person:jean-marie guyau

  • Thierry Paquot : « La lenteur est aussi une vitesse » (L’An 02)
    http://www.lan02.org/2012/03/la-lenteur-est-aussi-une-vitesse

    Il faut préciser que le « temps », philosophiquement parlant, ne fait l’objet d’analyses spécifiques qu’avec Jean-Marie Guyau, Henri Bersgon, Gaston Bachelard et surtout Martin Heidegger, qui avec, Sein und Zeit (1927) révolutionne fondamentalement la manière de le penser. C’est chacun d’entre nous qui présentifie le temps en lui donnant un contenu, en le transformant de temps « présent », « disponible » en un « temps pour ». Si l’être humain est un « être jeté pour la mort », c’est-à-dire que dès sa naissance le compte à rebours est déclenché et que l’issue fatale ne peut être ignorée, son destin est alors marqué par les manières dont il va « habiter le temps », pour reprendre le titre d’un remarquable essai de Jean Chesneaux. Selon les cultures, les religions, les modes de vie, l’appréciation du temps, sa mesure, ses représentations sont différentes, ce dont l’écologie temporelle à construire doit tenir compte. C’est du reste cette diversité des rythmes et des temporalités qui assure à l’humanité sa richesse. Source : L’An 02

  • Anarlivres
    http://anarlivres.free.fr/pages/nouveau.html#haut
    http://anarlivres.free.fr/illustrations/illust_nouveau/moraleGuyau.gif

    Si l’étude de Jean-Marie Guyau est connue et appréciée depuis longtemps dans les milieux libertaires, l’intérêt et la richesse de cette récente réédition par Payot d’Esquisse d’une morale sans obligation ni sanction (coll. Critique de la politique, 336 p., 23,49 euros) se situent essentiellent dans les textes qui l’accompagnent. Tout d’abord Jordi Riba retrace la courte vie (1854-1888) du talentueux et précoce philosophe, puis analyse ce que la pensée de Guyau a d’original, de rationaliste et d’antiautoritaire. En postface, il conclut en s’interrogeant sur les similitudes et les différences de conception avec Nietzsche et Kropotkine, ses deux illustres commentateurs. Les jugements de ceux-ci sont d’ailleurs livrés à la suite de l’Esquisse, avec les annotations du philosophe allemand sur son propre exemplaire et la retranscription du chapitre XIII de L’Ethique que le penseur anarchiste consacre à Guyau. Il « voulait, d’une part, débarrasser la morale de toute prescription mystique et surnaturelle d’une divinité, de toute contrainte extérieure, de tout devoir imposé du dehors ; d’autre part, il voulait écarter du domaine moral l’intérêt personnel matériel et l’aspiration au bonheur, sur lesquels était fondée la morale des utilitaristes ». C’est sans doute ce dernier point qui dérange fortement le philosophe « libertaire » Michel Onfray dont Louis Janover s’amuse à démonter la mécanique de dénigrement de Guyau en vue de réhabiliter Nietzsche, dans La Construction du surhomme (Grasset, 2011). L’auteur de la « Note polémique » reproche au « grand inquisiteur » ses incohérences, contradictions et amalgames, le conduisant même à faire de Guyau un précurseur du régime de Vichy. Extrêmement réjouissant ! Est-ce à dire que sa pensée n’est pas critiquable ? Certes non, et lui-même en convient tout en déclarant : « Encore faut-il que les critiques méritent Guyau. »