besoins humains en tant que prolétaires, insatisfaits ou niés par la propriété privée et l’argent, se trouvent partout en opposition matérielle et totale avec les besoins de l’accumulation et la gestion du Capital ; de sorte que l’antagonisme structurel et latent entre la classe capitaliste et le prolétariat peut exploser tôt ou tard ; en particulier dans les situations de crise, puisque celle-ci peut à son tour réchauffer ce « terrain fertile » de la lutte prolétarienne contre le Capital et son État.

    – Depuis les étudiants ayant de faibles revenus, en passant par les chômeurs et les sous-employés « informels » dans les rues, qui au Venezuela (et en Amérique latine en général) prolifèrent dans la misère, et qui de plus sont ceux qui résident dans les banlieues et les campements périphériques. Ainsi que les prolétaires « indigènes » et « paysans » d’autres provinces, qui se sont déjà affrontés à plusieurs reprises aux entreprises pétrolières, minières, charbonnières, ces dernières étant soutenues par les forces de l’ordre du socialisme du XXI° siècle ; sans oublier les différents secteurs de la classe ouvrière qui ont protesté pour des questions revendicatives : les licenciements, les salaires, les services, etc. Ils constituent tous le prolétariat en lutte, et leur présence dans les rues, suscitant ainsi des tentatives de révolte, le prouve. Il est donc tout à fait stupide de considérer les protestations comme s’il s’agissait d’un mélange homogène qui obéit exclusivement aux objectifs de la Table de l’Unité Démocratique. « Opposition fasciste » ou « agents impérialistes » sont quelques-uns des surnoms ridicules que nous voyons tous les jours dans tous les médias de la gauche rance pour désigner ceux qui luttent contre leurs misérables conditions d’existence… Il est nécessaire une fois pour toute de rompre avec toutes ces fausses interprétations réductionnistes qui ne font que défendre à tout prix le réformisme progressiste orné de drapeaux anticolonialistes.

    – Nous avons dit qu’une révolte prolétarienne au Venezuela est une possibilité et non quelque chose d’« inévitable », car penser cette dernière serait mécaniciste et conserver de fausses attentes. En outre, parce que ce serait stupide et irresponsable de ne pas remarquer que tant le gouvernement que la droite vénézuéliens peuvent, comme toujours, pêcher en eaux troubles ou encadrer la mobilisation pour démobiliser tout le mouvement. En effet, le gouvernement de Maduro, de fait, profite déjà de la menace des USA contre le Venezuela pour protéger davantage son appareil d’État et pour masquer ou faire passer à l’arrière-plan la crise et la lutte des classes internes, appelant au « patriotisme », à la « souveraineté », à la « solidarité anti-impérialiste » et au passage exhorter au sacrifice pour « l’économie nationale ». Et la droite vénézuélienne (représentée par la dénommée Table de l’Unité Démocratique – MUD), car elle est évidemment soutenue par l’impérialisme nord-américain et parce que, en cas d’invasion, elle remplacerait le pouvoir politique. L’histoire politique régionale et mondiale montre qu’il en est ainsi et qu’il n’y a aucun doute à ce sujet. Face à cela, nous précisons que la rupture et l’autonomie prolétariennes que nous jugeons nécessaires d’apparaître au Venezuela, seront non seulement en dehors et contre le gouvernement de gauche de Maduro ou la bourgeoisie « bolivarienne », mais aussi en dehors et contre l’opposition de droite vénézuélienne, cette bourgeoisie « oligarchique », rance et ultraréactionnaire.

    Non seulement en dehors et contre telle ou telle fraction du Capital-État, mais en dehors et contre tout le Capital-État lui-même. Tout cela signifie et implique, dans ce cas concret, de ne pas participer à la lutte politique inter-bourgeoise gouvernement contre opposition, de ne pas jouer leur jeu, mais au contraire : de les déborder, rompre avec eux, assumer la lutte des classes pour défendre, généraliser et imposer nos besoins humains sur ceux du Capital, nos propres revendications de classe au moyen de nos propres structures de lutte. Ce qui, à son tour, pourrait conduire à une révolte, puis d’assumer la nécessité de lutter pour la révolution sociale ou totale ; pas pour une révolution politique, partielle, bourgeoise (où la droite reprend le pouvoir politique ou encore la gauche le conserve), et encore moins pour que cela débouche sur la guerre impérialiste qui transforme le prolétariat en chair à canon (dans le cas où les USA envahiraient le Venezuela). L’existence ou l’émergence de minorités révolutionnaires militantes et actives au Venezuela – dont nous n’avons pas encore de signe réel et convaincant –, devrait être l’une des principales tâches du moment. Ou peut-être que le prolétariat au Venezuela – y compris ses minorités radicales – ne réagira et ne luttera contre ses ennemis mortels de classe que lorsque la guerre sera en train de tuer des milliers de prolétaires dans les rues et aux frontières, non plus seulement de faim, mais aussi avec des balles de la part des deux États ? La vraie lutte de classe aura le dernier mot.

    – Tous les gouvernements socialistes, nationalistes et anti-impérialistes qui ont existé ont été, sont et seront capitalistes, la « révolution bolivarienne » laisse intacte l’État national, la propriété privée et le commerce extérieur et intérieur, éléments fondamentaux du système capitaliste ; les gouvernements de gauche et progressistes sont différents dans la forme mais pas dans le contenu de leurs rivaux de droite et impérialistes. Leurs luttes, y compris leurs guerres, sont inhérentes, inévitables et nécessaires pour que ce système fonctionne et survive : le capitalisme ne peut exister ou être tel sans concurrence et sans guerre. (En outre, il n’y a pas eu de guerre de défense de la souveraineté nationale et/ou de libération nationale qui n’ait été partie de fait d’une guerre inter-impérialiste.) Mais ces luttes inter-capitalistes continueront simplement d’occuper un rôle de premier plan jusqu’à ce que le prolétariat réapparaisse sur la scène avec force et autonomie pour contester l’ordre existant. Ensuite, les deux fractions bourgeoises qui sont aujourd’hui des adversaires s’uniront ouvertement et sans apparences en un seul parti – le parti de l’ordre, de la réaction et de la démocratie – contre notre classe, car avant tout ils préfèreront s’allier que voir chanceler le système qui leur assure la puissance et la domination.

    – Ce tableau émergent serait encore plus catastrophique si la Chine et la Russie se décidaient à soutenir le Venezuela même militairement, non par « affinité idéologique » ou par « anti-impérialisme », mais parce que ces deux puissances émergentes de l’Est doivent se soucier de leurs puissants intérêts économiques et géostratégiques aussi bien dans ce pays qu’en Amérique du Sud en général. De leur côté, comme ces derniers temps les USA ont perdu du terrain et du pouvoir dans d’autres régions, aujourd’hui ils retournent dans leur « arrière-cour » de toujours pour l’utiliser comme un « joker » de leur politique de suprématie « unipolaire » en déclin. Ainsi, le conflit ne porte pas seulement sur le pétrole et le contrôle territorial, mais aussi sur une partie de l’hégémonie mondiale même. La Libye, l’Irak et/ou l’Ukraine au Venezuela ? Peut-être. Quoi qu’il en soit, les tambours de la guerre impérialiste résonnent en Amérique du Sud, ou plus exactement ceux de l’invasion militaire américaine du territoire de l’État vénézuélien.

    – La « violation des droits de l’homme » par ce gouvernement de gauche (comme si aucun État n’exerçait son terrorisme répressif ! Hypocrites !) n’est rien de plus qu’un prétexte vraisemblable pour brandir un discours de « manque de liberté au Venezuela ». Les USA ont déjà utilisé des excuses semblables à cet effet, il y a quelques années à propos de la Libye et de l’Irak [et actuellement en Syrie] – ainsi qu’à la veille de quelques guerres durant le 20° siècle. Non, ce n’est pas un « manque de démocratie », mais c’est partout la même démocratie qui nous réprime, emprisonne, torture, assassine ; parce que la démocratie, en réalité, c’est la dictature « légale et légitime » du Capital sur le prolétariat. Rappelons-nous aussi qu’avec ce prétexte, les USA ont déjà mené plusieurs guerres dans diverses régions périphériques ou « non-occidentales » de la planète. Alors, vous voulez le faire pour le pétrole ? Bien sûr que si, compte tenu des grandes réserves d’« or noir » que possède le Venezuela, ainsi que les principaux accords pétroliers entre la « bolibourgeoisie » et Chevron, dans le sens de monopoliser le marché international du pétrole dans cette région (comme disait Marx, la concurrence et le monopole ne sont pas des pôles antagoniques mais complémentaires, les deux faces d’une même pièce de monnaie ; et comme les bourgeois et leurs économistes ont l’habitude de dire : « en affaires, il n’y a pas d’amis »). Plus en profondeur encore, étant donné que le pétrole c’est de l’énergie et que l’énergie est l’élément vital de l’économie, à savoir qu’il est une activité lucrative en soi ainsi qu’une soupape d’échappement pour l’actuelle crise capitaliste mondiale. Ce qui, cependant, sera « plus cher » et catastrophique à l’avenir en raison de l’actuelle « crise pétrolière » et de tous les désastres et conflits que cela implique. Cependant, le pétrole n’est pas encore la principale cause de ce drame ou des tensions internationales dans la région.

    – La bourgeoisie américaine et le Pentagone ne sont pas stupides, ni ne restent les bras croisés. Tout le contraire. Si ni un gouvernement de gauche ni l’opposition de droite n’ont été en mesure de gérer la crise capitaliste dans une partie importante de leur « arrière-cour », le « risque » existe aussi que dans ce pays le prolétariat (ce « fantôme » que craint tellement toute bourgeoisie) ré-émerge de manière explosive et hors de contrôle, comme une véritable force, autonome et indomptée. Alors, s’agit-il d’une « émeute de la faim » potentielle et contre l’État au Venezuela ? Face à cette menace, les USA ne peuvent pas échouer à remplir leur rôle de gendarme ou de police mondiale : voilà une des nécessités d’intervention armée au Venezuela. Et peut-être ne faut-il pas attendre qu’une telle révolte potentielle ne se produire, mais plutôt anticiper les mouvements visant à « la prévenir ». En conclusion, comme toujours la guerre impérialiste consiste à écraser toute tentative révolutionnaire et à repolariser le pouvoir de la bourgeoisie. La guerre, c’est toujours la guerre contre le prolétariat. Dans ce cas précis, il s’agit de « neutraliser » la contradiction fondamentale et réelle, de fond : l’antagonisme de classe et toute tentative de révolution radicale.

    – En outre, ce n’est pas seulement à cause de la menace d’un prolétariat sauvage dans ce pays que les USA mèneraient la guerre impérialiste au Venezuela, mais parce qu’ils ont déjà un problème potentiel « chez eux » : le mouvement des manifestations et des émeutes déclenché dans les villes de Ferguson, Baltimore, Oakland et Charlotte ces quatre dernières années. Autrement dit, les USA feraient également la guerre afin de se renforcer et de gagner la guerre contre le prolétariat qu’ils mènent sur leur propre territoire : par exemple, l’enrôlement dans l’armée de jeunes prolétaires (des noirs, des latinos et des blancs) pour qu’ils aillent tuer et mourir dans d’autres pays, et ainsi éviter qu’ils trainent dans les rues comme des « paresseux » et des « vandales ». Ce qui pourrait paradoxalement se transformer en un boomerang, et il y a déjà quelques indices ou signes de cela. Ceci est un autre fait qui justifie l’importance aujourd’hui de la relation internationale entre le Venezuela et les USA ainsi que la situation intérieure dans les deux pays, dans le sens de manifester la dialectique historique concrète entre la guerre de classe et la guerre impérialiste.

    – Par ce fait même, le seul qui puisse arrêter et inverser la guerre impérialiste dirigée par les USA dans pratiquement le monde entier, c’est le prolétariat non seulement des pays en guerre (de manière réelle ou potentielle) mais aussi le prolétariat de tous les pays et de toutes les régions, de toutes les « couleurs » ou « races », agissant comme une seule force mondiale et historique contre un seul ennemi : le Capital-État mondial.
    La seule façon d’en finir vraiment et radicalement avec la guerre et le capitalisme, c’est la révolution prolétarienne mondiale. Mais pour cela, il est d’abord nécessaire que notre classe s’assume en tant que telle, en tant que prolétariat, en tant que classe antagonique au Capital ; une classe qui dépasse les séparations (nationales, raciales, sexuelles, idéologiques, etc.) qui lui sont imposées ; qui se réapproprie son programme historique et qui lutte pour l’imposer ; qui se bat pour ses propres revendications avec ses propres formes d’association et méthodes de lutte de classe ; qui assume qu’elle n’a pas de patrie et qui pratique l’internationalisme prolétarien, en luttant contre « ses propres » bourgeoisies et États nationaux, et contre tout nationalisme et régionalisme (qui sont des entraves idéologiques et identitaires si profondément enracinées en Amérique latine) ; qui à la guerre impérialiste, lui oppose le défaitisme révolutionnaire et la transforme en guerre de classe révolutionnaire et mondiale. Il nous faut un sujet révolutionnaire. Mais cela ne se reconstitue qu’à la chaleur de la lutte des classes même et, comme le montre l’histoire, après de nombreuses défaites. Combien de défaites supplémentaires seront nécessaires, frères prolétariens dans le monde entier ?

    – Il se peut que nous soyons en avance sur les faits, mais si une telle chose ne finit pas par se concrétiser, ou si les USA n’envahisse pas le Venezuela, nous l’exclamerons pareillement et continuerons de l’exclamer parce qu’aujourd’hui (comme toujours), peu importe où on regarde, nous sommes en guerre. Le Capital et son État ont toujours été, sont et seront en guerre permanente contre notre classe pour nous maintenir exploités et dominés, divisés et faibles, annihilés et détruits en tant que classe. Ensuite, pour défendre et récupérer nos vies, il est temps que les prolétaires assument la guerre de classe et passent à l’offensive contre leurs ennemis. Partout et jusqu’à la fin…

    Prolétaires qui vivez au Venezuela et partout ailleurs :
    Ni gouvernement, ni opposition, ni invasion !
    Aucun sacrifice pour aucune nation !

    Contre la guerre inter-capitaliste et impérialiste : lutte de classe autonome, anticapitaliste, antiétatique et internationaliste !
    La Révolution Prolétarienne Mondiale ou la Mort !

    Proletarios Revolucionarios*
    [Prolétaires Révolutionnaires]
     
     
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    POUVOIR POPULAIRE ET SOCIALISME AU XXI SIÈCLE
    LES HABITS MODERNES DE LA SOCIAL-DÉMOCRATIE

     
     
    Le fameux socialisme du 21ème siècle n’est rien de plus que le front populisme du 20ème siècle. La vieille soupe social-démocrate est resservie à la table du prolétariat pour lui donner du courage pour aller combattre la droite, le néolibéralisme, l’impérialisme, les fascistes, les yanquis ou quiconque serait désigné politiquement comme le nouvel ennemi au prochain forum social, contre-forum ou rencontre culturelle. Et ainsi tenter d’empêcher un affrontement total avec notre ennemi de classe : la bourgeoisie mondiale, ici ou ailleurs, de gauche ou de droite, qui, toujours, représente le Capital.

    C’est comme ça qu’aujourd’hui, particulièrement en Amérique Latine, les gouvernements progressistes idéalisent stratégiquement certains secteurs de la bourgeoisie, faisant l’éloge des uns et crachant sur les autres. Une stratégie identique qui, toutes proportions gardées, a fonctionné dans les années trente du siècle passé, liquidant les secteurs les plus combatifs du prolétariat international, particulièrement dans la région ibérique où se sont rejoints des révolutionnaires de partout dans le monde et qui fut couronné par le massacre prolétarien au cours de la dite seconde guerre mondiale. La création de pseudo antagonismes tels que fascisme/antifascisme travaille pour la bourgeoisie mondiale. Éluder l’antagonisme de classe en appelant à lutter contre tel ou tel secteur de la classe dominante n’est en effet pas une nouveauté.

    Ceux-là même qui nous appellent à appuyer les forces progressistes de la bourgeoisie nationale, des anti-impérialistes, des bourgeois industriels contre « le retard dans la campagne », sont les mêmes qui, en d’autres occasions, nous appellent à combattre contre ces mêmes forces. Ils l’appelleront stratégie, ils l’appelleront politique… C’est le progrès du Capital et ils en sont les agents. Le maintien de l’ordre capitaliste, avec sa paix et sa guerre, est basé sur cette désorientation, sur la canalisation du prolétariat dans des projets bourgeois déguisés en révolutionnaires. L’appel à construire un pouvoir populaire en est l’un d’eux. Si tous les partisans du pouvoir populaire ne le sont pas du socialisme du 21ème siècle allant parfois jusqu’à avoir de grands différents entre eux, ces deux concepts partagent la même souche idéologique. Nous ne prétendons pas nous immiscer dans les luttes terminologiques et politicardes mais bien marquer leurs principales caractéristiques.

    Les appels à construire un pouvoir populaire, venant de prétendus communistes ou anarchistes et jusqu’aux chavistes (partisan de Chavez), se caractérisent dans les grandes lignes par une insistance sur un populisme aclassiste et un flou –propre au besoin de capter la plus grande quantité de secteurs possibles- qui fait appel à des ruses terminologiques que ce soit pour définir le terme « populaire » comme pour définir le « pouvoir » décliné dans le « pouvoir faire », le contre-pouvoir, le double-pouvoir, la prise du pouvoir institutionnel, la non-prise du pouvoir institutionnel, la lutte en dehors des institutions, l’appui critique à tel gouvernement, etc.

    Pouvoir populaire peut signifier revendiquer soit le pouvoir politique pour le peuple soit l’augmentation du nombre d’organisations populaires qui se destinent à la lutte pour des réformes jusqu’à détenir la force suffisante pour faire le pas électoral, ou encore peut signifier le pouvoir de créer des écoles populaires, des coopératives, des entreprises autogérées de santé, de communication, d’alimentation, etc., qui, dans la majorité des cas sont impulsées par l’Etat ou qui n’arrivent pas à se maintenir en marge de celui-ci. Et dans les cas les plus « radicaux », d’apparente indépendance totale avec l’Etat, loin de perturber l’ordre capitaliste, ils ne font rien de plus que le gérer et en ce sens, ils font également partie de l’Etat. Au Venezuela on a même rajouté au nom de chaque ministère le suffixe de « Pouvoir Populaire » et quand Chavez est mort, ce sont des bourgeois jusqu’aux libertaires d’appui critique qui l’ont pleuré. Mais le chavisme et son opposition bourgeoise ne sont rien de plus que deux formes de gestion capitaliste, deux alternatives pour maintenir la marche du Capital.

    Il ne nous intéresse pas de délimiter leurs propositions mais d’affirmer que leurs projets, en profitant de nos faiblesses actuelles en tant que classe, nient la révolution sociale, entendue comme rupture totale, pour la convertir en un processus d’absorption ou de réformes politiques où les institutions et leurs fonctions commenceront à être « du peuple », de nier le caractère prolétarien de la révolution, de nier que c’est la bourgeoisie qui a le pouvoir.

    L’enjeu pour nous, c’est de détruire son pouvoir, de le nier, de lui imposer la révolution totale, de comprendre que la nécessité de la révolution ne provient pas d’une idée abstraite mais de la généralisation de tous nos besoins et désirs humains, et non dans l’unité amorphe et étapiste des revendications converties en réformes séparées et classifiées en politiques, économiques, culturelles, écologiques, de genre, immédiates ou historiques.

    Ces tendances sont tellement réformistes que dans la plupart des cas ils ne parlent même plus de révolution mais de changement social, de processus de changement. De ce réformisme qui sépare tout, surgit à son tour l’invention de « nouveaux sujets de changement » assignés à tel ou tel « secteur populaire », classifications sociologiques attribuées par des académiciens et des politiciens qui les utilisent toujours pour diviser, isoler et forcer le prolétariat à se soumettre à la bourgeoisie et maintenir ainsi l’exploitation. Ils nous parlent d’indigènes, d’étudiants, de femmes, de paysans, de travailleurs au chômage, de précaires, de professionnels, de classe moyenne, d’intellectuels, du peuple… enfin de citoyens et s’ils cherchent justement là un sujet de changement c’est parce qu’ils ne veulent rien changer du tout et veulent encore moins d’une révolution prolétarienne. Au contraire, ils cherchent la destruction du prolétariat et de son programme, en maintenant intouchables l’Etat, la démocratie et ses droits, le travail salarié et la propriété privée.

    Les rares qui se risquent à parler de classe travailleuse, ouvrière ou exploitée le font de manière apologétique pour continuer à défendre le travail salarié et conçoivent la classe comme l’addition de tous ces sujets ou secteurs populaires qui devraient s’unir derrière l’un ou l’autre projet politique qui donnera des réponses à chaque secteur en particulier. Encore une fois, il ne s’agit de rien de plus que la notion social-démocrate de révolution comme simple cumul de réformes !

    Là où le caractère bourgeois de ces projets se fait plus évident, c’est quand ils cherchent à canaliser le prolétariat dans le latino américanisme, qui n’est rien de plus qu’une addition de nationalismes, rien de plus que la défense des intérêts d’un groupe déterminé de bourgeois au travers d’un groupe d’Etats. Tout Etat est impérialiste et ce aussi faible soit son économie nationale ou aussi arriérée soit son industrie. Dans les guerres du Capital, comme dans les marchés, seuls sont en jeu des intérêts bourgeois impérialistes et jamais les intérêts du prolétariat. La séparation idéologique entre premier monde, tiers-monde ou « pays développés » et « en développement » oppose les prolétaires entre eux tout en brouillant et empêchant les tâches révolutionnaires. Selon la conception étapiste de la révolution, en Amérique Latine, il faut réaliser les tâches démocratico-bourgeoises en développant l’industrie nationale, en fortifiant la démocratie. Une fois de plus la farce de la libération nationale mais cette fois davantage au travers des urnes que des armes.

    Les critiques de ces tendances sont aussi vielles que l’affrontement entre la révolution et la contre-révolution. Malgré qu’il se présente comme une nouveauté du 21ème siècle, ce n’est rien d’autre que le vieux réformisme avec un nouveau visage défendu au nom de la « révolution » tout en niant sa nécessité. Mais la réforme est toujours et dans tous les cas, l’arme des ennemis, des exploiteurs et des oppresseurs contre les besoins humains. La révolution, l’imposition et la généralisation de ces besoins, ne peut se réaliser en réformant cette société basée sur l’exploitation, le sacrifice, la négation brutale de la vie au profit de la valorisation du Capital, mais bien uniquement et exclusivement par sa destruction violente.

    Les réformes et constructions que proposent le pouvoir populaire ne sont ni incomplètes ni ne s’arrêtent à mi-parcours, elles vont dans une toute autre direction ! Elles font partie de la politique de la bourgeoisie pour canaliser et nier la force révolutionnaire du prolétariat et la transformer en force productive du capital.
    Toute défense de l’économie nationale, qu’elle se peigne ou non en socialiste, est la défense de notre exploitation.

    Contre les alternatives de gestion bourgeoise, opposons l’organisation et la centralisation des luttes prolétariennes.
    Face à la catastrophe capitaliste, il n’y a qu’un seul chemin pour la vie : la destruction révolutionnaire du travail salarié et de la marchandise.

    Proletarios Internacionalistas
    [Prolétaires Internationalistes]

  • Le bras droit de Macron a pris part à l’élection du président vénézuélien
    https://www.mediapart.fr/journal/france/140417/le-bras-droit-de-macron-pris-part-l-election-du-president-venezuelien

    Nicolas Maduro tenant à la main un billet de 100 bolivars, retiré de la circulation. © Reuters #Emmanuel_Macron critique l’attirance de Jean-Luc Mélenchon pour le #Venezuela. Mais en 2013, quand il travaillait chez Havas, #Ismaël_Emelien, son plus proche conseiller, a fait partie de l’équipe qui pilotait la communication de la campagne présidentielle de #Nicolas_Maduro, l’actuel président et successeur d’Hugo Chavez.

    #France #Hugo_Chavez

    • Bah... Ignacio Ramonet, qui n’était pas politicien ou conseiller mais juste patron de presse faisait bien les premières parties des shows de Chavez, poing levé, sans que ça dérange personne.

      Je vois pas où est le problème :)

  • L’ANTICAPITALISME EST-IL TOUJOURS DE GAUCHE ?
     
    Anselm Jappe
     
    Dans les années 1990 on a proclamé le triomphe désormais mondial et définitif de l’économie de marché – au point que certains de ses apologistes ne croyaient même plus nécessaire d’utiliser des euphémismes, reprenant par défi le mot « capitalisme », depuis longtemps honni, pour en faire l’éloge. Mais au bout d’une dizaine d’années, avec l’éclatement des bulles spéculatives et le début du mouvement altermondialiste, le vent s’est mis à tourner.
    Depuis la crise de 2008, la critique du « capitalisme » s’est emparée à nouveau des esprits et, parfois, des rues. Les « indignés » et « Occupy Wall Street » ont fait des émules dans le monde entier. Dans de nombreux pays, surtout aux Etats-Unis et en Espagne, ils ont constitué les mouvements sociaux les plus importants depuis des décennies. Dans la gauche radicale, certains y voient déjà, en y additionnant les révoltes du « printemps arabe », les signes avant-coureurs de la prochaine révolution mondiale. Mais au-delà des protestations organisées, c’est jusque dans les médias officiels et les discours de café du commerce qu’on ne cesse de se poser la question : faut-il « limiter » le capitalisme ? Celui-ci traverse donc, c’est le moins que l’on puisse dire, une « crise de légitimité ».

    Le nouvel esprit anticapitaliste

    Mais que reproche-t-on au capitalisme ? Comme chacun sait, ce nouvel « esprit anticapitaliste » a principalement deux cibles : la financiarisation de l’économie et la rapacité d’une « élite » économique et politique totalement déconnecté de l’immense majorité de la population. Sur un plan plus général, on pointe aussi les inégalités toujours croissantes des revenus et la détérioration des conditions de travail – mais en les attribuant, tout comme les autres maux sociaux, à la finance et à la corruption.
    On peut facilement objecter qu’il ne s’agit pas là d’une critique du capitalisme, mais seulement de sa forme la plus extrême : le néolibéralisme. En effet, l’anticapitalisme actuel (au sens le plus large) demande d’abord le renforcement des pouvoirs publics, l’adoption de politiques économiques keynésiennes (programme de relance au lieu de sauvetages des banques) et la sauvegarde de l’Etat-providence. Des marxistes traditionnels appelleraient cela une critique de la « sphère de la circulation ». Ils font remarquer que la finance et le commerce, de même que les interventions de l’Etat, ne produisent pas de la valeur, mais se limitent à distribuer et à faire circuler celle-ci.

    Au-delà de la critique de la propriété privée des moyens de production : la critique catégorielle 

    Il faut s’attaquer, disent-ils, à la sphère de la production, où le profit nait de l’exploitation des travailleurs, laquelle est rendue possible par la propriété privée des moyens de production. Or, les indignés ou les « occupants » tiennent rarement compte de celle-ci. Mais même s’ils le faisaient, ce serait encore insuffisant : Marx a démontré – même si les marxistes l’ont vite oublié – que la propriété privée des moyens de production est elle-même la conséquence du fait que dans le capitalisme – et seulement dans le capitalisme – l’activité sociale prend la forme de la marchandise et de la valeur, de l’argent et du travail abstrait. Un véritable dépassement du capitalisme ne peut se concevoir sans se libérer de ces catégories.

    Les mouvements sociaux dont il est question ici n’aiment pas les discussions théoriques. A leurs yeux, celles-ci sapent l’unité et l’harmonie tant recherchées. Ce qui compte, c’est le « tous ensemble ». Dans les assemblées, par souci de démocratie, personne n’a le droit de parler plus de deux minutes. Un mouvement comme « Occupy Wall Street », fort d’avoir l’appui ou la « compréhension » de Barack Obama et du « guide » iranien Khamenei, de la présidente brésilienne Dilma Roussef, de l’ex-Premier ministre britannique Gordon Brown et du président vénézuélien Hugo Chavez, sans parler de certains banquiers comme George Soros, de divers prix Nobel de l’économie et d’hommes politiques du parti républicain, un tel mouvement ne peut pas se perdre dans des arguties dogmatiques. Et les théoriciens de gauche accourent pour leur donner raison : s’attaquer aux bourses et aux banques, disent-ils, constitue déjà un bon début.

    Un anticapitalisme de droite populiste

    Vraiment ? Toute critique du capitalisme est-elle nécessairement de gauche et prononcée au nom de l’émancipation sociale ? N’y a-t-il pas aussi un anticapitalisme populiste et de droite ? On se trompe en identifiant la « droite » exclusivement à la droite libérale (du genre UMP), qui prône le tout-marché et l’individualisme forcené dans le domaine économique. Depuis que la droite et la gauche existent, c’est-à-dire depuis la Révolution française, il y a toujours eu des représentants de la droite pour dénoncer certains aspects de la société capitaliste. Mais cela s’est toujours fait de manière partielle, et surtout dans le but de canaliser la rage des victimes du capitalisme contre certaines personnes et certains groupes sociaux auxquels on attribue la responsabilité de la misère.

    Ainsi, ces hommes de droite mettent les fondements du système à l’abri de toute contestation. Ce fut avec des slogans anticapitalistes qu’Hitler arriva au pouvoir, au milieu de la plus grave crise du capitalisme du XXe siècle. On oublie souvent que l’acronyme NSDAP signifiait « Parti national-socialiste des ouvriers allemands » et que les fascistes aimaient à faire des déclarations tonitruantes contre la « ploutocratie occidentale », la « haute finance » et « Wall Street ».

    Les explications offertes par l’extrême droite attirent une partie des victimes de la crise, car elles paraissent évidentes à ces dernières. Elles se concentrent presque toujours sur le rôle de l’argent. Hier c’était la chasse aux « usuriers », aujourd’hui aux « spéculateurs ». « Briser l’esclavage du taux d’intérêt » : voilà qui pourrait être un slogan du « mouvement des occupations ». En vérité, ce fut un des principaux points programmatiques du Parti nazi à ses débuts.

    Le travail sanctifié

    Marx a démontré que l’argent est le représentant du côté « abstrait » et quantitatif du travail, que l’argent est une marchandise et qu’il est normal dans le capitalisme que l’on paie, comme pour toute marchandise, un prix pour son usage (l’intérêt). Or, dans la rhétorique anticapitaliste de droite (de toute façon toujours hypocrite et jamais mise en pratique lorsque la droite est au pouvoir), le travail et les travailleurs sont sanctifiés (d’ailleurs, la droite compte aussi parmi les travailleurs les « capitalistes créateurs », ceux qui investissent leur capital dans la production réelle « au service de la communauté » et créent des postes de travail). Le capital monétaire, en revanche, serait le domaine des « parasites » égoïstes qui exploitent les honnêtes travailleurs et les honnêtes capitalistes en leur prêtant de l’argent – les nazis l’appelaient le « capital rapace ». Cette identification de tous les maux du capitalisme avec l’argent et les banques a une longue histoire et entraînait presque inévitablement l’antisémitisme. Et même aujourd’hui, la description des spéculateurs fait appel implicitement, et parfois explicitement, à des stéréotypes antisémites. La haine des « politiciens corrompus » ne manque pas de fondement – mais quand on l’absolutise, on prend le symptôme pour la cause et on attribue à la mauvaise volonté subjective de certains acteurs ce qui est dû à des contraintes systémiques qui demeurent totalement ignorées. L’identification unilatérale du capitalisme avec « l’impérialisme américain » va dans le même sens et réunit souvent des activistes de gauche et d’extrême droite.

    Une gauche en difficulté pour se démarquer

    Dans les mouvements sociaux des années 1960 et 1970, cette confusion entre contenus de gauche et de droite aurait été inimaginable. Aujourd’hui, il arrive de ramasser des tracts lors de manifestations où seulement le sigle de l’organisation atteste s’il émane d’un groupe de gauche ou d’extrême droite. En effet, la gauche est en grande difficulté pour se démarquer de la droite pour ce qui touche la critique de la finance. Elle a mal assimilé Marx quand celui-ci démontre que la finance est une simple conséquence de la logique marchande et du travail abstrait.

    En suivant plutôt, souvent sans l’admettre, la critique de l’argent proposée par Proudhon, la gauche a choisi, comme Lénine, le «  capital financier » comme objet facile de ses attaques, au lieu de critiquer le travail même. Si, aujourd’hui, on se contente d’attaquer les banques et les marchés financiers, on risque de ne pas faire un « premier pas » dans la bonne direction, mais d’aboutir à une désignation des « coupables » et de conserver d’autant mieux un ordre socio-économique que peu de gens ont actuellement le courage de mettre vraiment en discussion.

    Le nombre de groupes d’extrême droite se prétendant anticapitaliste est encore petit en France. Mais la Grèce a montré qu’en temps de crise, de tels groupes peuvent accroître l’adhésion à leur programme par vingt, et en un rien de temps. Le risque est grand que leurs arguments commencent à se répandre parmi les manifestants qui ont, certes, les meilleures intentions du monde, mais qui semblent incapables de voir jusqu’où peut mener la confusion entre critique de la finance et critique du capitalisme.
     
    Anselm Jappe
    Paru dans le journal français « La vie est à nous !/ Le Sarkophage », n°35, 16 mars-18 mai 2013 (l’article a été rédigé en 2012)

  • À Damas, la rue « Roi Abdelaziz al Saoud » rebaptisée rue « Hugo Chavez ». La France va-t-elle convoquer une réunion du Conseil de sécurité pour se pencher sur ce nouveau crime ?

    http://gulfnews.com/news/mena/syria/in-syria-new-signage-reflects-changing-reality-1.1940118

    Residents of upscale Damascus in the habit of morning strolls near public parks were not surprised when municipality workers took down a blue signpost near the Al Rawda neighbourhood, with the words, “King Abdul Aziz Al Saud Street, founder of the kingdom of Saudi Arabia.”

    The street got its name in 1953, shortly after Abdul Aziz’s death, on the orders of then-President Adib Al Shishakli, who enjoyed warm relations with Saudi Arabia.

    The street was renamed “Hugo Chavez” in a slight to Saudi Arabia, who has been a staunch backer of Syria’s opposition.