person:james stewart

  • Pour ma sortie de l’hôpital, pas très mobile, sur béquilles, ne pouvant pas sortir de chez moi, luttant pas mal à la fois contre la douleur après le choc opératoire orthopédique et une certaine forme d’anxiété post anesthésie, mes enfants ont été très gentils avec moi, notamment les grands. Jusqu’à mon gendre, que je ne connais pas bien, et qui a eu la gentillesse de me créer un compte à un service de vidéo à la demande grâce auquel je pourrais regarder autant de films que je veux.

    Je n’ai pas la télévision. Je ne peux pas dire que je ne l’ai jamais eue, mais les quelques fois où je l’ai eue, cela n’a pas duré très longtemps et ce n’était jamais de mon fait, je peux donc dire que les rares fois où j’ai eu la télévision c’était de manière indirecte. Et chaque fois quelques réflexes assez sains de ma part ont fait que je l’ai regardée très peu et de biais.

    Et du coup sans aucune culture télévisuelle, pour singer Grégoire Bouillier dans Le Dossier M. ,la télévision, pour moi, s’est arrêtée dans les années septante, avec la fin de Zorro et l’avénement de Dallas, sans toile de fond télévisuelle donc, j’ai été dans un très grand embarras pour ce qui est de renseigner utilement mon profil pour ce service de video à la demande. Rien que pour le choix de l’image de profil cela n’a pas été simple, puisque m’ont été présentées des centaines de petites vignettes à l’effigie de toutes sortes de personnages auxquels j’ai vraiment peiné à m’identifier, j’ai fini par choisir celui d’un gros animal gris qui a l’air un peu triste, c’était ce qu’il y avait de plus ressemblant.

    Ensuite il a fallu que je choisisse trois films préférés. J’ai cherché La Grande Illusion de Jean Renoir, Nostlaghia d’Andreï Tarkovsky et La Dolce Vita de Federico Fellini, mais force est de constater que cela ne faisait pas partie des choix proposés au contraire de quelques centaines de films dont je n’avais jamais entendu parler. J’ai fini par en prendre trois par défaut et complètement au hasard, notamment un parce qu’il y avait un avion de chasse sur l’affiche et j’aime bien les avions (mon papa était pilote).

    Et à partir de là j’ai décidé de me laisser entièrement faire, de me soumettre à la logique da l’algorithme.

    Après deux semaines d’un ou deux films par jour et de quelques épisodes de séries butinés en suivant les recommandations de l’algorithme, je pense qu’il est temps de faire la liste de toutes les choses dont je suis désormais persuadé. Au plus profond de moi.

    Quand une personne est filmée en train de dire au revoir à ses enfants avant de monter dans sa voiture, une fois sur deux cette dernière explose. Ce qui est très triste. Pour les enfants en question, qui deviennent soit, des terroristes plus tard, soit, au contraire, des spécialistes du déminage.

    Conviction #1

    Le terrorisme, surtout celui islamiste, est le seul vrai cancer de notre société. C’est un cancer prioritaire. Et il ne semble pas y avoir de lien entre la géopolitique, la politique, l’économie, l’écologie et le terrorisme. Pour s’attaquer au terrorisme, il n’existe qu’un seul moyen l’usage de la force contre la force.

    Conviction #2

    Les pays occidentaux ont tous une règle d’or, on ne négocie JAMAIS avec les terroristes, c’est souvent répété, cela doit avoir son importance.

    Conviction #3

    Il ne faut pas généraliser, il existe de très bons Musulmans, de véritables savants qui sont capables de réciter toutes sortes de sourates qui arrivent à point nommé en contradiction des messagers de la haine qui, eux, ont lu le Coran à l’envers, enfin vous voyez ce que je veux dire (je dis cela parce que des fois on voit des Occidentaux qui trouvent un exemplaire du Coran, souvent dans le voisinage d’explosifs et de munitions, à croire que les Islamistes n’ont qu’un seul livre dans leur bibliothèque dans laquelle, par ailleurs, ils et elles rangent leur arsenal, et ces Occidentaux qui n’ont pas l’air d’être au courant qu’ils ou elles le regardent à l’envers par rapport à son sens de lecture original).

    Conviction #4

    Par bonheur des hommes et des femmes au courage immense et à la tête de moyens techniques considérables et sophistiqués ne comptent pas leurs heures pour ce qui est de poursuivre les terroristes. Nous allons le voir on est vraiment dans le sacrifice personnel.

    Conviction #5

    Sans les caméras de surveillance omniprésentes dans des villes comme Londres ou New York, on serait foutu et toutes et tous tués par des terroristes, surtout des kamikazes, qui souvent ne sont que des lâches et qui n’ont pas toujours le courage de se suicider, en fait.

    Conviction #6

    Les hommes et les femmes, mais surtout les hommes, qui risquent tous les jours leurs vies pour que nous on puisse continuer de se bâfrer au barbecue en continuant de roter des bibines en marge de matchs de baseball entre copains, sans craindre qu’à tout moment, nous soyons les victimes d’attaques terroristes absolument dévastatrices, ces hommes et ces femmes donc ne dorment presque jamais et sacrifient leur vie privée dans les grandes largeurs mais ces hommes sont souvent mariés à des femmes qui comprennent qu’un tel devoir passe avant toutes choses et que leurs maris font cela pour le bien du pays et il n’y a pas de plus grands enjeux que le bien du pays et la sécurité nationale. Ce sont aussi elles les héroïnes de la sécurité nationale. Et plus tard les enfants nés de telles unions reprendront le flambeau. Bon sang ne saurait mentir. Surtout si l’un de ces parents est mort dans la lutte antiterroriste, a fortiori dans l’explosion de sa voiture piégée un matin en partant au travail.

    Conviction #7

    Parfois des agents, des policiers, des militaires, bref des personnes qui luttent contre le terrorisme se sacrifient pour éviter des massacres, le plus souvent ces héros qui font le sacrifice ultime sont noirs. Leurs enfants reçoivent alors un drapeau américain plié en triangle. Ce qui est une très belle récompense, ces enfants, souvent des garçons, consolent courageusement leur mère, qui, elle, une femme, pleure comme une madeleine. Faut dire aussi, c’est un peu triste. Mais elles finissent par comprendre la nécessité de ce sacrifice et même elles en conçoivent une grande fierté. Elles ne se remarient jamais.

    Conviction #8

    Ce n’est pas de gaité de coeur que les forces de l’ordre sont parfois contraintes à recourir à la violence et à la torture pour tenter d’extraire in extremis des informations qui vont sauver des centaines, parfois des milliers, de personnes innocentes et c’est tellement pas de gaité de coeur qu’en général de telles scènes de torture sont super bien filmées pour bien montrer que c’est nécessaire. A vrai dire dans les films pas une scène de torture qui ne vienne apporter une information cruciale, ce qui équivaut à dire : la torture cela marche. Ici je glisse une remarque qui ne concerne pas totalement le terrorisme, mais quand ce sont des Nazis de la Seconde guerre mondiale (parce que j’ai aussi regardé deux films dont l’action était située pendant l’occupation) qui torturent des résistants, la torture alors ne fonctionne pas à tous les coups, sauf auprès des plus faibles, des lâches qui n’étaient sans doute pas de vrais résistants, qui finissent par donner les noms de grands chefs de la résistance, qui, sans cette traitrise, ne seraient jamais tombés.

    Conviction #9

    De même lors des interrogatoires d’éventuels complices de terrorisme les enquêteurs et enquêtrices font souvent des propositions de marché avec les personnes qu’elles interrogent et elles respectent TOUJOURS leur parole, c’est à ce genre de choses que l’on voit que ce sont des personnes d’une droiture exceptionnelle parce qu’elles parviennent toujours à surmonter leurs préjugés, mais c’est quand même souvent qu’ensuite les complices de terrorisme déçoivent et trahissent cette confiance et cette droiture, parce qu’on ne peut vraiment pas leur faire confiance. Et le plus souvent quand ces personnes rejoignent inexorablement les forces du mal, au cours d’actions dangereuses les personnes de l’antiterrorisme les tuent dans des cas probants d’autodéfense. Comme ça c’est réglé. Ces terroristes et ces complices ont eu leur chance mais n’ont JAMAIS su en profiter.

    Conviction #10

    Les forces de l’ordre ne sont jamais racistes. Il arrive que certaines personnes des forces de l’ordre aient des préjugés raciaux mais c’est souvent facilement explicable parce qu’en fait le neveu de la belle soeur d’un collègue de leur jardinier faisait partie des victimes de nine eleven, mais par la suite leur partenaire, leur binôme qu’ils et elles n’ont pas choisi, parfois issu de l’immigration récente, arrive à leur montrer qu’il faut surmonter de telles douleurs. Et ils et elles y arrivent très bien. Et à la fin c’est souvent accolades et embrassades à tout va. C’est assez viril et chaleureux, de cette sorte d’accolade américaine dite Hug dans laquelle le fracas des tapes dans le dos est tel qu’il couvre tout potentiel érotique dans le rapprochement des deux corps.

    Conviction #11

    Dans les hommes et les femmes politiques, il y a deux sortes de personnalités, les manipulatrices dont on finit TOUJOURS par découvrir qu’ils et elles ont trempé dans toutes sortes de combines qui les ont enrichies et souvent en mettant la vie des forces de l’ordre et des forces militaires en danger, tout ça pour leurs intérêts personnels (ce qui est quand même très mal), et d’autres qui ont plus des profils d’underdogs et qui finissent TOUJOURS par triompher en dépit d’un parcours jonché d’embûches dont ils et elles se relèvent TOUJOURS. Et à la fin ce sont elles et eux qui sont élus et tout redevient normal et pacifié.

    Conviction #12

    Bien souvent le grand public n’a pas la plus petite idée des épouvantables menaces qui pèsent sur lui à tout moment, périls qui sont heureusement évités in extremis par les forces de l’ordre qui sont toujours là au bon moment, qui sont des héros, ce que l’on sait rarement, et qui ne demandent rien de plus pour de tels actes de bravoure, que des salaires modestes et de pouvoir humer l’air de la ville en paix un vendredi soir et savoir, au plus profond d’eux et d’elles-mêmes, que si ce n’est que rires, fêtes et insouciance autour d’elles et eux, c’est grâce à ce travail de l’ombre qui n’a pas d’autre reconnaissance. Mais cela leur suffit amplement.

    Conviction #13

    En fait tous les peuples sont amis, c’est juste quelques tarés, notamment islamistes, qui font régner la terreur parce qu’ils et elles voudraient qu’on soit tous religieux de la même manière, la leur, mais heureusement, Dieu merci, il y a des hommes et des femmes d’exception qui veillent sur nous.

    Conviction #14

    La vidéosurveillance c’est très important, ça permet de surveiller les terroristes avant qu’ils et elles n’aient le temps de perpétrer un attentat, ou, si les terroristes parviennent quand même à faire exploser leur bombe ou que sais-je, ça permet de reconstituer la manière dont ils et elles ont procédé et de retrouver leurs complices. La vidéosurveillance est au coeur de tout, sans elle aucun espoir. Les professionnels de la vidéosurveillance savent tout de suite qui est qui sur les images, les personnes comme vous et moi qui ne font rien de mal, et qui n’ont rien à cacher, et les terroristes, à vrai dire les personnes derrière les écrans de vidéo surveillance sont tellement débonnaires que des fois elles voient de petits larcins en direct mais comme elles ont d’autres chats à fouetter, elles ferment gentiment les yeux sur ces délits mineurs, presque elles feraient des compilations de ces petits délits pour les fêtes de fin d’année dans le service, c’est vraiment vous dire que la vidéo surveillance c’est pour les terroristes. Qui sont ultra-minoritaires.

    Conviction #15

    Il arrive parfois, malgré tout, que certaines choses se superposent à la vidéo surveillance ou que les forces de l’ordre mal renseignées commettent des erreurs et arrêtent momentanément des personnes qui ne sont pas du tout impliquées dans le terrorisme, de telles erreurs sont toujours très vite corrigées et les forces de l’ordre admettent volontiers leurs erreurs et produisent des excuses sincères qui sont bien comprises et bien acceptées, surtout quand on explique à ces personnes arrêtées par erreur qu’il y avait des enjeux de sécurité nationale et on s’excuse, ne vous excusez pas vous ne pouviez pas savoir.

    Conviction #16

    Grâce à une technologie d’extrême pointe, les services antiterroristes parviennent à faire survoler n’importe quel endroit de la planète instantanément avec des satellites et des drônes qui leur permettent systématiquement de déterminer qui est qui qui dit quoi à qui et qui qui donne quoi à qui etc… La technologie de pointe en question est tellement puissante qu’elle ne semble jamais sujette à la moindre défaillance et semble produire des temps de réponse prodigieusement instantanés et exempte de tout décalage horaire, le contribuable en a pour son argent question technologie et moyens techniques.

    Conviction #17

    Quand un ou une responsable entre dans une réunion, dès qu’il ou elle enfonce rageusement une touche de la télécommande du vidéo projecteur, on tombe pile sur la bonne image, le bon enregistrement, la bonne photocopie du bon document. La technologie est notre meilleure amie. Et les personnes de l’antiterrorisme qui l’utilisent n’ont généralement qu’une seule commande à taper sur leur clavier pour faire apparaitre à l’écran suspects et preuves.

    Conviction #18

    Les personnels des différentes agences qui luttent contre le terrorisme ont souvent des scrupules à propos de la manière dont elles obtiennent des informations, notamment grâce à la technologie, il y a des tas de contraintes juridiques qui sont suivies à la lettre et, seulement de temps en temps, quand vraiment il s’agit de sauver des centaines de vies, alors il arrive que l’on enfreigne de telles limitations juridiques, mais par la suite on se rend bien compte que c’était un mal nécessaire et que de toute manière tout le monde n’a rien à cacher donc c’est un moindre mal.

    Conviction #19

    Les hommes et les femmes politiques qui sont en première ligne de la sécurité nationale n’ont pas nécessairement d’ambition politique, ce serait mal les connaitre et les juger, leur première préoccupation c’est de servir le pays et ses habitants.

    Conviction #20

    Toutes les différentes agences anti terroristes travaillent main dans la main et parviennent parfaitement à mettre de côté leurs éventuels différends quand il s’agit de lutte contre le terrorisme, il y a même parfois des rencontres étonnantes entre les personnels de ces différentes agences qui peuvent aller jusqu’à l’amour charnel.

    Conviction #21

    A la Maison Blanche personne ne dort plus de trois heures par nuit. Et quand le président des Etats-Unis recommande à ses aides de rentrer chez eux pour aller faire une bonne nuit de sommeil parce que la journée de demain est porteuse de nouveaux défis, en général il est déjà bien plus de minuit. C’est aussi cela servir.

    Conviction #22

    Quand un ou une agente spéciale s’approche d’un ordinateur, il ou elle n’a généralement pas besoin ni de le démarrer ni de se connecter, encore moins de lancer le programme dont il ou elle a besoin, direct il ou telle tape les termes de sa recherche et en général le temps de réponse est instantané et souvent s’affiche automatiquement sur un grand écran où ses supérieurs peuvent constater qu’il ou elle trouve beaucoup plus souvent qu’il ou elle ne cherche.

    Conviction #23

    A vrai dire les personnes qui travaillent à l’antiterrorisme cherchent peu et trouvent rapidement. Ils sont très forts. Ils ne se trompent presque jamais. Et quand ils sont dans l’erreur, c’est seulement momentané, et quand ils et elles finissent par recoller les morceaux du puzzle alors Gare !

    Conviction #24

    Les rapports que le président des Etats-Unis entretient avec les autres dirigeants sont systématiquement cordiaux et pondérés sauf quand les dirigeants de petits pays insignifiants commencent à casser un peu les couilles du président et alors le ton monte et le président des Etats-Unis menace de l’usage de la force en faisant par ailleurs état d’un truc que ses services secrets ont découvert récemment et c’est la déconfiture du dirigeant du petit pays insignifiant, il faut voir sa tête.

    Conviction #25

    Pour travailler à la Maison-Blanche, il est recommandé aux femmes d’avoir de jolies jambes et de belles poitrines. Quand une femme a plus de cinquante ans elle est impérativement première ministre d’un autre pays. Elle n’est alors plus tenue d’avoir de jolies jambes et ou une belle poitrine.

    Conviction #26

    Les enquêtes de l’antiterrorisme vont à toute allure, une autopsie peut ne prendre d’une petite heure, une analyse balistique est en général instantanée, de même que d’éplucher des relevés bancaires d’un magnat de la drogue, il faut dire avec les moyens techniques qu’on leur alloue c’est un peu normal non ? Et c’est même pour cela qu’on les leur alloue, c’est pour le bien et la sécurité de toutes et tous.

    Conviction #27

    Les terroristes islamistes ont vu, et étudié dans le détail, The Mandchourian Candidate de John Frankheimer donc quand ils rendent de prisonniers et des otages, on n’est jamais trop prudents pour ce qui est de les surveiller étroitement parce qu’il y a de grandes chances pour qu’ils soient devenus des terroristes islamisées eux-mêmes.

    Conviction #28

    On peut TOUJOURS se fier à des agents du Mossad.

    Conviction #29

    Il arrive parfois que des agents et des agents de l’antiterrorisme outrepassent leurs droits, notamment dans la surveillance de quidams, ils et elles en ont parfaitement conscience, mais ils et elles suivent des intuitions imparables et voient des postes que personne n’avaient vues avant elles et eux, et même ils et elles jouent souvent leur carrière dans de telles enfreintes de la loi, mais par la suite on trouve toujours un juge ou que sais-je pour reprendre la situation et lui donner des allures légales.

    Conviction #30

    Quand une agence ou un agent de l’antiterrorisme est tellement pris par le travail qu’il ou elle en arrive à manquer l’anniversaire d’un neveu ou d’une nièce adorées, il ou elle trouve toujours le moyen de se faire pardonner auprès de l’enfant et de ses parents, avec les parents c’est facile il suffit d’invoquer le devoir et la sécurité nationale.

    Parallèlement à toutes mes convictions nouvelles en matière de terrorisme j’ai également appris que le soleil ne se couchait jamais dans le monde de l’antiterrorisme, il n’y a pas de décalage horaire très marquant entre le Moyen Orient et les Etats-Unis d’Amérique (pas même à l’intérieur même des Etats-Unis), que les rues de New York et d’autres grandes villes avaient été interdites d’accès aux personnes obèses, aux vieilles personnes et aux personnes vagabondes, qui quand elles apparaissent sont le plus souvent des agents sous couverture, que dans un film qui traite de terrorisme plus historique, en décembre 1975, à Vienne en Autriche, il y avait encore des feuilles aux arbres, que pour les besoins d’un scénario, des jeux olympiques pouvaient avoir lieu, à tout moment, et là au feuillage vert printemps des arbres, on peut penser que désormais les JO d’été ont lieu en avril. Il est également possible de copier le contenu d’un disque dur ou d’un serveur en une poignée de secondes sur des cartes mémoires ultra compactes, sont bien équipés les gus.

    Bref ça file un peu les jetons tout de même ce terrorisme, surtout celui islamiste mais bon on est quand même bien protégés, par des gars et des filles qui sont prêtes à se sacrifier pour nous et qui peuvent s’appuyer sur des caméras de surveillance un peu partout, ce serait même bien d’en mettre davantage.

    #pendant_qu’il_est_trop_tard

    • @aude_v J’ai mis un moment avant de comprendre ta question, je présume que tu parles d’une série qui s’intitule 24 heures chrono . Je n’ai pas regardé une série entière, d’ailleurs je ne suis pas sûr d’avoir regardé un épisode de quelques séries que ce soit en entier, j’ai butiné pour ce qui est des séries qui est un format qui me convient mal. Les films en revanche je les ai tous, presque tous, regardés en entier pour mieux forger mes nouvelles convictions.

    • @philippe_de_jonckheere , ton texte m’a rappelé celui ci :

      https://lundi.am/Mieux-comprendre-la-police-avec-Engrenages

      Engrenages est une série policière française. A chaque saison la même équipe d’enquêteurs va résoudre un meurtre. A chaque fois la victime était en lien avec un milieu différent. A la saison 4, ce fut celui des « jeunes autonomes ». Le portrait qu’en fit cette série fut terrifiant.

      Ce texte, dans un style lundimatin, partait de cette saison pour en tirer quelques réflexions sur la police.

    • @parpaing

      Je n’avais pas vu passer ce texte sur Lundimatin ou alors j’avais du juger hâtivement que je n’en tirerais pas bénéfice parce que cela parlait de la télévision, domaine dans lequel je n’ai donc aucune connaissance et ne souhaite pas en acquérir. Mais oui, bien sûr, nous parlons bien de la même chose.

      Et tu vois il faut croire que je suis constant sur cette ligne parce que ton commentaire m’a rappelé ces deux passages de Raffut

      … mais le téléphone a sonné, j’ai pensé que ce serait la mère d’Émile qui me rappellerait, ça va vous suivez toujours ? Mais non, il s’agissait du gardien de police qui me disait que la garde à vue de l’agresseur de votre fils va être prolongée de vingt-quatre heures, d’une part parce que les témoignages sont non concordants sur les causes du différend, mais aussi parce que le procureur de la République, quand on y pense, procureur de la République, ça en impose salement, on imagine facilement quelque patriarche à barbe blanche et fort coffre tonnant des rodomontades contre les impétrants, poursuivant de tirades quasi en alexandrins des aigrefins au ban de la société bien gardée, et la bonne morale avec elle, par pareil cerbère, bref le procureur de la République demande que votre fils soit présenté dans un institut médicolégal pour être examiné par un médecin légiste. Alors là autant vous le dire tout de suite j’ai beau ne pas être particulièrement spectateur d’une part de la télévision, je n’ai pas la télévision, ni, d’autre part, de films policiers, genre que je déteste, sur le sujet j’ai même des vues assez tranchées, j’aimerais en effet qu’on m’explique, une mauvaise fois pour toutes, comment il se fait que l’on dépense, que l’on ait dépensé, des hectomètres de pellicule de cinéma tout à la gloire de l’action policière, et pour ainsi dire pas du tout, peut-être quelques centimètres de-ci de-là, pour les éboueurs, dont l’action est à mon sens plus urgente, quotidienne, leurs rares grèves nous le rappellent chaque fois, que celle plus ponctuelle et exceptionnelle de la police, mais je m’emporte, il n’empêche, nul n’entend la phrase pour que votre fils soit examiné par un médecin légiste sans imaginer votre fils allongé sur une paillasse, le ventre ouvert et froid, un médecin légiste poussiéreux, c’est le même acteur que pour le procureur de la République, mais mal rasé et légèrement grimé, le médecin légiste poussiéreux, donc, notant scrupuleusement le poids de chaque organe pour mieux se prononcer sur les causes de la mort de votre fils tout en statuant que par ailleurs, de toute façon, il était condamné par une leucémie qui n’avait pas encore été décelée, quand on n’a pas la télévision et qu’on ne la regarde pas, voire jamais, on la regarde encore trop.

      Et

      Et que les deux nuits que Youssef avait passées au commissariat aient été, pour l’avocat, la première, l’occasion d’une bonne soirée télévision, la chaîne Arte entamait un cycle consacré au cinéaste Otto Preminger, avec ce soir-là donc, Autopsie d’un meurtre avec James Stewart et la musique de Duke Ellington, c’était le lm préféré de tous les avocats et celui de Youssef ne dérogeait pas à la règle, et la deuxième, d’un dîner, le mardi soir donc, chez des amis, lui est avocat aussi et elle, organisatrice de séminaires dans le monde des a aires, oui, un mardi on s’excuse mais avec l’emploi du temps de ces mes- sieurs on ne va pas reporter le dîner aux calendes grecques, là aussi le cinéma, surtout lui, nous o re une très vaste palette des tranches de vie que l’on prête aux avocats, notamment une vie sociale riche et intense en même temps que simultanée à des a aires complexes, nécessairement complexes, qu’ils ont à traiter et qui peuplent leur esprit jusqu’à un encombrement qui les empêche de pro ter pleinement de cette vie sociale enviable seulement en apparence. Décidément on ferait bien de s’interroger sur cette propension du cinéma de fiction à brosser d’aimables tableaux d’une certaine catégorie sociale, en plus d’un cinéma tout acquis aux œuvres policières.

  • Bell, Book and Candle
    http://www.nova-cinema.org/prog/2017/162-i-put-a-spell-on-you/i-put-a-spell-on-you/article/bell-book-and-candle

    Richard Quine, 1958, US, DCP, VO ANG ST FR, 106’

    Le titre fait référence à une cérémonie d’excommunication majeure dans le catholicisme romain du IXe siècle. La cloche représentait le caractère public de l’acte, le livre l’autorité des paroles prononcées, et on a cru que la chandelle symbolisait la possibilité que l’interdiction soit levée, mais non... Ici « l’adorable voisine » (titre français) souhaite tomber amoureuse. Or, en tant que sorcière, seul le désir lui est permis. Renouant avec le duo d’amoureux luttant déjà contre leur Némésis dans « Vertigo » d’Alfred Hitchcock, Kim Novak et James Stewart prouvent à nouveau leur complémentarité : Gil use de son regard ensorcelant pour émouvoir son voisin Shep sur le point de se marier. Mais ce ne sont pas des méthodes respectables, l’anathème (...)

  • Hollywood et la théorie de la conspiration
    http://www.dedefensa.org/article/hollywood-et-la-theorie-de-la-conspiration

    Hollywood et la théorie de la conspiration

    Certains pensent qu’Hollywood est une des simples agences de notre bon Etat profond US. On sait par exemple que la CIA a imposé dans le monde les musées actuels et l’expressionnisme abstrait, bref toute l’entropie artistique contemporaine. Les patrons de la CIA sont ces « fils à papa sortis de l’Ivy League » (Manfred Holler) qui ont toujours géré au mieux les intérêts financiers et les collections d’art des familles à Wall Street ; d’autre part les grandes stars (Fred Astaire, John Wayne, James Stewart) ont toujours accompagné l’agenda impérial américain. On sait aussi que l’Exorciste de Friedkin fut produit et écrit par William Peter Blatty (CIA officiel) et servait un objectif de reprise en main des populations en occident ; il servit peut-être aussi à justifier (...)

  • J-91 : Voilà typiquement comment se passe le travail d’équipe quand j’écris un roman. Je sais travail d’équipe pour écrire un roman cela jure un peu, mais je m’en voudrais que certaines contributions, majeures, soient ignorées.

    D’abord j’écris tout seul dans mon coin. C’est classique, je n’invente rien. Je lis, je relis ce que j’ai écrit, je le transforme, j’ajoute, je retire, je modifie, j’enlève l’excédent de gras, en général j’en ajoute ailleurs, je ne peux pas me retenir, en fait j’imprime le texte, et à force de corrections j’en produis une nouvelle version que j’imprime, et je recommence corrections, suppressions et rajouts, je réimprime et je recommence. Je fais cela une douzaine de fois. Dans les dernières fois je refais des passes avec une thématique, une passe pour la concordance des temps un de mes écueils. Une passe pour la ponctuation. Un autre de mes écueils. Une passe, très acrobatique, pour tenter d’endiguer le flux important de mes phrases qui ont ni queue ni tête, qui, à force de digressions, de précisions et de parenthèses et autres incises entre tirets cadratins, en ont perdu jusqu’au verbe. Et puis arrive un moment, plus ou moins à la douzième passe, je me dis que cela commence à tenir la route, c’est alors que je l’envoie à deux amis très sûrs, Sarah et Julien.

    Et là, cela ne rigole pas.

    Pour vous donner une idée, Sarah s’est penchée sur Une Fuite en Egypte ce qu’elle a accepté de faire en me demandant de supprimer les dix premières pages du livre, beaucoup trop sauvages, dures, on n’a pas le droit d’agresser pareillement les lecteurs, et ensuite le vrai travail a commencé. Ce sont donc trois ou quatre relectures avec pléthore de corrections qui ont été apportées au texte, toutes, ou presque, qui avaient le souci de veiller à sa fluidité.

    Et j’étais loin de me douter qu’une fois tout ce travail fait en amont, quand le texte a finalement été accepté chez l’éditeur, il y a eu encore plusieurs relectures, celle de l’éditeur qui m’a demandé la suppression de deux passages — dont l’un, c’est vrai, qui m’avait été signalé par Sarah comme tendancieux et inutile, j’aurais dû l’écouter — lesquelles suppressions m’ont demandé trois relectures pour m’assurer que les rustines que j’avais produites pour masquer ces deux suppressions étaient étanches et ne généraient pas de potentielles incompréhensions par la suite, ou en amont, nouvelle relecture de l’éditeur avant que le texte ne parte en composition et corrections et là je ne sais pas combien de fois une certaine Mathilde a de nouveau relu le texte pour y dénicher une bonne vingtaine de corrections à faire parmi lesquelles un travail de déminage de mes doubles négatives.

    On doit dépasser les vingt relectures.

    C’est Julien qui s’est collé à Raffut.

    Julien a un style de relecture très différent de celui de Sarah. Là où Sarah avait commencé par le gros œuvre, l’ablation des dix premières pages, Julien a commencé par les travaux de réparation, ou comment quelques virgules redistribuées aux bons endroits permettent à certaines de mes phrases au long cours de tenir la route. Et une fois que tout a été remis d’aplomb, Julien a eu cette vision d’ensemble que je n’aurais pu avoir : il fallait reprendre la ponctuation d’une partie molle du récit, celle de l’articulation entre ses deux parties, celle des suites immédiates de l’agression et celle de la comparution immédiate au tribunal. Et le conseil fort judicieux de Julien tient en une seule phrase, ponctuer à l’inverse des deux parties, donner par la ponctuation un nerf que ne peut pas avoir cette articulation entre les deux parties.

    Le lendemain. C’était mercredi. Et je pourrais presque en dire qu’il ne s’y est rien passé. Aucun fait saillant. Si ce n’est qu’en fin d’après-midi j’ai reçu un appel du gardien de police Untel qui m’a informé que l’agresseur d’Émile passerait en comparution immédiate au tribunal de Créteil à la ixième chambre. M’indiquant par ailleurs que si je le souhaitais je pouvais encore me constituer partie civile. Et, en tout état de cause, assister à cette audience de comparution immédiate. Sur le coup je me suis demandé si je ne devrais pas appeler mon avocate pour lui demander conseil. Nous constituer partie civile. L’idée ne me plaisait pas beaucoup. Et ce qui a achevé de me convaincre de ne pas appeler mon conseil c’est que j’étais à peu près assuré que j’allais me faire engueuler par elle. Qui me trouve toujours trop libéral et qui s’emploie à chaque fois à me démontrer que mon comportement est illogique. Ou encore que je suis trop bon. Et je vois bien que dans sa bouche cela veut souvent dire trop con. Et je n’exclus même pas que ce soit le cas d’ailleurs. Mes parents m’avaient proposé de prendre Émile chez eux. De telle sorte que je puisse me rendre à la comparution immédiate. Sans le souci, soit d’y être accompagné par Émile, dont j’anticipais que les enjeux de la situation lui échapperaient pour une bonne part, peut-être à tort, ou soit encore que son comportement ne serait pas entièrement adéquat au caractère cérémonieux que je prêtais à une audience au tribunal d’instance. Je me posais toutes sortes de questions à ce sujet. J’en débattais avec les uns et les autres au téléphone. Nul n’était vraiment capable de beaucoup m’aider. J’avais laissé un message sur la messagerie du téléphone de poche de la mère d’Émile. Je n’avais pas de réponse. Je n’en attendais aucune d’ailleurs. Je n’avais eu aucune réponse aux trois messages laissés la veille sur la même messagerie pour la tenir au courant des différentes évolutions de la situation. La nécessité d’aller déposer. La nécessité d’aller au service médico-légal de l’hôpital de Créteil. Et le fait d’en être revenus, entre autres choses, avec des nouvelles plutôt rassurantes sur la santé d’Émile. J’aurais été surpris qu’elle vienne au tribunal. D’autant, qu’à vrai dire, je n’avais aucune idée de là même où elle se trouvait ces derniers temps. Non, je comprenais bien que je devais apprécier cette situation seul. D’un côté je craignais qu’en plus d’être difficilement compréhensible par lui, la comparution au tribunal puisse être inquiétante pour Émile. Sans compter qu’il serait confronté, au moins du regard, à son agresseur. Mais alors je me posais la question de savoir si ce n’était pas précisément un des buts permis par le tribunal. Que l’agresseur et la victime puissent être réunis de nouveau. Mais cette fois dans un périmètre qui devait garantir la victime. Voire la réparer. Émile était-il capable de comprendre tout cela ? Émile était-il capable de se comporter d’une façon qui ne soit pas parasite ou une distraction malvenue en pleine audience ? Dans l’absolu je me faisais la réflexion que le combat que je menais, quasiment au quotidien, pour la bonne intégration d’Émile dans notre société, singulièrement à l’école, cette lutte passait peut-être justement par d’autres épreuves que celles du quotidien. Que non seulement il bénéficierait en apprentissage d’une telle scène. Mais que toutes les personnes présentes au tribunal également. C’est-à-dire que la singularité d’Émile permettrait de gommer ce qu’il y aurait nécessairement de générique dans la description des faits mais aussi d’Émile lui-même. Que ce serait une occasion qu’il ne soit pas seulement décrit comme personne handicapée mentale. Mais qu’il soit là. Présent de corps. Avec sa grosse voix trébuchante et ses airs patauds si l’on devait lui poser une question. J’y songeais. Mais je pensais aussi que ces contextes n’étaient pas les plus faciles. Ou encore que l’affaire ne gagnerait pas en clarté si tout d’un coup Émile décidait de s’entretenir avec le juge de sa passion pour les requins ou les serpents, ou même encore de rugby. Ce qui sans doute ne manquerait pas de poésie mais est-ce que la poésie, celle-là en tout cas, ne risquait pas de nuire à la clarté de ce dont le tribunal aurait à décider et à trancher. Et, de ce fait, est-ce que de telles incursions dans l’illogisme ou la poésie ne troubleraient pas la sérénité du juge et donc son impartialité ? Et j’ai vraiment gambergé la chose dans cette polarité non résolue et qui ne risquait pas de l’être. Avant que je ne cède à une voix qui à défaut d’être celle de la raison serait celle de la plus grande facilité pour moi. Émile chez mes parents m’apporterait un peu de calme. Sans compter que le gardien de police en me donnant le lieu et l’heure de la comparution avait eu la précaution de m’expliquer que l’ordre de passage des affaires était à la discrétion du juge. Que la première affaire serait examinée à quatorze heures. Mais qu’il y en aurait d’autres. C’était là une perspective peu engageante. Celle de faire attendre Émile pendant possiblement plusieurs heures d’affilée. J’imaginais par ailleurs que notre affaire n’étant pas l’affaire du siècle. D’autres affaires si elles passaient avant la nôtre mangeraient beaucoup de temps et entameraient sérieusement les capacités de patience d’Émile. Et je souriais un peu à l’idée qu’au moment de l’appel des affaires, je lève la main et précise au juge, en brandissant la carte d’invalidité d’Émile, que de ce dernier, en vertu de son handicap, avait le droit, le droit donc, de passer avant tout le monde. Et je me posais sincèrement la question : c’était effectivement un droit d’Émile, mais quand bien même nous nous trouverions dans un tribunal, c’est-à-dire dans une manière de temple du droit, est-ce que ce droit lui était vraiment garanti ? Est-ce que ce droit minuscule avait la moindre chance d’être pris en considération si par ailleurs le tribunal étudiait au moins une affaire dans laquelle il n’y aurait pas nécessairement mort d’homme mais au moins quelque enjeu d’importance au regard duquel le droit d’Émile à couper les files d’attente serait jugé, jugé donc, comme négligeable. Et d’ailleurs la question se posait. Est-ce que dans le cas où nous ne nous présentions pas comme partie civile ce droit d’Émile était opérant ? Et alors, pour en avoir le cœur net, j’imagine qu’il faudrait que j’appelle mon avocate. Et je l’entends déjà me dire mais comment cela vous ne vous constituez pas partie civile ? J’ai une peur bleue de mon avocate. Qui est par ailleurs une femme charmante, intelligente et très cultivée. Donc la balance penchait plutôt pour ne pas y aller avec Émile. Mais les questions que l’on se pose parfois.

    Je ne pouvais pas prédire que l’affaire de l’agresseur d’Émile passerait en tout premier.

    Émile était donc chez mes parents. J’avais donc tranché. Incertain que ce ne fut pas d’ailleurs par facilité. Le jeudi matin j’avais déposé les filles à leur école en face du zoo de Vincennes, en face de son rocher. J’étais parti travailler. Mon patron m’avait demandé des nouvelles d’Émile. Je profitais de la question pour lui répondre qu’Émile allait bien. Qu’il était bien remis. Que pour le moment il était chez mes parents. Que cela me permettait de souffler. Mais que là, cet après-midi, il faudrait que j’aille au tribunal. Parce que l’agresseur d’Émile passait en comparution immédiate. Il m’a répondu que bien sûr. Qu’en tant que partie civile, il était impératif que j’y sois. Je n’ai rien répondu. J’ai juste précisé que je partirai vers treize heures. Mais que je ne savais pas si j’aurais la possibilité de revenir après. Détaillant qu’on savait à quelle heure était étudiée la première affaire parmi plusieurs, mais que nul ne pouvait savoir à quelle heure passait une affaire en particulier. Et je me suis salement interrogé sur ce mensonge par omission. Pourquoi n’avais-je pas répondu à mon patron que non seulement je ne m’étais pas porté partie civile mais que de surcroît j’allais surtout au tribunal dans l’idée qu’il serait sans doute utile à l’agresseur d’Émile que je puisse offrir quelques éclairages. Notamment à propos de la personnalité d’Émile. De telle sorte que ne soit, par exemple, pas retenue contre son agresseur la circonstance aggravante du handicap d’Émile ? Pourquoi n’avais-je pas détrompé mon patron sur le fait que je ne me portais pas partie civile ? Et pourquoi ne prenais-je pas la peine de lui expliquer qu’au contraire je ne souhaitais pas alourdir cette procédure. Dont j’avais déjà jugé pour moi-même qu’elle relevait de la dispute entre deux jeunes gens sans grave conséquence. Et que d’une certaine manière ce qui me motivait le plus à me rendre au tribunal était que je voulais m’assurer que cet éclairage soit celui qui finisse par tomber sur la scène de cette agression. Et que les choses reprennent leur juste place. Je pouvais facilement anticiper que mon patron, dont je sais qu’il est tout à fait conservateur dans ses vues, notamment politiques, ne serait pas du tout d’accord avec cette façon de voir les choses. Et d’agir. Mais était-ce une raison pour ne pas, justement, argumenter ? Peut-être même gagner un peu de terrain sur le conservatisme ? Au moins celui de mon patron ? Ou pensais-je qu’il était inutile d’argumenter dans ce sens ? Que c’était peine perdue ? Et quelles étaient les conséquences de ce mensonge aussi infime soit-il ? Pour commencer, comme pour tout mensonge, il faudrait que j’en garde la comptabilité. Que je me souvienne que ce matin du 7 février 2014, vers 8 heures 15, je n’avais pas contredit mon patron lorsqu’il avait compris que je me portais partie civile. Mais surtout je voyais bien que cela participait d’une propension plus ample de ma part qui consistait à fuir les aspérités des récits. À omettre ce qui ne participait pas d’un éclairage unique. Parce que j’avais le sentiment que les disparités remettaient trop en question les récits, dont je pensais bien pour moi-même qu’ils n’étaient pas indemnes d’un certain fourmillement et d’une grande variété de facettes et d’éclairages. Mais c’était comme si je ne parvenais pas à faire entièrement confiance à mon interlocuteur d’être pareillement à même de faire la part des choses. Aussi je lui épargnais ce qui faisait exception. Ce qui ne participait pas, avec une même force, à la règle. À la direction générale et à la compréhension globale d’une situation. Et combien de fois m’étais-je retrouvé dans des situations où j’avais oublié du tout au tout que j’avais omis, ou tordu, tel détail dans ce but de simplification et d’aplanissement ? Et alors je déclenchais, je m’en rendais bien compte, chez mon interlocuteur qui se souvenait bien que je ne lui avais peut-être pas dit exactement comment les choses s’étaient produites, je déclenchais chez lui des mécanismes inévitables de méfiance et de contradictions. Sans compter qu’il n’était jamais tout à fait exclu que pour contrecarrer les interrogations qui désormais pleuvaient sur moi, toutes trempées dans la méfiance, j’en vinsse à inventer et monter de véritables fictions pour expliquer approximations et simplifications, ouvrant alors des comptes multiples à mes interlocuteurs pour cette fameuse comptabilité du mensonge, dont les taux d’intérêt devenaient très variables, et j’aurais aussi bien fait de capituler, de reconnaître qu’ayant eu peur que l’on ne me croisse pas, j’avais, un peu, un tout petit peu, travesti la vérité, le récit, plutôt que de le défigurer désormais tout à fait. Les choses auxquelles on pense en étant au bureau. Tâchant de se rendre utile autant qu’on le peut. Le nez dans une feuille de calcul fautive. Et dont, justement, on traque l’erreur. Tandis qu’on a l’esprit encombré à l’extrême par la pensée prégnante de l’agression de son fils. Et de la comparution immédiate de son agresseur l’après-midi même.

    Et d’ailleurs une nouvelle fois cet agresseur était au centre de mes pensées. Où était-il ? Où en était-il ? Les quarante-huit premières heures de garde à vue avaient vraisemblablement eu lieu au commissariat de police de Vincennes. En soit cela ne devait pas être un moment très agréable. Une expérience proche de la torture. J’exagère à peine. Le manque de sommeil. Des repas s’il y en avait. Oui. Quand même. Qui ne devaient pas être très roboratifs. Des conversations bâclées avec un avocat commis d’office. Ne vous inquiétez pas. Oui, j’ai parlé à vos parents. Bien sûr ils m’ont dit qu’ils viendraient à l’audience. J’imaginais même que l’avocat prenait les mesures de son client pour lui acheter un costume pour le jour de l’audience. Bref toutes sortes de choses auxquelles on pense. Et pour lesquelles on dispose d’un ample réservoir de références de fictions. Et avec lesquelles on finit par tisser un récit. Qui n’a, en fait, aucune prise avec la réalité. Ainsi le centre médico-légal de l’hôpital de Créteil dispose sans doute d’une salle d’autopsie. Mais ce n’est sans doute pas l’endroit qui sert le plus. Au contraire de la petite salle d’attente. Son téléviseur avec magnétoscope intégré. Qui donne sur les jardins ouvriers sur les bords de la Marne. De même le cabinet du médecin légiste. Cabinet médical qui ne dépareille pas de tous les cabinets médicaux auxquels nous sommes tous habitués. De tels lieux, bien réels, auraient peiné pour devenir un décor crédible de fiction cinématographique. Même d’un très mauvais film policier. En fiction, singulièrement cinématographique, l’intrigue avance avec des bottes de sept lieux. Quand les faits réels, eux, bien souvent se développent à une vitesse qui n’est pas perceptible à l’œil nu. Non, le plus vraisemblable était encore que l’avocat de Youssef soit passé en coup de vent au commissariat de Vincennes. Ait écouté ce que Youssef aurait tenté de dire pour sa défense. Ait lu en diagonale la déposition de Youssef. Et peut-être même celles d’Émile et des éventuels témoins de l’agression. Et lui ait rapidement donné quelques conseils. Que Youssef n’aurait sans doute pas tous compris. Et sans doute pas tous su mettre en œuvre pendant le reste de sa garde à vue. Qu’en un mot il ait fait le strict minimum. Qu’il ait agi avec détachement. L’esprit ailleurs. Peut-être même captif des lacets d’une affaire à la fois plus complexe. Plus intéressante et, peut-être même aussi, plus fructueuse. Et que les deux nuits que Youssef avaient passées au commissariat aient été, pour l’avocat, la première, l’occasion d’une bonne soirée télévision, la chaîne Arte entamait un cycle à propos du cinéaste Otto Preminger, avec ce soir donc, Autopsie d’un meurtre avec James Stewart et la musique de Duke Ellington, c’était le film préféré de tous les avocats et celui de Youssef ne dérogeait pas, et la deuxième, d’un dîner, le mardi soir donc, chez des amis, lui est avocat aussi et elle, organisatrice de séminaires dans le monde des affaires, oui, un mardi on s’excuse mais avec l’emploi du temps de ses messieurs on ne va pas reporter le dîner aux calendres grecques, là aussi le cinéma, surtout lui, nous offre une très vaste palette des tranches de vie que l’on prête aux avocats, notamment une vie sociale riche et intense en même temps que simultanée des affaires complexes, nécessairement complexes, qu’ils ont à traiter et qui peuplent leur esprit jusqu’à un encombrement qui les empêche de profiter pleinement de cette vie sociale enviable seulement en apparence. Décidément on ferait bien de s’interroger de cette prégnance du cinéma de fiction à brosser d’aimables tableaux d’une certaine catégorie sociale, en plus d’un cinéma tout acquis aux œuvres policières. Oui, pendant que je mentais par omission à mon patron et m’interrogeais abondamment sur les conséquences de cette minuscule anicroche faite au réel, il ne faisait pas de doute que Youssef affrontait sa condition d’emprisonné dans une solitude terrifiante. Dans des conditions spartiates de confort. De même il devait se tenir une réflexion apeurée à propos de son avenir proche. De son entrée dans l’âge adulte dont il avait pensé, hâtivement et à tort, que ce serait surtout une libération. Qu’il allait pouvoir passer son permis. Qui sait même, envisageait-il de voter aux prochaines élections. Et même l’année prochaine projetait-il de commencer à chercher du travail. Et toutes sortes de petits mouvements qui tous concourent, souvent trop lentement à leur goût, à l’émancipation des jeunes gens. Entrée dans un monde d’adultes qui s’était soudain lestée de responsabilités écrasantes. Et qui prenaient surtout l’apparence d’ennuis et de tracas hors de proportions. Aucun qui aille dans le sens de davantage de liberté. Au contraire. Bien au contraire. Tout trempait désormais dans le mercure. Encore que ce n’était certainement pas de cette manière que Youssef se représentait les choses. Mais vous vous doutez bien que pour les décrire je fasse appel à toutes sortes de souvenirs personnels au même âge, parmi lesquels il y avait justement celui-ci, celui d’une impression de pesanteur extrême qui figeait chacun de mes pas, rendant ma progression laborieuse et insupportablement lente.

    Au restaurant d’entreprise de la Très Grande Entreprise dont je suis l’employé, j’ai pris une petite entrée de crudités, le couscous du jeudi et une pomme. Non. Deux finalement. Que j’ai remisées tout de suite dans mon sac pour plus tard. J’avais beau accompagner du mieux que je le pouvais, en pensées empathiques, une personne que je n’avais jamais vue de ma vie, je n’en perdais pas l’appétit pour autant. Surtout un jeudi. Jour de couscous. La plupart des tables étaient libres. Sur le créneau de 11h30 il n’y a pas grand monde. J’ai déjeuné seul près de la baie vitrée qui donne sur un jardin irréprochablement entretenu. Mais pas très chaleureux. Sans doute du fait de son absence absolue de désordre. À l’ombre des grandes barres d’immeubles qui abritent les bureaux de la Très Grande Entreprise dont je suis l’employé. Et donc, aussi, le client du restaurant d’entreprise. J’ai pris le temps d’un café. J’avais pensé à prendre un jeton en composant mon plateau-repas. Et, le café bu, je suis descendu au deuxième sous-sol. Où j’ai trouvé ma voiture qui, en démarrant, a libéré, plein pot, des myriades et des myriades de notes de piano affolées. Keith Jarrett au piano. Gary Peacock à la contrebasse. Et Jack DeJohnette à la batterie. La fin de l’album Tales Of Another . Une merveille mais dans laquelle il n’était pas facile de prendre pied, comme cela, au beau milieu du disque et d’un morceau. Sans compter que je crois qu’on s’en moque un peu du disque que j’écoutais dans la voiture en allant au tribunal. Qu’était-il plus important de noter et de révéler ? Que j’avais pris le couscous du jeudi ? Ou que j’écoutais Tales Of Another ce jour-là dans ma voiture ? Et il doit y en avoir comme cela un certain nombre d’indications que je peux donner depuis le début de ce récit dont je ne suis pas certain de la pertinence. Il va y avoir un gros travail de relecture. Je le sens d’ici. J’ai navigué sans aucune difficulté jusqu’au grand immeuble qui accueille en son sein les différentes cours du palais de justice du Val-de-Marne à Créteil. De même j’ai trouvé à me garer en un rien de temps, quasiment dans l’ombre pluvieuse de cette grande tour.

    #qui_ca

  • J – 138 : Aujourd’hui j’ai décidé que j’allais faire une petite séance de défonce de portes ouvertes. Clint Eastwood. Cinéaste de droite, et révisionniste. Son dernier film. Sully . Film de droite jusque dans son esthétique. Vous voyez la démonstration ne devrait pas poser trop de difficulté.

    Et du coup on peut même se poser la question de savoir ce que je pouvais bien faire dans une salle de cinéma pour voir le dernier film de Clint Eastwood, qui plus est avec ma fille cadette, la merveilleuse Adèle, qui mérite sans doute mieux, dans son parcours de formation, notamment au cinéma. De même que j’avoue une prédilection tout à fait coupable pour les films de James Bond, je dois reconnaître que j’aime par-dessus tout le film de catastrophe aérienne, même quand ils sont assez mauvais et j’en rate peu et du coup je peux dire qu’ils sont généralement unanimement mauvais, les pires étant souvent ceux de détournements d’avions avec sauvetage héroïque par des troupes d’élite, autant vous dire que ceux-là ne sont pas mes préférés. Expliquer pourquoi mon goût cinéphile est aussi déplorable, s’agissant des films de James Bond, est assez embarrassant, cela a beaucoup à voir je crois avec une certaine scène du premier James Bond dans laquelle on voir Ursula Andres sortir de l’eau dans un bikini blanc fort chaste à l’époque, complètement ravageur du point de vue de ma libido naissante, pré-adolescent, en colonie de vacances à Villars de Lans, le film projeté avec un vrai projecteur, sur un drap tendu dans la salle de ping-pong, la plupart d’entre nous assis parterre. Pour ce qui est des films de catastrophe aérienne, c’est un peu moins honteux, cela a à voir aussi avec un souvenir d’enfance, mais d’un tout autre ordre. Mon père était ingénieur en aéronautique, et il est arrivé, plus d’une fois, quand nous étions enfants, mon frère Alain et moi, qu’il soit appelé, c’était souvent le soir, au téléphone à la maison, pour conseiller à distance des équipes techniques ou carrément remettre son pardessus et sa cravate et repartir au travail faire face à des situations, dont il lui arrive aujourd’hui de parler plus librement et qui n’avaient rien de simple apparemment, certaines sont assez cocasses comme l’histoire de cette vieille dame qui avait été mal aiguillée, en partance dans un vol pour la Côte d’Ivoire et qui au bout d’une douzaine d’heures de vol s’étonnait auprès d’une hôtesse de n’être toujours pas arrivée, indocte qu’elle fut qu’elle était en fait sur le point de se poser à Singapore. D’autres anecdotes sont sans doute moins plaisantes. Un soir, nous regardions en famille un film dont je viens de retrouver le titre en faisant la rechercher suivante, « film de catastrophe aérienne » + « Burt Lancaster », il s’agit donc d’ Airport , film de 1970, dont de nombreuses scènes se passent dans la tour de contrôle d’un aéroport aux prises avec une situation de crise et dans lequel film un personnage se tourne vers le personnage interprété par Burt Lancaster, « et maintenant qu’est-ce qu’on fait Chef ? » Et mon frère Alain, rarement en manque de répartie, avait répondu : « On appelle De Jonckheere ». Les films de catastrophe aérienne vus à la télévision en famille avaient pour moi cet éclairage particulier que de temps en temps, ils faisaient sourire mon père qui commentait gentiment que certains situations étaient hautement improbables. Bref, je garde pour le souvenir d’Airport de George Seaton, 1970, comme pour celui de ces soirées de télévision familiales lointaines, une prédilection étonnante, eut égard à mon rapport assez critique en général à propos des films de fiction, donc, pour les films de catastrophe aérienne.

    Les films de catastrophe aérienne sont unanimement mauvais, j’aurais bien du mal à en sauver un dans le genre, peut-être le Vol du Phenix de Robert Aldrich avec James Stewart, mais ce n’est pas non plus un chef d’œuvre, mais le récit est assez étonnant.

    Et donc Sully de Clint Eastwood. Avec Adèle en plus. La honte.

    Depuis une dizaine d’années Clint Eastwood réécrit la grande narration performative et nationale des Etats-Unis, ne se contenant d’ailleurs pas toujours de réécrire avantageusement l’histoire de son pays, puisque son récit d’Invictus fait l’éloge inconditionnel de Nelson Mandela et voudrait nous faire croire que la nation multicolore sud africaine s’est bâtie sur la victoire des Bocks sur les All Blacks , comme c’est mignon, comme c’est loin de la réalité et comme surtout ce passe sous silence la pieuse tricherie du bon Mandela ( http://www.desordre.net/blog/?debut=2010-05-02#2487 ), pareillement le récit d’American Sniper est à gerber, qui, même s’il frôle par endroits à quel point quelques soldats américains auront laissé des plumes dans cette guerre d’Irak du fils, continue de remarquablement regarder ailleurs quand il s’agirait de considérer le martyr de la population irakienne, mais que voulez vous Clint Eastwood il est américain, à ce titre, il pense que les éléments de sa nation ont des droits supérieurs et valent mieux que les habitants d’autres pays, pensez s’il va se pencher sur la souffrance d’un pays du tiers Monde même si ce dernier est pétrolifère, il est au contraire plus urgent de construire une statue de commandeur à un gars de chez lui, probablement con et inculte comme une valise sans poignée, mais très doué pour ce qui est de dégommer des Irakiens à distance, aussi con que soit ce type il est aux yeux de Clint Eastwood et d’une nation de lavés du bulbe l’homme providentiel, concert de klaxons à ses funérailles, pauvre type providentiel, pauvres types qui klaxonnent.

    Sully donc, surnom de Chesley Sullenberger admirable commandant de bord qui en janvier 2009, avec une maestria et un sang-froid, un peu hors du commun tout de même, a réussi à amérir sur l’Hudson alors qu’il venait de décoller de La Guardia et quelques minutes plus tard, de perdre les deux moteurs de son airbus A320, d’où la nécessité de se poser, mais, las, aucune possibilité d’aller se poser sur une piste voisine. Cette catastrophe aérienne évitée, les 155 passagers de ce vol, de même que le personnel de bord tous sauvés, par ce geste extraordinaire de Chesley Sullenberger, quelques jours plus tard, le maire de New York lui remet les clefs de la ville et quelques jours encore plus tard il est invité à la première cérémonie d’investiture de Barak Obama, c’est vrai qu’après les huit années catastrophiques de Bush fils, on pouvait y voir un signe prometteur, on remarque d’ailleurs que Clint Eastwood en bon républicain crasse de sa mère coupe bien avant.

    Bon c’est sûr avec un miracle pareil, vous avez un film. Encore que. L’incident en lui-même et le sauvetage, c’est suffisamment répété dans le film, ne durent que 208 secondes, le sauvetage des passagers ayant ensuite trouvé refuge sur les ailes de l’avion, une vingtaine de minutes, du coup évidemment, il faudra recourir à quelques artifices du récit, surtout en amont, le coup des trois passagers qui attrapent leur vol in extremis, le gentil commandant de bord qui connait tout le monde à La Guardia, même la vendeuse de sandwichs pakistanaise, et ensuite en aval, la célébration du héros, foin du miracle trop rapide pour le cinéma, en brodant un peu, vous l’avez votre film.

    C’est sans compter sur la volonté dextrogène du Clint Eastwood républicain de sa mère, il ne suffit pas que l’avion se soit posé, que les passagers soient sauvés, Sully est un homme providentiel et si vous n’aviez pas compris que d’aller poser son coucou sur les eaux glacées de L’Hudson en janvier était miraculeux, on va vous le montrer et vous le remontrer, un certain nombre de fois, quatre ou cinq fois si ma mémoire est bonne, et comme on peut douter que vous ayez vraiment compris que Sully il a vraiment été très fort, on vous montre aussi, cela aussi répété trois fois, ce qu’il aurait pu se passer s’il n’avait pas été assez fort, c’est-à-dire, l’avion aller se cracher sur les banlieues denses du New Jersey, sauf que ces dernières étant peu photogéniques, on dira que c’était l’Hudson River ou le sud de Manhattan et là autant vous dire que cela claque visuellement, et des fois que vous n’ayez toujours pas compris que cette scène est un remake d’un truc qui s’est déjà produit au même endroit un certain 11 septembre, dont la moitié des Américains seulement sont capables de savoir que c’était celui de l’année 2001 — ils savent juste que c’est nine-eleven comme ils disent —, on n’est pas aidé avec un public pareil, pas étonnant que le vieux Clint Eastwood républicain de sa maman il soit un peu obligé de souligner certains passages trois fois en rouge, bref si vous n’aviez pas suivi que c’était à cela que cela faisait référence, vous aurez une scène qui vous dira que oui, un tel miracle à New York cela fait du bien, qui plus est un miracle aéronautique. Bref du lourd, du charpenté, des câbles d’amarrage pour ficeller le récit. Vous avez compris que Sully c’était un héros ? Un type providentiel ? C’est bon je n’insiste pas ?

    Ben Clint Eastwood, républicain, je crois que je vous l’ai déjà dit, qui aime croire à la providence des grands hommes du cru, il ne voudrait pas non plus que vous ignopriez qu’en plus le héros, on l’a emmerdé vous n’avez pas idée, parce que voilà quand même on se demandait si à la base il n’aurait pas commis un erreur de jugement et que si cela se trouve, en fait, il aurait très pu aller poser son coucou sur la piste de Newark dans le New Jersey tout juste voisin et que là quand même, en choisissant un terrain aussi défavorable et risqué il a quand même pris un sacré pari, un pari à 155 âmes. Alors à la commission d’enquête, ils ont peut-être été un peu tatillons, blessants, peut-être, envers le héros national en tentant de lui opposer que certes l’histoire se finit bien encore que le zingue qui a dû coûter un bras, ben il est au fond de l’eau, sans doute pas réparable. A vrai dire, c’est possible, je n’en sais rien, je m’en fous un peu même. Je note aussi au passage que Clint Eastwood de la providence républicaine dans cet endroit du film commet surtout le plagiat assez éhonté d’un très mauvais film, Flight de Robert Zemeckis, et que si cela se trouve c’est avec cette enquête prétendument interminable qu’il comble et qu’il meuble, là où le récit dans sa durée originale n’est peut-être pas suffisant pour tenir le film entier, même répété à l’envi. A vrai dire je ne connais pas bien l’histoire et ma curiosité n’est pas si grande, moi ce que j’aime dans les films de catastrophe aérienne, ce sont les scènes d’avion — et là j’ai bien aimé, faut avouer, la scène avec les deux F4 au dessus du Nevada, mais je m’égare —, il y a sans doute eu une enquête, elle a peut-être été un peu pénible, ce n’est même pas sûr, elle est présentée dans le film comme un péché de l’adminsitration, pensez, Clint Eastwood de sa maman, il a appelé à voter Trump, alors pensez si effectivement il va faire les louanges de quelque administration que ce soit, ce que je sais, et que le film ne dit pas c’est que la semaine suivante, le Chesley Sullenberger il était l’invité de Barack Obama pour sa première investiture à la Maison Blanche, de là à penser qu’il n’avait pas beaucoup de raisons de s’inquiéter sur la suite de la fin de sa carrière...

    Et, finalement, ce n’est pas tout, il y a une chose qui est entièrement passée sous silence dans ce film, dans l’après accident, plutôt que de passer des témoignages, genre télé-réalité de passagers miraculés pour entrelarder le générique, Clint Eastwood s’est bien gardé de nous dire que Chesley Sullenberger, son Sully donc, avait, en fait, intelligemment profité de son quart d’heure warholien pour attirer l’attention du Sénat américain sur les dangers de la dérégulation aérienne aux Etats-Unis, les mauvaises pratiques de la formation des jeunes pilotes et la dépréciation alarmante de la profession (c’était une chose que j’avais lue je ne sais plus où, et dont il me semblait aussi l’avoir vue dans un film, Capitalism, a love story , de Michael Moore, cinéaste dont je ne pense pourtant pas le plus grand bien, mais, vous l’aurez compris, pas autant de mal que Clint Eastwood).

    En fait ce que cela m’apprend, c’est que cette érection de l’homme providentiel m’est insupportable, on l’a bien compris, surtout envers et contre toutes les logiques collectives pourtant possibles, c’est le principe de tout programme de droite, se goberger pendant que cela dure et quand cela ne dure pas, ne plus avoir d’autres alternatives que d’attendre que l’homme providentiel — comme Roosevelt a su le faire en insufflant un peu de communisme dans le moteur capitaliste, ce qu’Obama n’a pas su faire, non qu’il n’ait pas nécessairement essayé d’ailleurs, pourtant, comme le montre Laurent Grisel, dans son Journal de la crise , ce qui marche dans le capitalisme c’est le communisme —, ne sauve la situation pour pouvoir de nouveau se goinfrer, sans comprendre que l’on ne peut pas toujours compter sur les hommes providentiels, parce qu’ils n’existent pas davantage que le père Noël et pas davantage que James Bond.

    Alors si je peux promettre raisonnablement que je n’irai plus jamais voir un film de catastrophe aérienne, cela va me coûter davantage avec les films de James Bond, la faute à Ursula.

    Exercice #53 de Henry Carroll : Utilisez le flash pour capturer l’énergie d’une fête

    #qui_ca

  • Obstruction parlementaire
    http://otir.net/dotclear/index.php/post/2016/06/16/Obstruction-parlementaire

    image Instagram - article de Wired

     

    Non, ça ne rentre pas dans la série des petits bonheurs, mais plutôt des choses qui semblent hallucinantes, quand on n’appartient pas à cette culture.

    Vous vous rappelez sûrement du grand classique de Mister Smith va à Washington, film culte dans lequel James Stewart incarne un jeune homme naïf, idéaliste et enthousiaste, qui croit vraiment au pouvoir de la démocratie et au rôle noble du Sénat qu’il pare de tous les honneurs alors qu’il va vite se rendre compte de la gangrène de la corruption du pouvoir. Les temps ont sûrement tellement changé depuis les années d’avant-guerre, et pourtant. La démocratie américaine est faite d’inertie absolument monumentale, les individus délégant à leurs élus - quand ils sont seulement aller voter, ce qui n’est pas très souvent le (...)

    #West_Side_Stories #Pulse_-_Orlando #Sandy_Hook_Elementary #tragédie

  • Análisis de la película « #Vertigo » de Alfred #Hitchcock
    http://diffractions.info/2013-08-31-analisis-de-la-pelicula-vertigo-de-alfred-hitchcock

    Vértigo es una película de suspense y melodrama dirigida por Alfred Hitchcock y estrenada en 1958. En el film James Stewart representa a Scottie Ferguson, un detective de la policía retirado que sufre de vértigo. Un día recibe un encargo de su...

    #culture #philosophie #articulos_en_español #cinéma #Nietzsche