person:jean-marie

  • C’est à Nabi Saleh que j’ai abandonné le sionisme
    Lisa Goldman | Publié le 24/12/2017 sur +972 | Traduction : Jean-Marie Flémal
    http://www.pourlapalestine.be/cest-a-nabi-saleh-que-jai-abandonne-le-sionisme

    (...) J’ai vu des soldats attraper des enfants qui pleuraient et les traîner vers des véhicules militaires tout en repoussant violemment leurs mères qui hurlaient.

    J’ai vu des soldats attraper une jeune femme par les bras et la traîner comme un sac de patates sur plusieurs mètres le long d’une route à l’asphalte si chaud qu’il faisait fondre les semelles en caoutchouc de mes chaussures de jogging, avant de la jeter dans un véhicule militaire qui a démarré aussitôt.

    J’ai eu les chevilles meurtries à en devenir noires quand un agent de la sécurité m’a regardé droit dans les yeux et m’a balancé une grenade assourdissante dans les jambes.

    Régulièrement, les snipers de l’armée israélienne tirent aussi bien à balles réelles qu’à balles enrobées de caoutchouc sur les manifestants sans armes de Nabi Saleh. Ils font irruption dans les maisons et en sortent les habitants pour les arrêter ensuite sous le prétexte qu’ils ont permis aux manifestants de se cacher dans leur jardin.

    Et, quand je rentre à Tel-Aviv, mes amis m’affirment que je ne puis avoir vu ce que j’ai vu, puisque « nos soldats » ne se conduisent pas de la sorte. Il m’a fallu sans tarder prendre mes distances vis-à-vis de ces amis, afin de garder mes émotions sous contrôle.(...)

  • Entretien d’Anselm Jappe avec Jean-Marie Harribey
    http://www.palim-psao.fr/2017/12/fetichisme-et-dynamique-autodestructrice-du-capitalisme-entretien-d-ansel

    On a parfois l’impression que de nombreuses discussions – dans tous les champs et tous les milieux - tournent finalement autour des mots et se réduisent largement au fait que les participants associent des sens très différents aux mêmes mots. Cependant, on se tromperait si on disait alors que les divergences ne sont que sémantiques et qu’au fond ceux qui s’opposent dans les débats sont plus proches qu’ils ne croient. Certains se réjouiraient de pouvoir dissoudre ainsi la réalité dans les discours. Mais ils se trompent, parce qu’en vérité, les différences sémantiques couvrent souvent des différences bien « essentielles ».

    Il en est ainsi pour un mot parmi les plus répandus au monde, et le plus chargé de signification : « travail ». On aurait eu le plus grand mal pour expliquer ce mot, dans le sens où nous l’employons, à – je ne dis pas à un Indien d’une tribu amazonienne – mais simplement à Cicéron ou à Thomas d’Aquin. Mais, depuis les quelques siècles – un demi-millénaire au plus, dans plusieurs régions du monde – que dure maintenant la société de travail, ce concept s’est si profondément ancré dans nos têtes, qu’il semble impossible de ne pas l’utiliser. On accepte alors de discuter de ses mille formes particulières, mais en nier l’existence transhistorique semble tout aussi insensé que nier la nécessité universelle de respirer.

    #Anselm_Jappe #Jean-Marie_Harribey #économie #philosophie #travail #critique_de_la_valeur #wertkritik

  • Réformes de l’administration et contrôle des administrés : le cas du chômage | Jean-Marie Pillon, Cairn.info
    https://www.cairn.info/revue-informations-sociales-2013-4-page-116.htm?1=1&DocId=301871&hits=3439+3

    L’esprit gestionnaire et le contrôle des demandeurs d’emploi découlent d’une approche économique utilitariste : des incitations et des sanctions appropriées doivent permettre d’orienter les comportements des individus dans la direction souhaitée par le politique. Les démarches des demandeurs d’emploi sont supervisées pour resserrer les contraintes et les ressources qui encadrent leurs recherches d’emploi. De la même manière, les objectifs de productivité fixés à l’ANPE, puis à Pôle emploi, ont pour but d’encadrer les décisions prises par les agents. Or, cet encadrement des agents est fondé sur la notion de chômage « frictionnel ». Cette approche implique que les chômeurs persistants sont responsables de leur sort et doivent faire l’objet d’un suivi plus serré. On constate ainsi un processus d’autorenforcement, entre, d’un côté, l’expansion du phénomène gestionnaire et, de l’autre, l’injonction au contrôle des chômeurs. Ce processus reste cependant de l’ordre de la prescription. Il ne présage en rien de sa mise en œuvre effective. Les contraintes qui président à l’organisation concrète du contrôle rendent particulièrement difficile l’application de ce programme. Le développement du contrôle des chômeurs achoppe sur les difficultés organisationnelles de sa mise en œuvre et sur la difficulté à convaincre des conseillers en charge du suivi des demandeurs d’emploi d’avoir recours aux sanctions. (...)

    L’activité de contrôle de la recherche d’emploi est difficile à encadrer. Au sein de Pôle emploi, le contrôle de la recherche d’emploi fait figure de « sale boulot » (Hughes, 1997), dévalorisé par les agents, ce qui complique l’application des obligations légales. Cette activité, effectuée auparavant par les agents des Assedic, est mise à distance par les agents issus de l’ANPE et pourtant, ce sont eux qui doivent l’assurer. Pour ces conseillers, il est plus utile de garder en suivi une personne qui pourrait être soupçonnée de fraude que de la radier. En effet, munis de telles informations, ils peuvent convaincre, inciter, voire contraindre un demandeur d’emploi à effectuer telle ou telle démarche sous peine de radiation. Ce n’est que lorsque le demandeur d’emploi ne joue pas le jeu du conseiller que cette sanction devient une option réelle.
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    Cela ne signifie pas pour autant que les sanctions n’existent pas. Les conseillers chargent d’autres acteurs d’en assumer les conséquences. La responsabilité de la sanction est d’abord confiée à la hiérarchie : les individus suspectés de fraude sont signalés au directeur d’agence, qui est légalement en mesure de saisir les services déconcentrés du ministère du Travail. L’encadrement dispose de peu de temps pour traiter ces dossiers et pour siéger dans les commissions de recours. Les conseillers se reposent donc, le plus souvent, sur l’automaticité des outils techniques : lorsqu’un demandeur d’emploi n’est pas présent à un entretien, une lettre d’avertissement avant radiation est adressée automatiquement. Les conseillers testent la motivation des demandeurs d’emploi en les convoquant souvent. Cette charge supplémentaire a pour but d’opérer une sélection entre les rétifs et les volontaires motivés. Si l’individu ne suit pas le rythme, l’absence suite à une convocation aura tôt ou tard pour effet automatique de conduire à la radiation du demandeur sans intervention de l’agent lui-même. Cependant, du fait du manque de temps dévolu à la réception des chômeurs, ces convocations « tests » concernent le plus souvent des « ateliers », qui sont effectués par des prestataires extérieurs. Il s’agit pour la plupart de courtes formations concernant les outils et les méthodes de la recherche d’emploi (construire un CV, effectuer des candidatures spontanées, mobiliser son réseau, créer une entreprise, etc.). L’absence à ces formations ne conduit pas automatiquement à une radiation. La liste des présents est en effet transmise par le prestataire à l’agence Pôle emploi. Un conseiller relève la liste des présents tout en évaluant la légitimité des motifs d’absence. Par cet intermédiaire, il est amené à faire preuve de mansuétude à l’égard des personnes qui se sont pourtant mises en faute. Comme l’expliquent les conseillers, il n’est pas toujours nécessaire d’appliquer la réglementation à la lettre. La sanction est avant tout morale. L’enjeu du signalement des absences est de rappeler aux demandeurs d’emploi qu’ils prennent la place d’autres personnes en attente d’accompagnement. Les conséquences des sanctions sont pesées notamment du point de vue des répercussions financières qu’elles pourraient avoir, puisque les demandeurs d’emploi confondus sont contraints de rembourser les allocations qu’ils ont perçues. Cette mansuétude apparaît, alors, beaucoup plus proche de la culture professionnelle des agents de Pôle emploi : venir en aide aux personnes qui connaissent des difficultés sur le marché du travail.
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    L’injonction à se conformer aux attentes de l’institution peut être plus explicite. L’information sur les « devoirs » que les demandeurs d’emploi reçoivent lors des entretiens est donnée bien plus souvent sur un mode pragmatique que moraliste. Le fonctionnement bureaucratique et les attentes de l’institution quant à l’attitude du demandeur d’emploi lui sont présentés afin qu’il apprenne à présenter ses requêtes dans le langage et les codes requis. L’enjeu de ce travail pédagogique est de réduire le temps perdu par les agents à réorienter les dossiers et reformuler des demandes. Ce dernier point est très lié à la contrainte gestionnaire qui pèse sur les plannings. En effet, la diffusion du management par objectifs dans un contexte d’augmentation de la charge de travail a rendu l’intervention des conseillers plus rare. Ces derniers ont donc le souci d’optimiser leurs interventions. C’est la raison pour laquelle ils sont aujourd’hui amenés à faire de la pédagogie, pour s’assurer du fait que le demandeur d’emploi ne reviendra pas encombrer à nouveau la file d’attente.
    Un contrôle paradoxal

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    Du fait des recompositions organisationnelles et professionnelles internes au sein de Pôle emploi, le nombre de chômeurs qui sont radiés des listes augmente moins vite que la courbe du chômage. En revanche, les personnes qui sont confondues pour fraudes sont plus sévèrement punies qu’auparavant. Dans le contexte administratif et économique actuel, la politique de contrôle des demandeurs d’emploi ne repose pas seulement sur un fondement légal mais aussi sur un fondement organisationnel. Éradiquer totalement la fraude aurait un coût exponentiel et serait sans doute irréalisable. Les économies budgétaires supposent, donc, de se concentrer sur des formes de contrôle légères (techniquement opérationnelles) ou sur l’investigation d’un nombre de cas limités, ceux qui ont le plus de chances d’aboutir (par la saisine des directions départementales du travail).
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    Bien plus sûrement, le contrôle des chômeurs s’effectue sur le mode de la négociation. Les conseillers cherchent à enrôler les bénéficiaires plutôt qu’à les forcer à agir. L’enjeu est que ceux-ci s’approprient, ou du moins qu’ils acceptent formellement, les orientations morales des dispositifs actuels. Les modes contemporains d’évaluation de l’action publique, notamment par le biais des indicateurs de productivité, conduisent les agents à convaincre les chômeurs d’apparaître « actifs » du point de vue des systèmes d’information.

    #chômeurs #contrôle

  • Quelques nouvelles « du coin » :

    Rennes : deux adolescents vandalisent leur collège, des milliers d’euros de dégâts - Le Parisien
    http://www.leparisien.fr/faits-divers/rennes-deux-adolescents-vandalisent-leur-college-des-milliers-d-euros-de-

    Deux collégiens de 13 et 14 ans ont saccagé leur établissement scolaire en pleine nuit.

    Ils avaient décidé de fêter les vacances en saccageant leur collège. Dans la nuit de vendredi à samedi, vers 1 h du matin, ils ont été surpris par des policiers de la Bac en plein acte de vandalisme dans des salles de leur établissement, à Rennes (Ille-et-Vilaine). Les dégâts se chiffrent en milliers d’euros.

    Joyeux Noël (en garde-à-vue) les #rageux

    #Rage_against_the_machine

    Le Parisien (278 annonces de pub bloquées par adblock+ le temps de la consultation de cette page) reste prudent sur l’évaluation des dégats (plusieurs milliers d’€) pendant que son confrère, la voix du « Saint-Empire-d’Occident » avance fièrement la somme de 20 000 €.

    http://www.courrierdelouest.fr/actualite/parthenay-lhopital-nopere-plus-23-12-2017-344499

    Les opérations à Parthenay, c’est terminé. Au centre hospitalier, le déménagement est en cours depuis quelques jours. D’ici le 31 décembre, il sera acté et, avec lui, la fermeture du bloc opératoire.

    #déménagement (des services publics)

    http://www.hautanjou.com/actualite-11343-a-grez-neuville-les-plaisanciers-ont-peur-se-retrouver-a-

    Jean-Marie Marthy et Agnès Nicoleau vivent depuis deux ans et demi sur leur bateau, amarré dans le port de plaisance de Grez-Neuville. Problème : la municipalité ne veut plus voir de bateaux habités dans ce port. Le couple devra donc partir en début d’année. Ils vivent cette situation comme une expulsion.

    et donc #déménagement (des « gens-pas-comme-il-faut » ...)

  • Floating States 2018 by Ulysses Belz, painter and printmaker

    http://www.ulysses-belz.de

    Ulysse Belz est un peintre allemand qui vit maintnant à Majorque. Je l’ai rencontré il y a quelques années, aujourd’hui il peint ds cartes dans le ciel avec des nuages...

    Ulysses Belz
    Painter and printmaker

    Floating States 2018

    #Ulysses_Belz was born in Mainz / Germany on 12 of March 1958.

    After school he starts an apprenticeship as a restorator of books at the “Werkstatt Schoy” in Essen and finishes with a diploma in fine bookbinding in 1979.

    In 1980 he is admitted at the Ecole des Beaux-Arts in Paris where he studies until 1984 in the classes of Jean-Marie Granier and Pierre Courtin. Leaving Paris in 1984, he opens a gallery in the old center of Athens, in the Street of the Tripods (Odos Tripodon 18) where he works from 1984 to 1989. The Goethe-Institute Athens shows his work in a first solo exhibition in 1987. After returning to Germany, first solo exhibition at Gallery Gres, Frankfurt 1980, followed by various exhibitions in Frankfurt and Berlin.

    #art #cartographie

  • L’armée israélienne lui a d’abord pris les jambes, ensuite, la vie Gideon Levy | Publié le 15/12/2017 sur Haaretz | Traduction : Jean-Marie Flémal
    http://www.pourlapalestine.be/larmee-israelienne-lui-a-dabord-pris-les-jambes-ensuite-la-vie-gideo

    Ce vendredi, un sniper a abattu et tué Ibrahim Abu Thuraya, un double amputé de Gaza, au moment où, dans sa chaise roulante, il protestait à proximité de la frontière israélienne.

    Le sniper israélien ne pouvait viser la partie inférieure du corps de sa victime – elle était absente, chez Ibrahim Abu Thuraya. L’homme de 29 ans, qui travaillait comme laveur de voitures et qui vivait dans le camp de réfugiés de Shati, à Gaza-ville, avait perdu les deux jambes à hauteur des hanches lors d’une frappe aérienne israélienne de l’opération « Plomb durci », en 2008. Il se déplaçait en chaise roulante. Vendredi, l’armée à achevé son travail : un sniper l’a visé à la tête et l’a tué(...)

    traduction de l’article signalé par @kassem : https://seenthis.net/messages/652756

  • « Pays tiers sûr » : le gouvernement renonce à la pire mesure de son projet de loi
    https://www.mediapart.fr/journal/france/201217/pays-tiers-sur-le-gouvernement-renonce-la-pire-mesure-de-son-projet-de-loi

    Mobilisation à Menton, à la frontière franco-italienne, le 16 écembre 2017. © Reuters La mobilisation des acteurs de la solidarité porte ses fruits : le ministère de l’intérieur fait machine arrière en renonçant à intégrer dans son projet de loi concernant les étrangers une mesure qui aurait constitué un reniement du droit d’asile tel qu’il a été construit après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Des députés LREM ont également critiqué une telle mesure voulue par le ministre #Gérard_Collomb..

    #France #asile #réfugiés

    • Les montagnards des Alpes, venus au secours des #migrants traversant la frontière franco-italienne, ont eu raison de l’une des mesures les plus iniques du projet de loi sur l’asile et l’immigration en préparation au ministère de l’intérieur. Symboliquement en tout cas. Mercredi 20 décembre, les services de Gérard Collomb ont fait savoir, selon l’AFP et RTL, qu’ils renonçaient à introduire dans le droit français la notion de « pays tiers sûr » figurant dans l’avant-projet de loi qui avait fuité cet automne dans la presse (lire notre article). Or cette annonce intervient après le début de la mobilisation massive du monde associatif en vue de l’organisation d’états généraux, dont la première étape a eu lieu le week-end dernier à Briançon et à Névache dans les Hautes-Alpes (lire notre article), ainsi qu’à Menton dans les Alpes-Maritimes.

      Cette notion, hautement problématique, aurait autorisé l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) à considérer comme « irrecevables » les demandes d’asile de personnes ayant transité, avant d’arriver en France, dans un « pays tiers sûr », c’est-à-dire un pays hors de l’Union européenne supposé garantir les droits de l’homme.Potentiellement la quasi-totalité des demandeurs d’asile entrés sur le territoire par voie de terre auraient pu être concernés. Car la plupart des pays voisins de l’Union européenne se targuent, à tort ou à raison, de prendre en charge les demandes de protection internationale qui leur sont adressées. C’est à ce titre, par exemple, que la Grèce renvoie en Turquie des demandeurs d’asile originaires de Syrie ou d’Afghanistan.

      Le concept de « pays tiers sûr » constitue un reniement du droit d’asile. Il met en effet en cause l’un des principes fondamentaux inscrits dans la Convention de Genève de 1951, selon lequel chaque demandeur d’asile a le droit de voir sa situation personnelle examinée dans le pays où il sollicite une protection.
      En France, il contrevient au préambule de la Constitution qui affirme que « tout homme persécuté en raison de son action en faveur de la liberté a droit d’asile sur les territoires de la République ». Le droit d’asile y a été consacré par le Conseil constitutionnel dans une décision du 13 août 1993 qui établit que « l’étranger qui se réclame de ce droit [doit être] autorisé à demeurer provisoirement sur le territoire jusqu’à ce qu’il ait été statué sur sa demande » (lire nos explications détaillées ici et là).

      L’introduction de ce concept dans la loi aurait permis que des personnes en quête d’asile soient expulsées hors de France sans que leur demande n’ait été examinée. Plutôt que de les interroger sur les violences politiques ayant provoqué leur exil, plutôt que de chercher à évaluer la crédibilité de leur témoignage, plutôt que de rassembler les indices attestant leur persécution, leur sort aurait été tranché en fonction de la route qu’elles auraient empruntée. Au lieu de se demander si elles étaient en danger dans leur pays d’origine, les officiers de l’asile auraient dû chercher à retracer leur parcours pour savoir si, au cours des milliers de kilomètres parcourus pour fuir leur pays, elles avaient traversé un pays dans lequel elles pourraient vivre en sécurité.

      Cette réflexion a lieu également à l’échelon européen puisque la Commission européenne travaille à un règlement d’application direct allant dans ce sens. Le directeur général de l’Ofpra, Pascal Brice, a plusieurs fois eu l’occasion d’affirmer qu’il jugeait une telle évolution dangereuse pour l’asile.

      Si les montagnards ont fait plier le gouvernement, c’est parce qu’ils ont réussi à semer le doute dans la majorité présidentielle. Lors des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale le 19 décembre, la députée LREM Sonia Krimi a ainsi exprimé son inquiétude sur la politique d’accueil menée par Gérard Collomb. Lors de la réunion du groupe, plusieurs élus macronistes ont fait entendre leur désapprobation à l’égard des orientations actuelles. Ce mercredi matin sur Europe 1, Sacha Houlié, député LREM, vice-président du Palais-Bourbon, a devancé le ministre de l’intérieur en annonçant que la notion de « pays tiers sûr » ne figurerait pas dans le projet de loi, qui doit être examiné au Parlement au cours du premier semestre 2018, ce qu’a confirmé ensuite la place Beauvau.

      Lors de son entretien live à Mediapart, le premier ministre Édouard Philippe avait d’ailleurs affirmé « réserver sa réponse » sur ce sujet sensible (voir la vidéo). Outre la fronde organisée par les associations susceptibles de convaincre une partie grandissante de l’opinion publique, les difficultés juridiques, et notamment le caractère anticonstitutionnel de la mesure , ont dû contribuer à la volte-face du gouvernement.

      Il n’en reste pas moins que le ministère de l’intérieur enchaîne les circulaires répressives, la dernière en date mettant à mal l’accueil inconditionnel dans les centres d’hébergement d’urgence (lire notre article). Le projet de loi quant à lui est encore truffé de mesures sécuritaires, comme celle visant à doubler la durée autorisée d’enfermement des étrangers dans les centres de rétention . La question qui se pose est de savoir si le gouvernement a pris conscience qu’il allait trop loin ou s’il fait cette concession pour mieux imposer le reste. Et s’il est prêt à assumer sa décision à Bruxelles, où les négociations sont en cours pour rendre applicable à l’ensemble des pays de l’Union européenne cette notion de « pays tiers sûr ».

      #anticonstitutionnel

    • Le concept de #pays_sûr a été une « invention suisse » apparemment (je dois encore approfondir ce point pour être sure de sa genèse) :
      https://seenthis.net/recherche?recherche=%23pays_s%C3%BBr+%23mod%C3%A8le_suisse
      C’est effectivement un moyen pour renvoyer plus facilement et rapidement des migrants dont leur arrivée et demande d’asile est considérée illégitime, car s’agissant de personnes venant de pays sûr (donc... pas de problème possible au niveau individuel, car l’Etat en question ne persécute pas ladite personne).
      La liste des pays sûrs varie en fonction des Etats et des époques.

      Le pays tiers sûr, c’est la même idée, mais non pas appliquée au pays d’origine, mais au pays de transit.
      C’est notamment toute la question de l’accord UE-Turquie... L’UE considère que les réfugiés en Turquie sont en pays (tiers) sûr, du coup, pas besoin de les accueillir en Europe, voire même possibilité de les renvoyer en Turquie depuis la Grèce...

      C’est un instrument à expulsion !

    • Le diabolique projet de l’Europe pour les demandeurs d’asile

      Mediapart s’est procuré la toute dernière version du règlement européen en cours de négociation à Bruxelles, qui permet le renvoi de demandeurs d’asile vers des « pays tiers sûrs ». La définition de ce concept est élargie au point qu’un pays comme la Libye pourrait, à terme, être concerné pour peu que certaines régions se stabilisent, par exemple autour de Tripoli.
      Lors du cinquième sommet UE-Afrique, qui doit se dérouler les 29 et 30 novembre à Abidjan, en Côte d’Ivoire, les chefs d’État européens ne vont pas manquer de s’indigner des violences dont sont victimes les migrants subsahariens en Libye, à la suite de l’émoi mondial provoqué par la diffusion du reportage de CNN apportant la preuve de pratiques esclavagistes dans ce pays. Mais il est à peu près certain qu’ils ne diront pas un mot du forfait qu’ils sont en train de préparer en toute discrétion à Bruxelles à l’encontre des demandeurs d’asile.
      Sur une proposition de la Commission européenne, ils sont en train de négocier, au sein du Conseil européen, les termes d’un règlement « instituant une procédure commune en matière de protection internationale » qui constitue un reniement fondamental au regard du droit d’asile tel qu’il est conçu depuis la signature de la Convention de Genève en 1951.

      Ce texte (à consulter dans sa version de départ), d’application directe dans les législations nationales (c’est-à-dire ne nécessitant pas de transposition – à la différence des directives), prévoit que les États membres puissent considérer comme « irrecevables » les demandes d’asile de personnes ayant transité, avant d’arriver en Europe, dans un « pays tiers sûr » et, dès lors, les y renvoyer afin qu’y soit prise en charge leur demande de protection internationale.
      Par « pays tiers sûr », il faut entendre des pays hors de l’Union européenne censés garantir les droits de l’homme. L’article 45, qui définit le concept de « pays tiers sûr », évoque notamment le fait que, dans ces pays, les « demandeurs n’ont à craindre ni pour leur vie ni pour leur liberté en raison de leur race, de leur religion, de leur nationalité, de leur appartenance à un groupe social particulier ou de leurs opinions politiques ». Sont potentiellement concernés la totalité des pays voisins de l’Union européenne. La France pourrait ainsi renvoyer vers les pays du Maghreb (Tunisie, Algérie, Maroc) l’immense majorité des exilés subsahariens qui y seraient passés avant de traverser la Méditerranée.
      Mais cela ne s’arrête pas là. Mediapart s’est procuré la dernière version (non définitive) de l’article 45, qui est particulièrement alarmante puisqu’elle précise qu’un pays peut être déclaré comme sûr à l’exception d’une ou plusieurs de ses régions ou d’une ou plusieurs catégories de personnes. Dit autrement, cela revient à déclarer comme sûrs des pays dont certaines régions sont en guerre (mais pas toutes) ou dont certaines catégories de personnes sont menacées (mais pas toutes). Certains observateurs redoutent que cet élargissement de la définition ne permette d’y faire entrer des pays aussi instables que la Libye pourvu qu’un de ses territoires, par exemple autour de Tripoli, fasse taire le bruit des armes.
      Cette notion de « pays tiers sûr » constitue une révolution dans le droit d’asile, car elle permettrait que des exilés en quête de protection soient réexpédiés sans que leur demande n’ait été examinée dans un pays de l’UE. Plutôt que de les interroger sur les violences politiques ayant provoqué leur exil, plutôt que de chercher à évaluer la crédibilité de leur témoignage, plutôt que de rassembler les indices attestant leur persécution, il s’agirait de retracer leur trajectoire : au cours des milliers de kilomètres parcourus pour fuir leur pays, ont-ils traversé un pays dans lequel ils pourraient vivre en sécurité ? Peu importent les sévices subis (viol, enfermement arbitraire, harcèlement, rançon, torture, etc.), il faudrait trouver une terre d’accueil, la plus éloignée possible de l’Europe.
      Ce concept de « pays tiers sûr » est déjà inscrit dans la directive européenne dite « procédure » adoptée le 26 juin 2013 mais, à la différence du règlement en préparation, ce texte laissait aux États la faculté de ne pas le mettre en œuvre ; selon Gérard Sadik, de la Cimade, 19 pays l’ont adopté, parmi lesquels seuls deux l’appliquent de facto : il s’agit de la Hongrie, qui renvoie quasi systématiquement les demandeurs d’asile arrivés sur son sol en Serbie ; et de la Grèce, qui renvoie en Turquie des demandeurs d’asile syriens et afghans.
      Pour ce faire, la Grèce s’appuie sur l’accord politique entre l’Union européenne et la Turquie signé en mars 2016. Bruxelles considère ce texte, contesté juridiquement, comme un succès dans la mesure où, depuis sa conclusion, le nombre de traversées via la mer Égée a drastiquement chuté (même si une légère hausse est observée depuis quelques semaines).
      Le nouveau règlement en cours de négociation consiste en une généralisation de cet accord UE-Turquie, décrié par l’ensemble des ONG ainsi que par l’ONU. Il met en cause l’un des principes fondamentaux de l’asile, inscrit dans la Convention de Genève de 1951, selon lequel chaque demandeur d’asile a le droit de voir sa situation personnelle examinée dans le pays dans lequel il sollicite une protection. En France, il contrevient au préambule de la Constitution qui affirme que « tout homme persécuté en raison de son action en faveur de la liberté a droit d’asile sur les territoires de la République ». Le droit d’asile y a été consacré par le Conseil constitutionnel dans une décision du 13 août 1993 qui établit que « l’étranger qui se réclame de ce droit [doit être] autorisé à demeurer provisoirement sur le territoire jusqu’à ce qu’il ait été statué sur sa demande ». Comme l’indique Gérard Sadik, les États membres favorables à la notion de « pays tiers sûr » se fondent sur la notion de subsidiarité de la demande d’asile, qui fait que les États peuvent considérer qu’ils ne sont pas tenus d’examiner la demande si la personne n’est pas venue directement depuis son pays d’origine.
      « Cette dérive est extrêmement grave »

      La France, jusqu’à présent, avait résisté. Lors de la mandature de François Hollande, la loi sur l’asile de 2015 n’avait pas repris ce concept de « pays tiers sûr », qui n’a donc pour l’instant aucune existence juridique dans le droit français. Mais il en va tout autrement sous l’actuelle présidence d’Emmanuel Macron. Anticipant le vote de ce règlement à l’échelon européen, le ministre français de l’intérieur, Gérard Collomb, l’a inscrit dans son pré-projet de loi sur l’asile et l’immigration, pas encore présenté en conseil des ministres.
      Ce même Emmanuel Macron, qui distingue les « réfugiés » – qu’il faudrait accueillir sous peine de perdre notre honneur – des « migrants économiques » – devenus indésirables –, pousse le cynisme jusqu’à prévoir de fermer la porte aux demandeurs d’asile eux-mêmes. Gérard Sadik note qu’entre 1992 et 1996 cette notion de « pays tiers sûr » avait été appliquée « de manière sauvage » aux frontières françaises, notamment à l’aéroport de Roissy, avec le renvoi de demandeurs d’asile vers le Cameroun ou la Tanzanie. Cette pratique avait cessé à la suite d’un arrêt du Conseil d’État (à l’époque le commissaire du gouvernement, à savoir le rapporteur public, n’était autre que Jean-Marie Delarue, ex-contrôleur général des lieux de privation de liberté), qui établissait que cette notion était contraire à la Convention de Genève et à la Constitution française.
      Seule la prise de conscience de certains États membres et des eurodéputés pourra permettre d’éviter le pire. La négociation est en cours : le texte peut encore faire l’objet d’allers et retours entre les ministres de l’intérieur du Conseil européen ; un accord devra ensuite être trouvé entre la Commission, le Conseil et le Parlement. Sylvie Guillaume, députée française membre du groupe de l’Alliance progressiste des socialistes et démocrates, rappelle que le texte a encore beaucoup de chemin à faire avant d’être adopté. Mais elle estime qu’il « mérite une certaine attention car les définitions qu’il aborde modifient le concept de pays tiers sûr ». « Cela témoigne, estime-t-elle, d’une certaine fébrilité des États membres sur le sujet. » « En aucune manière, je n’accepterai d’élargir cette notion à des morceaux de territoire », dit-elle, ajoutant qu’elle n’est pas opposée au concept dans sa version classique, pourvu que son application reste optionnelle.
      Membre de la délégation française du Front de gauche/Alliance des Outre-mers, Marie-Christine Vergiat est, elle, totalement opposée à la notion même de « pays tiers sûr ». « Les États membres font tout pour externaliser la demande d’asile à des pays tiers ; il s’agit d’une politique raciste et xénophobe car, si l’on regarde de près, on se rend compte que sont principalement concernés les demandeurs d’asile venus d’Afrique. Plus on bloque les voies légales d’entrée dans l’Union européenne, plus on fait le jeu des trafiquants », insiste-t-elle.
      Responsable du programme Protection des populations à Amnesty International France, Jean-François Dubost est particulièrement inquiet des évolutions en cours (lire l’entretien d’Amélie Poinssot). Il estime que l’Allemagne et la France sont à la manœuvre dans cette tentative d’assouplir les conditions. « On est là dans une logique de gestion, pas du tout de protection, estime-t-il. La Convention de 1951 qui instaurait le droit d’asile ne déterminait d’ailleurs pas de “pays sûrs”. » « Cette dérive est extrêmement grave, ajoute-t-il. D’abord parce que les régions qui vont être considérées comme sûres sont déjà en première ligne pour l’accueil des réfugiés. Ensuite parce que c’est la volonté de contrôle qui va être le critère des Européens pour déterminer qu’une région est sûre ou non. Rien, dans le droit international, ne permet de déterminer ce qu’est un “pays sûr”. Ce n’est pas une notion juridique, c’est une construction européenne. » Depuis la signature de l’accord UE-Turquie, « on sent une volonté de la Commission européenne de pousser à ce type d’accord avec d’autres pays, comme la Libye, avec cette idée de “région sûre” ». « C’est la même logique de “containment”, de blocage des personnes le plus en amont possible des frontières européennes. Ce n’est pas une idée nouvelle, mais on est entré dans une phase plus opérationnelle. Renvoyer les migrants présente en outre l’avantage d’éloigner le sujet des yeux des populations européennes… Tout cela s’inscrit dans une logique complètement assumée côté européen », se désespère-t-il.

      https://www.mediapart.fr/journal/international/281117/le-diabolique-projet-de-l-europe-pour-bloquer-les-demandeurs-d-asile-hors-
      #pays_tiers_sûr #pays_tiers_sûrs #pays_tiers_sûr

    • Avis sur « le concept de pays tiers sûr »

      1. Bien que le droit d’asile constitue un droit fondamental consacré tant par la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne que par le droit français, force est de constater la multiplication des entraves à son exercice qui conduit à l’errance, la misère et la peur, voire la mort de milliers de personnes en quête de protection. Si crise de l’asile il y a, c’est en vérité une crise de la politique d’asile dont il faut parler. Tant au niveau européen qu’au niveau national, les Etats se dotent d’outils pour limiter l’accès aux procédures d’asile et externaliser le traitement des demandes d’asile. Le recours au concept de pays sûr constitue à cet égard une illustration particulièrement éloquente de la dérive des politiques d’asile (1).
      2. Alors que l’encre des lois du 29 juillet 2015 relative à la réforme du droit d’asile et du 7 mars 2016 relative au droit des étrangers est à peine séchée, la CNCDH a pris connaissance, par voie de presse, de certaines dispositions du nouveau projet de loi « pour un droit d’asile garanti et une immigration maîtrisée », notamment de celle visant à intégrer dans le droit français la notion de pays tiers sûr pour en faire un nouveau cas d’irrecevabilité des demandes d’asile. Sans attendre que le texte de ce projet soit définitivement arrêté et qu’elle en soit saisie afin d’exercer sa mission de promotion et de protection des droits de l’Homme, la CNCDH entend faire part de son inquiétude à l’égard d’un concept issu du droit dérivé de l’Union européenne qui, très contestable d’un point de vue juridique (I) et pratique (II), conduit à un bouleversement radical du droit d’asile.

      https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000036251268

    • Pays tiers sûrs : la France au centre du jeu européen ?

      Au mois de décembre 2017, le gouvernement français a décidé de retirer la notion de « pays tiers sûr » du projet de loi pour une immigration maitrisée et un droit d’asile effectif. Cette annonce a été reçue avec satisfaction par les parties prenantes opposées au concept. Cependant, ce retrait ne marque pas la fin des discussions. En effet, une proposition de règlement actuellement négociée au niveau de l’Union européenne prévoit l’adoption d’une liste européenne commune de « pays tiers sûrs ».

      http://www.europeanmigrationlaw.eu/fr/articles/points-de-vue/pays-tiers-surs-la-france-au-centre-du-jeu-europeen

  • Le massacre de la grotte d’Ouvéa
    https://www.revolutionpermanente.fr/Le-massacre-de-la-grotte-d-Ouvea

    A un an du référendum sur l’indépendance de la Kanaky, il est temps de faire un retour sur un épisode tragique de l’histoire de cette colonie, le massacre organisé par l’État français d’indépendantistes kanaks dans la grotte d’Ouvéa qui rappelle ce qu’est un pouvoir coloniale. Et c’est 30 ans après le massacre de la grotte d’Ouvéa que le référendum pour l’indépendance de la Kanaky va avoir lieu.

    Avec la cohabitation de 1986 et l’arrivée de Chirac au poste de premier ministre, Bernard Pons est nommé au poste de ministre de l’Outre-mer et prend systématiquement le contre-pied des initiatives de ses prédécesseurs : il organise un véritable quadrillage militaires des territoires des tribus kanaks. Il veut ainsi briser le mouvement indépendantiste.

    Les tensions qui s’accroissent de plus en plus vont mener en octobre 1987 à un tournant radical. Des métisses du parti caldoche, le RCPR, sont acquittés par la cours d’assise alors qu’il a été prouvé qu’ils avaient tué 10 militants kanaks, dont deux frères du leader indépendantiste Jean-Marie Tjibaou. Ce dernier change radicalement de politique, puisqu’ « il n’y a pas de justice pour les kanaks, puisqu’on peut les abattre comme des chiens », la justice ne peut s’exercer dorénavant qu’avec des coups de fusils pour les kanaks.

    8 mois plus tard, c’est la prise d’otage et la tragédie de la grotte d’Ouvéa.

    #Kanaky #colonialisme #répression #indépendance

  • L’Académie française est-elle encore utile ?
    https://www.franceculture.fr/litterature/lacademie-francaise-sert-elle-encore-a-quelque-chose

    "Si demain l’Académie disparaît, on ne s’en rendra pas compte"

    Force est de constater que l’Académie française n’a plus aujourd’hui le même statut. “Ca n’est plus la question ! poursuivait d’ailleurs le poète et philosophe Michel Deguy, toujours dans Du Grain à Moudre. La question est que cette fonction n’a plus lieu, il n’y a plus de rôle normatif de l’Académie. Ça n’intéresse pas grand nombre de bons écrivains, parce que cette espèce de gloire, de réputation, de rôle social fondamental qu’il y a eu pendant des siècles, tout simplement n’a plus lieu.“

    Aujourd’hui, la mission de l’institution est en effet de “contribuer à titre non lucratif au perfectionnement et au rayonnement des lettres” : l’Académie a donc un rôle d’autorité morale, mais elle n’a plus d’autorité normative. Seule lui reste pour fonction d’approuver ou non la publication au Journal officiel d’équivalents francophones de termes techniques étrangers.
    Le rôle tranche profondément avec l’influence qu’a pu avoir par le passé l’Académie française. Si depuis sa création, l’institution a toujours été mise en doute, elle n’en a pas moins fait figure d’autorité pendant des siècles, quand seuls quelques lettrés étaient en mesure de s’y opposer. C’est entre autres l’accès massif de la population à l’éducation, couplé à la professionnalisation des sciences du langage, qui ont achevé de déposséder l’institution du monopole de la normalisation du langage. Signe des temps, il n’y a d’ailleurs eu aucun linguiste à l’académie depuis le décès du philologue Gaston Paris, en 1903.

    Pourtant, curieusement, l’Académie semble toujours être considérée comme responsable du bon fonctionnement de l’orthographe et de la grammaire française, alors même que leur dernier dictionnaire en date, débuté en 1986 et publié en plusieurs volumes, n’est pas terminé, couvrant jusqu’ici les mots de “A” à “Quotité”. “Il faut reconnaître que l’Académie réussit bien ses coups de comm’, poursuit Maria Candea. Comme il y a des gens connus et que le titre d’académicien donne des entrées dans les médias, on les entend et ça donne l’impression qu’il y a des choses à communiquer."

    Quand les académiciens donnent un avis, c’est bien, et quand il n’en donnent pas et bien… il n’y a pas d’avis, c’est tout. C’est anecdotique. Si demain l’Académie disparaît, on ne s’en rendra pas compte, ce n’est pas là que se fait le travail. Maria Candea

    L’entre-soi cultivé à l’Académie, la "célébrité" de ses membres, lui sont depuis longtemps reprochés. En 1985, dans l’émission Grand Angle, François Fossier, auteur de l’ouvrage Au pays des immortels, et pourtant plutôt bienveillant à l’égard de l’Académie française, pointait du doigt cet état de fait : "Les académiciens sont recrutés tous dans le même milieu, dans la mesure où l’Académie se veut l’illustration de ce qu’il y a de mieux dans la France. [...] Il est certain qu’il faut appartenir à un milieu social qui se définit à la fois par une assez grande aisance financière, une parenté d’éducation avec un certain nombre d’études qui ont été menées dans les mêmes conditions, des alliances familiales qui vous font entrer de plain-pied très vite avec d’autres académiciens qui seront vos confrères, des types de carrière aussi qui se font d’une manière similaire. [...] C’est cette espèce de convivialité sélective et un peu élitiste qui est à l’origine de bien des élections."

    Ces gens font partie du même milieu et s’auto-recrutent. Je ne peux pas dire que le talent ne rentre pas en ligne de compte sur ce chapitre, il est évident qu’on considère les qualités littéraires des candidats. Il n’y a plus de cas aussi scandaleux qu’il y a pu y en avoir sous l’Ancien régime et jusqu’au début de ce siècle, d’élus qui n’avaient rien écrit. Mais c’est essentiellement une parenté et une cohésion sociale qui est à l’origine des élections. François Fossier

    Qui décide de la langue ?

    Si l’Académie n’est plus décisionnaire et si son dictionnaire avance si lentement, alors où se décide le sort de la langue française ? C’est essentiellement à la Direction générale de la langue française et des langues de France (DGLFLG), qui dépend du ministère de la Culture.
    Plus de 200 experts appartenant à 19 collèges, sélectionnés en fonction de leurs compétences linguistiques, y sont chargés de normaliser la langue. “Les besoins sont dans l’industrie, dans la technique, où on a besoin de glossaires, assure Maria Candea. Il y a aussi un gros travail qui est mené par l’Afnor. L’enrichissement de la langue se fait surtout par la technique, plus que par les mots dont on parle beaucoup comme le ‘mot-dièze’.” Au rang des institutions qui participent à la Direction générale de la langue française, on retrouve évidemment l’Académie française, chargée de donner son avis sur les néologismes. Mais quand c’est le cas, il s’agit bien plus souvent d’employés de l’Académie membre du service du Dictionnaire, que d’académiciens eux-mêmes.

    L’influence de l’Académie, finalement, est essentiellement de l’ordre du médiatique, preuve en est de sa capacité à régulièrement s’inscrire dans des polémiques à propos de la langue française. Ce que regrette Maria Candea :

    L’Académie a encore une espèce d’aura qui fait que les gens pensent qu’elle a un rôle à jouer. A cause de cela, il y a un déficit de légitimité pour réformer l’orthographe, ce qui est gravissime pour une langue.

    Je me demande pourquoi on conserve ce club de vieux misogynes alors qu’on a le forum 18-25ans de jeux-video.com. Ca fait doublon et il faut faire des économies qu’ils disent. On pourrais les vendre aux quataris, ca pourrai garnir quelques sarcophages dans leur nouveau louvre. En plus finky deviendrais salarié des émirs et ça la république devrait l’offrir comme cadeau aux françaises.

  • #Airbnb ouvre, sous contrôle, ses données pour une consultation locale
    http://www.lagazettedescommunes.com/536597/airbnb-ouvre-sous-controle-ses-donnees-pour-une-consultation-l

    Une « opération transparence ». C’est ainsi qu’Airbnb définit son nouveau portail Dataville, une plateforme opendata lancée ce mardi 21 novembre, qui réunira des données sur l’activité des hôtes et des voyageurs qui utilisent la plateforme dans toutes les communes qui comptent a minima 10 annonces sur Airbnb.

    Il s’agit là d’une première mondiale, puisque la France est le premier pays dans lequel l’opérateur ouvre ses données.

    Un portail qui se veut informatif et ludique. L’un des objectifs avancés par la plateforme de location de logements entre particuliers vise à permettre aux collectivités locales de mieux comprendre comment Airbnb développe l’activité touristique dans les communes, « et son impact positif sur l’attractivité de leur commune, notamment sur le pouvoir d’achat de leurs administrés », vante les représentants de la plate. Pour cela, seront publiées sur le site différentes données, par commune :
    • Le nombre d’annonces dans chaque ville au 1er septembre 2017 ;
    • Le nombre de voyageurs accueillis entre septembre 2016 et septembre 2017 ;
    • Le nombre de pays dont sont originaires les voyageurs qui y ont séjourné ;
    • Le revenu annuel médian d’un hôte dans la commune.
    Autres données qui seront disponibles : l’impact économique dans les départements et les régions. Ce qui correspond au total des sommes récoltées par les hébergeurs et des sommes dépensées sur le territoire par les voyageurs. Toutes les données présentes sur le site seront actualisées chaque année.

    Quasi #open-data

    Mais comme le rappelle Jean-Marie Bourgogne, délégué général d’Opendata France, mettre des données en opendata, cela signifie que ces données « sont accessibles sur internet dans un format ouvert ». Or, il n’est pas possible de télécharger les données sous forme de fichier. Seule une présentation html est disponible.

    Toutefois, Aurélien Perol précise qu’il est possible « de faire parvenir le fichier sur demande, via le lien contact sur la plateforme », même si « la plateforme est consacrée essentiellement à de la consultation locale ».

    Autre problème relevé par Jean-Marie Bourgogne : l’absence de licence. « C’est gênant, nous ne connaissons ni les droits ni les devoirs des producteurs et réutilisateurs. Par exemple, on ne sait pas s’il est possible d’en faire un usage commercial pour une autre destination ».

    Ce qui fait que ce dernier se demande si cette opération lancée par Airbnb relève d’une réelle envie de transparence ou d’une opération de communication.

    via @GFII et @calimaq sur twitter

    • Sources des données
      Données concernant les utilisateurs d’Airbnb (hôtes et voyageurs) en France entre le 1er septembre 2016 et le 1er septembre 2017.

      Les données proviennent des réservations sur Airbnb ainsi que d’un questionnaire envoyé aux voyageurs sur Airbnb en janvier 2017. Notez qu’Airbnb n’est pas en mesure de vérifier l’exactitude des informations fournies par ses utilisateurs (ex : code postal d’un hôte).

      Seules les villes comptabilisant au moins 10 hôtes ayant loué au cours des douze derniers mois sur Airbnb ont été intégrées dans cette édition de Dataville.

      Les données ont été arrondies au centième, millième ou million supérieur selon l’ordre de grandeur concerné.
      […]
      Définitions
      […]
      Revenu annuel d’un hôte
      Valeur médiane du revenu total gagné par l’hôte sur la période d’un an couverte par l’étude. Le revenu annuel est présenté pour un hôte type.

  • Affaire Anatrella : le dossier s’enlise - Libération
    http://www.liberation.fr/france/2017/11/16/affaire-anatrella-le-dossier-s-enlise_1610522

    Accusé d’abus sexuels sur d’anciens patients, le « psy de l’Église », Tony Anatrella est sous le coup d’une procédure interne. Mais la non-levée de la prescription et le retard pris dans les poursuites inquiètent les victimes.

    Pour les victimes présumées, c’est le brouillard. « Notre dossier a été transmis il y a déjà huit mois à l’officialité de Toulouse [le tribunal interne à l’Eglise, ndlr]. Mais rien n’a véritablement bougé, si ce n’est qu’on vient de nous annoncer une nouvelle enquête », affirme à Libération, l’un des anciens patients du prêtre Tony Anatrella, accusé d’abus sexuels par plusieurs personnes ayant suivi des thérapies avec lui. Surnommé le « psy de l’Eglise », pourfendeur de l’homosexualité, Anatrella, médiatique et influent au Vatican, est sous le coup d’une procèdure lancée, à l’été 2016, par le diocèse de Paris duquel il dépend. A ce jour, aucune procèdure, en revanche, n’a été ouverte par la justice « des hommes », les faits étant considérés (au moins pour ceux qui ont été portés à sa connaissance) comme prescrits.

    Le même problème se pose pour l’Eglise. Toutefois, l’archevêque de Paris André Vingt-Trois avait, il y a quelques mois, transmis une demande de levée de la prescription au pape François. Celui-ci, selon une source proche du dossier au diocèse de Paris, a récemment tranché : la prescription ne devrait pas être levée dans l’affaire Anatrella, l’un des gros scandales d’abus sexuels auquel est confrontée l’Eglise catholique en France. Dans son cabinet place de la Nation, le prêtre a reçu, pendant plusieurs décennies, des patients envoyés notamment par des évêques et des supérieurs d’ordre religieux. « La prescription a été levée dans des affaires de pédophilie, concernant des mineurs mais l’affaire Anatrella concerne des majeurs », explique une source proche de l’archevêque de Paris pour expliquer la décision du Vatican. « C’est une très grosse déception », affirme à Libération l’un des plaignants.

    Une pétition

    Alertée de cas d’abus sexuel mettant en cause Tony Anatrella depuis le début des années 2000, l’Eglise catholique a tardé à bouger, couvrant même dans un premier temps le prêtre. Dans la tourmente des affaires de pédophilie, l’archevêque de Paris André Vingt-Trois avait finalement diligenté, il y a un peu plus d’un an, une enquête interne confiée à l’un de ses auxillaires, Eric de Moulin-Beaufort. Une dizaine de victimes se seraient alors manifestées. Par la suite, le dossier avait été transmis à l’officialité de Toulouse pour l’ouverture d’un procès canonique (interne à l’Eglise). « On ne peut à la fois faire traîner le dossier et nous objecter ensuite la prescription », s’insurge Daniel L., le premier à avoir alerté sur les pratiques déviantes de Tony Anatrella. En 2001, il avait été reçu par le cardinal Jean-Marie Lustiger pour évoquer cette affaire. Redoutant que le prêtre ne soit pas sanctionné, Daniel L. affirme réfléchir à d’autres modalités d’actions, « une pétition » ou « un voyage à Rome ».

    Même si la prescription n’est pas levée, l’affaire Anatrella n’est pas terminée pour autant. Une procèdure (moins sévère) est toujours en cours et plusieurs plaignants devraient prochainement être entendus par un juge écclésiastique. « On a l’impression de repartir à zéro », se désespère l’un d’entre eux.
    Bernadette Sauvaget

    Qui oserait dire qu’il est étonné ?
    #agressions_sexuelles #église_catholique #anatrella

  • EN DIRECT - Décryptage - « Paradise Papers » : les clés du paradis (fiscal) aux mains des riches - #DecryptageFi - La France Insoumise
    https://www.youtube.com/watch?time_continue=304&v=pnlbRW2XuS4

    L’émission est animée par Charlotte Girard. Nos invités sont :
    – Bastien Lachaud, député France insoumise
    – Vincent Drezet, syndicaliste dans l’administration fiscale, ancien secrétaire général de Solidaires finances publiques
    – Jean-Marie Monnier, professeur fiscaliste à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
    – Romaric Godin, journaliste économiste à Mediapart.

  • La destruction du capital est l’œuvre du capital
    https://blogs.medias-economistes-atterres/blog/271017/la-destruction-du-capital-est-l-oeuvre-du-capital

    Jean-Marie Harribey, membre du collectif d’animation des Économistes atterrés, souligne que la logique du capitalisme mène à la sur-accumulation, logique qui provoque des comportements absurdes de la part des propriétaires des moyens de production. Exemple avec la papeterie UPM de Docelles dans les Vosges.

  • EPHAD. Le cri d’alarme inédit des salariés et directeurs de maisons de retraite, Gaëlle Dupont
    http://www.lemonde.fr/societe/article/2017/10/20/le-cri-d-alarme-inedit-des-salaries-et-directeurs-de-maisons-de-retraite_520

    Le cri d’alarme inédit des salariés et directeurs de maisons de retraite
    Les professionnels des Ehpad ont lancé un appel au secours commun à Emmanuel Macron pour en finir avec les mauvaises conditions d’accueil.

    « Faites un test : levez-vous le matin, faites votre toilette, votre lit, mettez-vous à petit-déjeuner, chronométrez-vous, vous verrez que vous ne tiendrez pas en quinze minutes. Et pourtant vous êtes en bonne santé. » Le défi est lancé par Anne-Sophie Pelletier, membre de la CGT, ancienne porte-parole des aides-soignantes en grève de la maison de retraite Les Opalines, à Foucherans (Jura). Quinze minutes, c’est le temps dont ces professionnelles disposent pour accompagner dans ces tâches les personnes âgées dépendantes hébergées dans l’établissement où elle travaille. A Foucherans, la grève a duré d’avril à juillet, deux postes supplémentaires ont été obtenus, « mais le sous-effectif perdure ». Comme dans tous les Ehpad de France.

    C’est ce qu’ont dénoncé, dans une lettre ouverte au président de la République rendue publique jeudi 19 octobre, cinq syndicats de salariés du secteur médico-social (CGT, FO, UNSA, CFDT, CFTC) et l’Association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA). La démarche est inédite. Parce que l’heure est grave, selon les auteurs de l’appel.

    « Terrible angoisse »

    « Malgré les évolutions du secteur (…), la situation reste extrêmement tendue au regard des besoins et attentes des personnes âgées, écrivent-ils. Ces dernières entrent en établissement avec des handicaps physiques et psychiques de plus en plus importants, auxquels s’ajoutent parfois des pathologies psychiatriques pour lesquelles les personnels ne sont pas préparés ; les personnes âgées sont insuffisamment accompagnées dans les actes de la vie quotidienne, les familles s’épuisent et les professionnels sont au bord de la rupture. »

    Des statistiques de la Caisse nationale d’assurance-maladie montrent une fréquence des accidents du travail trois fois supérieure à la moyenne dans ce secteur d’activité. « La qualité de vie au travail des salariés a une influence directe sur la qualité de séjour des personnes, observe Jean-Claude Stutz, secrétaire national adjoint de l’UNSA Santé-sociaux. Quand on sait que certains directeurs ont pour objectif que leurs résidents aient à manger une fois par jour, c’est inacceptable. »

    « On est dans un soin technique, renchérit Anne-Sophie Pelletier. Comment attirer des jeunes avec des conditions de travail pareilles ? » Elle dénonce également un « glissement de tâches » : « On envoie du personnel de ménage non formé distribuer des médicaments. »

    Les syndicats de salariés et l’association des directeurs d’établissement (qui rassemble secteurs public, associatif et privé) réclament à l’unisson une augmentation du taux d’encadrement obligatoire dans les Ehpad, même si l’objectif final ne fait pas l’unanimité. Les syndicats veulent dix soignants pour dix personnes âgées hébergées, l’AD-PA huit pour dix. Aujourd’hui, ce taux est de 5 pour 10. « C’est une moyenne, rappelle Pascal Champvert, le président de l’AD-PA. Dans certains cas, on peut avoir un aide-soignant pour 50 résidents la nuit, un pour 20 l’après-midi. »

    Sous-dotation

    Une enquête en ligne lancée en mars par la CFDT Santé à destination des personnels paramédicaux, à laquelle 2 587 ont répondu, a montré une charge de travail particulièrement lourde. Les personnes interrogées déclaraient avoir eu la charge de 28 patients en Ehpad dans la journée, et 35 patients en Ehpad avec unité Alzheimer, un record. « La sécurité et la dignité des patients ne sont pas assurées, affirme Nathalie Canieux, secrétaire générale de la CFDT Santé-sociaux. Une terrible angoisse monte de ces établissements. »

    Les salariés font état d’amplitudes horaires considérables, et d’une frustration importante. « Nous ne sommes pas suffisamment pour bien s’occuper des résidents, relate une salariée anonyme. La plupart du temps, ils nous demandent de rester un peu plus longtemps, ils aimeraient parler, mais nous n’avons pas le temps pour cela. Et même les soins comme les toilettes, parfois nous les faisons vite, trop vite. »

    Lire aussi : Les députés s’alarment des conditions de travail dans les maisons de retraite
    http://lemonde.fr/societe/article/2017/09/14/ehpad-les-deputes-s-alarment-des-conditions-de-travail_5185588_3224.html

    Les signataires de l’appel dénoncent la sous-dotation financière du secteur et appellent à suspendre une réforme visant à harmoniser les ressources entre les établissements. « Il s’agit de prendre aux moins pauvres que d’autres pour donner aux plus pauvres, décrit Luc Delrue, secrétaire fédéral de FO Santé. Nous contestons cette logique de fonctionnement au sein d’une enveloppe financière constante. D’autant que les départements, qui financent également les Ehpad par l’allocation personnalisée d’autonomie, sont eux-mêmes étranglés par la baisse des dotations de l’Etat. » Le reste à charge pour les personnes âgées et leurs familles demeure, lui, très élevé. Ce sont elles qui financent 60 % du fonctionnement des établissements.

    Les signataires dénoncent en outre la baisse des contrats aidés, nombreux dans les maisons de retraite. Ils réclament une réorganisation du financement de l’aide à domicile et un renforcement de la formation des personnels du secteur. « Si l’Etat ne nous donne pas de signe sérieux, il faudra poser le problème de l’organisation d’une grève dans toute la France », prévient Luc Delrue.

    « On ne les met pas au lit, on les jette » : enquête sur le quotidien d’une maison de retraite, Florence Aubenas, 18.07.2017

    Une dizaine d’aides-soignantes de la maison de retraite Les Opalines, à Foucherans, ne travaillent plus depuis 100 jours, dans le silence national absolu.

    C’était un matin comme les autres. Il était 7 heures en salle de relève, le début du service, les filles se tenaient prêtes dans leur uniforme blanc. Quelqu’un croit se souvenir que l’une pleurait déjà, mais pas très fort. Personne n’y faisait attention, l’habitude. La question rituelle est tombée : « Est-ce que vous êtes au complet ? »

    La réponse, elles la connaissent toutes aux Opalines, un Ehpad – un établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes – à Foucherans, dans le Jura. Chaque jour ou presque, les équipes d’aides-soignantes tournent en sous-effectif, pas de remplacement, ni des absentes ni des malades. Et toutes savent comment ça se passe dans ces cas-là derrière les portes fermées des chambres, ce qu’il leur faudra faire pour boucler le service à temps.

    Une deuxième fille s’est mise à pleurer. C’était un matin comme les autres aux Opalines, mais peut-être le matin de trop. Depuis le 3 avril, une dizaine d’aides-soignantes mènent la grève la plus longue de France dans un silence national absolu.

    Aux Opalines de Foucherans, 77 résidents, il faut savoir où on est. Certains ont vendu leur maison pour entrer ici. « Maman a élevé huit enfants seule, on voulait le mieux pour elle. On a attendu une place deux ans », raconte une fonctionnaire.

    Dans cet établissement privé, les prix surplombent ceux de la région : 2 500 euros par mois contre 1 800 euros en moyenne, notamment dans le public. Le bâtiment a belle allure ; il a été inauguré il y a cinq ans, compte un jardin et de vastes chambres. Dans la salle à manger – on ne dit pas le réfectoire –, le personnel porte nœud papillon et chemise blanche, on sert du vin en carafe et l’apéritif le dimanche.
    Salaires planchers

    Le personnel en grève dénonce des conditions de travail incompatibles avec le respect de la dignité des patients et une absence de dialogue avec la direction.

    « Quand papa est arrivé, il était ébloui. Il répétait : “C’est plus beau qu’un hôtel !”, dit un fils. Lui se souvient pourtant d’impressions fugitives, des sonnettes appelant dans le vide, un lit resté souillé, le pas-le-temps, le pas-toujours-très-net. Mais dans ces endroits-là, on ne pose pas vraiment de questions et on n’a pas vraiment de réponses. Chacun regarde ailleurs, espérant se convaincre qu’on ne pourrait pas mieux faire. »

    A Foucherans, aucun mauvais traitement n’a d’ailleurs été signalé, ni rien d’exceptionnel. Le tragique est là, d’une certaine façon : c’est la vie quotidienne dans un Ehpad qu’une poignée de filles à bout de souffle vient soudain de mettre à nu.

    Sur le parking de l’établissement, un vent brûlant secoue la tente des grévistes. On dit « les filles » bien qu’il y ait aussi un garçon, tant le métier est estampillé « boulot de femme », avec son lot d’ingratitudes et ses salaires au plancher : 1 250 euros net à Foucherans, pour des journées de dix heures et deux week-ends travaillés.

    « Les filles », donc, s’efforcent de paraître vaillantes, mais on les sent à cran à plus de trois mois de grève, balançant de l’euphorie au désespoir. A ce stade d’épuisement, elles se sont mises à raconter ce qu’on ne partage pas d’habitude, ou alors seulement entre soi, et encore pas toujours.

    L’une commence, tout doux : « Le matin, on les lève sans leur demander leur avis. On sait déjà qu’on n’aura pas le temps : quinze minutes pour la toilette, l’habillement, le petit déjeuner, les médicaments. Alors, il faut choisir. Est-ce qu’on lave les cheveux ? Ou les dents ? La douche hebdomadaire, c’est rare qu’on la tienne. »
    Certains résidents sont nourris à la cuillère, des plats mixés. « Il m’arrive d’en avoir cinq ou six en même temps », dit une grande brune. Elle tend les bras, mimant le buste qui pivote à toute allure. « J’ai l’impression de faire du gavage. »

    Cadences infernales

    Et d’un coup, le piquet de grève ressemble à un confessionnal dans la fumée des cigarettes. « Quand je rentre à la maison, je suis une pile électrique, explique une autre. Je me sens mal d’avoir dit à celui-là : “Dépêchez-vous !” Comment il peut faire, il a 90 ans ! On cautionne. Je culpabilise. »

    Soudain, les images se mettent à défiler sous la tente des grévistes, les couches qu’on change alors que le résident est debout, en train d’avaler son goûter. Tenir la cadence, toujours. Une autre raconte l’angoisse qui monte à mesure que le soir tombe dans les chambres des Opalines.

    « Vous serez là demain ? », demande un homme à l’aide-soignante. Il est dans les choses graves, il veut raconter. La « fille » répond : « Je reviens tout de suite. » Bien sûr, elle ne revient pas. « On ne fait que leur mentir. » Temps du coucher : 3 min 41. « On ne les met pas au lit, on les jette. » Il faut trouver la bonne distance, ne pas s’attacher, recommandent les formateurs. « C’est difficile. On vit dans leur intimité, on leur lave le sexe », dit l’une. Elle se souvient de l’enterrement d’un résident, où elle en avait appris davantage sur lui que pendant ses années à l’Ehpad.

    Il serait rassurant de voir Foucherans comme une exception. Pas du tout. Il se situe dans la moyenne nationale, avec environ 55 professionnels pour 100 résidents. Pas suffisant. Tout le monde sait qu’il en faut au moins 80. C’est le cas en Allemagne ; la Suisse ou les pays nordiques en sont à 1 pour 1. La France, en revanche, n’a entériné aucune norme – question de budget –, et le secteur compte plus d’accidents et de maladies professionnels que le BTP. Sous la tente des grévistes, une dame dépose en solidarité un sac de courses, pris au supermarché en face. Depuis trois mois, « les filles » vivent de collectes et de colis alimentaires. Elles ont de 20 à 50 ans.

    A Foucherans, des résidents appellent les aides-soignantes « les courants d’air ». Des surnoms circulent, « la libellule » ou « la danseuse étoile ». « Vous avez vu comme elles sont fatiguées ? C’est à cause de nous. J’ai honte », dit madame Z., 91 ans. Parfois, elle voudrait qu’on la conduise aux toilettes : « Je vois qu’elles n’en peuvent plus. Alors je fais dans ma couche. »

    Mais surtout, ne rien dire aux enfants. Ne pas les inquiéter. Monsieur D., 83 ans, est le seul à pousser le déambulateur jusqu’au piquet de grève. « On sait que vous allez les voir », lui aurait glissé l’encadrement. Lui se récrie : « C’est mon droit. » Certains auraient été convoqués pour avoir témoigné. « A table, personne n’en parle, on n’a pas de voix là-dedans », dit monsieur D.

    Questions de principes

    Et à leur tour, les résidents évoquent les histoires terribles et minuscules, qui forment ici leur univers. « Ceux dont les proches rouspètent arrivent à se faire entendre. Mais quand on est tout seul, sans visite, sans famille, on n’existe pas », dit l’une.
    Pour l’inauguration de l’Ehpad, en 2012, « les huiles du département avaient été invitées à boire le champagne. Nous, on était parqués au premier étage sans une cacahuète. Rien de grave, bien sûr, mais ça donne une idée de notre place ici », raconte un autre.

    Un grand soir, pourtant, reste dans les mémoires : « la révolte des raviolis ». Deux repas de suite, des raviolis avaient été servis, « et en petite quantité », se souvient une dame. Toute la salle à manger avait posé la fourchette. « On était fières d’eux », dit une aide-soignante. Pour pallier le débrayage, des vacataires ont été réquisitionnés et quatorze résidents transférés provisoirement.

    Au-delà des Opalines, « c’est le système entier qui génère des formes de maltraitance, une situation totalement niée par notre société, explique Pascal Champvert, de l’Association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA). Je ne vous dirai pas le nombre de politiques qui m’ont expliqué : “Je ne veux pas le voir, ça me fait trop peur.” »

    En 2012, une proposition avait fait scandale : Jean-Marie Delarue, alors contrôleur des lieux de privation de liberté, revendiquait d’inspecter les Ehpad, comme les prisons ou les hôpitaux psychiatriques. « Un risque important existe d’atteintes aux droits fondamentaux, y compris involontaires », plaide Delarue aujourd’hui encore. Refus du gouvernement.

    Dans le bureau de Véronique Steff, directrice de Foucherans, on entend gazouiller les oiseaux dans la volière et la télé dans le salon. La directrice est à cran. Elle reconnaît « un planning tendu » depuis des mois, « une fatigue des salariées ».

    Deux postes d’aides-soignantes ont été créés pour tenter d’apaiser la grève, grâce à Pierre Pribile, directeur général de l’Agence régionale de santé, qui finance le volet médical des Ehpad, y compris privés.
    De leur côté, « les filles » ont abandonné une revendication : 100 euros d’augmentation par mois. Les pourparlers buttent encore sur la prime du dimanche, fixée à 23 euros, même pas de quoi faire garder les enfants. Les grévistes demandent qu’elle soit doublée. « Ce n’est pas grand-chose », laisse tomber Philippe Gevrey, directeur général de la SGMR-Opalines, dans une interview au Progrès (il n’a pas répondu au Monde). Mais il y voit une affaire de principe.

    Huitième groupe privé français, la SGMR a prévu des négociations globales pour ses 46 Ehpad à l’automne : pas question de lâcher quoi que ce soit avant. Un accord sur une « indemnité exceptionnelle » pourrait débloquer la situation. « Les grévistes y sont d’autant plus attachées qu’elles veulent la reconnaissance par la direction qu’elles en ont bavé », explique la préfecture. Les filles demandent 600 euros. La SGMR bloque : ce sera 375 euros ou rien du tout.

    « Vocation »

    « On ne se bat plus seulement pour les sous, mais pour la dignité », dit Anne-Sophie Pelletier, porte-parole du mouvement. Longtemps, aux Opalines, les filles ne se plaignaient même pas entre elles, par peur d’un conseil disciplinaire.

    Quand elles ont osé le mot « grève », au printemps, « la coordinatrice a posé son stylo et elle a rigolé », se souvient l’une. Puis un cadre leur a lancé : « Vous n’aurez rien, ni aujourd’hui ni demain ni jamais. » Anne-Sophie Pelletier reprend : « On ne s’est pas senties écoutées. » Les autres la regardent comme si elle avait traversé la ligne de feu : « Anne-Sophie est cramée. Qu’est-ce qui lui arrivera après la grève ? Et à nous toutes ? »

    Ici, on se souvient de Melissa, une employée modèle, virée en 2015, alors qu’elle comptait monter une section CGT. « J’ai pas pleuré devant eux, j’ai attendu d’être dans la voiture », dit cette dernière.
    A Foucherans, seules des salariées en contrat à durée indéterminée (CDI) font grève, mais aucune parmi la dizaine en contrat à durée déterminée (CDD). Cynthia ne se le serait pas permis non plus, à l’époque où elle bossait là.

    D’août 2012 à février 2015, elle a enchaîné 79 contrats précaires. Sans permis, sans diplôme, elle ne disait jamais non. Elle a même fini sa vacation le jour de son licenciement, pour une histoire de planning. « Il faut s’écraser. On est des pions », dit-elle. Les prud’hommes lui ont donné raison ; à Melissa aussi. D’autres Ehpad ont déjà fait grève, sans fédérer de revendications nationales. A Foucherans, la CGT et la CFDT ont apporté leur soutien.

    Sous la tente, « les filles » parlent de vocation. « On aime notre travail. » Et puis, il y a les crédits de la maison, de la voiture. « Ailleurs, il faudrait repartir en CDD, ça fait peur. » La grève vient de passer les cent jours, leurs familles en ont pris un coup. Les filles ont envoyé un SOS à la préfecture. « Qu’est-ce qu’il faudrait faire, maintenant ? Qu’une de nous se suicide sur le parking ? »

    #soins #personnes_âgées #Ephad #grève passée, grève à venir

    • #Ephad : Chez Orpea, la fin de vie se paye au prix fort, Mathilde Goanec, Mediapart, 29/1/18

      Le groupe Orpea est un poids lourd de la prise en charge des personnes âgées. Dans son établissement de Neuilly, familles, résidents et salariés dénoncent de graves dysfonctionnements, malgré des prix exorbitants. À Agen, dans une autre résidence du groupe, une femme est décédée sous les coups d’une autre, posant la question de la prise en charge psychiatrique en Ehpad.

      L’habit ne fait pas le moine, et c’est encore plus vrai pour les maisons de retraite. Dans l’établissement Les Bords de Seine du groupe Orpea de la très chic ville de Neuilly, près de Paris, les codes du luxe sont posés dès l’entrée. Moquette moelleuse partout au sol, de grands bouquets de fleurs fraîches sur des tables d’appoint, d’élégants fauteuils capitonnés dans la magnifique salle à manger. L’ambiance feutrée masque pourtant un cocktail de défaillances classique des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) en France. Le sous-effectif chronique, combiné à des économies de bouts de chandelle, finit par produire souffrance au travail pour les salariés et maltraitance pour les résidents.

      Neuilly n’est pas une anomalie, c’est tout un secteur qui est à bout : le 30 janvier 2018, une grève nationale rassemble de manière inédite les syndicats du secteur (CGT, CFDT, FO, Unsa, CFTC, CFE-CGC et Sud), un mouvement soutenu par l’AD-PA (l’association des directeurs au service des personnes âgées), ainsi que la Fédération hospitalière de France. Une pétition, rédigée en soutien par trois médecins à cette occasion, a déjà dépassé les 300 000 signatures.

      Aux Bords de Seine, où la chambre est tarifée autour de 10 000 euros, prix qui peut flirter tout compris autour des 15 000 euros mensuels, le contraste entre l’affichage et le récit des gens qui y vivent ou travaillent est saisissant. « La vitrine est luxueuse mais lorsque l’on gratte, ce n’est pas joli-joli », affirme Yveline Chabot-Canville, la fille d’une ancienne résidente. « On a déjà retrouvé ma mère à 15 heures, toujours en chemise de nuit, qui baignait dans sa couche trempée. Les draps aussi étaient trempés par l’urine. » D’après des témoignages de salariés que nous avons pu recueillir, ce cas n’est pas isolé. Poches urinaires prêtes à craquer, draps souillés par les excréments, pyjamas pleins des urines de la nuit… Les matins peuvent être difficiles. « Ils jouent la carte du haut de gamme, très bien ! Mais si c’est pour donner de l’argent aux fleuristes, je préfère qu’on supprime les orchidées », grogne le fils d’un résident.

      Interrogé sur cette situation, le groupe Orpea concède « des difficultés inhérentes à la prestation de services 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 », sans répondre précisément à nos questions (dans l’onglet Prolonger, nous reproduisons les échanges et notre liste d’interrogations). Mais pour le groupe, deuxième gestionnaire d’Ehpad en France, les problèmes font partie du passé : « L’établissement des Bords de Seine a pu y être confronté sur une période donnée ; mais grâce à nos audits réguliers et indicateurs de suivi, nous avons mis en place les actions nécessaires, avec l’ensemble de l’équipe, pour y remédier de manière réactive. » Quant à l’agence régionale de santé (ARS) d’Île-de-France, chargée du contrôle de ce type d’établissement, elle confirme avoir effectivement été destinataire de réclamations en 2016. « Toutes ont été examinées et plusieurs rencontres ont été organisées entre la direction de l’établissement, l’ARS et le conseil départemental. L’établissement a fait preuve d’une attitude positive et constructive et s’est engagé à mettre en œuvre des mesures en vue d’améliorer ses pratiques. » L’ARS assure n’avoir pas reçu de nouvelles réclamations en 2017.

      Ce qui va suivre, issu de témoignages récents, ressemble pourtant à une mauvaise liste à la Prévert. Les familles se plaignent que l’établissement rogne sur les produits les plus élémentaires, comme les protections urinaires ou le papier toilette : « Il y a régulièrement des ruptures de stock pour les protections, il faut sans cesse réclamer, ou alors elles ne sont pas adaptées pour les femmes donc ça déborde, raconte une proche d’un résident. Et on ne change les personnes dépendantes que deux fois par jour. Imaginez un bébé, pensez-vous que le changer deux fois par jour soit suffisant ? »
      Les économies ne sont pas réservées aux personnes âgées, elles touchent également le matériel mis à la disposition des soignants. « Nous manquons de gants, et ceux qui nous sont fournis sont de mauvaise qualité et se déchirent, se plaint une salariée, qui souhaite rester anonyme. On nous dit de prendre du papier pour essuyer les fesses. Ou les draps, les taies d’oreiller. » Une autre soulève la difficulté de faire face aux proches, logiquement ulcérés par ce type de traitement. « Voir son père ou sa mère, qu’on a tant aimé, être traité comme ça, c’est horrible », souffle l’aide-soignante. « On sait bien qu’on n’habille pas bien, qu’on ne lave pas bien. Faire face aux familles sachant ça, c’est dur », confirme sa collègue.

      Difficile cependant pour les salariés de protester trop frontalement. Le groupe Orpea est régulièrement mis en cause pour son climat syndical, et Mediapart a eu connaissance d’au moins une élection professionnelle invalidée par la justice, ainsi que d’une tentative de licenciement d’un délégué syndical également retoquée par le ministère du travail. En 2015, Mediapart révélait également que le groupe avait fait espionner ses salariés, en particulier des représentants syndicaux. Alors que la CGT portait l’affaire devant la justice, l’entreprise lui avait proposé un « deal » secret à 4 millions d’euros en échange du retrait de sa plainte, ce que le syndicat avait refusé.

      Aux Bords de Seine, 80 personnes âgées sont logées, réparties par groupes de 23 résidents par étage, à l’exception de l’unité protégée où vivent les personnes présentant des troubles cognitifs, comme la maladie d’Alzheimer. Pour chaque étage, deux aides-soignantes qui disposent de dix minutes environ par chambre pour laver et habiller des personnes parfois très dépendantes. « La règle de trois, vous la connaissez ? C’est un code chez certaines, raconte, amère, l’une d’entre elles. Visage, aisselles et sexe. Mais la peau s’écaille comme du poisson si elle n’est pas lavée… » Dans un texte diffusé à l’occasion de la mobilisation, le syndicat Force ouvrière rappelait ce sinistre acronyme que nombre de salariés connaissent pour qualifier les toilettes express : la « VMC », pour « visage, mains, cul ».

      Malgré un « personnel formé, qui sert les repas à l’assiette dans notre salle de restaurant lumineuse, décorée et très parisienne », selon la brochure publicitaire de la résidence, la nourriture semble ne pas non plus être à la hauteur, à tel point que des cas de dénutrition ont été dénoncés à plusieurs reprises, en interne et auprès de l’ARS. « La plupart des résidents dans la salle à manger mangent “mixé” et quand on mange avec eux, on comprend pourquoi, témoigne la fille d’un résident. Ils ne peuvent pas avaler la viande, elle est beaucoup trop dure. » Alertée à maintes reprises, la direction a répondu que les couteaux allaient être changés, témoigne la famille d’une résidente, choquée. Une vieille femme vivant dans l’établissement témoigne de son désarroi : « Je ne descends plus le soir, c’est immangeable. Je mange un peu de pain et de fromage, dans ma chambre. »

      Viande trop cuite et de mauvaise qualité, des fruits « aussi durs qu’une boule de pétanque », des sauces sans saveur… Guillaume Gobet, délégué syndical CGT et chef de restauration dans un autre établissement du groupe, rappelle la gageure de cuisiner en se fondant sur le coût total de denrées par résident accordé par Orpea : moins de cinq euros par jour. Un ancien directeur d’établissement Orpea dans le sud de la France nous a confirmé ce chiffre. Et la qualité n’est pas la seule cause de dénutrition. Faute de personnel, les personnes trop dépendantes pour manger seules ne sont pas toujours suffisamment accompagnées. « Le plateau repart avec le bol plein. Moi, je me suis vue faire manger les personnes à la table de Maman, parce que leur fauteuil les éloigne trop de la table. Entre l’assiette et la bouche, ça atterrit entre les deux », témoigne Yveline Chabot-Canville.

      Si des familles concèdent des efforts récents de la direction pour améliorer les repas, la déshydratation reste un problème régulièrement convoqué, que ce soit par les salariés ou les résidents. « Nous avons toujours de très gros problèmes de déshydratation et donc d’infections urinaires, s’agace une famille. Ce n’est pas en donnant un verre d’eau à chaque repas que l’on va s’en sortir. » Dans un courrier de résident envoyé en août 2017 à la direction, le manque d’eau est écrit noir sur blanc.

      « Faut pas mourir le samedi ici, ni la nuit »

      « Orpea vend du rêve, rapporte une aide-soignante. Sonnez, il y a toujours quelqu’un derrière la porte. » En effet, l’entreprise ne ménage pas ses efforts pour soigner sa communication. Leader européen, Orpea revendique plus de 80 000 lits dans le monde pour combler les besoins de la « dépendance ». « Soyez assurés que nos équipes pluridisciplinaires, composées de professionnels formés à l’accompagnement des personnes âgées en perte d’autonomie, proposent une prise en charge sécurisée par des procédures et protocoles rigoureux, afin de veiller au quotidien au confort des résidents », assure le groupe sur son site internet.

      La réalité, faute de personnel, est tout autre, même dans une maison haut de gamme. Selon Guillaume Gobet à la CGT, le ratio en personnel chez Orpea est de 0,47 personne par résident (comprenant l’ensemble du personnel, du pôle administratif à la restauration, en passant par l’animation et le soin), quand les différents rapports publics sur le grand âge préconisent plutôt 0,66 et que la moyenne nationale s’établit à 0,55.

      « Ces numéros de téléphone sur la feuille, là, près de mon lit, ne servent à rien, c’est ce que me répond le directeur lorsque je lui dis que j’appelle sans réponse », témoigne l’une des résidentes. Les sonnettes d’urgence sonnent souvent dans le vide, elles aussi. Que se passe-t-il alors quand quelqu’un tombe ? Selon plusieurs études, une personne âgée qui reste une heure au sol voit s’accroître considérablement le risque de décéder dans les six mois. « J’ai déjà relevé moi-même des personnes qui étaient tombées chez Orpea, ce n’est pas normal », note Yveline Chabot-Canville.

      Maurice, un résident âgé de 95 ans, se souvient de la visite affolée d’une de ses voisines, vivant en couple à son étage : « Son mari était par terre. J’ai cherché une infirmière, une aide-soignante, j’ai mis trois quarts d’heure pour trouver quelqu’un. » Maurice lui-même a passé près d’une heure au sol après une chute la nuit. L’une des résidentes ayant accepté de nous parler livre également un récit qui oscille entre l’incompréhension et la peur de « déranger ». « Faut pas mourir le samedi ici, ni la nuit. J’ai été malade et personne n’est venu me voir et ma famille n’a pas été prévenue. Je suis tombée, mais comme je tombe tout le temps… Je n’ose pas demander de l’aide. Ma famille me dit d’appuyer sur la sonnette et d’attendre. Mais là, j’étais par terre… » Les familles que nous avons rencontrées font tous les mêmes récits et des alertes ont été posées à maintes reprises par les instances internes de l’établissement sur cette question.

      Le problème survient la nuit, confirment les salariés, quand les employés se font plus rares encore. « Récemment, un résident a fait une chute, raconte une aide-soignante. La personne en charge cette nuit-là avait deux étages de plus de vingt résidents, seule. Parfois, on retrouve des gens de l’unité protégée, le matin, au milieu de la salle commune. Ils n’ont pas dormi dans leur lit ! » Une situation que confirment les proches des personnes placées dans ladite unité protégée. La solitude pèse parfois autant que le risque physique : « Un homme comme moi, qui ne souffre pas de quelque chose, on ne lui répond pas. On ne s’occupe pas de moi. Il y a un grand couloir, et je n’y vois personne », se désole Maurice.

      « La composition de notre équipe dépasse historiquement les exigences fixées par la convention tripartite signée avec les autorités de tutelle ; et tous les postes sont effectivement pourvus, répond Orpea. Nous mettons également à la disposition de l’ensemble des collaborateurs (soignants ou non) de nombreux outils pour les aider à accomplir leurs missions quotidiennes, telles que des formations régulières, des protocoles et procédures, ainsi que tous les équipements nécessaires à la bonne prise en charge des résidents. »

      La direction de la maison Les Bords de Seine a bien une solution, calibrée pour sa riche clientèle. Elle conseille aux familles de prendre une “dame de compagnie”. Ceux qui le peuvent n’hésitent pas à sauter le pas et font venir dans la résidence, pour certains quotidiennement, du personnel chargé de distraire ou d’occuper leurs proches vieillissants, même si cela alourdit encore la facture. Rebecca (son prénom a été modifié) était l’une d’entre elles, chargée d’un vieux monsieur aujourd’hui décédé. « Les gens dans cette maison passent leur vie à attendre, tout le temps, que quelqu’un passe. C’est triste. » Il y a pourtant des animations l’après-midi, de qualité, selon les avis presque unanimes, insuffisantes cependant pour rompre la monotonie des journées. « À notre étage, vu qu’il n’y a que des vacataires, nous sommes obligés d’avoir une dame de compagnie, explique le fils d’un résident. Avant cela, je ne compte plus le nombre de fois où nous arrivions et où les trois aides-soignantes étaient en vacances. Ils se foutaient éperdument de la situation, cela ressemblait à un mouroir. »

      Les dames de compagnie ne sont pas censées soigner, nourrir, ou laver les résidents, tâche normalement réservée au personnel soignant qualifié. « Quand je voyais que la toilette n’était pas bien faite, j’appelais, se souvient Rebecca. Mais le personnel est toujours débordé. Et encore, moi j’étais là pour surveiller… Que se passe-t-il pour ceux qui n’ont pas de visite ? » Selon les salariés et les familles, Orpea utilise, pour boucher les trous, une pratique bien connue dans les Ehpad. Si un aide-soignant est absent, malade ou en congé, un ASH (agent des services hospitaliers) peut le remplacer. Sauf que le rôle de l’ASH se borne, selon la loi, au ménage et à la distribution des repas. À l’Ehpad des Bords de Seine, des salariés rapportent qu’ils distribuent même parfois les médicaments, une tâche habituellement réservée à l’infirmier, parfois à l’aide-soignant. Alertée à ce sujet, l’agence régionale de santé d’Île-de-France renvoie sur le code de l’action sociale et des familles : « Lorsque les personnes ne disposent pas d’une autonomie suffisante pour prendre seules le traitement prescrit par un médecin à l’exclusion de tout autre, l’aide à la prise de ce traitement constitue une modalité d’accompagnement de la personne dans les actes de sa vie courante. »

      Les vacataires sont également légion, souvent non formés. Ils font alors « office de », selon le jargon. « Nous avons beaucoup d’escarres dans l’établissement, et pas de personnes formées pour les soigner. Nous sommes censés apprendre les gestes aux nouveaux, en plus de notre travail, mais nous n’avons pas le temps ! Résultat, oui, il y a de la maltraitance passive, et des gens qui s’en foutent de leur travail. » L’aide-soignante qui s’exprime blâme la politique de bas salaires d’Orpea, qui génère un gros turn-over. « On gagne même pas 1 400 euros par mois, qui veut faire ce travail correctement à ce prix-là ? » De fait, vu la faiblesse des salaires, ils sont nombreux à cumuler un temps plein chez Orpea et un autre contrat ailleurs, ou des vacations dans d’autres établissements. « La nuit, certaines s’endorment », confirme le proche d’un résident.

      À Agen, une résidente en unité protégée a roué de coups une autre pensionnaire

      Un ancien directeur d’Orpea, dans le sud de la France, ayant passé de longues années dans le groupe, confirme le tableau qui a été décrit à Mediapart. L’Ehpad des Bords de Seine n’est pas une exception. « Je ne reconnais plus le groupe que j’ai connu. Nous devons appliquer rigoureusement les procédures du siège sans prendre en considération le client, explique cet ex-employé, scandalisé. Il n’y a plus d’humanité. » Comme tous les acteurs privés, Orpea reçoit de l’ARS une enveloppe pour payer son personnel, l’État prenant en charge à 70 % la paye des aides-soignantes et à 100 % celle des infirmières et des médecins. « Pour tout ce qui reste du coût direct, l’hôtellerie, la restauration, le ménage, etc., on nous demande de faire toujours mieux avec moins, poursuit l’ancien directeur. La marge bénéficiaire, elle se fait là, sur le personnel que vous payez, pas sur celui qui est subventionné ! » La pression mise sur la hiérarchie pour tenir les budgets n’est pas sans conséquence. À Neuilly, depuis la création de l’Ehpad en 2010, au moins cinq directeurs se sont succédé.

      Les salariés des Bords de Seine assurent que des postes financés par l’ARS, comme les aides-soignantes diplômées, sont parfois remplacés par une ou deux personnes à temps partiel, sans diplôme, donc moins bien rémunérées. L’ex-directeur interrogé confirme qu’il ne faut « jamais dépasser » l’enveloppe ARS chez Orpea, quoi qu’il en coûte. « L’ARS va nous attribuer de l’argent pour 25 postes, mais si par malheur les salaires localement sont un peu plus hauts, pour cause de rareté par exemple, on aura 22 postes et puis c’est tout. Si au cours de l’année le nombre de résidents augmente, tant pis, c’est aussi au directeur de se débrouiller. » La rigueur est payante. En 2016, le chiffre d’affaires du groupe s’élevait à près de 2,9 milliards, générant un bénéfice net de 257 millions d’euros, avec un nouveau “record” de rentabilité en 2017. En deux ans, les bénéfices ont doublé.

      Pour maintenir sa progression, Orpea s’impose comme ses concurrents un impératif, remplir ses établissements. Avec le risque d’accueillir dans ses murs des résidents qui relèvent davantage de la psychiatrie que d’un Ehpad. Fin décembre 2016, une maison Orpea à Agen en a fait la cruelle expérience. Une résidente âgée de 86 ans, en proie à de graves troubles de la santé mentale, a brutalement attaqué une autre pensionnaire du même âge, la rouant de coups. La victime de l’agression est décédée quelques heures plus tard, après avoir été emmenée aux urgences.

      « La personne qui a fait ça était agressive, on l’avait mise en zone Alzheimer de l’unité protégée en pensant que ça la canaliserait. Mais elle avait de vrais moments de folie. Celle qu’elle a agressée s’est présentée en chemise de nuit dans le salon, et cela a suffi à la mettre hors d’elle, au point de la tabasser à mort », raconte, toujours choqué, un salarié de l’Ehpad d’Agen. « Aujourd’hui, on prend n’importe qui dans nos Ehpad, des gens qui n’ont rien à y faire, qui peuvent être dangereux pour eux-mêmes, pour les autres, pour le personnel », poursuit le salarié. La famille de la victime a, selon nos informations, porté plainte contre Orpea. Depuis, la direction a ajouté un salarié aux personnes chargées la nuit de veiller sur les 85 résidents que compte la résidence. Le groupe précise par ailleurs que « toute demande d’admission fait l’objet d’un avis médical pour veiller notamment à la compatibilité de l’état de santé de la personne à accueillir avec les capacités de soins de l’institution ». « On manque de personnel, c’est clair, persiste le salarié d’Agen. Dans l’unité protégée, il y a une aide-soignante et une ASH, ce n’est pas assez. » Et pourtant, pour vanter l’unité protégée, spécialisée dans l’accueil des personnes désorientées ou atteintes de la maladie d’Alzheimer de l’Ehpad d’Agen, Orpea insiste sur la « prise en charge individualisée », appuyée par « un personnel formé à l’accompagnement des personnes atteintes de maladies neurodégénératives ».

      À Neuilly aussi les salariés craignent l’accident. « Aujourd’hui, nous avons des cas qui relèvent de la psychiatrie pure. Ils demandent beaucoup d’attention. Or la soignante de l’unité protégée a la même fiche de poste que les autres et elle est amenée à quitter l’étage. Parfois elle arrive le matin, la fille de nuit est déjà partie, les résidents sont restés livrés à eux-mêmes ! » Une photo prise à l’unité protégée montre une porte bloquée par un drap, signe de l’impuissance du personnel à trouver une autre solution. « Les salariés nous disent qu’être deux avec 13 ou 14 patients atteints de troubles cognitifs, qui déambulent, posent 50 fois la même question, souvent ne veulent pas manger, c’est très compliqué », constate une famille.

      Si certains salariés ont tiré à plusieurs reprises la sonnette d’alarme, les résidents aussi. Ainsi, Maurice a démissionné du conseil de la vie sociale (obligatoire dans chaque Ehpad, le CVS est formé de résidents, de proches de résidents et de salariés ; il doit être consulté par la direction sur la vie de l’établissement) pour marquer son désaccord. Les proches ne sont pas en reste. Des familles, en désespoir de cause, se sont ainsi carrément introduites au débotté dans une réunion des directeurs régionaux d’Orpea en septembre 2016. « Nous sommes arrivés, tels des syndicalistes, pour perturber leurs discussions et nous faire entendre. Panique à bord, surtout dans une maison de retraite à Neuilly… »

      Mais les directions peinent à satisfaire les demandes : « Souvent, ce sont des commerciaux purs et durs, explique une proche concernée. Certains au contraire sont pleins d’empathie, mais on a l’impression qu’ils se heurtent à un plafond de verre, leurs responsabilités sont assez limitées. C’est au-dessus que ça se passe. »

      Dans un rapport d’expertise réalisé à la suite d’un droit d’alerte en 2016 dans un autre établissement du groupe, et que Mediapart a pu consulter, se retrouvent les mêmes éléments qui taraudent les familles et salariés de Neuilly. Il y est écrit que « l’intensification du travail fragilise la réalisation du travail et le vécu » des employés de l’établissement Orpea. Une « usure » qui « fait le lit des actes d’agressivité envers les résidents comme envers les collègues » et qui fait « que l’on brusque le patient ou qu’on le néglige jusqu’aux violences verbales et physiques ».

      Ce saut du mal-être au travail à la maltraitance passive, voire active, à l’égard de personnes âgées très en demande est une constante de la vie dans les Ehpad. Ainsi, la député Monique Iborra (LREM), dans le rapport rédigé à l’issue d’une mission sur le secteur en septembre 2017, ne peut que constater l’ampleur du problème : « L’organisation du travail est en tension et peut être la source de dégradation importante des conditions d’exercice des métiers de soignants. Dans certains Ehpad, on parle de maltraitance institutionnelle. » Lisa (prénom d’emprunt), une infirmière ayant travaillé quelques années dans deux Ehpad de la région parisienne, est arrivée à la même conclusion, avant de quitter le secteur pour rejoindre l’hôpital : « Tu ne peux pas bien faire ton travail. Par exemple, certains pansements, tu n’as pas le temps de les changer alors que tu devrais le faire, les hydratations, pareil. Je ne m’attendais pas à ça, je savais qu’il y avait des problèmes de personnel, mais pas à courir autant, et tous les jours. Et pourtant, les gens payaient leur chambre 2 000 à 3 000 euros par mois ! » Manifestement, même en triplant le tarif, le service n’y est toujours pas.

    • Les Ehpad, premières victimes de l’austérité budgétaire, Romaric Godin, Mediapart, 28/1/18

      La grève du personnel des établissements hospitaliers pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), ce mardi 30 janvier, est une première. Elle traduit une sous-budgétisation continuelle depuis 2010, alors même que les besoins grandissent. Un décalage que les coups de pouce de l’exécutif ne modifieront pas.

      La grève nationale des agents des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), mardi 30 janvier, constitue une première dans le secteur. Elle est révélatrice d’une impasse dans laquelle s’engage depuis plusieurs années la gestion du vieillissement de la population en France, comme dans la plupart des pays développés. Derrière la contestation officielle de la réforme du financement de ces établissements, s’accumule un “ras-le-bol” général concernant les conditions de travail et l’environnement général.

      L’intersyndicale n’hésite pas à employer des mots forts et lourds de sens : les agents « n’en peuvent plus » et sont victimes d’une « souffrance au quotidien ». Le reportage de Mathilde Goanec sur la situation dans un Ehpad des “beaux quartiers” témoigne d’une situation que l’intersyndicale juge « à ce point dégradée que l’on peut parler d’urgence nationale sur un sujet de société ».

      La réponse du gouvernement à cette crise profonde et structurelle est très significative : dans les colonnes du Parisien, la ministre de la santé Agnès Buzyn a maintenu la réforme contestée du financement, tout en rajoutant 50 millions aux 100 millions d’euros déjà ajoutés en fin d’année. Des sommes destinées à calmer le mécontentement, mais qui évidemment ne sauraient répondre aux problèmes fondamentaux du secteur. Pour le reste, on est dans les méthodes dilatoires : on promet des évaluations « au cas par cas » et on affiche d’ambitieux objectifs, sans préciser les moyens qui y seront consacrés. Bref, on tente désespérément de faire retrouver aux agents (et aux familles) de la patience.

      Mais cette patience sera inutile. La dégradation de la situation provient en effet de l’approche fondamentalement comptable de ce sujet, qui est pourtant appelé à devenir de plus en plus central dans les prochaines décennies. Le vieillissement de la population est déjà une réalité et la part des personnes très âgées et dépendantes ne cessera d’augmenter. La conséquence est connue : c’est une augmentation continue des besoins de dépenses liées à la dépendance.

      Or l’État, dans sa volonté de “maîtrise de la dépense publique”, mais aussi dans sa stratégie d’allégement des cotisations sociales, refuse d’assurer ce besoin. S’ensuit un écart entre la tendance “naturelle” des dépenses et l’augmentation des moyens mis à la disposition des établissements. Ainsi, en 2018, les dépenses de l’État liées aux Ehpad devraient, selon la commission des comptes de la Sécurité sociale, progresser de 4,5 %. L’objectif de croissance de ces dépenses a été fixé par la loi de financement de la Sécurité sociale à 2,6 %.


      Évolution des plus de 60 et 80 ans dans la population française. © CNSA

      Cette réalité est bien celle d’un secteur soumis à l’austérité. Contrairement à ce que l’on entend souvent, l’augmentation visible des dépenses ou le creusement d’un déficit (ce qui, ici, n’est pas le cas, car les déficits sociaux se résorbent vite) ne constituent pas une “preuve” qu’il n’existe pas d’austérité. Lorsque les besoins croissent et que les moyens croissent moins vite, il faut faire des économies et rogner sur les prestations et les services. Or là encore, contrairement au discours souvent entendu, la France respecte ses objectifs de croissance des dépenses de santé.

      L’objectif national de dépenses d’assurance maladie (Ondam) est respecté et a permis de contenir depuis 2010 la croissance des dépenses autour de + 2 %, loin des évolutions de la première décennie du millénaire où les dépenses progressaient entre 3 % et 7 % par an. Les défenseurs des équilibres budgétaires, comme la Cour des comptes, estiment que c’est insuffisant. Mais le prix à payer pour cet effort a été une divergence encore plus forte avec les besoins de la population, qui se traduit par la crise ouverte dans les Ehpad aujourd’hui ; laquelle, rappelons-le, n’est que la partie émergée de l’iceberg des misères hospitalières.

      La prise en charge des personnes âgées a d’ailleurs été en première ligne dans l’effort d’économie. L’objectif général des dépenses des établissements médico-sociaux (comprenant à 80 % les Ehpad) a été inférieur à celui de l’Ondam en 2015 et 2016. Deux années au cours desquelles les révisions budgétaires ont encore coupé dans les moyens, alors même que la surconsommation par rapport à l’objectif se réduisait. La situation a été corrigée en 2017 mais, en 2018, l’actuel exécutif a encore ralenti la croissance de l’Ondam médico-social de 2,9 % à 2,6 %. En définitive, compte tenu de la croissance “naturelle” des besoins, et malgré la croissance nominale des dépenses, il paraît difficile d’affirmer avec Agnès Buzyn que « l’État aussi fait son travail » concernant les Ehpad.


      Évolution de l’objectif global des dépenses pour la prise en charge des personnes âgées dépendantes. © CNSA

      La réforme du financement engagée en 2017 a pour vocation de renforcer encore la maîtrise des dépenses. Elle prévoit non seulement une réforme de la tarification, mais aussi des contrats pluriannuels d’objectifs et de moyens (CPOM) sur cinq ans qui visent à rationaliser les coûts au niveau d’un département et sur plusieurs années. Rien d’étonnant, compte tenu du passé récent que l’on vient de décrire, à ce que les syndicats y voient un moyen supplémentaire de comprimer les dépenses. Et leurs inquiétudes ne sont évidemment pas infondées.

      L’actuel exécutif rejette toute hausse d’impôt et promet même de nouvelles baisses. Il a créé un “bouclier fiscal” pour les revenus du capital qui protège ces derniers de la hausse de la contribution sociale généralisée (CSG). Or, comme l’avait rappelé la commission des comptes de la Sécurité sociale, les diverses exonérations coûtent déjà 30 milliards d’euros à l’État. Plus les impôts baissent, plus l’ajustement se fera par les dépenses. Et les dépenses sociales, à commencer par celles liées au vieillissement, seront en première ligne. Un coup d’œil à la trajectoire budgétaire du gouvernement le confirme : les comptes sociaux et les collectivités locales devront dégager des excédents considérables pour satisfaire à la marche dictée par le gouvernement. In fine, compte tenu de la dynamique des besoins, on ne peut aller que vers une nouvelle dégradation de la qualité des prestations.

      Mais l’on ne sera pas quitte avec cette dégradation. Car si l’État ne veut pas assumer pleinement le coût du vieillissement, la charge se reportera vers les familles, qui peinent déjà à assumer les coûts, et vers le secteur privé qui gère déjà un quart des Ehpad. Dans les deux cas, cette solution semble très périlleuse. Le coût de la dépendance est déjà très lourd pour les classes moyennes et ceux qui ne disposent pas de patrimoine. L’alourdir encore conduira à affaiblir la situation financière de ces ménages et leur sentiment de déclassement.

      Quant au secteur privé, l’exemple d’Orpea présenté dans Mediapart le prouve : il n’est nullement un gage de qualité. Les trois grands du secteur sont soit cotés en Bourse, soit propriété d’un fonds d’investissement. C’est un gage de rentabilité, sans doute, mais nullement de qualité de la prise en charge. Dès lors, l’objectif de ces entreprises ne peut être que l’accroissement de la rentabilité par la “maîtrise” des coûts, ce qui, dans ce secteur, conduit souvent à une dégradation de fait de la qualité du service rendu. Les familles paient donc cher pour un service médiocre.
      Or plus l’écart entre les effets du vieillissement et la compression des dépenses publiques sera élevé, plus le secteur privé prendra de l’importance. Et dès lors, la gestion de la dépendance des personnes âgées sera soumise à deux pressions complémentaires qui s’exercent déjà : la maîtrise des dépenses publiques et l’exigence de rentabilité du secteur privé. Un cocktail qui ne peut que dégrader la prise en charge des personnes âgées.

      La logique de la gestion actuelle de la vieillesse est donc intenable. Penser qu’une réforme du financement dans le même cadre d’une pression continue sur les dépenses pourra assurer la soutenabilité à long terme du secteur est un leurre. De ce point de vue, la crise actuelle et l’appel à la responsabilité des agents qui sont en première ligne doivent agir comme un électrochoc et conduire à s’interroger sur la gestion purement comptable de la dépendance d’êtres humains qui n’ont que le tort d’être trop âgés.

      #austérité

  • A l’encontre » Débat. France : « S’il n’y a pas unité d’action, ce n’est même pas la peine d’en parler
    http://alencontre.org/europe/france/debat-france-sil-ny-a-pas-unite-daction-ce-nest-meme-pas-la-peine-den-pa

    <b>Entretien avec</b> <b>Jean-Marie Pernot<br>conduit par Raphaëlle Besse Desmoulières</b><p><b>Selon la CGT – qui appelait à cette troisième journée de mobilisation contre</b> …

  • La France frappée par une pénurie de beurre
    http://www.lemonde.fr/economie-francaise/article/2017/10/19/la-france-frappee-par-une-penurie-de-beurre_5203434_1656968.html

    Les professionnels le prédisaient depuis le printemps dernier, et ça y est, la pénurie de beurre est arrivée. « Il y a une pénurie de beurre depuis un bon mois », affirme la responsable de caisse de l’Intermarché de Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime), signalant que les produits de marque de distributeurs sont indisponibles et que seuls sont disponibles les produits les plus chers.

    La hausse de la demande dans les pays développés comme dans les pays en développement est responsable de cette pénurie. A cela s’ajoute le retour en grâce de la matière grasse animale, après trente ans de dédain de la part des nutritionnistes, mais aussi un goût prononcé pour les viennoiseries françaises au beurre, notamment en Chine.

    Encore un coup des Chinois !
    Mais vu par la distribution qui a su s’approprier la marge quelle qu’elle soit, tout va bien, enfin, peut-être des #problèmes_ponctuels.
    (chez moi - Paris XIV - ça fait une bonne semaine qu’il n’y a plus de demi-livres en rayon)

    En conséquence, les prix ont explosé : payé 2 500 euros la tonne en avril 2016, les cours du beurre ont atteint 7 000 euros la tonne l’été dernier. La hausse a touché de plein fouet l’industrie agroalimentaire, qui a vu ses coûts exploser mais n’a pas pu pour autant les transférer dans la grande distribution, qui fixe les prix annuellement.
    Il n’y a que des « pénuries ponctuelles, souvent liées à des problèmes de logistique, et à la population des gens un peu affolés qui en achètent plus que d’habitude », assure Hugues Beyler, directeur agriculture de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD).

    Et kicéki trinquent ? Surprise ! les producteurs !

    Les producteurs laitiers français, eux, ne bénéficient que très peu de cette envolée des tarifs du beurre, qui ne contribue pas à une hausse significative des prix du lait. Pire, en augmentant le volume de lait produit pour fabriquer plus de beurre avec la matière grasse, il risque de leur rester sur les bras une grande quantité de poudre de lait, déjà en surproduction dans l’Union européenne.

    • J’ai lu ailleurs que le fait de choisir des vaches tellement productives en lait qu’elles ne peuvent plus marcher à cause du poids de leurs mamelles a aussi appauvri la teneur en nutriments du lait produit et plus particulièrement en matière grasse.
      Plus de volume = plus de flotte, en gros. Donc, faut boire nettement plus de lait pour recevoir autant de nutriments qu’avant (et on ne parle que de lait entier, hein !).
      Et pour extraire du beurre, forcément…

    • La pénurie de beurre « ne va pas durer », assure le ministre de l’agriculture
      http://www.lemonde.fr/economie/article/2017/10/24/la-penurie-de-beurre-ne-va-pas-durer-assure-le-ministre-de-l-agriculture_520

      La pénurie de beurre qui a récemment démarré en France « ne va pas durer », a assuré mardi 24 octobre Stéphane Travert, le ministre de l’agriculture. « Nous avons affaire à deux facteurs : une baisse de la lactation des vaches et une baisse de la collecte sur la période de l’été, conjuguée à une demande très forte des pays étrangers qui a fait monter les prix », a expliqué le ministre, invité sur Sud Radio.

      « Nous allons revenir sur une collecte plus importante, donc je pense que les choses vont revenir progressivement dans l’ordre, a-t-il dit. Nous avons une production laitière très importante qui va remonter puisque nous entrons dans la période automnale et hivernale. »

      « Ce que nous pouvons faire, ici, c’est saisir le médiateur des relations commerciales pour que les distributeurs et les transformateurs s’entendent », a-t-il déclaré. « Il y a urgence », a reconnu le ministre de l’agriculture, qui s’est néanmoins refusé à donner une date pour un retour à la normale.

      La hausse de la demande dans les pays développés comme dans les pays en développement est la principale cause de cette pénurie. A cela s’ajoute le retour en grâce de la matière grasse animale, après trente ans de dédain de la part des nutritionnistes, mais aussi un goût prononcé pour les viennoiseries françaises au beurre, notamment en Chine.

      Face à cette explosion de la demande, la production laitière a baissé en Nouvelle-Zélande, plus gros exportateur mondial de lait, ainsi qu’en Europe, où la fin des quotas laitiers il y a deux ans avait provoqué une surproduction et donc une chute des cours poussant les éleveurs à réduire leurs tonnages.

      En conséquence, les prix ont explosé : payé 2 500 euros la tonne en avril 2016, les cours du beurre ont atteint 7 000 euros la tonne l’été dernier. La hausse a touché de plein fouet l’industrie agroalimentaire, qui a vu ses coûts exploser mais n’a pas pu pour autant les transférer dans la grande distribution, qui fixe les prix annuellement.

    • Vu de la tête de gondole : le gérant de la moyenne surface à côté de chez moi dit que la pénurie va durer jusqu’en février 2018. Il a quelques arrivages, mais les distille tout au long de la journée en mettant 10 ou 12 plaquettes à chaque fois.

      La grande surface, un peu plus loin, ne s’embête pas et place la totalité du carton… qui disparait donc en 10 minutes et laisse un grand vide pour le reste de la journée.

    • Ah ben, voilà !

      Pourquoi la France ne connaît pas vraiment une « pénurie » de beurre
      http://www.lemonde.fr/economie/article/2017/10/25/pourquoi-la-france-ne-connait-pas-une-penurie-de-beurre_5205775_3234.html

      Le pays est le seul à voir ses étals se vider. En cause : un bras de fer entre distributeurs et industriels, qui préfèrent vendre la production à l’étranger, à meilleur prix.

      A en croire les étals de supermarchés, la pénurie de beurre va croissant. On ne compte plus les photos circulant sur les réseaux sociaux montrant des étagères réfrigérées vides de leurs précieuses plaquettes. Même les médias étrangers se mettent à relayer cette « disette » qui mettrait en danger la gastronomie française, et menacerait les piliers du petit déjeuner. Mais pourquoi ce phénomène ne touche-t-il que la France ?
      […]
      Car à la hausse des tarifs s’ajoute un conflit entre fournisseurs et distributeurs. Chaque année, en février, la grande distribution s’entend avec ses fournisseurs de beurre sur un prix d’achat. Cette fixation du tarif consenti aux producteurs par les centrales d’achat est établie de façon annuelle. Or, depuis l’accord de février 2017, le cours du beurre s’est envolé, mais les prix sont restés sensiblement les mêmes, avec une augmentation moyenne constatée de seulement 5 % en un an dans les supermarchés.

      Dès lors, le marché national est devenu moins rémunérateur pour les industriels français. « On observe un choix des fournisseurs de se détourner vers d’autres produits plus rémunérateurs comme le fromage, ou d’autres marchés qui ont répercuté cette hausse du prix du beurre », note Adrien Pierre [
      analyste marchés laitiers au cabinet de conseil Agritel].

      A titre de comparaison, les supermarchés allemands, dont le fonctionnement avec les fournisseurs est davantage calqué sur les soubresauts du marché, ont augmenté leurs tarifs de 72 %, selon le Centre national interprofessionnel de l’économie laitière. C’est ainsi que, si les étals se vident en France, les exportations de beurre français ont augmenté durant l’été.

      Résultat, l’approvisionnement des supermarchés en pâtit. Et un sentiment de panique gagne les Français, champions du monde de la consommation de beurre, avec une moyenne de 8,3 kilos par an. « Il suffit qu’un consommateur achète deux plaquettes de beurre au lieu d’une par souci de faire des réserves, et le marché est déstabilisé », analyse Jean-Marie Séronie [agroéconomiste].

      on résume :
      – comme le producteur ne peut pas augmenter son prix de vente en France, il vend ailleurs,
      – mais, évidemment, ça reste la faute du consommateur s’il y a des pénuries


      Le Sucre, 1978, inspiré des pénuries de 1974

  • Quand un article sur les « bienfaits de la colonisation » fait imploser une revue scientifique | Slate.fr

    http://www.slate.fr/story/152360/article-bienfaits-colonisation-revue-scientifique

    Tout a commencé avec la publication par la revue universitaire Third World Quarterly, au début du mois de septembre, d’un article intitulé « The Case for Colonialism » (« Le bien-fondé du colonialisme »). L’auteur, Bruce Gilley, professeur de science politique à l’université de Portland, estime qu’il est « grand temps de réévaluer la signification péjorative » du mot « colonialisme » :

    « La notion selon laquelle le colonialisme est toujours et partout une mauvaise chose nécessite d’être repensée au regard du grave coût humain d’un siècle de régimes et politiques anticoloniaux. »

    Gilley estime que la pensée anticoloniale a surestimé les coûts et sous-estimé les bénéfices de la colonisation et a un peu vite écarté la légitimité politique des régimes coloniaux. Pour lui, les bases de cette pensée n’étaient pas scientifiques mais « politiques et idéologiques » : « Le but n’était pas l’exactitude historique mais un plaidoyer pour l’instant présent. » Il cite des exemples de pays qu’il juge détruits par la décolonisation, comme la Guinée-Bissau, et estime que « peut-être que les Belges devraient revenir » au Congo.

    #colonialisme

    • Quand Slate alimente le « Chomsky-bashing »

      Titre du paragraphe : « Soutien de Noam Chomsky »

      Emploi du l’expression « Certains défendent Bruce Gilley », alors qu’il s’agit d’une autre démarche car « défendre quelqu’un » supposerait qu’on adhère à ses idées ou son point de vue.

      Or un peu plus loin :

      Le cas le plus significatif, ici, est probablement celui du linguiste Noam Chomsky, membre du comité de rédaction de Third World Quarterly, qui a jugé que le retrait de l’article de Gilley était une option « dangereuse » et a estimé que les chercheurs devaient plutôt s’occuper de le réfuter.

      Mais là encore on commence par parler du « cas le plus significatif » (de quoi au juste) ce qui accrédite la thèse de départ, à savoir que Chomsky « défend » Gilley. Mais, ouf, le lecteur un peu fouineur apprend que Chomsky est contre le retrait de l’article et non pas pour les thèses qu’il défend, Chomsky s’en expliquant par le fait que l’article restant visible dans la publication, d’autres chercheurs auraient la possibilité de réfuter les thèses avancées par Gilley.

      Donc nous avons affaire à du mauvais journalisme et Jean-Marie Pottier, son auteur, fait preuve de suivisme et de conformisme intellectuel mais c’est sans doute ce qu’on attend de lui.

      Évidemment, ici ressurgit le spectre des thèses négationnistes de Faurisson auxquelles Chomsky aurait apporté son « soutien ».
      Voir ci-après une discussion sur un article de Wikipédia à propos de Robert Faurisson

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Discussion:Robert_Faurisson

      En effet, toute autre interprétation est fallacieuse, Chomsky a été très clair sur ce point au cours de nombreuses conférences aux USA. En France. il y des émissions de Daniel Mermet sur ce sujet ainsi qu’un documentaire qui reprend cette polémique en l’éclaircissant. Chomsky précisa à propos de notre loi Gayssot « Staline et Hitler auraient été très heureux d’appuyer une telle loi ». Il indiqua également que si la liberté d’expression ne sert qu’à laisser s’exprimer des opinions favorables aux nôtres, elle ne sert pas à grand chose. Celle-ci n’a un sens que si des opinions que nous abhorrons peuvent avoir libre cours. Sa lettre en soutien au droit d’expression de Faurisson — et non pas à ses idées comme on semble le faire croire ici — ne disait pas autre chose.146.185.28.59 (discuter) 22 août 2014 à 18:27 (CEST)

    • J. Robinson explique ainsi que le calcul coûts/avantages de l’auteur revient à absoudre quelqu’un qui dirait « OK, j’ai tué ma femme, mais mon métier, c’est pompier » et ajoute que « construire des lignes électriques et ouvrir une école ne constitue pas un permis pour dépouiller et assassiner des gens ». Vijay Prashad, professeur au Trinity College (Connecticut) et un des membres démissionnaires du comité de rédaction de la revue, reproche lui à Gillay de s’inscrire dans un courant de « débrutalisation » de l’histoire coloniale très actif depuis une quinzaine d’années. Et, de manière plus actuelle, de refléter le climat politique :

      « Cet essai paraît à l’époque de Donald Trump, alors que le suprémacisme blanc est de retour et les cicatrices du colonialisme encore visibles. L’idée selon laquelle les penseurs progressistes, post-coloniaux et marxistes ont dénigré “l’histoire blanche” est un refrain constant des racistes. »

      Sinon, je connais bien la position de Chomsky sur la censure et il a toujours été très clair avec. https://blog.monolecte.fr/2015/05/06/pourquoi-la-liberte-dexpression-nest-pas-negociable

      D’ailleurs, le papier de Slate ne dit pas autre chose :

      Le cas le plus significatif, ici, est probablement celui du linguiste Noam Chomsky, membre du comité de rédaction de Third World Quarterly, qui a jugé que le retrait de l’article de Gilley était une option « dangereuse » et a estimé que les chercheurs devaient plutôt s’occuper de le réfuter

      .

      Il est important d’expliquer en quoi le postulat du bonhomme sur les bienfait du colonialisme est biaisé, donc d’en débattre et d’en démontrer les mécanismes, un peu comme il est contreproductif de punir un gosse sans lui expliquer pourquoi.

      Bien sûr, Lordon répliquerait que le problème de fond, c’est qu’il ne faut que quelques secondes pour balancer une idée-slogan fausse qui claque et qui marque les esprits, mais qu’il faut souvent bien plus d’une heure pour argumenter et démonter cette idée fausse. Or dans notre contexte médiatique de l’instantanéité et de l’éphémère, il n’y a plus de place pour les temps longs de la réflexion, juste pour les slogans…
      #médias #censure #liberté_d'espression

    • Bien sûr, Lordon répliquerait que le problème de fond, c’est qu’il ne faut que quelques secondes pour balancer une idée-slogan fausse qui claque et qui marque les esprits, mais qu’il faut souvent bien plus d’une heure pour argumenter et démonter cette idée fausse.

      Rapidité et paresse intellectuelle sont deux problèmes qui minent la crédibilité des médias.
      Ce n’est pas en cachant les malades de la peste que l’on éradiquera la maladie. Mais là, je ne fais que paraphraser ce que dis sur ton blog à propos des blattes ...

    • Reclaiming value from academic labor: commentary by the Editors of Human Geography (2017-11-07)

      There have long been discussions about the need for an alternative publishing model for academic research. This has been made clear by the September 2017 scandal involving #Third_World_Quarterly. The editor’s deeply problematic decision to publish an essay arguing in favor of colonialism was likely meant as click-bate to drive clicks and citations. But we should not lose sight of the fact that this latest scandal is only one recent manifestation of a long-simmering problem that has periodically commanded significant attention in the academic literature, blogs, email lists, conference sessions, and the popular press. As a direct result, over the last decade or more, new journals have been created that specifically endeavor to offer routes around corporate/capitalist academic publishing, and several existing journals have removed themselves from this profit-driven ecosystem. In this commentary, the editorial team of the journal Human Geography weighs in on what we see as the nature of the problem, what we are doing in response, what our successes have been, and what challenges remain.

      https://fennia.journal.fi/forthcoming/article/66683/27159
      #université #recherche #édition_scientifique #publications_scientifiques

  • Une initiative dystopique dans les prisons israéliennes –
    Yoav Litvin | Publié le 6/10/2017 sur Counterpunch | Traduction : Jean-Marie Flémal
    http://www.pourlapalestine.be/une-initiative-dystopique-dans-les-prisons-israeliennes

    (...) Israël est l’un des principaux fournisseurs d’armes mondiaux. Il possède un palmarès nébuleux de vente d’armes à certains des régimes et milices les plus violents qui soient. Depuis des décennies, l’industrie israélienne de l’armement alimente des guerres et des crises dans le monde entier, ce qui s’est traduit par des milliers de victimes. Ne serait-ce que très récemment, les ventes d’armes au Myanmar par Israël ont fait l’objet de débats intenses et de multiples condamnations, en raison de l’épuration ethnique du peuple rohingya appliquée actuellement par le régime birman.

    Israël est également un pays de pointe dans les services de sécurité. La police américaine et d’autres forces de sécurité bénéficient régulièrement de formations et d’entraînements en Israël, malgré – ou plutôt en raison de – sa longue histoire d’occupation, de pratiques répressives et de violations des droits de l’homme.

    Israël a servi de source d’inspiration pour les politiques et idéologies les plus régressives, xénophobes et répressives. En fait, le président américain Donald Trump et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou ont des visions très semblables d’un futur dominé par des économies ethnocentriques, hyper-militarisées, privatisées et contrôlées par le monde de la grosse entreprise, un futur qui profitera à leurs riches amis au dépens des simples citoyens et dans lequel l’accent sera mis sur l’appauvrissement incessant du Sud planétaire et le déni du moindre tout droit aux communautés de couleur, indigènes et immigrantes.

    Dernièrement, le gouvernement israélien a annoncé une initiative absolument dystopiques. Selon Walla News, le ministre de la Sécurité intérieure Gilad Erdan et le président de l’Université de Bar-Ilan Aie Zaban collaborent à la mise en place d’une « prison d’enseignement universitaire », dans le même sens que l’on parle d’hôpitaux d’enseignement universitaire.

    La prison sera gérée par le Service pénitentiaire israélien (IPS) et des universitaires de l’Université de Bar-Ilan auront le champ libre pour mener des « expériences » et autres tâches (non spécifiées). Erdan a ajouté qu’il croyait que la nouvelle prison universitaire « pourrait inspirer d’autres pays ».(...)

  • Cet article derrière paywall ayant suscité ma curiosité :
    http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2017/09/23/ces-senateurs-globe-trotteurs-aux-frais-des-entreprises-et-des-etats_5190256
    j’ai cherché un peu la source :
    Invitations déclarées par des membres du Sénat effectuant des déplacements financés par des organismes extérieurs (à compter du 1
    er octobre 2014)

    https://www.senat.fr/fileadmin/Fichiers/Images/sgp/Liste2014-2016_en_ligne.pdf

    • J’ai parlé trop vite… En fait, pas si bien que ça.
      Le copier ne prend pas tout, Aperçu se met à ramer et l’arrivée dans Excel s’est interrompue :-(

      Il y a certainement des caractères spéciaux qui perturbent le flux, sans parler (pour après) le bazar des cellules fusionnées !

      D’où, deuxième angle d’attaque, je vais tenter un passage préalable par un éditeur de texte. Mais, plus tard, parce que ça risque d’être chronophage et que je suis pris ce soir…

    • Depuis octobre 2014, 91 élus ont bénéficié de voyages à l’étranger financés par des organismes extérieurs.

      C’est une liste en forme d’inventaire à la Prévert, discrètement publiée sur le site du Sénat : des régimes autoritaires, riches en hydrocarbures, comme l’Azerbaïdjan ou le Qatar, y côtoient la SNCF ou Eco-Emballages, une entreprise privée chargée de recueillir pour les collectivités les financements nécessaires au recyclage. Le point commun de toutes ces entités ? Elles ont invité à plusieurs reprises des sénateurs en « voyages d’études » à l’étranger.

      Depuis le 1er octobre 2014, pas moins de 91 d’entre eux (le quart) ont bénéficié de ces voyages, au demeurant tout à fait légaux. Quatre sénateurs se distinguent : Jean-Marie Bockel, Nathalie Goulet, Yves Pozzo di Borgo, Union des démocrates et indépendants (UDI), élus respectivement du Haut-Rhin, de l’Orne et de Paris, ainsi que Jean-Pierre Raffarin, Les Républicains, élu de la Vienne. A eux quatre, ils ont effectué plus d’un déplacement offert sur quatre.

      Diplomatie parlementaire ou lobbying, le grand flou

      « Impossible de faire de la diplomatie parlementaire le cul devant la télé à regarder “Ushuaia” », assure au Monde la vice-présidente de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées au Sénat, Nathalie Goulet (dix-huit voyages offerts à son actif depuis le 1er octobre 2014).

      Représenter la France auprès des parlements étrangers fait partie des prérogatives des sénateurs. L’Assemblée dispose de groupes d’amitié, qui permettent d’organiser, de financer et surtout d’encadrer ce type de voyages. Leur règlement insiste sur le respect du « principe d’indépendance à l’égard de toute puissance étrangère », mais aussi sur le caractère très ponctuel que doivent prendre ces visites à l’étranger :

      « Un sénateur ne peut pas effectuer plus de deux déplacements par an au titre des groupes d’amitié, dont un seul hors du territoire européen. »
      Insuffisant pour certains, qui acceptent donc, en sus, les invitations d’organismes extérieurs. Mme Goulet, présidente du groupe d’amitié France-pays du Golfe, s’est ainsi rendue cinq fois dans cette région depuis octobre 2014, en plus des voyages parlementaires organisés par son groupe.

      Des excursions, explique-t-elle, principalement à l’invitation des pouvoirs en place, notamment pour « aider à nouer des contacts entre les pays du Golfe et Tracfin », le service de renseignement rattaché au ministère des finances, chargé de la lutte contre les circuits financiers clandestins et le blanchiment d’argent :

      « Je ne vois pas comment on peut avancer si on ne rencontre pas les autorités locales. Comme le Sénat n’a plus de budget pour les voyages officiels, on est obligés d’accepter les invitations. »
      La mission des parlementaires peut aussi être d’ordre commercial. Pour aider à la signature de contrats. « Dans les pays où la politique importe, la SNCF se fait toujours accompagner. Leurs interlocuteurs apprécient la présence d’officiels et les retours d’expérience qu’ils peuvent leur apporter », explique Jean-Marie Bockel, vingt voyages depuis octobre 2014, dont deux avec la SNCF en Iran et à Singapour.

      Entreprises publiques et organismes parapublics qui invitent régulièrement les sénateurs en voyages d’étude

      Nombre de voyages individuels payés aux sénateurs depuis septembre 2014. Passez la souris sur les barres pour en savoir plus sur les organismes invitant.
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      Compagnie européenned’intelligence stratégique
      SNCF
      Eco-Emballages
      Fondation Prospective etInnovation
      Elnet Dialogue stratégiqueFrance Israël (ex-aequo)
      Fondation russe pour la paix (ex aequo)
      SOURCE : SÉNAT, LE MONDE
      Autre enjeu de ces voyages sénatoriaux : « Explorer des relations un peu tendues » avec des pays pas toujours en odeur de sainteté auprès du Quai d’Orsay, explique le constitutionnaliste Didier Maus.

      « Les sénateurs ont un double statut à l’étranger, à la fois officiel et officieux. Ils représentent la France, mais les discussions qu’ils ont avec les responsables du pays d’accueil sont différentes, moins engageantes, que celles que ces derniers ont avec les diplomates ou l’exécutif français. »
      C’est la stratégie employée par Taïwan, qui n’a pas de relation diplomatique officielle avec la France, qui a organisé, depuis octobre 2014, douze voyages pour des sénateurs français, dont M. Bockel. « Nous espérons que Taïwan soit mieux connu et soutenu », explique-t-on au sein du bureau de représentation en France de ce pays.

      Si les constitutionnalistes s’accordent sur la justification de ces trois ingrédients de la « diplomatie parlementaire » (classique, commerciale et parallèle), certains voyages effectués par les sénateurs semblent sortir de ce cadre. L’observation d’élections à l’étranger notamment. « Ce n’est pas de la diplomatie parlementaire, explique Didier Maus. C’est un exercice compliqué qui nécessite de rester longtemps sur place, ce que les parlementaires n’ont pas le temps de faire. »

      Les voyages offerts aux sénateurs durent en moyenne quatre jours. Ceux dont l’objet est d’« observer la bonne tenue des élections » ne font pas exception. L’Azerbaïdjan avait invité Mme Goulet et d’autres parlementaires trois jours en septembre 2016, à l’occasion d’un référendum visant à étendre les pouvoirs du président Aliev. Depuis octobre 2014, les pouvoirs ouzbek et kazakh ont proposé par trois fois à Yves Pozzo di Borgo d’attester du bon déroulement de leurs élections, durant des excursions de quatre à six jours.

      L’enjeu pour ces Etats autoritaires est d’obtenir des officiels européens invités des prises de parole positives à l’issue des scrutins. Yves Pozzo di Borgo, cité par l’agence de presse Ouzbékistan Today en avril 2015, avait déclaré : « Les élections se sont tenues conformément à la loi, elles étaient libres et démocratiques. »

      Dans le même temps, l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), chargée d’encadrer les missions officielles d’observation d’élections par des élus européens, avait déclaré : « Malgré des améliorations par rapport à la dernière campagne présidentielle, il est impossible d’être un candidat indépendant à la présidence. »

      A écouter Yves Pozzo di Borgo, il faudrait distinguer ces observations réglementées de celles faites à l’invitation des pays concernés :

      « C’est un signe d’amitié, on n’est pas dans une logique critique quand on est président de groupe [France-Asie Centrale]. (…) Mais cela ne veut pas dire qu’on est instrumentalisé. On est dans une logique diplomatique, on les encourage à faire évoluer les choses. »
      Reste que ces différents cadres de voyages finissent par perdre les intéressés eux-mêmes. Le sénateur de Paris souligne au Monde que ces observations d’élections ont été faites – et financées – dans le cadre de son groupe d’amitié parlementaire, alors qu’il avait déclaré au Sénat les avoir effectuées aux frais de la « partie ouzbèke ».

      L’Azerbaïdjan est le pays offrant le plus de voyages aux sénateurs, devant le Qatar et Taïwan

      Nombre de voyages individuels payés aux sénateurs depuis septembre 2014
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      Azerbaïdjan
      Qatar
      Taïwan
      Chine
      Egypte
      SOURCE : SÉNAT, LE MONDE
      Autre problème soulevé par ces voyages financés par des organismes extérieurs ou des entreprises : s’ils aident les élus à « développer leur expertise sur le terrain », selon les mots d’Yves Pozzo di Borgo, ils sont un moyen pour l’organisme invitant de faire passer des messages. Jusque dans l’hémicycle.

      Le Monde a relevé plus d’une dizaine de questions au gouvernement posées par des parlementaires contenant les mêmes éléments de langage à propos de la mise en concurrence d’Eco-Emballages. Tous ces parlementaires avaient été invités à Vienne, en Guyane ou à Mayotte par l’organisme qui pilote le dispositif national de tri et de recyclage des emballages ménagers.

      La direction de ce dernier estime que « ces voyages s’inscrivent pleinement dans le cadre des missions confiées à Eco-Emballages et de sa demande d’agrément ».

      « Dans le cadre d’un groupe d’amitié, on est bien dans un échange de réflexions sur des thèmes choisis par des parlementaires des deux pays. Mais dans le cadre d’un voyage payé par un Etat, on est dans des opérations de communication, de relation publique, de lobbying », relève René Dosière, ancien député apparenté socialiste de l’Aisne et spécialiste de la gestion des finances publiques.

      « Je ne suis pas née de la dernière averse, on voit bien si on doit se faire instrumentaliser. On sait bien quand on doit dire non », se défend Mme Goulet.

      Six voyages sur dix effectués pendant les sessions ordinaires

      Au-delà des débats suscités par ces voyages, ni tout à fait privés ni tout à fait publics, entre diplomatie parlementaire et lobbying, se pose la question du temps qu’y passent les sénateurs. Dans six cas sur dix ils ont lieu pendant les périodes de travaux parlementaires. Contrairement à ceux des groupes d’amitié, qui s’arrangent pour voyager pendant les « vacances » qui ponctuent les sessions.

      Jean-Pierre Raffarin a effectué près de 8 voyages sur 10 durant les sessions ordinaires du Sénat

      Part des voyages payés par des tiers ayant eu lieu durant les sessions ordinaires du Sénat
      0 %
      20 %
      40 %
      60 %
      80 %
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      Jean-PierreRaffarin
      Yves Pozzo diBorgo
      NathalieGoulet
      Sénateurmoyen
      Jean-MarieBockel
      SOURCE : SÉNAT, LE MONDE
      Jean-Pierre Raffarin, président de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées, s’est ainsi rendu dix-huit fois à l’étranger grâce à des organismes extérieurs, dont treize fois en Chine. Il a consacré plus de 12 % de son temps à ces voyages durant les sessions ordinaires du Sénat. Une proportion proche de celle des autres « globe-trotteurs » et bien loin des 2 % consacrés par le sénateur moyen. « Présenté en Asie comme l’un des Français parmi les plus connus, j’ai assumé plusieurs responsabilités, bénévolement », explique-t-il au Monde.

      Les sénateurs globe-trotteurs ont consacré plus de 11 % de leur temps de session ordinaire aux voyages payés par des tiers

      Part de leur temps consacré aux voyages payés par des tiers, durant les séances plénières du Sénat, depuis septembre 2014
      0 %
      2 %
      4 %
      6 %
      8 %
      10 %
      12 %
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      Jean-PierreRaffarin
      Yves Pozzo diBorgo
      Jean-MarieBockel
      Nathalie Goulet
      Sénateur moyen
      SOURCE : SÉNAT, LE MONDE
      Parmi les organismes l’ayant invité en Chine, on trouve le Boao Forum for Asia, le « Davos de l’Asie », dont il est membre du conseil, mais aussi le comité France-Chine et la Fondation Prospective et Innovation, deux organisations dont il est président. Sur les dix-huit voyages payés par un tiers, dix l’ont été par ces organisations, où le sénateur de la Vienne a des responsabilités, dont huit par celles qu’il préside.

      Une manière de préparer l’avenir, puisqu’il renonce à poursuivre son mandat à partir d’octobre ? « Je n’ai pas encore organisé cette “nouvelle vie”. Je me consacre pour l’instant à la mise en place de l’ONG Leaders pour la paix. Pour le reste j’entends bien poursuivre ma connaissance de la Chine. »

    • Un premier essai en diagramme de flux (Sankey, avec un outil gratuit en ligne).

      J’ai enlevé les parlementaires qui avaient une seule mission déclarée.

      Note : il y a pas de boulot, les libellés des pays/villes ne sont pas standardisés
      et il faudrait (mais dans cet outil, c’est manuel) optimiser le placement des sources et des destinations

    • @grommeleur, en général, mon premier réflexe c’est de tout sélectionner et copier (dans mon lecteur de pdf, Aperçu sur Mac, il y a les commandes et raccourcis ad hoc, ce doit être le cas pour les autres lecteurs basiques. Quand tu ne peux pas le faire, c’est que l’auteur du pdf a explicitement interdit la chose en modifiant une propriété du pdf ; ça ne dépend pas (ne devrait pas dépendre) de ton lecteur.

      Après, je colle ça dans mon tableur. Il peut arriver qu’il soit plus simple de retravailler le résultat dans un éditeur de texte avant de terminer dans le tableur.

      Dans ton cas, Tabula plante parce qu’il y a des caractères « spéciaux » dans le pdf (c’est toujours un peu bizarroïde, notamment quand il y a de l’Unicode). Quand ils arrivent dans le texte ils font sauter l’importation. C’est la même chose qui s’est produite dans ma tentative.

    • Il y a une grande variété de payeurs, mais pour l’Azerbaïdjan ou le Qatar, il ne s’agit que d’institutions de l’état (à l’exception d’un financement par l’Association des amis de l’Azerbaïdjan, ce qui ne doit pas changer grand chose à l’origine initiale des fonds…)

  • Au #FN, l’impossible existence des numéros deux
    https://www.mediapart.fr/journal/france/210917/au-fn-l-impossible-existence-des-numeros-deux

    Florian Philippot et #Marine_Le_Pen au Parlement européen, le 25 octobre 2016. © Reuters Pendant 45 ans, les Le Pen ont développé une même gestion hypercentralisée du FN, ponctuée de purges, de scissions et de portes qui claquent. La démission de Florian Philippot prouve, à nouveau, l’impossibilité d’exister comme numéro deux au sein du #parti lepéniste.

    #France #Front_national #Jean-Marie_Le_Pen #scission

  • Oyez, braves gens ! "Libération" vient de découvrir l’eau chaude ...

    Les voitures électriques sont-elles vraiment « propres » ? - Libération
    http://www.liberation.fr/futurs/2017/09/16/les-voitures-electriques-sont-elles-vraiment-propres_1596551

    Constructeurs et politiques œuvrent de plus en plus au développement des véhicules électriques, qu’ils appellent « véhicules propres ». Terme qui peut porter à confusion et qui occulte la pollution qu’engendrent ces bolides.

    Les voitures électriques sont-elles vraiment « propres » ?

    « Véhicules propres », sous-entendu n’émettant pas de CO2, donc non-polluants. L’expression est aujourd’hui utilisée pour faire référence aux voitures électriques. Mais à y regarder de plus près, ces véhicules ne sont pas si écologiques.

    Après Tesla, constructeur californien qui s’est positionné sur le créneau des voitures électriques il y a dix ans, les autres fabricants (BMW, Volkswagen, General Motors, entre autres, et plus récemment Volvo) se « mettent au vert ». Les taxes dissuasives sur les émissions de CO2 et les incitations financières (bonus, subventions) en faveur de l’électrique mises en place par de nombreux Etats ont aidé à cette reconversion.

    La France et le Royaume-Uni ont même récemment pris la décision d’interdire la vente de véhicules essence et diesel à partir de 2040. Et histoire de concurrencer les acteurs occidentaux, la Chine, premier marché automobile mondial, envisage de suivre le mouvement. En France, les collectivités locales investissent aussi dans ce sens. Jeudi, Laurent Wauquiez, président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, s’est targué d’avoir lancé une prime régionale « véhicule propre ».

    Nous avons mis en place 1 prime régionale « véhicule propre » pour toute acquisition de véhicules propres (élec/GNV /hydrogène) pic.twitter.com/SLeQE5fhQ1
    — Laurent Wauquiez (@laurentwauquiez) 14 septembre 2017

    En juin 2014, le jury de déontologie publicitaire JDP, instance de l’Autorité de régulation professionnelle de la publicité (ARPP), a pourtant conclu que la voiture électrique ne pouvait pas être considérée comme « écologique » ou « propre ». L’Observatoire du nucléaire, association antinucléaire, avait notamment dénoncé les publicités trompeuses de véhicules en libre-service du groupe Bolloré. Le JDP avait déjà épinglé les publicités Citroën, Opel ou encore Nissan pour des raisons similaires. Cette instance émet seulement des avis, pas des sanctions, mais les marques rectifient souvent le tir pour épargner leur image.

    Le directeur général de l’ARPP, Stéphane Martin, déclarait alors au Monde : « Tout véhicule a un impact sur l’environnement, lors de sa construction comme de son cycle de vie. On ne peut pas qualifier la voiture électrique de propre mais on peut avancer qu’elle contribue au développement durable ou qu’elle est plus propre que les voitures thermiques, à condition d’en apporter la preuve. » Comment éviter les raccourcis ?
    Une réduction de la consommation d’énergie discutable

    Dans son rapport datant d’avril 2016, l’ADEME souligne que « le développement du véhicule électrique permet de réduire la dépendance au pétrole importé ». Grâce à un « excellent rendement énergétique », il consomme aussi moins d’énergie qu’un véhicule thermique pour se déplacer. Mais il y a un hic : « Sur l’ensemble de son cycle de vie, la consommation énergétique d’un VE [vehicule électrique] est globalement proche de celle d’un véhicule diesel ». Cela s’explique par le fait qu’une voiture électrique nécessite deux fois plus d’énergie pour sa fabrication qu’une voiture thermique. Un des pôles les plus énergivores est l’assemblage des batteries.

    « Aujourd’hui, les matériaux sont préparés dans des fours à 400°C, ce qui engendre une consommation d’énergie relativement importante. Mais cela devrait s’améliorer dans les années qui viennent : les chercheurs essayent de développer des méthodes de synthèse qui ont lieu à 150°C, ce qui demande moins d’énergie », explique Jean-Marie Tarascon, professeur au Collège de France et chercheur en stockage électrochimique de l’énergie.

    « A la différence des véhicules thermiques, la majorité des impacts environnementaux d’un VE interviennent lors de la phase de fabrication. Les gains environnementaux d’un véhicule électrique se retrouvent donc à l’usage », conclut l’Ademe.
    Pas d’essence ne veut pas dire pas de pollution

    « Voiture électrique, zéro émission » est devenu un argument de promotion de ces véhicules. Or quand elles roulent, les voitures électriques émettent bien du CO2, même si les rejets sont beaucoup moins importants que pour le diesel ou l’essence (environ 9 tonnes de CO2-eq contre 22 tonnes de CO2-eq en France sur l’ensemble du cycle de vie selon l’Ademe). Comment une voiture sans carburant fossile peut-elle émettre du CO2 ? La pollution est en fait indirecte. Elle est causée par la production de l’électricité utilisée pour recharger les véhicules. En Chine, où l’électricité provient de centrales à charbon, l’impact écologique est par exemple beaucoup plus important.

    « L’électricité utilisée en France émet peu de CO2 grâce au nucléaire. Mais ce n’est pas une énergie propre, puisque cela produit des déchets radioactifs. Et nous importons aussi de l’électricité d’Allemagne, essentiellement produite grâce aux centrales à charbon », relativise Stéphane Lhomme, président de l’Observatoire du nucléaire, association antinucléaire. « Si l’énergie utilisée est renouvelable, qu’elle provient d’éoliennes ou du photovoltaïque, cela a un avantage énorme et la pollution est vraiment diminuée », indique Jean-Marie Tarascon.

    Contrairement aux diesels et essence, les véhicules électriques ne dégagent pas de polluants (COV et NOx) favorisant la formation d’ozone, qui est responsable de la dégradation de la qualité de l’air. Mais ils émettent quand même des particules fines. Et pour ça, pas besoin de pot d’échappement. Une étude de l’Observatoire de la qualité de l’air en Ile-de-France a démontré que 41% des particules fines en suspension émises en 2012 par le trafic routier dans la région parisienne étaient issues de l’abrasion des pneus, du revêtement routier et des freins.
    L’enjeu des batteries

    Toujours selon l’Ademe, le potentiel d’épuisement des ressources fossiles pour la fabrication d’un véhicule électrique et plus important que pour les véhicules thermiques. En cause, l’extraction des matériaux rares (cobalt, lithium, graphite…) qui composent les batteries lithium-ion utilisées sur le marché. « La filière nécessaire à la fabrication des batteries a des effets dramatiques, ce qui a été démontré de manière édifiante par deux documentaires. Celui de France 5 en Amérique du Sud sur les réserves de lithium. Il y a aussi celui d’Envoyé spécial sur le graphite de Chine », ajoute Stéphane Lhomme.

    Lire aussiBolivie : sur un baril de lithium

    « Le cobalt provient de RDC, là-bas les exploitations sont d’un point de vue éthique totalement anormales, c’est pourquoi nous essayons de nous en affranchir. Aujourd’hui beaucoup de compagnies essaient de recycler ces matériaux à partir de batteries usagées pour les réutiliser dans les nouvelles. Cela a aussi un coût moins important que d’aller extraire du nouveau cobalt », explique le chercheur Jean-Marie Tarascon. Il est aujourd’hui possible de recycler une batterie en intégralité, mais là aussi, cela a un coût que les constructeurs ne veulent pas forcément assumer. L’Union européenne oblige depuis 2011 à recycler au moins 50% du poids des batteries. Et comme le lithium est un produit léger, il n’est pas recyclé en priorité.

    Dans un futur plus ou moins proche, les voitures électriques pourraient devenir plus « propres ». « Les chercheurs ont bien pris conscience de ces problèmes environnementaux et tentent de les minimiser. Pour réduire le coût énergétique, nous travaillons au niveau des batteries. Des recherches tentent de développer des technologies qui utilisent du sodium, plus abondant que le lithium. Il ne fait aucun doute que dans le futur les voitures électriques seront fabriquées avec peu d’enjeu environnemental », prévoit le chercheur Jean-Marie Tarascon.
    Margaux Lacroux

    #qu'est-ce_qu'on_rigole

    • Quand en plus, on t’annonce que les transporteurs vont avoir une fiscalité adaptée pour leur carburant ( traduction : les camionneurs paieront leur gasoil moins cher que les prolos qui ont besoin d’une caisse pour aller bosser), y a des claques qui se perdent ...

    • Donc... Je ne sais pas si la voiture électrique est plus ou moins propre, mais voici un retour d’expérience : nous en avons une depuis quatre ans avec laquelle nous roulons en moyenne 20 000 km par an, en Norvège, dans des conditions climatiques compliquées. Pas de carburant, pas d’huile (sauf pour les rouages), entretien divisé par Économies annuelles par rapport à une voiture classique dont le prix d’achat est le même : environ 4000 euros on fait 30 km en voiture électrique pour le prix d’un km en voiture à essence (en Norvège l’électricité est d’origine hydraulique), que nous consacrons à l’éducation, culture et musique en partie, et en remboursement beaucoup plus rapide des prêts bancaires pour la maison ou le matériel informatique...

      C’est pas plus propre, mais c’est au moins une « réattribution » qui allège le budget familial de manière très sensible. Le monde est un système, tout est lié.

    • Pour la voiture que j’utilise, l’électrique reste plus cher. En juillet, où je devais décider, c’était 30% plus cher. La suivante sera sans doute électrique... le marché semble vouloir devenir mature. Par contre, en effet, quel massacre que les batteries actuelles. Mais l’exploitation des champs de pétrole n’a jamais été un rêve pour les populations locales.

    • @monolecte oui enfin quand je dis « camionneur », je pensais surtout aux entreprises de transport routier. Quant à les favoriser parce qu’ils ont le plus grand pouvoir de nuisance, je pense qu’ils s’agit de catégories qui font preuve du plus intense lobbying.

      @biggrizzly

      le marché semble vouloir devenir mature. Par contre, en effet, quel massacre que les batteries actuelles. Mais l’exploitation des champs de pétrole n’a jamais été un rêve pour les populations locales.

      Mais de toute façon, il faudra amplifier l’extraction de minéraux. Alors un marché mature, c’est quoi au juste ? Un marché qui édicterait des règles de bonne conduite quant à l’environnement et la main d’œuvre ?

      On parle de la production de l’électricité et de ses nuisances environnementales ?

      On aborde le sujet d’une bonne gestion des transports ferrovières (fret et passagers) ?

      Allez zou ! On se lâche !...

  • « Condamner l’occupation israélienne ne suffit pas »
    Amira Hass | Publié le 6/9/2017 sur Haaretz | Traduction : Jean-Marie Flémal
    http://www.pourlapalestine.be/amira-hass-condamner-loccupation-israelienne-ne-suffit-pas

    Européens, vos dénonciations sont perçues par Israël comme dénuées de caractère urgent. Ce que vous devez faire, c’est appliquer des sanctions douloureuses.

    Aux Pays-Bas, à la Belgique et à la France : Il ne suffit pas de condamner uniquement par des mots la politique de destruction menée par Israël, qui détruit des infrastructures et des habitations financées avec l’argent de vos contribuables. C’est une bonne chose que vous soyez en colère, mais le tempo de l’accumulation de votre colère est de loin inférieur au rythme effréné et dangereux des bulldozers de l’Administration civile et des Forces de défense des colonies en Cisjordanie.

    Vos condamnations sont perçues comme dénuées de caractère urgent. Vous devez entreprendre des actions réelles. Oui, des sanctions ouvertes et déclarées, qui emprunteront la voie d’une sévérité accrue. Des sanctions douloureuses. Ce peut être la dernière chance de faire bouger l’Israélien moyen, y compris les hommes d’affaires, les touristes, les juges, les universitaires, les fermiers et les consommateurs de football étranger de leur indifférence et de leur complaisance criminelle.

    #colonisation_de_peuplement

  • Episode 1 : La nouvelle loi travail n’a pas pris de vacances.
    https://france.attac.org/actus-et-medias/les-videos/article/episode-1-la-nouvelle-loi-travail-n-a-pas-pris-de-vacances

    La nouvelle loi travail est-elle décidée de façon démocratique ? Va-t-elle enfin libérer le travail ? Va-t-elle faciliter l’embauche ? Non, bien au …

    https://france.attac.org/local/cache-gd2/94/3b0b3e619b5f3d0f36703193a4b1f1.png?1503762411