person:isabelle garo

  • BALLAST - Lire Foucault, par Isabelle Garo
    http://www.revue-ballast.fr/lire-foucault

    La question n’est pas, bien évidemment : « Faut-il lire Foucault ? », mais : « Comment le lire aujourd’hui ? » Il semble que Michel Foucault fasse partie, comme nombre de ses contemporains, des philosophes qu’il est impossible de discuter, du moins en France, et qu’il faut ou bien rejeter ou bien suivre, dans les deux cas sans nuances. Cette particularité de la philosophie contemporaine la distingue nettement de ses autres moments historiques : Descartes donna naissance non seulement à des disciples et à des adversaires, mais à des cartésiens, qui furent aussi ses plus vigoureux et féconds critiques. On peut en dire autant de Kant. Ou de Hegel. Ce trait singularisant, qui concerne Michel Foucault, mais aussi Gilles Deleuze, Jean-François Lyotard, et bien d’autres, renvoie à une caractéristique forte de la pensée française des années 1970, par-delà ce qui semble à première vue relever de ses conséquences extérieures et des aléas d’une descendance. Le propre de cette séquence historique et intellectuelle, sans équivalent depuis lors, est d’avoir vu soudain fleurir des écritures et des œuvres toutes aux prises avec leur temps et toutes aux prises avec l’histoire de la philosophie. Cette insertion dans leur présent explique paradoxalement la permanence de ces philosophies dans la vie intellectuelle contemporaine, dès lors qu’elle s’inscrit dans le sillage des hypothèses politiques d’alors. Et pourtant on peut, depuis aujourd’hui et les tentatives de reconstruction d’une gauche radicale, juger que cette séquence a surtout refermé derrière elle la période des espoirs de troisième voie et d’issue micropolitique. Ce paradoxe éclaire la difficulté de la lecture de Foucault aujourd’hui, si l’on veut échapper à l’hagiographie autant qu’à la condamnation. Ce qui revient à dire que les attendus d’une telle lecture sont forcément politiques.

    Voir aussi « Foucault et les sciences humaines » dans Archives de philosophie (Tome 79, numéro 1 : printemps — janvier-mars 2016)
    http://www.archivesdephilo.com/cahiers/2016/cahier-79-1.php

    #philosophie cc @opironet @chirine

  • Au nom du peuple. J-C. Michéa réécrit l’histoire | par Isabelle Garo
    http://www.contretemps.eu/interventions/nom-peuple-j-c-mich%C3%A9a-r%C3%A9%C3%A9crit-lhistoire

    #Michéa, obnubilé par l’affaire Dreyfus, dont le Front populaire prolonge simplement la trahison (Michéa, 2010, p. 128) – croisement de pur hasard sans doute avec l’historiographie réactionnaire et antisémite –, semble ignorer la réalité élémentaire d’une histoire du socialisme et du communisme, pour ne parler que de ces composantes-là, qui est militante, organisationnelle et institutionnelle, et qui se pose d’emblée et de façon conflictuelle et débattue la question de ses luttes et ses alliances, de son inscription dans la vie sociale et politique. Dans le même temps, alors même que c’est la thèse majeure de l’auteur, aucune analyse précise n’est produite du ralliement d’une partie de la gauche aux thèses libérales : elle n’est pour lui que la conséquence d’un affaissement moral, dont mai 68 serait la date clé et la théorie de la déconstruction la cause première. Luc Ferry l’avait déjà très bien dit. La montée de la deuxième gauche et ses liens avec un contexte politique, économique, social bien précis, ainsi que le rôle actif de certains intellectuels et des médias, l’itinéraire du Parti socialiste, sont de vraies questions, mais Michéa n’en traite à aucun moment. Ses propos sont là encore stupéfiants : Michel Foucault et Bernard-Henry Lévy, grands fauteurs de la conversion de la gauche au libéralisme selon lui, auraient partagé la thèse que « commun » et « totalitaire » sont finalement synonymes (et pas le « communisme » et le « totalitarisme », plus exactement, thèse qui fut en effet celle des nouveaux philosophes et non de Foucault : mais Michéa ne pourrait plus utiliser le propos à son avantage). Tandis que selon lui Foucault aurait disserté sur la « dictature du on » (tout élève de terminale sait qu’il s’agit de Heidegger) (Julliard, Michéa, 2014, p. 240).

    Un tel mépris de la rigueur élémentaire surprend. Mais la raison en est simple : Michéa ne cherche pas, il a trouvé et il prêche, il est pressé. Il ne connaît que la thématique de la décadence, qui nourrit les fantasmes de régénérescence, de réforme morale, de retour aux origines perdues, toutes thématiques dont les assonances intellectuelles se situent depuis la Révolution française du côté d’une littérature politique réactionnaire. Rechapées en critique de gauche, mélangées à un peu d’éloge de la gratuité et à une critique du capitalisme qui n’est en réalité qu’une critique du consumérisme et surtout des consommateurs, placées sous le haut patronage de Debord, Mauss, Proudhon, Leroux, le jeune Marx, Castoriadis, Lasch, Orwell, etc., les thèses de la tradition antirévolutionnaire et anti-Lumières deviennent alors méconnaissables. La mayonnaise peut alors être vendue comme sommet sans pareil du courage politique et de l’acuité critique à des lecteurs de gauche un peu éberlués ou à des dirigeants socialistes en quête d’alternative au socialisme, un tant soit peu mise en forme de doctrine médiatique.

    #réaction

  • En 2010-2011 eut lieu un séminaire sur Marx au XXIe siècle dont voici les enregistrements :

    Alain Bihr, le fétichisme dans le capital : http://vimeo.com/17392978

    Favrice Bensimon, La Situation de la classe laborieuse en Angleterre de Friedrich Engels à l’épreuve de la critique historique : http://vimeo.com/18348151

    Patrick Massa, Marxisme et mobilité sociale : http://vimeo.com/19435526

    Sylvie Aprile, 1848, la fin d’une exception française ? : http://vimeo.com/19986474

    Isabelle Garo, L’infâme dialectique : le rejet de la dialectique dans la philosophie française de la seconde moitié du 20e siècle : http://vimeo.com/20209906

    Jean-Numa Ducange, Le marxisme de la Deuxième Internationale et la dialectique : http://vimeo.com/20236570

    Alberto Burgio, Querelle autour du conflit (le statut de la guerre de Kant à Foucault) : http://vimeo.com/20247037

    Claude Mazauric, Comprendre l’histoire de la Révolution Française :
    dialectique de l’objet ou représentation dialectique du mouvement ?
     :
    http://vimeo.com/20278131

    Rémy Herrera, Réflexions sur la crise du capital : causes, mécanismes, effets, alternatives : http://vimeo.com/21013336

    Étienne Balibar, Marx n’était pas marxiste, et pourtant… : http://vimeo.com/21658204

    André Tosel, Affects et insoumission (de l’indignation, de la colère
    et de la haine) à l’époque de la soumission réelle
     : http://vimeo.com/21918509

    Michael Löwy : Marxisme et romantisme : http://vimeo.com/30642099