person:jean-françois magre

  • Film typique de procrastination ; comme je me sens incapable de monter la tonne de rushes importants (crois-je, ce qui est infiniment discutable, évidemment) qui m’attendent, alors je filme et monte n’importe quelle merde selon la méthode Benchley * J’ai même réussi à laisser des coquilles dans les sous titres...

    et ça donne ça :
    https://www.youtube.com/watch?v=-Bm8x4-6dGg


    De la cuisine, donc, en attendant la mort.

    *https://www.le-terrier.net/benchley
    plus particulièrement https://www.le-terrier.net/benchley/mp3/remarquable.mp3

    )

    #cuisine #apocalypse #vidéo #documentaire #copyleft

  • Les derniers petits retardataires ayant enfin rendu leurs copies, le beau travail plastique qui accompagne chacun des douze chapitres du feuilleton littéraire de Jean-François Magre « Un os dans le nez » est enfin en ligne ! Vidéos, infographies, collages, photos, dessins, ici :

    http://www.le-terrier.net/lestextes/magre/index.htm

    avec

    L.L. de Mars pour le Chapitre 1
    Laurent Santi pour le Chapitre 2
    Johan Lefèbvre pour le Chapitre 3
    Gaelle Pertel Pacheco pour le Chapitre 4
    Jean-François Savang pour le Chapitre 5
    Loïc Largier pour le Chapitre 6
    Muzotroimil pour le Chapitre 7
    Jean-François Magre Chapitre 8
    Albane Moll pour le Chapitre 9
    C. de Trogoff pour le Chapitre 10
    Noémie Lothe pour le Chapitre 11
    Aline Carpentier pour le Chapitre 12

  • Compte-rendu de la manif de Toulouse adressé à la liste de diffusion du Terrier par Jean-François Magre :

    « Sorti de chez moi vers 14h30, je me dirige vers le centre de Toulouse, c’est-à-dire la place Wilson et la jonction entre le boulevard de ceinture et le départ des allées Jean Jaurès, large avenue remontant vers la canal. C’est apparemment le même parcours qu’avaient prévu ceux qui étaient venus manifester pour Rémi Fraisse (à l’appel du NPA notamment) malgré l’interdiction de la préfecture même si celle-ci n’était pas clairement annoncée...
    Ils s’étaient rassemblés là et, de mémoire de toulousain, je n’ai jamais vu un dispositif policier si énorme encercler un groupe de gens. Je n’étais pas venu manifester. Camions, grilles, cordons d’uniformes suréquipés se sont déployés très vite, piégeant manifestants, badauds, touristes interloqués, vieilles dames revenant de faire leurs courses, consommateurs du samedi avec leur paquets griffés de marques... Beaucoup déjà prennent des photos, parfois sous le nez des grappes de CRS, un s’énerve : "Vous pourriez demander la permission ! C’est la moindre des politesses !"
    Détourné vers les courtes allées Roosevelt, je prends au passage deux tracts devant le cinéma UGC et je me dis que j’irai les lire dans un café, puisque c’était ma destination première. Mais un rempart d’armures noires barrent l’accès à la place Wilson. Un jeune homme grimé en clown se tient devant eux et me dit, en prenant un ton faussement autoritaire : "Ah non, monsieur, il faut faire demi-tour !". Nous rions ensemble. Derrière les visières ça ne se marrait pas. Par-dessus les hautes épaulettes renforcées, j’aperçois encore des dizaines de cars, ils ont dû vider la région Midi-Pyrénées de leurs gendarmes mobiles !
    Le grand boulevard est encore poreux, je sors du quadrillage, le trafic est interrompu jusqu’à plusieurs rues, pas une voiture ne circule, ce qui est assez étrange dans ce centre ville toujours bondé.
    Le rassemblement se met en marche par les allées Jean Jaurès. Bien qu’extirpé de la tenaille qui vient de se refermer, je reviens voir par les coulisses, c’est-à-dire par une petite rue revenant sur le début des allées, mais tout est bouclé. Cinq CRS gardent un passage sans doute stratégique coincés entre un mur et une palissade de chantier. Des gens viennent des allées, familles avec enfant sur la poitrine ou en poussette, étudiantes, passants... ils disent qu’ils ne font pas partie de la manif et qu’il veulent sortir, mais les CRS les en empêchent, les esprits s’échauffent : "J’habite juste à côté !", "On nous a dit de contourner, par où il faut passer ?!", "Je veux juste sortir putain !!!" Au pied du mur, je remarque un gros sac orange mou type IKEA, mais il ne contient pas des packs de bière et des chips mais tout un stock de lacrymos ! De mon côté, d’autres personnes s’accumulent dans cette impasse humaine, certains veulent aller de l’autre côté des allées, d’autres au métro ou au parking... "Mais j’ai ma voiture au parking, qui va payer le ticket !" Un Garde de répondre : "Envoyez-le au préfet !". Un homme commence à s’emporter : "Pays de cons ! Je vais lui envoyer mon ticket et avec du poivre dans l’enveloppe au préfet !" Côté allées, une dame arrive sur son vélo, elle veut passer. Non. Elle explose : "Mais c’est complètement absurde ! Je n’ai rien à voir avec cette manif, je rentre chez moi, c’est mon droit !" Une CRS rétorque "ça suffit maintenant, on bloque la rue, cassez-vous, si vous êtes pas contente plaignez-vous au préfet, nous on est des exécutants !" La femme au vélo surenchérit : "J’ai confiance en la police ! Croyez-moi ! Je vous respecte ! Mais je veux passer !!!" "Cassez-vous madame !!!" Sur ce, une autre dame arrive de mon côté zone libre, elle porte un énorme gâteau à la crème, tout le monde se marre... "Ce n’est pas le moment de passer avec votre gâteau !" Les CRS aussi se marrent, un homme à côté de moi me confie qu’ils ne le font pas marrer. Un peu après, un gros type à moustache arrive depuis les allées, il veut passer bien sûr et lâche qu’il ne va pas se faire emmerder par quatre connards, comprendre : les manifestants, un peu plus nombreux que ça quand même. Du coup, un autre CRS réplique : "Tant que ces connards sont là on peut pas vous laisser passer !" Certains flics ont donc des opinions aussi.
    Soudain, devant cette situation, j’ai pensé au théâtre de la Huchette à Paris qui a joué plus de cinquante ans "La cantatrice chauve". Le boyau défendu par ces cinq CRS n’est pas plus large et j’avais vraiment l’impression d’assister à un impromptu du plus pur théâtre de l’absurde...
    La suite est moins légère. Il y a déjà beaucoup de photos et de vidéos pour se faire une idée. Après la tenaille ce fut le pressoir. Les manifestants n’allèrent pas loin, pris entre les immeubles sans échappée sur leurs côtés et les barrages devant et derrière eux. Avec d’autres membres de la foule circulant aux abords du dispositif, indignés pour la plupart de sa démesure, j’ai vu s’amorcer une manoeuvre de compression soutenue par une pluie de lacrymo et de fumées dispersantes. Avant de repartir, j’aperçois un très jeune homme mince, juste en t-shirt, sans masque ni mouchoir, proposer du collyre à un photographe de presse pourtant bardé de protections qui a pris le nuage de gaz... Il y avait dans ce geste quelque chose de noble.
    Désolé pour ce pavé, qui n’est même pas de ceux qu’on lance, mais j’avais envie de m’exprimer à brûle pourpoint...
    J-F »