person:jean-luc lagardère

  • LA FABRIQUE D’INTELLECTUELS : DE LA « SUBVERSION » AU CYCLE DE CONSÉCRATION DU BHL STAR-SYSTEM - RipouxBlique des CumulardsVentrusGrosQ
    http://slisel.over-blog.com/2017/08/la-fabrique-d-intellectuels-de-la-subversion-au-cycle-de-consecrat

    Ce texte s’inscrit dans une démarche compréhensive ; il ne justifie rien et n’accuse personne. A moins que vous ayez demandé l’asile politique sur Mars, après l’élection de Trump, l’élimination de l’équipe nationale de la CAN et la hausse du prix des cigarettes, vous avez certainement remarqué le déluge Kamel Daoud qui a inondé les médias français.

    De mémoire d’observateur, aucun autre écrivain algérien, voire maghrébin, n’a bénéficié d’autant de couverture médiatique en France : de France Inter à Europe 1, du Figaro à l’Humanité, en passant par Le Point et Arte, les journalistes français n’avaient d’yeux que pour le procureur de Cologne. L’événement ? La sortie du nouveau livre de l’auteur du Préface du Nègre (l’une des nouvelles préférées de l’auteur de ce texte). Non pas le Goncourt de cette année ou le prochain Nobel, mais un recueil de chroniques journalistiques que l’on peut trouver sur internet après deux cliques, même en écorchant le nom de leur auteur. C’est dire l’importance de l’événement.

    A l’occasion, le magazine Le Point titrait : « Kamel Daoud : l’intellectuel qui secoue le monde ». Passons sur la photo illustrant le numéro, d’un orientalisme à peine dissimulé et témoignant d’un regard fantasmé que l’on porte sur l’intellectuel du là-bas chez nous et de la subversion bouchonnée. Ce que pose cette Une comme question c’est pourquoi maintenant ? Pourquoi lui ? Ce texte tente d’y répondre.

    Qu’est-ce qu’un intellectuel ?

    Terme à connotation péjorative à l’origine, avant qu’il ne soit réhabilité à la fin du 19ème siècle, l’intellectuel pose encore un problème par son statut : qu’est-ce qu’un intellectuel ? Quel rôle peut-il jouer dans une société ? « Kamel Daoud. L’intellectuel qui secoue le monde », avait choisi Le Point de titrer son dossier consacré à l’auteur algérien. Pourtant, on aurait pu trouver un autre statut à Kamel Daoud : écrivain, auteur, journaliste, chroniqueur… Tous ces statuts auraient eu un sens réel et des fonctions auxquelles ils correspondent. Un écrivain publie des livres ; un journaliste collabore avec des journaux ; un chroniqueur signe des chroniques.

    Mais que fait réellement un intellectuel ? En effet, le magazine Le Point (abritant le célèbre bloc-notes de Bernard-Henri Levy, figure de « la vie intellectuelle » en France) ne fait que perpétuer une manie bien française. Aux Etats-Unis, Kamel Daoud serait un journaliste ; en Angleterre, il est écrivain. Mais en France, on préfère le présenter en tant qu’intellectuel et maintenir l’approximation terminologique voire l’ambiguïté. Contrairement aux autres statuts, l’intellectuel n’a de sens que s’il intervient dans le débat public et fait savoir ses opinions dans les médias. Aucun intellectuel n’existerait en dehors des sphères médiatiques. Aussi- surtout lorsqu’il s’agit des pays de la périphérie intellectuelle, pour les médias français, un intellectuel doit déranger et sortir du lot. L’intellectuel serait essentiellement subversif.

    Dans l’une de ses dernières interviews, le grand écrivain Rachid Mimouni donna sa définition de l’intellectuel. « Je crois à l’intellectuel comme éveilleur de consciences, comme dépositaire des impératifs humains, comme guetteur vigilant, prêt à dénoncer les dangers qui menacent la société. », dit-il. Mais un intellectuel peut-il éveiller des consciences au détriment des logiques médiatiques et des enjeux politiques ? Ceci pose, d’emblée, la question de l’indépendance de l’intellectuel. Que se passe-il quand les impératifs humains se confrontent-ils aux enjeux économiques et autres dispositifs cyniques des appareils médiatiques ?

    L’univers des connivences

    A cette question, répond Serge Halimi, sans concessions et de façon méthodique, dans son livre « Les nouveaux chiens de garde ». Il montre notamment la révérence des intellectuels de service et des hommes de médias devant le pouvoir de l’argent en France. Si le temps où un ministre de l’Information était capable de sonner les responsables de la radio et de la télévision est révolu, ceci ne veut pas dire pour autant que les médias sont totalement indépendants. Ils ont juste changé de propriétaires.

    Le « pouvoir médiatique » est concentré entre les mains d’une oligarchie (1). Prenons quelques exemples : L’homme d’affaires François Pinault (7ème fortune française) est propriétaire du magazine Le Point. Ce même Pinault détenait jusqu’à il y quelques années des parts dans le groupe TF1 (propriété de la famille Bouygues), qui possède, entre autres, la chaîne du même nom et la chaîne TMC qui diffuse l’émission Quotidien animée par Yann Barthès, qui fut un des nombreux présentateurs à inviter Kamel Daoud à son plateau, à l’occasion de la sortie de son recueil de chroniques. Yann Barthès qui, rappelons-le, est un ex de la maison Canal Plus, propriété de l’homme d’affaires Vincent Boloré (Vous suivez ?).

    Outre l’allégeance au pouvoir de l’argent, le monde des médias français (comme les médias algériens d’ailleurs) souffre d’une autre pathologie, celle de la connivence. Une poignée de journalistes, « experts » et intellectuels se relayent, se fréquentent et se consacrent. Leur légitimité n’est due qu’à leur fréquence d’apparition, pas à leur travail ni à leurs connaissances.

    C’est eux qui choisissent les stars intellectuelles de demain ; ils mettent en évidence (doux euphémisme) les auteurs à découvrir, à travers leurs chroniques, émissions et sélections de livres ; ils entretiennent le cycle de consécration, expliqué par Pierre Bourdieu : « Un cycle de consécration efficace est un cycle dans lequel A consacre B, qui consacre C, qui consacre D, qui consacre A. Plus le cycle de consécration est compliqué, plus il est invisible, plus la structure en est méconnaissable, plus l’effet de croyance est grand. » (2)

    BHL star-system

    L’une des figures intellectuelles et médiatiques les plus incontournables en France est sans doute Bernard-Henri Levy. Celui qui a bâtit sa réputation de « philosophe engagé » sur la récupération des kilodrames est au centre d’une machine médiatique, que Serge Halimi appelle le système BHL. Petite description : « Publié dans Le Point, le « Bloc-notes » de BHL est un carrefour stratégique. De là partent les campagnes du maître, que ses disciples relaient. Un texte ou un fait accède à l’existence sitôt que le diariste du Point les signale. Dans le même espace, les complices de Bernard-Henri Lévy (intellectuels, industriels ou hommes politiques) voient leur production saluée, que qu’en soit le sujet ou la forme (…) Les appuis médiatiques de Bernard-Henri Lévy vont de Voici à France Culture. Son réseau comprend également Franz-Olivier Giesbert et Le Point, Thierry Ardisson et Michel Drucker à France 2, Josyane Savigneau et Roger-Pol Droit (Le Monde des livres), Karl Zéro (Canal Plus), la quasi-totalité des médias détenus par Hachette-Lagardère (Paris Match, Le journal du dimanche, Europe 1), Arte, dont il préside depuis 1993 le conseil de surveillance…Réseau ? Le terme serait impropre puisque, en mai 2005, interrogé par Le Figaro Magazine sur son existence éventuelle, Bernard-Henri Lévy préféra parler de « quelques amis qui m’aident à contenir l’adversité ».

    En 2014, quelques mois avant sa nomination pour le prix Goncourt, Kamel Daoud fut introduit dans Le Point par Franz-Olivier Giesbert. Bernard-Henri Lévy sera l’un des premiers intellectuels français à monter au créneau pour le défendre lors du triste épisode de « La Fatwa ». Février 2016, Kamel Daoud reçoit le prix Jean-Luc Lagardère du meilleur journaliste de l’année.

    D’où viennent-ils ?

    Qu’en est-il des médias algériens ? Une étude réalisée en 2012 (3) a bien démontré l’existence d’une stratégie basée sur les rapports de connivence, relayée sur les pages Culture d’El-Watan afin de promouvoir une certaine littérature que l’on peut qualifier de « subversive » (à travers la « création » et la présentation de quelques auteurs édités, pour la plupart, chez la maison d’édition Barzakh) Est-elle consciente ? Est-elle inconsciente ?

    Sur une vingtaine d’articles, traitant la littérature algérienne sur les pages Culture d’El-Watan en 2010, quinze articles concernaient Barzakh ou l’un de ses auteurs. En même temps, un seul article sur une œuvre éditée chez les éditions Casbah et une seule référence à un roman édité chez les éditions Chihab. Pourtant, les trois maisons d’éditions ont édité quasiment le même nombre d’œuvres romanesques (une dizaine) sur l’année 2010, ce qui exclut l’argument de la médiatisation proportionnelle aux nombres d’œuvres éditées.

    Tout laisse à croire, qu’en plus des affinités personnelles, l’équipe d’un organe comme El-Watan ne pourrait faire l’éloge d’une littérature que si elle partageait avec les auteurs de cette même littérature un certains nombre de référents (langue, culture, convictions politiques, etc.) ; la même vision de la « vraie » littérature de ceux qu’on présente comme les icônes de la scène littéraire de l’après guerre de libération (Dib, Yacine, Mammeri, Mimouni).

    Les éditions Barzakh est un cas à part dans l’industrie du livre en Algérie. Ou du moins, elles se présentent comme tel. Une maison d’édition fondée par un couple : Selma Hellal et Sofiane Hadjadj. Tous les deux rentrés de France à la fin des années quatre-vingts dix. Après avoir fondé un foyer, ils créèrent une maison : une maison d’édition. Mais ce qui caractérise Barzakh, ce n’est pas tant l’aspect artisanal avec lequel elle envisage le monde de l’édition que son rapport aux médias et la façon dont ils conçoivent- et communiquent autour- l’acte d’édition : « Tout est parti d’une passion, dirent-ils, celle des livres. Compagnons de longue date, ils peuplent notre espace et vivent en nous depuis toujours. Etudiants à l’étranger dans les années 90, nous lisions fiévreusement, inquiets pourtant de constater la quasi absence de publications littéraires en Algérie. » (4)

    Ce thème est très récurrent et revient très souvent dans les éléments de langage de la communication Barzakh avec El Watan. Que cela soit énoncé par un journaliste comme ce fut le cas dans le dossier El-Watan (sur deux pages) consacré aux 10 ans de Barzakh (5) ou dans les propos d’un des acteurs Barzakh dans le cadre d’interview (6). Cet amour affiché du livre et de la littérature constitue un élément de légitimation sur un plan discursif et de différentiation sur le plan mercatique. Il permet surtout de tisser des liens plus personnels avec le journaliste autour du thème de la passion.

    Le deuxième thème fondateur du mythe Barzakh est celui de l’édition comme un acte d’engagement et de subversion. Le journaliste Fayçal Métaoui choisit comme titre pour son interview avec Selma Hellal : « Travailler à offrir du beau, c’est un peu faire acte de résistance ». Dans un autre article, à l’occasion de l’attribution du grand prix Prince Claus aux éditions Barzakh, par le même Fayçal Métaoui, la maison est présentée comme celle qui « a rompu de manière créative la menace d’isolation culturelle du pays ». (7)

    Les rois de la subversion

    L’autre raison, qui peut expliquer ce système de connivence entre les différents acteurs, réside dans le profil des auteurs de la maison Barzakh et qui font objet d’une certaine médiatisation dans les pages d’El-Watan. On peut en citer trois : Kamel Daoud, Adlène Meddi, Mustapha Benfodil. Des auteurs connus ou présentés comme étant des auteurs subversifs. La subversion est en effet le maître mot pour comprendre les rapports entre le média et ces intellectuels. Les deux parties voient le monde et la littérature à travers le prisme de la subversion.

    Dans un entretien à El-Watan, Anouar Benmalek déclare que, « les écrits littéraires qui ne dérangent personne ne valent même pas le papier sur lesquels ils sont imprimés » (8). Avant même qu’il ne définit le genre littéraire, il se définit lui-même. Il est en train de dessiner l’image dont il veut que l’on l’aperçoive. Il présente le cadre dans lequel son œuvre devrait être lue. Si l’on ne peut pas, à priori, caractériser cette littérature (et cette pensée de manière général) comme étant une littérature subversive, il est clair que c’est, sous cette étiquette, que certaine presse en Algérie l’a stéréotypée et veut nous la vendre.

    Outre le poids si lourd de leurs aînés, les intellectuels et écrivains algériens de la nouvelle génération semblent souffrir d’un problème de légitimité, et continuent à être suspectés pour leur « manque d’authenticité » tant leur littérature est pénalisée par un statut ambigu, face à un imaginaire collectif qu’ils jugent archaïque et dépassé, mais constamment alimenté par des logiques et des enjeux politiques et idéologiques. Il n’est donc pas étonnant que les premières tentatives sérieuses « d’émancipation » de cette littérature soient faites dans un souci d’instaurer une nouvelle légitimité nécessaire à leur « survie littéraire » au nom de la subversion.

    Si l’on analyse le discours médiatique de ces intellectuels, on pourrait d’emblée dégager trois entrées-thèmes par lesquelles ils essayent de se définir et de se distinguer. La jeunesse est le premier de ces thèmes et l’un des arguments discursifs principaux que l’on peut déceler dans leur discours. Cela est d’autant plus significatif lorsqu’on s’aperçoit qu’il est sans cesse utilisé pour en illustrer- par opposition- un autre : L’archaïsme du système de valeur de la société et la sénescence des systèmes politiques.

    L’algérianité des auteurs et de leurs œuvres est une deuxième entrée pour déchiffrer leur discours. Cela ne devrait pas poser de problèmes dans les faits, mais la façon avec laquelle on insiste pose quelques questions. Notamment vis-à-vis du reflet qu’ils reçoivent de l’image qu’ils donnent. Ce que l’on énonce, c’est ce qui ne va pas de soi. Ce qu’on a besoin de préciser, c’est par définition ce qui est sujet à doute. On peut noter par ailleurs que cette manie à vouloir justifier l’utilisation du français à chaque fois qu’on l’évoque montre clairement qu’on tente de conférer un statut qui ne lui est pas acquis dans la réalité. La société parle algérien, l’Etat dispose de l’arabe classique, les usagers de langues françaises se sentent menacés par l’arabisation massive, le français est utilisé tantôt dans la dénégation tantôt comme acte subversif en lui-même.

    Enfin, la subversion, à travers l’utilisation d’une panoplie d’adjectifs se référant à ce champ lexical. Cela va de la subversion politique avec des thèmes comme la censure, le militantisme, la critique du système politique en place, etc. aux différentes formes de l’antisocial et de l’anti-consensuel.

    Cette subversion affichée fait que ces intellectuels sont de « bons clients » pour les médias occidentaux et français plus particulièrement. Ce qui expliquerait peut-être la couverture médiatique, sans pareil, dont a bénéficié Kamel Daoud à l’occasion de la parution de son dernier livre. Ce qui importe aux médias ce n’est pas tant ce qu’écrivent ou disent ces auteurs et intellectuels mais ce qu’ils sont ; ils ne sont pas invités par rapport à ce qu’ils produisent mais plutôt par rapport à ce qu’ils représentent, leurs livres ne sont pas des produits mais des prétextes.

    1. Médias français : qui possède quoi ? (Le Monde Diplomatique)
    2. Pierre Bourdieu, Question de sociologie, Paris, Minuit, 1980.
    3. Fayçal Sahbi & Mehdi Souiah, « La nouvelle littérature algérienne au miroir de la presse algérienne francophone », dans Francophone Postcolonial Studies and Book Culture, London University, novembre 2013.
    4. « A propos », Editions Barzakh.
    5. « Les dix ans de Barzakh », Ameziane Ferhani, El Watan, 27-02-2010.
    6. « Travailler à offrir du beau, c’est un peu faire acte de résistance », interview avec Selma Hellal par Fayçal Métaoui. El Watan, 17-09-2010.
    7.« Le Grand prix Prince Claus à Barzakh », Fayçal Métaoui, El Watan, 06-09-2012.
    8. Anouar Benmalek : « Le devoir de mémoire envers les victimes de Melouza, une exigence », propos recueillis par Sarah Lou, El Watan, 15-08-2009.

    Fayçal Sahbi Universitaire, enseignant et chercheur

  • L’#industrie_aéronautique européenne : organisation industrielle et fonctionnement en réseaux | Cairn.info

    http://www.cairn.info/revue-espace-geographique-2005-2-page-117.htm

    Au mois d’avril 2004 a commencé l’assemblage du nouvel avion Airbus A380 dans la nouvelle usine baptisée Jean-Luc Lagardère sur le site de la zone AéroConstellation, qui jouxte l’aéroport international de Toulouse-Blagnac (Jalabert, Zuliani, 2003). Dès juin, ce premier exemplaire, non muni de ses moteurs, a quitté l’immense hall de montage (490 m de longueur, 250 m de largeur, 49 m de hauteur) construit et équipé en deux années pour gagner un atelier voisin où il est soumis à de multiples tests de « torture », de résistance et de déformations. Un des nouveaux gros moteurs qui l’équiperont, produit par Rolls-Royce (GB) et Snecma (France) est à l’essai dans le ciel toulousain, monté sur un quadrimoteur A340 : poussée, tests des circuits hydrauliques, niveau sonore… Un nouvel exemplaire est terminé ; il est utilisé pour les essais en vol qui ont commencé en avril 2005. Or, en 1999, ce projet d’avion civil très gros-porteur, le plus grand jamais réalisé (de 550 à 800 passagers selon les versions et les aménagements intérieurs, avion double pont, 73 m de long, 80 m d’envergure, 24 m de haut, 500 t au décollage) était dans les cartons des bureaux d’études, et la zone AéroConstellation (230 ha équipés et 120 ha en réserve) n’était qu’un ensemble de terrains anciennement agricoles, peu occupés, où avait commencé à se développer une base de loisirs.

    #mondialisation #airbus #transport_aérien

    • Bizarre, je me rend compte que je suis pas le seul finalement à trouver que sa réflexion et sa manière de l’exposer laisse toujours planer un doute sur la question de savoir s’il défend l’institution en place ou non. Comme le dit Alain Badiou, il ne tranche pas son discours en omettant de déclarer que premièrement nous sommes en oligarchie, mot qu’il n’emploie jamais lorsqu’on l’écoute.

      Je retiens l’idée qu’il resouligne tout à la fin de l’interview, en disant que la démocratie n’est pas une théorie ou un produit qu’on peut vendre ou exporter clé en main, comme le font les pays riches occidentaux, mais une #expérimentation (au sens de l’arnarchisme, si j’ai compris).

      Dans l’expérimentation en question, j’aurais aimé qu’il insiste davantage sur les formes égalitaires et autogestionnaires d’expérimentation. Qu’il parle concrètement des possibilités de mettre en oeuvre cette égalité politique, qui à mon avis est la ligne de rupture entre faux_démocrates (les professionnels de la politiques, les appareils politiques, les intellectuels au service du pouvoir, etc) et vrais_démocrates (ceux qui dénoncent cette oligarchie).

      PS : expérimentation —> expérience

    • Ce « réformisme » là n’est que l’autre nom de la contre révolution. Ce type est l’un innombrables dirigeants CFDT sur lesquels a pu compter le socialisme français dès son arrivée au pouvoir en 1981 pour mater la société.

      Enquête sur la Fondation Saint-Simon
      Les architectes du social-libéralisme, par Vincent Laurent, septembre 1998, aperçu car #paywall
      https://www.monde-diplomatique.fr/1998/09/LAURENT/4054

      « Menaces de dépression. » Pour la première fois, le « Financial Times » a reconnu les risques qui pèsent désormais sur la planète. Les plans de sauvetage massifs du FMI sont incapables de colmater les brèches (lire « La crise menace les digues de l’économie mondiale »). Les marchés européens et nord-américains pourraient être frappés à leur tour, ce qui menacerait la #croissance qui s’amorce. Pour les dirigeants de la gauche française, qui tablent sur cette dernière, les lendemains risquent d’être difficiles. Sont-ils prêts pour une nouvelle donne ? Il leur faudra d’abord se dégager des dogmes qui fondent l’action des gouvernants. Ces évidences ont été nourries par des « boîtes à idées » publiques et privées, comme la Fondation Saint-Simon, servant de pont entre droite et gauche. Des gouvernements #socialistes peuvent, par exemple, #privatiser avec autant d’entrain que des équipes conservatrices. Lorsque les responsables reprennent les idées développées par ces fondations, ils expliquent qu’elles ont pour auteurs des « #experts ». Combien de temps ces « vérités » résisteront-elles à la pression de la réalité sociale ?

      Dans le sixième arrondissement de Paris, la Fondation Saint-Simon occupe un espace d’une centaine de mètres carrés au rez-de- chaussée d’un immeuble cossu situé au 91 bis de la rue du Cherche-Midi. Cette association loi 1901 (en dépit de ce que peut laisser penser son nom) a vu le jour en décembre 1982 dans l’un des salons de l’hôtel Lutétia, sous l’impulsion de François Furet et de MM. Pierre Rosanvallon, Alain Minc, Emmanuel Le Roy-Ladurie, Pierre Nora, Simon Nora et Roger Fauroux. Ce dernier raconte : « Nous avons pensé qu’il fallait que le monde de l’#entreprise et celui de l’Université se rencontrent. (...) Nous sommes rapidement arrivés à la conclusion que ces rencontres ne pouvaient être fécondes et durables que si nous avions des actions concrètes à mener, ce qui exigeait un cadre juridique et de l’argent. Alors nous avons cherché des adhérents, d’où un aspect club. Chacun a rassemblé ses amis. François Furet et Pierre Rosanvallon dans l’Université, Alain Minc et moi dans le monde de l’entreprise. »

      Ces confrontations auraient eu pour objet de surmonter « l’indifférence, l’incompréhension et même la défiance » entre ces deux planètes (Université, entreprise) et de favoriser « une fertilisation croisée », assise sur des « besoins » réciproques. Président de Saint-Gobain, M. Roger Fauroux avait, avant d’implanter une usine de verre en Iran, vérifié les ressources du pays en hydrocarbures, mais omis de prendre en compte l’influence chiite à la veille de la révolution islamique. Tirant les leçons d’une telle expérience, il souligne le « besoin de sciences sociales » que ressentiraient des chefsd’entreprise.

      Or, de leur côté, des intellectuels souhaitaient eux aussi, selon lui, ne pas se cantonner à la sphère spéculative et sortir de « leur tour d’ivoire, où n’arrivaient de l’#économie que les échos des catastrophes sociales ». Traduction immédiate : François Furet et Pierre Rosanvallon participèrent aux conseils d’administration de filiales de Saint-Gobain...

      La Fondation Saint-Simon
      http://www.fondation-copernic.org/spip.php?article106

      La Fondation Saint-Simon a été fondée en décembre 1982, sous l’impulsion de François Furet et Roger Fauroux (co-présidents), Pierre Rosanvallon (secrétaire général), Alain Minc (trésorier), Emmanuel Le Roy-Ladurie, Pierre Nora, Simon Nora, bientôt suivis par Jean-Claude Casanova, Jean Peyrelevade et Yves Sabouret (administrateurs). Il s’agissait de « développer l’analyse du monde contemporain », comme le Club Jean Moulin l’avait fait en son temps. Roger Fauroux se souvient de ces débuts dans Le Débat (1986, n°40) : « Nous avons pensé qu’il fallait que le monde de l’entreprise et celui de l’Université se rencontrent. [...] Nous sommes rapidement arrivés à la conclusion que ces rencontres ne pouvaient être fécondes et durables que si nous avions des actions concrètes à mener, ce qui exigeait un cadre juridique et de l’argent. Alors nous avons cherché des adhérents, d’où un aspect club. Chacun a rassemblé ses amis. François Furet et Pierre Rosanvallon dans l’Université, Alain Minc et moi dans le monde de l’entreprise . » Alain Minc, reformulant la rhétorique aronienne, parle d’une alliance entre « la gauche intelligente et la droite intelligente » (Les Echos, 4-5 avril 1997).

      Pendant 17 ans, la Fondation va rassembler l’élite dirigeante française. Aux côtés de François Furet, on trouve donc Roger Fauroux (énarque et inspecteur des finances, successivement président de Saint Gobain, directeur de l’ENA, ministre de l’industrie dans le gouvernement de Michel Rocard de 1988 à 1991), Pierre Rosanvallon (ancien conseiller d’Edmond Maire, devenu directeur de l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, directeur du Centre de recherches politiques Raymond Aron, professeur au Collège de France), Alain Minc (passé par Saint-Gobain et l’italien Benedetti, conseiller économique d’Edouard Balladur, par qui il est nommé au conseil d’administration d’Air France, avant de se rallier à Lionel Jospin, administrateur d’Yves Saint Laurent, consultant auprès de plusieurs grands chefs d’entreprises, dont François Pinault, président du conseil de surveillance du Monde et président de la société des lecteurs), Simon Nora (grand commis de l’Etat, l’un des fondateurs de L’Express puis du Point, alors directeur de l’ENA, qui rejoindra la banque d’investissement américaine Shearson Lehman Brothers en 1986). Les saint-simoniens sont des philosophes (Alain Finkielkraut, Edgar Morin, Luc Ferry), des éditeurs (Pierre Nora des éditions Gallimard, Yves Sabouret d’Hachette), mais surtout des journalistes (Françoise Giroud de L’Express, Jean Daniel, Jacques Julliard et Laurent Joffrin du Nouvel observateur, Franz-Olivier Giesbert du Figaro, Serge July de Libération, Jean-Marie Colombani du Monde, Albert du Roy de L’Evénement du Jeudi, Jean Boissonat de L’Expansion, Alain Duhamel), des journalistes de télévision (Anne Sinclair, Christine Ockrent, Jean-Pierre Elkabbach, Michèle Cotta), des patrons de presse (Jacques Rigaud, président de la CLT (RTL), membre du conseil de surveillance de Bayard-Presse (La Croix), Marc Ladreit de Lacharrière, président de Fimalac, vice-président de L’Oréal, qui contrôle la SOFRES et diverses publications (Le Spectacle du Monde, Valeurs actuelles...), également vice-président de la Fondation Agir Contre l’Exclusion de Martine Aubry), des hauts fonctionnaires (Pierre-Yves Cossé, commissaire général au Plan), des patrons d’entreprise (Jean-Luc Lagardère, président du groupe Matra-Hachette, Antoine Riboud, président de Danone, Jean-Louis Beffa, président de Saint-Gobain, ancien vice-président de la Compagnie Générale des Eaux, Maurice Lévy, PDG de Publicis), des banquiers (Jean-Claude Trichet, gouverneur de la banque de France, Michel Albert, membre du conseil de la politique monétaire de la Banque de France, Jean Peyrelevade président du Crédit Lyonnais, René Thomas, président de la BNP), et des politiques (Martine Aubry, Robert Badinter, Jean-Paul Huchon, Bernard Kouchner), dont certains venus de l’entreprise (Francis Mer, directeur général d’Usinor-Sacilor, Christian Blanc, président d’Air France) ou allés à elle (Philippe Pontet, conseiller ministériel auprès de Valéry Giscard d’’Estaing).
      Au nombre des contributeurs de la Fondation, on compte la Caisse des dépôts, Suez, Publicis, la Sema, le Crédit local de France, la banque Worms, Saint-Gobain, BSN Gervais-Danone, MK2 Productions, Cap Gemini Sogeti, Saint- Gobain... La Fondation Olin verse à elle seule quelque 470 000 dollars à François Furet, enseignant à l’université de Chicago depuis 1985, au titre de son programme d’étude des révolutions américaine et française, à l’époque de leur bicentenaire . Environ 100 membres cooptés participent à des rencontres régulières à huis clos. C’est rue du Cherche-Midi que se tient le déjeuner-débat mensuel organisé autour de l’exposé d’un des membres ou d’un invité. Helmut Schmidt et Raymond Barre, Mgr Lustiger, Robert Badinter, Jacques Chirac, Edmond Maire, Michel Rocard, Laurent Fabius, Valéry Giscard d’Estaing... se sont succédé au siège de la Fondation. La quasi-totalité des premiers ministres français y ont commenté leur politique. Un cercle plus large de 500 personnes participe sur demande à des séminaires interdisciplinaires, tandis qu’un public plus vaste reçoit une note de synthèse mensuelle. L’activité principale de la Fondation regarde la réunion de groupes de réflexion traitant des questions économiques, sociales ou internationales. Les travaux sont édités sous forme d’ouvrages ou de notes. Ces travaux s’adressent surtout à des hommes politiques, chefs d’entreprise, cadres supérieurs, hauts fonctionnaires, ainsi qu’à quelques intellectuels et à un nombre croissant de journalistes, économiques notamment. Certains de ces textes sont parfois publiés à l’extérieur, dans Le Nouvel Observateur, Esprit, Le Débat, Politique internationale, etc. La Fondation diffuse aussi des livres : elle dirige la collection « Liberté de l’esprit », aux éditions Calmann-Lévy.
      La Fondation Saint-Simon s’est dissoute en 1999. Selon Pierre Rosanvallon, elle avait « accompli sa mission ». Le bilan de la Fondation Saint-Simon a été salué de tous côtés : « Elle a œuvré à une véritable mutation du débat socio-politique en France », déclarait Denis Segrestin, professeur de sociologie et directeur du Cristo.
      La canonisation libérale de Tocqueville (Encadré 17, Chapitre 3), Claire Le Strat et Willy Pelletier, Syllepse, 2006.

      Parenthèse d’actu, si souvent oubliée : Aubry en a « ralbol de Macron » lit on dans le journal. Elle fut pour sa part non pas banquière mais pédégére dune des plus grosses boites française, ex bras droit de Jean Gandois, ex président du CNPF (ancêtre du Medef) à la direction de Péchiney.

    • Une recherche sur Wikipédia sur Pierre Nora, cofondateur avec Pierre Rosanvallon de la Fondation Saint Simon, et notamment ayant un certain pouvoir et un certain rôle dans le monde de l’édition :

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Nora#Critiques_et_controverses

      Le pouvoir certain de Pierre Nora dans le monde de l’édition française l’a exposé à des critiques. Ainsi, il refuse en 1997 de faire traduire l’ouvrage d’Eric Hobsbawm The Age of Extremes (1994), en raison de l’« attachement à la cause révolutionnaire » de son auteur.

    • you’re welcome. une chose étrange est le peu de consistance de ce que dit Badiou face à ce gars (Rosanvallon est depuis longtemps membre du #Siècle), comme si il voulait croire que les derniers entrechats de Rosanvallon sur la scène intellectuelle (démocratie bla bla bla) constituait une amorce de retour critique... c’est pourquoi j’ai posé de maigres références pour situer rapido la #fondation_Saint_Simon, dont le rôle dans la glorification socialiste de l’entreprise « seule productrice de richesse » (comme il fut dit autrefois du travail...) et « coeur de la société », dès les années 80, préparait la « #refondation_sociale_patronale » qui donna lieu à la création du Medef à la fin des années 90.

      Dès l’orée des années 80, le P.S est l’ardent promoteur colberto-saint simonien des intérêts de la grand industrie (précarisation de l’emploi ++ et licenciements massifs), tout en faisant l’apologie de l’entrepreneur « individuel » (Tapie nommé ministre...) comme forme de vie exemplaire, à reproduire par chaque un.

      #domination ; succès de la #lutte_de_classe (la leur)

    • Finalement, est-il possible de prendre partie pour la démocratie au sens ethymologique et grecque du terme, lorsqu’on appartient à des clubs privés qui maintiennent en place l’#oligarchie ? En effet le nombres de publications et de conférences sur le thème de l’#égalité ("La société des égaux" par exemple) de Pierre Rosanvallon pousse à penser qu’il est défenseur et promoteur de la démocratie, et que ses recherches vont dans ce sens. Mais avec un doute qui peut émerger en arrière fond.

      Lorsqu’on le présente dans les médias, ce qui est drôle c’est qu’on ne restitue pas son parcours académique, le fait qu’il fait partie des universitaires qui se sont rapprochés de l’oligarchie ou de la #synarchie.

      cc @colporteur

      PS : mais la question à se poser est « à qui ses recherches s’adressent véritablement ; quel sont les destinataires du message ? », et la réponse est certainement l’élite et l’oligarchie.

    • Un complément d’info qui répond à sa façon à la question à qui s’adresse cet « expert » (et bien d’autres), à nous tous pour nous coloniser le temps de cerveau disponible et corrompre la réflexion.
      Pierre Rosanvallon, un évangéliste du marché omniprésent dans les médias, Acrimed
      http://www.acrimed.org/Pierre-Rosanvallon-un-evangeliste-du-marche-omnipresent-dans-les-medias

      État, experts, média, telle est la multitudinaire sainte trinité du dieu économie, ou si on préfère, de la #politique_du_capital.

  • L’oligarchie sarkozyste bientôt orpheline ? | Ivan du Roy (Basta !)
    http://www.bastamag.net/article2358.html

    Pour le président candidat, ils incarnent le mérite, l’effort et la réussite patrimoniale. « Ils », ce sont ses proches amis du monde des affaires, son réseau d’investisseurs, de PDG et de grandes fortunes : Les Bernard Arnault, Vincent Bolloré, Martin Bouygues, Jean-Luc Lagardère et consorts. Cette « France du travail » qui « n’a pas à s’excuser pour son patrimoine », selon les mots du Président. Retour sur une oligarchie financière placée au cœur du quinquennat qui s’achève. (...) Source : Basta !