person:jacques rancière

  • Un entretien écrit avec Jacques Rancière, sur Médiapart :

    http://blogs.mediapart.fr/blog/bertrand-dommergue/310815/entretien-avec-jacques-ranciere-ou-en-est-lart

    Et pan au passage sur le groin des neuneus et neuneues qui se branlochent à vide sur la pop’philosophie :
    "Je n’ai pas parlé du cannibalisme de l’art contemporain mais de celui des « cultural studies », « media studies » et autres disciplines du même genre qui ont fait leur gagne-pain pratique et leur titre de légitimité scientifique de l’annexion de toutes les pratiques de la vie quotidienne au domaine de la science, tout en jouant du prestige politique vaguement attaché à l’idée de la « démystification » du grand art et de la culture élitiste. J’ai parlé de la violence symbolique que comporte en fait cette prétendue dénonciation : sous prétexte de réhabiliter des pratiques populaires méprisées, on les oblige à devenir ce qu’elles n’ont pas souci d’être : des formes d’art et des objets de science. Il est parfaitement exact que ces formes d’appropriation sont autorisées par l’abolition des frontières propre au régime esthétique de l’art. L’abolition des frontières, c’est aussi, entre autres, le principe de l’impérialisme."

    #Rancière #esthétique #critique_rongeuse_des_souris #philosophie

    • #rengaine. Légitime pour les gars de la nouvelle vague d’analyser Hitchcock, mais pas pour les intellectuels des années 90/2000, issus de milieux plus larges que par le passé, d’analyser, leur propre environnement, les items culturels qu’ils reçoivent et produisent. On devrait arrêter de lire, moi je dis, sauf quelques-uns, qui touchés par la grâce de la culture légitime écriraient poésie en vers, menuets et opéras. Tous les autres, consommez, produisez vos chansonnettes, mais surtout ne les pensez pas dans leur rapport au reste des mondes de l’art.

      C’est là qu’on arrête de le suivre le Rancière.

      Koons le courtier, l’ambiguité de Parr ne s’équilibrent pas sur la balance des conditions sociologiques et économiques concrètes qui cantonnent les intellectuels noirs, par exemple, dans les cultural studies et l’analyse artistique - mais on s’en fout hein, ça compte pas du tout. Ecrivons des alexandrins. Je ne citerais pas les exemples que je connais de lecteurs avertis de Blake ou de Spinoza qui sont matériellement obligés de produire sur Tarantino ou autre.

      Curateur on peut aussi le devenir par lassitude ou juste pour bouffer (bien que la majorité des curateurs ne soient pas rémunérés).

  • Cette petite bande dessinée explique de manière choquante de réalisme pourquoi l’égalité des chances n’existe pas
    http://www.demotivateur.fr/article-buzz/cette-petite-bande-dessinee-va-changer-a-jamais-la-facon-dont-vous-perc

    "Toby Morris est un artiste illustrateur et dessinateur, habitant à Auckland, Nouvelle-Zélande. Il a récemment publié un livre dans lequel il raconte ses aventures en tant que nouveau papa "Don’t Puke On Your Dad : A Year in the Life of a New Father.”

    Cette petite bande dessinée, intitulée "On a Plate" ("Sur un Plateau") illustre à la perfection ce qu’est le privilège, et à quoi ressemble vraiment ce qu’on appelle "l’égalité des chances".

    En plaçant ces deux individus côte à côte, on peut voir à quel point la sécurité financière, le capital culturel, bref, l’endroit dans lequel on a grandi, est déterminant. Même si ces deux bébés ont grandi dans deux familles qui les aiment et qui les aident, leur futur va être radicalement différent.

    Voilà matière à (...)

    #égalité #éducation #école

  • Le racisme comme création de l’Etat, Jacques Rancière, 2010 - Oeuvres Ouvertes
    http://oeuvresouvertes.net/spip.php?article2132

    Je voudrais proposer quelques réflexions autour de la notion de « racisme d’Etat » mise à l’ordre du jour de notre réunion. Ces réflexions s’opposent à une interprétation très répandue des mesures récemment prises par notre gouvernement, depuis la loi sur le voile jusqu’aux expulsions de roms. Cette interprétation y voit une attitude opportuniste visant à exploiter les thèmes racistes et xénophobes à des fins électoralistes. Cette prétendue critique reconduit ainsi la présupposition qui fait du racisme une passion populaire, la réaction apeurée et irrationnelle de couches rétrogrades de la population, incapables de s’adapter au nouveau monde mobile et cosmopolite. L’#Etat est accusé de manquer à son principe en se montrant complaisant à l’égard de ces populations. Mais il est par là conforté dans sa position de représentant de la rationalité face à l’irrationalité populaire.

    Or cette disposition du jeu, adoptée par la critique « de gauche », est exactement la même au nom de laquelle la droite a mis en oeuvre depuis une vingtaine d’années un certain nombre de lois et de décrets racistes. Toutes ces mesures ont été prises au nom de la même argumentation : il y a des problèmes de délinquances et nuisances diverses causés par les immigrés et les clandestins qui risquent de déclencher du racisme si on n’y met pas bon ordre. Il faut donc soumettre ces délinquances et nuisances à l’universalité de la loi pour qu’elles ne créent pas des troubles racistes.

    C’est un jeu qui se joue, à gauche comme à droite, depuis les lois Pasqua-Méhaignerie de 1993. Il consiste à opposer aux passions populaires la logique universaliste de l’Etat rationnel, c’est-à-dire à donner aux #politiques_racistes d’Etat un brevet d’antiracisme. Il serait temps de prendre l’argument à l’envers et de marquer la solidarité entre la « rationalité » étatique qui commande ces mesures et cet autre -cet adversaire complice- commode qu’elle se donne comme repoussoir, la passion populaire. En fait, ce n’est pas le gouvernement qui agit sous la pression du racisme populaire et en réaction aux passions dites populistes de l’extrême-droite. C’est la raison d’Etat qui entretient cet autre à qui il confie la gestion imaginaire de sa législation réelle.

    #xénophobie_d'état

    • De là un usage de la loi qui remplit deux fonctions essentielles : une fonction idéologique qui est de donner constamment figure au sujet qui menace la sécurité ; et une fonction pratique qui est de réaménager continuellement la frontière entre le dedans et le dehors, de créer constamment des identités flottantes, susceptibles de faire tomber dehors ceux qui étaient dedans.

    • Nos Etats sont de moins en moins capables de contrecarrer les effets destructeurs de la libre circulation des capitaux pour les communautés dont ils ont la charge. Ils en sont d’autant moins capables qu’ils n’en ont aucunement le désir. Ils se rabattent alors sur ce qui est en leur pouvoir, la circulation des personnes. Ils prennent comme objet spécifique le contrôle de cette autre circulation et comme objectif la sécurité des nationaux menacés par ces migrants, c’est-à-dire plus précisément la production et la gestion du sentiment d’insécurité . C’est ce travail qui devient de plus en plus leur raison d’être et le moyen de leur légitimation.

    • «  comme objectif la sécurité des nationaux menacés par ces migrants, » ??? par antiphrase ? l’objectif par encadrement de réseaux et la dictature de l’éthique (+ la répression économique insidieuse ) tourne de plus en plus à l’assistance et la garantie de la sécurité des migrants quand ils sont menacés dans leurs ambitions par les natifs ! vers l’état d’urgence permanent

    • Ce n’est pas seulement la circulation des personnes vers qui s’est tourné le #législateur, après avoir abandonné toute idée de sécurité économique et social, mais aussi l’ensemble du comportement, et notamment la santé (tant que ça ne s’oppose pas aux intérês du capital), au nom de la #prévention_du_risque : loi anti-tabac, sécurité routière, interdiction des rassemblements festifs (attention, je ne dis pas que certaines de ces lois ne sont pas utiles)... Il y a de nombreuses raisons à cela, mais il y en a une une je n’ai pas l’habitude de lire : la nécessité pour le législateur, et l’#État, de produire des lois, car comment justifier son existence autrement ?

      Ce n’est pas que le racisme que les classes dominantes font peser sur le #peuple, mais bel et bien l’ensemble des idées réactionnaires (sexisme, violence intrafamiliales, etc.) Et pourtant, ce pauvre peuple a-t-il vraiment le temps de produire de l’idéologie, ou n’est-il pas plutôt condamné à choisir parmi les productions des classes qui l’exploitent ?

  • #Jacques_Rancière: The Front National’s useful idiots

    According to the philosopher Jacques Rancière, a number of so-called French ‘republican’ intellectuals have been opening the door to the Front National for some time now. In an interview with Éric Aeschimannm, Rancière shows how universalist values have been perverted to the benefit of xenophobic discourse.

    http://www.versobooks.com/blogs/1936-jacques-ranciere-the-front-national-s-useful-idiots
    #extrême-droite #extrême_droite #FN #front_national #France

  • Pour le philosophe Jacques Rancière, certains intellectuels dits “républicains” ont fait depuis quelques années le lit du Front national. Il montre comment les valeurs universalistes ont été dévoyées au profit d’un discours xénophobe.

    Il y a trois mois, la France défilait au nom de la liberté d’expression et du vivre-ensemble. Les dernières élections départementales ont été marquées par une nouvelle poussée du Front national. Comment analysez-vous la succession rapide de ces deux événements, qui paraissent contradictoires ?

    Il n’est pas sûr qu’il y ait contradiction. Tout le monde, bien sûr, est d’accord pour condamner les attentats de janvier et se féliciter de la réaction populaire qui a suivi. Mais l’unanimité demandée autour de la « liberté d’expression » a entretenu une confusion. En effet, la liberté d’expression est un principe qui régit les rapports entre les individus et l’Etat en interdisant à ce dernier d’empêcher l’expression des opinions qui lui sont contraires. Or, ce qui a été bafoué le 7 janvier à « Charlie », c’est un tout autre principe : le principe qu’on ne tire pas sur quelqu’un parce qu’on n’aime pas ce qu’il dit, le principe qui règle la manière dont individus et groupes vivent ensemble et apprennent à se respecter mutuellement.

    Mais on ne s’est pas intéressé à cette dimension et on a choisi de se polariser sur le principe de la liberté d’expression. Ce faisant, on a ajouté un nouveau chapitre à la campagne qui, depuis des années, utilise les grandes valeurs universelles pour mieux disqualifier une partie de la population, en opposant les « bons Français », partisans de la République, de la laïcité ou de la liberté d’expression, aux immigrés, forcément communautaristes, islamistes, intolérants, sexistes et arriérés. On invoque souvent l’universalisme comme principe de vie en commun. Mais justement l’universalisme a été confisqué et manipulé. Transformé en signe distinctif d’un groupe, il sert à mettre en accusation une communauté précise, notamment à travers les campagnes frénétiques contre le voile. C’est ce dévoiement que le 11 janvier n’a pas pu mettre à distance. Les défilés ont réuni sans distinction ceux qui défendaient les principes d’une vie en commun et ceux qui exprimaient leurs sentiments xénophobes.

    Voulez-vous dire que ceux qui défendent le modèle républicain laïque contribuent, malgré eux, à dégager le terrain au Front national ?

    On nous dit que le Front national s’est « dédiabolisé ». Qu’est-ce que cela veut dire ? Qu’il a mis de côté les gens trop ouvertement racistes ? Oui. Mais surtout que la différence même entre les idées du FN et les idées considérées comme respectables et appartenant à l’héritage républicain s’est évaporée. Depuis une vingtaine d’années, c’est de certains intellectuels, de la gauche dite « républicaine », que sont venus les arguments au service de la xénophobie ou du racisme. Le Front national n’a plus besoin de dire que les immigrés nous volent notre travail ou que ce sont des petits voyous. Il lui suffit de proclamer qu’ils ne sont pas laïques, qu’ils ne partagent pas nos valeurs, qu’ils sont communautaristes …

    Les grandes valeurs universalistes – laïcité, règles communes pour tout le monde, égalité homme-femme – sont devenues l’instrument d’une distinction entre « nous », qui adhérons à ces valeurs, et « eux », qui n’y adhèrent pas. Le FN peut économiser ses arguments xénophobes : ils lui sont fournis par les « républicains » sous les apparences les plus honorables.

    Si l’on vous suit, c’est le sens même de la laïcité qui aurait été perverti. Qu’est-ce que la laïcité représente pour vous ?

    Au XIX e, la laïcité a été pour les républicains l’outil politique permettant de libérer l’école de l’emprise que l’Eglise catholique faisait peser sur elle, en particulier depuis la loi Falloux, adoptée en 1850. La notion de laïcité désigne ainsi l’ensemble des mesures spécifiques prises pour détruire cette emprise. Or, à partir des années 1980, on a choisi d’en faire un grand principe universel. La laïcité avait été conçue pour régler les relations de l’Etat avec l’Eglise catholique.

    La grande manipulation a été de la transformer en une règle à laquelle tous les particuliers doivent obéir. Ce n’est plus à l’Etat d’être laïque, c’est aux individus. Et comment va-t-on repérer qu’une personne déroge au principe de laïcité ? A ce qu’elle porte sur la tête … Quand j’étais enfant, le jour des communions solennelles, nous allions à l’école retrouver nos copains qui n’étaient pas catholiques, en portant nos brassards de communiants et en leur distribuant des images. Personne ne pensait que cela mettait en danger la laïcité. L’enjeu de la laïcité, alors, c’était le financement : à école publique, fonds publics ; à école privée, fonds privés. Cette laïcité centrée sur les rapports entre école publique et école privée a été enterrée au profit d’une laïcité qui prétend régenter le comportement des individus et qui est utilisée pour stigmatiser une partie de la population à travers l’apparence physique de ses membres. Certains ont poussé le délire jusqu’à réclamer une loi interdisant le port du voile en présence d’un enfant.

    Mais d’où viendrait cette volonté de stigmatiser ?

    Il y a des causes diverses, certaines liées à la question palestinienne et aux formes d’intolérance réciproque qu’elle nourrit ici. Mais il y a aussi le « grand ressentiment de gauche », né des grands espoirs des années 1960-1970 puis de la liquidation de ces espoirs par le parti dit « socialiste » lorsqu’il est arrivé au pouvoir. Tous les idéaux républicains, socialistes, révolutionnaires, progressistes ont été retournés contre eux-mêmes. Ils sont devenus le contraire de ce qu’ils étaient censés être : non plus des armes de combat pour l’égalité, mais des armes de discrimination, de méfiance et de mépris à l’égard d’un peuple posé comme abruti ou arriéré. Faute de pouvoir combattre l’accroissement des inégalités, on les légitime en disqualifiant ceux qui en subissent les effets.

    Pensons à la façon dont la critique marxiste a été retournée pour alimenter une dénonciation de l’individu démocratique et du consommateur despotique – une dénonciation qui vise ceux qui ont le moins à consommer … Le retournement de l’universalisme républicain en une pensée réactionnaire, stigmatisant les plus pauvres, relève de la même logique.

    N’est-il pas légitime de combattre le port du voile, dans lequel il n’est pas évident de voir un geste d’émancipation féminine ?

    La question est de savoir si l’école publique a pour mission d’émanciper les femmes. Dans ce cas, ne devrait-elle pas également émanciper les travailleurs et tous les dominés de la société française ? Il existe toutes sortes de sujétions – sociale, sexuelle, raciale. Le principe d’une idéologie réactive, c’est de cibler une forme particulière de soumission pour mieux confirmer les autres. Les mêmes qui dénonçaient le féminisme comme « communautaire » se sont ensuite découverts féministes pour justifier les lois anti-voile. Le statut des femmes dans le monde musulman est sûrement problématique, mais c’est d’abord aux intéressées de dégager ce qui est pour elles oppressif. Et, en général, c’est aux gens qui subissent l’oppression de lutter contre la soumission. On ne libère pas les gens par substitution.

    Revenons au Front national. Vous avez souvent critiqué l’idée que le « peuple » serait raciste par nature. Pour vous, les immigrés sont moins victimes d’un racisme « d’en bas » que d’un racisme « d’en haut » : les contrôles au faciès de la police, la relégation dans des quartiers périphériques, la difficulté à trouver un logement ou un emploi lorsqu’on porte un nom d’origine étrangère. Mais, quand 25 % des électeurs donnent leur suffrage à un parti qui veut geler la construction des mosquées, n’est-ce pas le signe que, malgré tout, des pulsions xénophobes travaillent la population française ?

    D’abord, ces poussées xénophobes dépassent largement l’électorat de l’extrême droite.

    Où est la différence entre un maire FN qui débaptise la rue du 19-Mars-1962 [Robert Ménard, à Béziers, NDLR], des élus UMP qui demandent qu’on enseigne les aspects positifs de la colonisation, Nicolas Sarkozy qui s’oppose aux menus sans porc dans les cantines scolaires ou des intellectuels dits « républicains » qui veulent exclure les jeunes filles voilées de l’université ? Par ailleurs, il est trop simple de réduire le vote FN à l’expression d’idées racistes ou xénophobes. Avant d’être un moyen d’expression de sentiments populaires, le Front national est un effet structurel de la vie politique française telle qu’elle a été organisée par la constitution de la V e République. En permettant à une petite minorité de gouverner au nom de la population, ce régime ouvre mécaniquement un espace au groupe politique capable de déclarer : « Nous, nous sommes en dehors de ce jeu-là. » Le Front national s’est installé à cette place après la décomposition du communisme et du gauchisme. Quant aux « sentiments profonds » des masses, qui les mesure ? Je note seulement qu’il n’y a pas en France l’équivalent de Pegida, le mouvement allemand xénophobe. Et je ne crois pas au rapprochement, souvent fait, avec les années 1930. Je ne vois rien de comparable dans la France actuelle aux grandes milices d’extrême droite de l’entre-deux-guerres.

    A vous écouter, il n’y aurait nul besoin de lutter contre le Front national …

    Il faut lutter contre le système qui produit le Front national et donc aussi contre la tactique qui utilise la dénonciation du FN pour masquer la droitisation galopante des élites gouvernementales et de la classe intellectuelle.

    L’hypothèse de son arrivée au pouvoir ne vous inquiète-t-elle pas ?

    Dès lors que j’analyse le Front national comme le fruit du déséquilibre propre de notre logique institutionnelle, mon hypothèse est plutôt celle d’une intégration au sein du système. Il existe déjà beaucoup de similitudes entre le FN et les forces présentes dans le système.

    Si le FN venait au pouvoir, cela aurait des effets très concrets pour les plus faibles de la société française, c’est-à-dire les immigrés …

    Oui, probablement. Mais je vois mal le FN organiser de grands départs massifs, de centaines de milliers ou de millions de personnes, pour les renvoyer « chez elles ». Le Front national, ce n’est pas les petits Blancs contre les immigrés. Son électorat s’étend dans tous les secteurs de la société, y compris chez les immigrés. Alors, bien sûr, il pourrait y avoir des actions symboliques, mais je ne crois pas qu’un gouvernement UMP-FN serait très différent d’un gouvernement UMP.

    A l’approche du premier tour, Manuel Valls a reproché aux intellectuels français leur « endormissement » : « Où sont les intellectuels, où sont les grandes consciences de ce pays, les hommes et les femmes de culture qui doivent, eux aussi, monter au créneau, où est la gauche ? » a-t-il lancé. Vous êtes-vous senti concerné ?

    « Où est la gauche ? » demandent les socialistes. La réponse est simple : elle est là où ils l’ont conduite, c’est-à-dire au néant. Le rôle historique du Parti socialiste a été de tuer la gauche. Mission accomplie. Manuel Valls se demande ce que font les intellectuels … Franchement, je ne vois pas très bien ce que des gens comme lui peuvent avoir à leur reprocher. On dénonce leur silence, mais la vérité, c’est que, depuis des décennies, certains intellectuels ont énormément parlé. Ils ont été starisés, sacralisés. Ils ont largement contribué aux campagnes haineuses sur le voile et la laïcité. Ils n’ont été que trop bavards. J’ajouterai que faire appel aux intellectuels, c’est faire appel à des gens assez crétins pour jouer le rôle de porte-parole de l’intelligence. Car on ne peut accepter un tel rôle, bien sûr, qu’en s’opposant à un peuple présenté comme composé d’abrutis et d’arriérés. Ce qui revient à perpétuer l’opposition entre ceux « qui savent » et ceux « qui ne savent pas », qu’il faudrait précisément briser si l’on veut lutter contre la société du mépris dont le Front national n’est qu’une expression particulière.

    Il existe pourtant des intellectuels – dont vous-même – qui combattent cette droitisation de la pensée française. Vous ne croyez pas à la force de la parole de l’intellectuel ?

    Il ne faut pas attendre de quelques individualités qu’elles débloquent la situation. Le déblocage ne pourra venir que de mouvements démocratiques de masse, qui ne soient pas légitimés par la possession d’un privilège intellectuel.

    Dans votre travail philosophique, vous montrez que, depuis Platon, la pensée politique occidentale a tendance à séparer les individus « qui savent » et ceux « qui ne savent pas ». D’un côté, il y aurait la classe éduquée, raisonnable, compétente et qui a pour vocation de gouverner ; de l’autre, la classe populaire, ignorante, victime de ses pulsions, dont le destin est d’être gouvernée. Est-ce que cette grille d’analyse s’applique à la situation actuelle ?

    Longtemps, les gouvernants ont justifié leur pouvoir en se parant de vertus réputées propres à la classe éclairée, comme la prudence, la modération, la sagesse … Les gouvernements actuels se prévalent d’une science, l’économie, dont ils ne feraient qu’appliquer des lois déclarées objectives et inéluctables – lois qui sont miraculeusement en accord avec les intérêts des classes dominantes. Or on a vu les désastres économiques et le chaos géopolitique produits depuis quarante ans par les détenteurs de la vieille sagesse des gouvernants et de la nouvelle science économique. La démonstration de l’incompétence des gens supposés compétents suscite simplement le mépris des gouvernés à l’égard des gouvernants qui les méprisent. La manifestation positive d’une compétence démocratique des supposés incompétents est tout autre chose.

    http://bibliobs.nouvelobs.com/essais/20150403.OBS6427/jacques-ranciere-les-ideaux-republicains-sont-devenus-des-armes-

  • Feu la gauche et l’infini planétaire / revue Exemple
    http://lesilencequiparle.unblog.fr/2015/04/03/feu-la-gauche-et-linfini-planetaire-revue-exemple

    (...) Parce que la gauche est incapable de se référer à un point – au moins un point – révolutionnaire. Ce point #révolutionnaire a conditionné le discours et les pratiques de ce qu’on pourrait nommer la gauche officielle. Par gauche officielle, entendons celle qui, croyant aux vertus de la représentation, et cherchant l’accès au pouvoir par des moyens formellement démocratiques, considérait que l’élan révolutionnaire devait être freiné pour être réalisé. Ce frein a porté le nom de réforme. Là où la #pensée révolutionnaire visait la vitesse infinie d’un changement absolu de la réalité sociale, la pensée réformiste de la gauche officielle consistait à modifier le régime de vitesse du changement et son ampleur. Ne devait être sujet à la transformation sociale non la société tout entière, mais seulement tel ou tel de ses aspects (le domaine de la santé, celui du droit du travail, etc.).

    Or une fois le point révolutionnaire abandonné, le #contrôle #politique de la vitesse organisé par la #gauche officielle change d’objet. Au lieu de ralentir la révolution, l’enjeu devient : ralentir les effets destructeurs du capitalisme. Non pas le capitalisme lui-même (les privatisations, la financiarisation de la vie, l’extraction destructrice des ressources énergétiques, etc.), qui devient l’incarnation du changement à vitesse infinie que la gauche relaie sans frottements et souvent initie, mais ses soi-disant dommages collatéraux (la pollution, la désaffection psychique et sociale, etc.). Les réformes ne consistent plus à différer la révolution, mais la catastrophe. Ces réformes se transforment dès lors en normes temporaires, par exemple diminuer la vitesse sur les routes en cas de « pics » de pollution – en ne voyant pas que la baisse tendancielle de la vitesse a pour horizon une immobilisation des voitures qui ne modifierait en rien les causes structurelles de l’asphyxie écologique.

    Cette situation a longtemps été délicate pour la gauche officieuse qui avait su garder un goût pour la justice. Elle ne croyait certes pas à quelque révolution, mais elle refusait de s’en tenir au seul traitement normatif des dégâts du capitalisme ; elle votait à reculons pour la gauche officielle, et finissait parfois par s’abstenir – à reculons. Mais à la faveur de la dissolution du point révolutionnaire, un autre aspect de la réalité sociale a pris lentement corps, jusqu’à devenir prédominant, et nourrir l’hégémonie discursive des droites extrêmes : les questions identitaires. Ces questions ont pris un tournant dramatique après les massacres de janvier. Lors des journées qui ont suivi ces massacres ont eu lieu de grands rassemblements de deuil qui n’étaient pas forcément politiques ; et certains ont eu raison d’en indiquer le caractère anthropologique et affectif. Mais l’on n’est pas maître de la destinée politique d’un moment anthropologique : la nature empirique de ces rassemblements massifs – près de 4 millions de personne le 11 janvier – s’est cristallisée en socle transcendantal, donnant l’assise à des transformations de la psychè collective française dont on ne peut pas encore mesurer tous les aspects. A cette sanglante occasion, la gauche officieuse semble s’être débarrassée du fantôme de la réforme qui était encore hantée par le fantôme de la révolution. Désormais, le combat est devenu clair : sauver l’identité française. Sa république, sa laïcité, ses traditions ; son impertinence sans limite, son nationalisme goguenard, sa franche cécité citoyenne aux gens de couleur.

    Désormais, l’ennemi n’est plus le #capitalisme, mais l’islam – un #islam toujours sur le point de s’ajouter un -isme. Contre celui-ci, il faut la république indivisible, identique à elle-même, ancrée dans son passé – une #identité nationale, courageusement patriotique, purement de souche, que le monde entier nous jalouse. Nous, républicains français, nationaux égaux entre nous, sauront sauver les hommes et les femmes de couleur de leurs traditions oppressives. Tradition contre tradition. Identité contre identité.(...)

    Revue #Exemple
    http://www.editions-nous.com/exemple/index.html

    • Rancière : « Les idéaux républicains sont devenus des armes de discrimination et de mépris »
      http://bibliobs.nouvelobs.com/essais/20150403.OBS6427/jacques-ranciere-les-ideaux-republicains-sont-devenus-des-armes-

      la liberté d’expression est un principe qui régit les rapports entre les individus et l’Etat en interdisant à ce dernier d’empêcher l’expression des opinions qui lui sont contraires.

      Or, ce qui a été bafoué le 7 janvier à « Charlie », c’est un tout autre principe : le principe qu’on ne tire pas sur quelqu’un parce qu’on n’aime pas ce qu’il dit, le principe qui règle la manière dont individus et groupes vivent ensemble et apprennent à se respecter mutuellement.

      Mais on ne s’est pas intéressé à cette dimension et on a choisi de se polariser sur le principe de la liberté d’expression. Ce faisant, on a ajouté un nouveau chapitre à la campagne qui, depuis des années, utilise les grandes #valeurs_universelles pour mieux disqualifier une partie de la #population, en opposant les « bons Français », partisans de la République, de la laïcité ou de la liberté d’expression, aux immigrés, forcément communautaristes, islamistes, intolérants, sexistes et arriérés. (...)

      On nous dit que le Front national s’est « dédiabolisé ». Qu’est-ce que cela veut dire ? Qu’il a mis de côté les gens trop ouvertement racistes ? Oui. Mais surtout que la différence même entre les idées du FN et les idées considérées comme respectables et appartenant à l’héritage républicain s’est évaporée.

      #Jacques_Rancière #disqualification #universalisme_confisqué_et_manipulé #intellectuels #gauche #FN

    • Euh, bon, pourquoi pas, rien n’oblige à une lecture bienveillante. Il me semble quand même que dire comme le fait Exemple que l’on passe de l’empirie au transcendantal, du phénomène anthropologique à l’institution d’une forme de pensée normative, à une loi du groupe, de la société, ce n’est pas tout à fait rien, et pas tout à fait inutile pour comprendre les surenchères administratives, policières judiciaires et sociels sur « l’apologie de terrorisme », par exemple.
      Il n’est pas tout à fait périmé non plus de prendre la gauche telle quelle se donne, axée sur des questions #identitaires.

  • Sylvain George, réalisateur : « Si des #migrants dorment sous les ponts, c’est à cause des politiques européennes » - The Dissident - The Dissident
    http://the-dissident.eu/5220/sylvain-george-migrants-et-politiques-europeennes

    Il reprend un texte éponyme très beau, éloquent, fort, universel, du poète Henri Michaux qui touche à la condition humaine. C’est un texte d’homme en colère, qui ne se satisfait pas de l’ordre des choses, au monde tel qui est. Je l’ai mis au pluriel car il synthétise ce que traversent les migrants. On constate tous les jours que ces politiques migratoires sont désastreuses et intolérables, quelque soit le lieu où elles s’appliquent, en Europe et en dehors. Jacques Rancière a donné un bel entretien, à l’occasion de la sortie de mon film, dans lequel il évoquait ce degré d’intolérable. Des milliers de personnes meurent dans le désert, la mer Méditerranée, l’Atlantique et même dans Paris intramuros. Le fait que des personnes soient contraintes d’emprunter des chemins illégaux, dits de muletier, résulte de politiques macroéconomiques, géopolitiques et migratoires. Qu’est-ce qui fait que quand on vient de tel pays on peut bénéficier d’un visa ou pas ? Au Mali, la longueur de la file d’attente pour obtenir un visa, c’est dramatique ! Il y a une politique de restriction, une #discrimination par rapport à certains pays du monde. Ces populations qui ne peuvent se déplacer librement sont obligées d’emprunter des chemins multiples, dangereux et mortifères. Pour autant, ça me semblait important de ne pas montrer ces migrants comme des victimes, avec un angle humanitaire, social, compassionnel. Je les vois comme des sujets politiques, qui pour des raisons qui sont les leurs et que je trouve légitimes, décident de tracer leur ligne de fuite pour construire leur devenir. Par exemple, quitter l’Érythrée qui est une dictature. C’est une décision parfaitement assumée. Ça me semble juste d’aborder ces personnes avec ce respect. A Calais, quand je rencontre des migrants qui dorment sous les ponts je ne leur parle pas d’un point de vue apitoyé, misérabiliste, mais politique. Si ces personnes dorment sous les ponts c’est la conséquence de décisions politiques.

  • exemple n°4 - alliance
    http://www.editions-nous.com/exemple/sommaire4.html


    4.1.1 Not an alternative, « Le nom en commun, le nom du commun »
    4.1.2 Patrick Condé, « Le Mans, 3 minutes d’arrêt »
    4.2.1 Frédéric Neyrat, « Hégémonie, coalition et déliaison »
    4.2.2 Sophie Wahnich, « Inventer une hégémonie lumineuse »
    4.3 Bernard Aspe, « Exemple : exemple »
    4.4.1 Nanni Balestrini, « Petit appel au public de la culture ou poème sur les années de plomb et les années de merde »
    4.4.2 Benoît Casas, « Poésie & politique »
    4.5 Frédéric Neyrat, « Jusqu’à présent. Franco Berardi et la question de l’autonomie »
    4.6 Jérôme Guitton, « Nous »
    4.7 Mathieu Bouvier et Céline Cartillier, There is no desert island
    4.8 Danielle Rancière et Jacques Rancière, « Logique de la révolte, politique des noms » (entretien)
    4.9 « Plusieurs, les intervalles »

    Argument

    Occupation, hégémonie, féminisme, poésie... Cet exemple numéro 4 peut apparaître comme un hétéroclite assemblage. Nous ne renonçons pas à l’hétéroclite, nous voulons seulement qu’il nourrisse les certitudes les plus tranchées. Celles qui permettent de tisser une alliance.

    Y voir clair : telle est la première exigence. Et le premier obstacle : notre embarras, notre habitude à nous éprouver ainsi : encombrés de nous-mêmes. Englués dans une « réflexion » plus ou moins esseulée, qui nous a donné ce pli : sur tout ce qui peut concerner l’existence, et l’existence politique, il faut tout d’abord hésiter, ne pas savoir, avouer que l’on ne comprend pas tout, que l’on n’est pas à la hauteur.

    Nous voulons en finir avec cette modestie. Revient le temps des manifestes. Le temps des affirmations, des prises de parti, le temps où il nous faut tirer les conséquences.

    Nous ne voulons plus de ce monde de tiédeur douceâtre, qui régente même nos manières d’être ensemble. Nous voulons le retour de l’incandescence. Nous voulons que brûlent des feux nouveaux.

  • Révolutions #précaires, essai sur l’avenir de l’#émancipation, de Patrick Cingolani (la découverte) vient de sortir en librairie

    On peut lire les 25 premières pages (intro) du livre et la table, là :
    http://widget.editis.com/ladecouverte/9782707181923/#page/8/mode/1up

    Patrick Cingolani, sociologue qui a participé à la revue #Révoltes_Logiques aux côtés de Jacques Rancière (et de ce fait, à une critique de la #sociologie bourdieusienne) avait publié, durant les 80’, un livre remarquable L’exil du précaire ; par la suité il a été l’auteur d’un Que sais-je ? sur la #précarité.

    #livre #échantillon_gratuit (comme tout dealer qui se respecte) #paywall

  • Présentation - Formes Vives, l’atelier

    (Et Merci à Julia d’Article 11 de m’avoir signalé l’existence de ces pages)

    http://www.formes-vives.org/atelier/?pages/Presentation

    http://www.formes-vives.org/atelier/?pages/Methode

    et surtout

    http://www.formes-vives.org/atelier/?pages/Hypoth%C3%A8ses-de-travail

    Il ne s’agit pas de tendre à rendre visible et morale la politique mais de résister au commerce compétitif, matérialiste, abrutissant et chaotique des visibilités.

    Les mouvements sociaux et politiques ne peuvent pas user des logiques du marketing pour communiquer.

    8
    Communiquer signifie mettre en commun, partager un sentiment ou une idée ; communiquer est une pratique dont dépend l’idéal démocratique ; communiquer est alors une nécessité politique.

    9
    Une communication visuelle est une action qui se détermine par la forme esthétique choisie, par la manière d’assumer ses conditions de possibilités, ainsi que par la place qu’elle donne au spectateur — après Jacques Rancière, nous le nommerons traducteur.
    Les mots et les visibilités sont des objets. Le graphisme est l’art de les composer, soit le cheminement sensible pour les mettre en commun.
    Les images sont des relations entre des objets et des sujets (cf M.-J. Mondzain). Elles attendent dans le visible que des regards les sollicitent, regards attirés par l’écart et le plaisir qu’elles réussiraient à ouvrir.

    –-

    et enfin la fabrication du journal Article 11

    –-

  • Une tribune collective contre l’école des réac-publicains : « La pédagogie est un combat social » - L’école des réac-publicains
    http://www.questionsdeclasses.org/reac/index.php?post/2014/10/20/Une-tribune-collective-contre-l%E2%80%99%C3%A9cole-des-r%C3%A9ac

    L’école se retrouve non seulement au cœur d’une révolution conservatrice mais elle apparaît aussi de plus en plus comme le champ d’intervention privilégié de cette offensive. Jacques Rancière l’avait déjà souligné dans son ouvrage La Haine de la démocratie quand il écrivait : « C’est, de fait, autour de la question de l’éducation que le sens de quelques mots – république, démocratie, égalité, société, a basculé. »

    #école #éducation_nationale #réaction

  • La démocratie littéraire de Jacques Rancière
    http://www.laviedesidees.fr/La-democratie-litteraire-de.html

    La #littérature moderne a mis fin au partage entre l’héroïque et le commun. Des écrivains comme Flaubert ou Conrad ont refusé d’accorder un privilège à des formes de vie jugées supérieures. Ils ont ainsi donné naissance, nous dit J. Rancière, à une forme spécifique d’égalité, celle des phrases.

    Livres & études

    / littérature, #fiction, modernité

    #Livres_&_études #modernité

  • Pratiques culturelles et émancipation : retour sur l’émergence du rap français
    http://www.contretemps.eu/interventions/pratiques-culturelles-%C3%A9mancipation%C2%A0-retour-sur-%C3%A9mergence-

    Ainsi les deux aspects des premiers morceaux de rap sur lesquels nous avons insisté, c’est-à-dire le fait d’investir le champ discursif et la portée poétique, montrent que le rap s’est consolidé en France en tant que genre musico-verbal sous l’angle de l’émancipation culturelle. Il s’est consolidé aussi à partir du besoin de représenter par la parole et d’investir ce qui était latent dans les pratiques culturelles des jeunes « beurs » et des quartiers tout au long de la décennie 1980. Pourquoi sous l’angle de l’émancipation ? Parce que ces deux facteurs produisent une double mise en crise de l’ordre normal de la domination où, selon la théorie politique de Jacques Rancière, ils renversent « le système d’évidences sensibles » des places distribuées dans la communauté. Rappelons-nous que pour Rancière « les sans-part » existent dans un univers étranger au monde du discours, de l’action et de la visibilité commune. Ils n’investissent pas le langage car leur expression langagière est entendue par les dominants comme du bruit et des grognements. Notons à ce propos que Jacques Chirac a utilisé les mêmes termes en parlant du « bruit » que produisent pour lui les immigrés.

    #musique #rap

  • Going to the Mall in #Brazil
    http://africasacountry.com/mall-culture-in-brazil

    Since last December, Brazilian shopping #malls have become the stage for a new style of youth gathering: the #rolezinho. Roughly translated as “little excursions” or outings, the rolezinhos can be characterized as planned meetings (via social network) of a large group of youth from poor neighborhoods, with the intent of seeing each other, flirting, eating and drinking at McDonald’s, taking pictures to post on Facebook, and simply having fun.

    #MEDIA #POLITICS #Jacques_Ranciere #James_Holston #Jefferson_Luis #ostentatious_funk

  • #Jacques-Rancière. « Nos gouvernements sont oligarchiques » • Les idées, Démocratie, Rancière, Gouvernement, Oligarchie • Philosophie magazine
    http://www.philomag.com/les-idees/jacques-ranciere-nos-gouvernements-sont-oligarchiques-2194

    Le philosophe Jacques Rancière n’a eu de cesse d’explorer toutes les facettes de l’idée d’égalité. La démocratie, à ses yeux, c’est d’abord la négation de l’idée que certains citoyens seraient plus compétents que d’autres pour gouverner.

    #démocratie #peuple #intellectuels

  • Jacques #Rancière sur les #pédagogies_alternatives et sur le statut problématique de l’#European_Graduate_School. Ce qui m’apprend au passage ce que c’est que ce bordel.
    #EGS #Université #Suisse
    http://www.critical-theory.com/jacques-ranciere-its-problematic-that-egs-now-gives-phds

    Jacques Ranciere took a jab at the European Graduate School in a recent interview, questioning the institution’s radical potential. The interview, with Duane Rousselle (a student at EGS), was published back in November on Rouselle’s blog.

    In the interview, Rouselle prods Ranciere about the “crisis in higher education” before the French theorist turns his attention towards “alternative” models of higher education. He notes “I think that it is problematic that the EGS now gives theses, gives PhDs, because, precisely, I think that the value of such institutions is to give no diploma.”

    But, basically, I don’t think the EGS or the Global Center have the vocation of becoming something like an alternative institution. Mostly because those institutions are based on money. Mostly! And, so, well, I think that those kinds of institutions can be interesting precisely because they don’t follow the normal ways of education. I think what is interesting perhaps is this kind of acceleration of education in one month, in a few weeks, you know. We have this kind of accelerated education with students – it is kind of like brainstorming, perhaps. But, precisely, this means that those institutions should not really imitate the university. So, for example, I think that it is problematic that the EGS now gives theses, gives PhDs, because, precisely, I think that the value of such institutions is to give no diploma. Of course, people don’t pay for those institutions. But, you know, that happens. So, of course, I don’t think that we should focus on those institutions as being the alternative. I think there are many alternatives.

    The European Graduate School is a private school located in Switzerland. Students take intensive lectures with the “who’s who” of philosophy over the course of a month. Faculty include Giorgio Agamben, Slavoj Zizek, Judith Butler and even Jacques Ranciere. It’s essentially a critical theory summer camp that will give you a Master’s degree for $20,000. Not a bad deal, considering the American alternatives.

    And, before all your European Grad Schooler’s freak out, it’s not all bad. After all, Ranciere central thesis about emancipation and politics is “shit’s complicated.” Ranciere is also known for trolling anyone and everyone vaguely associated with the profession of “philosopher.”

  • Police : les espaces de l’ordre, l’ordre en place ?/Police : places of order, order in place

    http://echogeo.revues.org/13316

    Ces dernières années, la police a été au cœur de nombreux débats scientifiques. Les écrits en histoire (Houte, 2010 ; Chevandier, 2012 ; Deluermoz, 2012), anthropologie (Fassin, 2011) ou encore en sciences politiques et sociologie (Dieu, 2000 ; Jobard, 2002 ; Loubet del Bayle, 2006 ; Ocqueteau, 2006) se sont multipliés sur la police et la gendarmerie. Les philosophes critiques, et en particulier Jacques Rancière (1990), réfléchissent eux aussi sur la police, non en tant que corps d’État mais entendu comme concept plus large de mode de gouvernement et système de régulation entre les individus.

    #surveillance contrôle #police

  • « On peut assurément trouver toutes sortes de raisons économiques et sociologiques au retour du racisme : le chômage qui fait accuser l’étranger de prendre la place de l’autochtone, l’urbanisation sauvage, la déréliction des banlieues et des villes-dortoirs. Mais toutes ces causes « socio-économiques » qu’on attribue à un phénomène politique désignent en fait des entités inscrites dans la question politique du partage du sensible.

    L’usine et sa disparition, le travail comme emploi et le travail comme structure de l’être-en-commun, le chômage comme manque de travail et le chômage comme « trouble d’identité », la distribution et la redistribution des travailleurs dans des espaces définis par leur distance avec le lieu du travail et ceux de la visibilité du commun, tout cela concerne le rapport de la configuration policière du sensible et des possibilités d’y constituer la visibilité d’objets litigieux et de sujets du litige. Le caractère de la combinaison de tous ces éléments appartient à un mode de visibilité qui neutralise ou accuse l’altérité de l’étranger. C’est de ce point de vue qu’on peut discuter la simple inférence du trop grand nombre des immigrés à leur indésirabilité. Manifestement, le seuil d’indésirabilité n’est pas affaire de statistique.

    Il y a vingt ans, nous n’avions pas beaucoup moins d’immigrés. Mais ils portaient un autre nom : ils s’appelaient travailleurs immigrés ou, tout simplement, ouvriers. L’immigré d’aujourd’hui, c’est d’abord un ouvrier qui a perdu son second nom, qui a perdu la forme politique de son identité et de son altérité, la forme d’une subjectivation politique du compte des incomptés. Il ne lui reste alors qu’une identité sociologique, laquelle bascule alors dans la nudité anthropologique d’une race et d’une peau différentes.

    Ce qu’il a perdu, c’est son identité avec un mode de subjectivation du peuple, l’ouvrier ou le prolétaire, objet d’un tort déclaré et sujet mettant en forme son litige. C’est la perte de l’un-en-plus de la subjectivation qui détermine la constitution d’un un-en-trop comme maladie de la communauté. On a célébré bruyamment la fin des « mythes » du conflit des classes et l’on est en même venu à identifier la disparition d’usines rayées du paysage urbain avec la liquidation des mythes et des utopies.

    Peut-être commence-t-on maintenant à percevoir la naïveté de cet « anti-utopisme ». Ce qu’on appelle fin des « mythes », c’est la fin des formes de visibilité de l’espace collectif, la fin de la visibilité de l’écart entre le politique et le sociologique, entre une subjectivation et une identité. La fin des « mythes » du peuple, l’invisibilité ouvrière, c’est le non-lieu des modes de subjectivation qui permettaient de s’inclure comme exclu, de se compter comme incompté.

    L’effacement de ces modes politiques d’apparence et de subjectivation du litige a pour conséquence la réapparition brutale dans le réel d’une altérité qui ne se symbolise plus. L’ancien ouvrier se scinde alors en deux : d’un côté, l’immigré ; de l’autre, ce nouveau raciste auquel les sociologues donnent significativement un autre nom de couleur, l’appelant « petit Blanc », du nom naguère attribué aux colons modestes de l’Algérie française.

    La division qui a été exclue de la visibilité comme archaïque reparaît sous la forme plus archaïque encore de l’altérité nue. La bonne volonté consensuelle propose en vain ses tables rondes pour discuter du problème des immigrés. Ici comme ailleurs, le remède et le mal font cercle. L’objectivation post-démocratique du « problème » immigré va de pair avec la fixation d’une altérité radicale, d’un objet de haine absolue, pré-politique. C’est du même mouvement que la figure de l’autre s’exaspère dans le pur rejet raciste et s’évanouit dans la problématisation de l’immigration.

    La visibilité nouvelle de l’autre dans la nudité de sa différence intolérable, c’est proprement le reste de l’opération consensuelle. C’est l’effacement « raisonnable » et « pacifique » de l’apparence dans l’exposition intégrale du réel, du mécompte du peuple dans le décompte de la population et du litige dans le consensus qui ramène le monstre de l’altérité radicale dans le défaut de la politique.

    C’est le décompte exhaustif de la population interminablement sondée qui produit, à la place du peuple déclaré archaïque, ce sujet appelé « les Français » qui, à côté des pronostics sur l’avenir « politique » de tel ou tel sous-ministre, se manifeste par quelques opinions bien tranchées sur le nombre excessif d’étrangers et l’insuffisance de la répression. Ces opinions, bien sûr, sont en même temps des manifestations de la nature même des opinions en régime médiatique, de leur nature en même temps réelle et simulée.

    Le sujet de l’opinion dit ce qu’il pense sur les Noirs et les Arabes sur le même mode réel/simulé selon lequel il est par ailleurs invité à tout dire de ses fantasmes et à les satisfaire intégralement au seul prix de quatre chiffres et d’autant de lettres. Le sujet qui opine ainsi est le sujet de ce nouveau mode du visible qui est celui de l’affichage généralisé, un sujet appelé à vivre intégralement tous ses fantasmes dans le monde de l’exhibition intégrale et du rapprochement asymptotique des corps, dans ce « tout est possible » de la jouissance affichée et promise, c’est-à-dire, bien sûr, promise à déception et conviée, par là, à rechercher et à pourchasser le « mauvais corps », le corps diabolique qui se met partout en travers de la satisfaction totale qui est partout à portée de la main et partout dérobée à son emprise. »

    [Jacques #Rancière , La Mésentente]
    #Racisme
    #Race
    #Peuple

    • Dit autrement, dans Aux bords du politique :

      Et peut-être faut-il alors repenser le sens de la division démocratique, penser que la guerre politique des partis et la guerre sociale des pauvres et des riches dont on se félicitait d’être sorti avaient, par elles-mêmes et dans leur entrelacement conflictuel, un pouvoir mal compris de remédier au mal radical. Comme si la guerre des pauvres et des riches avait aussi, à sa manière, pacifié une guerre plus ancienne. Comme si la double division du politique et du social avait une fonction régulatrice par rapport à ce déchirement plus radical que provoque une certaine passion de l’unité, en sorte que le retour des gestes et des charismes archaïques de l’apaisement serait corrélatif à l’effacement même de la division.

  • #Jacques_Rancière est longuement interviewé sur son dernier livre « la méthode de l’égalité ». Il évoque aussi sa pensée, sa méthode, son système philosophique, son travail sur les archives ouvrières notamment sur « la nuit des prolétaires » remarquable livre qui tend à décrire comment la classe ouvrière a rompu le cercle infernal de l’éternelle répétition du travail et du repos à travers la parole(les réunions), l’écrit (la correspondance, le récit)...
    On a coutume aujourd’hui d’opposer la pensée de #Pierre_Bourdieu à celle de Jacques Rancière, pour faire simple, l’un démontre (approche sociologique) que les structures (école, travail, éducation...) participent à la domination sociale et culturelle qui conditionnent les individus dans leurs fonctions (Bourdieu), l’autre (approche libertaire) prenant acte que la" parole" et la "conscience ouvrière" sont des facteurs qui produisent de la matière politique source d’émancipation ( Rancière). Pour ma part je ne tranche ni pour l’un ni pour l’autre je pense que ces deux systèmes sont complémentaires. Dénoncer les structures sans prises de conscience des dominés serait incomplet mais le contraire aussi.

    http://www.dailymotion.com/video/xx107q_jacques-ranciere-invite-de-en-direct-de-mediapart_new

    extrait du livre la méthode de l’égalité
    http://www.lieux-dits.eu/Presence/ranciere.htm

    Dans la pensée, il y a aussi des choses comme ça, des phrases qui vous construisent et avec lesquelles on élabore quelque chose qu’on met en rapport avec d’autres phrases venues d’ailleurs. Petit à petit, il se construit, à partir de ces refrains entêtants, une certaine forme d’intelligibilité d’un domaine, que ce soit la politique, la littérature, le cinéma ou que sais-je."p95

    "Mais aussi j’ai montré, dans l’analyse de l’émancipation, comment le problème n’était pas d’échapper aux griffes d’une sorte de monstre tentaculaire mais de concevoir la possibilité de mener d’autres vies que celle qu’on était en train de mener."p112

    "J’ai toujours essayé de dire qu’un être supposé fixé à une place était toujours en réalité participant à plusieurs mondes, ce qui était une position polémique contre cette théorie asphyxiante des disciplines, mais aussi une position théorique plus globale contre toutes les formes de théories identitaires. Il s’agissait de dire que ce qui définit les possibles pour les individus et les groupes, ce n’est jamais le rapport entre une culture propre, une identité propre et les formes d’identification du pouvoir qui est en question, mais le fait qu’une identité se construit à partir d’une multitude d’identités liée à la multitude des places que les individus peuvent occuper, la multiplicité de leurs appartenances, des formes d’expérience possibles."p113

    "Toute écriture un peu forte est une écriture capable de parcourir les plus grands espaces sans dire qu’elle les parcourt."p146

    « Qu’est-ce que le social pour moi ? C’est le lieu où opère constamment un conflit des compétences. Le social est le lieu où opère la question : est-ce que le fait que les ouvriers veulent gagner plus est une affaire privée ou non ? Il est le lieu où on pose la question de savoir si tel ou tel désagrément ou souffrance que vivent les gens est une pure affaire personnelle, privée, ou si c’est une question publique qui appelle une action collective. Le social est le lieu où se noue la question du partage. » p220

    bibliographie selective :
    – La méthode de l’égalité entretien avec Laurent Jeanpierre et Dork Zabunyan paru aux éditions Bayard

    –la nuit des #prolétaires existe en poche dans la collection Pluriel

    – la haine de la #démocratie paru aux éditions la Fabrique

    – Et tant pis pour les gens fatigués(livre d’entretiens) paru aux éditions #Amsterdam

    –Le #maitre_ignorant existe en poche dans la collection 10/18

    _ Bourdieu/Rancière de #Charlotte_Nordmann paru aux éditions Amsterdam

    #philosophie #Politique #Histoire #Archives #Peuple #Egalitarisme #Démocratie #Société #Gouvernance #Ouvriers #Travail #Révolution #Emancipation #Pédagogie #joseph_jacotot #livres #vidéo

    • Pas encore eu la patience d’attendre la fin des 40 (quarante !) secondes de pub pour écouter l’entretien...

      Un autre extrait de La méthode de l’égalité", DISPERSION DES IMAGES : UN AUTRE RÉGIME DE L’ART ?
      http://www.artpress.com/uploads/pdf/3680.pdf

      Le maître ignorant, première leçon
      http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=4348

      Quant à l’opposition Bourdieu/Rancière, il ne s’agit pas d’une « coutume » mais d’un différent intellectuel et politique réel, dont on trouve des prodromes dans le cinglant "La leçon d’Althusser" (1973, republié chez La fabrique) où J.R prend ses distances avec le scientisme althusserien, et aussi dans une revue, Les Révoltes Logiques, L’empire du Sociologue (1984), dont les textes ne semblent pas disponibles en ligne (un commentaire :" une concentration statistique sur l’identité des transmetteurs et des récepteurs des messages fige l’histoire, elle renvoie chaque groupe culturel à une position qu’il doit nécessairement, inévitablement occuper. Pour Bourdieu, chaque groupe social a son goût précis, et il y a des oeuvres d’art qui offrent des valeurs figées pour répondre aux besoins propres du groupe. L’oeuvre d’art devient un message qui dit toujours la même chose pour son groupe donné.").

      C’est en revanche il me semble suite à la publication du livre de Charlotte Nordmann (Bourdieu/Rancière, la politique entre sociologie et philosophie , 2006/2008) qu’il devient « coutumier » de chercher à penser une confrontation des travaux respectifs de l’un et de l’autre par de-là leur opposition.

  • #Jacques_Rancière : « La démocratie est née d’une limitation du pouvoir de la propriété »
    http://www.alternativelibertaire.org/spip.php?article1494

    Quelle place tient la critique de la propriété dans votre théorie de la démocratie ?

    Jacques Rancière : La démocratie est née historiquement comme une limite mise au pouvoir de la propriété. C’est le sens des grandes réformes qui ont institué la démocratie dans la Grèce antique : la réforme de Clisthène qui, au VIe siècle av. J.-C., a institué la communauté politique sur la base d’une redistribution territoriale abstraite qui cassait le pouvoir local des riches propriétaires ; la réforme de Solon interdisant l’esclavage pour dettes.

    Le principe démocratique, c’est l’affirmation d’un pouvoir de tous et toutes, d’un pouvoir des êtres humains « sans qualités » venant contrarier le jeu normal de la distribution des pouvoirs entre les puissances sociales incarnant un titre à gouverner : la naissance, la richesse, la science, etc. La démocratie est donc liée à une limitation du pouvoir de la propriété. Et il est clair que la démocratie est vivante là où elle est capable d’exercer cette limitation. Cela dit, il est également clair que l’idée démocratique ne porte pas en elle-même le principe et les moyens d’une suppression de la propriété. C’est pourquoi elle a été accusée d’être son simple alibi formel, et la « démocratie réelle » a été identifiée à la possession collective des moyens de production. On sait quel a été le destin de la « démocratie réelle » pratiquée dans les Etats soviétiques. Même pour ceux et celles qui n’ont jamais identifié contrôle collectif et dictature d’un « parti de classe », le contre-exemple de la dictature soviétique rend plus difficile de concevoir, dans le contexte d’une économie mondialisée, la forme que pourrait prendre un contrôle collectif sur les moyens de production et d’échange. Cela nous rend relativement démunis au moment où le pouvoir économique atteint les formes les plus radicales de son illimitation, où il s’identifie toujours plus au pouvoir des États et des grandes organisations interétatiques qui est, plus que jamais aussi, un pouvoir anti-politique, un appareil destiné à confisquer et à détruire la capacité collective. La critique de la propriété passe d’abord aujourd’hui par la lutte contre cette illimitation et cette fusion.

    Extrait de "la haine de la démocratie" paru aux éditions #La_Fabrique

    Les démocraties libérales ont un rapport ambigu vis-à-vis de la notion de démocratie. D’un côté, la démocratie est une notion revendiquée. Mais il s’agit d’un usage idéologique de cette notion dans la mesure où aucun régime ne peut être en réalité une démocratie. D’un autre côté, la notion de démocratie est critiquée. Ce qui est critiqué, c’est l’anarchie démocratique, c’est à dire justement le fait que personne ne soit fondé à avoir plus de compétence qu’un autre en matière politique. Par conséquent, la haine de la démocratie est en réalité une haine de l’égalité.

    Si nous ne vivons pas dans des démocraties et si la démocratie est anarchique, qu’est ce qu’alors une réelle démocratie ? Elle ne peut s’incarner dans aucune forme politico-juridique. Par conséquent, le régime représentatif, les élections au suffrage universel ne caractérisent pas la démocratie en soi. D’ailleurs, on le voit bien dans notre société puisque ces instruments peuvent être utilisés à leurs profits par les régimes oligarchiques.

    Il existe certes des règles qui permettent de rendre plus démocratique le système représentatif : « mandats électoraux courts, non cumulables, non renouvelables ; monopole des représentants du peuple sur l’élaboration des lois ; interdiction au fonctionnaire du peuple d’être représentant du peuple […] » (p.80). Mais rendre un régime plus démocratique ne signifie pas qu’il incarne en soi la démocratie.

    #Démocratie #République #Propriété #Sciences #Marxisme #Politique #Philosophie #Classes #Pouvoir #Etat #Domination #Capitalisme #Socialisme #Anarchisme #Bakounine #Livre

  • « L’éducation en questions : Que doivent savoir les Maîtres ? »
    Un entretien avec le philosophe #Jacques_Rancière auteur de l’indispensable « le maitre ignorant »

    http://www.franceculture.fr/emission-les-nouveaux-chemins-de-la-connaissance-l-education-en-questi

    Qu’elle soit sentimentale ou spécialisée, l’éducation a pour vocation première de faire sortir l’homme, comme la plante sort de terre et comme Hamlet sort de ses gonds. Ex ducere, conduire à l’extérieur, se libérer, oui mais par qui ? et vers où ? Si l’éducation est le modelage du matériau brut qu’est l’homme, la sculpture d’un donné naturel, alors qui est l’artiste, et quel modèle copie-t-il ? Même dans les cas d’écoles les plus libertaires, l’éducateur crée des hommes à son image, guide, endigue, hisse, pousse, martèle, encourage, contraint et libère, mais toujours en vue d’un but, d’une idée, d’une direction à suivre et d’une autre à éviter. Comment alors l’éducation, déterminée à la fois par le contenu et par la forme, c’est-à-dire par la nature des connaissances qui sont transmises et par la méthode choisie pour enseigner, peut-elle vraiment accroitre la liberté ?
    Comment enseigner des connaissances, des méthodes, des valeurs, tout en transmettant les outils qui permettent de les critiquer en retour ? et dès lors qu’elle est nationale, l’éducation peut-elle ne pas être normative ?

    Page Wikipédia consacré à #Joseph_Jacotot personnage central du livre de Rancière
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Joseph_Jacotot

    #Education #Pédagogie #Emancipation #Egalité #Transmission #hiérarchie #Savoir_empirique #philosophie #Ecole #Radio #Audio #Livre

  • Très bonne Préface à l’édition Brésilienne du « Maitre ignorant » de #Jacques_Rancière http://strassdelaphilosophie.blogspot.fr/2013/05/le-maitre-ignorant-jacques-ranciere.html

    Toutes les deux surtout sont enfermées dans le cercle de la société pédagogisée. Elles attribuent à l’Ecole le pouvoir fantasmatique de réaliser l’égalité sociale ou, à tout le moins, de réduire la « fracture sociale ». Mais ce fantasme repose lui-même sur une vision de la société où l’inégalité est assimilée à la situation des enfants en retard. Les sociétés du temps de Jacotot avouaient l’inégalité et la division en classes. L’instruction était pour elles un moyen d’instituer quelques médiations entre le haut et le bas : de donner aux pauvres la possibilité d’améliorer individuellement leur condition et de donner à tous le sentiment d’appartenir, chacun à sa place, à une même communauté. Nos sociétés sont loin de cette franchise. Elles se représentent comme des sociétés homogènes où le rythme vif et commun de la multiplication des marchandises et des échanges a aplani les vieilles divisions de classes et fait participer tout le monde aux mêmes jouissances et aux mêmes libertés. Plus de prolétaires mais seulement des nouveaux venus qui n’ont pas encore pris le rythme de la modernité ou des attardés qui, à l’inverse, n’ont pas su s’adapter aux accélérations de ce rythme. La société se représente ainsi à la manière d’une vaste école ayant ses sauvages à civiliser et ses élèves en difficulté à rattraper. Dans ces conditions, l’institution scolaire est de plus en plus chargée de la tâche fantasmatique de combler l’écart entre l’égalité proclamée des conditions et l’inégalité existante, de plus en plus sommée de réduire des inégalités posées comme résiduelles. Mais le rôle dernier de ce surinvestissement pédagogique est finalement de conforter la vision oligarchique d’une société-école où le gouvernement n’est plus que l’autorité des meilleurs de la classe. A ces « meilleurs de la classe » qui nous gouvernent se trouve alors reproposée la vieille alternative : les uns leur demandent de s’adapter, par une bonne pédagogie communicative, aux intelligences modestes et aux problèmes quotidiens des moins doués que nous sommes ; d’autres leur demandent à l’inverse de gérer, depuis la distance indispensable à toute bonne progression de la classe, les intérêts de la communauté.

    #Education #pedagogie #Autonomie #philosophie #Emancipation #Joseph_Jacotot

  • Who the Fuck is Jacques Ranciere ? : : Critical-Theory.com
    http://critical-theory.com/who-the-fuck-is-jacques-ranciere

    Un site qui gagne à être connu - on rigole bien ("Slavoj Zizek Animated", le cours de Zizek en dessin animé, est bien aussi).

    There was this dude named Jacotot, and he was awesome. He was a French guy who went to teach in Belgium after the French Revolution. He was teaching French, but his students only spoke Flemish. He, by the way, did not speak Flemish. So doing what any responsible teacher would do, Jacotot gave them a recent version of this book Telamaque that had the French on one side of the page and the Flemish on the other side and said : figure it out.

    And they did.

    #Rancière #Althusser #Badiou #Police #Démocratie #Jacotot