person:jacques rueff

  • #Jacques_Rueff, une voix libérale dans le désert étatiste français
    https://www.mediapart.fr/journal/economie/080316/jacques-rueff-une-voix-liberale-dans-le-desert-etatiste-francais

    Libéral affiché au cœur de l’État français, Jacques Rueff était tout sauf un économiste en chambre. Lecture d’une biographie longtemps attendue, à travers le prisme d’une actualité économique et monétaire dont les dérives redonnent crédit à son œuvre théorique et pratique.

    #Economie #banques_centrales #Charles_de_Gaulle #colloque_Lippmann #étalon-or #franc_Poincaré #Gérard_Minart #John_Maynard_Keynes #libéralisme #livres #Wolfgang_Schauble

  • Oublier les « Nobel » et... vaincre le chômage

    Elles concluent au contraire que les allocataires du revenu minimum d’insertion (RMI) sont nombreux à chercher activement des emplois, y compris dans les cas où une embauche ne s’accompagnerait pas de gain financier. N’en déplaise à Jacques Rueff et à ses héritiers, l’effet décourageant des allocations chômage n’a donc rien d’évident. Ainsi, des pays tels que la Suède et le Danemark ont pu obtenir les niveaux d’#emploi les plus élevés d’Europe en combinant des allocations #chômage élevées et des dépenses publiques conséquentes en matière d’emploi — incluant des mesures dites « actives », qui garantissent aux chômeurs aide, conseils et formations. Malheureusement, les « réformes » introduites ces dernières années par les gouvernements de centre droit ont, comme ailleurs, durci les critères d’indemnisation, réduit le montant des allocations et renforcé les exigences à l’égard des chômeurs, notamment concernant les offres d’emploi considérées comme « acceptables » (5).

    La deuxième raison de l’égarement des lauréats tient à ce que, douée d’une formidable capacité de tri dans ses observations du réel, la pensée dominante a, depuis trente ans, systématiquement occulté… la possibilité même des crises financières, ainsi que les mécanismes de formation de la demande dans les économies capitalistes. D’autres économistes, certainement moins distingués, s’y sont cependant attelés.

    L’Américain Hyman Minsky (1919-1996), par exemple, a souligné le caractère inéluctable des crises dans une analyse que l’on pourrait résumer ainsi. Durant les périodes de calme et de croissance, les acteurs des marchés financiers tendent à oublier les crises précédentes. Ils se détournent progressivement des placements peu risqués mais raisonnablement rentables, au profit de placements de plus en plus hasardeux dont la rentabilité espérée est bien supérieure. La prise de risque augmentant progressivement, les investisseurs finissent par prendre des positions financières qui ne pourront être refinancées que par de nouveaux emprunts. Quand le niveau des créances devient insoutenable (en décalage avec les revenus espérés), l’ensemble du système finit par s’effondrer. C’est pendant ces périodes d’assèchement des liquidités que le cycle économique se retourne : l’#économie réelle ne trouvant plus à se financer, la croissance se dégrade, les entreprises licencient, le chômage explose.

    Cette première explication doit être combinée avec une deuxième, développée dans la lignée des travaux de l’économiste polonais Michal Kalecki (1899-1970). Les politiques de modération salariale menées depuis le début des années 1980 ont provoqué une #redistribution importante de la valeur ajoutée — des salaires vers les profits —, de l’ordre de 5 à 10 points de produit intérieur brut (PIB) suivant les pays… ce qui est sans précédent. La faiblesse relative des salaires a poussé les ménages à s’endetter auprès d’intermédiaires financiers, qui ont estimé judicieux de transférer la charge du risque de ces prêts sur les marchés financiers en les « titrisant », alimentant ainsi une dynamique qui a débouché sur la crise financière de 2007. Ce cercle vicieux a été renforcé et aggravé par le fait qu’une grande partie de la valeur ajoutée nouvellement affectée aux profits a délaissé les investissements productifs, pour leur préférer les placements sur les marchés financiers. Au total, la déformation de la valeur ajoutée a fortement pénalisé la croissance et l’emploi, puisque, dans les économies capitalistes développées, la demande globale reste structurellement tirée par les salaires, non par les profits.

    De telles analyses débouchent sur des recommandations de politiques économiques très différentes de celles qu’avancent les économistes distingués par la Banque de Suède. En voici les grandes lignes. Pour lutter contre le chômage, les gouvernements devraient réguler les pratiques financières et s’employer à ce que les profits alimentent avant tout l’investissement. Il faudrait renforcer le rôle des syndicats, consolider le droit du travail, lancer un processus de négociations salariales et œuvrer à une meilleure répartition de la charge de l’impôt entre les classes moyennes et les classes aisées (6).

    , par Dany Lang et Gilles Raveaud (Le Monde diplomatique)
    http://www.monde-diplomatique.fr/2010/11/LANG/19836