person:john stoltenberg

  • Sur les masculinités, il y a de quoi être perplexe… | Singulier masculin
    https://singuliermasculin.wordpress.com/2018/03/13/sur-les-masculinites-il-y-a-de-quoi-etre-perplexe

    Je suis en train de potasser plusieurs livres sur la masculinités. J’avais lu de Mélanie Gourarier, Alpha Mâle, Séduire les femmes pour s’apprécier entre hommes (Seuil 2017). Le livre et son autrice ont connu un bon accueil médiatique (ce qui ne signifie pas un succès de librairie et de vente). Bien que le livre se ressente de son aspect « synthèse grand public d’une étude de terrain », il apporte en filigrane un portrait de ce qui nourrit les (jeunes) masculinistes d’aujourd’hui et notamment les fameux 16-24 ans qui font la pluie et le beau temps sur les réseaux sociaux. Au fond, la virilité est nourrie de clichés qui induisent des comportements et surtout des interrogations assez ridicules et vécues par les mecs « entre soi », sans aucune considération pour les partenaires féminines. Et donc des comportements unilatéraux et méprisants envers les femmes.

    J’ai lu de Daniel Weltzer-Lang le Nous les Mecs, Essai sur le trouble actuel des hommes, (Payot 2013) qui m’a paru superficiel et inintéressant. Sur base de son travail d’enquête, il décrit des problématiques d’hommes d’une manière détachée et anodine, avec l’air de celui qui est « au balcon » (il se dit vaguement polysexuel) et qui veut banaliser les questions et perpétuer lui aussi un « entre soi » inacceptable (la domination masculine est excusée) et peu questionné. Son point de départ est la souffrance des hommes (ce qui m’interpelle aussi pour d’autres raisons et m’amènera à revenir sur ce sujet)… mais c’est aussi son point d’arrivée.

    Pour le moment, je lis de André Rauch Le Premier Sexe, Mutations et crise de l’identité masculine, Hachette 2000. C’est un livre d’historien, qui a travaillé auparavant sur le sport et le corps notamment. Je constate notamment qu’il place l’idéal du soldat de la Nation républicaine, porté par Napoléon dans sa Grande Armée, comme fondateur de la masculinité moderne. Une sorte de modèle démocratique du « brave » (volontaire ou plus tard soumis à la conscription forcée) se mettant à l’école du Grognard qui a déjà connu l’épreuve du feu et volant de victoire en victoire contre les armées seigneuriales (non-démocratiques) faites de bandes de miséreux et de mercenaires sans conviction nationaliste et sans « valeurs ». Ce modèle va valoir jusqu’à la fin de 1918 et son constat de la tuerie ignoble que constitue la guerre, et son cortège de « gueules cassées » par surcroît.

    Mais je lis aussi de Olivia Gazalé Le Mythe de la virilité, Un piège pour les deux sexes, Laffont 2017. Livre fort érudit, mais facile à lire d’une professeuse qui est aussi responsable des Mardis de la philosophie et rédactrice à Philosophie magazine. Elle balaie un vaste panorama des modèles sociaux masculins ( ceux des anthropologues, grec, romain, catholique, moyen-ageux, etc.), parfois un peu confus, mais qui offre une diversité des questions interpellante. Elle évoque notamment bien des contributions parus dans l’Histoire de la Virilité (3 tomes) sous la direction d’Alain Corbin, Jean-Jacques Courtine et Georges Vigarello (Seuil, 2011).

    Et je lis enfin (avec ma compagne, qui m’y invite) divers travaux de Franz de Waal sur les primates. De la réconciliation chez les primates (Flammarion 2002), Le Bonobo, Dieu et nous : à la recherche de l’humanisme chez les primates (Les liens qui libèrent, 2013), Sommes-nous trop « bêtes » pour comprendre l’intelligence des animaux ? (idem 2016) lesquels livres amènent à avoir un autre regard sur notre espèce et notre modèle social humain.

    De toutes ces lectures (en cours), je sors avec une perplexité redoublée. Des idées que j’ai prises pour fructueuses (dans ce contexte favorable au féminisme qui est le mien) sont à reconsidérer. Ainsi j’ai écrit, sur base d’une étude sur l’anatomie des insectes, que le sperme cherche la quantité (de vagins), l’ovule travaille à la sélection qualitative (de spermes reçus). Or, De Waal montre que, alors qu’on ne l’avait jamais étudié jusque là, on peut observer (scientifiquement) la jouissance sexuelle chez les femelles macaques (qui, toutes comme nous, n’ont pas de période annuelle de rut). Donc l’accouplement peut avoir pour but le plaisir partagé, et pas seulement la reproduction forcenée et mécanique (comme on l’avait toujours affirmé de manière réductrice). De plus, la sexualité chez les primates a une fonction de réconciliation (aussi entre mâles) indispensable dans un contexte de forte compétition agressive entre mâles (entre eux ils se blessent seulement, mais ils sont capables de tuer et de manger un intrus, même un primatologue imprudent !).

    Ainsi on découvre par exemple une sexualité « pédagogique » entre mâles adultes et jeunes hommes imberbes chez les grecs, donc une homosexualité selon nos critères mais pas selon les leurs. On constate au contraire une sorte de pédophilie orientée vers les jeunes esclaves uniquement (mais sont-ils des hommes ?) dans la civilisation romaine. Toutes choses qui sont à mille lieues de nos pratiques modernes.

    Par ailleurs, il faudrait décrire l’idéal viril des seigneurs aristocrates au moyen age, qui est aussi basé sur la force physique du combattant qui risque sa vie pour son chef (son suzerain dont il est le vassal) et qui utilise de nombreux « va-nu-pieds » (paysans sans ressources et sans motivations) pour l’assister dans ses combats. Il reçoit cette éducation dès son jeune age en étant « placé » , ainsi que les filles, dans le château de son Seigneur suzerain, et soumis avec ses pairs à rude école. Cet idéal viril aristocratique n’est pas le même que celui du XIXe siècle napoléonien et républicain (Rauch) mais il lui correspond néanmoins.

    Bref, on peut dire qu’il y a sans doute un fond commun ancestral, originaire, de domination masculine Hommes/Femmes (à lire comme une fraction Dessus/dessous) qui tient à notre espèce et sans doute aux races de singes qui nous ont précédé, mais que cela a donné des variations très étranges selon les sociétés et les modèles que nous avons connues et encore avec celles d’aujourd’hui.

    Il faut d’ailleurs dire qu’on a connu des « re-surgissements masculinistes » au temps du fascisme militariste, qui prétendaient combattre un « amollissement » de la « Nation », attribué aux juifs et aux socialistes au tournant du siècle 1900 (songez à l’Affaire Dreyfus, par exemple) et à la suite du Front populaire de 1936-37. Si un tel ré-investissement (toujours présent en filigrane, et bien plus étendu que le seul mouvement des « pères martyrisés ») devait se lever dans un contexte futur (de remilitarisation, par exemple), nous sommes encore sans armes pour le combattre avec force, une force qui lui soit opposable.

    Il est donc difficile de dire ce que signifie notre consensus pour revendiquer une égalité hommes/femmes aujourd’hui. Il est difficile de lire la Masculinité à partir de ce contexte féministe. En fait, les masculinités sont encore très mal connues. D’autant que la masculinité n’est ni un état physique acquis, ni un corpus de valeurs stable et définitif au niveau collectif, ni un itinéraire bien balisé pour les individus mâles. Il est difficile de dire ce qui est important et mérite réformation en priorité par les hommes eux-mêmes, mais aussi par les femmes. Et, pour le dire concrètement, il n’est pas simple de définir les « messages à éviter », les modèles « à ne pas perpétuer » qui définissent une éducation des garçons aujourd’hui. Ne dites pas « Contrôle toi, souffre en silence, sois un homme, mon fils », mais dites quoi ?

    Bien évidemment, les écrits féministes radicaux ont abordé ces questions de la masculinité de front et elles ont ébranlé bien des certitudes. MAis elles sont restées au dehors de la forteresse. Sur base des travaux de John Stoltenberg et de Léo Thiers-Vidal, je reste convaincu qu’il faut mettre en cause l’érotisme masculin, que ce soit dans ses fantasmes de violence (et ses pratiques violentes), dans cette fixation sur le pénis au détriment du reste du corps, et sur la pénétration comme pratique exclusive (ne pas être pénétré, et s’en tenir strictement à l’hétérosexualité) et dans son exploitation méprisante des femmes (prostitution, pornographie… et taches ménagères dont nous « jouissons »). Et que cette mise en cause critique doit pouvoir parcourir les divers modèles masculins à travers l’histoire pour en rendre compte et les déconstruire. Il n’y a pas encore à ce sujet d’acquis consensuel qui puisse être transmis et enseigné, loin s’en faut ! Il y a bien des « gender studies » dont nous avons les échos. Mais il y a évidemment du boulot.

  • Parler de « masculinité saine » est comme parler d’un « cancer sain ». Voici pourquoi |

    John Stoltenberg

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2018/03/10/parler-de-masculinite-saine-est-comme-parler-d

    Je comprends – je le comprends vraiment – pourquoi beaucoup de personnes éduquées à devenir des hommes cherchent une identité personnelle genrée qui soit bien distincte de tout ce qui a été qualifiée, ces derniers temps, de masculinité toxique. De nos jours, une personne dotée d’un pénis1 devrait vraiment faire l’autruche pour ne pas remarquer tous ces comportements visant à prouver sa virilité qui ont été critiqués comme contraires au bien-être (le nôtre et celui des autres). Cependant, autant la personne dotée d’un pénis accepte la critique croissante de la masculinité traditionnelle, autant il peut raisonnablement se demander quels sont les comportements authentifiant la masculinité qui échappent à cette critique. Quelles sont les manières d’« agir comme un homme » qui permettent à chacun de se distinguer définitivement des« hommes qui se comportent mal » ? Ou, sur un mode plus personnel : Que faut-il faire exactement de nos jours pour habiter une identité de genre à la fois masculine et positive qui soit ressentie – et soit réellement – digne de respect (à nos yeux et à ceux des autres) ?

  • Cette virilité qui fait du mal aux hommes - Le Temps
    https://www.letemps.ch/societe/2017/09/23/cette-virilite-mal-aux-hommes

    Par encore lu, mais je signale ici, c’est assez rare de voir aborder ce sujet.

    C’est un ado qui traîne chez lui, seul, s’ausculte dans le miroir, engloutit des cochonneries, joue à « Call of Duty »… et se rembrunit. Il garde longtemps sa tête sous l’eau dans un bain, rédige un SMS : « Pote, c’est bizarre, mais je me sens super mal. Je ne sais pas quoi faire. Tout irait mieux si… » qu’il efface aussitôt, avant de chercher sur Google « idées suicidaires ». S’affiche alors un message de prévention : « Tu n’es pas seul à ressentir cela. C’est dur d’en parler. Tu peux le faire avec nous. »

    Produit par l’association britannique Manchild, ce spot est l’une des nombreuses campagnes enjoignant les hommes à montrer leurs faiblesses, alors qu’en Grande-Bretagne le suicide est la première cause de mortalité masculine avant 34 ans. En Australie, le suicide est également la cause principale de décès des hommes de 15 à 44 ans.

    #virilité #faiblesse

    • J’ai pas encore lu non plus mais le suicide des hommes est un des sujet central des masculinistes, et les féministes en particulier canadiennes, y ont beaucoup répondu. Si les hommes se suicide plus c’est qu’ils utilisent des moyens plus efficaces que les femmes en raison de leur plus grand accès aux armes.
      #masculinisme #suicide

      le suicide est la première cause de mortalité masculine avant 34 ans.

      la première cause de mortalité féminine à cet age est le meurtre par conjoint ou ex-conjoint.

      edit après lecture le texte est plutot bien. Si le sujet t’interesse je croi que @tintin a réuni pas mal de littérature sur le sujet sur seenthis. et il y a les tag #condition_masculine et #contraception_masculine

    • Il me semblait que le texte aborde aussi une autre question qui me semble importante : comment les hommes peuvent-ils échapper à l’obligation de virilité, de machisme, etc... dans un contexte social où la pression inverse est très puissante, et précoce, je le vois hélas tous les jours dans les familles de copains de mon fils... Ça va pas être simple.

  • Virilité défensive, masculinité créatrice | Cairn.info
    https://www.cairn.info/revue-travail-genre-et-societes-2000-1-page-25.htm

    e terme de masculinité existe dans la langue française depuis le XIIIème siècle avec une remarquable stabilité sémantique. Selon le petit Robert : la qualité d’homme, de mâle ; l’ensemble des caractéristiques masculines. La masculinité n’est devenue un problème, et un programme scientifique, qu’à partir du moment où les femmes ont commencé à remettre en question leur différence. La masculinité et la virilité sont-elles la même chose ou bien les deux termes recouvrent-ils un antagonisme entre deux modalités contrastées du masculin ? Parmi les auteurs de recherches sur les hommes en tant que groupe sexué, certains considèrent que la masculinité se définit par la virilité, tandis que pour d’autres, au contraire, la masculinité est en conflit avec la virilité. Mais il est un point sur lequel la plupart des auteurs contemporains seront d’accord. Viols et violences, mépris et humiliation des femmes et des hommes dévalorisés qui leur sont assimilés, cynisme, manque de pensée et appauvrissement affectif : la représentation des hommes qui exsude d’une lecture attentive des recherches qui leur sont consacrées est suffocante. Quels que soient les champs disciplinaires et les orientations théoriques, la virilité désigne l’expression collective et individuelle de la domination masculine et ne saurait donc constituer une définition positive du masculin.
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    La virilité revêt un double sens : “Premièrement, les attributs sociaux associés aux hommes et au masculin : la force, le courage, la capacité à se battre, le droit à la violence et aux privilèges associés à la domination de celles, et ceux, qui ne sont pas, et ne peuvent être virils : femmes, enfants… Deuxièmement, la forme érectile de la sexualité masculine” (Molinier, Welzer-Lang, 2000). En sociologie, une fois admis que la masculinité et la féminité sont des constructions sociales qui existent et se définissent dans et par leur relation dans un système de sexe, distinguer la masculinité de la virilité pose question puisque l’identité masculine est entièrement inféodée aux rapports sociaux entre hommes. La virilité, jusque dans sa participation à la vie sexuelle, est apprise et imposée aux garçons par le groupe des hommes, non seulement pour qu’ils se démarquent radicalement des femmes, mais pour qu’ils s’en distinguent hiérarchiquement (Welzer-Lang, 1994).
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    Dans la perspective proféministe, on ne peut vouloir à la fois que le genre disparaisse comme système hiérarchique et que les catégories du masculin et du féminin continuent d’exister. Mais pour d’autres auteurs, le terme de masculinité marque la volonté d’analyser s’il est possible d’être un homme sans coller aux stéréotypes de la virilité, d’une part ; sans devenir une femme, d’autre part. Ou pour le dire autrement, en reprenant le titre français du livre de John Stoltenberg (1993) : “Peut-on être un homme sans faire le mâle ?” L’introduction d’une tension entre la masculinité et la virilité pose une double question. Tout d’abord, est-il encore possible aujourd’hui de penser le masculin en positif ? Et pour quoi faire ? Ensuite, est-il possible de distinguer la masculinité de la virilité sans pour autant naturaliser la différence des sexes ?
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    La psychodynamique du travail représente de ce point de vue une tentative théorique originale. Dans cet article, je voudrais montrer pourquoi l’analyse des processus qui construisent la masculinité créatrice, par différence avec la virilité défensive, est une étape capitale dans la déconstruction du système social de sexe. En analysant les formes de l’émancipation masculine, il ne s’agit pas de plaider en faveur d’une vision parsonnienne de la complémentarité et de l’harmonie entre les sexes. Les conditions sociales qui permettent la création masculine sont menacées par les nouvelles formes d’organisation du travail et par le chômage. Les femmes ne gagneront pas la partie que les hommes sont en train de perdre. Au contraire, plus les hommes souffrent dans le travail, ou de la privation de travail, plus la domination masculine résiste, plus le cynisme et l’indifférence des dominants vis-à-vis des injustices sociales s’aggravent, et plus les violences éclatent entre les dominés (Dejours, 1998 a, Dunezat, 1999).

    • Le ressort psychologique de la virilité est la honte de passer pour une femme . Ce qui est jugé honteux, indigne d’un homme, c’est d’être incapable de maîtriser le courant tendre de ses émotions, c’est de fuir, de s’effondrer devant une situation difficile. Ce qui est exalté, sollicité et exercé, c’est l’agressivité du mâle et sa concrétisation dans le courage viril. Mais le plus troublant est le retournement que la virilité défensive opère dans le registre des valeurs. La référence à la virilité permet d’anesthésier le sens moral. Il se produit, selon les termes de Christophe Dejours, une sorte d’alchimie sociale grâce à laquelle le vice est transmuté en vertu (Dejours, 1998 a). Ou pour le dire autrement, il suffit qu’une conduite soit connotée virilement pour que cette conduite soit valorisée, même s’il s’agit de se faire du mal en trimant dans des tâches dégradantes ou d’en faire aux autres en leur imposant des conditions de travail dégradantes, voire pas de travail du tout [2][2] Les femmes qui veulent faire une carrière valorisée.... Pis encore, la virilité permet de justifier la violence. Au point qu’il peut même y avoir recouvrement entre courage, force morale, absence d’état d’âme et exercice du mal. C’est pour ne pas risquer leur identité sexuelle, par crainte de perdre leur virilité en passant aux yeux des autres pour lâche ou poltron, que les hommes consentent souvent à participer au “sale boulot” (Dejours, 1998a).

      Dans la perspective que nous venons d’esquisser, la virilité est avant tout une défense mobilisée contre la souffrance dans le travail. Les rapports de force, mais aussi de solidarité entre les hommes, sont indexés à la maîtrise symbolique du réel. Plus la possibilité de transformer les contraintes pathogènes de l’organisation du travail est réduite, plus la souffrance et la peur risquent de s’accroître, plus les hommes encourent le risque de radicaliser leurs défenses. Érigée en valeur, et en lieu et place de toutes les autres valeurs, la virilité fonctionne alors comme s’il s’agissait d’une expression du désir et doit être maintenue envers et contre tout, dans la vie sociale comme dans l’intimité.

      #virilité #masculinité #domination_masculine #travail #souffrance #fraternité

      Maintenant que j’ai fini la lecture c’est un éloge déguisé de la domination masculine, association du travail et à la création à la masculinité. Ce texte me conforte dans le fait que le mot masculinité (au singulier et au pluriel) est un euphémisme de virilité contrairement à ce que prétend réfuté l’autrice.

  • John Stoltenberg : Sexualité masculine — ce qui rend sexy la possession d’autrui. | TRADFEM
    https://tradfem.wordpress.com/2017/07/03/john-stoltenberg-sexualite-masculine-ce-qui-rend-sexy-la-possessi

    Le rapport économique entre propriétaire et personnes appropriées se retrouve dans toute l’histoire de l’humanité : dans l’esclavage et dans la traite des esclaves, dans la famille et la propriété paternelle du cheptel humain élevé. Ce qui n’est pas souvent mentionné est la façon dont le rapport économique entre propriétaire et personnes appropriées est devenu la substance et l’infrastructure de tous les rapports sexuels qui construisent le genre social. Pour que la fiction sociale du genre ait un sens émotionnel et physique dans les corps et les cerveaux humains — pour que certains êtres humains aient vraiment le sentiment d’appartenir à la classe de sexe « hommes » — un érotisme doit être appris, un érotisme de la possession ; et cet érotisme doit être vécu avec la même énergie que le genre lui-même. Qu’un être humain « possède » un autre être humain ne consolide pas en soi l’identité de genre. Par contre, posséder un être humain réel par le sexe donne du sens au genre ; cela donne une résonance émotionnelle et physique au fait de posséder, cela incruste le genre dans les corps et dans le cerveau. La fiction sociale du genre ne semble réelle que dans le cadre d’un certain érotisme de l’économie — lorsque « posséder » équivaut à la même excitation sexuelle qu’être « l’homme dans la situation ».

  • #John_Stoltenberg : Sexualité masculine — ce qui rend sexy la possession d’autrui.
    https://tradfem.wordpress.com/2017/07/03/john-stoltenberg-sexualite-masculine-ce-qui-rend-sexy-la-possessi

    Il semble que les hommes, en général, préfèrent utiliser leur raison à justifier les préjugés qu’ils ont assimilés sans trop savoir comment, plutôt qu’à les déraciner.
    – Mary Wollstonecraft, Défense des droits de la femme

    Je soupçonne que si Mary Wollstonecraft vivait encore, elle trouverait ses propres mots écrits en 1792 d’une déconcertante actualité. Après tout, Wollstonecraft était une pionnière dans la recherche de l’égalité sexuelle — et aucun d’entre nous n’a encore atteint cette égalité. À vrai dire, il semble que la justification par les hommes de leurs préjugés soit toujours la tendance dominante du discours social. Ainsi, en hommage à l’héritage de Wollstonecraft, je voudrais essayer de déraciner un des préjugés qui subsistent dans la suprématie et la sexualité masculines — un préjugé précis et bien intégré sans lequel le viol et la prostitution seraient inimaginables.

    J’appelle ce préjugé l’érotisme de possession .

    Nous avons beaucoup d’indices indirects de l’existence de cet érotisme. Par exemple, à travers les témoignages des femmes qui sont ou ont été appropriées sexuellement dans le mariage, forcées dans le viol, et/ou sexuellement utilisées contre de l’argent dans la prostitution, il s’avère que pour beaucoup d’hommes, la possession est un élément central de leur comportement sexuel. Beaucoup d’hommes peuvent à peine éprouver de sentiment érotique s’il n’est pas associé à la possession du corps d’autrui.

    En anglais, comme dans beaucoup d’autres langues, le verbe posséder signifie à la fois « être propriétaire de » et « baiser », et cette coïncidence sémantique n’est visiblement pas un hasard. Beaucoup d’hommes mettent apparemment dans le même sac le comportement sexuel normal « masculin » et l’appropriation littérale du corps d’un autre être humain. Avoir un rapport sexuel avec autrui et être en même temps « un vrai homme » signifie avoir cette personne, prendre cette personne, posséder cette personne. Avoir du sexe et avoir un sexe — si vous êtes né avec un pénis — exige une forme ou une autre de rapport d’appropriation. Si l’on en croit la multitude d’expériences de personnes qui sont ou ont été sexuellement appropriées — en reliant entre eux, si vous voulez, les milliards de points disparates de leur frayeur — nous pouvons dresser le tableau de ce qui ressemble à une fresque cohérente : l’érotisme de possession.

    Traduction : #Tradfem

    Adapté par l’auteur d’un discours prononcé à un symposium du Michigan Journal of Gender and Law intitulé « Prostitution : de l’université à l’activisme », le 31 octobre 1992, à la Faculté de Droit de l’Université du Michigan, à Ann Arbor, Michigan. Initialement publié dans le Michigan Journal of Gender & Law, Volume I, 1993.

    Copyright © 1992, 2013 par John Stoltenberg. Tous droits réservés.

    #prostitution #appropriation #érotisme_de_possession #viol

    • Je n’y connais pas grand chose mais je me demande s’il y a eu des études socio avec des interviews, des tests, etc, dans les milieux BDSM (tout genre et sexualité confondues bien sûr, donc y compris homo, quand c’est la femme qui possède, etc), pour comparer le raisonnement, car il me semble que dans ce type de relation qui est justement paroxystique dans ce thème, et bien paradoxalement une bonne partie des gens sont très fermes contre l’achat de sexe, contre le viol, etc.
      Après c’est peut-être totalement débile hein, mais je serais curieux de voir une comparaison avec ces cas archétypaux.

    • En revanche, s’ils pratiquent solo avec des femmes qu’ils payent, que ce soit pour pouvoir les dominer ou qu’elles fassent semblant de les dominer (celui qui décide, c’est celui qui paye), leurs pratiques ne sont plus encadrées du tout.

      Ah pour ce point ça c’est certain on est d’accord, mais ce n’est pas trop de ceux là dont j’étais curieux. :)

  • John Stoltenberg : Vivre avec Andrea

    https://tradfem.wordpress.com/2015/12/22/john-stoltenberg-vivre-avec-andrea

    J’avais 29 ans, au printemps 1974, lorsque, quittant à Greenwich Village une lecture de poésie devenue lourde de misogynie (une soirée de soutien à la War Resisters League, en plus !), j’ai croisé sur le trottoir Andrea, qui avait alors 27 ans. Elle avait quitté la salle pour la même raison. Nous avons commencé à parler, puis à aller au fond des choses – et notre conversation dure encore.

    Andrea et moi avions déjà été présentés par un ami commun, metteur en scène, lors d’un meeting d’une nouvelle organisation, la Gay Academic Union. Sa première impression de moi – elle me l’a dit – était que j’avais l’air d’un blondinet des plages, traînard et pas très futé. Nous n’étions pas vraiment assortis.

    Traduction : Tradfem
    Original : http://www.nostatusquo.com/ACLU/dworkin/LivingWithAndrea.html (1994)

    #John_Stoltenberg est l’auteur de Refuser d’être un homme – pour en finir avec la virilité (Éd. Syllepse et M Éditeur, 2013 - http://www.syllepse.net/lng_FR_srub_62_iprod_567-refuser-d-etre-un-homme.html) et Peut-on être un homme sans faire le mâle ? (Éd. de l’Homme, 1995).

    #Andrea_Dworkin #féminisme_radical #proféminisme #tradfem

    • Andrea m’a beaucoup appris sur la signification de posséder un chez-soi. Elle parle souvent et avec éloquence des femmes qui se sentent sans abri ou qui risquent de le devenir faute du salaire d’un homme, ou parce qu’un amant ou un mari les violentent, ou parce qu’il ne semble pas exister d’autre choix que l’échange de sexe contre un endroit où dormir. J’en suis venu à comprendre qu’un chez-soi signifie pour Andrea une chose à laquelle aspirent bien des femmes, mais qu’elles peuvent rarement prendre pour acquis.

      J’ai grandi sans jamais avoir à penser à un domicile de cette façon. Je peux facilement m’endormir quand je suis fatigué (je n’ai pas les souvenirs d’Andrea, qui a tremblé sous le porche d’un magasin de centre-ville, un couteau à côté de son sac de couchage pour repousser tout intrus). Je peux généralement dormir confortablement toute la nuit, sauf pour aller pisser, et sans mauvais rêves (je n’ai pas les cauchemars propres à Andrea d’être brutalement réveillée par un agresseur qui rentre ivre à la maison avec ses exigences). Vivre avec Andrea m’a appris par dessus tout que le monde dans lequel j’ai grandi et vis, en tant qu’homme, est un monde qui n’est qu’un rêve pour la plupart des femmes. C’est pourquoi le chez-soi doit être le lieu où ce rêve devient réalité.

      […]

      Au fil du temps, ce chez-soi fut sept endroits différents, dont un appartement à Northampton, dans le Massachusetts, où nous survivions de coupons alimentaires ; un abri plein de moisissures sur une île infestée de moustiques dans les Keys de Floride ; et un trou à rats étouffant dans le Lower East Side de Manhattan. Nous avons maintenant la chance de posséder notre propre maison de style victorien à Brooklyn, pleine de couleurs chaudes, de boiseries et de murs entiers de livres. Nous vivons ici un bonheur presque parfait – en partie parce que c’est notre port douillet contre la tempête, mais aussi parce qu’Andrea et moi avons des rythmes d’écriture complètement différents : elle dort le jour et travaille toute la nuit, avec pour compagnie une théière et nos chats. Je travaille mieux tôt le matin, de tasse de café en tasse de café, après une bonne nuit de sommeil. Nous avons trouvé la maison parfaitement adaptée à notre rythme syncopé : travail, sommeil, repas ensemble, toujours plus de conversation.

      cc @chezsoi

  • Recension récente du livre de John Stoltenberg, Refuser d’être un homme, paru aux éditions Syllepse en 2013. Une lecture incontournable !

    http://hassan.blog.tdg.ch/archive/2015/11/27/refuser-d-etre-un-homme-pour-en-finir-avec-la-virilite-par-j-272115.

    L’auteur part d’un constat simple : nous vivons dans un monde patriarcal qui implique que les hommes possèdent des privilèges. Dans ce contexte, comment faire pour lutter contre le patriarcat en tant qu’homme ? John Stoltenberg répond dans son titre pour, ensuite, développer ce que cela implique : il est nécessaire de refuser d’être un homme. L’auteur considère la masculinité comme un construit de nature politique qui implique une histoire et des pratiques. Ainsi, il est nécessaire de déconstruire la virilité si on souhaite supprimer le patriarcat. Les explications de Stoltenberg se forment dans différentes contributions, articles ou conférences, qui sont regroupées en quatre parties.

    Ces quatre parties permettent à l’auteur d’expliquer son point de vue. Il commence par expliquer comment les hommes intègrent la masculinité comme un moyen de s’éloigner des femmes. Il explique que les garçons sont d’abord des propriétés des maris avant d’être des êtres humains et qu’il est nécessaire de les rendre identiques au père pour en faire des hommes citoyens. Stoltenberg passe aussi beaucoup de temps à analyser la sexualité. Il tente non seulement de la déconstruire en tant que forme politique de domination mais aussi de trouver où se trouve cette formation de la sexualité masculine. Cela le conduit à analyser la pornographie dans de nombreux chapitres. Il démontre que celle-ci, loin d’être une expression, est avant tout un moyen d’inférioriser la population féminine tout en formatant le plaisir masculin sur ce besoin d’inférioriser autrui. Il milite donc pour une sexualité qui ne soit pas celle d’un dominant mais de deux égaux consentants à tous les actes qui ont lieu entre eux en tant que couple.

    Que penser de ce livre ? Le titre a été écrit pour choquer et interpeller mais il ne ment pas. Les propos de Stoltenberg sont sans concessions et convaincants. Il montre en quoi la sexualité masculine, dans un contexte patriarcal, est toxique. En particulier, ce qu’il écrit sur la pornographie est particulièrement intéressant. J’ai lu avec grand intérêt la tentative de créer une loi anti-pornographie qui prenne en compte les victimes. On sort de ce livre avec l’idée que la masculinité doit être détruire afin de mettre à bas la bipolarisation de genre et les structures de pouvoirs qui y sont spécifiquement liées.


    Disponible ici : http://www.syllepse.net/lng_FR_srub_62_iprod_567-refuser-d-etre-un-homme.html
    #John_Stoltenberg #Refuser_d'être_un_homme #virilité #anti_masculinisme #proféminisme #christine_delphy #michaël_merlet #yeun_l-y #martin_dufresne

    • Il y a beaucoup de personnes qui ont refusé d’être coulé dans le moule, d’adopter une identité (de genre, de classe, de boite) avec laquelle ils ne sont pas en accord, inculquée par le milieu dans lequel ils évoluent. Construire ses valeurs est une longue résistance qui n’est pas reconnue, et très mal perçue, comme il est mal perçue d’être différent mais pire de choisir de l’assumer parce que c’est comme autoriser à ce qu’on vous tape dessus puisque vous êtes si fort.
      Voila, et comme exemple je pense à mes ami·e·s hypersensibles qui n’ont de cesse d’avancer à l’encontre des constructions de genre et à la souffrance de certains de mes potes homosexuel·le·s. Et je pense aux jeunes filles que l’on dit « garçon manqué » alors que ce sont des enfants réussies et qui dans leur tête de gamine se disent que tout irait tellement mieux pour elles si elles pouvaient ne pas avoir les seins qui poussent et une jupe qui les empêchent de grimper aux arbres et continuer ainsi de vivre librement.

  • Aftermath d’Andrea Dworkin
    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2015/09/01/aftermath-dandrea-dworkin

    Un théâtre anglophone pour le Sud-Ouest de Montréal

    *

    AFTERMATH d’Andrea Dworkin :

    Le « message jeté à la mer » posthume d’une icône du féminisme en première mondiale à Montréal

    Montréal, le 24 août 2015 – La compagnie Waterworks, troupe de théâtre du Sud-Ouest de Montréal, présentera la première mondiale de la pièce « Aftermath » d’Andrea Dworkin (éditée pour la scène par Adam Thorburn), du 17 au 27 septembre, au Centre culturel Georges-Vanier de la Petite-Bourgogne. Cette production met en vedette l’actrice montréalaise Helena Levitt, et est mise en scène par Tracey Houston et Rob Langford.

    En 1999, l’écrivaine et militante féministe Andrea Dworkin fut droguée et violée dans sa chambre d’hôtel à Paris. L’année suivante, elle décida de déclarer publiquement cette agression. En réponse, elle ne rencontra que de l’incrédulité. Le refrain, si connu des personnes ayant survécu au viol, retentit des alliés de même que de ses ennemis : avait-elle perdu la tête ? Pourquoi avait-elle pris tant de temps pour en parler ? Si elle ne s’en rappelait pas, comment savoir que l’événement avait réellement eu lieu ? Était-ce un coup publicitaire désespéré d’une personnalité publique dépassée ? Au cours de ses dernières années, son profil public ne s’est jamais remis de ce contrecoup.

    Mais dans les premières semaines après cette agression, bien avant qu’elle ne se confie publiquement, Dworkin s’est vidé le coeur dans une nouvelle. Un dialogue entre le désespoir et la volonté de survivre, cette nouvelle est restée sur son ordinateur sans être vue, méconnue même de ses amis les plus proches, pour être enfin découverte après sa mort six ans plus tard.

    Cette nouvelle est devenue « Aftermath ». Dans son récit, Dworkin examine les contours de l’espace vide que la drogue a laissé dans sa mémoire, là où le viol aurait dû être, et se demande si sa rébellion au long des décennies contre les restrictions de la condition féminine a été en vain. « Aftermath » est non seulement le témoignage d’un crime, mais un portrait de la lutte interne d’une révolutionnaire contre le doute de soi et l’isolement.

    Andrea Dworkin est décédée il y a 10 ans cette année. Cet anniversaire coïncide avec une année d’attention médiatique sans précédent portée à l’épidémie de violence sexuelle. Les manchettes quotidiennes justifient les prophétiques appels à l’action qu’avait lancés Dworkin au cours des années 70, 80 et 90. Des révélations comme celles entourant Bill Cosby et Jian Ghomeshi ont amorcé un débat au sujet du refus de la société à croire ce que les femmes disent de leur propre expérience.

    Il est difficile de ne pas sentir que ce contrecoup n’aurait pas eu lieu si Dworkin avait parlé de nos jours.

    « Aftermath », percutant dans son intimité et sa candeur, fait contraste à la réputation publique de Dworkin comme être sans compromis, intrépide, prophétique. Le conjoint de Dworkin, l’auteur et militant John Stoltenberg (Refuser d’être un homme, éditions Syllepse, Paris) dit avoir trouvé cette nouvelle « fulgurante dans son intimité, féroce et irrévérencieuse, d’une intelligence grinçante, et émotionnellement à vif ». Nommé exécuteur testamentaire de l’oeuvre de Dworkin, Stoltenberg a découvert le texte sur le disque dur de l’ordinateur de Dworkin, en triant ses écrits après sa mort. « Elle l’avait écrite comme une note de suicide… cela n’a pas été le cas. Mais en choisissant ce format, elle a trouvé et libéré un langage qui donnait expression à l’expérience d’avoir survécu à l’intoxication délibérée et au viol comme aucune autre écrivaine connue ne l’a fait. »

    Stoltenberg continue : « De toute évidence, elle a écrit ce texte pour elle-même afin de déterrer et d’exorciser sa douleur… Je ne savais vraiment pas si elle avait voulu en faire part au monde. Un jour, lorsque je relisais ce texte, un aspect de la rédaction m’a frappé : la voix du texte était celle d’un monodrame, une pièce de théâtre éloquente en solo. »

    Stoltenberg a sollicité la collaboration d’Adam Thorburn (Stuyvesant Town : This is Your Home, November Spawned a Monster) qui a traité le manuscrit pour en faire cette pièce saisissante et percutante. Thorburn n’est pas étranger à l’oeuvre de Dworkin. Du vivant de celle-ci, Thorburn a mis en scène une pièce de style documentaire, « Freed Speech », basée sur les audiences publiques concernant la pornographie et les droits civils tenues à Minneapolis dans les années 80, une initiative de Dworkin et de la juriste réputée Catharine A. MacKinnon, pionnière de la loi sur le harcèlement sexuel. « Freed Speech » dramatisait les mots de Dworkin ainsi que les témoignages de MacKinnon et des survivantes de la pornographie.

    Conscient de l’approbation et du soutien de Dworkin pour le traitement de Thorburn de « Freed Speech », Stoltenberg lui a confié le défi de condenser cette nouvelle de 24 000 mots, sans en changer les mots ou la structure. Rob Langford et Tracey Houston, les fondateurs de la compagnie Waterworks de Montréal (Palace of the End, Gidion’s Knot, Glory Dazed), une troupe dédiée à mettre en scène les meilleures oeuvres rédigées par des femmes dramaturges contemporaines, ont pris connaissance d’« Aftermath » pour la première fois l’année dernière à partir du fil Twitter de Stoltenberg, alors qu’il venait d’orchestrer avec Thorburn une lecture publique du texte à New York, avec l’actrice Maria Silverman.

    Langford a contacté Stoltenberg et lui a proposé d’exécuter pour la première fois une mise en scène complète d’« Aftermath » ici à Montréal. « Je suis un grand admirateur des écrits de Dworkin et de John », dit Langford. « Mais en attendant l’occasion de lire le manuscrit, Tracey et moi nous nous demandions, ‘Mais est-ce que ça donnera du vrai théâtre ?’ Nous avons été convaincus dès la première page. »

    Dans la pièce, Dworkin décrit son texte comme un message jeté à la mer. « C’est son manifeste pour la survie, » ajoute Houston. « Elle a débuté avec l’intention d’écrire ses derniers mots, et puis ensuite, je crois que son instinct d’écrivain a pris le dessus. Elle a réalisé que si ce message devait devenir son testament, elle allait s’assurer que tout le monde sache exactement ce qu’elle vivait. »

    L’actrice montréalaise de la scène et de la télévision Helena Levitt (Pool [No Water], Being Human), relève le défi considérable de devenir l’alter ego d’Andrea Dworkin sur scène, un rôle qui requiert non seulement des répétitions, mais aussi de la recherche et un sens aigu de sa responsabilité.

    « Je lisais les mots les plus privés et intimes d’une vraie personne et non d’un personnage. Je n’ai jamais été dans une telle situation auparavant où j’avais accès directement à autant d’information concernant un personnage que j’allais incarner, » a commenté Levitt. « J’ai eu accès non seulement aux mots d’« Aftermath » mais aussi aux livres qu’Andrea avait écrits et à tout que les gens avaient dit et écrit à son sujet. Je me sens comblée en tant qu’actrice d’avoir cet aperçu de ce qui l’a rendue si incroyablement brave et vulnérable… Le défi maintenant est d’être aussi authentique que je puisse l’être. »

    #viol #culture_du_viol #deni #feminisme #theatre

  • Déconstruire la virilité
    http://chaotiqueneutre.tumblr.com/post/112694157258/deconstruire-la-virilite#disqus_thread
    plusieurs liens sur le sujet

    Monde du travail

    "Des rituels virils pour conjurer la peur", Christophe Dejours sur la souffrance au travail
    http://www.liberation.fr/economie/2005/05/31/des-rituels-virils-pour-conjurer-la-peur_521732

    Représentations

    Vidéo : how movies teach Manhood
    http://www.ted.com/talks/colin_stokes_how_movies_teach_manhood

    Cinéma : Gloire aux costauds
    http://www.lecinemaestpolitique.fr/gloire-aux-costauds

    Vidéo : Sexism, Strength and Dominance : Masculinity in Disney Films
    https://www.youtube.com/watch?v=8CWMCt35oFY

    Education

    3rd grade teacher reminds boy writing is for girls…
    http://thesocietypages.org/socimages/2014/03/21/3rd-grade-teacher-reminds-boy-that-writing-is-for-girls

    When boys misbehave it’s adorable
    http://thesocietypages.org/socimages/2014/05/09/when-boys-misbehave-its-adorable

    The real boy crisis : 5 ways America tells boys not to be “girly”
    http://www.salon.com/2013/09/25/5_ways_america_tells_boys_not_to_be_girly

    Sylvie Ayral, La fabrique des garçons, Sanction et genre au collège
    http://gc.revues.org/2107

    Définir et déconstruire la virilité

    Vidéo : Be A Man, by Joe Ehrmann
    https://www.youtube.com/watch?v=jVI1Xutc_Ws

    Virilité et violence
    http://antisexisme.net/2011/10/22/virilite-et-violence

    Détruire la virilité
    http://www.crepegeorgette.com/2013/10/30/detruire-la-virilite

    Résumé de Refuser d’être un homme de John Stoltenberg
    http://www.crepegeorgette.com/2013/10/09/virilite-stoltenberg

    #virilité #homme #hommes #féminisme #condition_masculine #violence #domination

  • Il ne supportait pas qu’elle le quitte - Crêpe Georgette
    http://www.crepegeorgette.com/2014/06/26/il-na-pas-supporte-quelle-quitte

    « Dans son livre Refuser d’être un homme : Pour en finir avec la virilité, John Stoltenberg écrit ""D’une certaine façon, tout homme apprend au cours de sa vie à ajuster son entière sensibilité érotique et émotionnelle - et, partant, sa volonté - à un projet appropriation, par opposition aux femmes, qui, elles, doivent être appropriées."" Il veut dire par là que la construction de la virilité implique que les hommes n’apprennent pas à supporter le refus, la frustration ou quoi que ce soit allant contre leurs désirs les plus élémentaires. Nous avons déjà vu à de nombreuses reprises que notre société fonctionne sur l’idée que les hommes ont des besoins sexuels à assouvir à tout prix sinon le prix sera terrible à payer pour nous les femmes. C’est la justification patriarcale de la prostitution (...)

    #feminisme

  • Nous sommes toutes et tous des êtres humains | Entre les lignes entre les mots
    http://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2013/04/22/nous-sommes-toutes-et-tous-des-etres-humains

    John Stoltenberg analyse, entre autres, l’érotisme et la violence dans l

    Si les hommes ont un désavantage épistémologique, ils ne peuvent connaître de l’intérieur l’oppression subie par les femmes, « ils sont en revanche les seuls à connaître les stratégies de domination qu’ils forgent consciemment, comme l’a mis en évidence Léo Thiers-Vidal ».

    Si aujourd’hui les hommes « d’extrême-gauche » acceptent l’existence du féminisme, cette acceptation n’en reste pas moins à la fois très « abstraite » et bien peu présente dans l’ensemble des problématiques sociopolitiques. D’autant qu’ils mettent sous le tapis, « la question de ce qui se passe »dans le privé » – euphémisme pour tout ce qui concerne la sexualité des hommes ».

    #condition_masculine #genre #feminisme