person:jean-claude

  • Trois cadres du groupe #Lafarge sont mis en examen pour « financement du terrorisme »
    https://www.mediapart.fr/journal/international/021217/trois-cadres-du-groupe-lafarge-sont-mis-en-examen-pour-financement-du-terr

    Un camion du groupe Lafarge, photographié en avril 2014, en région parisienne. © Reuters Deux anciens cadres de Lafarge et un responsable de la sécurité du groupe, par ailleurs ancien candidat du #Front_national, ont été mis en examen, vendredi 1er novembre, pour « financement du terrorisme » dans l’enquête sur ses liens avec l’État islamique. Le groupe français a maintenu en 2013 et 2014 ses activités en #Syrie dans une zone de conflit tenue par Daech.

    #International #France #campagne_présidentielle_2017 #élection_présidentielle_2017 #Emmanuel_Macron #Etat_islamique #Jalabiya #Jean-Claude_Veillard #Le_Pen #Marine_Le_Pen

  • #Lafarge : son béton, sa collaboration avec l’Etat islamique, sa mise en danger de ses employés… Toute une histoire
    https://reflets.info/lafarge-son-beton-sa-collaboration-avec-letat-islamique-sa-mise-en-danger-

    Mardi 14 novembre, des perquisitions ont été menées chez Lafarge, producteur de béton, à Paris et à Bruxelles. Le groupe est soupçonné d’avoir versé de l’argent à des milices en #Syrie, dont l’Etat Islamique, pour […]

    #Economie #France #Monde #Politique #Bruno_Lafont #Christian_Herrault #Eric_Chevalier #Firas_Tlass #Franck_Gelet #Frédéric_Jolibois #Jalabiya #Jean-Claude_Veillard #Lafarge_Cement_Syria #Orascom #Raqqa

    • Un « sommet social » européen… contre nos droits !

      Vendredi 17 novembre, les dirigeants européens tenaient à Göteborg en Suède un « sommet social ». L’occasion pour l’Union européenne de tenter une opération de communication, et l’occasion pour Emmanuel Macron de nous vendre plus de protections au niveau supranational. Évidemment, il n’en est rien. Le point d’orgue de la journée était la signature du « socle européen des droits sociaux » par Jean-Claude Juncker, le président de la commission européenne, Donald Tusk, celui du Conseil européen et le premier ministre de l’Estonie, qui assure la présidence tournante de l’UE.

      Ce type de déclaration de principes sans effet contraignant ne sont pas nouvelles. Déjà en 1989, les dirigeants avaient écrit une « charte des droits fondamentaux des travailleurs ». Que des régressions 18 ans plus tard !

      Cette fois, le procédé est encore plus mensonger. Le contenu du document signé à Göteborg est inférieur des droits garantis par la plupart des traités internationaux et des Constitutions nationales. Ainsi, par exemple, la charte sociale du Conseil de l’Europe (institution distincte de l’Union européenne) demande que les gains de productivité s’accompagnent d’une réduction du temps de travail, le droit à un jour de repos hebdomadaire identique pour tous ou de la protection des syndicalistes. Rien de tout ça ne figure dans le nouveau texte de l’Union. De nombreux experts à l’ONU, à l’OIT, au Conseil de l’Europe pointent que le droit européen s’oppose souvent aux droits humains, et oblige les Etats membres à violer leurs engagements internationaux !

      Les 20 principes énoncés sont vagues et en contradiction totale avec les politiques que la Commission recommande chaque année de mettre en œuvre au niveau national. Ainsi le point 5 : « les relations de travail qui conduisent à des conditions de travail précaires doivent être évitées » alors que la commission se félicitait en 2017 de la mise en œuvre de la loi El Khomri en France, et applaudit les ordonnances Macron ! De même, alors que le point 19 affirme qu’« un accès au logement social ou à une aide à un logement de qualité doit être fourni aux personnes dans le besoin », le respect des règles budgétaires européennes conduit le gouvernement à couper en 2018 près de 2 milliards d’euros au logement social !

      Pire, au milieu des hypocrisies, on trouve de véritables attaques contre nos droits. Ainsi, le texte garantit « la flexibilité nécessaire aux employeurs pour s’adapter rapidement aux changements du contexte économique ». Par un incroyable renversement, au nom de nos droits, les dirigeants européens autorisent les employeurs à licencier plus facilement, augmenter le temps de travail ou réduire les salaires sous prétexte de « changements du contexte économique ». De plus, par deux fois, le texte accrédite la folie macronienne des chômeurs « multi-récidivistes du refus » qui « partent en vacances aux Bahamas » en affirmant que les indemnités auraient « un effet dissuasif pour un retour rapide à l’emploi » : en réalité, ils espèrent que la baisse des allocations chômage contraigne les chômeurs à prendre des emplois mal payés, à temps partiel, en intérim ou en durée déterminée.

      Jean-Claude Juncker a affirmé son intention d’intégrer cette déclaration au « semestre européen » – c’est le nom de la procédure de surveillance des politiques nationales par la commission. Malheureusement, vu le contenu du texte, cette « Europe sociale » ressemble drôlement à une macronite généralisée sur tout le continent européen !

      https://lafranceinsoumise.fr/2017/11/20/sommet-social-europeen-contre-nos-droits

  • « La Suisse ne doit pas s’agenouiller devant le bailli Jean-Claude Juncker » RTS - Romain Clivaz & hend - 15 Novembre 2017
    http://www.rts.ch/info/suisse/9088466--la-suisse-ne-doit-pas-s-agenouiller-devant-le-bailli-jean-claude-juncke

    Le Conseil fédéral devrait adopter ce mercredi l’enveloppe de 1,3 milliard de francs destinée à l’élargissement de l’UE. Un prix « bien trop élevé », selon Kevin Grangier, membre de l’Action pour une Suisse indépendante et neutre.
    L’Union européenne (UE) considère ce milliard de cohésion comme une forme de cotisation pour accéder au marché communautaire. Pour rappel, les Suisses ont accepté ce projet en 2006 à plus de 53%. Cette enveloppe devrait ainsi être adoptée mercredi par le Conseil fédéral, une semaine avant la possible visite en Suisse - non confirmée par Bruxelles - du président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker.
    Pour Kevin Grangier, membre de l’action souverainiste ASIN, ce montant est beaucoup trop élevé. « Notre pays n’est pas un pays qui s’agenouille devant le bailli Juncker. Et je regrette que le Conseil fédéral, une fois de plus, sans rien obtenir en retour, lâche ce fameux milliard pour permettre à Monsieur Juncker de venir chez nous », a dénoncé mercredi le membre de l’Action pour une Suisse indépendante et neutre (ASIN), sur les ondes de la RTS.

    « Parler d’égal à égal »
    Kevin Grangier a également plaidé pour des compensations : « Cet argent, c’est celui des Suisses et il serait bien mieux chez nous plutôt que quelque part dans un pays européen où il ne sert à rien du tout. Et je ne vois pas pourquoi on doit le verser s’il n’y a pas de compensations équivalentes d’autre part ».
    Kevin Grangier n’a par ailleurs pas exclu un référendum de la part de l’ASIN : « En fonction de la décision du Conseil fédéral, et ce qui sera négocié en échange de ce milliard, il pourrait y avoir un référendum. On doit discuter d’égal à égal avec Bruxelles ».

    #Suisse #jean_clauyde_Juncker. #union_européenne #bizarre

  • Bertolucci, Bonnaud et les demi-folles - Libération
    http://www.liberation.fr/debats/2017/11/12/bertolucci-bonnaud-et-les-demi-folles_1609595

    Invité sur le plateau de « Mediapart », le directeur de la Cinémathèque était interrogé sur la rétrospective #Polanski et l’ajournement de celle sur #Brisseau.

    Le cinéma est-il hors de la société ? Vaste question. C’est le thème du débat de la semaine de Mediapart. Pas vraiment un débat, d’ailleurs : le directeur de la Cinémathèque française, Frédéric Bonnaud, y est invité seul. Bonnaud est un ancien journaliste. Il a dirigé les Inrocks. Quatre ans durant, il a animé cette même émission de Mediapart, dont il est aujourd’hui l’invité-accusé : pourquoi a-t-il maintenu la rétrospective hommage à Roman Polanski, en présence du réalisateur, malgré l’affaire Weinstein ? Sur le plateau, deux hommes, Bonnaud et François Bonnet, directeur de la rédaction de Mediapart, et une femme, Lenaïg Bredoux, journaliste à Mediapart.

    Dans nombre de rédactions, l’affaire Weinstein, comme l’affaire Polanski avant elle, a creusé un fossé entre les journalistes culture et leurs confrères et consœurs chargés des violences faites aux femmes. Comment sauver l’œuvre, si son créateur est un agresseur ou un violeur ? Comment traiter le délinquant sexuel dont on admire l’œuvre ?

    Pourquoi avoir maintenu l’invitation de Polanski ? demande-t-on à Bonnaud. Parce que Polanski. Parce que grand cinéaste. Parce que, depuis que Polanski vit en France, il n’a jamais récidivé. D’ailleurs, si Bonnaud convient sans difficulté que Weinstein est un porc, il avertit néanmoins : « Cette libération de la parole, est-ce qu’elle ne s’accompagne pas d’un flash totalitaire et d’un retour à l’ordre moral, sous la direction de ligues de vertu ? »

    Ce que l’on entend à ce moment, c’est une certitude en perdition. Homme de gauche, combattant pour la liberté d’expression et contre les « ligues de vertu », travaillant avec le monument Costa-Gavras (président de la Cinémathèque), autant dire sous l’ombre gigantesque d’Yves Montand, Frédéric Bonnaud a toujours été « du bon côté ». Et soudain, dans le sidérant miroir que lui tend l’époque, il se découvre du côté des oppresseurs.

    Bref, circulez ligues de vertu, on n’a rien à discuter. Et alors, très doucement, se fait entendre la voix de Lenaïg Bredoux. « S’il n’y a aucun débat, pourquoi avez-vous suspendu la rétrospective Brisseau à la Cinémathèque ? » Car une seconde rétrospective était prévue en janvier, autour du cinéaste Jean-Claude Brisseau, condamné en 2005 et 2006 pour harcèlement et agression sexuelles sur ses actrices. Et l’on vient d’apprendre qu’elle était ajournée.

    Et d’un seul coup, c’est un autre Bonnaud. Le résistant capitule. « Tu sais pourquoi nous avons renoncé ? Mettre dix gardes du corps dans le hall, ça coûte 10 000 euros. Nous ne sommes pas de taille. Je dis à Osez le féminisme ! "vous avez gagné". Moi, je suis pas venu travailler à la Cinémathèque française pour entendre Marlène Schiappa me dire que j’avais la culture du viol. On ne me l’a pas encore dit, mais on va me le dire. Et c’est normal qu’on me le dise. »

    Et Bonnaud part en roue libre, sur le mode « plus rien à perdre ». On vient de restaurer 1900, ce très grand film. « Je pourrais inviter Bernardo Bertolucci, son auteur. Mais je ne vais pas l’inviter pour qu’il se fasse traiter de violeur par des demi-folles. » #Bertolucci, violeur ? Il y a du sous-texte. Bonnaud parle ici d’un autre film, le Dernier Tango à Paris, resté célèbre pour la scène de sodomisation (simulée) de Maria Schneider par Marlon Brando à l’aide d’une plaquette de beurre. De longues années plus tard, Bertolucci a avoué que cette scène, non prévue, avait été imaginée par Brando et lui le matin même du tournage, sans que Schneider en fût avertie. « Je voulais sa réaction d’humiliation en tant que femme, et pas en tant qu’actrice », a dit Bertolucci - aveu justement livré à la Cinémathèque de Paris. Bertolucci avait alors expliqué se sentir « coupable » mais ne pas regretter. A noter que ce débat, en 2013, n’avait pas provoqué de réactions particulières en France, jusqu’à ce que son enregistrement soit exhumé trois ans plus tard par la version américaine de Elle.

    Il faudrait prendre Bonnaud entre quatre-z-yeux et lui expliquer que ce qui arriva jadis à Maria Schneider s’appelle bien un viol. On ne parle pas de cinéma. On parle de deux hommes, #Brando et Bertolucci, qui montent un traquenard à une femme, Maria #Schneider, sous un prétexte artistique. Que cela n’empêche peut-être pas d’aimer le film, mais que le temps est venu d’appeler les choses par leur nom. Au risque de se faire traiter de demi-fou, ou de demi-folle.
    Daniel Schneidermann

    #viol #cinéma

  • The Military-Industrial Complex Is Fundamentally Changing the European Union | The Nation

    With the Eurozone in permanent crisis, Brexit on the horizon, and far-right parties on the rise from Germany to the Czech Republic, the future of the European Union has never seemed so much in doubt. There’s no shortage of leaders aspiring to reboot the unification project that helped Europeans leave behind the terrors of two world wars. But whether it’s the old federalist president of the European Commission, Jean-Claude Juncker, the solid German Chancellor Angela Merkel, or the maverick French President Emmanuel Macron leading the discussion about Europe’s future, there’s a recurring theme at the top of the priority list: defense.

    In his ambitious Sorbonne University speech on the future of Europe in September, Macron expressed his grand vision: “At the beginning of the next decade Europe must have a joint intervention force, a common defense budget and a joint doctrine for action.” This is not merely a political wish list: Both the financing plans and institutional infrastructure for just such a consolidation of European military policy are being put in place at an astonishing speed. Billions of euros have been put on the table for R&D and weapons procurement; plans to militarize development aid, circumvent constitutional restraints, and bring European forces to the battleground are on paper and ready to go. EU members states will meet next Monday in Brussels to sign a defense pact (#PESCO -Permanent Structure Co-operation) calling for a massive increase in military investment and to pave the way for the deployment of European forces....

    https://www.thenation.com/article/the-military-industrial-complex-is-fundamentally-changing-the-european-un

    #militarization #europe #eu #otan @cdb_77 #défense

  • Evasion fiscale en Europe : les lapalissades de Pierre Moscovici
    http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2017/11/09/31001-20171109ARTFIG00284-evasion-fiscale-en-europe-les-lapalissades-de-pie

    Fait-il partie des habitants des « autres planètes », selon une expression chère à son patron Jean-Claude Juncker ? C’est une hypothèse à creuser. Il semble en effet que le Commissaire européen à aux Affaires économiques et à la Fiscalité Pierre Moscovici - par ailleurs ancien ministre français de l’Économie - vienne de découvrir subitement l’existence des paradis et de l’évasion fiscale.

  • Les réformes du logement sous l’ère Macron : économies budgétaires ou changement de modèle ? - Métropolitiques
    http://www.metropolitiques.eu/Les-reformes-du-logement-sous-l-ere-Macron-economies-budgetaires-ou-

    Annoncées de façon inattendue au milieu de l’été 2017 par le gouvernement, les réformes du logement ont suscité des oppositions très vives. Alors que les discussions se poursuivent, Jean-Claude Driant retrace les étapes et les enjeux de cette polémique, tout en s’interrogeant plus profondément sur la nature, les objectifs et la portée des mesures proposées.

    De l’affaire des cinq euros à la baisse des loyers HLM : chronique d’un affrontement inattendu autour du « choc de l’offre »

    Les aides à la personne sont-elles coûteuses et inflationnistes ?

    Le choc de l’offre : pensée magique ou vieille formule ?

    Existe-t-il un trésor caché des HLM ?

    #politique_de_l'offre #logement pas #social #HLM #APL

  • Une stratégie européenne pour la gauche | Frédéric Lordon
    https://blog.mondediplo.net/2017-11-06-Une-strategie-europeenne-pour-la-gauche

    Avec l’admirable conscience professionnelle des boussoles qui indiquent le Sud, Jean Quatremer et ses semblables n’ont pas manqué de décréter la question de l’euro définitivement « tranchée » par l’élection de Macron. Mais, à la fin des fins, qu’une boussole indique le Sud n’est pas un problème, pourvu qu’elle l’indique avec constance — ce qui est assurément le cas en l’occurrence. Il n’y a plus qu’à regarder dans la direction opposée pour s’orienter avec sûreté. La prédiction australe posée, nous savons donc maintenant avec certitude que « la question européenne » est tout sauf close, et qu’elle ne manquera pas de revenir. Pour une bonne et simple raison d’ailleurs : c’est que, par paraphrase inversée du Manifeste du parti communiste, un spectre hante la gauche — l’Europe. Si la dernière élection a confirmé quelque chose, c’est bien que l’euro est l’hypothèque posée sur toute stratégie de conquête du pouvoir à gauche. Même les débris de la social-démocratie ont fini par s’en apercevoir, un peu tard cependant, et, mettant les bouchées doubles pour rattraper un si long silence, pensent avoir trouvé avec le « parlement de l’euro » de quoi racheter vingt-cinq ans d’errements. C’est que, si plus personne ne croit, ni même ne peut entendre, la promesse devenue outrageante de « l’Europe sociale », celle de « l’Europe démocratique » a pris le relais — en apparence plus fraîche, mais en réalité aussi résolument creuse.

    • Les termes réels de l’équation européenne à gauche :

      1. Il n’est pas de politique progressiste qui ne verrait ses dispositions les plus centrales interdites par les traités européens.

      2. Soustraire les contenus substantiels de certaines des plus importantes politiques publiques aux délibérations d’une assemblée ordinaire, pour les sanctuariser dans des traités ne répondant qu’à des procédures de révision extraordinaires, est une anomalie qui disqualifie radicalement toute prétention démocratique.

      3. Seule une révision des traités propre à instituer un véritable parlement, auquel serait rendue l’intégralité des domaines de décision actuellement hors d’atteinte de toute redélibération souveraine, est à la hauteur du projet de rendre l’Europe démocratique.

      4. En l’état actuel des choses, une telle révision fera l’objet d’un refus catégorique de l’Allemagne qui, serait-elle mise en minorité dans le débat européen, préférerait l’intégrité de ses principes à l’appartenance à l’Union.

      Que ce soit sous l’espèce d’un parlement pantomime, en fait privé de toute voix au chapitre sur les questions fondamentales et réduit à la figuration résiduelle, ou bien, a fortiori, sous toute proposition qui envisagerait d’aller plus loin, l’Allemagne (sans doute accompagnée) dira non. On peut donc si l’on veut persister dans l’erreur ou la cécité volontaire un certain temps, mais pas trop quand même. Comme jadis « l’Europe sociale », « l’Europe démocratique » n’aura pas lieu. Il s’ensuit que, si elle reste accrochée à l’illusion d’un « autre euro », c’est la gauche au pouvoir qui n’aura pas lieu non plus.

    • Toujours cette rhétorique indigeste (avec, au passage, pour la bonne figure, évocation de Marx, du matérialisme et de la lutte de classe - mais ceci pour abuser qui ?) ... pour promouvoir, en guise de solution transitoire, la vieille lune protectionniste de la sortie de l’euro.

      Il n’y a pas à s’étonner que Lordon s’intéresse au sort de la gauche, de cette gauche (gouvernementale, gestionnaire) qui a rompu depuis des décennies avec toutes perspectives révolutionnaires pour adopter la boussole de la collaboration de classe, car, en lui proposant, pour se requinquer, de faire sienne une vieille diversion nationaliste, il reste sur le même terrain.

      Sur ce terrain, la division de la société en deux classes fondamentales antagonistes, l’existence d’un prolétariat international uni par les mille liens de la mondialisation capitaliste, renforcé numériquement par le développement des forces productives, n’existent pas. Tout au plus y a-t-il opposition d’une « oligarchie financière », impersonnelle et désincarnée aux « peuples souverains » - Lordon, du reste, n’a jamais conçu les transformations qu’il appelle de ses vœux que par le haut, par un changement des institutions et finalement par l’intervention des États nationaux.

      Il faudra bien un jour s’en rendre compte : en présentant les institutions européennes comme responsables de l’austérité et de toutes les attaques subies par les travailleurs, Lordon n’a jamais fait que ce que les souverainistes « de droite » ont toujours fait : rendre l’Union européenne, l’euro et la mondialisation responsables de tous les maux de la société indépendamment de la domination de la bourgeoisie. C’est-à-dire se refuser de désigner les capitalistes en chair et en os, camouflés derrière les abstractions qu’il dénonce. Et ainsi, fondamentalement, à l’instar de tout nationaliste qui se respecte, dédouaner la bourgeoisie française et tous les gouvernements successifs à son service.

      Le principal danger que représentent les idées souverainistes, c’est qu’elles obscurcissent la conscience des opprimés en leur désignant des leurres et des boucs-émissaires plutôt que de les aider à comprendre les mécanismes réels de la société et de l’économie.

      Quand ceux que ce monde révolte comprendront que, derrière la prose insupportable de Lordon, ne se trouvent, somme toute, que ces idées-là, des idées qui ne sentent pas meilleurs que les pièges nationalistes portées par l’extrême-droite, on aura peut-être commencé à faire un petit pas.

    • La « gauche de gouvernement », elle, refuse depuis 1982-1983 de mettre en œuvre une politique correspondant aux attentes du bloc social qui la porte au pouvoir. Cette coalition politique, dominée par le PS, est donc condamnée à rechercher un électorat alternatif qui soutiendrait les options fondamentales autour desquelles s’articule sa politique économique : l’intégration européenne et les « réformes structurelles » néolibérales, éventuellement adoucies par une politique sociale « active » et/ou une politique macroéconomique tournant le dos à l’austérité. Les groupes susceptibles d’appuyer une telle orientation se caractérisent par un revenu et un niveau d’éducation relativement élevés ; c’est pourquoi on peut qualifier de « bloc bourgeois » le front qu’ils constitueraient. Son cœur serait formé des cadres supérieurs de la fonction publique, traditionnellement rattachés au bloc de gauche, et des cadres du secteur privé, qui font plutôt partie du bloc de droite.

      La stratégie politique correspondante n’est pas nouvelle et a été explorée avec des succès limités par les divers représentants de la droite du PS : M. Jacques Delors appelait en 1985 « les sages de tous les camps » à se mettre d’accord sur une politique économique qui ne varierait que peu suivant les alternances politiques ; Michel Rocard, prenant la tête du PS après la défaite aux législatives de 1993, cherchait dans un « big bang » une solution de rechange à l’alliance traditionnelle du PS avec le PCF.

      Celui qui l’incarne actuellement de la façon la plus flagrante est M. Macron, qui, malgré ses prétentions à la nouveauté, revendique un « ni droite ni gauche » souvent utilisé dans le passé. On peut facilement deviner le programme économique dont il est porteur à la lecture de ses œuvres de jeunesse, le rapport Attali, comme à l’examen de son parcours de ministre, avec la loi Macron. Ses orientations de politique économique, pro-intégration européenne, favorables aux privatisations, à la « libéralisation » du marché du travail, correspondent à la tentative de constituer un « bloc bourgeois » qui serait dominant.

      Il y a toutefois un obstacle à ce projet. Cet électorat est constitué de groupes sociaux diplômés et aisés mais socialement et politiquement minoritaires. Une stratégie réaliste impliquerait donc de rechercher une médiation susceptible d’agréger d’autres troupes. Comme le projet économique repose sur des réformes néolibérales rejetées par la majorité de l’ancien bloc de gauche, le renfort proviendrait le plus vraisemblablement de fractions appartenant au bloc droitier (indépendants, professions intermédiaires). Ce serait là une solution aux contradictions internes de la droite : rejeter dans la minorité politique les catégories les plus hostiles aux « réformes structurelles » pour s’allier aux groupes de l’ancien bloc de gauche qui y sont le plus favorables. Cette majorité politique resterait probablement sociologiquement minoritaire.

      Étrange démocratie française : depuis trente-cinq ans, les programmes des grands partis de gouvernement ne correspondent pas aux attentes économiques des classes populaires, qui représentent pourtant plus de la moitié du corps électoral. Contrairement aux idées en vogue sur l’effacement des clivages idéologiques, les aspirations des ouvriers et des employés dessinent un bloc social de gauche.

      Majorité sociale, minorité politique par Bruno Amable
      https://www.monde-diplomatique.fr/2017/03/AMABLE/57285

    • « Dans un monde où l’argent règne, son manque rend esclave, sa possession devient domination, et son accumulation tyrannie »

      Nous sommes aujourd’hui face à une situation qui peut laisser perplexe…
      La taxe de 3% sur les dividendes, instaurée sous le quinquennat de François Hollande, a été invalidée par le conseil constitutionnel.
      Cette taxe visait à compenser une perte de recettes budgétaires de de près de 5 milliards (qui elle-même datait du quinquennat du gouvernement de Nicolas Sarkozy dont faisait d’ailleurs parti Bruno Le Maire)
      Elle visait à encourager les entreprises à réinvestir leurs bénéfices plutôt que de distribuer des dividendes.
      Assez rapidement, les spécialistes de droit fiscal avaient alerté sur l’incompatibilité de cette taxe avec le régime fiscal des sociétés-mères et de leurs filiales au sein de l’Union européenne.
      Le président Hollande avec l’appui de son fidèle conseiller économique de l’époque Emmanuel Macron, avait décidé d’introduire, une contribution additionnelle à l’impôt sur les sociétés.
      Cela allait dans le bon sens, mais sans surprise, la mesure a été retoquée par le Conseil Constitutionnel après l’invalidation partielle de la Cour de Justice européenne.

      Une façon de persister dans l’erreur qui laisse songeur…

      En 2015, la Commission européenne avait mis la France en demeure au sujet de cette taxe.
      A ce moment-là, la facture était seulement estimée entre 2 à 3 milliards d’euros.
      On peut donc se demander pourquoi l’État a maintenu cette taxe sous sa forme aussi longtemps.

      Il ne s’agit donc pas tout à fait de gérer un imprévu …. mais plutôt de faire un correctif nécessaire suite à une gestion juridique que l’on pourrait qualifier dans le meilleur des cas, d’hasardeuse ….

      Peu importe si notre président actuel s’occupait précisément de la fiscalité des entreprises à cette période…
      Peu importe si de nombreux membres de la majorité actuelle ont participé au vote de cette loi et ont accepté l’amendement invalide au regard de la constitution.
      Et enfin, peu importe si des parlementaires devenus ministres de l’actuel gouvernement ont voté tout cela…

      Nous voilà rassurés…

      Désormais, en tenant compte des pénalités et des intérêts, la facture a donc grimpé à près de 10 milliards.
      Voyant la douloureuse arriver, le nouveau gouvernement a décidé de simplement supprimer la taxe de 3% sur les dividendes au lieu de la remanier pour la rendre applicable.
      Pour le reste Bercy propose la solution que vous connaissez…

      Au grand désespoir du Medef, la moitié sera financée par une nouvelle taxe exceptionnelle et ponctuelle pour les grandes entreprises et l’autre moitié par le contribuable.

      Il est peut-être temps de réformer le Conseil Constitutionnel dont la composition et l’orientation idéologique pose question.

      En effet, ses membres, que la presse qualifie curieusement de « sages », peuvent interpréter la constitution et décider de l’équilibre entre intérêts économiques particuliers et intérêt général…

      Et ils semblent avoir souvent fait primer la défense de l’ordre économique établi, et donc des privilèges des multinationales, sur les objectifs de justice sociale et fiscale empêchant de ce fait toute forme de vision alternative.

      Les grands groupes en jouent, comme le démontre l’enquête de Mathilde Mathieu pour Mediapart qui nous parlent des “portes étroites” : ces contributions informelles, qui sont commandées à d’éminents professeurs de droit constitutionnel ou à des cabinets d’avocats spécialisés, moyennant rémunération de plusieurs dizaines de milliers d’euros, et envoyées au Conseil pour tenter d’influencer sa décision.

      Le conseil constitutionnel a ainsi censuré de nombreuses mesures législatives bénéfiques à l’intérêt général ces dernières années :
      – la proposition de taxer les très hauts revenus à 75% sur la dernière tranche,
      – la loi Florange, censée mettre fin aux « licenciements boursiers » en imposant des pénalités aux entreprises qui fermeraient des sites rentables.
      – la taxe sur les dividendes.
      – ils se sont également opposé aux sanctions contre les lobbyistes, qui ne respecteraient pas les obligations liées aux registres, imposant un minimum de transparence de leurs activités, à l’Assemblée ou au Sénat.
      – ils ont même censuré la disposition prévoyant une aide financière aux lanceurs d’alerte.

      Étonnamment , nous n’avons pas eu de réaction du Conseil Constitutionnel sur la baisse des APL, sur la casse du code du travail, sur les pertes de liberté individuelles, ou le démentellement de la protection sociale qu’il s’agisse de l’assurance chômage ou de l’assurance maladie.

      Ne nous trompons pas.

      Il ne s’agit pas là d’une fatalité insurmontable pour la France comme pour l’Europe, qui nous empêche de rendre notre société plus juste mais d’un basculement idéologique !

      Comme le dit très justement Emmanuel Todd « Dans un monde où les inégalités de revenus primaires s’accroissent dans des proportions démesurées, les riches, exigent et obtiennent que leurs impôts diminuent.

      Ils veulent toujours moins d’État, toujours moins de fonctionnaires. Nous n’avons plus affaire à une logique d’efficacité économique, mais à une dynamique de pouvoir. Ce glissement inquiétant, de la recherche du profit à celle du pouvoir, traduit la mutation du capitalisme, passé par étape du stade industriel au stade financier. »

      Profitons de ce projet de loi de Finance rectificative pour nous poser la bonne question :

      Quelle fiscalité pour quelle société ?

      De l’argent, il y en a. Mais il est capté par les uns au lieu d’être mis au service de l’intérêt général par l’impôt.
      Le système fiscal doit être entièrement refondé sur des bases justes et claires, en appliquant le principe de la progressivité qui veut que plus on gagne d’argent, plus on contribue au bien public.
      Nous considérons que le partage entre salariés et actionnaires est injuste et inefficace, et que la fiscalité doit davantage taxer l’économie financière.

      Louise Michel avait raison : « notre plus grande erreur, fût de n’avoir pas planter le pieu au cœur du vampire : la finance » !

      Ce système, non seulement ne fonctionne pas, mais il détruit des millions de vies. Vous avez sacrifié le code du travail ! Vous avez piétiné la loi qui protégeait les plus faibles, vous avez supprimé l’ISF…
      Il faut renverser les perspectives et orienter l’économie vers de nouvelles valeurs.

      Il est indispensable que l’accumulation des biens et la thésaurisation de capitaux financiers soient très sérieusement encadrées et qu’une fiscalité plus juste réduise les écarts extravagants qui ne cessent de se creuser.
      L’argent a perdu sa vocation initiale qui était de favoriser les échanges entre les hommes pour devenir une finalité en soi.
      Introduit dans tous les aspects de la vie, développé de manière démesurée, il devient un écran qui nous sépare. Accumulé, il consolide la séparation entre ceux qui le maitrisent et ceux qui en subissent le manque.
      Dans un monde où l’argent règne, son manque rend esclave, sa possession devient domination, et son accumulation tyrannie.

      En effet, les réalités concrètes de nos quotidiens ne peuvent se résumer aux seules lois de l’argent et du marché.
      Et vous savez aussi bien que moi que cet argent ne reviendra jamais dans le circuit de l’économie réelle et qu’aucun emploi ne sera créé !
      C’est clair, nous avons donc deux visions différentes de l’économie.
      Comme certains d’entre vous le savent peut-être, le terme « crise » en chinois provient de l’association de deux notions : danger et opportunité.

      Derrière la crise du système capitaliste débridé, il y a aussi une opportunité : nous saisir de cette bifurcation pour redonner sa place à l’humain.
      Commençons par construire une fiscalité plus respectueuse des gens et de leur environnement, une fiscalité socialement et écologiquement responsable !
      Mettre l’économie au service de l’humain c’est résister à une mondialisation dépersonnalisante et destructrice, mais c’est aussi réaffirmer la volonté de partager les biens et les richesses créées par le travail.

      La dérive des institutions, l’abstention de masse, l’uniformité médiatique, le rétrécissement du débat politique aux dogmes de la « pensée unique », font prévaloir les normes néolibérales.
      Pour stopper la folie des marchés, il faut juste que le peuple se mette en mouvement et cela commence par chacun d’entre nous.
      L’explosion des inégalités, de la précarité et de la pauvreté, les violations répétées de la démocratie, le dénigrement des rapports humains basés sur la solidarité et la coopération, tout ceci, en apparence inéluctable, dépend entièrement de nos choix politiques.

      Par exemple, Vous aviez le choix d’augmenter l’ISF mais vous l’avez supprimé.
      Vous aviez le choix de renforcer les droits des travailleurs, mais vous les avez dégradés.
      Vous aviez le choix de permettre véritablement l’accès au soin pour tous, mais vous avez supprimé les cotisations sociales concernant l’assurance maladie, ce qui contribue à fragiliser son financement.
      Vous aviez le choix de permettre à chaque bachelier d’avoir une place dans l’université de son choix et vous laissez perdurer un système qui généralise le tirage au sort.

      Des exemples parmi tant d’autres qui reflètent le délitement de l’état.
      Un état qui a renoncé à protéger les plus faibles.
      Un état qui abandonne peu à peu son rôle : être présent sur tout le territoire.
      Un état qui permet à la population de consommer des produits alimentaires toxiques et qui recule sur le CETA et le glysphosate.

      Je conclurai avec Jean-Claude Bresson-Girard :

      « Après la fin du développement, la décroissance soutenable, avec la sortie de la société de marché qu’elle implique, est la réponse logique pour permettre à l’humanité d’échapper aux conséquences désastreuses de la barbarie consumériste, pour que l’humanité s’accomplisse comme l’humanité, si tel est son désir, en prenant conscience d’elle-même. »

      https://lafranceinsoumise.fr/2017/11/06/discours-percutant-de-muriel-ressiguier

  • Les milliards du peuple angolais font la fortune d’un entrepreneur suisse

    L’entrepreneur fribourgeois, #Jean-Claude_Bastos, gère le fonds souverain de l’Angola. Un business opaque dont il tire des dizaines de millions.


    https://www.tdg.ch/extern/interactive_wch/paradise-papers-tdg/angola-bastos
    #néo-colonialisme #néocolonialisme #Suissafrique #Suisse #Angola #Quantum_Global #fonds_souverain #paradise_papers #paradis_fiscaux

  • Pétition · Jean-Claude Marcourt : La RTBF nous appartient · Change.org
    https://www.change.org/p/jean-claude-marcourt-la-rtbf-nous-appartient

    D’ici la fin de l’année, les missions et obligations de la RTBF seront redéfinies pour 5 ans dans son nouveau contrat de gestion. Celui-ci est négocié entre son Conseil d’Administration et le gouvernement. Différents lobbies tentent d’influer mais les usagers eux-mêmes, les auditeurs et téléspectateurs de la RTBF ne sont pourtant pas consultés ! C’est donc le moment de nous faire entendre nous aussi. Découvrez les 5 propositions de la plate-forme citoyenne Tout Autre Chose. Les cinq propositions (en résumé) :

    Une RTBF sans publicité ni sponsoring Des émissions culturelles et socio-économiques à des heures attractives Une RTBF gérée par des citoyens, pas que des politiques Evaluer la qualité du contrat de gestion et l’appréciation de son application Externaliser la médiation et ses émissions

    En savoir (...)

    #belgique #média

  • BALLAST | #Serge_Michel — amour, anarchie et Algérie
    https://www.revue-ballast.fr/serge-michel

    Qui est Serge Michel ? Un homme de presse, un dessinateur, un peintre, un écrivain et un conseiller politique ? Il y a de ça. Un bourlingueur, un coureur de grands chemins ? Aussi. L’écrivain Jean-Claude Carrière dit de lui qu’il fut le fantôme de son siècle. Traître pour la France, héros incontrôlable pour l’Algérie, Michel se présentait lui-même comme un « rebelle homologué du côté des dingues de la liberté1 ». Celui qui aimait la lettre A — pour Amour, Anar, Alcool, Algérie, Agitateur et Afrique — fut l’attaché de presse de Lumumba et l’ami de Ferhat Abbas. Ernesto Guevara lui aurait proposé de rallier ses rangs et Mobutu tenta de le neutraliser. Plus qu’une trajectoire individuelle, la fresque folle d’une époque : celle de la décolonisation.

    • Juncker : « les États membres contribuent trop peu au fonds pour l’Afrique »

      Après un premier tour de négociations lors du premier jour du Conseil, le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, a prévenu devant la presse que l’action extérieure de l’UE atteignait ses limites à cause d’un manque de financement.

      https://www.euractiv.fr/section/migrations/news/juncker-member-states-committed-too-little-for-africa-fund
      #fonds_pour_l'afrique

    • “EU-Africa migration funds were used on Libya’s coast guard patrol vessels »

      Genoa - EU international cooperation funding destined for development projects in Africa was used to refurbish patrol boats for Libya’s coast guard, and handed over to Libyan militia units who practice torture and extrajudicial killings, in violation of Libyan and international standards.

      http://www.themeditelegraph.com/en/markets/finance-and-politics/2017/11/16/africa-migration-funds-were-used-libya-coast-guard-patrol-vessels-ZxeIfzI2rMZYW6ixGchHKP/index.html

      #Libye #gardes-côtes_libyens #externalisation #développement #aide_au_développement

      –-> je ne sais pas si le fonds dans lequel il est question ici c’est aussi celui qui est mentionné dans le premier article de la liste... @isskein : tu en sais plus ?

    • Europe’s Plan to Close Its Sea Borders Relies on Libya’s Coast Guard Doing Its Dirty Work, Abusing Migrants

      When a Libyan coast guard officer raised his hands and pointed, as if holding a rifle, Thomas Schaible wasn’t too worried. It wasn’t his first violent encounter with the Libyan coast guard, but this time, with a helicopter from the Italian navy overhead and Italian and French warships nearby, Schaible knew it was an empty threat.

      https://theintercept.com/2017/11/25/libya-coast-guard-europe-refugees

    • Libya human bondage risks overshadowing Africa-EU summit

      #Mogherini was questioned about the EU’s strategy of outsourcing the migration crisis to foreign countries such as Libya and Turkey, which received billions to prevent Syrian refugees from crossing to Greece.

      She said the situation was different on two counts: first, the migrants stranded in Libya were not legitimate asylum seekers like those fleeing the war in Syria. And second, different international bodies were in charge.

      “When it comes to Turkey, it is mainly refugees from Syria; when it comes to Libya, it is mainly migrants from Sub-Saharan Africa and the relevant international laws apply in different manners and the relevant UN agencies are different – the UNHCR on one side, especially in Turkey, and the IOM especially in Libya.”

      https://www.euractiv.com/section/development-policy/news/libya-human-bondage-risks-overshadowing-africa-eu-summit
      #IOM #OIM #HCR #Libye #Turquie #migrants_économiques #réfugiés #tri #catégorisation

      En lien avec cela, lire:
      http://seen.li/dn2v
      #mixed_migrations

    • Commission européenne - Fond fiduciaire d’urgence pour l’Afrique - Nouveaux programmes

      Trois nouveaux programmes d’un montant de 29,6 millions d’euros ont été adoptés dans le cadre du Fonds fiduciaire d’urgence de l’UE pour l’Afrique. Ces programmes complètent l’action de l’UE visant à relever les défis de la migration en Méditerranée. Ces nouveaux programmes intensifieront le travail en cours de l’UE pour renforcer la protection des migrants, soutenir leur réintégration durable et permettre une augmentation du nombre de retours volontairement assistés depuis la Libye. Ils contribueront également à la lutte contre les réseaux criminels dans la région.

      Three new programmes worth €29.6 million have been adopted in the framework of the EU Trust Fund for Africa as part of EU work in addressing migration challenges in the Mediterranean. A set of priorities for 2018 have also been agreed.

      These new programmes will step up the EU’s ongoing work to strengthening protection of migrants, support sustainable reintegration and provide assisted voluntary returns. The programmes will also contribute to fight criminal networks across the region.

      High Representative/Vice-President Federica Mogherini said: “Last week we established a joint EU/AU/UN Task Force to accelerate our work to protect migrants and refugees and fight the criminal networks. With these new programmes, we will step up our commitments, save lives, guarantee the respect of human rights and of international standards, provide alternatives to those wishing to return to their homes and support to host communities. We already assisted over 14,000 people stranded in Libya to return and will support an additional 15,000 returns by February 2018. And we will support our partners to counter traffickers and smugglers, assisting them in bringing peace and security to the region.”

      Commissioner for European Neighbourhood Policy and Enlargement Negotiations Johannes Hahn said: “The current challenges in the Mediterranean Sea remain a top priority for the European Union. The EU Trust Fund for Africa continues to take action to tackle the root causes of irregular migration and to defend the rights of people who risk falling into the hands of traffickers and smugglers. With our new programmes, we will help dismantle criminal networks in North of Africa, support migrants who wish to return to their home countries and facilitate access for migrants to legal advice. We will also promote socio-economic integration in Morocco and will foster socio-economic development of the Libyan Municipalities”.

      Regional programme - Facility for Migrant Protection and Reintegration in North Africa, €10 million

      This programme will be implemented by the International Organisation for Migration (IOM), and will further contribute to the ongoing efforts under the assistance voluntary return scheme. It will strengthen protection of migrants, support sustainable reintegration systems in North Africa and provide assisted voluntary return to migrants wishing to return to their home from Northern Africa. This Facility is conceived as a regional flexible mechanism able to adapt to the specific needs of the countries. This is yet another action towards enhancing support to stranded migrants as well as reinforcing national return and reintegration systems across the North of Africa region.

      Regional programme - Dismantling the criminal networks operating in North Africa and involved in migrant smuggling and human trafficking, €15 million

      This project will focus on regional dimension of fight against smugglers and traffickers. It will target the public sector of the countries in the region (in particular the Ministries of Interior, Justice, Finance, and Health). Under this programme, implemented by the United Nations Office on Drugs and Crime (UNODC), capacity-building as well as light equipment, such as IT and forensic tools, will be provided to actors dealing with law enforcement and criminal justice. The final beneficiaries will be the general public, victims of trafficking, smuggled migrants, and families of the latter two categories.

      Morocco - Legal Empowerment for migrants, €4.58 million

      This programme implemented by the Belgian Technical Cooperation will reinforce the protection and resilience of migrants and refugees, displaced persons and host communities in Morocco. Whilst strengthening awareness on their rights and access to legal counselling, the project will also contribute to promote the socio-economic integration of migrants and facilitate migrants’ integration in the Moroccan society. This is a new very specific action complementing the EU support to the implementation of the Moroccan National Strategy on Migration (SNIA). The programme will support actors who help migrants and refugees access to their rights, such as lawyers, students, civil society associations and justice staff. It will develop and create legal clinics in Rabat, Casablanca, Tanger and Oujda.

      Objectives for 2018

      The Commission also outlined the priorities of the EUTF/North of Africa window for 2018. The situation in Libya will remain a top priority, with on the one hand increased efforts for the protection of migrants and refugees, including through the support for additional assisted voluntary returns and support for evacuation of the most vulnerable ones (in line with the recent decision of the EU-African Union summit); and on the other hand support to host communities. More specifically, funding will be provided to the UNHCR’s evacuation mechanism through the EUTF and discussions with the IOM on additional measures under the assisted voluntary return scheme are being finalised. The Commission is also working together with Italy on a new initiative to be presented to the Operational Committee early in 2018, which is aimed at fostering the socio-economic development of the Libyan Municipalities, on the basis of needs of local authorities and in close coordination with the PC/Government of National Accord (GNA).

      http://www.europeanmigrationlaw.eu/fr/articles/actualites/commission-europeenne-fond-fiduciaire-d-urgence-pour-l-afrique-

    • Come viene usato il Fondo Fiduciario per l’Africa?

      “Vertice UE-Africa: l’Europa non paga”. Così titolava il settimanale tedesco Der Spiegel alla vigilia del Summit di Abidjan di fine novembre, evidenziando un problema crescente nell’approccio europeo al contenimento dei flussi migratori: come reperire le risorse con cui finanziare il Fondo fiduciario per l’Africa. Perché se da un lato aumentano obiettivi e programmi da finanziare, dall’altro non cresce il coinvolgimento economico dei governi europei.

      http://openmigration.org/analisi/come-viene-usato-il-fondo-fiduciario-per-lafrica

    • 2.12.2017 – Commission européenne - Fond fiduciaire d’urgence pour l’Afrique - Nouvelles actions pour renforcer la stabilité dans la corne de l’Afrique

      Le Comité opérationnel du Fond fiduciaire d’urgence pour l’Afrique a adopté une nouvelle série de 13 programmes d’un montant de 174,4 millions d’euros pour la région de la #Corne_de_l'Afrique

      http://www.europeanmigrationlaw.eu/fr/articles/actualites/commission-europeenne-fond-fiduciaire-d-urgence-pour-l-afrique-

    • Fondo Africa, quelle risorse destinate a progetti lontani dall’aiuto allo sviluppo

      Il dossier realizzato sugli atti di delibera e ottenuto grazie alla richiesta dell’Associazione per gli Studi giuridici sull’Immigrazione (ASGI) e sulla risposta del sottosegretario agli Esteri Della Vedova all’interrogazione del PD sull’utilizzo delle risorse stanziate. Risorse spese in Tunisia, Niger e Libia che pongono, secondo ActionAid, problemi di costituzionalità e trasparenza

      http://www.repubblica.it/solidarieta/cooperazione/2017/12/18/news/fondo_africa-184514509

    • A ‘blind spot’ in the migration debate? International responsibility of the EU and its Member States for cooperating with the Libyan coastguard and militias

      The discussion on the restrictive migration management policies of the European Union (EU) and its Member States (MS) has so far focused on the potential violation of the primary rules of international law that determine the conduct of subjects of international law. The question of applicability of the secondary rules of international responsibility that provide for the consequences of the commitment of a wrongful act has attracted less attention. The main question in the current context is whether the cooperation of the EU and its MS with the Libyan coastguard and militias with the view of stemming irregular migration flows to Europe generates international responsibility for the above actors. More specifically, it is asked whether there is an autonomous basis in the law of international responsibility for holding the EU and its the MS responsible for the violations of human rights occurring in Libya, even if they do not exercise directly jurisdiction over migrants. Three aspects of this theme will be developed here: first, the nature and scope of the cooperation of the EU and its MS, in particular Italy, with the Libyan authorities, coastguard and militias in view of restricting the access of migrants to the EU; second, the extent of human rights violations of migrants in Libya; and third, the alleged complicity and responsibility of the EU and MS for the violations of these rights.

      http://eumigrationlawblog.eu/a-blind-spot-in-the-migration-debate-international-responsibility

    • L’Europe affirme que la formation des gardes-côtes libyens avance

      La formation des gardes-côtes libyens, notamment pour le sauvetage de migrants, avance, a déclaré jeudi à Tunis le commandant de l’opération navale européenne Sophia, chargée de lutter contre les passeurs.

      « La formation se passe bien », a affirmé Enrico Credendino, commandant de la force navale européenne en Méditerranée (Sophia).

      « Les gardes-côtes libyens ont été très actifs, en particulier au cours du second semestre 2017. Ils ont secouru beaucoup de migrants, presque 18.000 alors qu’en 2015 par exemple, ils en avaient secouru seulement 800 », a-t-il précisé.

      Lancée en 2015 par l’UE, l’opération navale Sophia est chargée de lutter contre les passeurs et de former les gardes-côtes libyens.

      Sa mission a été reconduite en juillet par le Conseil européen jusqu’en décembre 2018.

      Déchirée par les rivalités entre groupes armés et les autorités qui se disputent le pouvoir, la Libye a sombré dans le chaos depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011.

      Des centaines de milliers de migrants, certains fuyant des conflits, d’autres la pauvreté tentent de traverser la Méditerranée depuis la Libye pour rejoindre l’Europe. Depuis le début de l’année, au moins 337 d’entre eux sont morts ou disparus au large de la Libye, selon l’Organisation internationale des migrations.

      https://www.voaafrique.com/a/migrations-formations-de-garde-cotes-libyens-avance/4300524.html
      #Opération_sophia

      A mettre en lien avec cet article :
      La guardia costiera libica minaccia l’ong Proactiva Open Arms
      https://www.internazionale.it/bloc-notes/annalisa-camilli/2018/03/16/guardia-costiera-libica-open-arms

    • Un film de #Andrea_Segre, à voir absolument. Il montre les manoeuvres italiennes en Libye :
      L’ordine delle cose (L’ordre des choses) :

      Rinaldi, policier italien de grande expérience, est envoyé par son gouvernement en Libye afin de négocier le maintien des migrants sur le sol africain. Sur place, il se heurte à la complexité des rapports tribaux libyens et à la puissance des trafiquants exploitant la détresse des réfugiés.
      Au cours de son enquête, il rencontre dans un centre de rétention, Swada, une jeune somalienne qui le supplie de l’aider. Habituellement froid et méthodique, Rinaldi va devoir faire un choix douloureux entre sa conscience et la raison d’Etat : est-il possible de renverser l’ordre des choses ?


      https://lordinedellecose.it

      https://www.youtube.com/watch?v=_b8mp4N4Blw

      Il est actuellement en salle à Grenoble...

      #film

    • Migranti, gli occhi della Libia sui radar europei nel Mediterraneo

      A dicembre 2016 un ufficiale di collegamento della guardia costiera libica è entrato nel cuore del #Sea_Horse_Mediterranean_Network, il sistema di monitoraggio dell’Unione per il controllo delle frontiere Sud del Mediterraneo e che vede in prima linea l’Italia. Ma il governo libico era ritenuto inaffidabile dalla Commissione Ue nel 2015 ed escluso dal progetto. Ora perché è coinvolto? E a quale titolo?

      Occhi elettronici. Radar potenti e sofisticati. Satelliti militari in grado di scansionare ogni centimetro quadrato del Mediterraneo centrale, quel pezzo di mare tra la Libia e l’Italia divenuto tomba per migliaia di migranti, morti mentre cercavano di fuggire alle guerre dei loro paesi e alle torture dei carcerieri libici. Mezzi straordinariamente potenti, soprattutto se messi in rete, formando un flusso di dati in grado di salvare vite – avvistando ogni piccolo gommone che tenta la traversata – e di bloccare i traffici. Non solo di esseri umani, ma anche di petrolio, droga, armi. Si chiama Sea Horse Mediterranean Network ed è l’asset più prezioso della rete di controllo della frontiera sud dell’Europa.

      Un progetto costato milioni di euro, promosso direttamente dall’Unione europea e che vede un ruolo da protagonista dell’Italia. Una rete che – stando a documenti consultati da Famiglia Cristiana – potrebbe però cadere in pessime mani. Quelle delle milizie libiche, ovvero le forze di Tripoli che compongono quella stessa Guardia costiera pronta ad usare le armi contro le Ong, accusata un anno fa dalle Nazioni Unite di essere stata complice in alcuni casi degli stessi trafficanti. Il progetto in origine riguardava l’area dell’Atlantico. La responsabilità, in quel caso, era stata affidata alla Guardia Civil spagnola e l’area interessata era sostanzialmente il tratto di mare a sud delle Canarie, una delle rotte delle migrazioni via mare attive fino a una decina di anni fa. Il sistema permette di «scambiare informazioni via satellite per combattere l’immigrazione irregolare via mare», si legge in un documento delle autorità spagnole che abbiamo consultato, creando dei punti di contatto in ogni paese coinvolto «per accedere a questa rete sicura».

      Le informazioni raccolte sono estremamente sensibili e costituiscono una base di conoscenza e di intelligence sicuramente strategica. Dopo l’avvio di una prima fase sulla zona atlantica, il progetto Sea Horse punta, dal 2015, al Mediterraneo. Tre i paesi del nord Africa coinvolti: l’Egitto, la Tunisia e la Libia. Nel novembre del 2015 il commissario europeo Dimitris Avramopoulos aveva risposto ad una interrogazione delle deputate europee Sabine Lösing e Cornelia Ernst (GUE/NGL), spiegando che il progetto era in una fase di stallo. Il problema principale riguardava proprio la Libia: «A causa della situazione d’insicurezza e alla mancanza di stabilità del governo nazionale libico – si legge nella risposta all’interrogazione pubblicata sul sito del Parlamento europeo – tutte le attività per installare il #National_Contact_Point in Libia sono sospese. Di conseguenza le autorità libiche interessate non sono collegate al #Mebocc, che sarà ospitato dal centro di coordinamento italiano per la sorveglianza delle frontiere».

      La sigla Mebocc sta per #Mediterranean_Border_Cooperation_Center, ed è il cuore della rete di controllo del mare tra Italia e Libia. La collocazione di questo centro, come ha spiegato il commissario europeo, è prevista nel nostro paese, con un backup a Malta. Tutto, però, sembrava fermo fino al novembre del 2015.

      Un ufficiale di collegamento libico era presente nel cuore della rete europea di sorveglianza delle frontiere marittime

      Alla fine del 2016, dopo il cambio ai vertici del ministero dell’Interno e l’arrivo di Marco Minniti, il progetto ha subito un’accelerazione. Nella “Relazione sulla performance per il 2016” del Viminale c’è un paragrafo dove si annuncia l’operatività del progetto: «L’infrastruttura satellitare», si legge nel documento, «è stata installata nel #Centro_Interforze_di_Gestione_e_Controllo (#CIGC) #SICRAL di Vigna di Valle, teleporto principale del Ministero della Difesa, mentre presso il Centro Nazionale di Coordinamento per l’immigrazione “Roberto Iavarone” – #EUROSUR, sede del MEBOCC, sono stati installati gli altri apparati funzionali alla rete di comunicazione. Al 31 dicembre 2016, quello dell’Italia risultava essere l’unico nodo realmente attivo e pronto per le comunicazioni».

      Tutto pronto, dunque, per operare. Pronto e operativo, a quanto sembra, era anche il governo libico, che solo un anno prima veniva definito instabile dalla Commissione europea. Si legge nel rapporto del Ministero dell’Interno, documento che Famiglia Cristiana ha consultato: «Si segnala inoltre che nel 2016, nell’ambito del progetto Sea Horse Mediterranean Network, quattro ufficiali della Guardia Costiera – Marina Militare Libica sono stati ospitati in Italia, in qualità di osservatori, uno presso l’#ICC - #International_Coordination_Center, altri due imbarcati sull’assetto spagnolo “#Rio_Segura” durante il mese di settembre e uno presso il Centro nazionale di coordinamento – EUROSUR della Direzione Centrale per l’Immigrazione dal 5 al 9 dicembre, con funzioni di collegamento con le autorità libiche e per migliorare/stimolare la cooperazione nella gestione degli eventi di immigrazione irregolare provenienti dalla Libia».

      Dunque un ufficiale di collegamento libico era presente nel cuore della rete europea di sorveglianza delle frontiere marittime del Mediterraneo poco più di un anno fa. Fatto che potrebbe avere come conseguenza la possibilità di accesso al sistema Sea Horse da parte del governo di Tripoli, impegnato, come abbiamo visto, nel respingimento in mare dei migranti che fuggono dal Nord Africa verso l’Europa. La sensibilità delle informazioni che il network raccoglie e gestisce è evidente. Un mese fa è stata presentata una seconda interrogazione al Parlamento europeo per capire se i libici già sono in grado di accedere ai dati dei satelliti che monitorano il Mediterraneo: «Dove, in Libia o in Italia, sono stati realizzati i Centri Operativi (ad esempio il Mebocc) e quali autorità o milizie sono coinvolte?», hanno chiesto i deputati Sabine Lösing e Cornelia Ernst. Al momento non hanno ottenuto nessuna risposta. La Libia è sempre più vicina.

      http://www.famigliacristiana.it/articolo/migranti-gli-occhi-della-libia-sui-radar-europei-nel-mediterraneo.
      #Egypte #Tunisie #Libye #images_satellitaires

    • Migranti, affidarne i soccorsi alla Libia significa respingerli

      Un verbale della riunione dell’ Organizzazione mondiale del mare del 30 ottobre scorso svela la contrarietà di creare un coordinamento libico dei salvataggi nel Mediterraneo. Ma giovedì scorso la nave della Ong spagnola Open Arms è stata affidata proprio alle motovedette di Tripoli come ha spiegato anche la Guardia Costiera italiana. Ora cominciano i respingimenti collettivi per conto terzi?

      http://m.famigliacristiana.it/articolo/migranti-affidarne-i-soccorsi-in-mare-alla-libia-significa-respi

    • EU Trust Fund for Africa: five new programmes adopted for the Sahel and Lake Chad region

      The European Commission has adopted five new programmes worth over €141 million under the EU Emergency Trust Fund for Africa.

      Commissioner for International Cooperation and Development Neven Mimica said: "Our new EU programmes, worth €141 million, are particularly focusing on important opportunities for young people. They will furthermore support our #G5-Sahel partners to strengthen development and stability in border areas, as well as help us to save more lives and fight human traffickers, who take advantage of vulnerable people’s despair. We also continue our actions to support partner countries to better manage migration and to develop civil registries. Those needs do not decrease, and the resources from the EU Trust Fund are quickly depleting”

      At the regional level, two programmes totalling €75 million will seek to shore up stability and youth participation in the G5 #Sahel countries (#Burkina_Faso, Chad, #Mali, Mauritania and #Niger). A new €70 million Emergency programme will increase people’s access to social services in border areas. The programme was designed under the Sahel Alliance and responds directly to the needs voiced by the G5 Sahel countries under the #Priority_Investment_Programme. Another €5 million will ensure the implementation of the second phase of “#The_Voices_of_young_people_in_the_Sahel” programme, which was launched in 2017 and contributes to integrating youth organisations into the processes of designing and implementing development and social policies.

      A new €7.6 million programme in Niger will further boost migrant protection on migratory routes and support host communities. Also in Niger, the ongoing AJUSEN budget support programme in the justice, security and border management sectors will receive an additional €10 million to continue this work.

      In Senegal, a €9 million initiative will help tackle criminal networks that are linked to irregular migration, migrant smuggling and human trafficking, and enhance regional cooperation in this area.

      In #Côte_d'Ivoire, a new programme worth €30 million will support the country’s ongoing efforts to create a coherent and robust civil registry system that will help improve the management of public policies, enable people to exercise their fundamental rights and improve their access to public services, including the facilitation of voluntary return and the sustainable reintegration of migrants.

      Last but not least, the #Technical_Cooperation_Facility covering all Trust Fund regions and the Research and Evidence Facility covering the Sahel and Lake Chad and the North of Africa regions have been reinforced with an additional amount of €12 million. In line with the evidence-based approach under the EU Emergency Trust Fund for Africa to ensure strategic and efficient interventions, this additional funding will facilitate more studies and research, as well as technical support when necessary.

      The five programmes adopted today bring the total number of programmes adopted since December 2015 for the Sahel and Lake Chad region to 91, with a total value of €1.7 billion.

      Background

      The EU Emergency Trust Fund for Africa was established in 2015 to address the root causes of instability, irregular migration and forced displacement. Resources currently allocated to this Trust Fund are €4.1 billion from EU institutions, European Member States and other donors.

      Today’s assistance adds to the 165 programmes already approved across the three regions (North of Africa, Sahel and Lake Chad region and Horn of Africa), worth a total of €3,157 million. These funds were divided up as follows: Sahel/Lake Chad €1,549 million (86 programmes); Horn of Africa €1,141.3 million (58 programmes); North of Africa €467.1 million (17 programmes). This amount includes 4 cross-region programmes (€145.1 million).

      http://europa.eu/rapid/press-release_IP-18-6447_en.htm?locale=EN
      #Tchad #Mauritanie #jeunesse #Sénégal #réintégration #retours_volontaires #retour_volontaire

  • Après celui à Roman Polanski, l’hommage de la Cinémathèque française à Jean-Claude Brisseau fait polémique
    http://www.huffingtonpost.fr/2017/10/30/apres-celui-a-roman-polanski-lhommage-de-la-cinematheque-francaise-a-

    La Cinémathèque française va peut-être devoir s’expliquer une nouvelle fois. Alors que l’organisation d’une rétrospective consacrée à Roman Polanski est vivement critiquée, notamment à travers une manifestation ce lundi 30 octobre, une nouvel événement organisé par l’institution culturelle parisienne fait déjà grincer des dents. Elle prévoit en effet d’honorer, en janvier, le travail du cinéaste Jean-Claude Brisseau, condamné pour harcèlement sexuel puis agression sexuelle.

    L’événement a été dénoncé par la féministe Laure Salmona, à l’origine de la pétition lancée le 25 octobre et signée par plus de 28.000 personnes pour demander l’annulation de la rétrospective de la Cinémathèque française consacrée à Polanski. « Il est temps d’en finir avec la culture du viol (...) et l’impunité des hommes célèbres », écrivait-elle, regrettant que l’on mette en lumière le réalisateur franco-polonais, accusé de viols et d’agressions sexuelles.

    « Donc si je comprends bien, la thématique choisie pour 2017/2018 c’est ’violeurs et agresseurs sexuels’ ? », écrit-elle à l’adresse de la Cinémathèque française, dans un tweet publié le 26 octobre.

    « On reverra ou l’on découvrira l’œuvre mélodramatique et engagée, romantique et érotique, philosophique et sensuelle de Jean-Claude Brisseau », écrit la Cinémathèque.

    #romantisme #érotisme #sensualité #viol #domination_masculine #troll #misogynie #antiféminisme #masculinisme #cinéma #culture_du_viol #grand_homme #deni #violences_sexuelles #symbole #fraternité

  • Mobilisation féministe contre la venue de Roman Polanski à la Cinémathèque
    http://www.lemonde.fr/cinema/article/2017/10/30/roman-polanski-a-paris-un-rassemblement-feministe-devant-la-cinematheque_520

    Cinémathèque qui ont prévu de consacrer en janvier une rétrospective à Jean-Claude Brisseau. Le réalisateur controversé de Noce blanche – condamné en 2005 pour harcèlement sexuel sur deux actrices lors d’auditions pour Choses secrètes et l’année suivante, en appel, pour agression sexuelle sur une troisième actrice –, doit en effet sortir à cette date un nouveau film attendu. Son titre : Que le diable nous emporte.

    On devrait appeler ca la violothèque et plus la cinémathèque. Il apparait que le cinema est un media dont la fonction reel est de promouvoir et favorisé les viols. En Mars la violothèque francaise organise une grande rétrospective Weinstein.

    #viol #pedoviol #exception_francaise #cinéma #culture_du_viol #polanski #brisseau #violophilie

    • Il y a quelque chose de très malsain dans le fait de traiter les violences [faites aux femmes] par rapport aux qualités et aux défauts de l’agresseur et non pas par rapport à la dignité et à l’accès au droit des victimes

  • Le #gouvernement privatise le futur des #services_publics
    https://www.mediapart.fr/journal/france/261017/le-gouvernement-privatise-le-futur-des-services-publics

    On n’y a pas pris garde, mais en installant le « comité action publique 2022 », c’est une deuxième commission Attali que le gouvernement a créée. Sa composition est une illustration du macronisme : une commission d’experts dominée par des représentants du privé en position de dicter à l’État ce qu’il doit faire, au mieux de leurs intérêts.

    #France #Economie #dépenses_publiques #Edouard_Philippe #Emmanuel_Macron #Macquarie #privé

    • Le gouvernement a ainsi choisi comme président du comité Action publique 2022 Robert McInnes, président du conseil d’administration de Safran. Mais ce n’est pas tellement à ce titre – même si Emmanuel Macron, lorsqu’il était à Bercy, rêvait d’instaurer des partenariats public-privé pour les équipements de l’armée –, ni pour le remercier d’avoir défendu la cause française auprès de l’Australie, lors de la signature du très grand contrat de sous-marins fabriqués par DNCS, qu’il semble avoir été choisi. Robert McInnes a d’autres qualités. Il a d’abord été pendant plusieurs années membre du conseil de surveillance de la Générale de santé. Ce groupe privé de cliniques s’est fait une spécialité de développer tout un réseau de cliniques, en trustant les activité les plus lucratives remboursées par la Sécurité sociale (accouchements, opérations de l’appendicite, fractures), laissant aux hôpitaux le soin de traiter les maladies longues comme le diabète, le cancer.

      Il a été aussi vice-président de Macquarie Capital Europe. Cette banque d’investissement australienne se développe depuis des années en rachetant toutes les infrastructures stratégiques et des pans entiers du domaine public qui lui assurent des rentes, voire des monopoles. Elle investit particulièrement dans les réseaux de gaz et d’électricité, les autoroutes, les ports et les aéroports, les concessions d’eau. En France, elle est, par exemple, actionnaire des autoroutes Rhin-Rhône, un dossier cher à Emmanuel Macron. Ces dernières années, la banque s’est beaucoup intéressée au marché français et a recruté plusieurs anciens hauts fonctionnaires.

      L’un d’entre eux a justement été invité à siéger dans le comité : Stéphane Brimont. Curieusement, Matignon insiste beaucoup plus sur son expérience passée en tant que dirigeant de la branche Europe de GDF-Suez. Mais il est surtout aujourd’hui président de Macquarie pour la France et le Benelux, chargé de gérer le fonds infrastructures et actifs en Europe. Comme le souligne le groupe bancaire, cette embauche témoigne « de l’engagement et de la volonté de Macquarie de développer sa présence dans le marché des infrastructures en Europe Continentale et particulièrement en France ».

      De même, le gouvernement se souvient surtout de Jean-François Cirelli comme président de Gaz de France, qu’il a su #privatiser. Il se fait beaucoup plus discret sur ses nouvelles fonctions à la tête du fonds BlackRock en France, qui lui aussi a des vues sur le marché français. « Son rôle sera de renforcer le dialogue stratégique avec les principaux acteurs locaux, clients, régulateurs et fonction publique. Compte tenu de ses responsabilités passées au Trésor et au Club de Paris, il est particulièrement bien placé pour comprendre nos métiers », écrivait le fonds lors de son arrivée. En intégrant le comité action publique, Jean-François Cirelli a déjà rempli une partie des attentes de son nouveau groupe.

      Par discrétion sans doute, le gouvernement a un peu minimisé les fonctions de Guillaume Hannezo. Oubliant de mentionner qu’il a été associé-gérant à la banque Rothschild, en même temps qu’Emmanuel Macron, il n’est présenté que comme gérant de FDR finance, une petite société de conseil. Mais Guillaume Hannezo est aussi conseiller (senior advisor) du fonds américain Lone Star, très engagé dans l’immobilier et les infrastructures. Il a déjà mené de nombreuses opérations en France. Mais c’est sans doute un simple oubli.

      L’immobilier semble d’ailleurs un domaine qui attire particulièrement l’attention des anciens hauts fonctionnaires. Ainsi, comme troisième président du comité, Matignon a nommé Véronique Bédague-Hamilius. Ancienne économiste au FMI, ancienne directrice de cabinet de Manuel Valls, très proche de l’entourage de Jean-Claude Juncker, elle aura sans nul doute à cœur de défendre la rigueur des comptes publics, de dénoncer « cette dette qu’il ne faut pas laisser aux générations futures ». Depuis quelques mois, elle est devenue secrétaire générale du groupe immobilier Nexity, un groupe qui se retrouve dans toutes les grandes opérations immobilières, notamment autour du Grand Paris, mais qui a aussi de grandes ambitions dans les services aux collectivités locales. Mais c’est naturellement en tant que grand commis de l’État qu’elle a été nommée. Tout comme Sabine Baïetto-Beysson, qui siège maintenant au groupe Icade, autre groupe immobilier très engagé dans le Grand Paris.

      Tout cela, bien sûr, n’est qu’une succession de hasards, une simple illustration de l’évolution de ce que sont devenues les carrières des hauts fonctionnaires, oscillant entre le public et le privé, expliqueront les défenseurs du gouvernement. Néanmoins, la composition de ce comité est si attendue, si caricaturale qu’elle donne la mesure de l’état d’esprit dans lequel toute cette prétendue concertation est faite. Le temps qui lui est imparti indique d’ailleurs l’importance des travaux qui doivent être menés. Le comité Action publique 2022 doit remettre son rapport en mars 2018. Six mois à peine pour repenser le rôle de l’#État et des services publics !

  • Travailleurs détachés : l’exploitation va continuer
    https://journal.lutte-ouvriere.org/2017/10/25/travailleurs-detaches-lexploitation-va-continuer_97764.html
    #travailleur_détaché #exploitation #UE

    Se poser en protecteur des travailleurs après avoir signé des ordonnances qui permettent aux patrons d’exploiter davantage leurs salariés et de les licencier à leur guise, il fallait oser ! En réalité, Macron défend les intérêts d’une fraction des patrons français, en premier lieu ceux du BTP ou du transport routier qui se plaignent d’une « concurrence déloyale et faussée ».

    • C’est sûr que ça sonne mieux que les petites phrases de Mélenchon à propos des travailleurs détachés venant manger le pain des locaux, ou sur le fait qu’il n’a jamais été pour la liberté d’installation. Reste qu’il est difficile de dissocier cette intervention parlementaire du cadre nauséabond dans laquelle elle s’inscrit et que la FI partage avec le FN : la démagogie protectionniste qui prône la division entre les travailleurs plutôt que de dénoncer les capitalistes responsables des licenciements et du chômage. Il paraît d’ailleurs que, alimenté par les militants Frontistes et Insoumis, le hashtag (mot-clé) #travailleursdetaches occupe depuis mardi matin le top des tendances Twitter...

    • Non. En revanche, il est parfaitement illusoire de tenter de s’en prendre aux capitalistes en se rangeant derrière une formation réformiste et nationaliste comme la FI.
      Face aux ravages de la mondialisation capitaliste, l’impasse du souverainisme https://www.lutte-ouvriere.org/publications/brochures/face-aux-ravages-de-la-mondialisation-capitaliste-limpasse-du-souver
      Le mouvement ouvrier français face au nationalisme https://mensuel.lutte-ouvriere.org/2016/05/28/le-mouvement-ouvrier-francais-face-au-nationalisme_68271.htm

    • Sincèrement, si les gens de LO avaient la moindre envie d’être écoutés, ils ne passeraient pas leur temps à s’en prendre à ceux qui sont en mesure de comprendre et partager leurs idées.
      L’autre jour, YY évoquait la nécessité d’être plus à l’écoute des gens qui nous ressemblent, d’être moins dogmatiques, d’être plus dans la recherche de « ce qui nous rapprochent » que dans la destruction, à base d’accusations grotesques.
      Et pourtant, YY est un sacré anarchiste critique.
      Bonne soirée.

    • Pff, à Fi plein de monde est là parce qu’ils ont vu de la lumière, des possibilités mais faut pas faire croire que cette crapule de Mélanchon a pas compris ce qu’il dit et fait. Moi je ne partage pas les idées de LO et leur ouvriérisme obtus, mais sur le caractère chauvin de la direction de la FI, sur le vieux briscard et rentier de la Veme république qui la dirige, ils ont raison. Il faut se souvenir de ce qu’à pu dire JLM sur la mort de Rémi Fraisse, pour ne prendre que cet exemple du flic qu’est ce tribun.
      Quant à la base, c’est pas « le partage » assuré non plus, le chauvinisme populaire et petit bourgeois, et même des projets d’organisation patronale « alternative » qui sont en débat, pour parler du bas de la formation, ce bas que l’on entend si peu et pour ainsi dire jamais.
      Le meilleur qui puise arriver c’est que ce parking à « contestataires » réels, supposés ou potentiels échappe à son ordonnancement Républicain français. C’est pas fait.

    • Super les gars ! On va se farcir Macron pendant 10 ans alors que le programme de la FI peut être un bon début pour transformer notre société, réduire les inégalités, changer nos institutions, supprimer les ordonnances, sauvegarder notre sécurité sociale ...
      Faire confiance, essayer de se comprendre et de s’unir, aller au delà des doutes pour avancer sinon c’est le grand retour en arrière assuré.

      #travail_détaché #délocalisation_à_domicile

    • La grande mystification de la réforme de la directive sur les travailleurs détachés
      http://lvsl.fr/la-grande-mystification-de-la-reforme-de-la-directive-sur-les-travailleurs-deta

      Ça y est ! Jupiter le tient son accord. Celui qui prouvera que sa méthode est la bonne. Qu’avec ces petits bras, il saura affronter l’Allemagne et les pays de l’Est et qu’il les fera plier un par un. Lui président, l’Europe sera relancée et gare aux brebis galeuses qui se permettront une quelconque critique contre le dogme eurocrate. Au terme d’une lutte homérique, après 12 heures de négociations, un accord a été trouvé sur la directive détachement des travailleurs. Muriel Pénicaud va se démultiplier sur les plateaux pour annoncer que l’Europe sociale avance. La preuve ? La durée de détachement des travailleurs a été réduite à 1 ans, renouvelable 6 mois. Pendant ce temps, le dumping social et la mise en concurrence des peuples d’Europe continuent.

    • 38 ans de promesses d’Europe sociale

      Dès son élection, Macron a promis de remettre l’Europe sociale au coeur du projet européen, sous les applaudissements de Jean-Claude Juncker qui a fait mine de trouver ça innovant. En octobre 2017, il prétend d’ailleurs avoir réglé le sujet des travailleurs détachés, tout comme Hollande prétendait en 2012 avoir réorienté l’Europe. En fait, Macron ne fait que reprendre le flambeau de près de 40 ans de promesses non tenues et de compromis mineurs arrachés sur le social aux autres pays ou à la Commission. Petit florilège en moins de 5 minutes !
      https://youtu.be/pMRgQQ7TNrs

      https://www.les-crises.fr/video-38-ans-de-promesses-deurope-sociale-en-bref

  • Affaire Brisseau : le jour où l’actrice Noémie Kocher a brisé l’omerta sur le harcèlement - L’Obs

    http://tempsreel.nouvelobs.com/societe/20171019.OBS6198/affaire-brisseau-le-jour-ou-l-actrice-noemie-kocher-a-brise-l-o

    Seul ? Dans un dossier épais, Noémie a gardé les coupures de presse de l’époque, comme autant de coups de poignard. Louis Skorecki dans « Libération », écrivant d’ailleurs que « Tippi Hedren, harcelée par Hitchcock ’avait dit non à ses avances. Mais ne l’avait pas traîné en justice’ ». « Les Inrocks » expliquant doctement que « les différentes parties dissimulaient leur ignorance profonde de ce qu’est le cinéma ». Le pire ? Cette pétition lancée en faveur du cinéaste, « artiste blessé », sans un seul mot pour ses victimes, qui rassemblait toute la fine fleur du cinéma d’art et d’essai, Olivier Assayas, les frères Dardenne, Claire Denis et tant d’autres. « Que des personnes dont j’admirais le travail. »

    (...)

    Claire Doubliez, avocate de Noémie Kocher et de Véronique H., se souvient. « Quand j’ai pris le dossier, je n’étais pas optimiste. C’est toujours très compliqué ces affaires car il faut démontrer le non-consentement. Et comme il s’agissait d’essais, avec rôles à la clé… Mais lors de l’instruction, on a exhumé tout un système. L’accumulation des témoignages nous a permis de démontrer cette relation d’emprise et d’obtenir une condamnation. » Car tous les témoignages étaient concordants. Comme pour Weinstein. Hélène de Fougerolles ou Marion Cotillard ont elles aussi témoigné. La mère de Vanessa Paradis a évoqué « un incident » lors du tournage de « Noce blanche », la toute jeune actrice conditionnant la poursuite du film à la présence constante de sa mère pendant le tournage.

    #harcèlement_sexuel #viol #cinéma

    • Au procès, Jean-Claude Brisseau, assuré certainement du soutien de ses pairs, n’a jamais exprimé la moindre culpabilité. On peut même dire qu’il a eu le dernier mot, puisqu’il a ensuite à nouveau justifié ses actes dans un livre, puis dans le film « les Anges exterminateurs », encensé par la critique. Les « Cahiers du cinéma » relevaient son « absolu respect pour les personnes qui sont filmées ». « Libération » martelait : « L’affaire Brisseau fut surtout un procès fait au cinéma français d’auteur », et s’enflammait dans un plaidoyer pro domo, signé Antoine de Baecque, auteur justement du livre d’entretiens avec le cinéaste.
      « Jean-Claude Brisseau est un homme dont la seule perversion est de vivre son cinéma comme perpétuellement coupable. Je ne crois donc pas une seconde à la vérité des accusations dont il a fait l’objet quand je vois ’les Anges exterminateurs’, film admirable et pleinement convaincant : la manière même dont il filme les jeunes femmes, [...] est d’une telle justesse, [...] qu’il est pour moi, c’est mon intime conviction, aux antipodes d’un harceleur, d’un violeur, d’un homme agressant une femme. Un appel en forme de film. Jean-Claude Brisseau a été sauvé et blanchi par son cinéma. »
      "J’ai brisé l’emprise"

      Un appel en forme de film ? Si en 2006, le cinéma a acquitté Brisseau, une nouvelle fois, la justice, elle, l’a condamné une nouvelle fois. Comme le relevait notre confrère Didier Jacob, dans le silence le plus total, Julie Q., qui avait été déboutée, a gagné en appel, condamnant le cinéaste pour agression sexuelle. Plus terrible. Deux comédiennes dont l’une joue dans « les Anges exterminateurs » vont accuser Brisseau de viol en 2007. Une information judiciaire a été ouverte, l’homme a été entendu comme témoin assisté, mais la procédure a été abandonnée, faute d’éléments permettant d’établir le « non-consentement ».


      #culture_du_viol #fraternité #artiste

    • Oui il y a toujours cette confusion (chez « le public » ou chez des victimes) de voir la victime comme un statut permanent, ou le résultat d’une action de la victime, alors que le fait qu’on soit active ou passive ne change strictement rien : on est victime parce qu’il y a un agresseur qui agresse, peu importe qu’on se soit défendu ou pas, on est victime de.

  • Procès « Frisbee » : Juncker appelé à témoigner L’essentiel - Philip Webe - 25 Octobre 2017
    http://www.lessentiel.lu/fr/luxembourg/story/Proces-Frisbee-Juncker-appele-a-temoigner-14415265

    LUXEMBOURG – Le président de la Commission européenne devrait être entendu dans le cadre du procès de trois anciens collaborateurs du SREL, qui débute le 29 novembre.

    Le 11 juillet 2013, Jean-Claude Juncker, lâché par ses alliés socialistes, démissionnait de son poste de Premier ministre. La faute à des mois de tensions autour de la gestion des services de renseignements de l’État (SREL). Une affaire qui poursuit encore aujourd’hui le désormais président de la Commission européenne. Il devra en effet témoigner dans le procès de l’affaire dite « Frisbee » qui débutera probablement le 29 novembre, a appris L’essentiel auprès de sources judiciaires. Le directeur de l’enquête de l’époque, Fernand Rupert, sera également cité comme témoin.


    En juillet dernier, la chambre du conseil de la cour d’appel a estimé qu’il existait des « charges suffisantes de culpabilité pour ordonner le renvoi des trois anciens collaborateurs du SREL, devant une chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg ». Marco Mille (ancien directeur du SREL), André Kemmer et Frank Schneider (tous les deux anciens collaborateurs) devront répondre d’infractions commises à propos des lois sur la protection de la vie privée et des données à caractère personnel.

    Les trois hommes sont accusés d’avoir placé sur écoute l’électronicien Loris Mariotto en 2007 alors qu’ils cherchaient à déchiffrer le contenu d’un CD crypté contenant une discussion entre le Grand-Duc Henri et le Premier ministre, Jean-Claude Juncker, concernant l’affaire dite du « Bommeleeër ».
    #espionnage #services_spéciaux #Luxembourg #jean_claude_juncker #police #gendarmerie #judiciaire #attentats #bombes #espions #secret #barbouzes #SREL #Bommeleeër #bombes #terreur #gladio

    Pourquoi Juncker saute-t-il sur une affaire de bombes et d’espions ? La Libre - Sébastien Lambotte - 11 juillet 2013
    http://www.lalibre.be/actu/international/pourquoi-juncker-saute-t-il-sur-une-affaire-de-bombes-et-d-espions-51de289b3

    L’affaire qui plonge le Grand-Duché dans l’émoi est tout ce qu’il y a de plus sombre. S’il s’agit bien du Luxembourg, il n’est pour une fois pas question d’évasion fiscale et de gros sous, mais bien… d’espionnage. Car, oui, le petit pays dispose de services secrets : le Service de renseignement de l’Etat luxembourgeois (SREL). Et il semble même qu’il ait fait preuve d’un zèle tout particulier.

    Au cœur de cette crise, on retrouve une autre affaire, dite du "Bommeleeër" (poseur de bombes). Entre 1984 et 1986, le Luxembourg connaît une vague d’attentats à la bombe qui plongent le pays dans la crainte. Mais qui sont-ils ceux qui terrorisent ainsi la paisible campagne luxembourgeoise ? Cette question est actuellement toujours sans réponse. Un procès-fleuve, qui a débuté en février dernier et qui suit toujours son cours, tente de faire la lumière sur cette sombre affaire. Deux anciens policiers, membres du corps d’élite des forces de l’ordre, sont accusés d’avoir pris part à ces attentats. Avec d’autres, parce que l’hypothèse, soutenue actuellement, veut que ces attentats aient été commis avec l’aval politique de quelques détenteurs du pouvoir en place à l’époque. En trente ans, cette histoire a alimenté les rumeurs les plus folles sur les auteurs et les objectifs poursuivis, allant jusqu’à mouiller Jean, le frère de l’actuel Grand-Duc.

    Le procureur général, au moment où il a rouvert ce dossier il y a un peu plus de dix ans, ne se doutait probablement pas qu’il allait réveiller de vieux fantômes, jusqu’à mettre à mal le sommet de l’Etat luxembourgeois. A l’approche de l’entame du procès, les révélations se succédèrent. Des histoires dignes d’un vieux James Bond, certaines liées à cette première affaire, d’autres pas du tout, ont surgi d’on ne sait où. C’est le SREL qui est alors au cœur de la tourmente, ainsi que ceux qui en ont la responsabilité politique, parmi lesquels on retrouve un certain Jean-Claude Juncker.

    Une commission d’enquête
    A l’automne dernier, l’hebdomadaire "D’Lëtzebuerger Land" révélait que, en 2009, Jean-Claude Juncker lui-même avait été espionné par des services secrets… dont il a la responsabilité. Avec une montre très spéciale, le chef des renseignements luxembourgeois de l’époque enregistre une conversation qu’il tient avec le Premier ministre. Est évoquée l’existence d’un CD crypté, reçu par les renseignements, qui contiendrait l’enregistrement d’une discussion entre le Grand-Duc et Jean-Claude Juncker, mais aussi l’idée soulevée par le chef des renseignements que le Grand-Duc lui-même entretiendrait des relations directes avec le MI6, les services secrets britanniques. La Cour grand-ducale s’est empressée de démentir cette dernière accusation.
    Toujours est-il que, partant de cette révélation, une commission d’enquête parlementaire a été mise en place et elle est allée de surprise en surprise, découvrant l’existence d’un service de renseignement qui fonctionnait, semble-t-il, en roue libre, accumulant des informations sur les concitoyens, menant des écoutes sans autorisation, faisant de l’espionnage politique interne, créant des archives secrètes, inventant des rumeurs et des dossiers de toutes pièces accusant notamment de pédophilie le procureur général de l’Etat, etc.

    Si les deux affaires n’apparaissent pas comme directement liées, elles se recoupent en plus d’un point, laissant penser que les services secrets ont été très impliqués. Beaucoup d’efforts, selon toute vraisemblance, mais sans qu’il soit aujourd’hui possible de faire la lumière sur ce qui s’est réellement passé, mobilisant de nombreuses personnes jusqu’au sommet de l’Etat, ont été consentis pour empêcher les enquêteurs d’instruire cette affaire. Si Jean-Claude Juncker devait répondre de sa responsabilité politique ce mercredi, c’est parce que la commission d’enquête parlementaire l’a jugé seul responsable des dysfonctionnements avérés des services de renseignements. De là à faire la lumière sur ce qui s’est réellement tramé en coulisse, c’est une autre histoire. Au grand-duché de Luxembourg, c’est bien connu, il y a plus d’un secret que l’on ne trahit pas.

    • Bonjour @alain1
      Pour créer un thème, il suffit de l’écrire et de le faire précéder du signe magique # .
      Ce thème s’ajoutera à ta liste.

      On peut ajouter un thème aux billets d’un(e) autre gràce aux commentaires.

      Avant d’écrire un billet sur le blog, tu peux faire une recherche sur ce mot avec l’option de recherche dans la barre noire du menu du site.

      Attention aux mots composés, pas de blanc mais un tiret.
      André

  • The reintegration of returning migrants

    Returning more and more migrants with irregular status to their countries of origin has become a key European Union aim in efforts to reduce illegal migration. Despite its high political priority, reiterated in European Commission President Jean-Claude Juncker’s 2017 State of the Union address, the effective implementation of this objective is problematic, mainly due to resistance at the individual level, but also from the countries of origin. The 2016 partnership framework with third countries attempts to enhance cooperation with partner countries on readmission, using a wide range of positive and negative policy incentives. To make the return option more attractive for migrants with irregular status, the EU’s return policy promotes voluntary returns through reintegration assistance packages. No less than 90 specific assisted voluntary return and reintegration programmes (AVRR) have been established by EU Member States, co-financed by the European Union, and implemented mainly by the International Organization on Migration (IOM).

    Maximising sustainable returns, understood not only as absence of re‑emigration, but also as a returnee’s positive impact on the development of their communities of origin, is a key challenge. The nature of return chosen, and the success of economic and social integration of migrants in host countries, are the main factors of successful reintegration at the pre-departure stage, together with social and psychological counselling in preparing the reintegration project. Following arrival, training and in-kind assistance to start up a business, accompanied by measures to re-establish social networks, are what works best. Close cooperation with local partners is necessary to include reintegration assistance within existing development initiatives, to avoid duplication, resentment against returnees, and to respond to local needs.

    https://epthinktank.eu/2017/10/19/the-reintegration-of-returning-migrants-policy-podcast

    v. aussi : https://libraryeuroparl.files.wordpress.com/2017/10/eprs-briefing-608779-reintegration-of-returning-mig

    #intégration (dans l’article on parle en fait de #réintégration) #retour_au_pays #renvois #expulsions

    @sinehebdo, un autre mot : #returning_migrants que je n’arrive pas bien à traduire en français... #migrants_de_retour

  • The Catalan crisis is not just about nationalism | Catalonia | Al Jazeera
    http://www.aljazeera.com/indepth/opinion/catalan-crisis-nationalism-171019101108496.html

    Madrid, as Pepe Escobar said, “in effect subscribes to only two priorities: dutifully obey EU austerity diktats, and crush by all means any regional push for autonomy.” This is probably why Rajoy’s government made it easier for firms to relocate, passing a law that allows companies to shift their legal address more quickly; more than 700 (including banks, multinationals, and publishers) have decided to move so far from Catalonia.

    The fact that the EU unconditionally supports the Spanish prime minister’s policies towards the Catalonia impasse is an indication it cannot afford another Brexit. As President Jean-Claude Juncker said: “If we allow Catalonia - and it is not our business - to separate, others will do the same.” Although First Vice President Frans Timmermans condemned Spanish police brutality during the referendum, he also said that “it is a duty for any government to uphold the law, and this sometimes does require the proportionate use of force.”

    Those of us who were in Barcelona that day can testify that there was nothing “proportionate” in the police violence except that its proportions made it imperative to call for Rajoy’s resignation. As we can see, this crisis was triggered by more than just nationalism; it is also matter of governance in the “age of anger”.

  • EPHAD. Le cri d’alarme inédit des salariés et directeurs de maisons de retraite, Gaëlle Dupont
    http://www.lemonde.fr/societe/article/2017/10/20/le-cri-d-alarme-inedit-des-salaries-et-directeurs-de-maisons-de-retraite_520

    Le cri d’alarme inédit des salariés et directeurs de maisons de retraite
    Les professionnels des Ehpad ont lancé un appel au secours commun à Emmanuel Macron pour en finir avec les mauvaises conditions d’accueil.

    « Faites un test : levez-vous le matin, faites votre toilette, votre lit, mettez-vous à petit-déjeuner, chronométrez-vous, vous verrez que vous ne tiendrez pas en quinze minutes. Et pourtant vous êtes en bonne santé. » Le défi est lancé par Anne-Sophie Pelletier, membre de la CGT, ancienne porte-parole des aides-soignantes en grève de la maison de retraite Les Opalines, à Foucherans (Jura). Quinze minutes, c’est le temps dont ces professionnelles disposent pour accompagner dans ces tâches les personnes âgées dépendantes hébergées dans l’établissement où elle travaille. A Foucherans, la grève a duré d’avril à juillet, deux postes supplémentaires ont été obtenus, « mais le sous-effectif perdure ». Comme dans tous les Ehpad de France.

    C’est ce qu’ont dénoncé, dans une lettre ouverte au président de la République rendue publique jeudi 19 octobre, cinq syndicats de salariés du secteur médico-social (CGT, FO, UNSA, CFDT, CFTC) et l’Association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA). La démarche est inédite. Parce que l’heure est grave, selon les auteurs de l’appel.

    « Terrible angoisse »

    « Malgré les évolutions du secteur (…), la situation reste extrêmement tendue au regard des besoins et attentes des personnes âgées, écrivent-ils. Ces dernières entrent en établissement avec des handicaps physiques et psychiques de plus en plus importants, auxquels s’ajoutent parfois des pathologies psychiatriques pour lesquelles les personnels ne sont pas préparés ; les personnes âgées sont insuffisamment accompagnées dans les actes de la vie quotidienne, les familles s’épuisent et les professionnels sont au bord de la rupture. »

    Des statistiques de la Caisse nationale d’assurance-maladie montrent une fréquence des accidents du travail trois fois supérieure à la moyenne dans ce secteur d’activité. « La qualité de vie au travail des salariés a une influence directe sur la qualité de séjour des personnes, observe Jean-Claude Stutz, secrétaire national adjoint de l’UNSA Santé-sociaux. Quand on sait que certains directeurs ont pour objectif que leurs résidents aient à manger une fois par jour, c’est inacceptable. »

    « On est dans un soin technique, renchérit Anne-Sophie Pelletier. Comment attirer des jeunes avec des conditions de travail pareilles ? » Elle dénonce également un « glissement de tâches » : « On envoie du personnel de ménage non formé distribuer des médicaments. »

    Les syndicats de salariés et l’association des directeurs d’établissement (qui rassemble secteurs public, associatif et privé) réclament à l’unisson une augmentation du taux d’encadrement obligatoire dans les Ehpad, même si l’objectif final ne fait pas l’unanimité. Les syndicats veulent dix soignants pour dix personnes âgées hébergées, l’AD-PA huit pour dix. Aujourd’hui, ce taux est de 5 pour 10. « C’est une moyenne, rappelle Pascal Champvert, le président de l’AD-PA. Dans certains cas, on peut avoir un aide-soignant pour 50 résidents la nuit, un pour 20 l’après-midi. »

    Sous-dotation

    Une enquête en ligne lancée en mars par la CFDT Santé à destination des personnels paramédicaux, à laquelle 2 587 ont répondu, a montré une charge de travail particulièrement lourde. Les personnes interrogées déclaraient avoir eu la charge de 28 patients en Ehpad dans la journée, et 35 patients en Ehpad avec unité Alzheimer, un record. « La sécurité et la dignité des patients ne sont pas assurées, affirme Nathalie Canieux, secrétaire générale de la CFDT Santé-sociaux. Une terrible angoisse monte de ces établissements. »

    Les salariés font état d’amplitudes horaires considérables, et d’une frustration importante. « Nous ne sommes pas suffisamment pour bien s’occuper des résidents, relate une salariée anonyme. La plupart du temps, ils nous demandent de rester un peu plus longtemps, ils aimeraient parler, mais nous n’avons pas le temps pour cela. Et même les soins comme les toilettes, parfois nous les faisons vite, trop vite. »

    Lire aussi : Les députés s’alarment des conditions de travail dans les maisons de retraite
    http://lemonde.fr/societe/article/2017/09/14/ehpad-les-deputes-s-alarment-des-conditions-de-travail_5185588_3224.html

    Les signataires de l’appel dénoncent la sous-dotation financière du secteur et appellent à suspendre une réforme visant à harmoniser les ressources entre les établissements. « Il s’agit de prendre aux moins pauvres que d’autres pour donner aux plus pauvres, décrit Luc Delrue, secrétaire fédéral de FO Santé. Nous contestons cette logique de fonctionnement au sein d’une enveloppe financière constante. D’autant que les départements, qui financent également les Ehpad par l’allocation personnalisée d’autonomie, sont eux-mêmes étranglés par la baisse des dotations de l’Etat. » Le reste à charge pour les personnes âgées et leurs familles demeure, lui, très élevé. Ce sont elles qui financent 60 % du fonctionnement des établissements.

    Les signataires dénoncent en outre la baisse des contrats aidés, nombreux dans les maisons de retraite. Ils réclament une réorganisation du financement de l’aide à domicile et un renforcement de la formation des personnels du secteur. « Si l’Etat ne nous donne pas de signe sérieux, il faudra poser le problème de l’organisation d’une grève dans toute la France », prévient Luc Delrue.

    « On ne les met pas au lit, on les jette » : enquête sur le quotidien d’une maison de retraite, Florence Aubenas, 18.07.2017

    Une dizaine d’aides-soignantes de la maison de retraite Les Opalines, à Foucherans, ne travaillent plus depuis 100 jours, dans le silence national absolu.

    C’était un matin comme les autres. Il était 7 heures en salle de relève, le début du service, les filles se tenaient prêtes dans leur uniforme blanc. Quelqu’un croit se souvenir que l’une pleurait déjà, mais pas très fort. Personne n’y faisait attention, l’habitude. La question rituelle est tombée : « Est-ce que vous êtes au complet ? »

    La réponse, elles la connaissent toutes aux Opalines, un Ehpad – un établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes – à Foucherans, dans le Jura. Chaque jour ou presque, les équipes d’aides-soignantes tournent en sous-effectif, pas de remplacement, ni des absentes ni des malades. Et toutes savent comment ça se passe dans ces cas-là derrière les portes fermées des chambres, ce qu’il leur faudra faire pour boucler le service à temps.

    Une deuxième fille s’est mise à pleurer. C’était un matin comme les autres aux Opalines, mais peut-être le matin de trop. Depuis le 3 avril, une dizaine d’aides-soignantes mènent la grève la plus longue de France dans un silence national absolu.

    Aux Opalines de Foucherans, 77 résidents, il faut savoir où on est. Certains ont vendu leur maison pour entrer ici. « Maman a élevé huit enfants seule, on voulait le mieux pour elle. On a attendu une place deux ans », raconte une fonctionnaire.

    Dans cet établissement privé, les prix surplombent ceux de la région : 2 500 euros par mois contre 1 800 euros en moyenne, notamment dans le public. Le bâtiment a belle allure ; il a été inauguré il y a cinq ans, compte un jardin et de vastes chambres. Dans la salle à manger – on ne dit pas le réfectoire –, le personnel porte nœud papillon et chemise blanche, on sert du vin en carafe et l’apéritif le dimanche.
    Salaires planchers

    Le personnel en grève dénonce des conditions de travail incompatibles avec le respect de la dignité des patients et une absence de dialogue avec la direction.

    « Quand papa est arrivé, il était ébloui. Il répétait : “C’est plus beau qu’un hôtel !”, dit un fils. Lui se souvient pourtant d’impressions fugitives, des sonnettes appelant dans le vide, un lit resté souillé, le pas-le-temps, le pas-toujours-très-net. Mais dans ces endroits-là, on ne pose pas vraiment de questions et on n’a pas vraiment de réponses. Chacun regarde ailleurs, espérant se convaincre qu’on ne pourrait pas mieux faire. »

    A Foucherans, aucun mauvais traitement n’a d’ailleurs été signalé, ni rien d’exceptionnel. Le tragique est là, d’une certaine façon : c’est la vie quotidienne dans un Ehpad qu’une poignée de filles à bout de souffle vient soudain de mettre à nu.

    Sur le parking de l’établissement, un vent brûlant secoue la tente des grévistes. On dit « les filles » bien qu’il y ait aussi un garçon, tant le métier est estampillé « boulot de femme », avec son lot d’ingratitudes et ses salaires au plancher : 1 250 euros net à Foucherans, pour des journées de dix heures et deux week-ends travaillés.

    « Les filles », donc, s’efforcent de paraître vaillantes, mais on les sent à cran à plus de trois mois de grève, balançant de l’euphorie au désespoir. A ce stade d’épuisement, elles se sont mises à raconter ce qu’on ne partage pas d’habitude, ou alors seulement entre soi, et encore pas toujours.

    L’une commence, tout doux : « Le matin, on les lève sans leur demander leur avis. On sait déjà qu’on n’aura pas le temps : quinze minutes pour la toilette, l’habillement, le petit déjeuner, les médicaments. Alors, il faut choisir. Est-ce qu’on lave les cheveux ? Ou les dents ? La douche hebdomadaire, c’est rare qu’on la tienne. »
    Certains résidents sont nourris à la cuillère, des plats mixés. « Il m’arrive d’en avoir cinq ou six en même temps », dit une grande brune. Elle tend les bras, mimant le buste qui pivote à toute allure. « J’ai l’impression de faire du gavage. »

    Cadences infernales

    Et d’un coup, le piquet de grève ressemble à un confessionnal dans la fumée des cigarettes. « Quand je rentre à la maison, je suis une pile électrique, explique une autre. Je me sens mal d’avoir dit à celui-là : “Dépêchez-vous !” Comment il peut faire, il a 90 ans ! On cautionne. Je culpabilise. »

    Soudain, les images se mettent à défiler sous la tente des grévistes, les couches qu’on change alors que le résident est debout, en train d’avaler son goûter. Tenir la cadence, toujours. Une autre raconte l’angoisse qui monte à mesure que le soir tombe dans les chambres des Opalines.

    « Vous serez là demain ? », demande un homme à l’aide-soignante. Il est dans les choses graves, il veut raconter. La « fille » répond : « Je reviens tout de suite. » Bien sûr, elle ne revient pas. « On ne fait que leur mentir. » Temps du coucher : 3 min 41. « On ne les met pas au lit, on les jette. » Il faut trouver la bonne distance, ne pas s’attacher, recommandent les formateurs. « C’est difficile. On vit dans leur intimité, on leur lave le sexe », dit l’une. Elle se souvient de l’enterrement d’un résident, où elle en avait appris davantage sur lui que pendant ses années à l’Ehpad.

    Il serait rassurant de voir Foucherans comme une exception. Pas du tout. Il se situe dans la moyenne nationale, avec environ 55 professionnels pour 100 résidents. Pas suffisant. Tout le monde sait qu’il en faut au moins 80. C’est le cas en Allemagne ; la Suisse ou les pays nordiques en sont à 1 pour 1. La France, en revanche, n’a entériné aucune norme – question de budget –, et le secteur compte plus d’accidents et de maladies professionnels que le BTP. Sous la tente des grévistes, une dame dépose en solidarité un sac de courses, pris au supermarché en face. Depuis trois mois, « les filles » vivent de collectes et de colis alimentaires. Elles ont de 20 à 50 ans.

    A Foucherans, des résidents appellent les aides-soignantes « les courants d’air ». Des surnoms circulent, « la libellule » ou « la danseuse étoile ». « Vous avez vu comme elles sont fatiguées ? C’est à cause de nous. J’ai honte », dit madame Z., 91 ans. Parfois, elle voudrait qu’on la conduise aux toilettes : « Je vois qu’elles n’en peuvent plus. Alors je fais dans ma couche. »

    Mais surtout, ne rien dire aux enfants. Ne pas les inquiéter. Monsieur D., 83 ans, est le seul à pousser le déambulateur jusqu’au piquet de grève. « On sait que vous allez les voir », lui aurait glissé l’encadrement. Lui se récrie : « C’est mon droit. » Certains auraient été convoqués pour avoir témoigné. « A table, personne n’en parle, on n’a pas de voix là-dedans », dit monsieur D.

    Questions de principes

    Et à leur tour, les résidents évoquent les histoires terribles et minuscules, qui forment ici leur univers. « Ceux dont les proches rouspètent arrivent à se faire entendre. Mais quand on est tout seul, sans visite, sans famille, on n’existe pas », dit l’une.
    Pour l’inauguration de l’Ehpad, en 2012, « les huiles du département avaient été invitées à boire le champagne. Nous, on était parqués au premier étage sans une cacahuète. Rien de grave, bien sûr, mais ça donne une idée de notre place ici », raconte un autre.

    Un grand soir, pourtant, reste dans les mémoires : « la révolte des raviolis ». Deux repas de suite, des raviolis avaient été servis, « et en petite quantité », se souvient une dame. Toute la salle à manger avait posé la fourchette. « On était fières d’eux », dit une aide-soignante. Pour pallier le débrayage, des vacataires ont été réquisitionnés et quatorze résidents transférés provisoirement.

    Au-delà des Opalines, « c’est le système entier qui génère des formes de maltraitance, une situation totalement niée par notre société, explique Pascal Champvert, de l’Association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA). Je ne vous dirai pas le nombre de politiques qui m’ont expliqué : “Je ne veux pas le voir, ça me fait trop peur.” »

    En 2012, une proposition avait fait scandale : Jean-Marie Delarue, alors contrôleur des lieux de privation de liberté, revendiquait d’inspecter les Ehpad, comme les prisons ou les hôpitaux psychiatriques. « Un risque important existe d’atteintes aux droits fondamentaux, y compris involontaires », plaide Delarue aujourd’hui encore. Refus du gouvernement.

    Dans le bureau de Véronique Steff, directrice de Foucherans, on entend gazouiller les oiseaux dans la volière et la télé dans le salon. La directrice est à cran. Elle reconnaît « un planning tendu » depuis des mois, « une fatigue des salariées ».

    Deux postes d’aides-soignantes ont été créés pour tenter d’apaiser la grève, grâce à Pierre Pribile, directeur général de l’Agence régionale de santé, qui finance le volet médical des Ehpad, y compris privés.
    De leur côté, « les filles » ont abandonné une revendication : 100 euros d’augmentation par mois. Les pourparlers buttent encore sur la prime du dimanche, fixée à 23 euros, même pas de quoi faire garder les enfants. Les grévistes demandent qu’elle soit doublée. « Ce n’est pas grand-chose », laisse tomber Philippe Gevrey, directeur général de la SGMR-Opalines, dans une interview au Progrès (il n’a pas répondu au Monde). Mais il y voit une affaire de principe.

    Huitième groupe privé français, la SGMR a prévu des négociations globales pour ses 46 Ehpad à l’automne : pas question de lâcher quoi que ce soit avant. Un accord sur une « indemnité exceptionnelle » pourrait débloquer la situation. « Les grévistes y sont d’autant plus attachées qu’elles veulent la reconnaissance par la direction qu’elles en ont bavé », explique la préfecture. Les filles demandent 600 euros. La SGMR bloque : ce sera 375 euros ou rien du tout.

    « Vocation »

    « On ne se bat plus seulement pour les sous, mais pour la dignité », dit Anne-Sophie Pelletier, porte-parole du mouvement. Longtemps, aux Opalines, les filles ne se plaignaient même pas entre elles, par peur d’un conseil disciplinaire.

    Quand elles ont osé le mot « grève », au printemps, « la coordinatrice a posé son stylo et elle a rigolé », se souvient l’une. Puis un cadre leur a lancé : « Vous n’aurez rien, ni aujourd’hui ni demain ni jamais. » Anne-Sophie Pelletier reprend : « On ne s’est pas senties écoutées. » Les autres la regardent comme si elle avait traversé la ligne de feu : « Anne-Sophie est cramée. Qu’est-ce qui lui arrivera après la grève ? Et à nous toutes ? »

    Ici, on se souvient de Melissa, une employée modèle, virée en 2015, alors qu’elle comptait monter une section CGT. « J’ai pas pleuré devant eux, j’ai attendu d’être dans la voiture », dit cette dernière.
    A Foucherans, seules des salariées en contrat à durée indéterminée (CDI) font grève, mais aucune parmi la dizaine en contrat à durée déterminée (CDD). Cynthia ne se le serait pas permis non plus, à l’époque où elle bossait là.

    D’août 2012 à février 2015, elle a enchaîné 79 contrats précaires. Sans permis, sans diplôme, elle ne disait jamais non. Elle a même fini sa vacation le jour de son licenciement, pour une histoire de planning. « Il faut s’écraser. On est des pions », dit-elle. Les prud’hommes lui ont donné raison ; à Melissa aussi. D’autres Ehpad ont déjà fait grève, sans fédérer de revendications nationales. A Foucherans, la CGT et la CFDT ont apporté leur soutien.

    Sous la tente, « les filles » parlent de vocation. « On aime notre travail. » Et puis, il y a les crédits de la maison, de la voiture. « Ailleurs, il faudrait repartir en CDD, ça fait peur. » La grève vient de passer les cent jours, leurs familles en ont pris un coup. Les filles ont envoyé un SOS à la préfecture. « Qu’est-ce qu’il faudrait faire, maintenant ? Qu’une de nous se suicide sur le parking ? »

    #soins #personnes_âgées #Ephad #grève passée, grève à venir

    • #Ephad : Chez Orpea, la fin de vie se paye au prix fort, Mathilde Goanec, Mediapart, 29/1/18

      Le groupe Orpea est un poids lourd de la prise en charge des personnes âgées. Dans son établissement de Neuilly, familles, résidents et salariés dénoncent de graves dysfonctionnements, malgré des prix exorbitants. À Agen, dans une autre résidence du groupe, une femme est décédée sous les coups d’une autre, posant la question de la prise en charge psychiatrique en Ehpad.

      L’habit ne fait pas le moine, et c’est encore plus vrai pour les maisons de retraite. Dans l’établissement Les Bords de Seine du groupe Orpea de la très chic ville de Neuilly, près de Paris, les codes du luxe sont posés dès l’entrée. Moquette moelleuse partout au sol, de grands bouquets de fleurs fraîches sur des tables d’appoint, d’élégants fauteuils capitonnés dans la magnifique salle à manger. L’ambiance feutrée masque pourtant un cocktail de défaillances classique des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) en France. Le sous-effectif chronique, combiné à des économies de bouts de chandelle, finit par produire souffrance au travail pour les salariés et maltraitance pour les résidents.

      Neuilly n’est pas une anomalie, c’est tout un secteur qui est à bout : le 30 janvier 2018, une grève nationale rassemble de manière inédite les syndicats du secteur (CGT, CFDT, FO, Unsa, CFTC, CFE-CGC et Sud), un mouvement soutenu par l’AD-PA (l’association des directeurs au service des personnes âgées), ainsi que la Fédération hospitalière de France. Une pétition, rédigée en soutien par trois médecins à cette occasion, a déjà dépassé les 300 000 signatures.

      Aux Bords de Seine, où la chambre est tarifée autour de 10 000 euros, prix qui peut flirter tout compris autour des 15 000 euros mensuels, le contraste entre l’affichage et le récit des gens qui y vivent ou travaillent est saisissant. « La vitrine est luxueuse mais lorsque l’on gratte, ce n’est pas joli-joli », affirme Yveline Chabot-Canville, la fille d’une ancienne résidente. « On a déjà retrouvé ma mère à 15 heures, toujours en chemise de nuit, qui baignait dans sa couche trempée. Les draps aussi étaient trempés par l’urine. » D’après des témoignages de salariés que nous avons pu recueillir, ce cas n’est pas isolé. Poches urinaires prêtes à craquer, draps souillés par les excréments, pyjamas pleins des urines de la nuit… Les matins peuvent être difficiles. « Ils jouent la carte du haut de gamme, très bien ! Mais si c’est pour donner de l’argent aux fleuristes, je préfère qu’on supprime les orchidées », grogne le fils d’un résident.

      Interrogé sur cette situation, le groupe Orpea concède « des difficultés inhérentes à la prestation de services 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 », sans répondre précisément à nos questions (dans l’onglet Prolonger, nous reproduisons les échanges et notre liste d’interrogations). Mais pour le groupe, deuxième gestionnaire d’Ehpad en France, les problèmes font partie du passé : « L’établissement des Bords de Seine a pu y être confronté sur une période donnée ; mais grâce à nos audits réguliers et indicateurs de suivi, nous avons mis en place les actions nécessaires, avec l’ensemble de l’équipe, pour y remédier de manière réactive. » Quant à l’agence régionale de santé (ARS) d’Île-de-France, chargée du contrôle de ce type d’établissement, elle confirme avoir effectivement été destinataire de réclamations en 2016. « Toutes ont été examinées et plusieurs rencontres ont été organisées entre la direction de l’établissement, l’ARS et le conseil départemental. L’établissement a fait preuve d’une attitude positive et constructive et s’est engagé à mettre en œuvre des mesures en vue d’améliorer ses pratiques. » L’ARS assure n’avoir pas reçu de nouvelles réclamations en 2017.

      Ce qui va suivre, issu de témoignages récents, ressemble pourtant à une mauvaise liste à la Prévert. Les familles se plaignent que l’établissement rogne sur les produits les plus élémentaires, comme les protections urinaires ou le papier toilette : « Il y a régulièrement des ruptures de stock pour les protections, il faut sans cesse réclamer, ou alors elles ne sont pas adaptées pour les femmes donc ça déborde, raconte une proche d’un résident. Et on ne change les personnes dépendantes que deux fois par jour. Imaginez un bébé, pensez-vous que le changer deux fois par jour soit suffisant ? »
      Les économies ne sont pas réservées aux personnes âgées, elles touchent également le matériel mis à la disposition des soignants. « Nous manquons de gants, et ceux qui nous sont fournis sont de mauvaise qualité et se déchirent, se plaint une salariée, qui souhaite rester anonyme. On nous dit de prendre du papier pour essuyer les fesses. Ou les draps, les taies d’oreiller. » Une autre soulève la difficulté de faire face aux proches, logiquement ulcérés par ce type de traitement. « Voir son père ou sa mère, qu’on a tant aimé, être traité comme ça, c’est horrible », souffle l’aide-soignante. « On sait bien qu’on n’habille pas bien, qu’on ne lave pas bien. Faire face aux familles sachant ça, c’est dur », confirme sa collègue.

      Difficile cependant pour les salariés de protester trop frontalement. Le groupe Orpea est régulièrement mis en cause pour son climat syndical, et Mediapart a eu connaissance d’au moins une élection professionnelle invalidée par la justice, ainsi que d’une tentative de licenciement d’un délégué syndical également retoquée par le ministère du travail. En 2015, Mediapart révélait également que le groupe avait fait espionner ses salariés, en particulier des représentants syndicaux. Alors que la CGT portait l’affaire devant la justice, l’entreprise lui avait proposé un « deal » secret à 4 millions d’euros en échange du retrait de sa plainte, ce que le syndicat avait refusé.

      Aux Bords de Seine, 80 personnes âgées sont logées, réparties par groupes de 23 résidents par étage, à l’exception de l’unité protégée où vivent les personnes présentant des troubles cognitifs, comme la maladie d’Alzheimer. Pour chaque étage, deux aides-soignantes qui disposent de dix minutes environ par chambre pour laver et habiller des personnes parfois très dépendantes. « La règle de trois, vous la connaissez ? C’est un code chez certaines, raconte, amère, l’une d’entre elles. Visage, aisselles et sexe. Mais la peau s’écaille comme du poisson si elle n’est pas lavée… » Dans un texte diffusé à l’occasion de la mobilisation, le syndicat Force ouvrière rappelait ce sinistre acronyme que nombre de salariés connaissent pour qualifier les toilettes express : la « VMC », pour « visage, mains, cul ».

      Malgré un « personnel formé, qui sert les repas à l’assiette dans notre salle de restaurant lumineuse, décorée et très parisienne », selon la brochure publicitaire de la résidence, la nourriture semble ne pas non plus être à la hauteur, à tel point que des cas de dénutrition ont été dénoncés à plusieurs reprises, en interne et auprès de l’ARS. « La plupart des résidents dans la salle à manger mangent “mixé” et quand on mange avec eux, on comprend pourquoi, témoigne la fille d’un résident. Ils ne peuvent pas avaler la viande, elle est beaucoup trop dure. » Alertée à maintes reprises, la direction a répondu que les couteaux allaient être changés, témoigne la famille d’une résidente, choquée. Une vieille femme vivant dans l’établissement témoigne de son désarroi : « Je ne descends plus le soir, c’est immangeable. Je mange un peu de pain et de fromage, dans ma chambre. »

      Viande trop cuite et de mauvaise qualité, des fruits « aussi durs qu’une boule de pétanque », des sauces sans saveur… Guillaume Gobet, délégué syndical CGT et chef de restauration dans un autre établissement du groupe, rappelle la gageure de cuisiner en se fondant sur le coût total de denrées par résident accordé par Orpea : moins de cinq euros par jour. Un ancien directeur d’établissement Orpea dans le sud de la France nous a confirmé ce chiffre. Et la qualité n’est pas la seule cause de dénutrition. Faute de personnel, les personnes trop dépendantes pour manger seules ne sont pas toujours suffisamment accompagnées. « Le plateau repart avec le bol plein. Moi, je me suis vue faire manger les personnes à la table de Maman, parce que leur fauteuil les éloigne trop de la table. Entre l’assiette et la bouche, ça atterrit entre les deux », témoigne Yveline Chabot-Canville.

      Si des familles concèdent des efforts récents de la direction pour améliorer les repas, la déshydratation reste un problème régulièrement convoqué, que ce soit par les salariés ou les résidents. « Nous avons toujours de très gros problèmes de déshydratation et donc d’infections urinaires, s’agace une famille. Ce n’est pas en donnant un verre d’eau à chaque repas que l’on va s’en sortir. » Dans un courrier de résident envoyé en août 2017 à la direction, le manque d’eau est écrit noir sur blanc.

      « Faut pas mourir le samedi ici, ni la nuit »

      « Orpea vend du rêve, rapporte une aide-soignante. Sonnez, il y a toujours quelqu’un derrière la porte. » En effet, l’entreprise ne ménage pas ses efforts pour soigner sa communication. Leader européen, Orpea revendique plus de 80 000 lits dans le monde pour combler les besoins de la « dépendance ». « Soyez assurés que nos équipes pluridisciplinaires, composées de professionnels formés à l’accompagnement des personnes âgées en perte d’autonomie, proposent une prise en charge sécurisée par des procédures et protocoles rigoureux, afin de veiller au quotidien au confort des résidents », assure le groupe sur son site internet.

      La réalité, faute de personnel, est tout autre, même dans une maison haut de gamme. Selon Guillaume Gobet à la CGT, le ratio en personnel chez Orpea est de 0,47 personne par résident (comprenant l’ensemble du personnel, du pôle administratif à la restauration, en passant par l’animation et le soin), quand les différents rapports publics sur le grand âge préconisent plutôt 0,66 et que la moyenne nationale s’établit à 0,55.

      « Ces numéros de téléphone sur la feuille, là, près de mon lit, ne servent à rien, c’est ce que me répond le directeur lorsque je lui dis que j’appelle sans réponse », témoigne l’une des résidentes. Les sonnettes d’urgence sonnent souvent dans le vide, elles aussi. Que se passe-t-il alors quand quelqu’un tombe ? Selon plusieurs études, une personne âgée qui reste une heure au sol voit s’accroître considérablement le risque de décéder dans les six mois. « J’ai déjà relevé moi-même des personnes qui étaient tombées chez Orpea, ce n’est pas normal », note Yveline Chabot-Canville.

      Maurice, un résident âgé de 95 ans, se souvient de la visite affolée d’une de ses voisines, vivant en couple à son étage : « Son mari était par terre. J’ai cherché une infirmière, une aide-soignante, j’ai mis trois quarts d’heure pour trouver quelqu’un. » Maurice lui-même a passé près d’une heure au sol après une chute la nuit. L’une des résidentes ayant accepté de nous parler livre également un récit qui oscille entre l’incompréhension et la peur de « déranger ». « Faut pas mourir le samedi ici, ni la nuit. J’ai été malade et personne n’est venu me voir et ma famille n’a pas été prévenue. Je suis tombée, mais comme je tombe tout le temps… Je n’ose pas demander de l’aide. Ma famille me dit d’appuyer sur la sonnette et d’attendre. Mais là, j’étais par terre… » Les familles que nous avons rencontrées font tous les mêmes récits et des alertes ont été posées à maintes reprises par les instances internes de l’établissement sur cette question.

      Le problème survient la nuit, confirment les salariés, quand les employés se font plus rares encore. « Récemment, un résident a fait une chute, raconte une aide-soignante. La personne en charge cette nuit-là avait deux étages de plus de vingt résidents, seule. Parfois, on retrouve des gens de l’unité protégée, le matin, au milieu de la salle commune. Ils n’ont pas dormi dans leur lit ! » Une situation que confirment les proches des personnes placées dans ladite unité protégée. La solitude pèse parfois autant que le risque physique : « Un homme comme moi, qui ne souffre pas de quelque chose, on ne lui répond pas. On ne s’occupe pas de moi. Il y a un grand couloir, et je n’y vois personne », se désole Maurice.

      « La composition de notre équipe dépasse historiquement les exigences fixées par la convention tripartite signée avec les autorités de tutelle ; et tous les postes sont effectivement pourvus, répond Orpea. Nous mettons également à la disposition de l’ensemble des collaborateurs (soignants ou non) de nombreux outils pour les aider à accomplir leurs missions quotidiennes, telles que des formations régulières, des protocoles et procédures, ainsi que tous les équipements nécessaires à la bonne prise en charge des résidents. »

      La direction de la maison Les Bords de Seine a bien une solution, calibrée pour sa riche clientèle. Elle conseille aux familles de prendre une “dame de compagnie”. Ceux qui le peuvent n’hésitent pas à sauter le pas et font venir dans la résidence, pour certains quotidiennement, du personnel chargé de distraire ou d’occuper leurs proches vieillissants, même si cela alourdit encore la facture. Rebecca (son prénom a été modifié) était l’une d’entre elles, chargée d’un vieux monsieur aujourd’hui décédé. « Les gens dans cette maison passent leur vie à attendre, tout le temps, que quelqu’un passe. C’est triste. » Il y a pourtant des animations l’après-midi, de qualité, selon les avis presque unanimes, insuffisantes cependant pour rompre la monotonie des journées. « À notre étage, vu qu’il n’y a que des vacataires, nous sommes obligés d’avoir une dame de compagnie, explique le fils d’un résident. Avant cela, je ne compte plus le nombre de fois où nous arrivions et où les trois aides-soignantes étaient en vacances. Ils se foutaient éperdument de la situation, cela ressemblait à un mouroir. »

      Les dames de compagnie ne sont pas censées soigner, nourrir, ou laver les résidents, tâche normalement réservée au personnel soignant qualifié. « Quand je voyais que la toilette n’était pas bien faite, j’appelais, se souvient Rebecca. Mais le personnel est toujours débordé. Et encore, moi j’étais là pour surveiller… Que se passe-t-il pour ceux qui n’ont pas de visite ? » Selon les salariés et les familles, Orpea utilise, pour boucher les trous, une pratique bien connue dans les Ehpad. Si un aide-soignant est absent, malade ou en congé, un ASH (agent des services hospitaliers) peut le remplacer. Sauf que le rôle de l’ASH se borne, selon la loi, au ménage et à la distribution des repas. À l’Ehpad des Bords de Seine, des salariés rapportent qu’ils distribuent même parfois les médicaments, une tâche habituellement réservée à l’infirmier, parfois à l’aide-soignant. Alertée à ce sujet, l’agence régionale de santé d’Île-de-France renvoie sur le code de l’action sociale et des familles : « Lorsque les personnes ne disposent pas d’une autonomie suffisante pour prendre seules le traitement prescrit par un médecin à l’exclusion de tout autre, l’aide à la prise de ce traitement constitue une modalité d’accompagnement de la personne dans les actes de sa vie courante. »

      Les vacataires sont également légion, souvent non formés. Ils font alors « office de », selon le jargon. « Nous avons beaucoup d’escarres dans l’établissement, et pas de personnes formées pour les soigner. Nous sommes censés apprendre les gestes aux nouveaux, en plus de notre travail, mais nous n’avons pas le temps ! Résultat, oui, il y a de la maltraitance passive, et des gens qui s’en foutent de leur travail. » L’aide-soignante qui s’exprime blâme la politique de bas salaires d’Orpea, qui génère un gros turn-over. « On gagne même pas 1 400 euros par mois, qui veut faire ce travail correctement à ce prix-là ? » De fait, vu la faiblesse des salaires, ils sont nombreux à cumuler un temps plein chez Orpea et un autre contrat ailleurs, ou des vacations dans d’autres établissements. « La nuit, certaines s’endorment », confirme le proche d’un résident.

      À Agen, une résidente en unité protégée a roué de coups une autre pensionnaire

      Un ancien directeur d’Orpea, dans le sud de la France, ayant passé de longues années dans le groupe, confirme le tableau qui a été décrit à Mediapart. L’Ehpad des Bords de Seine n’est pas une exception. « Je ne reconnais plus le groupe que j’ai connu. Nous devons appliquer rigoureusement les procédures du siège sans prendre en considération le client, explique cet ex-employé, scandalisé. Il n’y a plus d’humanité. » Comme tous les acteurs privés, Orpea reçoit de l’ARS une enveloppe pour payer son personnel, l’État prenant en charge à 70 % la paye des aides-soignantes et à 100 % celle des infirmières et des médecins. « Pour tout ce qui reste du coût direct, l’hôtellerie, la restauration, le ménage, etc., on nous demande de faire toujours mieux avec moins, poursuit l’ancien directeur. La marge bénéficiaire, elle se fait là, sur le personnel que vous payez, pas sur celui qui est subventionné ! » La pression mise sur la hiérarchie pour tenir les budgets n’est pas sans conséquence. À Neuilly, depuis la création de l’Ehpad en 2010, au moins cinq directeurs se sont succédé.

      Les salariés des Bords de Seine assurent que des postes financés par l’ARS, comme les aides-soignantes diplômées, sont parfois remplacés par une ou deux personnes à temps partiel, sans diplôme, donc moins bien rémunérées. L’ex-directeur interrogé confirme qu’il ne faut « jamais dépasser » l’enveloppe ARS chez Orpea, quoi qu’il en coûte. « L’ARS va nous attribuer de l’argent pour 25 postes, mais si par malheur les salaires localement sont un peu plus hauts, pour cause de rareté par exemple, on aura 22 postes et puis c’est tout. Si au cours de l’année le nombre de résidents augmente, tant pis, c’est aussi au directeur de se débrouiller. » La rigueur est payante. En 2016, le chiffre d’affaires du groupe s’élevait à près de 2,9 milliards, générant un bénéfice net de 257 millions d’euros, avec un nouveau “record” de rentabilité en 2017. En deux ans, les bénéfices ont doublé.

      Pour maintenir sa progression, Orpea s’impose comme ses concurrents un impératif, remplir ses établissements. Avec le risque d’accueillir dans ses murs des résidents qui relèvent davantage de la psychiatrie que d’un Ehpad. Fin décembre 2016, une maison Orpea à Agen en a fait la cruelle expérience. Une résidente âgée de 86 ans, en proie à de graves troubles de la santé mentale, a brutalement attaqué une autre pensionnaire du même âge, la rouant de coups. La victime de l’agression est décédée quelques heures plus tard, après avoir été emmenée aux urgences.

      « La personne qui a fait ça était agressive, on l’avait mise en zone Alzheimer de l’unité protégée en pensant que ça la canaliserait. Mais elle avait de vrais moments de folie. Celle qu’elle a agressée s’est présentée en chemise de nuit dans le salon, et cela a suffi à la mettre hors d’elle, au point de la tabasser à mort », raconte, toujours choqué, un salarié de l’Ehpad d’Agen. « Aujourd’hui, on prend n’importe qui dans nos Ehpad, des gens qui n’ont rien à y faire, qui peuvent être dangereux pour eux-mêmes, pour les autres, pour le personnel », poursuit le salarié. La famille de la victime a, selon nos informations, porté plainte contre Orpea. Depuis, la direction a ajouté un salarié aux personnes chargées la nuit de veiller sur les 85 résidents que compte la résidence. Le groupe précise par ailleurs que « toute demande d’admission fait l’objet d’un avis médical pour veiller notamment à la compatibilité de l’état de santé de la personne à accueillir avec les capacités de soins de l’institution ». « On manque de personnel, c’est clair, persiste le salarié d’Agen. Dans l’unité protégée, il y a une aide-soignante et une ASH, ce n’est pas assez. » Et pourtant, pour vanter l’unité protégée, spécialisée dans l’accueil des personnes désorientées ou atteintes de la maladie d’Alzheimer de l’Ehpad d’Agen, Orpea insiste sur la « prise en charge individualisée », appuyée par « un personnel formé à l’accompagnement des personnes atteintes de maladies neurodégénératives ».

      À Neuilly aussi les salariés craignent l’accident. « Aujourd’hui, nous avons des cas qui relèvent de la psychiatrie pure. Ils demandent beaucoup d’attention. Or la soignante de l’unité protégée a la même fiche de poste que les autres et elle est amenée à quitter l’étage. Parfois elle arrive le matin, la fille de nuit est déjà partie, les résidents sont restés livrés à eux-mêmes ! » Une photo prise à l’unité protégée montre une porte bloquée par un drap, signe de l’impuissance du personnel à trouver une autre solution. « Les salariés nous disent qu’être deux avec 13 ou 14 patients atteints de troubles cognitifs, qui déambulent, posent 50 fois la même question, souvent ne veulent pas manger, c’est très compliqué », constate une famille.

      Si certains salariés ont tiré à plusieurs reprises la sonnette d’alarme, les résidents aussi. Ainsi, Maurice a démissionné du conseil de la vie sociale (obligatoire dans chaque Ehpad, le CVS est formé de résidents, de proches de résidents et de salariés ; il doit être consulté par la direction sur la vie de l’établissement) pour marquer son désaccord. Les proches ne sont pas en reste. Des familles, en désespoir de cause, se sont ainsi carrément introduites au débotté dans une réunion des directeurs régionaux d’Orpea en septembre 2016. « Nous sommes arrivés, tels des syndicalistes, pour perturber leurs discussions et nous faire entendre. Panique à bord, surtout dans une maison de retraite à Neuilly… »

      Mais les directions peinent à satisfaire les demandes : « Souvent, ce sont des commerciaux purs et durs, explique une proche concernée. Certains au contraire sont pleins d’empathie, mais on a l’impression qu’ils se heurtent à un plafond de verre, leurs responsabilités sont assez limitées. C’est au-dessus que ça se passe. »

      Dans un rapport d’expertise réalisé à la suite d’un droit d’alerte en 2016 dans un autre établissement du groupe, et que Mediapart a pu consulter, se retrouvent les mêmes éléments qui taraudent les familles et salariés de Neuilly. Il y est écrit que « l’intensification du travail fragilise la réalisation du travail et le vécu » des employés de l’établissement Orpea. Une « usure » qui « fait le lit des actes d’agressivité envers les résidents comme envers les collègues » et qui fait « que l’on brusque le patient ou qu’on le néglige jusqu’aux violences verbales et physiques ».

      Ce saut du mal-être au travail à la maltraitance passive, voire active, à l’égard de personnes âgées très en demande est une constante de la vie dans les Ehpad. Ainsi, la député Monique Iborra (LREM), dans le rapport rédigé à l’issue d’une mission sur le secteur en septembre 2017, ne peut que constater l’ampleur du problème : « L’organisation du travail est en tension et peut être la source de dégradation importante des conditions d’exercice des métiers de soignants. Dans certains Ehpad, on parle de maltraitance institutionnelle. » Lisa (prénom d’emprunt), une infirmière ayant travaillé quelques années dans deux Ehpad de la région parisienne, est arrivée à la même conclusion, avant de quitter le secteur pour rejoindre l’hôpital : « Tu ne peux pas bien faire ton travail. Par exemple, certains pansements, tu n’as pas le temps de les changer alors que tu devrais le faire, les hydratations, pareil. Je ne m’attendais pas à ça, je savais qu’il y avait des problèmes de personnel, mais pas à courir autant, et tous les jours. Et pourtant, les gens payaient leur chambre 2 000 à 3 000 euros par mois ! » Manifestement, même en triplant le tarif, le service n’y est toujours pas.

    • Les Ehpad, premières victimes de l’austérité budgétaire, Romaric Godin, Mediapart, 28/1/18

      La grève du personnel des établissements hospitaliers pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), ce mardi 30 janvier, est une première. Elle traduit une sous-budgétisation continuelle depuis 2010, alors même que les besoins grandissent. Un décalage que les coups de pouce de l’exécutif ne modifieront pas.

      La grève nationale des agents des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), mardi 30 janvier, constitue une première dans le secteur. Elle est révélatrice d’une impasse dans laquelle s’engage depuis plusieurs années la gestion du vieillissement de la population en France, comme dans la plupart des pays développés. Derrière la contestation officielle de la réforme du financement de ces établissements, s’accumule un “ras-le-bol” général concernant les conditions de travail et l’environnement général.

      L’intersyndicale n’hésite pas à employer des mots forts et lourds de sens : les agents « n’en peuvent plus » et sont victimes d’une « souffrance au quotidien ». Le reportage de Mathilde Goanec sur la situation dans un Ehpad des “beaux quartiers” témoigne d’une situation que l’intersyndicale juge « à ce point dégradée que l’on peut parler d’urgence nationale sur un sujet de société ».

      La réponse du gouvernement à cette crise profonde et structurelle est très significative : dans les colonnes du Parisien, la ministre de la santé Agnès Buzyn a maintenu la réforme contestée du financement, tout en rajoutant 50 millions aux 100 millions d’euros déjà ajoutés en fin d’année. Des sommes destinées à calmer le mécontentement, mais qui évidemment ne sauraient répondre aux problèmes fondamentaux du secteur. Pour le reste, on est dans les méthodes dilatoires : on promet des évaluations « au cas par cas » et on affiche d’ambitieux objectifs, sans préciser les moyens qui y seront consacrés. Bref, on tente désespérément de faire retrouver aux agents (et aux familles) de la patience.

      Mais cette patience sera inutile. La dégradation de la situation provient en effet de l’approche fondamentalement comptable de ce sujet, qui est pourtant appelé à devenir de plus en plus central dans les prochaines décennies. Le vieillissement de la population est déjà une réalité et la part des personnes très âgées et dépendantes ne cessera d’augmenter. La conséquence est connue : c’est une augmentation continue des besoins de dépenses liées à la dépendance.

      Or l’État, dans sa volonté de “maîtrise de la dépense publique”, mais aussi dans sa stratégie d’allégement des cotisations sociales, refuse d’assurer ce besoin. S’ensuit un écart entre la tendance “naturelle” des dépenses et l’augmentation des moyens mis à la disposition des établissements. Ainsi, en 2018, les dépenses de l’État liées aux Ehpad devraient, selon la commission des comptes de la Sécurité sociale, progresser de 4,5 %. L’objectif de croissance de ces dépenses a été fixé par la loi de financement de la Sécurité sociale à 2,6 %.


      Évolution des plus de 60 et 80 ans dans la population française. © CNSA

      Cette réalité est bien celle d’un secteur soumis à l’austérité. Contrairement à ce que l’on entend souvent, l’augmentation visible des dépenses ou le creusement d’un déficit (ce qui, ici, n’est pas le cas, car les déficits sociaux se résorbent vite) ne constituent pas une “preuve” qu’il n’existe pas d’austérité. Lorsque les besoins croissent et que les moyens croissent moins vite, il faut faire des économies et rogner sur les prestations et les services. Or là encore, contrairement au discours souvent entendu, la France respecte ses objectifs de croissance des dépenses de santé.

      L’objectif national de dépenses d’assurance maladie (Ondam) est respecté et a permis de contenir depuis 2010 la croissance des dépenses autour de + 2 %, loin des évolutions de la première décennie du millénaire où les dépenses progressaient entre 3 % et 7 % par an. Les défenseurs des équilibres budgétaires, comme la Cour des comptes, estiment que c’est insuffisant. Mais le prix à payer pour cet effort a été une divergence encore plus forte avec les besoins de la population, qui se traduit par la crise ouverte dans les Ehpad aujourd’hui ; laquelle, rappelons-le, n’est que la partie émergée de l’iceberg des misères hospitalières.

      La prise en charge des personnes âgées a d’ailleurs été en première ligne dans l’effort d’économie. L’objectif général des dépenses des établissements médico-sociaux (comprenant à 80 % les Ehpad) a été inférieur à celui de l’Ondam en 2015 et 2016. Deux années au cours desquelles les révisions budgétaires ont encore coupé dans les moyens, alors même que la surconsommation par rapport à l’objectif se réduisait. La situation a été corrigée en 2017 mais, en 2018, l’actuel exécutif a encore ralenti la croissance de l’Ondam médico-social de 2,9 % à 2,6 %. En définitive, compte tenu de la croissance “naturelle” des besoins, et malgré la croissance nominale des dépenses, il paraît difficile d’affirmer avec Agnès Buzyn que « l’État aussi fait son travail » concernant les Ehpad.


      Évolution de l’objectif global des dépenses pour la prise en charge des personnes âgées dépendantes. © CNSA

      La réforme du financement engagée en 2017 a pour vocation de renforcer encore la maîtrise des dépenses. Elle prévoit non seulement une réforme de la tarification, mais aussi des contrats pluriannuels d’objectifs et de moyens (CPOM) sur cinq ans qui visent à rationaliser les coûts au niveau d’un département et sur plusieurs années. Rien d’étonnant, compte tenu du passé récent que l’on vient de décrire, à ce que les syndicats y voient un moyen supplémentaire de comprimer les dépenses. Et leurs inquiétudes ne sont évidemment pas infondées.

      L’actuel exécutif rejette toute hausse d’impôt et promet même de nouvelles baisses. Il a créé un “bouclier fiscal” pour les revenus du capital qui protège ces derniers de la hausse de la contribution sociale généralisée (CSG). Or, comme l’avait rappelé la commission des comptes de la Sécurité sociale, les diverses exonérations coûtent déjà 30 milliards d’euros à l’État. Plus les impôts baissent, plus l’ajustement se fera par les dépenses. Et les dépenses sociales, à commencer par celles liées au vieillissement, seront en première ligne. Un coup d’œil à la trajectoire budgétaire du gouvernement le confirme : les comptes sociaux et les collectivités locales devront dégager des excédents considérables pour satisfaire à la marche dictée par le gouvernement. In fine, compte tenu de la dynamique des besoins, on ne peut aller que vers une nouvelle dégradation de la qualité des prestations.

      Mais l’on ne sera pas quitte avec cette dégradation. Car si l’État ne veut pas assumer pleinement le coût du vieillissement, la charge se reportera vers les familles, qui peinent déjà à assumer les coûts, et vers le secteur privé qui gère déjà un quart des Ehpad. Dans les deux cas, cette solution semble très périlleuse. Le coût de la dépendance est déjà très lourd pour les classes moyennes et ceux qui ne disposent pas de patrimoine. L’alourdir encore conduira à affaiblir la situation financière de ces ménages et leur sentiment de déclassement.

      Quant au secteur privé, l’exemple d’Orpea présenté dans Mediapart le prouve : il n’est nullement un gage de qualité. Les trois grands du secteur sont soit cotés en Bourse, soit propriété d’un fonds d’investissement. C’est un gage de rentabilité, sans doute, mais nullement de qualité de la prise en charge. Dès lors, l’objectif de ces entreprises ne peut être que l’accroissement de la rentabilité par la “maîtrise” des coûts, ce qui, dans ce secteur, conduit souvent à une dégradation de fait de la qualité du service rendu. Les familles paient donc cher pour un service médiocre.
      Or plus l’écart entre les effets du vieillissement et la compression des dépenses publiques sera élevé, plus le secteur privé prendra de l’importance. Et dès lors, la gestion de la dépendance des personnes âgées sera soumise à deux pressions complémentaires qui s’exercent déjà : la maîtrise des dépenses publiques et l’exigence de rentabilité du secteur privé. Un cocktail qui ne peut que dégrader la prise en charge des personnes âgées.

      La logique de la gestion actuelle de la vieillesse est donc intenable. Penser qu’une réforme du financement dans le même cadre d’une pression continue sur les dépenses pourra assurer la soutenabilité à long terme du secteur est un leurre. De ce point de vue, la crise actuelle et l’appel à la responsabilité des agents qui sont en première ligne doivent agir comme un électrochoc et conduire à s’interroger sur la gestion purement comptable de la dépendance d’êtres humains qui n’ont que le tort d’être trop âgés.

      #austérité

  • « Le macronisme ou le spectre de l’#épistocratie »
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2017/10/18/le-macronisme-ou-le-spectre-de-l-epistocratie_5202341_3232.html

    Emmanuel Macron a dû se résoudre, dimanche 15 octobre, à se soumettre à l’exercice démocratique de l’interview télévisée pour tenter de redresser l’image condescendante que son vocabulaire et sa posture jupitérienne, faite de parole rare et distante, ont pu générer dans l’opinion.

    Il a dû, chemin faisant, déroger à un principe qu’il s’était fixé en estimant, à l’occasion du défilé du 14-Juillet, que la « pensée complexe » dont il est porteur, ni de gauche ni de droite, ne saurait se prêter au jeu médiatique habituel.

    Cette esquive, qu’il ne pourra donc pas toujours pratiquer – comme en atteste sa récente confrontation avec trois journalistes –, est révélatrice d’un trait caractéristique du macronisme dont on a encore peu parlé et qui est de nature à susciter d’inquiétantes interrogations sur l’évolution contemporaine de nos sociétés démocratiques.

    Ni de droite ni de gauche, le libéralisme qu’incarne Emmanuel Macron est le nom d’une forme de gouvernement qui se présente comme un défi à la démocratie : dans la doctrine politique anglo-saxonne, on l’appelle « épistocratie ».

    Le terme « épistocratie » est un néologisme très peu usité. Il désigne un mode de gouvernement au sein duquel le pouvoir serait confié aux savants. L’idée n’est pourtant pas totalement neuve. Platon en rêvait en écrivant La République et en estimant souhaitable de confier le pouvoir aux philosophes.

    #paywall

    • Dans une tribune au « Monde », le constitutionnaliste Alexandre Viala avance que le président incarne une nouvelle forme de gouvernement qui confie la conduite des affaires aux experts. Mais cet exercice du pouvoir, en délégitimant toute opposition, met en danger la démocratie.

      Emmanuel Macron a dû se résoudre, dimanche 15 octobre, à se soumettre à l’exercice démocratique de l’interview télévisée pour tenter de redresser l’image condescendante que son vocabulaire et sa posture jupitérienne, faite de parole rare et distante, ont pu générer dans l’opinion.

      Il a dû, chemin faisant, déroger à un principe qu’il s’était fixé en estimant, à l’occasion du défilé du 14-Juillet, que la « pensée complexe » dont il est porteur, ni de gauche ni de droite, ne saurait se prêter au jeu médiatique habituel.

      Cette esquive, qu’il ne pourra donc pas toujours pratiquer – comme en atteste sa récente confrontation avec trois journalistes –, est révélatrice d’un trait caractéristique du macronisme dont on a encore peu parlé et qui est de nature à susciter d’inquiétantes interrogations sur l’évolution contemporaine de nos sociétés démocratiques.

      Ni de droite ni de gauche, le libéralisme qu’incarne Emmanuel Macron est le nom d’une forme de gouvernement qui se présente comme un défi à la démocratie : dans la doctrine politique anglo-saxonne, on l’appelle « épistocratie ».

      Le terme « épistocratie » est un néologisme très peu usité. Il désigne un mode de gouvernement au sein duquel le pouvoir serait confié aux savants. L’idée n’est pourtant pas totalement neuve. Platon en rêvait en écrivant La République et en estimant souhaitable de confier le pouvoir aux philosophes.

      Cette idée a connu une forme d’illustration dans la Chine confucéenne à travers le système du mandarinat. Et, d’une certaine manière, on en trouve un peu l’esprit dans la position hégémonique qu’occupent, au cœur des démocraties occidentales et au service du « Prince », les hauts fonctionnaires issus des grandes écoles.

      Mouvement mondial

      La composition du deuxième gouvernement d’Edouard Philippe, consécutive à la large victoire de La République en marche (LRM) aux élections législatives, respire cette culture épistocratique en raison de la forte présence de personnalités au profil technicien, à l’instar de Nicole Belloubet (justice) ou Jean-Michel Blanquer (éducation nationale), issus d’un univers qui relève davantage de l’expertise que de la politique.

      Le comte de Saint-Simon, au début du XIXe siècle, érigea l’épistocratie en idéal de gouvernement avec le secret espoir de confier le pouvoir aux plus compétents, parmi lesquels il faisait figurer les scientifiques et les industriels. La sociologie de la nouvelle Assemblée nationale, composée d’un nombre significatif de cadres du secteur privé, réhabilite d’ailleurs cet idéal saint-simonien.

      Le gouvernement épistocratique fait également son chemin partout dans le monde, depuis qu’à la faveur de la globalisation du droit, de l’épuisement des grands récits idéologiques et de la technicisation des problématiques auxquelles est confrontée la société, le pouvoir s’appuie de plus en plus, avant de prendre ses décisions, sur l’éclairage scientifique des experts.

      La montée du populisme dans certaines démocraties européennes et les récentes surprises électorales comme le Brexit ou l’accession du climato-sceptique Donald Trump à la Maison Blanche ont conduit certains auteurs, notamment anglo-saxons (l’économiste Bryan Caplan, le philosophe Jason Brennan), à s’interroger, à l’heure de la post-vérité, sur les failles du vote populaire. Leur mise en garde consiste à mettre en cause la fonction épistémique de la démocratie et à se demander si le peuple est suffisamment éclairé pour pouvoir décider rationnellement.

      Moment post-politique

      Alors ministre de l’économie, Emmanuel Macron affirmait que « l’autre politique », celle qui ne s’inscrit pas dans le paradigme ordo-libéral qu’impose la Commission de Bruxelles aux pays membres de l’Union européenne, était une « illusion ».

      Voici que « l’autre politique » se voit implicitement assigner le statut pragmatique d’erreur scientifique, au détour d’une phrase symptomatique d’une culture qui nie l’essence du politique au sens que lui prêta le philosophe et sociologue Julien Freund, pour qui, à l’inverse de la sphère privée dominée par la nécessité, la sphère publique est normalement le lieu de l’échange, de la liberté voire de l’irrationalité (Julien Freund, L’Essence du politique, 1965).

      La conversion des majorités gouvernementales au social-libéralisme et la relégation de l’opposition dans les marges du populisme, de droite comme de gauche, sur fond d’épuisement de l’alternance entre la droite et la gauche de gouvernement (que Jean-Claude Michéa qualifia d’« alternance unique ») signeraient-elles l’avènement subreptice d’une épistocratie qui afficherait, sous la bannière de la Raison, la prétention de prendre les bonnes décisions ?

      De là à abolir le suffrage universel, à instaurer un suffrage capacitaire ou à confier un vote plural aux diplômés ou aux habitants des grandes métropoles – comme d’aucuns l’ont suggéré au lendemain du Brexit avec un sens de la provocation qui n’était pas dénué de sincérité –, il n’y a qu’un pas, qu’accompliraient volontiers les esprits nostalgiques du despotisme éclairé, quand bien même le suffrage démocratique, fort heureusement, reste un tabou que nul n’oserait bafouer.

      Quoi qu’il en soit, la victoire de LRM aux élections de juin sur les décombres d’un système bipartisan à bout de souffle est particulièrement révélatrice de ce moment post-politique par lequel le conflit entre le pouvoir et l’opposition est en train de changer de nature.

      Comme l’a écrit la philosophe Chantal Mouffe dans ses travaux récents sur le libéralisme (L’Illusion du consensus, Albin Michel, 2016), cette compétition avait jusqu’à présent pris la forme, entre la droite et la gauche, d’un conflit agonistique entre valeurs démocratiques qui se disputaient, de manière égale et alternative, le marché des idées : mues par des valeurs qui ne sont ni vraies ni fausses, les deux camps s’opposaient de façon irréconciliable, tout en se considérant respectivement comme légitimes.

      Impasse populiste

      Désormais, à la faveur de cette quête social-libérale du consensus qu’incarne en France le macronisme, le conflit entre la droite et la gauche s’efface au profit d’un conflit antagonistique. Celui-ci n’oppose plus deux visions de la société aux prétentions relatives mais installe, au centre de l’offre politique, une rationalité libérale (de droite comme de gauche), qui se pare d’une prétendue objectivité scientifique dans le but non avoué d’imposer l’évidence d’une seule vision du monde face à laquelle les oppositions, désormais morcelées, se trouvent reléguées dans le camp de ceux qui ont tort – et n’ont dès lors d’autre perspective, pour exister, que de se radicaliser.

      Tout se passe comme si le pouvoir était capable d’adopter les « bonnes décisions », cautionnées par la Raison. Cette illusion cognitiviste – aux termes de laquelle le politique serait en mesure de connaître la réponse juste – est le moteur de l’idéal épistocratique, qui s’évertue à soustraire le gouvernant, réputé connaître et non vouloir, à l’épreuve de la discussion.

      Le représentant, en France, de ce nouveau pouvoir se plaît d’ailleurs à définir ses opposants comme constitutifs de « l’ancien monde ». Fort habile, l’étiquette permet au chef de l’Etat d’éluder la controverse démocratique, en faisant pénétrer dans les esprits l’idée selon laquelle le programme qu’il porte ne peut avoir d’alternative, dans la mesure où il exprimerait, pour utiliser le vocabulaire de Michel Foucault, un épistémè, qui est une parole désignée par son temps comme l’expression de la vérité.

      Le discours macronien consistant à substituer au clivage gauche-droite la frontière entre l’ancien et le nouveau monde relègue dans le temps une opposition qui n’occupe désormais plus l’espace. Celle-ci n’est plus à droite ni à gauche. Elle est d’hier, et le nouveau pouvoir fait tout pour se présenter, à l’image du progrès scientifique, comme tourné vers le futur.

      La montée en puissance de l’économisme, le développement des logiques comptables et des structures technocratiques en amont de la fabrication des lois entourent cet épistémè, au point de délégitimer le suffrage démocratique, peu à peu considéré comme inutile, et de provoquer dans les urnes, par voie de conséquence, l’abstention ou la tentation populiste, dont Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon offrent deux versions concurrentes.

      Telle est l’impasse dans laquelle le spectre épistocratique est susceptible de conduire le peuple. Seule la revitalisation du clivage entre une droite et une gauche de gouvernement, proposant deux alternatives irréductibles l’une à l’autre, pourrait déjouer ce scénario que la « révolution » issue des urnes du printemps est en train d’écrire au péril de la démocratie, dont le ressort intime n’est pas le consensus, faussement auréolé de la caution des experts, mais l’alternance franche et politique.

    • J’aurais plutot dit que le gouvernement Macron est un « épisiocratie » c’est à dire un gouvernement fondé sur l’art de te couper la parois entre le vagin et l’anus afin de te provoqué des fistules anales jusqu’à la fin de ta vie. Le boulot de "savants" dans ce contexte consiste à te recoudre plus serré pour que Jupiter prenne son pied quant il est d’humeur Rome-antique.

  • « Monsanto papers », les agences sous l’influence de la firme

    http://www.lemonde.fr/planete/article/2017/10/05/monsanto-papers-les-agences-sous-l-influence-de-la-firme_5196332_3244.html

    Pour contrer le soupçon qui entoure le glyphosate, son produit-phare classé « cancérogène probable », la firme américaine interfère auprès des organismes de réglementation.

    En quatre décennies, la version officielle n’a jamais changé : le glyphosate n’est pas cancérogène. C’est ce que concluent avec constance les expertises des plus grandes agences réglementaires, chargées d’évaluer la dangerosité d’un produit avant et après sa mise sur le marché : l’Agence de protection de l’environnement (EPA) américaine et, sur le Vieux Continent, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) et l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA).

    Il a fallu attendre mars 2015 pour qu’une autre organisation, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) des Nations unies (ONU), parvienne à la conclusion inverse. Pour cette institution de référence, l’herbicide – produit-phare de Monsanto et pesticide le plus utilisé au monde – est génotoxique, cancérogène pour l’animal et « cancérogène probable » pour l’homme.

    Comment expliquer cette spectaculaire divergence ? La plupart des observateurs invoquent une raison majeure : pour rendre leurs conclusions, les agences se sont largement fondées sur des données confidentielles fournies par… Monsanto, alors que le CIRC, lui, n’a pas eu accès à ces données. En d’autres termes, la décision favorable au glyphosate est essentiellement basée sur les conclusions de l’entreprise qui le fabrique.

    Une expertise « scientifiquement erronée »

    Un toxicologue de renom va bientôt dénoncer cette situation : Christopher Portier, ancien directeur de diverses institutions fédérales de recherche américaines et associé, en 2015, aux travaux du CIRC. Grâce à des eurodéputés écologistes et une ONG qui en ont exigé copie auprès des autorités européennes, il est le seul scientifique indépendant à avoir pu ausculter les fameuses données ultra-secrètes.

    Il s’est alors aperçu que celles-ci recelaient des problèmes passés inaperçus. Le 28 mai 2017, il jette un pavé dans la mare en écrivant à Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne : pour lui, pas de doute, l’expertise des agences européennes, menée essentiellement sur la base des éléments transmis par Monsanto, est « scientifiquement erronée ». Ces dernières, assure-t-il, seraient passées à côté de huit cas d’augmentation d’incidence de certaines tumeurs, associés au glyphosate. Les agences ont beau réfuter en bloc, la polémique est lancée.

    Qui croire ? Pour tenter de répondre à cette question-clé, Le Monde s’est plongé dans les « Monsanto papers », ces dizaines de milliers de pages de documents internes que la firme a dû rendre publics dans le cadre d’une action collective menée aux Etats-Unis par près de 3 500 plaignants.

    La lecture de ces documents apporte de troublants éléments de réponse. Elle jette une lumière crue sur la manière dont les agences réglementaires tiennent compte des études secrètes – et parfois suspectes – de l’industrie. Elle conduit surtout à s’interroger sur l’intégrité et l’indépendance des expertises officielles sur le glyphosate.

    Une étude « indûment écartée »

    A Bruxelles, certains élus prennent la question au sérieux. En mai 2017, l’eurodéputé tchèque Pavel Poc (Socialistes et Démocrates) organise une réunion publique sur le sujet, sous les ors du Parlement européen.

    Ce jour-là, à la tribune, Peter Clausing, un toxicologue allemand associé à l’ONG Pesticide Action Network (PAN), lâche une bombe : d’après lui, une étude soumise par les industriels, qui montrait une augmentation d’incidences de lymphomes malins chez les souris les plus exposées au glyphosate, a été indûment écartée par l’EFSA, l’Autorité européenne de sécurité des aliments. Considérant que cette étude n’était pas fiable, l’agence n’a pas pris en compte ses résultats, pourtant susceptibles de l’alerter sur les dangers de ce produit.

    Dans son rapport d’expertise de novembre 2015, l’EFSA justifiait ainsi ce choix : « Au cours de la seconde téléconférence d’experts (TC 117), l’étude a été considérée comme non acceptable en raison d’infections virales qui ont pu influencer la survie [des animaux] ainsi que les incidences de tumeurs – en particulier les lymphomes. »

    Certains virus dits « oncogènes » peuvent en effet provoquer des tumeurs chez les animaux de laboratoire. Les souris utilisées pour cette étude dénommée « Kumar, 2001 » auraient contracté un virus de ce type (sans lien avec le glyphosate), brouillant ainsi les résultats.

    « Le gros problème est qu’aucun document ne mentionne le fait qu’une infection de ce genre a effectivement touché les animaux, assure le toxicologue Peter Clausing. Ce qu’on trouve dans les rapports préliminaires d’évaluation du glyphosate, c’est que ce type d’infection est possible, mais pas qu’elle s’est produite. Ce qui est d’abord décrit comme une possibilité devient, à l’issue de la “téléconférence 117”, un fait avéré. »

    Que s’est-il passé lors de cette « téléconférence 117 » ? Le 29 septembre 2015, à quelques semaines de la finalisation de l’expertise européenne, ce grand rendez-vous téléphonique réunit les experts de plusieurs agences. L’objectif est, d’une certaine manière, d’accorder les violons. Parmi les participants, figure un représentant de l’Agence américaine de protection de l’environnement, l’EPA, Jess Rowland. C’est lui qui supervise la réévaluation du glyphosate aux Etats-Unis. Et c’est lui, assure Peter Clausing, qui, au cours de la discussion, fait état d’une infection virale qui invaliderait l’étude « Kumar, 2001 ». Interrogée par Le Monde, l’EFSA confirme. Mais elle assure que « l’information présentée par l’EPA au cours de cette téléconférence a été vérifiée de manière indépendante » par ses propres experts.

    Un article sponsorisé par Monsanto

    Ni une ni deux, l’ONG bruxelloise Corporate Europe Observatory dépose, courant mai, une demande d’accès aux documents internes de l’EFSA pour le vérifier. La réponse tombe le 21 juin : il n’existe aucune trace, dans les archives de l’agence, d’une quelconque vérification des affirmations de Jess Rowland.

    Plus embarrassant, l’Agence européenne des produits chimiques, l’ECHA, écrit dans son propre rapport sur le glyphosate que l’étude « Kumar, 2001 » ne signale « aucune suspicion d’infection virale » des souris et que « le fondement réel de la décision de l’EPA n’est donc pas connu ». Dans une lettre au vitriol adressée le 22 mai à l’agence européenne, Peter Clausing fait un constat plus perturbant encore. « La première spéculation sur une infection virale en lien avec l’étude “Kumar, 2001” provient d’un article de 2015 sponsorisé par Monsanto et signé de Greim et collaborateurs. »

    Reste à savoir si les interventions d’un expert de l’agence américaine ont pu influencer l’expertise européenne. Les « Monsanto papers » montrent en tout cas que la firme est informée presque en temps réel, le lendemain même de la TC 117. « J’ai parlé du gly[phosate] avec l’EPA, écrit l’un de ses cadres dans un texto, à 14 h 38. Ils ont le sentiment d’avoir aligné l’EFSA pendant le coup de fil. »

    Ce n’est pas tout. Au siège de Monsanto, Jess Rowland n’est pas un inconnu : son nom surgit régulièrement dans les « Monsanto papers », en particulier en avril 2015, bien avant la fameuse réunion téléphonique. Alors que le glyphosate vient d’être classé « cancérogène probable » par l’agence de l’ONU (CIRC), et que sa réévaluation est en cours à l’EPA, une autre organisation fédérale américaine, l’Agence des substances toxiques et de l’enregistrement des maladies (ATSDR), vient à son tour d’annoncer avoir enclenché sa propre expertise.

    Le 28 avril 2015, deux cadres de Monsanto échangent des courriels. Le premier raconte avoir reçu un appel inopiné de Jess Rowland au sujet des velléités investigatrices de l’ATSDR. Le cadre le cite en ces termes : « Si je peux dézinguer ça, je mérite une médaille », aurait plastronné M. Rowland au bout du fil. « Mais il ne faut pas trop y compter, poursuit le responsable de la firme à l’adresse de son interlocuteur, je doute que l’EPA et Jess [Rowland] puissent dézinguer ça, mais c’est bon de savoir qu’ils essaient de se coordonner à la suite de notre insistance, et qu’ils partagent notre inquiétude de voir l’ATSDR parvenir aux mêmes conclusions que l’EPA. » « Wow ! C’est très encourageant », réagit son correspondant.

    Promiscuité

    Incidemment, l’échange montre que les employés de la firme sont déjà au courant des conclusions du panel d’experts présidé par Jess Rowland. Celui-ci ne finalisera pourtant son travail que… cinq mois plus tard.

    Les efforts promis par M. Rowland ont-ils payé ? L’évaluation du glyphosate par l’ATSDR a-t-elle été « dézinguée » ? Des informations de la presse américaine l’ont récemment donnée pour morte. Cependant, interrogée par Le Monde, l’agence assure que son évaluation est en cours, mais n’est pas achevée : « Nous prévoyons la finalisation d’un premier jet, soumis aux commentaires du public, d’ici à la fin de l’année. »

    Les « Monsanto papers » prouvent sans ambiguïté que Jess Rowland est considéré par la firme agrochimique comme un atout stratégique au sein de l’EPA. « Jess se mettra en retraite de l’EPA dans cinq à six mois, écrit un employé dans un mémo interne du 3 septembre 2015. Et il pourrait encore nous être utile dans la défense en cours du glyphosate. »

    M. Rowland partira en effet à la retraite début 2016. Une retraite loin d’être oisive. Dans l’action collective en cours aux Etats-Unis, les avocats des plaignants ont bataillé ferme pour obtenir cette information : Jess Rowland exerce désormais une activité de consultant pour l’industrie chimique. Ils n’ont, pour l’heure, pas réussi à connaître les noms de ses employeurs, les conditions de son embauche, la nature de son travail ni le montant de ses émoluments. L’inspecteur général de l’EPA a lancé, fin mai 2017, une enquête interne afin d’éclaircir l’affaire. Sollicité par l’intermédiaire de son avocat, M. Rowland n’a pas donné suite à nos demandes.

    Cette promiscuité entre l’agence américaine et Monsanto remonte à bien plus loin, au début des années 1980. C’est l’Américaine Carey Gillam, ancienne journaliste à l’agence Reuters et désormais directrice de recherche pour l’association U.S. Right to Know, qui a, la première, épluché la correspondance de l’époque entre l’agence et la firme. Elle en a extrait une chronologie plus que significative, qu’elle retrace dans un livre intitulé Whitewash (« Blanchiment »), à paraître en octobre aux Etats-Unis.

    Un expert payé par Monsanto

    De premiers soupçons à l’égard du glyphosate se font jour en 1983. Cette année-là, Monsanto soumet à l’EPA les données d’une étude de toxicité qu’un laboratoire externe a menée pour la firme pendant deux ans sur plus de 400 souris.

    Le toxicologue de l’agence qui les examine en conclut que le glyphosate est « oncogène » : des souris exposées ont développé des adénomes tubuleux aux reins, une forme de tumeurs rarissime. Monsanto conteste énergiquement, avance qu’il s’agit de « faux positifs ». Mais les toxicologues de l’EPA sont catégoriques : « L’argumentation de Monsanto est inacceptable, consignent-ils dans un mémo de février 1985. Le glyphosate est suspect. » Ils décident donc de classifier l’herbicide « oncogène de catégorie C », soit « cancérigène possible pour l’homme ».

    Monsanto décide alors de fournir des données supplémentaires à l’EPA en faisant réexaminer les lames où sont conservés les « carpaccios » de reins de ces 400 souris. Mais cette fois par un expert de son choix, payé par ses soins. « Le Dr Marvin Kuschner passera en revue les sections de rein et présentera son évaluation à l’EPA dans le but de convaincre l’agence que les tumeurs observées n’ont pas de rapport avec le glyphosate », écrit un responsable de la compagnie en interne. A l’en croire, le résultat de cette analyse semble couru d’avance.

    Quelques jours tard, le Dr Marvin Kuschner reçoit les 422 rondelles de petits reins par colis. Et en octobre 1985, il consigne dans son rapport avoir découvert une tumeur, jusqu’ici passée inaperçue, dans le rein de l’une des souris contrôle – non exposée au glyphosate. Armée de cette conclusion, Monsanto bâtit auprès de l’EPA un argumentaire autour d’une « maladie chronique spontanée des reins » qui serait répandue chez les souris de laboratoire et fait basculer les conclusions. Autrement dit, si tumeur il y a, elle n’a rien à voir avec le glyphosate. Exactement comme pour l’étude « Kumar, 2001 », deux décennies plus tard.

    En 1991, le glyphosate disparait du radar

    Si cette seule et unique tumeur est bien réelle, pourquoi n’a-t-elle pas été remarquée auparavant ? Couvertes par le secret commercial, les lames n’ont jamais pu être examinées par des experts indépendants.

    En 2017, les avocats des plaignants réclament que cela soit fait. En attendant, ils relèvent que l’EPA a par la suite fait marche arrière toute, en faisant preuve d’une souplesse de plus en plus flagrante à l’égard du glyphosate.

    Les toxicologues « maison » ne sont pas en cause ; ils étaient unanimes à trouver le produit « suspect ». C’est en fait un panel constitué à la fois d’agents de l’EPA et d’autres agences fédérales qui, en février 1986, rétrograde le glyphosate dans le groupe D – « inclassable quant à sa cancérogénicité pour l’homme ». En 1989, l’agence cesse même de demander de nouvelles données à Monsanto. En 1991, le glyphosate est encore rétrogradé, dans le groupe E cette fois – « preuves de non-cancérogénicité ». Bref, il disparaît du radar.

    Qui sont ces fonctionnaires du panel de l’EPA qui ont initié son déclassement en 1986 ? Leurs parcours révèlent de singuliers points communs, et un talent indéniable pour utiliser leur carnet d’adresses dans le secteur commercial, notamment chez Monsanto.

    Ainsi, trois ans après le revirement de l’agence, le chef du panel, John Moore, prend la présidence d’un « institut pour l’évaluation des risques pour la santé » financé par l’industrie pétrolière, les banques et la grande distribution. Sa successeure, Linda Fischer, deviendra pour sa part l’une des vice-présidentes de Monsanto, dès son départ de l’EPA en 1993. Son adjoint, James Lamb part, lui, en 1988 rejoindre un cabinet d’avocats qui compte Monsanto parmi ses clients. Une demi-douzaine de fonctionnaires fédéraux quitteront également l’EPA pour ce cabinet. Quant à leur chef, le directeur du bureau des programmes pesticides, Steven Schatzow, il sera lui aussi recruté par un cabinet d’avocats pour y représenter des fabricants de… pesticides. David Gaylor, enfin, membre du panel en tant que représentant du Centre national pour la recherche en toxicologie, quittera la fonction publique pour être consultant privé. Lui aussi aura Monsanto comme client.

    Une fraude mortifère

    Reste une question cardinale : pourquoi Monsanto a-t-elle donc entrepris de réaliser cette étude et de la soumettre à l’EPA en 1983 alors que le glyphosate était autorisé sur le marché américain depuis déjà près de dix ans ? Un courrier de Monsanto de 1985 l’explique : cette étude fait partie d’un « programme de remplacement des études de toxicologie d’IBT ».

    IBT ? Pour ceux qui le reconnaissent, ce sigle évoque des visions à vous glacer le sang. L’histoire est connue : aux Etats-Unis, les plus grandes firmes confiaient autrefois les études de toxicologie de leurs produits à Industrial Bio-Test, ou IBT.

    En 1976, des inspecteurs sanitaires fédéraux avaient découvert que le succès de ce prestataire extérieur était fondé sur une fraude mortifère. Ce n’est qu’équipés de masques qu’ils avaient pu explorer le hangar, surnommé le « marais ». Là, des milliers d’animaux de laboratoire infusaient dans une puanteur et une touffeur insoutenables. Des conditions incompatibles avec des études de toxicité.

    Dans les carnets des techniciens, une abréviation récurrente, « TBD », signifiait « Too Badly Decomposed » (« Trop méchamment décomposés ») pour qu’on puisse en tirer quelque donnée que ce soit. Les tests d’IBT parvenaient rarement à des conclusions négatives : elles étaient souvent inventées.

    Des centaines de produits chimiques, dont pas moins de deux cents pesticides, ainsi que l’Aroclor, un PCB redoutablement toxique mis au point par Monsanto, avaient été homologués en Amérique du Nord sur la base des tests « effectués » par IBT. Roundup compris ? Questionnée, Monsanto se contente aujourd’hui de répondre qu’« aucune donnée générée par IBT n’est utilisée pour soutenir une homologation du glyphosate ».

    Le pesticide le plus utilisé dans le monde provoque-t-il le cancer ? L’agence de l’ONU, le CIRC, a-t-elle vu en 2015 ce que l’EPA américaine aurait dû voir il y a quarante ans ? Certains mémos internes de Monsanto suggèrent que ses toxicologues eux-mêmes craignaient de longue date une expertise indépendante de leur best-seller. Comme ce courriel d’une scientifique de la firme qui écrit, en septembre 2014, à un collègue : « Ce que nous redoutions depuis longtemps s’est produit. Le glyphosate doit être évalué par le CIRC en mars 2015. »

    Le 23 octobre, les Etats membres décideront en qui l’Union européenne doit placer sa confiance.

  • Nous faisons l’hypothèse que personne n’affirmera qu’il y a plus de 2 millions de bourgeois ou de politiques en Catalogne.

    Hypothèse pleine de bon sens mais c’était sans compter certains crétins « anarchistes » du Sud-Ouest.

    Référendum en Catalogne. Classe, hégémonie et indépendantisme catalan
    http://www.contretemps.eu/referendum-catalogne-classe-hegemonie
    Référendum en Catalogne. Classe, hégémonie et indépendantisme catalan

    L’un des arguments typiques, de « sens commun » de la gauche traditionnelle pour ne pas soutenir le référendum catalan du 1er octobre est que le Procés est dirigé par la bourgeoisie. Exprimée ainsi, cette appréciation est complètement fausse et elle ne peut que se fonder sur deux malentendus, le premier malveillant alors que le second ne peut qu’être le produit de l’ignorance ou d’un déplacement de catégories tellement absurde qu’il s’invalide de lui-même.

    Le caractère erroné de cet argument peut être vérifié empiriquement. La grande bourgeoisie catalane a pris position régulièrement contre le Procés, car ce dernier serait irresponsable et qu’il provoquerait l’instabilité pour les « affaires économiques » (investissements). Cela peut être vérifié pour quiconque se donne la peine de chercher sur Google les déclarations de l’organisation patronale catalane Foment del Treball. L’ignorance découle du type de définition de la bourgeoisie, un concept que la gauche espagnole a utilisé au cours des quarante dernières années exclusivement pour faire référence à la Catalogne ou, dans le cas du Parti communiste espagnol (PCE), pour justifier sa politique d’alliances avec la bourgeoisie progressiste et nationale (sic) qui aurait été représentée en 1978 par Adolfo Suárez1.

    « Bourgeoisie » est un concept de l’économie classique repris par le marxisme, qui définit la classe dominante en son rapport avec la propriété des moyens de production. Ainsi que nous l’avons signalé, les élites de ce secteur social sont opposées au Procés : le Foro Puente Aéreo [« conclave » de grands entrepreneurs de Madrid et de Barcelone, qui s’est réuni au siège de Madrid de la compagnie pétrolière espagnole Repsol le 19 septembre – voir photo], l’organisation patronale Foment del Treball, l’élitaire Círculo Ecuestre, le Círculo de Economía ou encore la Trilateral commission [fondée en 1973, elle réunit certaines des « personnalités » les plus puissantes au monde ; le président de sa branche européenne est l’ancien président en second de la BCE, Jean-Claude Trichet] ont manifesté à de nombreuses reprises leur opposition à l’indépendance, tout comme José Manuel Lara (du groupe de presse et d’édition Planeta), Isidre Fainé (président de la CaixaBank), Josep Lluís Bonet (Freixenet, producteur du fameux « champagne catalan », le cava) ou encore Josep Oliu (Banque Sabadell, célèbre auteur, en juin 2014, de la formule selon laquelle la création d’un Podemos de droite était nécessaire).

    Certains secteurs du Foment del Treball ont toutefois appuyé, devant le fait accompli, le Procés, dans l’espoir d’améliorer leur position et leurs prébendes face à la bourgeoisie du reste de l’Etat ainsi que sur le plain international. La dynamique de mobilisation populaire du Procés a reçu l’aval de la majorité des entrepreneurs des PME, organisés dans des entités telles que la PIMEC [Micro, petita i mitjana empresa de Catalunya], la Cecot ou encore la Cámara de Comercio.