Avant que le sommet ne soit annulé, cet entretien édifiant avec l’ambassadrice d’Israël en France, Aliza Bin-Noun :
Quelles ont été les retombées de la visite il y a un an du premier ministre dans quatre pays africains ?
Depuis 2016, de nombreux dirigeants africains ont visité Israël. Des leaders africains comme le président Kagamé du Rwanda ou le président Kenyatta du Kenya ont eu des déclarations très favorables à Israël. Beaucoup d’autres se sont exprimés de manière très positive par rapport à Israël. Cela n’était pas le cas avant. Nous avions des amis africains mais ceux-ci subissaient des pressions qui pouvaient venir de l’extérieur du continent. Cette visite a permis un rapprochement significatif. Quatre pays ont renouvelé ou ouvert des relations avec Israël : la Guinée, la Zambie, le Soudan du Sud, le Rwanda, et la Tanzanie est en train de le faire. Nous avons également de plus en plus d’ambassadeurs africains, de politiques qui visitent Israël. Il existe aujourd’hui un momentum dans les relations entre Israël et l’Afrique et la visite du premier ministre y a contribué de manière significative.
Ce rapprochement suscite cependant des tensions. Le Maroc a annulé sa participation au dernier sommet de la Cédéao au Liberia, en raison de la présence d’officiels israéliens…
Bien sûr, il y a de fortes résistances. Par exemple, Israël essaie de retrouver son statut d’observateur à l’Union africaine, mais il y a des pays africains qui sont influencés par des pays arabes ou par d’autres nations qui ne sont pas favorables à Israël. L’Algérie, par exemple, joue un rôle négatif. L’Afrique du Sud, même si nous avons des relations diplomatiques, poursuit une politique très critique à l’égard d’Israël. L’Iran, qui joue un rôle en Afrique, promeut elle aussi une politique anti-israélienne sur le continent.
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Ne craignez-vous pas que les manifestations contre les immigrés africains, puis celles des juifs d’origine éthiopienne dénonçant un racisme anti-Noirs puissent ternir votre image en Afrique ?
Tout d’abord, les manifestations n’ont pas été nombreuses récemment. Nous contrôlons la situation et nous avons tenté d’améliorer la situation des immigrés africains en Israël. Bien sûr, nous ne pouvons pas dire que nous avons résolu tous les problèmes, mais c’est une question qui préoccupe le gouvernement.
Enfin, il ne faut pas oublier qu’il y a des millions de chrétiens sur le continent africain et que pour eux Israël joue un rôle religieux important. Cela va au-delà des relations classiques qui donnent à Israël une image très particulière sur le continent du fait du lien entre le judaïsme et la chrétienté.