person:jean-claude michéa

  • « Le macronisme ou le spectre de l’#épistocratie »
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2017/10/18/le-macronisme-ou-le-spectre-de-l-epistocratie_5202341_3232.html

    Emmanuel Macron a dû se résoudre, dimanche 15 octobre, à se soumettre à l’exercice démocratique de l’interview télévisée pour tenter de redresser l’image condescendante que son vocabulaire et sa posture jupitérienne, faite de parole rare et distante, ont pu générer dans l’opinion.

    Il a dû, chemin faisant, déroger à un principe qu’il s’était fixé en estimant, à l’occasion du défilé du 14-Juillet, que la « pensée complexe » dont il est porteur, ni de gauche ni de droite, ne saurait se prêter au jeu médiatique habituel.

    Cette esquive, qu’il ne pourra donc pas toujours pratiquer – comme en atteste sa récente confrontation avec trois journalistes –, est révélatrice d’un trait caractéristique du macronisme dont on a encore peu parlé et qui est de nature à susciter d’inquiétantes interrogations sur l’évolution contemporaine de nos sociétés démocratiques.

    Ni de droite ni de gauche, le libéralisme qu’incarne Emmanuel Macron est le nom d’une forme de gouvernement qui se présente comme un défi à la démocratie : dans la doctrine politique anglo-saxonne, on l’appelle « épistocratie ».

    Le terme « épistocratie » est un néologisme très peu usité. Il désigne un mode de gouvernement au sein duquel le pouvoir serait confié aux savants. L’idée n’est pourtant pas totalement neuve. Platon en rêvait en écrivant La République et en estimant souhaitable de confier le pouvoir aux philosophes.

    #paywall

    • Dans une tribune au « Monde », le constitutionnaliste Alexandre Viala avance que le président incarne une nouvelle forme de gouvernement qui confie la conduite des affaires aux experts. Mais cet exercice du pouvoir, en délégitimant toute opposition, met en danger la démocratie.

      Emmanuel Macron a dû se résoudre, dimanche 15 octobre, à se soumettre à l’exercice démocratique de l’interview télévisée pour tenter de redresser l’image condescendante que son vocabulaire et sa posture jupitérienne, faite de parole rare et distante, ont pu générer dans l’opinion.

      Il a dû, chemin faisant, déroger à un principe qu’il s’était fixé en estimant, à l’occasion du défilé du 14-Juillet, que la « pensée complexe » dont il est porteur, ni de gauche ni de droite, ne saurait se prêter au jeu médiatique habituel.

      Cette esquive, qu’il ne pourra donc pas toujours pratiquer – comme en atteste sa récente confrontation avec trois journalistes –, est révélatrice d’un trait caractéristique du macronisme dont on a encore peu parlé et qui est de nature à susciter d’inquiétantes interrogations sur l’évolution contemporaine de nos sociétés démocratiques.

      Ni de droite ni de gauche, le libéralisme qu’incarne Emmanuel Macron est le nom d’une forme de gouvernement qui se présente comme un défi à la démocratie : dans la doctrine politique anglo-saxonne, on l’appelle « épistocratie ».

      Le terme « épistocratie » est un néologisme très peu usité. Il désigne un mode de gouvernement au sein duquel le pouvoir serait confié aux savants. L’idée n’est pourtant pas totalement neuve. Platon en rêvait en écrivant La République et en estimant souhaitable de confier le pouvoir aux philosophes.

      Cette idée a connu une forme d’illustration dans la Chine confucéenne à travers le système du mandarinat. Et, d’une certaine manière, on en trouve un peu l’esprit dans la position hégémonique qu’occupent, au cœur des démocraties occidentales et au service du « Prince », les hauts fonctionnaires issus des grandes écoles.

      Mouvement mondial

      La composition du deuxième gouvernement d’Edouard Philippe, consécutive à la large victoire de La République en marche (LRM) aux élections législatives, respire cette culture épistocratique en raison de la forte présence de personnalités au profil technicien, à l’instar de Nicole Belloubet (justice) ou Jean-Michel Blanquer (éducation nationale), issus d’un univers qui relève davantage de l’expertise que de la politique.

      Le comte de Saint-Simon, au début du XIXe siècle, érigea l’épistocratie en idéal de gouvernement avec le secret espoir de confier le pouvoir aux plus compétents, parmi lesquels il faisait figurer les scientifiques et les industriels. La sociologie de la nouvelle Assemblée nationale, composée d’un nombre significatif de cadres du secteur privé, réhabilite d’ailleurs cet idéal saint-simonien.

      Le gouvernement épistocratique fait également son chemin partout dans le monde, depuis qu’à la faveur de la globalisation du droit, de l’épuisement des grands récits idéologiques et de la technicisation des problématiques auxquelles est confrontée la société, le pouvoir s’appuie de plus en plus, avant de prendre ses décisions, sur l’éclairage scientifique des experts.

      La montée du populisme dans certaines démocraties européennes et les récentes surprises électorales comme le Brexit ou l’accession du climato-sceptique Donald Trump à la Maison Blanche ont conduit certains auteurs, notamment anglo-saxons (l’économiste Bryan Caplan, le philosophe Jason Brennan), à s’interroger, à l’heure de la post-vérité, sur les failles du vote populaire. Leur mise en garde consiste à mettre en cause la fonction épistémique de la démocratie et à se demander si le peuple est suffisamment éclairé pour pouvoir décider rationnellement.

      Moment post-politique

      Alors ministre de l’économie, Emmanuel Macron affirmait que « l’autre politique », celle qui ne s’inscrit pas dans le paradigme ordo-libéral qu’impose la Commission de Bruxelles aux pays membres de l’Union européenne, était une « illusion ».

      Voici que « l’autre politique » se voit implicitement assigner le statut pragmatique d’erreur scientifique, au détour d’une phrase symptomatique d’une culture qui nie l’essence du politique au sens que lui prêta le philosophe et sociologue Julien Freund, pour qui, à l’inverse de la sphère privée dominée par la nécessité, la sphère publique est normalement le lieu de l’échange, de la liberté voire de l’irrationalité (Julien Freund, L’Essence du politique, 1965).

      La conversion des majorités gouvernementales au social-libéralisme et la relégation de l’opposition dans les marges du populisme, de droite comme de gauche, sur fond d’épuisement de l’alternance entre la droite et la gauche de gouvernement (que Jean-Claude Michéa qualifia d’« alternance unique ») signeraient-elles l’avènement subreptice d’une épistocratie qui afficherait, sous la bannière de la Raison, la prétention de prendre les bonnes décisions ?

      De là à abolir le suffrage universel, à instaurer un suffrage capacitaire ou à confier un vote plural aux diplômés ou aux habitants des grandes métropoles – comme d’aucuns l’ont suggéré au lendemain du Brexit avec un sens de la provocation qui n’était pas dénué de sincérité –, il n’y a qu’un pas, qu’accompliraient volontiers les esprits nostalgiques du despotisme éclairé, quand bien même le suffrage démocratique, fort heureusement, reste un tabou que nul n’oserait bafouer.

      Quoi qu’il en soit, la victoire de LRM aux élections de juin sur les décombres d’un système bipartisan à bout de souffle est particulièrement révélatrice de ce moment post-politique par lequel le conflit entre le pouvoir et l’opposition est en train de changer de nature.

      Comme l’a écrit la philosophe Chantal Mouffe dans ses travaux récents sur le libéralisme (L’Illusion du consensus, Albin Michel, 2016), cette compétition avait jusqu’à présent pris la forme, entre la droite et la gauche, d’un conflit agonistique entre valeurs démocratiques qui se disputaient, de manière égale et alternative, le marché des idées : mues par des valeurs qui ne sont ni vraies ni fausses, les deux camps s’opposaient de façon irréconciliable, tout en se considérant respectivement comme légitimes.

      Impasse populiste

      Désormais, à la faveur de cette quête social-libérale du consensus qu’incarne en France le macronisme, le conflit entre la droite et la gauche s’efface au profit d’un conflit antagonistique. Celui-ci n’oppose plus deux visions de la société aux prétentions relatives mais installe, au centre de l’offre politique, une rationalité libérale (de droite comme de gauche), qui se pare d’une prétendue objectivité scientifique dans le but non avoué d’imposer l’évidence d’une seule vision du monde face à laquelle les oppositions, désormais morcelées, se trouvent reléguées dans le camp de ceux qui ont tort – et n’ont dès lors d’autre perspective, pour exister, que de se radicaliser.

      Tout se passe comme si le pouvoir était capable d’adopter les « bonnes décisions », cautionnées par la Raison. Cette illusion cognitiviste – aux termes de laquelle le politique serait en mesure de connaître la réponse juste – est le moteur de l’idéal épistocratique, qui s’évertue à soustraire le gouvernant, réputé connaître et non vouloir, à l’épreuve de la discussion.

      Le représentant, en France, de ce nouveau pouvoir se plaît d’ailleurs à définir ses opposants comme constitutifs de « l’ancien monde ». Fort habile, l’étiquette permet au chef de l’Etat d’éluder la controverse démocratique, en faisant pénétrer dans les esprits l’idée selon laquelle le programme qu’il porte ne peut avoir d’alternative, dans la mesure où il exprimerait, pour utiliser le vocabulaire de Michel Foucault, un épistémè, qui est une parole désignée par son temps comme l’expression de la vérité.

      Le discours macronien consistant à substituer au clivage gauche-droite la frontière entre l’ancien et le nouveau monde relègue dans le temps une opposition qui n’occupe désormais plus l’espace. Celle-ci n’est plus à droite ni à gauche. Elle est d’hier, et le nouveau pouvoir fait tout pour se présenter, à l’image du progrès scientifique, comme tourné vers le futur.

      La montée en puissance de l’économisme, le développement des logiques comptables et des structures technocratiques en amont de la fabrication des lois entourent cet épistémè, au point de délégitimer le suffrage démocratique, peu à peu considéré comme inutile, et de provoquer dans les urnes, par voie de conséquence, l’abstention ou la tentation populiste, dont Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon offrent deux versions concurrentes.

      Telle est l’impasse dans laquelle le spectre épistocratique est susceptible de conduire le peuple. Seule la revitalisation du clivage entre une droite et une gauche de gouvernement, proposant deux alternatives irréductibles l’une à l’autre, pourrait déjouer ce scénario que la « révolution » issue des urnes du printemps est en train d’écrire au péril de la démocratie, dont le ressort intime n’est pas le consensus, faussement auréolé de la caution des experts, mais l’alternance franche et politique.

    • J’aurais plutot dit que le gouvernement Macron est un « épisiocratie » c’est à dire un gouvernement fondé sur l’art de te couper la parois entre le vagin et l’anus afin de te provoqué des fistules anales jusqu’à la fin de ta vie. Le boulot de "savants" dans ce contexte consiste à te recoudre plus serré pour que Jupiter prenne son pied quant il est d’humeur Rome-antique.

  • Impasse Michéa
    http://www.contretemps.eu/lordon-impasse-michea

    Alors que la violence croissante des politiques néolibérales et le danger que fait peser l’extrême droite rendent urgentes des clarifications politiques et stratégiques, l’oeuvre de Jean-Claude Michéa s’est imposée au fil des années comme un accélérateur de confusions.

    Nul hasard si Michéa est loué par Le Figaro, qui vient d’ailleurs de lui accorder un « grand entretien », Valeurs actuelles ou des éditorialistes néo-conservatrices telles que Natacha Polony ou Eugénie Bastié, tant il travaille depuis des années à orienter l’aspiration anticapitaliste vers l’impasse d’un pseudo-anarchisme vraiment conservateur. Dans cet article paru en juillet/août 2013 dans la Revue des livres, Frédéric Lordon pointe les contradictions au cœur de l’oeuvre de Michéa et l’incapacité de celui-ci à dessiner une quelconque alternative à la décomposition capitaliste en cours...

    #Diaporama #Stratégie #anticapitalisme #Bourdieu #capital #capitalisme #classes_populaires #gauche #Lordon #peuple #Michéa

    http://zinc.mondediplo.net/messages/49301 via Contretemps

  • Notre ennemi, le capital : Jean-Claude Michéa démonte le système libéral et ses tartuffes de service
    https://www.crashdebug.fr/loisirss/73-livres/13085-notre-ennemi-le-capital-jean-claude-michea-demonte-le-systeme-liber

    Il existe encore, heureusement, quelques penseurs libres dans leur tête et imperméables au bourrage de crâne ambiant. Jean-Claude Michéa fait partie de ceux-là. Situé à des années-lumières des sophistes de Saint Germain-des-Près, du gominé Bernard Henri-Lévy à la momie Alain Duhamel, il vient de publier un brûlot à charge contre ce colosse aux pieds d’argile qu’est le capitalisme "triomphant".

    Jean-Claude Michéa

    Les premières notes de lecture insistent sur les trois parties de son exposé, axées sur un diagnostic allié à des ébauches de solutions concrètes. Une suite au complexe d’Orphée et à l’empire du moindre mal, avec des pistes de perspectives.

    Tout d’abord, Michéa revient sur les zélateurs de la révolution libérale opérée depuis la chute du mur de Berlin. Il ne s’attarde (...)

  • "La gauche contre le peuple ?"

    Les matins de France Culture. Entretien avec le philosophe #Jean-Claude_Michéa.

    Ne se définissant pas comme conservateur mais reconnaît qu’ « Il y a un moment conservateur dans la critique socialiste du capitalisme ». Il fait la distinction entre la gauche et le socialisme. La gauche ayant les mêmes aspirations que les libéraux ; la disparition du « vieux monde ».

    https://www.franceculture.fr/emissions/linvite-des-matins/la-gauche-contre-le-peuple

    https://www.franceculture.fr/emissions/linvite-des-matins-2eme-partie/la-gauche-contre-le-peuple-2eme-partie

    "Notre ennemi, le capital"
    Climats, 2017 Jean-Claude #Michéa

    Le philosophe critique la gauche libérale, son égoïsme et son individualisme. Il explique comment elle manipule la population et analyse les propositions de nouveaux mouvements politiques pour revenir vers un monde décent.

    Si l’on veut réellement rassembler la grande majorité des classes populaires autour d’un programme de déconstruction graduelle du système capitaliste (et non pas simplement accroître ses privilèges électoraux), il faut impérativement commencer par remettre en question ce vieux système de clivages fondé sur la « confiance aveugle dans l’idée de progrès », dont les présupposés philosophiques de plus en plus paralysants (du type « parti de demain » – celui de la Silicon Valley – contre « parti d’hier » – celui de l’agriculture paysanne ou de la culture du livre ) ne cessent d’offrir depuis plus de trente ans à la gauche européenne le moyen idéal de dissimuler sa réconciliation totale avec le capitalisme sous les dehors beaucoup plus séduisants d’une lutte « citoyenne » permanente contre toutes les idées « réactionnaires » et « passéistes ».

    Jean-Claude Michéa est l’auteur de nombreux ouvrages, tous publiés chez Climats, parmi lesquels : L’Enseignement de l’ignorance, Impasse Adam Smith, L’Empire du moindre mal, Orwell anarchiste tory, Le Complexe d’Orphée, Les Mystères de la Gauche, et, avec Jacques Julliard, La Gauche et le Peuple.

    #Orwell #George_Orwell #Populisme #Populisme_Russe #Libéralisme #Gauche #Rose_Luxembourg #progressisme #lutte_des_classes #élection #macron

    • Utilisation de sa pensée par l’extrême droite
      Après La Double Pensée, Michéa se répète et exprime une aigreur toujours plus vive à l’égard de la gauche. Sa critique de la modernité, si elle est, à certains égards, perspicace, finit par atteindre ses limites politiques. Car il y a bien un moment où Michéa doit servir politiquement. Il s’est exprimé dans diverses tribunes libertaires ou décroissantes. Mais c’est plutôt dans les milieux nationalistes ou conservateurs qu’il intéresse. Outre le nationalisme de gauche version Mélenchon, ce sont quasiment l’ensemble des courants d’extrême droite qui le trouve utile. Forcément, à force de taper sans fin sur la gauche, on finit par intéresser la droite. C’est très grossièrement ce que les critiques de Michéa pensent. Luc Boltanski, Serge Halimi, Frédéric Lordon, Philippe Corcuff, Max Vincent ou Anselm Jappe à des degrés divers estiment que sa critique du progrès est réactionnaire. En réponse à Philippe Corcuff, Michéa affirme que peu importe ce à quoi servent ses idées du moment qu’elles sont vraies.
      Dans une interview à Marianne, il répond sur cette utilisation par l’extrême droite. Et, au fond, on a presque l’impression qu’il se réjouit que sa pensée circule dans les caniveaux néofascistes. Bien sûr, on sent confusément que ce n’est pas ce combat-là qu’il veut servir. Mais, après tout, ce n’est pas grave si l’extrême droite est l’antithèse absolue de toute émancipation. Pas grave puisqu’elle aussi prétend vouloir combattre le capitalisme et qu’elle produit même des analyses « lucides » qui ont toutefois l’inconvénient d’être ambiguës et antisémites… Or, si l’extrême droite utilise cette rhétorique anticapitaliste, en puisant notamment chez Michéa, c’est par ce qu’elle veut le pouvoir. L’extrême droite a besoin des masses pour accéder à l’État. Pour cela, elle doit utiliser un discours vaguement anticapitaliste. Michéa constitue un penseur de choix pour ce faire, car il cible quasi exclusivement et outrancièrement la gauche sans démonter franchement l’extrême droite. C’est donc en partie parce que son discours n’est pas juste qu’il est récupéré.
      C’est de sa responsabilité de ne pas analyser clairement cette utilisation par les nationalistes de droite ou de gauche. Clairement parce que Michéa aime parler et écrire tout en circonvolutions à la manière d’un prof faisant d’interminables digressions pour placer telle ou telle référence. C’est intéressant, mais il ne condamne pas un instant sa récupération. Il préfère cibler seul le capitalisme. Or, si le patriotisme se médiatise comme l’unique solution au libéralisme, c’est que le capital a toujours su habilement jouer avec lui. Inciter les dominés à s’opposer en fonction de leurs origines dissout la lutte de classes, sert la bourgeoisie et l’État. Le libéralisme provoque le repli identitaire, il se crée ainsi un bien utile faux ennemi. Évidemment, l’antifascisme ne mène à rien tant que l’on ne propose pas d’alternative radicale au capital et à l’État ce que font les anarchistes. Mais cela n’enlève aucune responsabilité à l’extrême droite en elle-même.
      Orwell savait sublimer sa pensée en des romans qui s’adressaient à tous. Il a combattu physiquement le fascisme en Espagne. Il s’est intéressé de très près aux marginaux. Il ne se gargarisait pas de citations de Marx ou d’Engels. Il s’est refusé à toute récupération de droite lorsqu’il dénonçait les crimes staliniens. Il s’est toujours placé à gauche. Ce n’est pas le cas de Michéa, dont l’expression tourne en rond et dont on s’interroge sur les actes. C’est toujours moins inquiétant, dit-il, d’être utilisé par le FN que par le Medef. Pas certain que préférer la peste au choléra relève du plus grand discernement intellectuel et combatif.

      Alexis
      Groupe George-Orwell de la Fédération anarchiste

    • @marielle
      Ca me fait un peu sourire « elle est, à certains égards, perspicace, finit par atteindre ses limites politiques ». C’est perspicace c’est pour ça qu’on le lit. Non ?
      Je suis pas là pour défendre tout ce que dit Michéa, il aime le foot « populaire » par exemple. Quand je lit Proudhon je ne valide pas ses thèse sexiste..

      1) L’extrême droite utilise tout. Nos erreurs d’avantage que nos textes clairvoyants. Désolé de le dire, c’est un procédé malhonnête. Marine Le Pen cite Jaurès, donc Jaurès est fasciste.

      2) « Dans une interview à Marianne, il répond sur cette utilisation par l’extrême droite 12. Et, au fond, on a presque l’impression qu’il se réjouit que sa pensée circule dans les caniveaux néofascistes. »
      (12) L’article est là :
      http://www.marianne.net/Michea-face-a-la-strategie-Godwin_a234731.html

      Je suis encore étonné de la réception de ce texte chez mes amis. Michéa ne déclare pas dans ce texte qu’il est de gauche ou antifa cela viendrai à dire l’inverse de ce qu’il dit tout le temps.

      Je comprens en gros « parmi ce qui me cite : »

      "Il y a :
      1) Les menteurs qui sont néo-conservateur et libéraux
      2) L’extrême droite plus dure et plus ancienne qui a une culture anticapitaliste

      Mais que cette droite puisse me citer aux côtés de ces grandes figures de la tradition radicale n’a donc, en soi, rien d’illogique.

      « rien d’illogique », c’est pas ce que j’appelle se réjouir.

      Et il les démolie de suite :

      J’entends à la fois les ultras qui rêvaient de restaurer l’Ancien Régime et les partisans de ce « socialisme national » - né des effets croisés de la défaite de Sedan et de l’écrasement de la Commune - qui, dès qu’il rencontre les conditions historiques de ce que George Mosse nommait la « brutalisation », risque toujours de basculer dans le « national-socialisme » et le « fascisme ». Or, ici, l’horreur absolue que doivent susciter les crimes abominables accomplis au nom de ces deux dernières doctrines a conduit à oublier un fait majeur de l’histoire des idées.

      Mais la question que je me pose c’est sommes nous capable de dépasser des clivages en creux (des anti-) et se questionner sur se que l’on veux. Douter de nos propres appuis (se remettre en question) c’est le propre d’une penser constructive.

  • La gauche contre le peuple ?
    Dans Les Matins de #France_Culture, Guillaume Erner reçoit le philosophe Jean Claude Michéa.
    https://www.franceculture.fr/emissions/linvite-des-matins/la-gauche-contre-le-peuple

    Notre ennemi : Michéa et sa conception du monde.
    A propos de Jean-Claude Michéa sur France Culture le 11/01/2017.
    https://vosstanie.blogspot.fr/2017/01/notre-ennemi-michea.html

    Certains réveils son plus désespérants que d’autres, surtout quand en fond sonore l’infâme brouet michéiste vous est déversé à jeun, sans précautions et pratiquement à date fixe c’est à dire quand le sieur s’autorise à commettre son opuscule nécessaire à son transit d’après les fêtes, par une filiale du groupe holding Madrigall.
    Quelque peu fatigué ce matin du 11/01/2017 dans les matins de France Culture, #J-C_Michéa s’enorgueillit de parler aux, et des classes populaires, et étale des références intellectuelles d’une culture historique dont il n’a jamais été proche ou alors que dans ses salles de classes....


    #Vosstanie #radio

  • Parution de « Libérons-nous du travail », le manifeste du Comité érotique révolutionnaire (éditions Divergences)
    http://www.palim-psao.fr/2016/12/parution-de-liberons-nous-du-travail-le-manifeste-du-comite-erotique-revo

    Lors du printemps dernier, le mouvement social contre la loi El Khomri a soulevé nombre de débats sur la notion du travail, ainsi que de sa critique la plus radicale. Mais qu’est que le travail dans notre société ? Quel est son rôle et surtout comment permet-il au capitalisme de se maintenir ? Le comité érotique révolutionnaire propose une ébauche de réponse, rédigé dans un style accessible et précis, nous vous conseillons vivement de vous le procurer !

    Libérons-nous du travail ne sera disponible en librairie qu’au mois d’avril 2017. En attendant, nous faisons une première diffusion dans les milieux militants. Il sera présent dans les prochains jours dans un certain nombre de lieux (librairies militantes, espaces occupés...) un peu partout en France. On publiera dans peu de temps une liste des lieux où se le procurer. Il est aussi possible de nous faire des commandes groupées du livre (5 exemplaires ou plus) soit via cette page soit sur le mail : editions.divergences@laposte.net

    #livre #travail #critique_du_travail #critique_de_la_valeur #wertkritik #Comité_érotique_révolutionnaire

    • Et alors on vie comment après ? Il ne faut pas rêver l’homme/femme a besoin d’une activité utile au delà du fait qu’il doit gagner sa vie ! Il/elle peux aimer son métier, sa vie même si il n’a pas vraiment choisi cela au départ, et que proposez vous à la place ?. C’est bien beau ces gens "soit disant « anarchistes » ou autre qui nous propose un « salaire minimum a vie » (RSA est déjà un salaire minimum a vie), tout comme les politiciens d’ailleurs qui voudraient bien voir vivre le peuple vivre avec « trois francs six sous ». Le travail en lui même n’est pas le problème, mais ce sont ceux qui dominent décideurs patrons, banquiers qui peuvent décider de votre vie avec « l’ esclavage dans le travail ». Ils décident de dévaluer le travail en salaire, les diplômes obtenus n’ayant plus la cote Non nous sommes fait pour travailler (ou avoir son jardin, ces bêtes) et être rémunérer en fonction de nos qualités, dureté du travail, je ne comprends pas du tout cette notion de « vie sans travail » si ce n’est que c’est une création contre le salariat déjà mis a mal par ces mêmes décideurs politiques.

    • Le travail est une spécificité du mode de vie capitaliste, aucun rapport avec le fait d’avoir une ou plusieurs activités, et donc sa critique n’a aucun rapport avec l’apologie de la paresse (même si c’est bien aussi dans une certaine mesure).

      Tu devrais prendre un peu de temps pour parcourir Palim Psao, il y a quantité d’articles (plus ou moins complexes ou vulgarisés suivant les cas) qui expliquent cette distinction (mais aussi un certain nombre de conversations ici sur seenthis en suivant les tags critique de la valeur, wertkritik, critique du travail…).

      La critique de quelques « grands méchants », et la mise en valeur du salariat est une critique du point de vue du Travail, qui aménage les choses, qui ne changent rien au mode de vie globale, au productivisme. Au mieux ça fait un capitalisme d’État ou un capitalisme « autogéré ».

      Si tu préfères l’audio à la lecture il y a cette vulgarisation pas mal du tout :
      https://seenthis.net/messages/506283

    • Ok je vais tenter d’y voir clair, car je crains que certains profitent de ce salaire minimum a vie pour renforcer le NAIRU ou créer des bantoustan de « travailleurs » ou esclaves modernes corvéables à merci .....

    • L’abolition de la valeur, écrit Moishe Postone, Temps, travail et domination sociale ne permettrait pas seulement de se délivrer de l’astreinte à la production pour la production, de donner au travail une structure différente et d’instaurer « une relation nouvelle du travail aux autres domaines de la vie » ; elle permettrait aussi d’acquérir « un plus haut degré de maîtrise, par les hommes [et les femmes] de leurs propres vies et une relation à l’environnement naturel plus consciente et maîtrisée »...
      L’écologie politique permet donc de mener une critique radicale de la richesse, des besoins et du travail, et de renouveler ainsi ce qu’il y a lieu d’entendre par « valeur d’usage »...
      On parvient ainsi à une conception anticonsumériste et antiproductiviste, où la technologie et les « forces productives » sont au centre de la critique.

      Fabrice Flipo : Moishe Postone, un marxisme antiproductiviste
      Radicalité 20 penseurs vraiment critiques Edition L’échappée

      Fabrice Flipo est maître de conférence en philosophie , contributeur régulier à la Revue du MAUSS et à Contre-Temps , auteur notamment de La décroissance : dix questions pour comprendre et débattre
      @rastapopoulos @aude_v @elihanah @vanderling

    • merci @marielle je vais me pencher un peu plus sur
      #Moishe_Postone ( d’autant plus que j’ai ce bouquin de l’échappée ) voici 2 liens de Contretemps à propos de
      Temps, travail, domination sociale… et destruction écologique. Retour sur Moishe Postone.
      http://www.contretemps.eu/postone-capital-nature
      http://www.contretemps.eu/lactualite-theorie-valeur-marx-propos-moishe-postone-temps-travail-domin
      à propos de Radicalité, 20 penseurs vraiment critiques selon les #éditions_l'échappée

      La liste ressemble un peu à un inventaire à la Prévert : Gunther Anders, Zygmunt Bauman, Cornelius Castoriadis, Bernard Charbonneau, Dany-Robert Dufour, Jacques Ellul, Ivan Illich, Christopher Lasch, Herbert Marcuse, Michela Marzano (députée du Parti démocrate italien !!!), Jean-Claude Michéa, Lewis Mumford, Georges Orwell, François Partant, Pier Paolo Pasolini, Moishe Postone, Richard Sennet, Lucien Sfez, Vandana Shiva, Simone Weil. Si l’on veut absolument trouver un point commun (très schématique) entre la majorité de ces intellectuels, ce serait leur sympathie pour l’écologie et leur critique de la société industrielle et de la technocratie – ce qui n’entraîne pas forcément une critique des fondements réels du capitalisme ni la volonté de s’y attaquer de façon « radicale »... On notera aussi que :

      – la majorité de ces auteurs sont des philosophes (discipline où l’on peut affirmer beaucoup de choses sans avoir à s’appuyer sur l’histoire et la politique concrètes) ;

      – quatre d’entre eux (Ellul, Charbonneau, Illich et Lasch) appartiennent à une mouvance chrétienne généralement modérée sur le plan politique. Ellul fut à la fois un théologien protestant et l’animateur d’une paroisse ; quant à Illich, il était prêtre de l’Eglise catholique, il est vrai proche des « pauvres » et non de sa hiérarchie ! Mais les fonctions ecclésiastiques prédisposent rarement à la « radicalité ». Ellul et Charbonneau appartenaient tous deux au courant personnaliste chrétien dont Emmanuel Mounier, le représentant le plus connu, et plusieurs de ses disciples, fréquentèrent l’Ecole des cadres d’Uriage sous... Pétain. C. Lasch fit profil bas sur les conséquences politiques de ses convictions religieuses mais il est reconnu, surtout depuis sa mort, comme l’un des maîtres à penser des conservateurs anglo-saxons. On ne s’étonnera pas que ce quatuor de croyants soient des adversaires de la Raison et de la critique matérialiste antireligieuse inaugurée par les Lumières ;

      – le seul auteur qui ait une activité politique traditionnelle actuellement (Michela Marzano) représente au Parlement un parti du centre gauche, qui n’a jamais été ni « radical » ni « vraiment critique » vis-à-vis du capitalisme et n’est même pas un parti réformiste combatif ;

      – et enfin que Zygmunt Bauman, fut commissaire politique, major dans le Corps de sécurité intérieure (les renseignements militaires) et membre du Parti polonais stalinien de 1944 à 1968 avant d’être chassé de Pologne à la suite d’une campagne menée par le Parti « communiste » contre les Juifs. Un tel long parcours au sein de l’appareil militaire puis politique d’un Etat totalitaire n’est pas vraiment un témoignage de « radicalité »....

      Bref sur ces vingt prétendus penseurs de la « radicalité », un tiers ont vraiment mouillé leur chemise à un moment ou un autre de leur existence (même si certains se sont bien assagis par la suite), voire ont risqué leur vie ou la prison pour leurs idées. Les deux autres tiers sont formés de braves universitaires dont la « radicalité » n’a jamais pris le chemin d’une pratique concrète anticapitaliste... Il ne s’agit pas de le leur reprocher (tout le monde n’a pas le goût à militer aux côtés des exploités) mais je vois mal comment une perspective libertaire « vraiment critique » pourrait s’élaborer seulement dans les facs ou les cénacles intellectuels, en dehors de toute participation à des luttes de masse.

      source : http://www.mondialisme.org/spip.php?article1990

      (Ajout du 22/12/2013 : D’ailleurs, manque de pot pour les libertaires de l’Echappée, #Olivier_Rey, auteur de l’article consacré à #Pasolini dans leur livre, a accordé une interview à la revue Conférence sur « l’usage social des sciences » dont le texte a été reproduit (probablement avec son autorisation) dans Krisis n° 39 de septembre 2013, la revue du fasciste mondain #Alain_de_Benoist. Signalons au passage que Rey est aussi l’auteur dans Etudes, la revue des jésuites, d’un article au titre évocateur : « L’homme originaire ne descend pas du singe »... Il a également donné une petite conférence à Notre-Dame-de-Paris, en compagnie d’un théologien pour gloser sur la « querelle du genre » (« Homme-femme : heureuse différence ou guerre des sexes ? », conférence que l’on peut voir et écouter sur la chaîne catholique KTO :

      http://leblogjeancalvin.hautetfort.com/tag/olivier+rey
      http://www.paris.catholique.fr/Texte-des-Conferences-de-Careme,15767.html

      Décidément les amis de l’Echappée nous réservent bien des surprises !...)
      https://youtu.be/JSmRVNBCAiM

      Cette maison d’édition officiellement libertaire a donc pondu un communiqué pour appeler à la « vigilance », communiqué sidérant par son absence de contenu politique. En effet le problème résiderait simplement, selon l’Echappée, dans une petite erreur de casting (on n’a pas vérifié sur Google, quelqu’un de fiable nous l’a recommandé, et autres excuses d’amateur)mais pas dans le choix stupéfiant de #Jean-Claude_Michéa comme auteur « vraiment critique » et « radical ».

  • Ruffin et Lordon, une Nuit à dormir Debout - 23 avril 2016
    http://confusionnisme.info/2016/04/23/ruffin-et-lordon-une-nuit-a-dormir-debout

    Nuit Debout nous donne l’occasion de publier, en partenariat avec plusieurs autres groupes et sites antifascistes, un dossier qui se veut aussi exhaustif que possible sur la galaxie citoyenniste, ses réseaux et ses errements idéologiques. Vous trouverez ci-dessous son sommaire avec des liens cliquables afin de naviguer à l’intérieur aussi aisément que possible. Fruit d’un travail intense qui nous a occupés depuis un mois, nous tenons à remercier tous les camarades qui nous ont aidé à réunir la documentation nécessaire. Bonne lecture !

    Au sommaire de ce dossier :

    Introduction

    La Genèse : une opération d’auto-promotion initiée par François Ruffin et Frédéric Lordon

    Fakir ou le journal de bord d’un réac
    Frédéric Lordon ou la virtuosité bavarde d’un social-chauvin
    > « Le protectionnisme, ça nous fait gerber »

    Ressorts et fonctionnement de la mobilisation

    Une mobilisation 2.0 ?
    Le mythe de la démocratie directe
    Le rapport aux flics

    Stands, commissions et projections

    Les Citoyens constituants, ambassadeurs d’Etienne Chouard
    L’arnaque du tirage au sort chouardien
    Le Parti du Vote blanc
    Demain
    La commission SDF

    Webmasters, vidéastes, artistes et activistes maison

    Xavier Renou
    Benjamin Ball
    Julien Bayou
    Un imaginaire graphique peu original

    Les médias qui soutiennent Nuit Debout

    Judith Bernard
    Acrimed
    Pierre Carles
    Frustration/Ballast/Le Comptoir/Limite
    > Ballast
    > Frustration
    > Limite
    > Jean-Claude Michéa
    Usul ou le dandysme du crotskisme

    Illusions citoyennistes

    Friot ou le projet illuminé d’une crapule stalinienne
    L’arnaque du revenu de base, une autre idéologie du travail
    Monnaies locales : « Argent trop cher, la vie n’a pas de prix »
    Franck Lepage, le rééducateur citoyenniste populaire
    Petit aparté…
    David Graeber, le messie anti-dette à la diète
    Jean-Luc Mélenchon
    Gérard Filoche
    L’oligarchie et ses dérivés
    > Le couple Pinçon-Charlot
    > Hervé Kempf
    > A l’extrême droite
    > 1% vs 99%

    Les multiculturalistes et les fans de Dieudonné

    Indigènes, Europalestine & co
    Jean-Pierre Garnier, l’ami dieudonniste de François Ruffin
    Une banderole contre les « banksters »
    Les soraliens et autres « dissidents »
    > Fakir, plus dissident que les « dissidents »

    Et ailleurs qu’à Paris ?

    Conclusion : peut-on en tirer quelque chose ?

    • C’est ça @val_k t’as quand même des vrais arguments anarchistes, anti-autoritaires, anti-sexistes, etc. Et mélangé à tout ça t’as 400 fois le mot « confusionniste » accolé à 400 personnes différentes (avec le même mot, le même qualificatif du coup), et fort souvent sans argument cette fois. Bref, il existe d’autres critiques anarchistes moins… confuses. :)

    • Je reproduis un fil FB passionné mais intéressant (puisque certains d’entre vous ont supprimé leur profil FB... :)

      Coco Billard
      21 h ·

      Ornella ou l’ultime délire complotiste. Tout le monde est de mèche : Rahbi avec le NPA, Filoche avec Dieudonné, Lordon avec le PIR et les "racialistes", Les Pinçons Charlot en fascistes antisémites complotant avec Benjamin Ball, Pierre Carles et Soral en embuscade avec le Diplo, Acrimed et "Salingue son aile droitière " conspirant avec Finkelkraut, Ugo Palheta et Julien Brygo ….

      (Dommage qu’il manque les extra-terrestres, Hitler et Elvis sinon la boucle était bouclée)

      Isidore Abraham Ducasse Et Lundi AM le célèbre blogue pro flics Et les jeux de mots des affiches qui sont un complot destiné à affadir les mots d’ordre en les lissant ...wtf

      Elisée Reclus Pas mal d antifa du net se trouvent des ennemis partout. Y a des sites qui classent reporterre comme conspirationnistes. ...

      Coco Billard Ornella il y a 10 ans elle faisait rire tout le monde sur les forums dans le genre grande complotiste paranoiaque… mais là elle est prise au sérieux et c’est inquietant… Il faut dire qu’elle mélange des élements vrais (incrust de Ball, flirt soralien ...Voir plus

      François Atreyu Acrimed c’est soralien parce que ça tape sur BHL. Au risque de faire du Ornella, la démonstration fait beaucoup penser aux démonstrations soraliennes

      Isidore Abraham Ducasse Dixit Ornella ex membre d’Acrimed d’ailleurs. Ex diplo aussi

      François Atreyu Même démonstration que là (au risque là aussi d’être "confusionniste" en partageant cette vidéo https://m.youtube.com/watch?v=-A8RGnC2fWo
      Le Petit Soral Illustré avec Parano Magazine
      youtube.com

      Romain Zambon C’est vrai on nage en plein délire ! Toute la gauche radicale y passe . Si ça c’est pas de la théorie du complot ... Par ailleurs la figure tutélaire de ce site aurait bien besoin de quelques séances chez le psy.

      Euryale Youreal merde la je crois que ça va trop loin . C’est con ils se décrédibilisent là sur ce coup et ça tient plus de la confusion mentale. On dirait le verbiage de l’extrême droite .

      Coco Billard "Certains camarades (…) gâchent le très utile travail d’enquête qu’ils accomplissent par ailleurs par une hargne à dénoncer comme confusionniste ou fasciste tout ce qui, à gauche, n’épouse pas tout à fait leurs conceptions quant à l’Etat ou à la nation, quitte à user d’amalgames, de soupçon par chaîne, d’accusations en contamination par capillarité, pour étayer leurs jugements a priori. C’est le cas par exemple d’Ornella Guyet et de son site confusionnisme.info. Parmi les têtes de turcs de ce site, le politicien Jean-Luc Mélenchon (ainsi que d’autres dirigeant-e-s du PG), l’économiste Frédéric Lordon, les journaux Fakir ou Reporterre…
      Par exemple, dans la rubrique « les figures de la confusion », on peut trouver en date du 17 septembre 2015 une « brève » ironisant sur une phrase dans laquelle l’ex-candidat du FdG à la présidentielle accuse le gouvernement allemand (de droite) de vouloir « punir les Etats européens qui ne se plient pas à ses exigences », ceci « après avoir transformé la Grèce en protectorat ». Sur un ton faussement naïf digne du style du Canard enchaîné, mais l’humour en moins, Ornella Guyet se demande si Mélenchon inclut dans sa liste les Etats « qui mènent des politiques directement inspirés [sic] de l’extrême-droite comme celui de Viktor Orban en Hongrie ». Ainsi, un internaute désireux de se documenter sur le confusionnisme apprendra, grâce à Ornella Guyet, que Mélenchon, « figure de la confusion » pourrait bien, alors qu’il est classé à gauche dans le paysage politique, être un défenseur de l’extrême-droite à la sauce Viktor Orban. Or, si quelque chose apporte de la confusion dans cet exemple, c’est bien la présentation malveillante et diffamatoire d’Ornella Guyet. Il y a là un sérieux problème de méthode. En effet, quoi qu’on pense des prises de position de Mélenchon, ce qu’il dit ne défend en rien le régime d’Orban. (…) Bref, Ornella Guyet opère une confusion entre son point de vue hostile à Mélenchon (hostilité légitime mais dont on ne saura pas explicitement sur quelle opposition politique elle repose, Ornella Guyet se gardant bien d’exposer sa propre analyse de la situation européenne) et le travail d’enquête qu’elle mène à juste titre sur les milieux confusionnistes (nous n’avons par exemple rien à redire sur le dossier bien documenté qu’elle a constitué sur l’Agence Info Libre)."http://observatoiredesreseaux.info/.../la-confusion......

      Lucie Lowet Ce qui m’agace le plus, c’est qu’en fin de compte, on en arrive au même résultat qu’avec les complotistes : si tout le monde est pourri, alors à quoi bon faire quoique ce soit ? C’est quand même hyper démobilisant comme dossier. La quête de pureté à ce point me fait flipper.

      Lucie Lowet Ouais bah chuis allée au bout. Si certains contenus semblent intéressants, des contresens ou erreurs manifestes m’empêchent d’y accorder du crédit. Je vais pas m’embarquer sur une recension (mince) des perles, mais j’avoue qu’ils m’ont complètement per...Voir plus

      Fouad Harjane J’hallucine ! Faut arrêter la drogue ou postuler comme scénariste chez Canal +. Faites gaffe, Xavier Mathieu, acteur de la série Baron Noir, prépare un complot avec Bolloré, diffuseur de la série et probablement producteur, patron de la chaîne cryptée. L’ex syndicaliste aurait été vu en compagnie de Bolloré dans le hall des locaux de C+....
      h
      Frédéric Charbonnier
      Frédéric Charbonnier Déjà pour qualifier la revue Ballast d’anarcho-nationaliste faut déjà avoir un pied dans l’erreur. Mettre des adjectifs accolés aux noms de journeaux comme si l:on était soi-même une référence en te balançant 40 pages de liens plutôt que de developper ...Voir plus

      Coco Billard C’est pas les enragés mais juste Ornelle Guyet : toujours elle et ses mêmes obsessions, ça fait des années qu’elle répète le meme article, qu’elle tourne en boucle en s’obsédant sur les memes personnes… rien de nouveau malheureusement

      Frédéric Charbonnier oui pardon j’ai ecrit les enragés sans le vouloir...

    • Ornella Guyet est donc une opportuniste inféodée au système néocolonialiste et ultra-libéral. Ornella Guyet se prétend « de gauche » mais son travail prouve le contraire. Elle vise à discréditer tant les écologistes que les partis de gauche.

      La calomnie fonctionne, même quand elle se base sur du faux.

    • Ce qui est hallucinant, mais peut-être pas très étonnant, c’est la hargne avec laquelle les professionnels du militantisme (d’extrême gauche/anar) crachent sur nuit debout sans jamais y avoir mis les pieds, à la manière d’un syndicaliste bureaucrate dépassé par sa base. J’ai été frappé, la première fois que j’ai assisté à une des ces nuits debout dans ma ville, de ne pas voir un seul militant habituel « organisé » (que ce soit du NPA, AL ou autres syndicalistes bien en vue). Donc forcément, on a ces gens qui se réunissent et qui ont une culture politique relativement faible et après on les accuse de ne pas défendre les idées qui circulent au sein des partis trotskistes ou autres orgas anars, on les accuse de subir des tentatives de noyautage par des groupuscules confusionnistes voire d’extrême droite etc. Tout cela est effectivement plus que #dommage, car les gens qui devraient participer à ce mouvement préfèrent le mépriser plutôt que le faire grandir... Concernant Ornella Guyet (que j’ai quelques fois croisé dans mes années de militantisme étudiant et déjà je la trouvais obsédé par certaines questions sans être bien pertinente) et l’article d’anticons, je les trouve finalement tous les deux assez ridicules dans leur façon de se focaliser sur des trucs finalement peu importants (Chouard n’attire pas des millions de gens aux dernières nouvelles).

    • On parle d’absence de convergence, alors qu’elle est là, sous nos yeux. Les militants passent, les non-militants les rencontrent et réciproquement. Le « meltingpot » est là, et on feint tous de croire que rien ne se passe.
      Les contacts se créent, la politisation des esprits est en quelque sorte de retour. Ou en tout les cas, je crois que s’il ne reste que cela, le retour d’une conscience politique, quelque qu’elle soit, ce serait déjà énorme.

    • Mais les orgas n’ont pas à arrêter tout pour se mettre derrière la bannière Nuit debout.

      Non évidemment, ce n’était pas le sens de mon message, et puis les choses ont l’air différentes d’une ville à l’autre (dans un sens tant mieux), ce que je veux dire c’est qu’il se passe quelque chose et que des gens qui devraient en être heureux (même en y mettant tous les bémols qu’on veut) préfèrent propager des articles comme celui d’Ornella Guyet et se focaliser sur certains aspects au lieu de voir la potentielle dynamique à l’œuvre (je dis bien potentielle, je ne suis pas naïf, peut-être que cela ne donnera rien ou accouchera juste d’un parti politique de plus). Ceci étant, on avait déjà eu le même genre de réactions avec les indignés, alors ça ne devrait peut-être pas me surprendre...

  • De #Michéa à #Mélenchon Idéologues et militants du #social-chauvinisme
    http://cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article761

    Puisque, dans cette période de crise économique et sociale, la montée des sentiments nationalistes, et pour tout dire xénophobes, est évidente, y compris dans les partis de gauche ou d’extrême-gauche, nous avions choisi de demander à #Yves_Coleman, éditeur de la revue «  Ni patrie ni frontières  » de nous parler des mouvements de gauche qui se situent, qu’ils le revendiquent ou qu’ils l’occultent, du côté du #nationalisme.

    Le social-chauvinisme est, nous dit Yves Coleman en préambule, une vieille expression polémique utilisée durant la Première guerre mondiale par les socialistes marxistes internationalistes (Lénine, Luxembourg, etc.) pour dénoncer les sociaux-démocrates qui soutenaient leurs bourgeoisies nationales respectives en usant d’une phraséologie pseudo-radicale. Au nom de la défense de la « patrie », ces sociaux-démocrates participaient à «  l’Union sacrée  » [1] en compagnie des partis de droite (et même d’anarchistes) : ils avaient voté les crédits de guerre, renoncé à toute propagande anti-militariste ou pacifiste, refusaient de participer à une grève internationale contre la guerre et accusaient au choix, suivant leur nationalité, l’Allemagne, la France, la Russie ou l’Angleterre d’être les seuls responsables du déclenchement du conflit afin de pouvoir, chacun dans sa « patrie », blanchir les responsabilités de leur propre bourgeoisie.

    Aujourd’hui, le nationalisme est redevenu un thème porteur et même certains à l’extrême-gauche (trotskistes, maoïstes voire anarchistes) lui trouvent des vertus révolutionnaires.

    En 2015 en France un large éventail de groupes, de partis, de personnalités allant de la gauche à l’extrême-droite soutient des positions nationalistes et se retrouve sur des positions politiques que l’on pourrait résumer en sept slogans :

    Non à l’OTAN et à la domination américaine sur le monde !
    Non à l’union européenne et aux traités européens !
    Non à l’euro !
    Non à la dictature des marchés financiers !
    Oui à un État fort, doté d’une armée puissante et d’une police efficace !
    Oui à la défense nucléaire !
    Oui au protectionnisme et à un capitalisme national productif !

    La circulation et l’usage identique de concepts communs dans ces milieux très divers, qui vont de la gauche à l’extrême-droite, ne font qu’entretenir, le plus souvent délibérément, la confusion politique.

    Ces gens là, nous dit Yves Coleman préparent des alliances contre nature entre la droite et la gauche, voire entre l’extrême-droite et l’extrême-gauche, alliances qui se dessinent très bien dans les sommets et les réunions alter-mondialistes ou dans les prétendues manifestations de soutien à la Palestine. Il n’est donc pas étonnant que des intellectuels de gauche, comme par exemple Emmanuel Todd, rendent hommage dans des forums à des idéologues d’extrême-droite ou que des philosophes marxistes fréquentent des locaux d’organisation fascistes.

    Ces convergences entre intellectuels de gauche et intellectuels de droite, voire d’extrême-droite, sont toutes fondées sur la reconnaissance de la nécessité de l’existence de nations, de frontières nationales, d’économies nationales et d’Etats. Ce qu’il y a de commun entre tous ces discours social-chauvins de gauche ou de droite, c’est qu’ils invoquent la «  nation  », la «  république sociale  » pour soit-disant défendre les intérêts du «  peuple  ». Le Front de gauche, par exemple veut qu’on fasse «  place au peuple  », voire que le «  peuple prenne le pouvoir  ». Ce sont des slogans particulièrement ineptes puisque, par définition, le peuple rassemble toutes les classes sociales y compris les patrons, le personnel politique, les flics, les maffieux, les militaires.

    Sous prétexte de lutter contre la «  finance spéculative  », contre la «  mondialisation  », les social-chauvins d’aujourd’hui nous préparent les gouvernements d’union nationale de demain.

    Reste donc, alors que l’idéologie du Front national progresse dans l’opinion, à se poser la question de savoir si on peut être «  patriote  » et lutter efficacement contre les idées xénophobes de ce parti, comme affirme pouvoir le faire, par exemple, le Front de gauche C’est impossible, nous dit Yves Coleman, et il nous donne l’exemple d’un groupe libertaire anti-dogmatique qui réussit l’exploit de passer dans le même texte d’un multiculturalisme insipide à des clichés social-patriotes gaulois à la Chevènement, Mélenchon et Montebourg.

    C’est que la tradition social-chauvine est en France aussi ancienne que solidement établie. Dès l’enterrement de Jaurès [2], c’est Léon Jouhaux, issu du courant Syndicaliste révolutionnaire et alors secrétaire général de la CGT, qui se lance dans une diatribe passionnée contre le militarisme allemand. Un peu plus tard, c’est Dubreuilh, militant SFIO (Section française de l’internationale ouvrière – socialistes de l’époque) qui se drape dans Jaurès pour tenir des propos chauvins. Il est vrai que la pensée de Jaurès présentait plus que des ambiguïtés sur ce point, ce qui lui a valu récemment d’être récupéré par le Front national (voir encadré).

    Aujourd’hui, nous dit Yves Coleman, les socialistes français justifient de la même manière les interventions de l’armée française à l’extérieur.

    Le Parti communiste français quant à lui, suivit une ligne anti-militariste jusqu’en 1924 (distribution de tracts, de journaux et entretien de structures clandestines dans les casernes...). A partir de cette date, la défense des intérêts de l’URSS, le conduit progressivement à défendre des positions clairement nationalistes (vote des crédits de guerre, défense de «  l’institution militaire face à l’extrême-droite  » etc.). Après la Libération, il s’allie avec la SFIO et le MRP (Mouvement républicain populaire – démocrate chrétien) pour appliquer le programme du CNR (Conseil national de la Résistance), période qui à côté d’avancées sociales indiscutables (Sécurité sociale, «  40 heures  », retraite par répartition …) a surtout coïncidé avec une répression anti-ouvrière féroce de1944 à 1947.

    Sous prétexte de préserver l’unité nationale, de reconstruire le pays, le PCF et la CGT obligèrent les ouvriers à travailler pour des salaires de misère. Ainsi entre 1945 et 1947, le pouvoir d’achat moyen recule de 30 % environ, le pain est rationné  : 350 grammes par jour en 1944, 300 grammes en 1946 et finalement 200 grammes en octobre 1947. Et puisque, comme le disait à l’époque Maurice Thorez leader charismatique du PCF, « Produire, c’est aujourd’hui la forme la plus élevée du devoir de classe », la grève devint selon l’expression de Gaston Monmous-seau (secrétaire général de la CGT de l’époque) «  l’arme des trusts ». Il existe, nous dit également Yves Coleman, une tradition patriotique d’extrême-gauche depuis au moins la Commune de Paris. De même, s’il y a bien une référence politique qui fait la quasi-unanimité à gauche et à l’extrême-gauche, c’est bien celle de la vision chauvine de la Résistance à l’occupation nazie. La résistance gaullo-stalinienne continue à influencer la vision politique des militants français actuels et elle reste très présente dans la littérature, au cinéma et à la télévision, comme dans le discours politique.

    Puisque le social-chauvinisme couvre un champ politique si large, Yves Coleman nous proposa de définir les points communs à tous les sociaux-chauvins de droite ou de gauche.

    Au niveau international, ils défendent la vision d’un monde divisé en deux camps : le camp anti-impérialiste composé «  d’États progressistes  » qu’il faut soutenir et le «  camp impérialiste  ». En conséquence, ils dénoncent exclusivement le rôle de la puissance américaine et de l’OTAN. En corollaire, ils ont une sympathie marquée pour les objectifs géo-politiques de l’État russe ; sympathie qui peut aller jusqu’à un soutien à Poutine. Ils dénoncent le rôle de l’Angleterre et/ou de l’Allemagne. Ainsi, selon E. Todd et J.-L. Mélenchon, tous les malheurs de la France viennent de l’Allemagne qui veut imposer son modèle ordolibéral au reste de l’Europe. Enfin, s’ils dénoncent les institutions européennes et le Traité constitutionnel européen, c’est pour mieux exalter, au niveau intérieur, le rôle de la France et de son État, son histoire, sa «  grandeur  », etc. Ils soutiennent l’armée française - voire glorifient son rôle – ainsi que la défense nucléaire. Au niveau économique, ils sont favorable au protectionnisme français ou européen. Ils vont jusqu’à faire l’apologie du capitalisme pourvu qu’il soit productif et national (E. Todd).

    Par rapport à l’immigration, on peut déjà trouver des propos xénophobes dans des œuvres critiques anciennes (par exemple, Yves Coleman cite un texte de Guy Debord repris par des néo-nazis - voir encadré). De tels propos prolifèrent maintenant chez les nationaux-chauvins, par exemple, dans les textes de Jean-Claude Michéa [3]. On trouve dans les écrits et les propos des nationaux-chauvins certains termes et expressions très connotés tels que «  oligarchie », «  élites nomades  », «  élites mondialisées  », «  élites déterritoriali-sées  », «  hyper-classe des banques et des multinationales  » à la signification très floue. Mais derrière ces mots, ce qui se cache encore et toujours, c’est cette idée que les exploiteurs, les responsables des crises ne sont pas vraiment français, point de départ de tous les raisonnements xénophobes et antisémites.

    Ce n’est pas sur une note optimiste qu’Yves Coleman conclut son exposé. Car, selon lui , quatre facteurs internationaux contribuent au développement du social-chauvinisme dans les états européens : le chômage, les interventions militaires occidentales, la montée de l’islam politique et la difficulté de construire une puissance européenne.

    Autant dire que les internationalistes, antinationalistes ou mieux a-nationalistes, que nous sommes allons devoir continuer à ramer et lutter à contre-courant !

    CITATION JAURES

    « Quand un syndicaliste révolutionnaire s’écrie au récent congrès de Toulouse : « A bas les patries ! Vive la patrie universelle ! » il n’appelle pas de ses vœux la disparition, l’extinction des patries dans une médiocrité immense, où les caractères et les esprits perdraient leur relief et leur couleur. Encore moins appelle-t-il de ses vœux l’absorption des patries dans une énorme servitude, la domestication de toutes les patries par la patrie la plus brutale, et l’unification humaine d’un militarisme colossal. En criant : «  A bas les patries !  » il crie : «  A bas l’égoïsme et l’antagonisme des patries ! A bas les préjugés chauvins et les haines aveugles ! A bas les guerres fratricides ! A bas les patries d’oppression et de destruction !  » Il appelle à plein coeur l’universelle patrie des travailleurs libres, des nations indépendantes et amies.  »

    #Jean_Jaurès, in «  L’armée nouvelle »

    Bel exemple de discours radical en apparence, social-chauvin en réalité, qui va jusqu’à récupérer l’antipatriotisme d’un syndicaliste révolutionnaire pour justifier le patriotisme. Comme le dit Yves Coleman, du grand art !

    CITATION DEBORD

    « (…) Nous ne pouvons plus assimiler personne : ni la jeunesse, ni les travailleurs français, ni même les provinciaux ou vieilles minorités ethniques (Corses, Bretons, etc.) car Paris, ville détruite, a perdu son rôle historique qui était de faire des Français. (…) Mais on comprend bien pourquoi tous les responsables politiques (y compris les leaders du Front National) s’emploient à minimiser la gravité du « problème immigré » … (….) Combien y a-t-il d’étrangers de fait en France ? (…) Il est évident qu’il y en a tellement qu’il faudrait plutôt se demander : combien reste-t-il de français et où sont-ils ? (Et qu’est-ce qui caractérise maintenant un Français ?) Comment resterait-il, bientôt, des Français ? (…) les Français qui ont accepté cela sans beaucoup de révolte (sauf en 1968) sont malvenus à dire qu’ils ne se sentent plus chez eux à cause des immigrés ! Ils ont tout lieu de ne plus se sentir chez eux, c’est très vrai. C’est parce qu’il n’y a plus personne d’autre, dans cet horrible nouveau monde de l’aliénation, que des immigrés. (…) La France est assurément regrettable. Mais les regrets sont vains. »

    #Guy_Debord, 1985, Oeuvres complètes Gallimard 2006, pp 1588-1591

    Sans commentaire

    [1] « Union sacrée » : expression utilisée par Raymond Poincaré, président de la République, dès le 4 août 1914, pour appeler la CGT et la SFIO (en principe hostiles à la guerre) à se ranger derrière les partis de droite et la bourgeoisie nationale.

    [2] Assassiné à Paris le 31 juillet 1914 par le nationaliste Raoul Villain. Le 3 août 1914, la France entrait en guerre.

    [3] Voir les références sur le site de Yves Coleman « A propos du réactionnaire Jean-Claude Michéa (alias Nietzchéa), des Editions l’Echappée et de leur « vigilance »… en carton pâte ».
    http://www.mondialisme.org/spip.php?article1990

    #journées_iconoclates

    @anarchosyndicalisme ! n°145
    http://seenthis.net/messages/387250

    • Cet article est au mieux affligeant de superficialité et d’anachronisme. Dénoncer la marionnette social chauviniste en retuant en 2015 le PCF a tout du spectacle de fin d’année scolaire : laborieux, bâclé, et destiné à un public plus que complaisant.

      Aucune envie de plonger les mains plus avant dans une soupe passéiste et franchouillarde aussi étroitement intéressée. Le soliloque d’ « antiracistes » autoproclamés, aussi blancs que moralisateurs, serait prodigieusement ennuyeux s’il n’était aussi malhonnête et sordide que la vieille puanteur nationaliste qu’ils tiennent à nous mettre sous le nez. Mais c’est qu’ils doivent se dissimuler à eux mêmes leur propre blancheur, et à leurs lecteurs, leur lutte constante pour que l’antiracisme abstrait, et son internationalisme colonial, demeurent en dépit de tout les seuls possibles, les seuls pensables.
      Les pauvres sont visiblement dépassés, et contraints à recourir à des artifices toujours plus grossiers.

      (Tout de même, il fallait oser donner à voir aussi grossièrement qu’on ne savait pas lire la « Note sur la question des immigrés » de Debord !)

      Si l’on souhaite par contre s’intéresser aux termes actuels des luttes et de la critique de la question nationale, raciste, coloniale, on peut plutôt lire par exemple ceci :
      http://indigenes-republique.fr/vacarme-critique-les-indigenes-la-faillite-du-materialisme-abst

      C’est tout de même une lecture moins confortable.

    • Pour que chacun puisse se faire son idée, le texte complet de Debord :

      Notes sur "la question des immigrés"
      Par Guy Debord, 1985

      Tout est faux dans la « question des immigrés », exactement comme dans toute question ouvertement posée dans la société actuelle ; et pour les mêmes motifs : l’économie – c’est-à-dire l’illusion pseudo-économique – l’a apportée, et le spectacle l’a traitée.

      On ne discute que de sottises. Faut-il garder ou éliminer les immigrés ? Naturellement, le véritable immigré n’est pas l’habitant permanent d’origine étrangère, mais celui qui est perçu et se perçoit comme différent et destiné à le rester. Beaucoup d’immigrés ou leurs enfants ont la nationalité française ; beaucoup de Polonais ou d’Espagnols se sont finalement perdus dans la masse d’une population française qui était autre. Comme les déchets de l’industrie atomique ou le pétrole dans l’Océan — et là on définit moins vite et moins « scientifiquement » les seuils d’intolérance — les immigrés, produits de la même gestion du capitalisme moderne, resteront pour des siècles, des millénaires, toujours. Ils resteront parce qu’il était beaucoup plus facile d’éliminer les Juifs d’Allemagne au temps d’Hitler que les maghrébins, et autres, d’ici à présent : car il n’existe en France ni un parti nazi ni le mythe d’une race autochtone !

      Faut-il donc les assimiler ou « respecter les diversités culturelles » ? Inepte faux choix. Nous ne pouvons plus assimiler personne : ni la jeunesse, ni les travailleurs français, ni même les provinciaux ou vieilles minorités ethniques (Corses, Bretons, etc.) car Paris, ville détruite, a perdu son rôle historique qui était de faire des Français. Qu’est-ce qu’un centralisme sans capitale ? Le camp de concentration n’a créé aucun Allemand parmi les Européens déportés. La diffusion du spectacle concentré ne peut uniformiser que des spectateurs. On se gargarise, en langage simplement publicitaire, de la riche expression de « diversités culturelles ». Quelles cultures ? Il n’y en a plus. Ni chrétienne ni musulmane ; ni socialiste ni scientiste. Ne parlez pas des absents. Il n’y a plus, à regarder un seul instant la vérité et l’évidence, que la dégradation spectaculaire-mondiale (américaine) de toute culture.

      Ce n’est surtout pas en votant que l’on s’assimile. Démonstration historique que le vote n’est rien, même pour les Français, qui sont électeurs et ne sont plus rien (1 parti = 1 autre parti ; un engagement électoral = son contraire ; et plus récemment un programme — dont tous savent bien qu’il ne sera pas tenu — a d’ailleurs enfin cessé d’être décevant, depuis qu’il n’envisage jamais plus aucun problème important. Qui a voté sur la disparition du pain ?). On avouait récemment ce chiffre révélateur (et sans doute manipulé en baisse) : 25 % des « citoyens » de la tranche d’âge 18-25 ans ne sont pas inscrits sur les listes électorales, par simple dégoût. Les abstentionnistes sont d’autres, qui s’y ajoutent.

      Certains mettent en avant le critère de « parler français ». Risible. Les Français actuels le parlent-ils ? Est-ce du français que parlent les analphabètes d’aujourd’hui, ou Fabius (« Bonjour les dégâts ! ») ou Françoise Castro (« Ça t’habite ou ça t’effleure ? »), ou B.-H. Lévy ? Ne va-t-on pas clairement, même s’il n’y avait aucun immigré, vers la perte de tout langage articulé et de tout raisonnement ? Quelles chansons écoute la jeunesse présente ? Quelles sectes infiniment plus ridicules que l’islam ou le catholicisme ont conquis facilement une emprise sur une certaine fraction des idiots instruits contemporains (Moon, etc.) ? Sans faire mention des autistes ou débiles profonds que de telles sectes ne recrutent pas parce qu’il n’y a pas d’intérêt économique dans l’exploitation de ce bétail : on le laisse donc en charge aux pouvoirs publics.

      Nous nous sommes faits américains. Il est normal que nous trouvions ici tous les misérables problèmes des USA, de la drogue à la Mafia, du fast-food à la prolifération des ethnies. Par exemple, l’Italie et l’Espagne, américanisées en surface et même à une assez grande profondeur, ne sont pas mélangées ethniquement. En ce sens, elles restent plus largement européennes (comme l’Algérie est nord-africaine). Nous avons ici les ennuis de l’Amérique sans en avoir la force.

      Il n’est pas sûr que le melting-pot américain fonctionne encore longtemps (par exemple avec les Chicanos qui ont une autre langue). Mais il est tout à fait sûr qu’il ne peut pas un moment fonctionner ici. Parce que c’est aux USA qu’est le centre de la fabrication du mode de vie actuel, le cœur du spectacle qui étend ses pulsations jusqu’à Moscou ou à Pékin ; et qui en tout cas ne peut laisser aucune indépendance à ses sous-traitants locaux (la compréhension de ceci montre malheureusement un assujettissement beaucoup moins superficiel que celui que voudraient détruire ou modérer les critiques habituels de « l’impérialisme »). Ici, nous ne sommes plus rien : des colonisés qui n’ont pas su se révolter, les béni-oui-oui de l’aliénation spectaculaire. Quelle prétention, envisageant la proliférante présence des immigrés de toutes couleurs, retrouvons-nous tout à coup en France, comme si l’on nous volait quelque chose qui serait encore à nous ? Et quoi donc ? Que croyons-nous, ou plutôt que faisons-nous encore semblant de croire ? C’est une fierté pour leurs rares jours de fête, quand les purs esclaves s’indignent que des métèques menacent leur indépendance !

      Le risque d’apartheid ? Il est bien réel. II est plus qu’un risque, il est une fatalité déjà là (avec sa logique des ghettos, des affrontements raciaux, et un jour des bains de sang). Une société qui se décompose entièrement est évidemment moins apte à accueillir sans trop de heurts une grande quantité d’immigrés que pouvait l’être une société cohérente et relativement heureuse. On a déjà fait observer en 1973 cette frappante adéquation entre l’évolution de la technique et l’évolution des mentalités :

      « L’environnement, qui est reconstruit toujours plus hâtivement pour le contrôle répressif et le profit, en même temps devient plus fragile et incite davantage au vandalisme. Le capitalisme à son stade spectaculaire rebâtit tout en toc et produit des incendiaires. Ainsi son décor devient partout inflammable comme un collège de France. »

      Avec la présence des immigrés (qui a déjà servi à certains syndicalistes susceptibles de dénoncer comme « guerres de religions » certaines grèves ouvrières qu’ils n’avaient pu contrôler), on peut être assurés que les pouvoirs existants vont favoriser le développement en grandeur réelle des petites expériences d’affrontements que nous avons vu mises en scène à travers des « terroristes » réels ou faux, ou des supporters d’équipes de football rivales (pas seulement des supporters anglais).

      Mais on comprend bien pourquoi tous les responsables politiques (y compris les leaders du Front national) s’emploient à minimiser la gravité du « problème immigré ». Tout ce qu’ils veulent tous conserver leur interdit de regarder un seul problème en face, et dans son véritable contexte. Les uns feignent de croire que ce n’est qu’une affaire de « bonne volonté antiraciste » à imposer, et les autres qu’il s’agit de faire reconnaître les droits modérés d’une « juste xénophobie ». Et tous collaborent pour considérer cette question comme si elle était la plus brûlante, presque la seule, parmi tous les effrayants problèmes qu’une société ne surmontera pas. Le ghetto du nouvel apartheid spectaculaire (pas la version locale, folklorique, d’Afrique du Sud), il est déjà là, dans la France actuelle : l’immense majorité de la population y est enfermée et abrutie ; et tout se serait passé de même s’il n’y avait pas eu un seul immigré. Qui a décidé de construire Sarcelles et les Minguettes, de détruire Paris ou Lyon ? On ne peut certes pas dire qu’aucun immigré n’a participé à cet infâme travail. Mais ils n’ont fait qu’exécuter strictement les ordres qu’on leur donnait : c’est le malheur habituel du salariat.

      Combien y a-t-il d’étrangers de fait en France ? (Et pas seulement par le statut juridique, la couleur, le faciès.) Il est évident qu’il y en a tellement qu’il faudrait plutôt se demander : combien reste-t-il de Français et où sont-ils ? (Et qu’est-ce qui caractérise maintenant un Français ?) Comment resterait-il, bientôt, de Français ? On sait que la natalité baisse. N’est-ce pas normal ? Les Français ne peuvent plus supporter leurs enfants. Ils les envoient à l’école dès trois ans, et au moins jusqu’à seize, pour apprendre l’analphabétisme. Et avant qu’ils aient trois ans, de plus en plus nombreux sont ceux qui les trouvent « insupportables » et les frappent plus ou moins violemment. Les enfants sont encore aimés en Espagne, en Italie, en Algérie, chez les Gitans. Pas souvent en France à présent. Ni le logement ni la ville ne sont plus faits pour les enfants (d’où la cynique publicité des urbanistes gouvernementaux sur le thème « ouvrir la ville aux enfants »). D’autre part, la contraception est répandue, l’avortement est libre. Presque tous les enfants, aujourd’hui, en France, ont été voulus. Mais non librement ! L’électeur-consommateur ne sait pas ce qu’il veut. Il « choisit » quelque chose qu’il n’aime pas. Sa structure mentale n’a plus cette cohérence de se souvenir qu’il a voulu quelque chose, quand il se retrouve déçu par l’expérience de cette chose même.

      Dans le spectacle, une société de classes a voulu, très systématiquement, éliminer l’histoire. Et maintenant on prétend regretter ce seul résultat particulier de la présence de tant d’immigrés, parce que la France « disparaît » ainsi ? Comique. Elle disparaît pour bien d’autres causes et, plus ou moins rapidement, sur presque tous les terrains.

      Les immigrés ont le plus beau droit pour vivre en France. Ils sont les représentants de la dépossession ; et la dépossession est chez elle en France, tant elle y est majoritaire et presque universelle. Les immigrés ont perdu leur culture et leurs pays, très notoirement, sans pouvoir en trouver d’autres. Et les Français sont dans le même cas, et à peine plus secrètement.

      Avec l’égalisation de toute la planète dans la misère d’un environnement nouveau et d’une intelligence purement mensongère de tout, les Français, qui ont accepté cela sans beaucoup de révolte (sauf en 1968) sont malvenus à dire qu’ils ne se sentent plus chez eux à cause des immigrés ! Ils ont tout lieu de ne plus se sentir chez eux, c’est très vrai. C’est parce qu’il n’y a plus personne d’autre, dans cet horrible nouveau monde de l’aliénation, que des immigrés.

      Il vivra des gens sur la surface de la terre, et ici même, quand la France aura disparu. Le mélange ethnique qui dominera est imprévisible, comme leurs cultures, leurs langues mêmes. On peut affirmer que la question centrale, profondément qualitative, sera celle-ci : ces peuples futurs auront-ils dominé, par une pratique émancipée, la technique présente, qui est globalement celle du simulacre et de la dépossession ? Ou, au contraire, seront-ils dominés par elle d’une manière encore plus hiérarchique et esclavagiste qu’aujourd’hui ? Il faut envisager le pire, et combattre pour le meilleur. La France est assurément regrettable. Mais les regrets sont vains.

      Guy Debord, 1985

      Source : Guy Debord, Œuvres complètes , Gallimard, 2006, p. 1588-1591.

    • Ce texte de Debord est puant d’ambiguïtés et de condescendance. Rien d’étonnant à ce que les xénophobes du Lys noir et d’E&R puisse le reprendre tel quel sans que cela ne leur pose de problème idéologique.

    • à ce jour, le principal reproche que je fais au texte de Debord, c’est d’apparaître tout de même comme cruellement daté, et de relever d’une lecture de la question du racisme au sein de laquelle la blancheur n’est pas une catégorie politique , le racisme n’est pas conçu comme un système de rapports sociaux de domination , bref, l’approche de la question n’y est pas matérialiste pour deux sous.
      Il se trouve que de tels manques théoriques abyssaux caractérisent justement tous les écrits publiés sur Mondialisme et par Y. Coleman à propos du racisme aujourd’hui.

      Que Mondialisme choisisse d’interpréter en compagnie de quelques nazillons ce texte comme « raciste » (même si c’est pour le condamner) tout en s’en tenant lui-même à une semblable misère théorique (dont seuls des blancs peuvent se contenter dans cette affaire) pose à mes yeux un problème autrement plus actuel et urgent que le constat de limites similaires chez un Debord il y a trente ans - limites qui étaient alors aussi celles de l’ensemble de l’antiracisme blanc.

      Que Mondialisme essaie grossièrement de donner de la sorte des gages du sérieux et de la radicalité (se payer Debord, ça en jette encore) de son anti-racisme abstrait, moral et assurément très blanc me paraît digne d’être relevé.

      Les termes en lesquels ces gens tiennent à voir abordée la question sont désormais dépassés. Pour parler en langage marxiste, il y a déjà pas mal d’années que leur critique a commencé de sentir le pourri.

    • D’autant que ceux qui lisent vraiment ce qu’écrit Y.C. depuis 13 ans sur le sujet savent très bien qu’il n’est ni « pro-israélien » ni sioniste (c’est marrant d’ailleurs parce que Lieux communs par exemple considère qu’il serait plutôt pro-Hamas et pro-islamiste !).

    • Donc Y.C. qui n’est pas « blanc », en fait l’est ; et @martin5 qui l’est peut-être, ne l’est pas ! Une chatte n’y retrouverait pas ses petits comme disait ma grand-mère. Et en terme d’abstraction vous vous posez là !

    • @Rubber

      J’ai parlé de la blancheur comme catégorie politique, et de rapports sociaux de domination.

      Que vous le vouliez ou non, vous êtes tout comme moi, Coleman et qui que ce soit pris au sein de ces rapports. Et ni vous ni lui ni moi n’avons le pouvoir de nous en abstraire magiquement.

      L’antiracisme blanc n’est même pas une moitié d’antiracisme. C’est d’abord et surtout un discours de dominant au sein des rapports sociaux de domination de race. En premier lieu, c’est son confortable soliloque que les prises de paroles des racisé-e-s menacent.

      Faites avec, ou pas : c’est à vous de voir ce que vous voulez faire. Personne ne le fera à votre place.

    • @anarchosyndicalisme : on ne tolère pas l’"insulte ad personam" dans vos fils ? Je comprends, ça a l’air bien plus grave que l’argumentum ad personam ou la simple insulte ! Ce qui m’étonne, par contre, c’est qu’en plus du zeste de cuistrerie, on y tolère néanmoins l’anathème, la citation tronquée et la censure à la petite semaine avec la bonne conscience libertaire en sautoir. Manifestement je me suis égaré en venant ici, je change donc de file. Bonne continuation dans votre voie.

  • Quatre figures actuelles du brouillage idéologique : Laurent Bouvet, Jean-Claude Michéa, Eric Zemmour, Alain Soral | Université Populaire de LYON
    http://unipoplyon.fr/articles/cours/trois-figures-actuelles-du-brouillage-ideologique-laurent-bouvet-jean-cla
    http://unipoplyon.fr/core/wp-content/uploads/2014/02/corcuff_18-02-14.mp3

    #Xénophobie, #antisémitisme, #islamophobie, #racisme anti-noir, #machisme, #homophobie... cette #idéologie néoconservatrice a deux principaux pôles émetteurs : l’un au cœur du paysage médiatique, habitué à caricaturer musulmans et Noirs, l’autre dans l’underground très actif d’internet, préférant s’en prendre au « suprématisme juif » (selon l’expression d’Alain Soral dans son ouvrage avec Éric Naulleau, Dialogues désaccordés, Blanche/Hugo & Cie, 2013). Le héraut du premier pôle est Zemmour, le héros du second Soral.
    Par-delà les divergences réelles entre les deux pôles, on repère un bricolage de thèmes communs. Et puis ils ont hérité de leur bouc émissaire préféré, BHL, quelques traits contribuant à la désintellectualisation en cours du débat public : l’enfilage de lieux communs plutôt que l’enquête au plus près des complications du réel, le marketing des idées vagues plutôt que le patient travail des concepts, l’arrogance rhétorique plutôt que l’argumentation raisonnée. Les marionnettes de l’anticonformisme ressemblent, dans leur absence de rigueur et leur goût pour la mise en spectacle, aux marionnettes du #conformisme qu’elles dénoncent.

  • Du « populisme liquide »

    Le « populisme liquide » est le terme qu’emploie Raphaël Liogier pour définir le populisme des temps modernes. Il diffère du populisme de l’entre-deux-guerres utilisé par les dictateurs d’Europe. Il ne faut pas tant craindre un effondrement des démocraties comme dans les années 1930 mais davantage une « dissolution ou une liquéfaction progressive de l’Etat de droit qui a déjà commencé » (p 54). Le populisme ronge les principes sur lesquels sont fondées nos démocraties : nos lois, nos principes et notre constitution qui sont les garants de nos libertés fondamentales et individuelles. L’Etat de droit se dissout avec le populisme parce que nous sommes dans l’urgence et nous devons réagir face aux menaces. L’urgence est le pire ennemi de la démocratie, car elle permet de prendre n’importe quelle décision au nom de nos valeurs républicaines ou démocratiques, décisions qui peuvent pourtant aller à l’encontre de nos libertés et qui témoignent surtout d’une « réaction de défense puisque nous serions attaqués les premiers » (p 55). Ce « délire narcissique » amène par exemple à vouloir des lois plus sévères à l’encontre du voile. La laïcité – qui est le produit de nos libertés fondamentales - ne désigne plus la neutralité des représentants de l’Etat mais la « neutralisation » avec l’apparition du concept de « nouvelle laïcité » qui restreint la liberté d’expression des citoyens, parce que nous serions en guerre. « Le président dit même que, finalement, la neutralité ne peut plus s’arrêter à l’espace public, mas doit pénétrer les espaces privés […]. Pourtant, dans l’Etat de droit, l’espace public n’a jamais été cet espace de neutralité,mais au contraire le lieu où l’’individu peut exprimer ses convictions, y compris religieuses » (p 61). Le populisme liquide est une défense culturelle, celle de la « culture occidentale ». Seulement, il est très difficile de définir la culture occidentale qui « englobe tout et son contraire » : il s’agit d’une notion « fluides et rétractable ». Il se développe « l’essentialisme » de la culture où seul le contenant importe. La chrétienté se mêle à tous nos principes comme république, universalisme, laïcité ne deviennent alors qu’un patrimoine ou « des morceaux fantasmés de notre culture » que les populistes exploitent (mariage pour tous, Identité nationale). Si bien que « les rôles sont fluides, interchangeables, et les ennemis d’hier peuvent devenir des alliés d’aujourd’hui ». Le populisme fluide est pernicieux. La « manif pour tous » ne serait pas homophobe car elle respecte les pratiques sexuelles des homosexuelles mais vise davantage la « culture homosexuelle ». Les musulmans et homosexuels qui manifestent à leur côté sont désormais des amis. Marianne est mobilisée ainsi que les symboles à la fois pacifiques et révolutionnaires comme le « Printemps arabe ». Mais il ne faut pas se leurrer : les ennemis appartiennent à n’importent quelle minorité.

    Le populisme liquide a d’autant plus le vent en poupe que nous vivons sous la « politique du signe ». L’important n’est pas tant pour un homme politique de résoudre un problème que de montrer qu’il agit, qu’il fait « signe » au Peuple (p 77). Pour cela, il existe des spécialistes des opinions ou « opinionlogues » qui construisent des édifices liquides, des « châteaux de sable » à base d’opinions hétéroclites et mouvantes » (p 78). Nicolas Sarkozy est l’exemple type du populisme liquide. Il n’y a pas de véritable construction idéologique puisqu’il emprunte à gauche et à droite, parle comme tout le monde, les yeux rivés sur les sondages, n’écoute que les spécialistes de l’opinion. C’est le modèle du réactionnaire-progressiste, politiquement incorrect sur la forme, qui s’écrit devant les caméras au lieu d’agir et lorsqu’il agit, il vise des communautés (mesures discriminatoire, « visant à contrôler les modes de vie ») au lieu d’agir sur les véritables causes des problèmes (p 81). « Toutes les contradictions sont possibles, pour donner naissance à des édifices opiniologiques aussi absurdes qu’éphémères » (p 81). Le but de ces agitations est toujours de défendre la culture du Vrai peuple, peu importe si les explications n’ont aucune cohérence : elles cachent souvent une vision complotiste comme le lien qui existerait entre la GPA le mariage pour tous et la dictature des minorités. « Le seul élément stable est le sentiment du complot des minorités et le rejet de la mondialisation » (p 82). Les partis ou mouvements européens qui partagent cette forme de populisme sont de plus en plus nombreux et ont en commun de « limiter la liberté au nom de la défense de la liberté du vrai peuple ». Leur stratégie est de diffuser le populisme dans l’ensemble des partis politiques, alors que dans les années 1930, les partis traditionnels étaient réticents, refusaient l’idée de l’existence d’un « vrai » peuple et d’avoir recours à l’appel au peuple.

    Quel est le Vrai Peuple, celui dont parlent les populistes et les opinionlogues ? Si le Peuple manifeste par exemple contre le mariage pour tous, il « peut aussi redevenir le Blanc persécuté, et même poursuivi par les minorités ethnos-culturelles » qui les chasseraient des banlieues vers la campagne. En face, se dresse les traîtres : « bobo » ou « soixante-huitard » multiculturalistes « aux commandent de la mondialisation néolibérale » (p 76) possédant les moyens économiques et politiques et qui habitent dans les centres villes. C’est la thèse du géographe Christophe Guilluy qui a inspiré tant la gauche, (la « Gauche Populaire ») que la droite (Sarkozy, « Droite Forte » ou « Populaire ») (p 74). L’idée sous-jacente de son analyse est la « guerre culturelle ». Raphaël Liogier rappelle que le « Manifeste de la Gauche populaire » « en appelle à une laïcité qui serait « inscrite dans le réel », ce fameux ’réel’ qui est l’âme du peuple, le bon sens » (p 75). Le bon sens du Peuple ressemble beaucoup à la common decency du philosophe Jean-Claude Michéa, reprenant le terme de George Orwell. « Elle est équivalente au Réel, une sorte d’honnêteté spontanée de l’homme du peuple qui sait intuitivement quelles sont les limites à ne pas dépasser, qui sait comment l’on doit décemment vivre et se comporter » (p 97). En plus d’être facilement manipulable, cette common decency amène à contrôler des communautés et à leur soumettre un « mode de vie » conforme à « notre » culture (p 95). Jean Claude Michéat fait aussi l’erreur de mettre en rapport le libéralisme économique et la liberté des mœurs. « Ce genre d’attitude masque la vraie critique du capitalisme en tant que système économique d’aliénation et nous empêche de repérer les vraies communautés qui peuvent être sources de violence » (p 99). Pour terminer, Raphaël Liogier soutient que le libéralisme politique (l’émancipation des individus) n’amène pas au libéralisme économique qui peut être vecteur d’aliénation. D’ailleurs, le terme libéralisme a perdu son véritable sens, partout il est discrédité. C’est la liberté qui est menacée au nom de la subjectivité du Peuple qui amène à contrôler « l’intimité individuelle, les sentiments, les émotions, la vie privée » (p 102) vers un totalitarisme liquide, plus « insidieux » que le totalitarisme nazi car dans ce type de régime qui menace nos libertés individuelles, il n’existe plus de corps intermédiaires ni de contre-pouvoir. Il faut, selon lui, accepter le métissage culturel qui va accomplir notre « aspiration moderne à une société universelle » car « hier comme aujourd’hui, c’est la liberté qui est en jeu » (p 105).

    http://blogs.mediapart.fr/blog/remy-p/271213/ce-populisme-qui-vient-de-raphael-liogier-ou-les-dangers-du-populism

    • concernant Michéa il a donné dans deux de ses bouquins une explication à peu-près claire de cette fameuse common decency http://seenthis.net/messages/154210#message166422, à partir de laquelle on pourrait préciser une définition

      L’Empire du moindre mal (2007) : « Valeurs partagées et solidarité collective effectivement pratiquée. »

      La double pensée (2008) : « Vertus humaines élémentaires que sont, par exemple, la loyauté, l’honnêteté, la bienveillance ou la générosité. Or ces vertus, qui s’enracinent depuis des millénaires dans ce que Mauss nommait la logique du don, ne sauraient être confondues avec les constructions métaphysiques des fanatiques du « Bien » — que ces dernières trouvent leur principe officiel dans la volonté divine, l’ordre naturel ou le sens de l’Histoire. »

      En gros cette common decency c’est un peu l’opposé du #narcissisme, c’est l’ensemble des valeurs qui font qu’un collectif peut fonctionner : honnêteté, entraide, sens du bien commun et du partage, respect de la parole donnée, bienveillance. ça m’a pas l’air bien mystérieux à définir, mais Michéa semble malgré ça rester dans le flou quant à cette notion, et la résume souvent dans ses entretiens comme « l’intuition qu’il y a des choses qui ne se font pas », ce qui laisse la porte très ouverte à des interprétations relevant plus de l’ordre moral que des solidarités paysannes ou ouvrières.
      edit : exemple parmi d’autres il y a quelques mois, les « antigones » dont causait @monolecte http://seenthis.net/messages/156020

  • Michéa face à la stratégie Godwin
    Récemment associé à la galaxie lepéniste par un dossier du « Point », le philosophe Jean-Claude Michéa, auteur d’"Impasse Adam Smith", répond à ses détracteurs et se défend face à la tentative d’annexion de sa pensée antilibérale par l’extrême droite.
    http://www.marianne.net/Michea-face-a-la-strategie-Godwin_a234731.html

    (...)Car, si le vide idéologique créé par les renoncements successifs de la gauche ne devait plus être rempli que par les seuls penseurs issus de la droite radicale (quels que soient leurs mérites individuels), ce serait, en effet, un jeu d’enfant pour les Godwin boys de convaincre les nouvelles générations (déjà privées par les réformes libérales de l’école de toute culture historique un peu solide) que ce qui constituait jadis l’essence même du socialisme ouvrier ne représente, en fait, qu’une idéologie « nauséabonde » et « réactionnaire ». Il suffirait, en somme, de marteler avec encore un peu plus d’aplomb que toute volonté de protéger les peuples de la folie du capitalisme globalisé ne peut être, par essence, que « barrésienne, avec juste ce qu’il faut de xénophobie » (Pascal Lamy, dans le Point du 19 janvier 2012).

    #Michéa, #idées #débat #libéralisme #capitalisme #critique

    • Passons très vite sur le cas des véritables « néoconservateurs à la française », c’est-à-dire cette fraction de la droite classique qui, selon le mot du critique américain Russell Jacoby, « vénère le marché tout en maudissant la culture qu’il engendre ». On comprend sans peine que ces « néoconservateurs » puissent apprécier certaines de mes critiques du libéralisme culturel (notamment dans le domaine de l’école). Le problème, c’est que leur vision schizophrénique du monde leur interdit d’utiliser ces critiques de façon cohérente. Si le libéralisme se définit d’abord comme le droit pour chacun de « vivre comme il l’entend » et donc « de produire, de vendre et d’acheter tout ce qui est susceptible d’être produit ou vendu » (Friedrich Hayek), il s’ensuit logiquement que chacun doit être entièrement libre de faire ce qu’il veut de son argent (par exemple, de le placer dans un paradis fiscal ou de spéculer sur les produits alimentaires), de son corps (par exemple, de le prostituer, de le voiler intégralement ou d’en louer temporairement l’usage à un couple stérile), ou de son temps (par exemple, de travailler le dimanche). Faute de saisir cette dialectique permanente du libéralisme économique et du libéralisme culturel, le « néoconservateur à la française » (qu’il lise Valeurs actuelles ou écoute Eric Brunet) est donc semblable à ces adolescents qui sermonnent leur entourage sur la nécessité de préserver la planète mais qui laissent derrière eux toutes les lumières allumées (analyse qui vaut, bien sûr, pour tous ceux, à gauche, qui vénèrent le libéralisme culturel, tout en prétendant maudire ses fondements marchands).

      Tout autre est la critique du libéralisme par les héritiers modernes de l’extrême droite du XIXe siècle. Sous ce dernier nom, j’entends à la fois les ultras qui rêvaient de restaurer l’Ancien Régime et les partisans de ce « socialisme national » - né des effets croisés de la défaite de Sedan et de l’écrasement de la Commune - qui, dès qu’il rencontre les conditions historiques de ce que George Mosse nommait la « brutalisation », risque toujours de basculer dans le « national-socialisme » et le « fascisme ». Or, ici, l’horreur absolue que doivent susciter les crimes abominables accomplis au nom de ces deux dernières doctrines a conduit à oublier un fait majeur de l’histoire des idées. Oubli dont les moines soldats du libéralisme tirent aujourd’hui le plus grand bénéfice. C’est le fait que les fondateurs du socialisme partageaient consciemment avec les différentes droites antilibérales du temps un postulat anthropologique commun. Celui selon lequel l’être humain n’est pas, comme l’exigeait le libéralisme des Lumières, un individu « indépendant par nature » et guidé par son seul « intérêt souverain », mais, au contraire, un « animal politique » dont l’essence ne peut se déployer que dans le cadre toujours déjà donné d’une communauté historique. Bien entendu, en dehors de ce refus partagé des « robinsonnades » libérales (le mot est de Marx), tout, ou presque, séparait l’idéal socialiste d’une société sans classe dans laquelle - selon le vœu de Proudhon - « la liberté de chacun rencontrera dans la liberté d’autrui non plus une limite mais un auxiliaire », des conceptions alors défendues par la droite monarchiste et le « socialisme national ». La première, parce que son intérêt proclamé pour les anciennes solidarités communautaires masquait d’abord son désir d’en conserver les seules formes hiérarchiques (le « principe d’autorité » de Proudhon). Le second, parce qu’en dissolvant tout sentiment d’appartenance à une histoire commune dans sa froide contrefaçon « nationaliste » il conduisait à sacrifier l’idéal d’autonomie ouvrière sur l’autel ambigu de l’« union sacrée ». Comme si, en d’autres termes, un métallurgiste lorrain ou un pêcheur breton avaient plus de points communs avec un riche banquier parisien qu’avec leurs propres homologues grecs ou anglais.

    • Même si je ne suis pas d’accord à 100%, notons le seul commentaire intéressant qu’il y a en-dessous de l’interview (heureusement il est au début, ça évite de se taper les merdes ensuite) :

      Au fond, on a presque l’impression que Michéa se réjouit que sa pensée circule dans les caniveaux néo-fascistes. Bien entendu, on sent confusément que ce n’est pas vraiment ce combat-là qu’il veut servir. On comprend qu’il s’agit de combattre le libéralisme politique et économique dans une optique émancipatrice. Mais après tout ce n’est pas grave si l’extrême droite est l’antithèse absolue de toute émancipation. Ce n’est pas grave puisqu’elle aussi prétend vouloir combattre le capitalisme et qu’elle produit même des analyses « lucides » qui ont toutefois l’inconvénient d’être ambiguës et antisémites...

      Michéa ne semble pas voir que précisément si l’extrême-droite utilise cette rhétorique anticapitaliste, en puisant notamment dans ses écrits, c’est par ce qu’elle veut le pouvoir. L’extrême-droite a besoin de la masse pour accéder à l’État. Pour cela, elle se doit d’utiliser un discours vaguement anticapitaliste. Michéa constitue un penseur de choix pour ce faire car il cible la gauche bourgeoise sans remettre en cause l’État – l’anarchisme étant pour lui qu’une propédeutique, on ne saurait que trop l’encourager à passer aux études supérieures.

      C’est de sa responsabilité de ne pas dénoncer clairement cette utilisation par les nationalistes. Je dis clairement par ce que Michéa aime parler et écrire tout en circonvolutions à la manière d’un prof faisant d’interminables digressions pour placer telle ou telle référence. C’est au vrai très intéressant. Mais, il reste qu’il ne récuse pas sa récupération nationaliste de droite ou de gauche. Il ne la condamne pas un seul instant. Il préfère cibler seul le capitalisme oubliant que celui-ci a toujours su parfaitement utiliser le nationalisme lorsque cela s’avérait nécessaire.

      Orwell savait sublimer sa pensée en des romans qui s’adressaient à tous. Orwell a combattu physiquement le fascisme au péril de sa vie en Espagne. Il s’est refusé à toute récupération de droite lorsqu’il dénonçait les crimes staliniens. Orwell s’est toujours placé à gauche. Ce n’est pas le cas de Michéa dont l’expression tourne en rond et dont on est en droit de s’interroger sur ses actes. C’est toujours moins inquiétant dit-il d’être utilisé par le FN que par le MEDEF. Pas certain que préférer la peste au choléra relève du plus grand discernement intellectuel et combatif.

      –- Hichu

  • « Le Point » franchit le mur du néocon
    http://www.marianne.net/Le-Point-franchit-le-mur-du-neocon_a234427.html

    Peu connu pour sa hantise du conservatisme, la une du Point du 28 novembre dénonçant « les néocons » à la française est pourtant une véritable couverture du newsmagazine.

    http://www.marianne.net/photo/art/default/976974-1157921.jpg?v=1386947391

    Au début on pense à un faux, à une facétie du groupe Jalons pour charrier l’hebdomadaire le Point, à une autoparodie de ses couvertures sur l’immigration ou de son récent panégyrique de l’Identité malheureuse, d’Alain Finkielkraut, le penseur bâillonné le plus assourdissant de France. Mais non, il faut bien s’y résoudre, la une du Point du 28 novembre dénonçant « les néocons » à la française, où se voient mêlés dans un même torrent d’amalgames excommunicateurs Patrick Buisson et Arnaud Montebourg, Eric Zemmour et Emmanuel Todd, Marine Le Pen et Régis Debray, est une véritable couverture du newsmagazine, jusqu’ici peu connu pour sa hantise du conservatisme.

    A en croire le dossier, une tornade souverainiste, antieuropéenne, antimondialiste et, horresco referens, protectionniste, ravagerait désormais les esprits, mélangeant vicieusement ligne d’extrême gauche (anticapitalisme, haine des riches) et supposées obsessions d’extrême droite (nationalisme, éloge des frontières), préparant en tout cas les esprits au pire, en l’occurrence à l’accession au pouvoir du Front national. Eclaboussé au passage, le philosophe Jean-Claude Michéa, auteur d’Impasse Adam Smith, dont la critique de la gauche libérale menée depuis quinze ans est ravalée à la seule admiration qu’il est censé inspirer à un Zemmour. Calomnié, Emmanuel Todd, qui ne chercherait « plus à cacher sa proximité de pensée en matière économique avec Mme Le Pen ». Insultés, Chevènement et Montebourg, dépeints comme deux socialistes en eaux troubles, pour l’un depuis toujours, pour l’autre depuis le port d’une certaine marinière.

    Réseaux sociaux et victimes ont réagi rapidement, en dénonçant une liste mêlant carpes anti-immigrés et lapins anticapitalistes, dévoyant par ailleurs totalement le sens du mot « néocon », traditionnellement utilisé pour désigner les faucons américains et leurs émules, mêlant le vœu de déréguler l’économie à un interventionnisme militaire à tout-va. Mais, au fond, là n’est pas la question. Sous le faux négligé de la liste, sous les incohérences de surface du dossier, salissant Todd et épargnant comiquement Finkielkraut, c’est au contraire la cohérence profonde de l’offensive qui frappe. Un bel exemple de guerre culturelle gramscienne. Ne se trouvent en effet ici épargnés que les tenants du libre-échange, ceux qui se tiennent prudemment loin de toute critique sociale. Se trouvent en revanche fascisés tous ceux qui d’une façon ou d’une autre cherchent à réhabiliter l’idée nationale contre l’ordre néolibéral et la Banque centrale européenne. Tous ceux qui ne veulent pas abandonner la nation au droit du sang, mais rappeler qu’elle est le levier même de la souveraineté populaire.

    Double effet ravageur de ce genre d’expédition punitive dans un contexte français déjà inquiétant : tandis que la xénophobie, véritable marqueur de l’extrême droite, se voit ici largement dédouanée, la percée enfin opérée depuis quelques années par quelques-uns des plus lucides intellectuels français se voit, elle, diabolisée.

    #Le-Point
    #néocon
    #Alain-Finkielkraut
    #Patrick-Buisson
    #Arnaud-Montebourg
    #Eric-Zemmour
    #Emmanuel-Todd
    #Marine-Le-Pen
    #Régis-Debray
    #Jean-Claude-Michéa

    • En effet le discours est internationaliste mais outre le fait que l’internationalisme suppose l’acceptation de la validité du nationalisme plutôt que son dépassement. En pratique, on observe surtout que l’extrême-gauche (Mélenchon, Chevènement, le PCF, LO, LCR, etc.) refuse tout progrès de la construction européenne qui est pourtant la seule démarche concrète sérieuse s’efforçant de dépasser l’État-national.

    • Ce que tu appelles extrême-gauche (et que moi j’appelle gauche) se caractérise effectivement par l’internationalisme... mais pas à la sauce des multinationales et encore moins à celle que nous inflige l’Europe.
      Franchement, l’idée de fédération européenne me plaît depuis que je suis gosse. J’ai participé à des programmes d’échange au lycée et l’Europe des peuples me semble être un bon préalable à une aspiration égalitaire mondiale.

      Sauf que l’Europe actuelle, c’est tout l’inverse : des grosses frontières meurtrières et bien étanches pour les pauvres et des coupe-circuits, des paradis fiscaux, des passe-droit pour les riches et les marchandises. Au lieu d’un espace commun, on a hérité d’une zone de guerre où nous sommes tous en concurrence contre tous, au lieu de coopérer dans le sens du mieux-vivre.

      Cette Europe-là me fait gerber, on dirait le Grand Reich d’Hitler, en fait et j’emmerde les distributeurs de points Godwin. Chaque matin, je me lève et je me rappelle que je suis née dans le camp des ordures et ça me désole.

    • @vlentz : le néolibéralisme caracole depuis 30 ans grâce au raccourci : régulation économique = protectionnisme = nationalisme.
      Pitié sortons de cet amalgame..
      Le souverainisme économique ça n’a rien de nationaliste, c’est juste le droit des tous les peuples à disposer d’eux mêmes. Or économiquement et politiquement, et jusqu’à preuve du contraire, la socialisation et les communautés ont une ossature culturelle, linguistique et donc géographique...

  • Blog gaulliste libre : Jean-Claude Michéa poursuit la déconstruction du néolibéralisme
    http://www.gaullistelibre.com/2013/10/jean-claude-michea-poursuit-la.html

    Le néolibéralisme déconstruit la société

    Il dénonce la vision de la liberté de Hayek comme « le droit ‘naturel’ pour chacun de ‘vivre comme il l’entend’, sous la protection d’un Etat de droit uniquement soucieux d’administrer les choses », qui oublie complètement le lien social et réduit l’homme à un individu atomisé. Il rappelle que « la racine de commun, munus désignait les charges et les obligations – savoir donner, recevoir et rendre – qui relèvent de cette logique de l’honneur et du don ». Il note que la société néolibérale valorise les droits (et comment les défendre) mais oublie compétemment le don (c’est à dire savoir donner, recevoir et rendre). D’où des enfants qui se comportent comme si tout leur était dû.

    Il ironise sur une autre formule de Hayek, selon qui chacun doit être « libre de produire, de vendre ou d’acheter tout ce qui est susceptible d’être produit ou vendu » qu’il résume en « vendre n’importe quoi à n’importe qui ». Il dénonce l’obsolescence programmée et rappelle le cas du cartel Phoebus, unissant Philips, Osram et General Electric pour vendre des ampoules à durée de vie limitée alors qu’il existe dans une caserne à Livemore, en Californie, une ampoule mise en service en 1901 qui fonctionne toujours… Il dénonce également une société qui valorise « une immense accumulation de marchandises (…) la société de consommation généralisée, principalement fondée sur le crédit ». Il pointe les risques d’une croissance illimitée basée sur des ressources limitées.

    #gauche
    #société
    #Georges_Orwell
    #Hayek
    #Jean-Claude_Michéa
    #néolibéralisme
    #Tocqueville

  • http://ragemag.fr/michea-retour-sur-la-controverse-37310

    Les polémiques enflent dans le microcosme de la philosophie politique. Au cœur du cyclone ? Jean-Claude Michéa, auteur de dix ouvrages en un peu moins de vingt ans. Serge Halimi ouvrit les hostilités estivales, dans un éditorial du Monde diplomatique accusant le penseur montpelliérain de mythifier un prolétariat qui n’existe plus. La Revue des Livres, sous la plume de l’économiste Frédéric Lordon, consacra onze pages à dénoncer « L’impasse Michéa ». Philippe Corcuff envoya la dernière salve, dans les colonnes de Mediapart, et lui reprocha de brouiller les clivages idéologiques… Un point s’impose.

    • Le parallèle entre Jean-Claude Michéa et Geoffroy de Lagasnerie est faux. Ce ne sont pas « deux pôles entre lesquels tâtonne la gauche française » : qu’a à voir le second avec une réflexion de gauche ? Le vrai rapport entre eux, c’est que Lagasnerie dévoile sans crainte à l’« élite » de Normale Sup le projet réel du libéralisme, que Michéa veut dénoncer devant le peuple de gauche : la destruction de toutes les #valeurs symboliques (histoire, traditions, croyances, valeurs, culture, morale) qui font la richesse et la dignité des hommes et des peuples, pour imposer partout le même ordre libéral nihiliste, productiviste et consumériste.
      http://monde-diplomatique.fr/2013/07/A/49333

  • Le laisser-faire est-il libertaire ?, par Serge Halimi (#2013/06)
    http://www.monde-diplomatique.fr/2013/06/HALIMI/49177

    En accès libre

    L’un est un philosophe passé des marges de l’édition au statut de référence de la contestation antiproductiviste. L’autre, un normalien de 30 ans tenant séminaire à l’Ecole normale supérieure. Leurs travaux respectifs semblent camper les deux pôles entre lesquels tâtonne la gauche française.

    Jean-Claude Michéa et Geoffroy de Lagasnerie s’opposent sur à peu près tout. Le premier pourfend le libéralisme culturel autant que le libéralisme économique ; le second salue en eux un « foyer d’imagination ». Tous deux s’accordent cependant pour les juger liés. C’est là que réside leur erreur commune.

    #Idées #Histoire #Économie #Politique #Idéologie #Socialisme #Capitalisme #Libéralisme #Néolibéralisme

  • "La « décroissance permet de s’affranchir de l’#impérialisme économique »
    http://www.reporterre.net/spip.php?article4546

    Elle débute en 1972 avec la publication du rapport au Club de Rome Les limites de la croissance. En tant que projet de société socialiste anti-productiviste et anti-industraliste, la décroissance est alors proche de l’#écosocialisme qui apparaît dans les mêmes années avec André Gorz. Cette première phase de la décroissance est essentiellement une phase de critique de la croissance : on veut l’abandonner car elle n’est pas soutenable. C’est une phase « écologique ».

    Mais un second courant, porté par Ivan Illich – qui a d’ailleurs refusé de participer au Club de Rome –, est apparu en disant que ce n’est pas parce que la croissance est insoutenable qu’il faut en sortir, mais parce qu’elle n’est pas souhaitable ! C’est la critique du #développement – terme que l’on utilise dans les pays du Sud comme équivalent de la croissance au Nord –, c’est le mouvement post-développementiste. Personnellement, je me rattache à ce courant-là depuis que j’ai viré ma cuti au milieu des années 1960 alors que j’étais au Laos. La fusion de ces deux courants s’est opérée à l’occasion du colloque organisé en février-mars 2002 à l’Unesco « Défaire le développement, refaire le monde ».

    • #Interview de #Serge-Latouche sur l’histoire de la #décroissance et sur son positionnement #politique actuel.

      Et oh, bizarrerie : encore un qui dit vouloir s’éloigner du signifiant « de #gauche ».

      #croissance #économie #socialisme #Ivan-Illich #occidentalisation #sortir-de-l'économie

      L’économie est une religion, et non pas une science. Par conséquent, on y croit ou on n’y croit pas. Les économistes sont des prêtres, des grands ou des petits, des orthodoxes ou des hétérodoxes. Même mes amis Bernard Maris ou Frédéric Lordon – les meilleurs d’entre eux. Les altermondialistes, par exemple, dont la plupart sont des économistes, ont tendance à réduire tous les malheurs du monde au triomphe du néo-libéralisme. Mais ils restent dans le productivisme et la croissance. Or le mal vient de plus loin. La décolonisation de l’imaginaire que je préconise vise précisément à extirper la racine du mal : l’économie. Il faut sortir de l’économie !

      A la différence de mes camarades du journal La Décroissance, qui passent leur temps à exclure, je pense que nous devons faire un bout de chemin avec des gens comme Pierre Rabhi, Nicolas Hulot, le mouvement Slow Food, etc. La décroissance, c’est comme une diligence. Même s’il y a un cheval qui tire à hue et l’autre à dia, l’important est que la diligence avance. Les initiatives des villes en transition et de simplicité volontaire – comme ce qu’Illich appelait le « techno-jeûne » – s’inscrivent aussi parfaitement dans la décroissance.

      Pour moi, elle est à gauche. Mais le débat est biaisé. Comme le dit Jean-Claude Michéa, finalement, ne faut-il pas abandonner la dichotomie droite-gauche qui tient à notre histoire ?

    • @rastapopoulos : tu en conclus quoi... enfin, conclure, c’est aller un peu vite en besogne... disons, tu as des pistes de variables explicatives ?

      Rien d’élaboré de mon côté, juste du vrac pour l’instant, mais j’ai l’impression que l’élection de Hollande et la politique qui a suivi sont des facteurs de grande confusion et de délitement de l’idée même de gauche. Déjà, j’ai été interloquée par la disparition, ou du moins, le silence, de nombres voix ancrées à gauche depuis l’automne 2012. Je ne pense pas qu’il faille en tirer des conclusions.
      Comment critiquer la politique libérale quand elle est appliquée aux forceps par un gouvernement qui se réclame de la gauche ?

      J’en parlais l’autre jour avec @bravepatrie, mais c’était bien plus facile pour beaucoup de monde, voire jubilatoire, de taper sur Sarko. On va dire que le bougre était très inspirant pour le camps d’en face.
      Du danger prévisible de la personnalisation en politique...

      À creuser.

    • Rien d’élaboré de mon côté, juste du vrac pour l’instant, mais j’ai l’impression que l’élection de Hollande et la politique qui a suivi sont des facteurs de grande confusion et de délitement de l’idée même de gauche.

      Je crois que c’est avant tout l’idée de la débacle, de résignation, de #capitulation qui provoque cela. Le manque de soutien de l’opinion publique. Quand tu vois que le rejet du mariage homo mobilise 40% de la population pendant que la banquise fond plus vite que prévu, pendant que la France est mise sous tutelle des banquiers, et que les écolos ou le FDG plafonnent à 5%, c’est dur, tu es obligé de faire des concessions. On peut pas se permettre le luxe de jouer les puristes isolés... Real politik ? Peut être.

      Et puis rien à faire, gauche et extrême-droite dénoncent des choses similaires, pas pour les mêmes raisons, mais . L’extrême-droite se fait un plaisir de récupérer les voix de ceux que la crise a broyés, en recyclant les discours que la gauche anticapitaliste diffusait dans le vide 10 ans en arrière pour alerter en vain sur la crise à venir... Et nous on se tait de peur d’être désormais assimilés à l’extrême droite..
      cf http://seenthis.net/messages/156724

    • A mon sens, la piste du système devenu nihiliste et hors de contrôle versus toutes les structures humaines jugées forcément comme concurrentes est vraiment féconde. Elle explique la confusion actuelle, les recoupements dans les analyses de gens n’ayant à priori rien à faire ensemble... En cela, les analyses de Grasset (dedefensa) sont passionnantes. Même si en effet, elles peuvent sembler ineptes par leur simplisme et leur absence de lien avec tous les corpus idéologiques habituels.

    • @monolecte

      Je ne crois pas que l’élection de Hollande ait démarré quoi que ce soit. Peut-être révélé plus fort.

      En tout cas la critique de la gauche et du fait de s’affilier à elle, à ce terme, ça ne date pas d’hier. Ne serait-ce que dans la mouvance anarchiste, ce sont de vieux débats.

      En ce qui concerne Michéa, je rappelle quand même le fond de sa démarche, au-delà des piques et des passages polémiques : historiquement le mouvement socialiste et le mouvement anarchiste sont complètement dissociés de la Gauche (les libéraux et les radicaux). Ni de gauche, ni de droite, ni libéraux, ni réactionnaires. Tout ceci était clamé noir sur blanc. C’est seulement au moment de l’affaire Dreyfus, que par stratégie, une partie de ces mouvements (pas tous) s’est alliée à la gauche afin de faire front commun contre l’antisémitisme, et contre le risque réel, à ce moment, d’un coup d’état. Sauf que cette liaison a perduré, et les idéaux socialistes (surtout le socialisme ouvrier et utopique, plus proche des anarchistes que le socialisme scientifique) se sont dilués petit à petit dans les partis de gauche, politique, pouvoir, etc.

      Autrement dit :
      1) la vraie gauche est intrinsèquement libérale
      1bis) dans l’autre sens : les théoriciens libéraux étaient des hommes de gauche, croissance, capitalisme, marché, main invisible, foi dans le progrès technique, etc : à gauche
      2) aucun théoricien socialiste (ceux qui ont lancé/popularisé ce terme, au XIXe donc) ne s’est jamais revendiqué de gauche (c’était une insulte chez les Marx, dit l’anecdote)

      D’où le fait de plaider pour se détacher réellement de nouveau de « la gauche », trouver un ou plusieurs autres signifiants rassembleurs, et faire bande à part (quand bien même on lutterait de temps en temps pour une même cause).

      Je ne dis pas que c’est ce qu’il faut faire. Mais je rappelle un peu l’histoire, le pourquoi du comment des gens comme Serge Latouche ou d’autres, embrayent peut-être dans cette direction.

    • @fil

      Pfiou, lu l’article.

      Alors attention : tout en dégommant et mettant en garde avec raison à propos de gens de droites qui s’approchent de la décroissance, l’article est à mon avis plus vicelard que ça. Procédé récurent chez Ariès, il en profite quasiment à chaque chapitre pour faire des amalgames en incluant dans sa critique des gens qui n’ont absolument rien à voir avec la droite, ni le biorégionalisme, paganisme ou autre, mais qui ont critiqué SA manière de voir la décroissance. Notamment tous ceux qui ont critiqué son besoin de créer un parti politique. Il met volontairement dans le même sac, mais la plupart du temps sans nommer personne, des individus (Latouche, Jappe) ou des groupes (des mouvements décroissants plus portés vers l’anarchisme, les animateurs de decroissance.info, etc) avec d’autres individus et groupes de droite, organicistes, naturaliste, blablabla.

      Pour avoir suivi pendant plusieurs années ces débats au moment où ça se montait (les revues des différents courants, le parti, l’assez génial forum de decroissance.info, entre autre), c’est clair qu’il y a un rapport. (L’article en question datant bien du n°1 d’Entropia en 2006.) @bug_in pourra éventuellement témoigner de cette époque aussi. :D

      C’est intéressant hein. Mais ya pas que la critique de la droite dedans quoi.

    • Que peut signifier la proposition de s’éloigner du paradigme droite/gauche ? Il peut à mon avis s’agir de constater qu’à partir du moment où même des intellectuels unanimement considérés comme progressistes qualifient de « gauche » ces convertis à l’économie que sont les politiciens professionnels du PS, alors, prétendre qu’ils se distinguent des politiciens professionnels dits « de droite » est stérile.

      Un paradigme stérile doit être abandonné. Capitalisme, économie et finance sont trois facettes d’un unique système d’exploitation qu’il n’est question ni de sauver, ni de prolonger, ni de ripoliniser.

    • Capitalisme, économie et finance sont trois facettes d’un unique système d’exploitation qu’il n’est question ni de sauver, ni de prolonger, ni de ripoliniser.

      Je suis assez d’accord sur la question de l’urgence.

      Disons que quand le bateau prend l’eau, on peut arrêter de s’interroger sur les opinions politique du mec d’à côté pour savoir si on peut s’autoriser à ramer dans le même sens que lui pour atteindre la berge et se débarrasser du bateau. La question de ce qu’on fera après, ça doit venir dans un second temps..

    • Pour ma part, j’aimerais plus souvent entendre des justifications de la camaraderie qu’on voudrait nous imposer avec cette soit-disant « gauche socialiste » qui prolonge et amplifie l’oeuvre des servants (sincères et assumés) du Capital.

      Car en matière de fréquentations douteuses, c’est un peu facile de pointer du doigt les camarades qui se refusent au panurgisme qui consiste à hurler avec les loups quand c’est pour mieux après se ranger derrière le socialiste providentiel du jour choisi par les patrons du caca-rente.

    • Personnellement, je ne suis pas outillée intellectuellement pour comprendre comment la #décroissance est un truc de #fachos.
      D’ailleurs, je commence à me demander si j’ai bien compris, toute ma vie, ce qu’était un #facho.

      Je trouvais le papier intéressant sur la mise en perspective de la #décroissance qui me semblait être précisément une notion indiscutablement ancrée à gauche... ben là, franchement, je suis très dépassée.
      Je m’en vais crever de ce pas dans mon cimetière des archéo-éléphants de la sous-pensée.

    • Bienvenue au club alors @monolecte. Depuis le début que je fréquente Seenthis, je me fais tancer vertement lorsque je propose certains liens et j’ai fini par m’autocensurer. Ceci dit, mes contradicteurs m’ont permis de faire des recherches complémentaires sur tel ou tel auteur ou blogueur et du moment que j’approfondis mes connaissances, j’y trouve mon compte.
      Maintenant, je reconnais bien humblement que certains ici m’énervent un peu quand ils se posent en donneurs de leçons et prétendent te faire ostraciser un auteur à cause des ses fréquentations.
      Que faisons-nous ici, tous autant que nous sommes ?
      Nous proposons des liens mettant en valeur des articles qui nous ont plu ou interrogé. On peut donner un avis contradictoire sans pour autant humilier. C’est ce que je m’efforce de faire depuis le début. La langue française est assez riche me semble-t-il pour s’exprimer avec courtoisie. Cependant, on sent parfois des non-dits qui sont pire que des attaques personnelles.
      Je sais qu’il peut être difficile de s’exprimer avec sincérité et sans à priori sur les personnes.
      Maintenant quant à savoir ce qu’est un fasciste, ce n’est pas difficile : un fasciste c’est quelqu’un qui a le culte du chef (homme providentiel), qui est fanatisé par un discours simpliste faisant vibrer en lui tout ce qui s’y est cristallisé de frustration, et qui est prêt à commettre les pires crimes sur injonction de sa hiérarchie, son mentor, son gourou, son chef.
      Y en a-t-il beaucoup parmi nous (comme dirait mon chat) qui se reconnaissent dans cette définition ?

    • Par contre, @monolecte, même si moi aussi j’ai mal à la tête à force :-) , j’ai quand même une question car ce que tu dis m’embrouille finalement : je n’ai pas lu dans les interventions quiconque affirmer que la décroissance est un truc de fachos. Que veux-tu dire ?
      Je veux être sûr qu’on lit la même chose.

      La question qui se pose ici, si je résume bien, c’est dans l’état actuel des choses, faut-il faire feu de tout bois pour mettre en oeuvre la décroissance, quitte à cotoyer des « fachos » qui pensent/agissent sur certains aspects un peu comme nous, ou bien faut il veiller à se tenir toujours éloignés d’eux, de peur que la promiscuité nous corrompe, salisse notre âme, voire nous entraine vers le côté obscur de la force ?
      Je suis plus tenté par le premier scénario (je suis plus flippé par le sort de la planète que par la capacité des fachos à nous pourrir), pour d’autres c’est l’inverse.

      En gros on est en train de s’engueuler pour choisir un chemin pour atteindre le même sommet, parce qu’on n’a pas les mêmes filtres personnels : aptitude à l’endurance, l’escalade, la sensibilité au vertige, etc...

    • @baroug : oui, c’est vrai, j’aurais pu développer la dimension historique. En fait, ma définition n’est pas si restrictive que ça car en chacun de nous sommeille un facho. Et si quelqu’un avait la velléité de me dire que je sombre dans le psychologisme à deux balles, qu’il ne perde pas son temps à le faire. Je retourne à mes occupations.

  • Michea : le meilleur, le bizarre et le pire, par Frederic Lordon | RdL La Revue des Livres
    http://www.revuedeslivres.fr/michea-le-meilleur-le-bizarre-et-le-pire-par-frederic-lordon

    pour @rastapopoulos

    En accompagnement de l’excellent « Impasse Michéa » publié par Frédéric Lordon dans la RdL n° 13 (juillet-août 2013) à propos de publications récentes de Jean-Claude Michéa, voici quelques éléments de contextualisation supplémentaires et un florilège de citations.

    • Peut-on lire « Impasse Michéa » en ligne ? En passant évoquer Clouscard comme devancier de Michéa se justifie peut-être mais il ne me semble pas que celui-là se revendique de celui-ci (plutôt de Debord et de l’Encyclopédie des Nuisances pour les références modernes). Par contre, le renouveau d’attention portée à l’oeuvre de Clouscard vient au moins en partie de Soral, qui lui s’en revendique ouvertement.

    • Halimi, Lordon et Corcuff contre Michéa : retour sur la controverse
      http://ragemag.fr/michea-retour-sur-la-controverse-37310

      on saura gré à l’auteur de recenser les occurrences de #common_decency dans les livres de Michéa. Sans que le concept en soit vraiment éclairé, sinon comme une sorte d’éthique/morale transcendantale. Il est bien question d’un ensemble de #valeurs pour une #vie bonne, mais tout se complique dès qu’il s’agit de le déterminer. A vrai dire ce n’est jamais le cas.

      Lordon avance en outre qu’il n’en existe aucune « définition tant soi peu consistante » dans l’œuvre de Michéa. Au risque d’être fastidieux, en voici quelques unes.

      Orwell, anarchiste tory (1995) : Michéa la caractérise comme suit : « Sens commun qui nous avertit qu’il y a des choses qui ne se font pas. »

      L’Enseignement de l’ignorance (1999) : « Ensemble de dispositions à la bienveillance et à la droiture qui constitue selon lui [Orwell] l’indispensable infrastructure morale de toute société juste. » Ou, plus loin : « Mixte, historiquement constitué, de civilités traditionnelles et de dispositions modernes qui ont jusqu’ici permis de neutraliser une grande partie de l’horreur économique. »

      Impasse Adam Smith (2002) : « L’une des ressources principales dont dispose encore le peuple d’en bas (comme le nommait déjà Jack London) pour avoir une chance d’abolir un jour les privilèges de classe […] et d’édifier une société d’individus libres et égaux, reposant autant qu’il est possible sur le don, l’entraide et la civilité. » Ou, plus loin : « Vertus quotidiennes des gens ordinaires. »

      Orwell éducateur (2003) : Michéa rapproche la common decency d’une sentence de Spinoza, visant à mettre en avant la « pratique effective de la « justice et de la charité » » — à condition d’entendre le terme de charité comme l’esprit du don.

      L’Empire du moindre mal (2007) : « Valeurs partagées et solidarité collective effectivement pratiquée. »

      La double pensée (2008) : « Vertus humaines élémentaires que sont, par exemple, la loyauté, l’honnêteté, la bienveillance ou la générosité. Or ces vertus, qui s’enracinent depuis des millénaires dans ce que Mauss nommait la logique du don, ne sauraient être confondues avec les constructions métaphysiques des fanatiques du « Bien » — que ces dernières trouvent leur principe officiel dans la volonté divine, l’ordre naturel ou le sens de l’Histoire. »

      Le Complexe d’Orphée (2011) : Michéa rappelle derechef qu’elle s’oppose aux idéologies morales et aux catéchismes moralisants et puritains en tous genres. La common decency « prend clairement appui, au contraire, sur ces vertus de base que l’humanité a toujours reconnues et valorisées, et qui ont acquis, à ce titre, un statut transversal par rapport à toute construction idéologique possible. »

    • Dans un autre entretien, donné en 2013, il confirme son analyse et réfute, par avance, le réquisitoire de Lordon (« la négligence conceptuelle » de Michéa conduisant à « l’essentialisation du peuple bon », sans prendre en considération les « conditions sociales extérieures ») :

      « Évidemment, même dans les classes populaires, les comportements égoïstes peuvent exister mais, globalement, […] les rapports d’entraide existent beaucoup plus […]. Ce n’est pas que l’homme des quartiers populaires serait par nature, au sens rousseauiste du terme, un être idéal — c’est un être complexe, capable du meilleur que comme du pire —, mais il reste dans les quartiers populaires des structures de vie commune, fondées sur l’anthropologie du don, qui, même si elles sont sérieusement attaqués par la société moderne, rendent encore possible, entre voisins, des rapports d’échanges symboliques. […] Tandis que quand vous devenez riche et puissant, ma grande théorie — qui est celle de tout l’anarchisme —, c’est que la richesse et le pouvoir nous coupent de nos semblables. […] Il est beaucoup plus difficile à un homme riche et à un homme puissant de conserver ce bon sens et cette common decency, qui sont encouragés, non pas par leur nature, mais par leurs conditions d’existence ».

      Autrement dit c’est le mode de vie concret des gens (pas leur éducation « morale ») qui déterminerait en grande partie leur aptitude à cette décence. On est quand même loin de l’essentialisme.

      Et la réponse de Michéa à Corcuff (entre autre) :
      http://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/020813/en-reponse-corcuff

    • Oui, dans ce même entretien il disait aussi En général quand quelqu’un vient vous demander de lui prêter votre échelle votre premier réflexe n’est pas lui dire « pour deux heures ça fera 20 euros », il y a encore cette structure.

      En février dernier dans le 19/20 de France 3 il y avait un reportage montrant un trentenaire qui utilisait le lave-linge de sa voisine, moyennant finance. Le reportage disait en substance que quantifier et monnayer l’entraide de voisinage ça devient un phénomène de société concernant la moitié des gens, et il y avait un sociologue qui qualifiait de « pratiques alternatives » "issues des militants de la décroissance" cette insertion de la valeur argent dans les rapports de voisinages, entre gens pourtant ni riches ni puissants.

      Les structures de vie commune dont parle Michéa, pour le coup elles étaient loin.
      J’avais même l’impression que cet aspect objectivé et monnayé de l’entraide ne choquait personne, que tout le monde autant dans les interviewés que dans l’équipe de journalistes trouvait ça normal, et n’envisageait même pas un autre mode de s’échanger des services, qui ne fasse pas l’objet d’une comptabilité.

    • Il est vrai que Frédéric Lordon a réussi le tour de force de dénoncer la « faiblesse conceptuelle » de ma théorie de la common decency tout en dissimulant constamment à ses lecteurs (et cela, pendant onze pages !) ce qui en constituait justement le pilier central, à savoir l’usage que je fais de l’œuvre de Marcel Mauss et de ses héritiers (Serge Latouche, Alain Caillé, Philippe Chanial, Paul Jorion, Jacques Godbout, etc.) afin d’en déduire une interprétation moderne et socialiste.

      Et tout à fait d’accord @koldobika, pour les liens non marchands, poussés à devenir de plus en plus comptables. Je me suis accroché là-dessus avec père et sœur pas plus tard qu’il y a deux jours, à propos du covoiturage et du stop.

    • Moi ça dépend des fois. Je suis pas fan de l’idéalisation du don contre-don. Mais concernant par ex. le co-voiturage, quand je vais loin avec une autre personne et qu’on a prévu a l’avance, on partage les frais, et ça me semble normal.
      D’autres fois, je fais un peu moins de trajet (mais quand même ça p.ê 1h), mais les personnes qui m’ammène savent que j’ai peu d’argent, et que elles, elles ont un salaire correct (pas gros, juste le smic ou au-dessus) et elle ne me font pas payer.

    • Je suis globalement d’accord avec toi. :)

      Je pense que moi aussi j’ai des choses à redire sur plusieurs points abordés par Michéa, mais pas ceux sur lesquels les critiques portent en ce moment.

      La seule critique vraiment intéressante (et bienveillante) que j’avais lu, c’était celle d’Anselm Jappe (que Michéa a remercié récemment, il me semble, pour lui avoir fait découvrir Robert Kurz).

      Pour la critique du DIY « à tout prix » je te suis à 100%, et pour ce qui est des SEL, ce que tu dis rejoins le numéro 2 de Sortir de l’économie (@bug_in y a participé je crois, je ne sais plus :D) où se trouve un article sur le même thème.

      Bref, c’est bien de temps en temps de trouver des gens avec lesquels on est d’accord. :)

    • @aude_v ça tombe le même weekend qu’Alternatiba http://www.bizimugi.eu/fr/alternatiba/programme-complet, dommage pour ceux qui auraient aimé être aux deux.
      Pour ce qui est des SEL, je pense que leur fonctionnement est plus lié à la culture des gens y prenant part qu’à leurs règles formelles. Dans celui que je connais un peu ça peut évoluer vite vers des spirales de don où personne ne fait strictement gaffe aux équivalences entre ce qui est donné et reçu, ni au fait de toujours recevoir quelque-chose en échange de ce qu’on laisse.

  • Trois réflexions sur le libéralisme (Le Monde diplomatique, #2013/06)
    http://www.monde-diplomatique.fr/2013/06/A/49213

    La popularité persistante du libéralisme tient au fait qu’on ne sait jamais par où le prendre. Critique-t-on son volet économique ? Ses partisans insistent alors sur sa contribution au pluralisme politique, à la diversité culturelle. Evoluer indéfiniment d’un registre à l’autre fait parfois oublier sa bienveillance passée envers l’esclavage (lire « Chérir la liberté, justifier l’esclavage »). Et attribue aux néolibéraux le mérite de transformations émancipatrices auxquelles ils se sont souvent opposés (lire « Le laisser-faire est-il libertaire ? »).

    #Idées #Travail #Histoire #Économie #Politique #Esclavage #Idéologie #Capitalisme #Inégalités #Libéralisme #Néolibéralisme

    A propos de trois #livres :

    - Domenico Losurdo, Contre-histoire du libéralisme, traduit de l’italien par Bernard Chamayou, La Découverte, Paris, 2013, 390 pages, 25 euros.

    – Jean-Claude Michéa, Les Mystères de la #gauche. De l’idéal des #Lumières au triomphe du capitalisme absolu, Climats, Paris, 2013, 131 pages, 14 euros.

    – Geoffroy de Lagasnerie, La Dernière leçon de Michel #Foucault. Sur le néolibéralisme, la théorie et la politique, Fayard, Paris, 2012, 192 pages, 17 euros.

  • Noam Chomsky appelle à la mobilisation générale
    http://ragemag.fr/noam-chomsky-appelle-a-la-mobilisation-generale

    Le linguiste ne s’embarrasse pas de précautions de langage : « Le monde se divise entre ploutocrates et précaires ». Le terme « #ploutocratie » a généralement mauvaise presse en France (on se souvient de l’usage antisémite qu’en firent d’aucuns), mais rappelons qu’il désigne seulement le gouvernement et la domination des riches – ce qui constitue donc une très bonne définition des régimes « démocratiques » des nations occidentales. La ploutocratie détient le pouvoir et n’entend pas le rendre. Le mouvement « Occupy » représente « une première riposte populaire » – même si son slogan (les 99% contre les 1%), reconnaît Chomsky, fait l’impasse sur la complexité effective du rapport de forces (le philosophe socialiste Jean-Claude Michéa précise qu’il conviendrait plutôt de parler de 85 à 90%). La « crise » n’est pas tombée du ciel : elle procède « d’une décision réfléchie, d’une stratégie élaborée par les nantis et les puissants pour dicter un modèle social qui serve leurs intérêts. » Aux États-Unis comme en Europe. Les mesures d’austérité préconisées par les instances dirigeantes du Vieux Monde et les injonctions de la BCE « nous ramène[nt] à la lutte des classes ».

    • Noam Chomsky, ouvert la voie au confusionnisme ? J’avais bien un doute de là où on voulait en venir avec cette foutaise, mais ça commence à devenir clair.

      (Modif : le message auquel je réponds a été supprimé.)

    • C’est a cause de son soutient a la liberté d’expression incluant tous les propos, y compris ceux qui en France sont punis par la loi comme étant négationniste.
      Par ailleurs dire que Michéa est socialiste, c’est n’importe quoi. C’est une excuse pour faire passer ça pour un truc de gauche, alors qu’en fait il joue assez le confusianisme, puisqu’il dit que les sans pap en gros font le jeu des libéraux (ils seraient pour le nomadisme, comme eux... un foutage de gueule qui s’épargne de distinguer ceux qui sont contraint de partir de ceux qui le font pour de leur propre volonté, avec plaisir et profit)...

    • Que les sans pap feraient le jeu des libéraux car ils seraient pour le nomadisme, non mais sérieux... Michéa me laisse assez perplexe, dans sa capacité à combiner dans son discours d’un côté des analyses vraiment pertinentes et de l’autre de vrais aveuglements. J’ai l’impression qu’il insiste parfois sur des aspects « réac » comme pour appuyer son démarquage vis à vis de a gauche libérale (son thème de toujours), quitte à faire parfois dans le grossier, la caricature ou le contresens (cf aussi les passages qu’a relevés Lordon récemment). Et l’impression que là où en revanche il ne se sent pas obligé de forcer le trait de ce démarquage-là, il dit des choses intéressantes et finement vues. Curieux personnage. A lire en restant attentif aux « devenirs mortifères », comme dit Starhawk.

    • La croissance, le nom médiatique de l’accumulation du capital.

      Sinon, c’est étonnant comme personne ne resitue Chávez dans l’histoire vénézuélienne de la fin XIXe-début XXè, avec le caudillisme, les événements de 1902-03 (blocus de La Guaïra, etc.) et l’arrivée d’un dictateur soutenu par les États-Unis (Juan-Vicente Gómez). Après tout, Chávez a bien fait entrer Castro au Panteón Nacional

      Cipriano Castro, le « dernier caudillo », dont il a certainement dû se sentir un continuateur, ne serait-ce que dans les torrents de mépris haineux que C. Castro a déchaînés au Venezuela et en Europe…

  • RAGEMAG
    http://ragemag.fr/liberalisme-de-gauche-et-liberalisme-de-droite-par-jean-claude-michea

    Si nous avons lancé Ragemag, il y a un an, c’est que nous considérions qu’il n’existait (à notre connaissance) aucun média dont la ligne éditoriale incluait une critique du libéralisme dans son ensemble.
    La pensée de Jean-Claude Michéa, ainsi que celle de ses auteurs fétiches, George Orwell et Christopher Lasch, constituent le fondement intellectuel de notre magazine. Jean-Claude Michéa a accepté que Ragemag publie quelques extraits d’un texte inédit en France, écrit par lui en janvier 2012 pour présenter sa pensée au grand public espagnol, dans les colonnes du journal El Confidancial. En voici le troisième volet, après Libéralisme et décence ordinaire et Enracinement et universalisme.

    • Je trouve que l’idée de développer un média web pro-Michéa n’est pas mauvaise bien qu’en elle-même assez contradictoire avec ce que pense cet auteur des nouvelles technologies. Ceci expliquant peut-être cela, si on se borne au web et qu’on ne lit pas les livres de Michéa, on trouvera de nombreuses occurrences se référant à lui en provenance de l’extrême-droite. Or Michéa n’est pas d’extrême droite, il n’est pas non plus réactionnaire ni comme le dit Boltanski un héritier des non-conformistes des années 30. Il y a une dimension conservatrice dans sa pensée mais ce conservatisme traverse le mouvement socialiste depuis fort longtemps. Les grands mouvements sociaux salariés depuis les années 80 ne sont-ils pas également en grande partie des mouvements de conservation et de défense d’acquis ? Michéa est loin d’être le premier à avoir pointé la vacuité du clivage droite-gauche – sur un tout autre registre Baudrillard en avait fait de même. Et d’une certaine manière le mouvement anarchiste se place aussi dans cette lignée.

      Toutefois concernant RageMag, je trouve que le nom est mal choisi pour des gens se réclamant de Christopher Lasch (voir ce qu’écrit cet auteur au sujet de la rage pathologique dans La culture du narcissisme ). Le choix de Clémenceau pour la citation en exergue du site est de mauvais goût.

      J’ai noté aussi dans certains articles des attaques contre Mai 68 – via la référence à Jean-Pierre Le Goff - qui montrent une ignorance de ce qu’à été d’un point de vue strictement historique ce mouvement. Une confusion entre les événements en eux-mêmes et la contre-attaque menée par le capital après 1973 – la fameuse récupération de la critique artiste du capitalisme contre sa critique sociale dont parle justement Boltanski et Chiapello.

      D’ailleurs, on peut très bien aussi analyser Mai-Juin 1968 comme un événement de conservation face à la taylorisation, au productivisme et à la société de consommation en France. Les barricades et la grève générale étant des formes de luttes se rattachant à la tradition révolutionnaire française. De même que la tentative de jonction étudiants-ouvriers-paysans peut être perçue comme héritière d’une certaine critique de l’intellectualisme que l’on retrouve chez Orwell ou Simone Weil. Bien sûr on ne peut pas limiter Mai 68 à une telle interprétation mais cela me semble en tout cas plus valable que de dire que Mai 68 a été un événement libéral.

    • D’autant plus (à charge contre Ragemag du coup) que Michéa dans une interview puis l’un de ses livres ("la double pensée" peut-être, qui reprend un interview en l’augmentant) précise très clairement que Mai 68 est multiple, qu’il recouvre des réalités différentes et qu’il ne mélange pas tout. Donc quand bien même ce serait un polémiste, ce qu’il écrit est plus subtil que ce qu’on en trouve sur le net, qui plus est après être passé par des intermédiaires (genre « téléphone arabe »).

    • Et sinon, plutôt que de jouer sur Twitter à écrire des mini-phrases, faire des captures d’écran et autres RT, ça n’intéresserait pas quelqu’un d’arriver à aller à une rencontre de lecteurs de Michéa à Paris ou à Montpellier, pour lui poser face à face (on sait qu’il préfère) de bienveillantes questions ?

      En tout cas si quelqu’un y va un jour, je veux bien donner quelques questions à poser.

    • Il semble que ce soit difficile de le faire bouger... Je tente depuis plusieurs mois de le faire venir dans la bibliothèque où je bosse (à 1h30 de Montpellier). Un contact via notre librairie locale puis son éditeur ou plus exactement je crois le fondateur des éditions Climats avant le rachat par Flammarion. Mais aucune nouvelle.

      Pas mal de questions aussi à lui poser. Je te tiens au courant si tu veux. Autrement il y aurait parait-il une actualité éditoriale de Michéa en avril, il se montrera peut-être ici ou là à cette occasion.

    • Ah ouais ok. Du coup, il daignera peut-être promouvoir son dernier livre dans une ville coco du sud de la France même si j’en doute. Il devient très « bavard » en fait.