person:jonathan swift

  • Max Nordau et l’art dégénéré du goy (1900)
    http://www.dedefensa.org/article/max-nordau-et-lart-degenere-du-goy-1900

    Max Nordau et l’art dégénéré du goy (1900)

    Philosophe juif et sioniste hérétique (il acceptait l’Ouganda…), Max Nordau appartient à toute cette génération de penseurs juifs politiquement incorrects qui défièrent à Vienne le monde moderne dans le sillon de Nietzsche, et auxquels j’ai rendu hommage dans mon livre sur Kubrick. Schnitzler, le jeune Weininger, l’extraordinaire et éternellement méconnu Karl Kraus et même Freud dans son genre furent, entre beaucoup d’autres, ces êtres qui foraient, sapaient et minaient le monde moderne qui s’était construit depuis beaucoup plus longtemps que ne le pensaient les chrétiens peu éclairés et les traditionalistes de l’époque. Un rappel : Jonathan Swift se demandait déjà par quoi on remplacerait le christianisme au début du dix-huitième siècle. Eh bien on le remplaça par (...)

  • Opinion | Will Deep-Fake Technology Destroy Democracy? - The New York Times
    https://www.nytimes.com/2018/10/17/opinion/deep-fake-technology-democracy.html

    Both images are the result of digital manipulation, and what, in its most ominous form, is called deep fakes: technology that makes it possible to show people saying things they never said, doing things they never did.

    This technology has great potential both as art and snark: One set of deep fakes has cleverly inserted Nicolas Cage into a half-dozen movies he wasn’t involved with, including “Raiders of the Lost Ark.” You can watch that and decide for yourself whether Mr. Cage or Harrison Ford makes for the best Indiana Jones.

    But, as always, the same technology that contains the opportunity for good also provides an opening for its opposite. As a result, we find ourselves on the cusp of a new world — one in which it will be impossible, literally, to tell what is real from what is invented.

    But deep-fake technology takes deception a step further, exploiting our natural inclination to engage with things that make us angriest. As Jonathan Swift said: “The greatest liar hath his believers: and it often happens, that if a lie be believed only for an hour, it hath done its work, and there is no further occasion for it.”

    Consider the image of Emma Gonzalez, a survivor of the Parkland High School shooting in February who has become a vocal activist. A manipulated photo of her tearing up the Constitution went viral on Twitter among gun-rights supporters and members of the alt-right. The image had been digitally altered from another photo appearing in Teen Vogue. That publication’s editor lamented: “The fact that we even have to clarify this is proof of how democracy continues to be fractured by people who manipulate and fabricate the truth.”

    That fake was exposed — but did it really make a difference to the people who wanted to inhabit their own paranoid universe? How many people still believe, all evidence to the contrary, that Barack Obama is a Muslim, or that he was born in Kenya?

    Now imagine the effect of deep fakes on a close election. Let’s say video is posted of Beto O’Rourke, a Democrat running for Senate in Texas, swearing that he wants to take away every last gun in Texas, or of Senator Susan Collins of Maine saying she’s changed her mind on Brett Kavanaugh. Before the fraud can be properly refuted, the polls open. The chaos that might ensue — well, let’s just say it’s everything Vladimir Putin ever dreamed of.

    There’s more: The “liar’s dividend” will now apply even to people, like Mr. Trump, who actually did say something terrible. In the era of deep fakes, it will be simple enough for a guilty party simply to deny reality. Mr. Trump, in fact, has claimed that the infamous recording of him suggesting grabbing women by their nether parts is not really him. This, after apologizing for it.

    #Infox #Fake_news #Manipulation_images

  • L’apport calorique d’un repas anthropophage est assez bas comparés aux autres repas carnivores traditionnels :

    Assessing the calorific significance of episodes of human cannibalism in the Palaeolithic
    James Cole
    Sci. Rep. 7:44707, 2017
    https://www.nature.com/articles/srep44707

    Episodes of Palaeolithic cannibalism have frequently been defined as ‘nutritional’ in nature, but with little empirical evidence to assess their dietary significance. This paper presents a nutritional template that offers a proxy calorie value for the human body. When applied to the Palaeolithic record, the template provides a framework for assessing the dietary value of prehistoric cannibalistic episodes compared to the faunal record. Results show that humans have a comparable nutritional value to those faunal species that match our typical body weight, but significantly lower than a range of fauna often found in association with anthropogenically modified hominin remains. This could suggest that the motivations behind hominin anthropophagy may not have been purely nutritionally motivated. It is proposed here that the comparatively low nutritional value of hominin cannibalism episodes support more socially or culturally driven narratives in the interpretation of Palaeolithic cannibalism.

    Vainqueur du Prix #Ig_Nobel 2018 en Nutrition
    https://www.improbable.com/ig/winners/#ig2018

    A rajouter à la compilation #archéologie et #discriminations :
    https://seenthis.net/messages/633249

    #histoire #préhistoire #anthropologie #civilisation #évolution #anthropophagie #cannibalisme #nourriture #calories

    • Modeste proposition, par Jonathan Swift

      Pour empêcher les enfants des pauvres en Irlande d’être à charge à leurs parents et à leur pays et pour les rendre utiles au public
      . . . . .
      Un jeune américain de ma connaissance, homme très-entendu, m’a certifié à Londres qu’un jeune enfant bien sain, bien nourri, est, à l’âge d’un an, un aliment délicieux, très-nourrissant et très-sain, bouilli, rôti, à l’étuvée ou au four, et je ne mets pas en doute qu’il ne puisse également servir en fricassée ou en ragoût.
      . . . . .
      Un enfant fera deux plats dans un repas d’amis ; et quand la famille dîne seule, le train de devant ou de derrière fera un plat raisonnable, et assaisonné avec un peu de poivre et de sel, sera très-bon bouilli le quatrième jour, spécialement en hiver.
      J’ai fait le calcul qu’en moyenne un enfant qui vient de naître pèse vingt livres, et que dans l’année solaire, s’il est passablement nourri, il ira à vingt-huit.

      J’accorde que cet aliment sera un peu cher, et par conséquent il conviendra très-bien aux propriétaires, qui, puisqu’ils ont déjà dévoré la plupart des pères, paraissent avoir le plus de droits sur les enfants.

      La chair des enfants sera de saison toute l’année, mais plus abondante en mars, et un peu avant et après, car il est dit par un grave auteur, un éminent médecin français, que, le poisson étant une nourriture prolifique, il naît plus d’enfants dans les pays catholiques romains environ neuf mois après le carême qu’à toute autre époque : c’est pourquoi, en comptant une année après le carême, les marchés seront mieux fournis encore que d’habitude, parce que le nombre des enfants papistes est au moins de trois contre un dans ce royaume ; cela aura donc un autre avantage, celui de diminuer le nombre des papistes parmi nous.
      . . . . .

      https://www.oeuvresouvertes.net/spip.php?article1700

      #Littérature #Jonathan_Swift #Angleterre

    • 28 septembre 13h30 UQAM (279 Sainte-Catherine Est, Montréal, DC-2300) : Le cannibalisme comme métaphore de l’humain
      https://evenements.uqam.ca/evenements/le-cannibalisme-comme-metaphore-de-l-humain/3679

      Mondher Kilani, Professeur honoraire, Université de Lausanne
      Les modalités de la relation de soi à l’autre passent par le cannibalisme en tant que métaphore d’ingestion et de digestion, d’assimilation et de destruction.L’imaginaire cannibale, mélange subtil de désir et d’appréhension, d’accusation et d’aveu, de rumeur et de réputation, fonctionne sur le mode du « je sais bien mais quand même ». Depuis le moment inaugural de la modernité occidentale, ce thème n’a cessé de traverser les récits de voyage, les romans d’aventure, la littérature, le cinéma, les contes, les manifestes intellectuels et artistiques, mais aussi la philosophie et les sciences sociales. Le cannibalisme y représente un modèle auquel la culture se conforme ou duquel elle se défie. Il contribue à ce titre à la production de l’humain, tout comme il éclaire l’épistémologie de l’anthropologie considérée comme alimentation.
      Présentation en lien avec sa dernière publication, Du goût de l’autre. Fragments d’un discours cannibale, Paris, Seuil, 2018.

  • 21 Books You Don’t Have to Read | GQ
    https://www.gq.com/story/21-books-you-dont-have-to-read

    C’est bone liste pour la Californie. Et pour la France, l’talie, le Sénégal, le Cameroun, le Congo, l’Égyte, la Russie, l’Inde et la Chine ? Et pour l’Allemagne ?
    Une fois ces listes réunis je me prends un an de vacances avec des amis et on se traduit et s’explique mutuellement le pour et le contre des livres.
    On commence là sur #Seenthis ?

    We’ve been told all our lives that we can only call ourselves well-read once we’ve read the Great Books. We tried. We got halfway through Infinite Jest and halfway through the SparkNotes on Finnegans Wake. But a few pages into Bleak House, we realized that not all the Great Books have aged well. Some are racist and some are sexist, but most are just really, really boring. So we—and a group of un-boring writers—give you permission to strike these books from the canon. Here’s what you should read instead.
    ...

    1. Lonesome Dove by Larry McMurtry
    Instead: The Mountain Lion by Jean Stafford

    2. The Catcher in the Rye by J. D. Salinger
    Instead: Olivia: A Novel by Dorothy Strachey

    3. Goodbye to All That by Robert Graves
    Instead: Dispatches by Michael Herr

    4. The Old Man and the Sea by Ernest Hemingway
    Instead: The Summer Book by Tove Jansson

    5. The Alchemist by Paulo Coelho
    Instead: Near to the Wild Heart by Clarice Lispector

    6. A Farewell to Arms by Ernest Hemingway
    Instead: The Great Fire by Shirley Hazzard

    7. Blood Meridian by Cormac McCarthy
    Instead: The Sisters Brothers by Patrick deWitt

    8. John Adams by David McCullough
    Instead: Destiny of the Republic: A Tale of Madness, Medicine and the Murder of a President by Candice Millard

    9 & 10. Adventures of Huckleberry Finn by Mark Twain
    Instead: Narrative of the Life of Frederick Douglass, an American Slave by Fredrick Douglass
    Instead: The Adventures and Misadventures of Maqroll by Alvaro Mutis

    11. The Ambassadors by Henry James
    Instead: The Rise and Fall of the Third Reich by William L. Shirer

    12. The Bible
    Instead: The Notebook by Agota Kristof

    13. Franny and Zooey by J. D. Salinger
    Instead: Death Comes for the Archbishop by Willa Cather

    14. The Lord of the Rings by J. R. R. Tolkien
    Instead: Earthsea Series by Ursula K. Le Guin

    15. Dracula by Bram Stoker
    Instead: Angels by Denis Johnson

    16. Catch-22 by Joseph Heller
    Instead: The American Granddaughter by Inaam Kachachi

    17. Life by Keith Richards
    Instead: The Worst Journey in the World by Apsley Cherry-Garrard

    18. Freedom by Jonathan Franzen
    Instead: Too Loud a Solitude by Bohumil Hrabal

    19. Gravity’s Rainbow by Thomas Pynchon
    Instead: Inherent Vice by Thomas Pynchon

    20. Slaughterhouse-Five by Kurt Vonnegut
    Instead: Veronica by Mary Gaitskill

    21. Gulliver’s Travels by Jonathan Swift
    Instead: The Life and Opinions of Tristram Shandy, Gentleman by Laurence Sterne

    #USA #littérature #société

  • Why Google Maps gets Africa wrong | World news | The Guardian
    https://www.theguardian.com/world/2014/apr/02/google-maps-gets-africa-wrong

    About halfway through Jonathan Swift’s boisterously witty epic poem On Poetry: A Rhapsody, the 18th century Anglo-Irish satirist briefly turns his attention to maps of Africa, writing:

    So geographers, in Afric maps,
    With savage pictures fill their gaps,
    And o’er uninhabitable downs
    Place elephants for want of towns.

    In Swift’s time, European explorers had only skirted around the coastal edges of Africa and its interior remained, to all intents and purposes, a mystery. But as the poet pointed out, rather than just leave the middle of the continent blank, mapmakers would instead “fill their gaps” with things they thought might reside in such exotic corners of the world, such as strange monkeys, roaming lions, and “elephants for want of towns.”

    –—

    Mapping Africa: can you help us fill in the gaps? | World news | The Guardian
    https://www.theguardian.com/world/2014/apr/04/mapping-africa-can-you-help-us-fill-in-the-gaps
    https://i.guim.co.uk/img/static/sys-images/Guardian/Pix/pictures/2014/4/4/1396607631211/7f2380c1-0496-4285-aec2-81f053aebcab-620x372.png?w=1200&h=630&q=55&auto=fo

    We have come along way from the European explorers who used exotic animals to “fill in the gaps” when they were drawing maps of Africa. We have the technology, more resources and better data, maps are no longer the purview of colonial conquerors.

    Google Maps, the world leaders in cartography, say they are on the “never-ending quest for the perfect map” but are they also guilty of selling African short? Over the past few years they have vastly increased their coverage of the continent but have they gone far enough?

    #cartographie #afrique #manipulation #visualisation #représentation

  • Modeste proposition pour empêcher les enfants des pauvres en Irlande d’être à la charge de leurs parents ou de leur pays et pour les rendre utiles au public-Non Fides
    http://www.non-fides.fr/?Modeste-proposition-pour-empecher-les-enfants-des-pauvres-en-Irlande-d-et

    @Ad Nauseam - Jonathan Swift, né le 30 novembre 1667 à Dublin, en Irlande, et mort le 19 octobre 1745 dans la même ville, est considéré aujourd’hui comme le plus grand satiriste en prose de langue anglaise, il est notamment l’auteur de Les Voyages de Gulliver (1721). A Modest Proposal : For Preventing the (...)

    #Non_Fides / #Mediarezo

  • #Erasmus_des_apprentis, c’est parti
    http://fr.myeurop.info/2016/10/13/erasmus-des-apprentis-c-est-parti-14789

    P margin-bottom : 0.21cm ; Longtemps cantonné aux étudiants de l’université, le programme Erasmus s’ouvre aux apprentis. Une expérimentation dont vont d’abord bénéficier 145 jeunes Européens.

    P margin-bottom : 0.21cm ; lire la suite

    #EUROFOCUS #Société #Étudiants #Allemagne #Espagne #France #Grèce #Italie #Union_européenne

    • 145 jeunes Européens et pas plus ?

      Les apprentis, sont des enfants de pauvres à 99%.
      Comment leurs parents pourraient ils trouver les moyens financiers de leur permettre des études à l’étranger ?

      Une solution, les inscrire auprès des autorités de propagande de l’union européenne.
      Encore faudra t’il remplir le dossier administratif, ce qui n’est pas possible pour tout le monde, 5 années d’études universitaires sont nécéssaires.

      Cette qualification est elle ouverte aux apprentis fleuristes ?
      Aux apprenti(e)s couiffeu(ses)r
      Aux apprenti(e)s boucher(e)s ?
      . . . . . .
      POURQUOI LE TAG #GRÈCE DANS CE BILLET ?
      Jonathan Swift conseillait aux Irlandais de manger leurs enfants.
      Les apprentis boucher doivent ils s’exercer à débiter de la viande d’enfants grecs ?
      A moins que ce ne soit d’adultes Grecs.
      D’un autyre pays de l’#union_européenne ?

  • En avant la musique !, par Xavier Lapeyroux
    http://www.monde-diplomatique.fr/2014/12/LAPEYROUX/51041

    A propos de Farémido, de Frigyes Karinthy (#livre)

    Les personnages de fiction ne meurent jamais vraiment... Après Lilliput, Brobdingnag et le pays des Houyhnhnms, c’est à Farémido que le Hongrois Frigyes Karinthy (1887-1938) décide d’expédier Gulliver. Si ce cinquième voyage, publié en 1916, nous entraîne en des lieux inconnus, il nous ramène aussi sur le terrain, cher à Jonathan Swift, de la satire sociale et politique.

  • La joie de servir
    http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=2750

    Dans son « Instruction aux domestiques », avec son humour grinçant, Jonathan Swift incitait les gens de maison à la révolte en sabotant leur travail.

    C’est une autre « instruction aux domestiques » que nous vous proposons aujourd’hui, majordome, gouvernante, « plaît-il, Maître »...

  • SWIFT, Jonathan – Modeste proposition… | Litterature audio.com
    http://www.litteratureaudio.com/livre-audio-gratuit-mp3/swift-jonathan-modeste-proposition.html

    L’auteur des Voyages de Gulliver a publié aussi anonymement en 1723 le pamphlet Modeste proposition pour empêcher les enfants des pauvres en Irlande d’être à charge à leurs parents et à leur pays et pour les rendre utiles au public .
    #Jonathan_Swift part de ce constat : « C’est une triste chose pour ceux qui se promènent dans cette grande ville de Dublin ou voyagent dans la campagne, que de voir les rues, les routes et les portes des cabanes encombrées de mendiantes que suivent trois, quatre ou six enfants tous en haillons et importunant chaque passant pour avoir l’aumône. Ces mères, au lieu d’être en état de travailler pour gagner honnêtement leur vie, sont forcées de passer tout leur temps à mendier de quoi nourrir leurs malheureux enfants, qui, lorsqu’ils grandissent, deviennent voleurs faute d’ouvrage…
    Tous les partis tombent d’accord, je pense, que ce nombre prodigieux d’enfants sur les bras, sur le dos ou sur les talons de leurs mères, et souvent de leurs pères, est, dans le déplorable état de ce royaume, un très-grand fardeau de plus ; c’est pourquoi quiconque trouverait un moyen honnête, économique et facile de faire de ces enfants des membres sains et utiles de la communauté, aurait assez bien mérité du public pour qu’on lui érigeât une statue comme sauveur de la nation. »
    Critiquant avec férocité les riches Anglais et la situation sociale de l’Irlande du XVIIIème siècle il propose de réduire la misère en s’alimentant de viande de bébés. « En supposant que mille familles de cette ville deviennent des acheteurs réguliers de viande de nourrisson, sans parler de ceux qui pourraient en consommer à l’occasion d’agapes familiales, mariages et baptêmes en particulier, j’ai calculé que Dublin offrirait un débouché annuel d’environ vingt mille pièces. »
    On a considéré ce texte comme « la pierre angulaire de l’humour noir »,disons noir foncé !

    Traduction : Léon de Wailly (1804-1863).

    http://sd-36232.dedibox.fr/Swift_-_Modeste_proposition.mp3

  • http://www.reopen911.info/News/2012/08/10/robert-fisk-syrie-la-guerre-des-mensonges-et-de-lhypocrisie

    Syrie : la guerre des mensonges et de l’hypocrisie

    par Robert Fisk, dans The Independent, le 29 juillet 2012

    Robert Fisk est le correspondant à Beyrouth du journal britannique The Independent. Il est considéré, à juste titre, par le Financial Times, comme « l’un des plus remarquables reporters de sa génération ». Ouvrages récents : La Grande Guerre pour la civilisation : l’Occident à la conquête du Moyen-Orient (1979-2005), La Découverte, 2005 et Liban, nation martyre, Editions A&R et du Panama, 2007

    Traduit de l’anglais par GV pour ReOpenNews

    A-t-on déjà vu une guerre aussi hypocrite au Moyen-Orient ? Une guerre aussi lâche et dépourvue de morale, avec autant de fausses rhétoriques et d’humiliations publiques ? Et je ne parle pas des victimes physiques de la tragédie syrienne. Je me réfère aux immondes mensonges et à la fausseté de ceux qui nous gouvernent, et à notre opinion publique – à l’Est comme à l’Ouest. La réponse au massacre fut une vaste pantomime plus digne de Jonathan Swift que de Tolstoï ou Shakespeare.

    Pendant que le Qatar et l’Arabie Saoudite arment et financent les rebelles en Syrie pour renverser la dictature alaouito-chiito-baasiste de Bachar el-Assad [très bien documenté par Der Spiegel le 26 juillet - NdT], Washington n’émet pas une seule critique vis-à-vis d’eux. Le Président Obama et son secrétaire d’État, Hillary Clinton, disent vouloir la démocratie en Syrie, mais le Qatar est une autocratie et l’Arabie Saoudite est parmi les pires exemples de califats autoritaires de tout le monde arabe. Les dirigeants de ces deux États héritent du pouvoir à travers leurs liens familiaux – tout comme Bachar –, et l’Arabie Saoudite est un allié des rebelles salafistes wahhabites en Syrie, exactement comme ils furent les plus fervents supporters du régime médiéval des talibans pendant les années les plus noires en Afghanistan.

    De fait, 15 des 19 pirates de l’air criminels du 11-Septembre 2001 venaient d’Arabie Saoudite – [et pourtant] nous sommes allés bombarder l’Afghanistan. Les Saoudiens répriment leur propre minorité chiite tout comme ils veulent maintenant anéantir la minorité chiite alaouite en Syrie. Et nous croyons vraiment que l’Arabie Saoudite veut instaurer la démocratie en Syrie ?

    Et au Liban, se trouve le parti milicien chiite du Hezbollah, qui n’est autre que la main de l’Iran chiite, fidèle allié du régime d’Assad. Depuis 30 ans, le Hezbollah a défendu les chiites du Sud-Liban opprimés par l’agression israélienne. Ils se sont présentés comme les défenseurs des droits des Palestiniens notamment à Gaza. Mais face au lent effondrement de leur impitoyable allié en Syrie, ils ont perdu leur langue. Pas un mot – pas même de leur chef Sayed Hassan Nasrallah – sur l’enlèvement et le massacre de civils syriens par les soldats de Bachar et les milices « Shabiha ».

    Et puis nous avons les héros de l’Amérique, Hillary Clinton, le secrétaire à la Défense Leon Panetta, et Obama lui-même. Clinton a lancé un « véritable avertissement » à Assad. Panetta, celui-là même qui a répété aux dernières troupes US en Irak ce gros mensonge sur les liens entre Saddam Hussein et le 11/9, annonce aujourd’hui qu’en Syrie « la situation échappe à tout contrôle. » Cela fait six mois que ça dure ! Et il vient tout juste de le réaliser ? Quant à Obama, il déclarait la semaine dernière qu’ « étant donné la montagne d’armes nucléaires qu’il possède, nous continuerions à montrer clairement à Assad que le monde entier le surveille. »

    Cela dit, n’était-ce pas le journal irlandais Skibbereen Eagle qui, inquiet des projets russes vis-à-vis de la Chine, déclarait qu’il « tenait à l’œil… le tsar de Russie » ? C’est maintenant le tour d’Obama de montrer le peu d’influence qu’il a sur les principaux conflits dans le monde. Bachar doit vraiment trembler de peur !

    Mais est-on bien certain que l’administration veuille exposer au monde entier les archives sur les tortures atroces pratiquées par le régime de Bachar el-Assad ? Rappelons qu’il y a quelques années, l’administration Bush envoyait des musulmans à Damas pour que les tortionnaires d’Assad leur retournent les ongles et leur extorquent quelques renseignements, des hommes qui étaient capturés sur demande du gouvernement US et emprisonnés dans l’antichambre de l’enfer que les rebelles ont réduit en miettes la semaine dernière. Les ambassades occidentales ont consciencieusement fourni aux tortionnaires des listes de questions à poser aux prisonniers. Voyez-vous, Bachar était notre créature.

    Et puis, il y a aussi ce pays voisin qui doit nous être tellement reconnaissant : l’Irak. La semaine dernière, ce pays a subi 29 attentats à la bombe dans la même journée, touchant 19 villes, tuant 111 civils et en blessant 235 autres. Le même jour, le bain de sang en Syrie faisait à peu près le même nombre de victimes. Mais l’Irak passe loin derrière la Syrie aujourd’hui, et ne fait plus la une, comme on dit ; car bien sûr, nous avons apporté la liberté en Irak, la démocratie de Jefferson, etc., etc., n’est-ce pas ? Et donc, ce massacre à l’est de la Syrie n’a pas vraiment eu le même impact. Rien de ce que nous avons fait en 2003 n’a amené à ce que l’Irak endure aujourd’hui. Est-ce que c’est clair ?

    Et, parlant de journalisme, qui donc à BBC World News a décidé que même les préparatifs des Jeux olympiques avaient la priorité sur les massacres de ces derniers jours en Syrie ? Les journaux britanniques et la BBC vont traiter les Jeux olympiques comme une actualité locale, et c’est bien normal. Mais ce qui est lamentable, c’est cette décision prise par la BBC – la « broadcasting ‘world’ news to the world’ – de donner priorité au passage de la flamme olympique par rapport aux enfants syriens qui meurent, même lorsque les courageux reporters de la chaine(*) envoient leurs reportages directement depuis Alep.

    Et enfin, il y a nous, citoyens libéraux progressistes, si prompts à descendre dans les rues pour protester contre les massacres de Palestiniens par Israël. Chose tout à fait légitime par ailleurs. Quand nos dirigeants politiques sont si rapides à condamner les Arabes pour leur sauvagerie, mais n’osent pas émettre la moindre critique envers l’armée israélienne lorsqu’elle commet des crimes contre l’humanité – ou regarde ses alliés le faire au Liban – des gens ordinaires doivent rappeler au monde qu’ils ne sont pas aussi timides que leurs dirigeants. Mais quand le nombre de victimes en Syrie se monte à 15 000 voire 19 000 – c’est-à-dire presque 14 fois celui de l’incursion d’Israël à Gaza en 2009 – pas même un manifestant, excepté les expatriés syriens, ne descend dans la rue pour condamner ces crimes contre l’humanité. Les crimes d’Israël n’ont pas atteint ce degré de violence depuis 1948. Qu’on le veuille ou non, le message qui ressort de tout cela est le suivant : nous demandons la justice et le droit à la vie pour les Arabes s’ils sont opprimés par l’Occident ou ses Alliés israéliens, mais pas lorsqu’ils le sont par d’autres Arabes.

    Ce faisant, nous oublions la « grande vérité ». Nous voulons renverser la dictature syrienne, non pas parce que nous aimons les Syriens ou détestons notre ex-ami Bachar el-Assad, ou parce que nous voulons nous en prendre à la Russie qui a d’ailleurs toutes les cartes en main pour occuper la première place au Panthéon de l’hypocrisie, mais beaucoup plus prosaïquement pour donner une leçon à l’Iran et peut-être contrer ses plans d’armement nucléaire, si toutefois ils existent. Autrement dit, tout cela n’a rien à voir avec les droits de l’homme, le droit à la vie, ou le massacre d’enfants syriens. Quelle horreur ! [En français dans le texte – Ndt]

    Robert Fisk

    Traduit de l’anglais par GV pour ReOpenNews❞