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  • Quoi qu’il en soit, Trump ne quittera pas la Syrie et l’Afghanistan Stephen Gowans - 2 Janvier 2019 - Investigaction
    https://www.investigaction.net/fr/117672

    Il ne fait que transférer le fardeau sur les alliés et compter davantage sur les mercenaires

    Le retrait annoncé des troupes américaines de #Syrie et la diminution des troupes d’occupation en #Afghanistan ne correspondent très probablement pas à l’abandon par les #États-Unis de leurs objectifs au #Moyen-Orient, mais bien plutôt à l’adoption de nouveaux moyens pour atteindre les buts que la politique étrangère américaine vise depuis longtemps. Plutôt que de renoncer à l’objectif américain de dominer les mondes arabe et musulman par un système colonialiste et une occupation militaire directe, le président #Donald_Trump ne fait que mettre en œuvre une nouvelle politique – une politique basée sur un transfert plus important du fardeau du maintien de l’#Empire sur ses alliés et sur des soldats privés financés par les monarchies pétrolières.

    Le modus operandi de Trump en matière de relations étrangères a été constamment guidé par l’argument que les alliés des États-Unis ne parviennent pas à peser leur poids et devraient contribuer davantage à l’architecture de la sécurité américaine. Recruter des alliés arabes pour remplacer les troupes américaines en Syrie et déployer des #mercenaires (appelés par euphémisme des fournisseurs de sécurité) sont deux options que la Maison-Blanche examine activement depuis l’année dernière. De plus, il existe déjà une importante présence alliée et mercenaire en Afghanistan et le retrait prévu de 7000 soldats américains de ce pays ne réduira que marginalement l’empreinte militaire occidentale.

    Le conflit entre le secrétaire américain à la Défense #Jim_Mattis et Trump quant à leurs visions du monde est perçu à tort comme l’expression d’opinions contradictoires sur les objectifs américains plutôt que sur la manière de les atteindre. Mattis privilégie la poursuite des buts impériaux des États-Unis par la participation significative de l’armée américaine tandis que Trump favorise la pression sur les alliés pour qu’ils assument une plus grande partie du fardeau que constitue l’entretien de l’empire américain, tout en embauchant des fournisseurs de sécurité pour combler les lacunes. Le but de Trump est de réduire la ponction de l’Empire sur les finances américaines et d’assurer sa base électorale, à qui il a promis, dans le cadre de son plan « #America_First », de ramener les soldats américains au pays.

    Fait significatif, le plan de Trump est de réduire les dépenses des activités militaires américaines à l’étranger, non pas comme fin en soi mais comme moyen de libérer des revenus pour l’investissement intérieur dans les infrastructures publiques. De son point de vue, les dépenses pour la république devraient avoir la priorité sur les dépenses pour l’#Empire. « Nous avons [dépensé] 7 mille milliards de dollars au Moyen-Orient », s’est plaint le président américain auprès des membres de son administration. « Nous ne pouvons même pas réunir mille milliards de dollars pour l’infrastructure domestique. »[1] Plus tôt, à la veille de l’élection de 2016, Trump se plaignait que Washington avait « gaspillé 6 trillions de dollars en guerres au Moyen-Orient – nous aurions pu reconstruire deux fois notre pays – qui n’ont produit que plus de terrorisme, plus de mort et plus de souffrance – imaginez si cet argent avait été dépensé dans le pays. […] Nous avons dépensé 6 trillions de dollars, perdu des milliers de vies. On pourrait dire des centaines de milliers de vies, parce qu’il faut aussi regarder l’autre côté. » [2]

    En avril de cette année, Trump « a exprimé son impatience croissante face au coût et à la durée de l’effort pour stabiliser la Syrie » et a parlé de l’urgence d’accélérer le retrait des troupes américaines. [3] Les membres de son administration se sont empressés « d’élaborer une stratégie de sortie qui transférerait le fardeau américain sur des partenaires régionaux ». [4]

    La conseiller à la Sécurité nationale, #John_Bolton, « a appelé Abbas Kamel, le chef par intérim des services de renseignement égyptiens pour voir si le Caire contribuerait à cet effort ». [5] Puis l’#Arabie_ saoudite, le #Qatar et les Émirats arabes unis ont été « approchés par rapport à leur soutien financier et, plus largement, pour qu’ils contribuent ». Bolton a également demandé « aux pays arabes d’envoyer des troupes ». [6] Les satellites arabes ont été mis sous pression pour « travailler avec les combattants locaux #kurdes et arabes que les Américains soutenaient » [7] – autrement dit de prendre le relais des États-Unis.

    Peu après, #Erik_Prince, le fondateur de #Blackwater USA, l’entreprise de mercenaires, a « été contactée de manière informelle par des responsables arabes sur la perspective de construire une force en Syrie ». [8] À l’été 2017, Prince – le frère de la secrétaire américaine à l’Éducation #Betsy_De_Vos – a approché la Maison Blanche sur la possibilité de retirer les forces étasuniennes d’Afghanistan et d’envoyer des mercenaires combattre à leur place. [9] Le plan serait que les monarchies pétrolières du golfe Persique paient Prince pour déployer une force mercenaire qui prendrait la relève des troupes américaines.

    En avril, Trump a annoncé : « Nous avons demandé à nos partenaires d’assumer une plus grande responsabilité dans la sécurisation de leur région d’origine. » [10] La rédaction en chef du Wall Street Journal a applaudi cette décision. Le plan de Trump, a-t-il dit, était « la meilleure stratégie » – elle mobiliserait « les opposants régionaux de l’Iran », c’est-à-dire les potentats arabes qui gouvernent à la satisfaction de Washington en vue du projet de transformer « la Syrie en un Vietnam pour l’Ayatollah ». [11]

    En ce moment, il y a 14 000 soldats américains reconnus en Afghanistan, dont la moitié, soit 7 000, seront bientôt retirés. Mais il y a aussi environ 47 000 soldats occidentaux dans le pays, y compris des troupes de l’#OTAN et des mercenaires (14 000 soldats américains, 7 000 de l’OTAN [12] et 26 000 soldats privés [13]). Diviser la contribution étasunienne de moitié laissera encore 40 000 hommes de troupes occidentales comme force d’occupation en Afghanistan. Et la réduction des forces américaines peut être réalisée facilement en engageant 7000 remplaçants mercenaires, payés par les monarques du golfe Persique. « Le retrait », a rapporté The Wall Street Journal, « pourrait ouvrir la voie à un plus grand nombre d’entrepreneurs privés pour assumer des rôles de soutien et de formation », comme le souligne « la campagne de longue date d’Erik Prince ». Le Journal a noté que le frère de la secrétaire à l’Éducation « a mené une campagne agressive pour convaincre M. Trump de privatiser la guerre ». [14]

    La démission de Mattis a été interprétée comme une protestation contre Trump, qui « cède un territoire essentiel à la Russie et à l’Iran » [15] plutôt que comme un reproche à Trump de se reposer sur des alliés pour porter le fardeau de la poursuite des objectifs étasuniens en Syrie. La lettre de démission du secrétaire à la Défense était muette sur la décision de Trump de rapatrier les troupes américaines de Syrie et d’Afghanistan et insistait plutôt sur « les alliances et les partenariats ». Elle soulignait les préoccupations de Mattis sur le fait que le changement de direction de Trump n’accordait pas suffisamment d’attention au « maintien d’alliances solides et de signes de respect » à l’égard des alliés. Alors que cela a été interprété comme un reproche d’avoir abandonné le fer de lance américain en Syrie, les Kurdes, Mattis faisait référence aux « alliances et aux partenariats » au pluriel, ce qui indique que ses griefs vont plus loin que les relations des États-Unis avec les Kurdes. Au contraire, Mattis a exprimé des préoccupations cohérentes avec une plainte durable dans le milieu de la politique étrangère américaine selon laquelle les efforts incessants de Trump pour faire pression sur ses alliés afin qu’ils supportent davantage le coût du maintien de l’Empire aliènent les alliés des Américains et affaiblissent le « système d’alliances et de partenariats » qui le composent. [16]

    L’idée, aussi, que la démission de Mattis est un reproche à Trump pour l’abandon des Kurdes, est sans fondement. Les Kurdes ne sont pas abandonnés. Des commandos britanniques et français sont également présents dans le pays et « on s’attend à ce qu’ils restent en Syrie après le départ des troupes américaines ». [17] Mattis semble avoir été préoccupé par le fait qu’en extrayant les forces américaines de Syrie, Trump fasse peser plus lourdement le poids de la sécurisation des objectifs étasuniens sur les Britanniques et les Français, dont on ne peut guère attendre qu’ils tolèrent longtemps un arrangement où ils agissent comme force expéditionnaire pour Washington tandis que les troupes américaines restent chez elles. À un moment donné, ils se rendront compte qu’ils seraient peut-être mieux en dehors de l’alliance américaine. Pour Mattis, soucieux depuis longtemps de préserver un « système global d’alliances et de partenariats » comme moyen de « faire progresser un ordre international le plus propice à la sécurité, à la prospérité et aux valeurs [des États-Unis], le transfert du fardeau par Trump ne parvient guère à « traiter les alliés avec respect » ou à « faire preuve d’un leadership efficace », comme Mattis a écrit que Washington devrait le faire dans sa lettre de démission.

    Le président russe #Vladimir_Poutine a accueilli l’annonce de Trump avec scepticisme. « Nous ne voyons pas encore de signes du retrait des troupes américaines », a-t-il déclaré. « Depuis combien de temps les États-Unis sont-ils en Afghanistan ? Dix-sept ans ? Et presque chaque année, ils disent qu’ils retirent leurs troupes. » [18] Le #Pentagone parle déjà de déplacer les troupes américaines « vers l’#Irak voisin, où environ 5000 soldats étasuniens sont déjà déployés », et qui ‘déferleront’ en Syrie pour des raids spécifiques ». [19] Cette force pourrait aussi « retourner en Syrie pour des missions spéciales si des menaces graves surgissent » [20] ce qui pourrait inclure les tentatives de l’armée syrienne de récupérer son territoire occupé par les forces #kurdes. De plus, le Pentagone conserve la capacité de continuer de mener des « frappes aériennes et de réapprovisionner les combattants kurdes alliés avec des armes et du matériel » depuis l’Irak. [21]

    Trump n’a jamais eu l’intention d’apporter à la présidence une redéfinition radicale des objectifs de la politique étrangère américaine, mais seulement une manière différente de les atteindre, une manière qui profiterait de ses prouesses autoproclamées de négociation. Les tactiques de négociation de Trump n’impliquent rien de plus que de faire pression sur d’autres pour qu’ils paient la note, et c’est ce qu’il a fait ici. Les Français, les Britanniques et d’autres alliés des Américains remplaceront les bottes étasuniennes sur le terrain, avec des mercenaires qui seront financés par les monarchies pétrolières arabes. C’est vrai, la politique étrangère des États-Unis, instrument pour la protection et la promotion des profits américains, a toujours reposé sur quelqu’un d’autre pour payer la note, notamment les Américains ordinaires qui paient au travers de leurs impôts et, dans certains cas, par leurs vies et leurs corps en tant que soldats. En tant que salariés, ils ne tirent aucun avantage d’une politique façonnée par « des #élites_économiques et des groupes organisés représentant les intérêts des entreprises », comme les politologues Martin Gilens et Benjamin I. Page l’ont montré dans leur enquête de 2014 portant sur plus de 1700 questions politiques américaines. Les grandes entreprises, concluaient les chercheurs, « ont une influence considérable sur la politique gouvernementale, tandis que les citoyens moyens et les groupes fondés sur les intérêts des masses n’ont que peu d’influence ou pas d’influence du tout ». [22] Autrement dit, les grandes entreprises conçoivent la politique étrangère à leur avantage et en font payer le coût aux Américains ordinaires. 

    C’est ainsi que les choses devraient être, selon Mattis et d’autres membres de l’élite de la politique étrangère américaine. Le problème avec Trump, de leur point de vue, est qu’il essaie de transférer une partie du fardeau qui pèse actuellement lourdement sur les épaules des Américains ordinaires sur les épaules des gens ordinaires dans les pays qui constituent les éléments subordonnés de l’Empire américain. Et alors qu’on s’attend à ce que les alliés portent une partie du fardeau, la part accrue que Trump veut leur infliger nuit est peu favorable au maintien des alliances dont dépend l’Empire américain. 

    Notes :
    1. Bob Woodward, Fear : Trump in the White House, (Simon & Shuster, 2018) 307.

    2. Jon Schwarz, “This Thanksgiving, I’m Grateful for Donald Trump, America’s Most Honest President,” The Intercept, November 21, 2018.

    3. Michael R. Gordon, “US seeks Arab force and funding for Syria,” The Wall Street Journal, April 16, 2018.

    4. Gordon, April 16, 2018.

    5. Gordon, April 16, 2018.

    6. Gordon, April 16, 2018.

    7. Gordon, April 16, 2018.

    8. Gordon, April 16, 2018.

    9. Michael R. Gordon, Eric Schmitt and Maggie Haberman, “Trump settles on Afghan strategy expected to raise troop levels,” The New York Times, August 20, 2017.

    10. Gordon, April 16, 2018.

    11. The Editorial Board, “Trump’s next Syria challenge,” The Wall Street Journal, April 15, 2018.

    12. Julian E. Barnes, “NATO announces deployment of more troops to Afghanistan,” The Wall Street Journal, June 29, 2017.

    13. Erik Prince, “Contractors, not troops, will save Afghanistan,” The New York Times, August 30, 2017.

    14. Craig Nelson, “Trump withdrawal plan alters calculus on ground in Afghanistan,” The Wall Street Journal, December 21, 2018.

    15. Helene Cooper, “Jim Mattis, defense secretary, resigns in rebuke of Trump’s worldview,” The New York Times, December 20, 2018.

    16. “Read Jim Mattis’s letter to Trump : Full text,” The New York Times, December 20, 2018.

    17. Thomas Gibbons-Neff and Eric Schmitt, “Pentagon considers using special operations forces to continue mission in Syria,” The New York Times, December 21, 2018.

    18. Neil MacFarquhar and Andrew E. Kramer, “Putin welcomes withdrawal from Syria as ‘correct’,” The New York Times, December 20, 2018.

    19. Thomas Gibbons-Neff and Eric Schmitt, “Pentagon considers using special operations forces to continue mission in Syria,” The New York Times, December 21, 2018.

    20. Gibbons-Neff and Schmitt, December 21, 2018.

    21. Gibbons-Neff and Schmitt, December 21, 2018.

    22. Martin Gilens and Benjamin I. Page, “Testing Theories of American Politics : Elites, Interest Groups, and Average Citizens,” Perspectives on Politics, Fall 2014.
    Traduit par Diane Gilliard
    Source : https://gowans.wordpress.com/2018/12/22/no-matter-how-it-appears-trump-isnt-getting-out-of-syria-and-afgha

  • “A Night at the Garden” Is the Most Terrifying Movie You Can Watch This Halloween
    https://theintercept.com/2017/10/29/a-night-at-the-garden-is-the-most-terrifying-movie-you-can-watch-this-
    https://vimeo.com/237489146

    Terrifying Movie You Can Watch This Halloween
    Jon Schwarz

    The obscure 2008 movie “Synecdoche, New York,” written and directed by Charlie Kaufman, originated when Sony Pictures Classics approached Kaufman about creating a horror film. Kaufman, best known for deeply wacky scripts like “Being John Malkovich,” agreed. But he wasn’t interested in making the kind of paint-by-numbers movie for teenagers that appears to take place in another dimension. Instead, he later said, he wanted to make a horror film for adults, “about things that are scary in the real world, and in our lives.”

    I can attest that Kaufman succeeded. In fact, I found “Synecdoche, New York” so frightening that I’ll never watch it again. Slasher movies like “Friday the 13th” and its 11 sequels are ultimately pleasurable — they end and you wake up from the dream buzzing with the adrenaline evolution gives you to escape predators, yet realize you are not in fact being stalked by Jason Voorhees. But when “Synecdoche, New York” is over and the lights come up, you understand that what was hunting its characters is hunting you too, outside the theater, in reality.

    No other movie had ever given me the same jolt of pure dread until I saw the new Field of Vision documentary “A Night at the Garden,” directed by Marshall Curry. (Field of Vision is a division of First Look Media, as is The Intercept.)

    Curry’s film, watchable above, is just six minutes long, and is a tiny masterpiece. It should be taught in history and filmmaking courses, as well as in classes about human psychology.

    On its surface, it’s simply about a rally held by the German-American Bund in February 1939 at the old Madison Square Garden at Eighth Avenue and 50th Street in Manhattan.

    The Bund – meaning “federation” – never metastasized to any appreciable size. Estimates vary, but its dues-paying membership did not top 25,000. However, it was allied with the Christian Front, an organization inspired by the notorious anti-Semitic demagogue Father Charles Coughlin. Tens of millions of Americans tuned into Coughlin’s weekly radio show; one of his slogans was “Less care for internationalism and more concern for national prosperity.”

    The Christian Front helped turn out a capacity crowd of almost 20,000 people. It’s particularly notable that this was possible in New York, then as now a symbol of liberalism, and suggests both organizations enjoyed significant passive local support far beyond those who attended.

    The marquee outside reads that it is a “Pro American Rally” — to be followed the next day by the Rangers playing the Detroit Red Wings, and the day after that by Fordham facing Pittsburgh in college basketball. The night begins with marchers filing in with dozens of American flags and then standing before a huge backdrop of George Washington.

  • Ralph Nader : Les démocrates sont incapables de défendre les Etats-Unis face aux républicains “le plus brutal” de l’histoire The Intercept, Jon Schwarz, 25-06-2017 Traduction Les Crises
    https://www.les-crises.fr/ralph-nader-les-democrates-sont-incapables-de-defendre-les-etats-unis-fac

    LE PARTI DÉMOCRATE est à son niveau le plus bas de mémoire d’homme. Il a perdu la Maison-Blanche et les deux chambres du Congrès. A l’échelle de l’État, il s’agit du niveau le plus bas depuis 1920. Et aujourd’hui en 2017 les Démocrates n’ont gagné aucune des 4 élections spéciales destinées à élire les remplaçants des membres républicains du congrès qui ont rejoint l’administration de Trump.
    Comment en est-on arrivé là ? Personne dans le Parti démocrate ne va poser la question, mais peut être le devrait-on et c’est ce que fait le légendaire défenseur des consommateurs, trois fois candidat aux élections présidentielles, Ralph Nader.

    Nader, âgé maintenant de 83 ans et installé à Washington D.C depuis plus de 50 ans, a été aux premières loges de la lente chute des Démocrates. Après ses révélations explosives sur l’industrie automobile américaine dans son livre « Ces voitures qui tuent », lui et ses organisations ont collaboré avec les Démocrates du Congrès pour passer un kyrielle de lois visant à protéger l’environnement, les consommateurs et les lanceurs d’alerte. Le journaliste William Greider a dit de lui qu’il était l’un des trois plus grands modèles du militantisme démocratique, avec Saul Alinsky et Martin Luther King Jr. D’un autre côté, le « Memo Powell » de 1971, qui pose les bases d’une résurgence des droits des entreprises, le considère comme l’ennemi principal du « système » et l’appelle « l’unique opposant efficace au pouvoir des entreprises américaines ».


    Quoi qu’il en soit, Nader est bien évidemment devenu persona non grata dans le Parti démocrate depuis ses candidatures pour le Parti vert dans les années 2000. George W. Bush a officiellement battu Al Gore en Floride de 537 voix, avec les votes électoraux menant Bush à la Maison-Blanche bien que ce dernier n’ait pas gagné le vote populaire. En réalité, cependant, une étude approfondie, peu remarquée, publiée peu après le 11 Septembre a établi que Gore aurait gagné en Floride si tous les votes contestés avaient été recomptés.
    Les démocrates ont fustigé Nader, qui a obtenu 97 000 votes en Floride, pour avoir permis l’élection de Bush. Puisqu’ il est impossible de refaire l’histoire, il n’y a aucune manière de savoir si Gore aurait gagné sans la candidature de Nader. Certes il aurait pu gagner, mais il est possible aussi que, sans la menace Nader, qui a beaucoup poussé Gore à prendre des positions plus populaires, plus progressistes, le candidat démocrate aurait fait un score encore pire avec une élection où Nader n’aurait pas figuré.

    En tout cas, il est maintenant incontestable que le Parti démocrate a d’importants problèmes qui ne peuvent être imputés à ce qu’a fait Ralph Nader en 2000. Dans une interview récente, Nader, toujours très bien informé et riche d’une expérience de plusieurs dizaines d’années, donne son opinion sur la manière dont les États-Unis en sont arrivés là dans le domaine politique :

    JON SCHWARZ  : Je suis intéressé par l’histoire des Démocrates cédant à la pression, devenant de plus en plus désireux de faire tout ce que la droite veut, lors de ces 40 dernières années. Prenons les récentes histoires à propos de Jared Kushner. Quelle que soit l’ultime réalité ici, je pense qu’il est juste de dire que si un président démocrate avait désigné son gendre à un poste de grand pouvoir à la Maison-Blanche – si Hillary Clinton avait désigné Marc Mezvinsky le mari de Chelsea – et si les péripéties sur sa tentative de mettre en place des liens informels avec la Russie étaient sorties dans le Washington Post et le New York Times, il aurait été mis à la porte avant la fin de la journée.

    RALPH NADER  : Voulez-vous que je vous raconte l’histoire du déclin et de la décadence du Parti Démocrate ? Je vais vous donner les boulets que traîne le Parti Démocrate qui sont des événements marquants.
    Le premier grand événement fut en 1971. Tony Coelho, qui était un membre californien du Congrès, et qui s’occupait de la trésorerie de campagne des Démocrates, a convaincu les Démocrates qu’ils devraient solliciter l’argent des entreprises, et qu’ils pourraient grâce à des levées de fonds obtenir beaucoup d’argent. Pourquoi les laisser aux Républicains et simplement miser sur le socle des syndicats pour le financement, quand vous avez un énorme pot de miel dans le milieu des affaires ?

    Et ils l’ont fait. Et j’ai pu voir la différence presque immédiatement. Premièrement, ils ont perdu l’élection face à Reagan. Et ensuite ils ont commencé à devenir plus faibles au congrès. A ce moment, 1980, quelques-uns de nos plus grands alliés perdirent après la victoire écrasante de Reagan face à Carter, nous avions perdu le sénateur [Gaylord] Nelson, le sénateur [Warren] Magnuson, le sénateur [Frank] Church. Nous avions davantage de difficultés pour obtenir des audiences devant le Congrès à propos des malversations des sociétés par les dirigeants Démocrates [commission du congrès]. Quand les Démocrates regagnèrent la Maison-Blanche [en 1992] vous pouviez voir la différence dans les nominations pour les agences de réglementation, la difficulté pour leur faire améliorer la santé et les réglementations de sécurité.

    Le second boulet est le fait qu’ils ne savaient pas comment traiter avec Reagan. Et les Républicains en prirent note. Cela veut dire paroles douces, sourires… Vous pouvez dire des choses terribles et faire des choses terribles aussi longtemps que vous avez ce genre de présentation.

    [Les Démocrates] continuaient de penser que les conservateurs Républicains étaient ternes, stupides et sans humour. Ils ne s’étaient pas adaptés.

    Ronald Reagan battant le président Jimmy Carter le 4 novembre. Reagan est montré tenant une copie du 4 novembre de The News World, prédisant sa victoire écrasante sur Carter pour l’élection du Président des États-Unis. Ronald Reagan tient une copie du 4 novembre de The News World prédisant sa victoire écrasante sur Carter pour l’élection du président des États-Unis.

    RN  : De plus en plus ils commencèrent à juger leur opposition face aux Républicains à travers la quantité d’argent qu’ils levaient. Vous parliez à [Marcy] Kaptur de Cleveland, elle disait, nous allons au « caucus » démocrate à la Chambre des Représentants, nous y allons pour parler d’argent, nous continuons de parler d’argent, et nous allons sortir avec notre part d’argent…

    La conséquence est que cela a fait sortir les questions économiques de la table, celles-là qui ont permis aux Démocrates de gagner encore et encore dans les années 30 et 40. Les questions sur le travail, les questions sur le salaire minimum, la question de l’assurance maladie, les questions sur les pensions. Et ce fut bien sûr une grande aubaine pour le parti Républicain car le parti Républicain ne pouvait faire face sur la question économique. Ils faisaient face sur la question raciale, sur la question de l’intolérance, et c’est comme cela qu’ils ont commencé à prendre un contrôle sur le solide Sud démocrate après le vote des lois sur les droits civils.

    Lever de l’argent de Wall Street, des compagnies pharmaceutiques, des compagnies d’assurance santé, des sociétés énergétiques, éloignaient les Démocrates de leur principal avantage sur les Républicains, qui est, dans le langage de Roosevelt : « Le Parti Démocrate est le parti des familles de travailleurs, les Républicains sont le parti des riches ». Cela s’est complètement inversé et a laissé les Démocrates extrêmement vulnérables.

    Cela a eu pour conséquence de les faire reculer géographiquement, vers la côte est, la côte ouest et autres.

    Et ils ont créé un autre boulet : ils n’ont pas fait de campagne [présidentielle] dans les 50 États. Si vous ne faites pas campagne dans les 50 États, premièrement vous renforcez le parti adverse dans ces États que vous avez abandonnés, ils peuvent donc prendre ces États pour acquis et se concentrer sur les États qui sont dans la zone grise. C’était le raté numéro un.

    Le raté numéro deux est ce que Ben Barnes, le politicien averti au Texas, m’a dit. Il m’a dit, quand vous ne vous battez pas pour la présidentielle au Texas, cela pourrit tout le parti… jusqu’aux maires et conseils municipaux. Ainsi cela répète cette décadence et perte de pouvoir pour les années futures.

    Quand ils ont abandonné les États rouges, ils ont abandonné cinq États dans la zone de Rocky Mountain et ont commencé déjà avec un handicap de 9 ou 10 sénateurs.

    Vous devez vous souvenir de votre histoire, les deux sénateurs du Montana étaient Démocrates, le Sénateur Church de l’Idaho était un Démocrate, le Sénateur Frank Moss, grand défenseur des consommateurs, un Démocrate de l’Utah. Maintenant il n’y a presque plus personne. Les deux sénateurs du Wyoming sont Républicains, les deux sénateurs du Montana sont Républicains [John Tester,le sénateur principal du Montana, est un Démocrate], les deux sénateurs de l’Utah sont Républicains. Je pense que les Démocrates ont un siège au Colorado. Ensuite vous descendez en Arizona et c’est deux Républicains.

    Ainsi ils n’ont jamais été à l’abri d’un veto de l’opposition même à leur apogée au Sénat. Et bien sûr plus tard lorsqu’ils n’étaient pas à leur apogée cela leur coûté le Sénat encore et encore. Et maintenant ils sont dans un grand trou, avec la débâcle aux sénatoriales de 2016, ils font face à trois fois plus de Démocrates pour une réélection en 2018.
    Le [troisième] boulet est qu’ils ont décidé de faire campagne à la télévision, avec des consultants politiques les influençant et recevant leurs parts de 15-20 pour cent. Quand vous faites campagne à la télévision, avec des slogans, vous ne faites pas campagne sur de la politique.

    Le boulet suivant, les syndicats ont commencé à devenir faibles, faibles en nombre et faibles en leadership. Ils ont commencé à verser beaucoup d’argent aux Démocrates pour la télévision. Et en même temps qu’ils s’affaiblissaient ils perdirent leur capacité de mobilisation populaire au nom des Démocrates.

    Les Démocrates avaient initié le procédé où le message précède la politique. Non – la politique précède le message. Cela signifie qu’ils continuent de dire à quel point les Républicains sont mauvais. Ils ont fait campagne non pas en disant, regardez comme nous sommes bons, nous allons vous apporter l’assistance médicale [à tous], nous allons sévir face aux crimes des sociétés contre les travailleurs et les consommateurs et l’environnement, volant, mentant, vous trompant. Nous allons vous donner un salaire minimum. Nous allons avoir une défense moins importante, une meilleure défense, et investir un peu de cet argent et commencer à reconstruire vos écoles et ponts et systèmes d’eau et d’assainissement, et librairies, et cliniques.

    Au lieu de dire cela, ils ont fait campagne en disant « Pouvez-vous croire à quel point les Républicains sont mauvais ? » Un fois cela dit, ils ont piégé leur aile progressiste, car leur aile progressiste est le seul segment qui peut changer le parti en un formidable opposant. Car ils ont dit à leur aile progressiste : « vous n’avez nulle part où aller, fichez-nous la paix ».

    Et cela nous amène aux boucs émissaires de ces 20 dernières années. « Oh, c’est Nader, oh, c’est les frères Koch, oh, c’est le collège électoral, oh, c’est de la misogynie, oh, ce sont les lamentables rednecks ». Ils ne se sont jamais regardés dans la glace.

    Le bouton de campagne pour Ralph Nader, qui se présentait comme le candidat du Parti Vert au élections présidentielles de 2000.

    RN  : Les Républicains, quand ils perdent, ils se battent sur les idées, aussi terrifiantes soit-elles. Les idées du Tea Party, les idées libertaires, les mornes idées républicaines. Ils se battent. Mais les Démocrates veulent de l’uniformité, ils veulent faire taire les gens. Ainsi ils ont la transition la plus défectueuse de toutes. Ils ont la transition de Nancy Pelosi à Nancy Pelosi, quatre fois perdante face au pire Parti Républicain de l’histoire du Parti Républicain.

    Si vous mettiez aujourd’hui des politiques Républicains d’avant le fantôme de Teddy Roosevelt, Dwight Eisenhower, et « Mr Conservateur » le sénateur Robert Taft, ils se retourneraient dans leurs tombes. C’est la forme radicalement extrémiste, cruelle, vicieuse, Wall Street, militariste du parti républicain. Cela aurait signifié que les Démocrates les auraient écrasés. Ils ne les auraient pas juste battus, ils les auraient écrasés dans le corps législatif dans tout le pays, les gouverneurs, le Président et le congrès.
    Mais non, ce sont toujours les boucs émissaires. Peut-être que Jill Stein, le petit Parti Vert, ont pris la Pennsylvanie et le Michigan au faucon Hillary.

    JS  : Les Démocrates semblent avoir assimilé les vues des Républicains sur tout ce qui concerne l’armée.

    RN  : [Un autre] boulet est qu’ils ne se sont jamais différenciés des Républicains sur la politique militaire étrangère – car ils étaient comme eux. Ils n’ont jamais remis en question le budget de l’armée, ils n’ont jamais remis en question la politique étrangère militarisée, comme le faucon Hillary sur la Libye, qui fit peur aux généraux et fuir [le secrétaire à la défense Robert] Gates qui s’était opposé à ce qu’elle aille à la Maison-Blanche pour [prôner] le renversement du régime, métastasant la violence dans sept ou huit pays africains à ce jour.
    Ainsi ils ont abandonné la politique étrangère et militaire, car ils recevaient de l’argent de Lockheed et Boeing et General Dynamics et Raytheon et d’autres. Même Elizabeth Warren quand elle a eu sa chance commença en discutant du maintien de ces contrats avec Raytheon. Voilà l’aile gauche du parti discutant avec la société Raytheon, qui est le plus grand gâchis de subvention à l’est du Pécos.

    [Un autre] boulet est : personne n’a été viré. Ils enchaînent défaite après défaite, et ne peuvent pas remplacer leurs compères par de nouvelles personnes, vigoureuses, énergiques. Même chose pour les syndicats. Ils [gardent leurs positions] des années 80 peu importe à quel point le syndicat est décalé de la réalité. Vous n’êtes pas viré quelle que soit l’envergure de la perte, à l’inverse du milieu des affaires, où vous vous faites virer.

    Le dernier boulet est qu’ils prennent leurs précautions en harcelant les tierces partis progressistes afin que ces tierces partis ne les dépassent pas. Je suis un expert dans ce domaine. Ils ont essayé de les faire disparaître du vote. Nous avions eu 24 poursuites judiciaires en 12 semaines durant l’été 2004 par le Parti démocrate pour nous faire disparaître du vote dans des dizaines d’États. Même si nous n’avions que 5 pour cent, 6 pour cent de votes, ils subiraient une forte pression pour changer de direction et changer leurs pratiques car il y aurait assez d’électeurs américains pour dire aux Démocrates, « nous avons un autre endroit où aller », un troisième parti viable. Ils les harcèlent, violent les libertés civiles, ils utilisent leurs juges Démocrates désignés pour rendre de mauvais jugements ou les harceler de dépositions. Avant que [les troisièmes partis] soient liquidés, c’est de toute façon la Fête du travail et ils ont une campagne de huit semaines.

    Il y a certaines personnes qui pensent que le Parti démocrate peut être réformé de l’intérieur sans changer le personnel. Je leur dis bonne chance. Que s’est-il passé ces 20 dernières années ? Ils se sont retranchés davantage. Débarrassez-vous de Pelosi, vous avez Steny Hoyer. Débarrassez-vous d’Harry Reid, vous avez [Charles] Schumer. Bonne chance.

    Malheureusement, en résumé, les Démocrates sont incapables de défendre les États-Unis d’Amérique du [Parti Républicain] le plus vicieux, ignorant, soumis aux entreprises, militariste, anti-syndical, contre les intérêts du consommateur, anti-environnement, contre la postérité, de l’histoire.

    Article original : https://theintercept.com/2017/06/25/ralph-nader-the-democrats-are-unable-to-defend-the-u-s-from-the-most-v
    #USA #républicains #démocrates #Ralph_Nader

  • L’article de Jon Schwarz sur l’« interview » de Trump par l’équipe du NY Times est proprement désopilant : Donald Trump Makes the New York Times Great Again !
    https://theintercept.com/2016/11/23/donald-trump-makes-the-new-york-times-great-again

    Then Trump was elected. And now that he’s not just potentially powerful but genuinely powerful, the paper appears to be returning to its traditional role of feebly accommodating presidents rather than actually holding them accountable.

    According to the Times itself, Reince Priebus, Donald Trump’s chief-of-staff-to-be, tried to trick Trump into canceling his interview with the Times on Tuesday because Priebus was worried Trump “could face questions he might not be prepared to answer.”

    Priebus shouldn’t have worried.

    All of the Times’ top editors and reporters together, given a golden opportunity, found themselves unable to perform basic journalism.

    […]

    Thomas Friedman’s meandering, pillow-soft inquiries, complete with his transparent attempts to butter Trump up, have to be read to be believed. Friedman instinctively ingratiates himself with the powerful like a beta chimp.

  • Plongée dans mes archives de novembre 2004 (eh oui, je garde tout!).

    George W. Bush est réélu le 2 novembre contre John Kerry (et Ralph Nader dans le rôle de Jill Stein) alors que son bilan est terrible et que “tout le monde” pense la victoire de Kerry nécessaire et évidente...

    Les articles du New-York Times pourraient être publiés ces jours ci en changeant juste quelques noms propres, si ça vous amuse de les relire...

    Si l’analyse est bonne (mais ça se discute toujours: est-ce la “faute” des pauvres, incultes, sexistes et racistes, qui votent mal ou de l’establishment démocrate dans sa tour d’ivoire qui a perdu le contact avec la réalité?), les leçons, douze ans après, ne semblent pas avoir été tirées.

    D’autre part, l’un des articles (et un autre de Michael Moore que je n’inclue pas ici) insiste sur le fait que les jeunes, eux, ont “bien” voté, sous entendant que le vote républicain est un vote du passé et que l’avenir appartient aux démocrates. Douze ans plus tard, les jeunes sont devenus vieux et la promesse n’a pas été tenue...

    Op-Ed Columnist: Living Poor, Voting Rich
    NICHOLAS D. KRISTOF, The New York Times Company, November 3, 2004
    http://www.nytimes.com/2004/11/03/opinion/living-poor-voting-rich.html
    =================================================
    OP-ED CONTRIBUTOR: The Day the Enlightenment Went Out
    GARRY WILLS, The New-York Times, November 4, 2004
    http://www.nytimes.com/2004/11/04/opinion/the-day-the-enlightenment-went-out.html?_r=0
    ===============================================
    The Red Zone
    MAUREEN DOWD, The New-York Times, 4 November 2004
    http://www.nytimes.com/2004/11/04/opinion/the-red-zone.html
    ============================================
    A Blue City (Disconsolate, Even) Bewildered by a Red America
    JOSEPH BERGER, The New-York Times, November 4, 2004
    http://www.nytimes.com/2004/11/04/nyregion/a-blue-city-disconsolate-even-bewildered-by-a-red-america.html
    ==============================================
    Scrooge’s nightmare
    Leonard Steinhorn, Salon, November 25, 2004
    http://www.salon.com/2004/11/25/new_silent_majority
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    On recevait aussi à l’époque des messages plus ou moins humoristiques sur la situation. Aujourd’hui ce serait plutôt sur Facebook, mais ce sont à peu près les mêmes:

    Blue America Charter
    Barbara Moran and Brian Collins, November 3, 2004

    Fellow citizens!

    It gives me great happiness to unveil our plans for the liberation of Blue America. For the past three years, we have, in conjunction with a handful of MIT engineers, been constructing a giant, cordless circular saw, which is now complete. With this saw, we plan to carve our thriving, prosperous eastern Blue nation away from the spreading infection of red america. We will then set a mighty sail, which will carry us around the tip of South America and allow us to join our Blue compadres on the West Coast. We will use our giant saw to free our friends, then join our two lands together and sail to a designated point in the Pacific Ocean. There, we will establish our new country: Blue America.

    Basic Tenets
    -----------------
    Blue America will be founded on the same ideals as the former United States of America. These ideals, sadly, have been decimated by the same red plague that scrambled the brains of so many of our unfortunate former fellow-citizens. These ideals include:
    - The Separation of Church and State
    - Freedom of Speech
    - Freedom of Assembly and Protest
    - Equal rights for all and due process under the Constitution

    Blue America will have many additional aspirations not shared by red america, including:
    - The goal of giving every citizen high quality education and health care (even prescription drugs!), regardless of their race, ethnic background or income
    - The right to a satisfying career with fair pay, job security and an eight-hour workday
    - Respect for other cultures and honesty in our dealings with other countries
    - The right to worship the deity of your choice (or not)
    - Family values, meaning the right of anyone to form a family if they wish
    - Compassion for the poor and sick
    - Belief in the value of: fresh food, recycling, renewable energy, independent bookstores and movie theatres, literacy, the free exchange of ideas, clean air, clean water, sushi, Julia Child cookbooks, Scrabble, humor, honesty, exercise, art, poetry, community gardens, mass transit, local cheese, the scientific process, the theory of Evolution, national parks, bicycles, music, sidewalks, trees, books, family farms, locally-owned diners with revolving pie cabinets, and decent coffee.

    Membership
    -----------------
    Membership in Blue America will be limited to residents of states that voted “blue” in the 2004 election, with the following exceptions:

    1. Red “carriers” (or “vectors”) who are currently living in Blue America are kindly asked to leave before the liberation.
    2. Members of certain Blue outposts in red america (like Austin, Texas) will be allowed to apply for Blue America citizenship.
    3. Members of Blue outposts in Ohio (Oberlin) will also be allowed to apply for citizenship. However, if accepted they must accept a one-year probationary period. Similarly, members of Blue outposts in Florida (South Beach) will also be allowed to apply, but must accept a two-year probationary period.
    4. Members of the Bush family are excluded for life, as are members of the Bush cabinet and all Fox News anchors, and Kid Rock. (Sorry, Colin Powell, but you had your chance.)

    Sports
    ---------
    The first official sports team of Blue America will be the Boston Red Sox (hereby re-named the Boston Blue Sox). However, red propagandist Curt Schilling will be cut from the Sox and banished to the worst team in baseball. Also, we’ll take Derek Jeter, if he’s interested.

    Timetable
    --------------
    Engineers have already begun separating northern Maine from the continent. We plan to be fully liberated and set sail on Blue Inauguration day, January 21, 2005. Pack your guitars, books and Hawaiian shirts, and let’s hear it for the blue, white and blue!

    Bring on the saw!
    Barb and Brian
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    Disaffected Americans look north to ’better government’
    MARINA JIMÉNEZ, 4 November 2004

    Some Americans are willing to do anything to avoid another four years of George W. Bush — even move to Canada.

    Joe Auerbach is so disappointed with Mr. Bush’s election victory that he is planning to give up a job as a systems analyst and leave his comfortable life in Columbus, Ohio, to move to a country with “a better government and more reasonable people.”

    “Today, once the Bush victory was clear, my e-mail was burning up with people vowing to leave the U.S. for Canada,” said Mr. Auerbach, 27.

    “I don’t want to be living in the U.S. when China decides we are a threat and when George Bush starts drafting computer engineers into the army. I’m morally opposed to the Bush administration.”

    He and several other disenchanted Americans are contacting immigration lawyers north of the border to see whether they qualify to immigrate to Canada. It is too soon to say whether this is political hot air or the start of a new trend in immigration.

    But among some middle-class, liberal Americans, there is a growing sense of political disengagement as they realize the majority of their fellow citizens support the conservative agenda of Mr. Bush, who received 51 per cent of the popular vote, winning more votes than any other president in U.S. history.

    “Mr. Auerbach is one of many middle-class Americans who have a philosophical difference with the direction the U.S. is taking,” said Sergio Karas, a Toronto immigration lawyer. “I have received several inquiries from people like him who want to move here.”

    Jacqueline Bart, a Toronto immigration lawyer, said she recently attended a conference in New York and more than a dozen U.S. lawyers asked her about sending their children to study in Canada. “There is a sense of hesitation about the direction Bush is taking the country in,” she said.

    Clyde Williamson, a libertarian from Ohio, feels the Bush administration is too conservative on social-justice issues such as gay rights, abortion and the medicinal use of marijuana. He is also opposed to the U.S.-led war in Iraq.

    “I don’t think the U.S. is going to turn into Nazi Germany or anything. But it is going to become a much more conservative country,” said the 29-year-old computer-security engineer.

    Others feel Mr. Bush’s unilateralist foreign policy is more troubling even than his social conservatism. A former U.S. diplomat who has already applied for permanent-resident status said yesterday that Mr. Bush’s election victory has accelerated his determination to relocate permanently to Vancouver.

    “I’m watching this administration preside over the virtual destruction of relations with the Muslim world — and, I fear, end up strengthening the forces of terrorism as a result,” he said.

    “The values of Canada are what I thought the values of the U.S. used to be: personal freedoms, a sense of need for a global community and consensus. The U.S. is losing its way.”

    A Toronto lawyer representing three U.S. soldiers who have fled to Canada to avoid fighting in Iraq said Mr. Bush’s re-election means more U.S. deserters are likely to seek refugee status north of the border.

    Jeffry House, a Vietnam-era draft-dodger who is steering the refugee claims of the three young men, says he has received about 80 e-mails from other U.S. soldiers stationed around the world, inquiring about escaping to Canada to avoid serving in Iraq. At least five U.S. soldiers are believed to have fled to Canada.

    Maria Iadinardi, spokeswoman for Citizenship and Immigration Canada, said it is too soon to say whether there has been a spike in the number of Americans being granted permanent residency, noting the number has fluctuated in recent years from a low of 4,437 in 1998 to a high of 5,604 in 2001.

    So far this year, 5,353 Americans have become permanent residents.
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    “Ladies and gentlemen, drop your borders: Now that George W. Bush has been officially elected, single, sexy, American liberals - already a threatened species - will be desperate to escape. These lonely, afraid (did we mention really hot?) progressives will need a safe haven. You can help. Open your heart, and your home. Marry an American. Legions of Canadians have already pledged to sacrifice their singlehood to save our southern neighbours from four more years of cowboy conservatism...” To be continued on:
    http://www.marryanamerican.ca
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    “As democracy is perfected, the office of president represents, more and more closely, the inner soul of the people. On some great and glorious day the plain folks of the land will reach their heart’s desire at last and the White House will be adorned by a downright moron.”
    –- H.L. Mencken, journalist and satirist (1880-1956)
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    THINGS WE SHOULD DO NOW WHILE WE STILL CAN

    Get that abortion you’ve always wanted
    Drink a nice clean glass of water
    Two words - doggy style
    Cash your social security check
    See a doctor of your own choosing
    Hug your draft age child
    Visit Syria, or any foreign country for that matter
    Get that gas mask you’ve been putting off buying
    Move out of the red states
    Horde gas
    Buy all the porn you can carry
    Borrow questionable books from the library - constitutional law books, Catcher
    in the Rye, Harry Potter, Tropic of Cancer
    If you have an idea for an art piece involving a crucifix - do it now
    Two words - come out - then go back in - HURRY!
    Jam in all the Alzheimer’s stem cell research you can
    Stay out late before the curfews start
    Get within 6 feet of a stripper in a state where its still allowed
    Go see Bruce Springsteen before he has his “accident”
    Go see Mount Rushmore before the “W” addition
    Use the phrase - “you can’t do that - this is America”
    If you’re white - marry a black person, if you’re black - marry a white person.
    If you’re gay, learn to pass.
    Take a snowmobile-noise free walk in Yosemite, without being hit by a base-jumper.
    Enroll your kid in art or music class
    Start your school day “without” a prayer
    Pass on secrets of evolution to future genes
    Learn French
    Let’s go and live in France.
    Attend a commitment ceremony with your gay friends.
    Take a factory tour anywhere in the US.
    Try to take photographs of animals on the endangered species list.
    Visit Florida before the polar ice caps melt.
    Visit Nevada before it becomes radioactive.
    Visit Alaska before “The Big Spill”.
    Visit Massachusetts while it is still a State.
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    Et deux sites web qui sont encore valables, 12 ans plus tard:

    http://www.sorryeverybody.com
    http://www.apologiesaccepted.com

    #Etats-Unis #Donald_Trump #Hillary_Clinton #George_Bush #John_Kerry #2016 #2004 #histoire #élections_présidentielles