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  • « Lula, le prisonnier politique le plus important au monde » | Textes à l’appui | Là-bas si j’y suis
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    Fin septembre, accompagné de sa femme, Noam CHOMSKY (89 ans) est venu à la prison de Curitiba, capitale du Paraná, pour rendre visite à LULA, ancien président du Brésil. Alors qu’il était donné largement favori pour les élections, LULA a été condamné à une peine de 12 ans de prison pour corruption. Une peine qu’il conteste tout comme une grande partie des Brésiliens. Pour CHOMSKY, LULA est avant tout un prisonnier politique. Il dit pourquoi dans un article publié sur THE INTERCEPT. Nous vous en proposons une traduction :

    « Ma femme Valeria et moi, nous venons de rendre visite à celui qui est sans doute le prisonnier politique le plus important de notre époque, d’une importance sans équivalent dans la politique internationale contemporaine. Ce prisonnier, c’est Luiz Inácio Lula da Silva – plus connu dans le monde sous le nom de « Lula » – condamné à la prison à vie et à l’isolement, sans accès à la presse et avec des visites limitées à un jour par semaine.

    Le lendemain de notre visite, au nom de la liberté de la presse, un juge a autorisé le plus grand journal du pays, Folha de S. Paulo, à interviewer Lula. Mais un autre juge est aussitôt intervenu pour annuler cette décision, alors que les criminels les plus violents du pays – les chefs de milice et les trafiquants de drogue – sont régulièrement interviewés depuis leurs prisons. Pour le pouvoir brésilien, emprisonner Lula ne suffit pas : ils veulent s’assurer que la population, à la veille des élections, n’entende plus parler de lui. Ils semblent prêts à employer tous les moyens pour atteindre cet objectif.

    Le juge qui a annulé la permission n’innovait pas. Avant lui, il y a eu le procureur qui a condamné Antonio Gramsci pendant le gouvernement fasciste de Mussolini en 1926, et qui déclarait : « nous devons empêcher son cerveau de fonctionner pendant 20 ans. »

    Nous avons été rassurés, mais pas surpris, de constater qu’en dépit des conditions de détention éprouvantes et des erreurs judiciaires scandaleuses, Lula reste un homme très énergique, optimiste quant à l’avenir et plein d’idées pour faire dévier le Brésil de sa trajectoire désastreuse actuelle.

    Il y a toujours des prétextes pour justifier un emprisonnement – parfois valables, parfois pas – mais il est souvent utile d’en déterminer les causes réelles. C’est le cas en l’espèce. L’accusation principale portée contre Lula est basée sur les dépositions d’hommes d’affaires condamnés pour corruption dans le cadre d’un plaider-coupable. On aurait offert à Lula un appartement dans lequel il n’a jamais vécu.

    Le crime présumé est parfaitement minime au regard des standards de corruptions brésiliens – et il y a à dire sur ce sujet, sur lequel je reviendrai. La peine est tellement disproportionnée par rapport au crime supposé qu’il est légitime d’en chercher les vraies raisons. Il n’est pas difficile d’en trouver. Le Brésil fait face à des élections d’une importance cruciale pour son avenir. Lula est de loin le candidat le plus populaire et remporterait facilement une élection équitable, ce qui n’est pas pour plaire à la ploutocratie.

    Bien qu’il ait mené pendant son mandat des politiques conçues pour s’adapter aux préoccupations de la finance nationale et internationale, Lula reste méprisé par les élites, en partie sans doute à cause de ses politiques sociales et des prestations pour les défavorisés – même si d’autres facteurs semblent jouer un rôle : avant tout, la simple haine de classe. Comment un travailleur pauvre, qui n’a pas fait d’études supérieures, et qui ne parle même pas un portugais correct peut-il être autorisé à diriger notre pays ?

    Alors qu’il était au pouvoir, Lula était toléré par les puissances occidentales, malgré quelques réserves. Mais son succès dans la propulsion du Brésil au centre de la scène mondiale n’a pas soulevé l’enthousiasme. Avec son ministre des Affaires étrangères Celso Amorim, ils commençaient à réaliser les prédictions d’il y a un siècle selon lesquelles le Brésil allait devenir « le colosse du Sud ». Ainsi, certaines de leurs initiatives ont été sévèrement condamnées, notamment les mesures qu’ils ont prises en 2010, en coordination avec la Turquie, pour résoudre le conflit au sujet du programme nucléaire iranien, contre la volonté affirmée des États-Unis de diriger l’événement. Plus généralement, le rôle de premier plan joué par le Brésil dans la promotion de puissances non alignées sur les Occidentaux, en Amérique latine et au-delà, n’a pas été bien reçu par ceux qui ont l’habitude de dominer le monde.

    Lula étant interdit de participer à l’élection, il y a un grand risque pour que le favori de la droite, Jair Bolsonaro, soit élu à la présidence et accentue la politique durement réactionnaire du président Michel Temer, qui a remplacé Dilma Rousseff après qu’elle a été destituée pour des motifs ridicules, au cours du précédent épisode du « coup d’État en douceur » en train de se jouer dans le plus important pays d’Amérique Latine.

    Bolsonaro se présente comme un autoritaire dur et brutal et comme un admirateur de la dictature militaire, qui va rétablir « l’ordre ». Une partie de son succès vient de ce qu’il se fait passer pour un homme nouveau qui démantèlera l’establishment politique corrompu, que de nombreux Brésiliens méprisent pour de bonnes raisons. Une situation locale comparable aux réactions vues partout dans le monde contre les dégâts provoqués par l’offensive néolibérale de la vieille génération.

    Bolsonaro affirme qu’il ne connaît rien à l’économie, laissant ce domaine à l’économiste Paulo Guedes, un ultralibéral, produit de l’École de Chicago. Guedes est clair et explicite sur sa solution aux problèmes du Brésil : « tout privatiser », soit l’ensemble de l’infrastructure nationale, afin de rembourser la dette des prédateurs qui saignent à blanc le pays. Littéralement tout privatiser, de façon à être bien certain que le pays périclite complètement et devienne le jouet des institutions financières dominantes et de la classe la plus fortunée. Guedes a travaillé pendant un certain temps au Chili sous la dictature de Pinochet, il est donc peut-être utile de rappeler les résultats de la première expérience de ce néolibéralisme de Chicago.

    L’expérience, initiée après le coup d’État militaire de 1973 qui avait préparé le terrain par la terreur et la torture, s’est déroulée dans des conditions quasi optimales. Il ne pouvait y avoir de dissidence – la Villa Grimaldi et ses équivalents s’en sont bien occupés. L’expérimentation était supervisée par les superstars de l’économie de Chicago. Elle a bénéficié d’un énorme soutien de la part des États-Unis, du monde des affaires et des institutions financières internationales. Et les planificateurs économiques ont eu la sagesse de ne pas interférer dans les affaires de l’entreprise Codelco, la plus grande société minière de cuivre au monde, une entreprise publique hautement efficace, qui a ainsi pu fournir une base solide à l’économie de Pinochet.

    Pendant quelques années, cette expérience fut largement saluée ; puis le silence s’est installé. Malgré les conditions presque parfaites, en 1982, les « Chicago boys » avaient réussi à faire s’effondrer l’économie. L’État a dû en reprendre en charge une grande partie, plus encore que pendant les années Allende. Des plaisantins ont appelé ça « la route de Chicago vers le socialisme ». L’économie, en grande partie remise aux mains des dirigeants antérieurs, a réémergé, non sans séquelles persistantes de la catastrophe dans les systèmes éducatifs, sociaux, et ailleurs.

    Pour en revenir aux préconisations de Bolsonaro-Guedes pour fragiliser le Brésil, il est important de garder à l’esprit la puissance écrasante de la finance dans l’économie politique brésilienne. L’économiste brésilien Ladislau Dowbor rapporte, dans son ouvrage A era do capital improdutivo (« Une ère de capital improductif »), que lorsque l’économie brésilienne est entrée en récession en 2014, les grandes banques ont accru leurs profits de 25 à 30 %, « une dynamique dans laquelle plus les banques font des bénéfices, plus l’économie stagne » puisque « les intermédiaires financiers n’alimentent pas la production, ils la ponctionnent ».

    En outre, poursuit M. Dowbor, « après 2014, le PIB a fortement chuté alors que les intérêts et les bénéfices des intermédiaires financiers ont augmenté de 20 à 30 % par an », une caractéristique structurelle d’un système financier qui « ne sert pas l’économie, mais est servi par elle. Il s’agit d’une productivité nette négative. La machine financière vit aux dépens de l’économie réelle. »

    Le phénomène est mondial. Joseph Stiglitz résume la situation simplement : « alors qu’auparavant la finance était un mécanisme permettant d’injecter de l’argent dans les entreprises, aujourd’hui elle fonctionne pour en retirer de l’argent ». C’est l’un des profonds renversements de la politique socio-économique dont est responsable l’assaut néolibéral ; il est également responsable de la forte concentration de la richesse entre les mains d’un petit nombre alors que la majorité stagne, de la diminution des prestations sociales, et de l’affaiblissement de la démocratie, fragilisée par les institutions financières prédatrices. Il y a là les principales sources du ressentiment, de la colère et du mépris à l’égard des institutions gouvernementales qui balayent une grande partie du monde, et souvent appelé – à tort – « populisme ».

    C’est l’avenir programmé par la ploutocratie et ses candidats. Un avenir qui serait compromis par un nouveau mandat à la présidence de Lula. Il répondait certes aux exigences des institutions financières et du monde des affaires en général, mais pas suffisamment pour notre époque de capitalisme sauvage.

    On pourrait s’attarder un instant sur ce qui s’est passé au Brésil pendant les années Lula – « la décennie d’or », selon les termes de la Banque mondiale en mai 2016 [1]. Au cours de ces années, l’étude de la banque rapporte :

    « Les progrès socio-économiques du Brésil ont été remarquables et mondialement reconnus. À partir de 2003 [début du mandat de Lula], le pays est reconnu pour son succès dans la réduction de la pauvreté et des inégalités et pour sa capacité à créer des emplois. Des politiques novatrices et efficaces visant à réduire la pauvreté et à assurer l’intégration de groupes qui auparavant étaient exclus ont sorti des millions de personnes de la pauvreté. »

    Et plus encore :

    « Le Brésil a également assumé des responsabilités mondiales. Il a réussi à poursuivre sa prospérité économique tout en protégeant son patrimoine naturel unique. Le Brésil est devenu l’un des plus importants donateurs émergents, avec des engagements importants, en particulier en Afrique subsaharienne, et un acteur majeur dans les négociations internationales sur le climat. La trajectoire de développement du Brésil au cours de la dernière décennie a montré qu’une croissance fondée sur une prospérité partagée, mais équilibrée dans le respect de l’environnement, est possible. Les Brésiliens sont fiers, à juste titre, de ces réalisations saluées sur la scène internationale. »

    Du moins certains Brésiliens, pas ceux qui détiennent le pouvoir économique.

    Le rapport de la Banque mondiale rejette le point de vue répandu selon lequel les progrès substantiels étaient « une illusion, créée par le boom des produits de base, mais insoutenable dans l’environnement international actuel, moins clément ». La Banque mondiale répond à cette affirmation par un « non » ferme et catégorique : « il n’y a aucune raison pour que ces gains socio-économiques récents soient effacés ; en réalité, ils pourraient bien être amplifiés avec de bonnes politiques. »

    Les bonnes politiques devraient comprendre des réformes radicales du cadre institutionnel hérité de la présidence Cardoso, qui a été maintenu pendant les années Lula-Dilma, satisfaisant ainsi les exigences de la communauté financière, notamment une faible imposition des riches et des taux d’intérêt exorbitants, ce qui a conduit à l’augmentation de grandes fortunes pour quelques-uns, tout en attirant les capitaux vers la finance au détriment des investissements productifs. La ploutocratie et le monopole médiatique accusent les politiques sociales d’assécher l’économie, mais dans les faits, les études économiques montrent que l’effet multiplicateur de l’aide financière aux pauvres a stimulé l’économie alors que ce sont les revenus financiers produits par les taux d’intérêt usuraires et autres cadeaux à la finance qui ont provoqué la véritable crise de 2013 – une crise que « les bonnes politiques » auraient permis de surmonter.

    L’éminent économiste brésilien Luiz Carlos Bresser-Pereira, ancien ministre des Finances, décrit succinctement le déterminant majeur de la crise en cours : « il n’y a pas de raison économique » pour justifier le blocage des dépenses publiques tout en maintenant les taux d’intérêt à un niveau élevé ; « la cause fondamentale des taux élevés au Brésil, c’est le fait des prêteurs et des financiers » avec ses conséquences dramatiques, appuyé par le corps législatif (élu avec le soutien financier des entreprises) et le monopole des médias qui relaient essentiellement la voix des intérêts privés.

    Dowbor montre que tout au long de l’histoire moderne du Brésil, les remises en question du cadre institutionnel ont conduit à des coups d’État, « à commencer par le renvoi et le suicide de Vargas [en 1954] et le putsch de 1964 » (fermement soutenu par Washington). Il y a de bonnes raisons de penser que la même chose s’est produite pendant le « coup d’État en douceur » en cours depuis 2013. Cette campagne des élites traditionnelles, aujourd’hui concentrées dans le secteur financier et servie par des médias qu’ils possèdent, a connu une accélération en 2013, lorsque Dilma Rousseff a cherché à ramener les taux d’intérêt extravagants à un niveau raisonnable, menaçant ainsi de tarir le torrent d’argent facile dont profitait la minorité qui pouvait se permettre de jouer sur les marchés financiers.

    La campagne actuelle visant à préserver le cadre institutionnel et à revenir sur les acquis de « la décennie glorieuse » exploite la corruption à laquelle le Parti des travailleurs de Lula, le PT, a participé. La corruption est bien réelle, et grave, même si le fait de diaboliser le PT est une pure instrumentalisation, en regard des écarts de conduite de ses accusateurs. Et comme nous l’avons déjà mentionné, les accusations portées contre Lula, même si l’on devait lui en reconnaître les torts, ne peuvent être prises au sérieux pour justifier la peine qui lui a été infligée dans le but de l’exclure du système politique. Tout cela fait de lui l’un des prisonniers politiques les plus importants de la période actuelle.

    La réaction récurrente des élites face aux menaces qui pèsent sur le cadre institutionnel de l’économie sociopolitique au Brésil trouve son équivalent dans la riposte internationale contre les remises en cause, par le monde en développement, du système néocolonial hérité de siècles de dévastations impérialistes occidentales. Dans les années 1950, dans les premiers jours de la décolonisation, le mouvement des pays non-alignés a cherché à faire son entrée dans les affaires mondiales. Il a été rapidement remis à sa place par les puissances occidentales. En témoigne dramatiquement l’assassinat du leader congolais, très prometteur, Patrice Lumumba, par les dirigeants historiques belges (devançant la CIA). Ce crime et les violences qui ont suivi ont mis fin aux espoirs de ce qui devrait être l’un des pays les plus riches du monde, mais qui reste « l’horreur ! l’horreur ! » avec la collaboration des tortionnaires historiques de l’Afrique.

    Néanmoins, les voix gênantes des victimes historiques ne cessaient de s’élever. Dans les années 1960 et 1970, la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement, avec le concours important d’économistes brésiliens, a présenté des plans pour un Nouvel Ordre Économique International, dans lequel les préoccupations des « sociétés en développement » – la grande majorité de la population mondiale – auraient été examinées. Une initiative rapidement écrasée par la régression néolibérale.

    Quelques années plus tard, au sein de l’UNESCO, les pays du Sud ont appelé à un nouvel ordre international de l’information qui ouvrirait le système mondial des médias et de la communication à des acteurs extérieurs au monopole occidental. Cette initiative a déchaîné une riposte extrêmement violente qui a traversé tout le spectre politique, avec des mensonges éhontés et des accusations ridicules, et qui finalement a entraîné le retrait du président américain Ronald Reagan, sous de faux prétextes, de l’UNESCO. Tout cela a été dévoilé dans une étude accablante (donc peu lue) des spécialistes des médias William Preston, Edward S. Herman et Herbert Schiller [2].

    L’étude menée en 1993 par le South Centre, qui montrait que l’hémorragie de capitaux depuis les pays pauvres vers les pays riches s’était accompagnée d’exportations de capitaux vers le FMI et la Banque mondiale, qui sont désormais « bénéficiaires nets des ressources des pays en développement », a également été soigneusement passée sous silence. De même que la déclaration du premier sommet du Sud, qui avait rassemblé 133 États en 2000, en réponse à l’enthousiasme de l’Occident pour sa nouvelle doctrine d’« intervention humanitaire ». Aux yeux des pays du Sud, « le soi-disant droit d’intervention humanitaire » est une nouvelle forme d’impérialisme, « qui n’a aucun fondement juridique dans la Charte des Nations unies ni dans les principes généraux du droit international ».

    Sans surprise, les puissants n’apprécient guère les remises en cause, et disposent de nombreux moyens pour y répliquer ou pour les réduire au silence.

    Il y aurait beaucoup à dire sur la corruption endémique de la politique latino-américaine, souvent solennellement condamnée par l’Occident. Il est vrai, c’est un fléau, qui ne devrait pas être toléré. Mais elle n’est pas limitée aux « pays en voie de développement ». Par exemple, ce n’est pas une petite aberration que dans nos pays, les gigantesques banques reçoivent des amendes de dizaines de milliards de dollars (JPMorgan Chase, Bank of America, Goldman Sachs, Deutsche Bank, Citigroup) à l’issue d’accords négociés à l’amiable, mais que personne ne soit légalement coupable de ces activités criminelles, qui détruisent pourtant des millions de vies. Remarquant que « les multinationales américaines avaient de plus en plus de difficultés à ne pas basculer dans l’illégalité », l’hebdomadaire londonien The Economist du 30 août 2014 rapportait que 2 163 condamnations d’entreprise avaient été comptabilisées entre 2000 et 2014 – et ces multinationales sont nombreuses à Londres et sur le continent européen [3].

    La corruption couvre tout un registre, depuis les énormités qu’on vient de voir jusqu’aux plus petites mesquineries. Le vol des salaires, une épidémie aux États-Unis, en donne un exemple particulièrement ordinaire et instructif. On estime que les deux tiers des travailleurs à bas salaire sont volés sur leur rémunération chaque semaine, tandis que les trois quarts se voient voler tout ou partie de leur rémunération pour les heures supplémentaires. Les sommes ainsi volées chaque année sur les salaires des employés excèdent la somme des vols commis dans les banques, les stations-service et les commerces de proximité. Et pourtant, presque aucune action coercitive n’est engagée sur ce point. Le maintien de cette impunité revêt une importance cruciale pour le monde des affaires, à tel point qu’il est une des priorités du principal lobby entrepreneurial, le American Legislative Exchange Council (ALEC), qui bénéficie des largesses financières des entreprises.

    La tâche principale de l’ALEC est d’élaborer un cadre législatif pour les États. Un but facile puisque, d’une part, les législateurs sont financés par les entreprises et, d’autre part, les médias s’intéressent peu au sujet. Des programmes méthodiques et intenses soutenus par l’ALEC sont donc capables de faire évoluer les contours de la politique d’un pays, sans préavis, ce qui constitue une attaque souterraine contre la démocratie mais avec des effets importants. Et l’une de leurs initiatives législatives consiste à faire en sorte que les vols de salaires ne soient pas soumis à des contrôles ni à l’application de la loi.

    Mais la corruption, qui est un crime, qu’elle soit massive ou minime, n’est que la partie émergée de l’iceberg. La corruption la plus grave est légale. Par exemple, le recours aux paradis fiscaux draine environ un quart, voire davantage, des 80 000 milliards de dollars de l’économie mondiale, créant un système économique indépendant exempt de surveillance et de réglementation, un refuge pour toutes sortes d’activités criminelles, ainsi que pour les impôts qu’on ne veut pas payer. Il n’est pas non plus techniquement illégal pour Amazon, qui vient de devenir la deuxième société à dépasser les 1 000 milliards de dollars de valeur, de bénéficier d’allègements fiscaux sur les ventes. Ou que l’entreprise utilise environ 2 % de l’électricité américaine à des tarifs très préférentiels, conformément à « une longue tradition américaine de transfert des coûts depuis les entreprises vers les plus démunis, qui consacrent déjà aux factures des services publics, en proportion de leurs revenus, environ trois fois plus que ne le font les ménages aisés », comme le rapporte la presse économique [4].

    Il y a une liste infinie d’autres exemples.

    Un autre exemple important, c’est l’achat des voix lors des élections, un sujet qui a été étudié en profondeur, en particulier par le politologue Thomas Ferguson. Ses recherches, ainsi que celles de ses collègues, ont montré que l’éligibilité du Congrès et de l’exécutif est prévisible avec une précision remarquable à partir de la variable unique des dépenses électorales, une tendance très forte qui remonte loin dans l’histoire politique américaine et qui s’étend jusqu’aux élections de 2016 [5]. La corruption latino-américaine est considérée comme un fléau, alors que la transformation de la démocratie formelle en un instrument entre les mains de la fortune privée est parfaitement légale.

    Bien sûr, ce n’est pas que l’interférence dans les élections ne soit plus à l’ordre du jour. Au contraire, l’ingérence présumée de la Russie dans les élections de 2016 est un sujet majeur de l’époque, un sujet d’enquêtes acharnées et de commentaires endiablés. En revanche, le rôle écrasant du monde de l’entreprise et des fortunes privées dans la corruption des élections de 2016, selon une tradition qui remonte à plus d’un siècle, est à peine reconnu. Après tout, il est parfaitement légal, il est même approuvé et renforcé par les décisions de la Cour suprême la plus réactionnaire de mémoire d’homme.

    L’achat d’élections n’est pas la pire des interventions des entreprises dans la démocratie américaine immaculée, souillée par les hackers russes (avec des résultats indétectables). Les dépenses de campagne atteignent des sommets, mais elles sont éclipsées par le lobbying, qui représenterait environ 10 fois ces dépenses – un fléau qui s’est rapidement aggravé dès les premiers jours de la régression néolibérale. Ses effets sur la législation sont considérables, le lobbyiste allant jusqu’à la rédaction littérale des lois, alors que le parlementaire – qui signe le projet de loi – est quelque part ailleurs, occupé à collecter des fonds pour la prochaine campagne électorale.

    La corruption est effectivement un fléau au Brésil et en Amérique latine en général, mais ils restent des petits joueurs.

    Tout cela nous ramène à la prison, où l’un des prisonniers politiques les plus importants de la période est maintenu en isolement pour que le « coup d’État en douceur » au Brésil puisse se poursuivre, avec des conséquences certaines qui seront sévères pour la société brésilienne, et pour le monde entier, étant donné le rôle potentiel du Brésil.

    Tout cela peut continuer, à une condition, que ce qui se passe continue d’être toléré. »

    Noam Chomsky

  • Joseph Stiglitz on artificial intelligence : ’We’re going towards a more divided society’
    https://www.theguardian.com/technology/2018/sep/08/joseph-stiglitz-on-artificial-intelligence-were-going-towards-a-more-di

    The technology could vastly improve lives, the economist says – but only if the tech titans that control it are properly regulated. ‘What we have now is totally inadequate’ It must be hard for Joseph Stiglitz to remain an optimist in the face of the grim future he fears may be coming. The Nobel laureate and former chief economist at the World Bank has thought carefully about how artificial intelligence will affect our lives. On the back of the technology, we could build ourselves a richer (...)

    #algorithme #solutionnisme #discrimination

    https://i.guim.co.uk/img/media/002e96b2303195022c1097058391c279580ed4b2/0_0_7360_4417/master/7360.jpg

  • Joseph Stiglitz : « La politique économique de Trump est conçue pour les ultra-riches »

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/09/08/joseph-stiglitz-trump-met-en-place-une-politique-economique-concue-pour-les-

    Pour le prix Nobel et ancien conseiller de Bill Clinton, la politique menée par le locataire de la Maison Blanche est désastreuse pour l’Américain ordinaire.

    Professeur d’économie à l’université Columbia, Joseph Stiglitz a dirigé les conseillers économiques du président Clinton (1995-1997), avant d’être chef économiste de la Banque mondiale (1997-2000). En 2001, il a reçu le prix Nobel d’économie pour ses travaux sur l’asymétrie d’information sur les marchés imparfaits. Il a publié de nombreux ouvrages dont La Grande Désillusion (Fayard, 2002) ou plus récemment, L’Euro : comment la monnaie unique menace l’avenir de l’Europe (éd. Les Liens qui libèrent, 2016).

    Depuis l’élection de Donald Trump, le S&P 500, indice basé sur les 500 plus grandes sociétés cotées aux Etats-Unis a augmenté de 33 % pour atteindre son plus haut niveau historique, le taux de chômage est bas, et celui de la croissance, annualisée, atteint plus de 4 %. Finalement, Trump, ça marche ?

    La bonne santé de l’économie américaine n’est pas à mettre au crédit de Donald Trump. Premièrement, il bénéficie de la reprise économique qui a débuté sous Barack Obama. Deuxièmement, il a fait exploser le déficit budgétaire en augmentant la dépense publique et en baissant les impôts, ce qui, naturellement, crée de la croissance à court terme. En France, un choc fiscal de cette ampleur, qui a vu le déficit public américain passer de 3 % à presque 6 % du produit intérieur brut (PIB), n’aurait même pas été autorisé par les traités européens.

    Troisièmement, si les cours de la Bourse ont tant augmenté, c’est surtout parce que les impôts sur les sociétés ont beaucoup baissé, ce qui a augmenté les valeurs des entreprises. Enfin, si on compare la situation aux Etats-Unis depuis l’élection de Trump avec celle des autres pays de la région, on se rend compte qu’elle n’a rien d’exceptionnel. Par exemple, entre 2016 et 2017, la croissance a davantage augmenté au Canada qu’aux Etats-Unis.

    En faisant exploser le déficit public, Trump déplace le fardeau de la charge fiscale sur les générations futures. Sa politique n’est pas viable à long terme. Je m’attends à un vrai ralentissement de la croissance vers la fin 2019, début 2020, car ses réformes ne favorisent pas l’investissement. La Réserve fédérale [la banque centrale des Etats-Unis] va devoir augmenter les taux d’intérêt plus que s’il n’y avait pas eu de baisse massive des impôts.

    De plus, Trump a réduit certains programmes publics, et on peut s’attendre à moins d’investissements productifs dans ce secteur. Au total, sa politique économique aura donc des effets très néfastes.

    Vous mettez aussi en cause le caractère inégalitaire de sa politique économique…

    Alors que, les Etats-Unis sont déjà le pays le plus inégalitaire des pays développés, Trump met en place une politique économique conçue pour les ultra-riches mais désastreuse pour l’Américain ordinaire. Il finance une baisse d’impôts pour les très riches par une hausse pour les classes moyennes.

    Sur le plan éducatif, il fait ouvrir des « charter schools » [écoles privées à financements publics] qui par le passé ont pourtant contribué à faire beaucoup augmenter les inégalités. Par ailleurs, il a fait passer une réforme qui va faire perdre à treize millions d’Américains leur couverture santé, alors que dans ce pays le problème du manque d’accès aux soins est tel que l’espérance de vie est aujourd’hui en déclin.

    Les mesures favorables aux entreprises ne vont-elles pas, cependant, susciter une croissance bénéfique à tous ?

    Les revenus des 1 % les plus riches n’ont cessé d’augmenter ces quarante dernières années, tandis que ceux des 90 % les plus pauvres ont stagné. Les faits le prouvent : l’enrichissement des plus riches ne bénéficie qu’aux plus riches.

    Par ailleurs, l’argent que Trump a rendu aux riches et aux entreprises n’a pas été réinvesti, ni utilisé pour augmenter les salaires, mais a servi à financer des programmes de rachat d’actions, ce qui a mis de l’argent dans les poches d’Américains déjà très riches.

    Parlons justement des inégalités, que vous voyez comme l’un des défis majeurs du XXIe siècle. Pourquoi ont-elles explosé au sein de nos sociétés ces quarante dernières années ?

    Certaines tendances majeures, comme les évolutions technologiques, la mondialisation ou la libéralisation des échanges, sont les mêmes dans tous les pays. Pourtant, les inégalités n’ont pas augmenté de la même manière partout, ce qui prouve que les choix politiques en sont en partie responsables.

    Les Etats-Unis ont, par exemple, rendu la vie des syndicats très compliquée et ont réduit les droits des salariés, ce qui a nui à leur pouvoir de négociation avec les patrons. Conséquence : les salaires les plus bas sont au même niveau qu’il y a soixante ans. Dans la plupart des pays ce serait inadmissible. Plus généralement, ceux qui ont fait les mêmes choix économiques que les Etats-Unis ont de hauts niveaux d’inégalités, tandis que ceux qui ont suivi d’autres chemins en ont moins. La France, par exemple, a fait plus pour protéger les salariés.

    Les réformes qui seraient nécessaires pour réduire les inégalités ne nuiraient-elles pas à l’efficacité économique ?

    Non, cette vieille idée a été totalement discréditée ces dix dernières années. L’inégalité est coûteuse pour la société. Je l’ai expliqué dans un livre appelé Le Prix de l’inégalité (éd. Les liens qui libèrent, 2012). D’ailleurs, les travaux économétriques et statistiques réalisés par le Fonds monétaire international (FMI) ou par l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) ont toujours soutenu que les économies les plus égalitaires étaient les plus efficaces.

    Il y a au moins deux raisons à cela. D’abord, les pays les plus égalitaires sont généralement ceux où les riches ne peuvent pas se limiter à exploiter leurs rentes, ce qui induit une utilisation plus efficace des ressources. Ensuite, dans les pays très inégalitaires, il n’existe souvent pas d’égalité des chances. Du coup, des jeunes talentueux mais défavorisés n’obtiennent pas le niveau d’éducation qui leur permettrait d’exploiter leur potentiel et de contribuer pleinement à l’économie du pays.

    Donald Trump a augmenté les tarifs douaniers pour les exportations chinoises de 16 milliards de dollars (14 milliards d’euros). Certains commentateurs pensent que cette guerre commerciale sera plus douloureuse pour la Chine que pour les Etats-Unis, et qu’elle devra donc céder aux exigences américaines…

    Ce point de vue ne prend pas en compte le fait que la Chine a des moyens non économiques de faire souffrir les Etats-Unis. Elle peut le faire par le biais diplomatique avec, par exemple, son droit de veto au Conseil de sécurité des Nations unies (ONU) ou par le biais politique, comme à travers ses choix vis-à-vis de la Corée du Nord.

    Le jeu auquel joue Trump est donc dangereux, et à terme pourrait nuire aux intérêts des Etats-Unis. De plus, même en ne regardant que l’aspect purement économique, il n’est pas donné que la Chine soit forcément perdante dans cette guerre commerciale.

    « EN CHINE, (...) IL PARAÎT INCONCEVABLE DE SE LAISSER HUMILIER UNE NOUVELLE FOIS, SURTOUT PAR TRUMP, VU COMME UN RACISTE INCOMPÉTENT. »

    Le gouvernement chinois aimerait que l’économie du pays soit plus autosuffisante, qu’elle repose davantage sur sa demande intérieure plutôt que sur ses exportations, et que ses entreprises puissent développer leurs produits sans avoir recours à la technologie étrangère.

    La guerre commerciale peut se révéler, pour la Chine, une forte incitation à atteindre plus rapidement ces objectifs. Et il est intéressant de se rappeler qu’au XIXe siècle, l’Occident a mené contre ce pays deux guerres pour lui imposer d’ouvrir ses frontières au commerce d’opium. En Chine, où ces défaites sont encore dans les mémoires, il paraît inconcevable de se laisser humilier une nouvelle fois, surtout par Trump, vu comme un raciste incompétent. Néanmoins, Pékin ne serait pas forcément contre un accord raisonnable, mais je doute que Trump soit capable d’accepter les concessions nécessaires.

    Pourquoi les mesures protectionnistes de Donald Trump sont-elles plébiscitées par ses supporteurs ?

    Les économistes sont d’accord sur le fait qu’à l’échelle macroéconomique, le libre-échange, bien géré, est bénéfique. En revanche, à l’échelle des individus il fait, au moins à court terme, des victimes, le plus souvent des travailleurs peu qualifiés. Or, ces dernières décennies, au lieu d’aider les travailleurs des régions frappées par la désindustrialisation, nous leur avons dit : « Ne vous inquiétez pas, vous bénéficierez du libre-échange plus tard. » Certains, qui n’en bénéficient toujours pas, sont logiquement en colère.

    Cela étant, un retour au protectionnisme ne les aiderait pas non plus. La mondialisation a été très disruptive, mais la « démondialisation » le serait plus encore et, paradoxalement, ferait beaucoup de mal à une tranche de la population qui a déjà fortement souffert de la mondialisation.

    Le populisme s’épanouit aux Etats-Unis, mais aussi en Europe. Comment expliquez-vous le rejet des partis traditionnels et des experts ?

    Aux Etats-Unis comme en Europe, un gouffre énorme s’est creusé entre ce qui a été promis par les élites et les résultats obtenus. La mondialisation, censée être bénéfique à tous, a été néfaste à nombre de gens. La libéralisation des marchés financiers, censée créer de la croissance, a abouti à la plus grande crise financière depuis 1929.

    L’euro, censé apporter la prospérité à toute l’Europe, a enrichi l’Allemagne et affecté les pays européens les plus pauvres. Les électeurs se tournent donc vers des partis qui n’ont jamais été au pouvoir. Mais les promesses des formations populistes ne seront pas davantage tenues.

    Je ne vois guère, alors, que deux possibilités : soit de nouvelles forces, véritablement progressistes, émergeront, et mettront en œuvre les mesures nécessaires, soit les gens se tourneront vers des partis de plus en plus fascistes.

    Vous avez écrit que l’euro était « un système conçu pour échouer ». Pourquoi ?

    Les pays qui sont passés à l’euro ont perdu plusieurs leviers d’ajustement, notamment une politique monétaire indépendante qui leur aurait permis de choisir leurs propres taux d’intérêt ou de dévaluer pour rendre leurs exportations plus compétitives.

    Or, au moment du passage à l’euro, il manquait en Europe toutes les institutions nécessaires au bon fonctionnement d’une monnaie unique : il n’y avait pas de garantie commune des dépôts bancaires, pas d’union bancaire, pas de système commun d’assurance-chômage…

    Aux Etats-Unis, nous avons le dollar, mais aussi toutes les institutions qui vont avec. Même s’il y a des progrès, je suis peu confiant dans la capacité des Européens à faire face à une nouvelle crise, car au sein de l’Union européenne, les processus décisionnels sont compliqués et requièrent parfois l’unanimité des pays membres, difficile à obtenir en présence d’intérêts souvent divergents.

  • Deux Prix Nobel d’économie alertent sur les dangers du #bitcoin
    http://www.liberation.fr/futurs/2017/11/30/deux-prix-nobel-d-economie-alertent-sur-les-dangers-du-bitcoin_1613646
    https://img-s-msn-com.akamaized.net/tenant/amp/entityid/BBFYrZZ.img

    Alors que la devise numérique, après avoir atteint un pic à 11 000 dollars mercredi, accusait une baisse de 14,98% jeudi après-midi sous les 9 500 dollars, le français Jean Tirole et l’américain Joseph Stiglitz jugent la #crypto-monnaie socialement inutile et nuisible.

  • Le monde capitaliste en crise | Analyse de LutteOuvrière
    http://mensuel.lutte-ouvriere.org//2016/12/18/le-monde-capitaliste-en-crise_73418.html

    [...] La sphère financière continue à gonfler au détriment de la production en parasitant la plus-value dégagée par cette dernière.

    L’économiste américain Joseph Stiglitz, prix Nobel et plus ou moins altermondialiste, constate, de son côté, que le produit intérieur brut (PIB) de la zone euro «  stagne à présent depuis près de dix ans. En 2015, il n’a été supérieur que de 0,6 % à son niveau de 2007.  » Il faut rappeler que le PIB est une notion plus vague et plus vaste que celle de production de biens matériels et de services parce qu’il intègre aussi la création de «  valeurs  » spéculatives.

    Le même Stiglitz constate par ailleurs que «  les récessions que connaissent certains pays de la zone euro sont comparables à celle de la Grande Dépression, ou encore plus graves  ».

    «  Le ralentissement dramatique de la croissance du commerce mondial est grave et devrait servir de sonnette d’alarme  », déclara au début du mois de septembre 2016 le directeur général de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Ce ralentissement reflète la stagnation de la production mais aussi le protectionnisme montant. Les Échos soulignent «  la tendance ces deux dernières années à ériger des barrières commerciales contrairement à leurs engagements (…)  », ajoutant que «  certains pays sont tentés de limiter leurs importations pour favoriser leur production nationale et déprécient leur monnaie à cet effet (…)  ».

    Il y a déjà très exactement un siècle, dans L’impérialisme, stade suprême du capitalisme, Lénine constatait la dictature absolue exercée sur la société par «  l’oligarchie financière  », à la tête de monopoles puissants, contrôlant tout à la fois les grandes entreprises de production et les banques, de plus en plus fusionnées.

    Le poids de cette oligarchie qui constitue les sommets de la grande bourgeoisie s’est encore accru malgré la crise actuelle ou, plus exactement, grâce à elle, et sa richesse aussi, dans l’absolu comme relativement même par rapport au reste de la bourgeoisie. Cette évolution se produit à l’intérieur d’une autre, plus générale, reflétant plus clairement la guerre de classe menée par la bourgeoisie contre la classe ouvrière pour accroître le taux de profit moyen. Cela se traduit par la diminution d’année en année de la part de la masse salariale dans le revenu national par rapport aux revenus du capital.

    La financiarisation donne à cette oligarchie financière des moyens supplémentaires d’enserrer le monde dans ses filets et de pousser le parasitage de l’économie à un degré sans précédent.

    Ce parasitage ne se traduit pas seulement en termes quantitatifs, c’est-à-dire par l’accroissement de la part que la finance prélève sur la plus-value globale dégagée dans la production  : il modifie sans cesse le fonctionnement du système financier et ses liens avec la production [...].

  • #Revue_de_Presse du jour comprenant l’actualité nationale et internationale de ce lundi 21 novembre 2016
    https://www.crashdebug.fr/revue-de-presse/12701-revue-de-presse-du-jour-comprenant-l-actualite-nationale-et-interna

    https://www.crashdebug.fr/images/stories/addons/images/Images+globales/2015/decembre/revue_de_presse_02_12_2015.png

    Bonjour, lundi fin de la récré, la bonne nouvelle du jour, c’est que Nicolas Sarkozy est éliminé des primaires, ce qui laisseras les mains libres aux.... Juges...., En attendant voici la Revue de presse du jour.

    f.

    Actualités françaises :

    21.11.2016

    VIDEO. Fillon grand gagnant, Sarkozy éjecté : ce qu’il faut retenir du premier tour (L’Express.fr)

    Évasion fiscale. Joseph Stiglitz : « Il faut une tolérance zéro envers le secret ! » (L’Humanité.fr)

    Quatre hommes arrêtés lors d’une opération antiterroriste à Strasbourg (RT.com)

    Divers :

    Moment détente :

    21.11.2016

    Buckingham Palace : les Britanniques veulent faire payer les travaux à la famille royale (Le Point.fr)

    Ça se passe en Europe : Bruxelles perd son super-héros (Les Echos.fr)

    Actualités internationales :

    21.11.2016

    Après onze ans (...)

    #En_vedette

  • Les recommandations de Joseph Stiglitz et Mark Pieth pour lutter contre les paradis fiscaux
    http://abonnes.lemonde.fr/economie/article/2016/11/15/les-recommandations-de-joseph-stiglitz-et-mark-pieth-pour-lutter-con

    Parmi les mesures que prônent le prix Nobel d’économie et l’expert suisse figure le déploiement, au plan mondial, de deux grandes mesures conçues et portées, depuis la crise financière de 2008, par l’OCDE : l’échange d’informations entre pays sur les contribuables (comptes bancaires, part de sociétés, intérêts financiers divers etc.) et l’obligation de révéler l’identité des bénéficiaires effectifs des sociétés écran (trusts, sociétés commerciales...) et des comptes bancaires ouverts par des prête-noms. Par exemple grâce à la tenue de registres dans ces territoires offshore, tenus par les banques, les avocats ou les autorités de contrôle.

    Si la mise en place du premier point a été endossé par le G20 (groupe des vingt pays les plus riches) et est bien avancé – l’OCDE ayant déjà arraché, de haute lutte, depuis deux ans, l’accord de plus de cent pays pour la mise en place de systèmes d’échange automatique de données à l’horizon 2017 ou 2018 –, le second point est encore loin de faire consensus.

    Il fait actuellement l’objet de débats et de réglages au sein des grandes instances de réflexion et de régulation mondiales comme l’OCDE et le GAFI (Groupe d’action financière), l’organisme intergouvernemental chargé de la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.

    #fiscalité #paradis_fiscaux

    http://zinc.mondediplo.net/messages/42227 via BoOz

  • Pourquoi Trump ? Éléments de réflexion sur "Politiques économique, inégalités, et montée des populismes"

    Victoire de Trump : un échec de la mondialisation financiarisée
    Romaric Godin :
    http://www.latribune.fr/economie/international/victoire-de-trump-un-echec-de-la-mondialisation-financiarisee-614948.html

    Ce site "La Tribune" relaie souvent les points de vue d’un certain nombre d’économistes, parfois prestigieux, qui critiquent les politiques très libérales, et que les grands médias ne relaient que peu.
    Par exemple cet article de Joseph Stiglitz de septembre 2015 :
    Stiglitz : « L’économie américaine est malade des inégalités »
    http://www.latribune.fr/opinions/tribunes/stiglitz-l-economie-americaine-est-malade-des-inegalites-501824.html

    Joseph Stiglitz, prix Nobel d’économie en 2001, a été économiste en chef de la Banque mondiale.

    Je recommande son dernier ouvrage "L’Euro, comment la monnaie unique menace l’avenir de l’Europe" qui éclaire les questions sur le fonctionnement de l’Union Européenne et les moyens d’essayer de préserver son avenir.

    #Economie #Trump #inégalités #Union-Européenne #Euro #Stiglitz

  • « L’#euro n’est pas viable à long terme », selon l’Institut Jacques Delors
    http://geopolis.francetvinfo.fr/l-euro-n-est-pas-viable-a-long-terme-selon-l-institut-jacques-

    « Dans sa forme actuelle, l’Union économique et monétaire (UEM) n’est pas viable à long terme »… Le propos n’est pas de Marine Le Pen ou du prix Nobel d’Economie, Joseph Stiglitz, qui publie un livre à charge contre l’euro, mais vient d’une étude signée par le très pro-européen Institut Jacques Delors. Décidément, l’euro et l’#UE ne sont pas en forme. Précisions.

  • Stiglitz, l’ Euro: un débat important
    https://www.crashdebug.fr/loisirss/73-livres/12331-stiglitz-l-euro-un-debat-important

    Le livre que Joseph Stiglitz publie ces jours-ci en français, chez l’éditeur Les Liens qui Libèrent, L’Euro – Comment la monnaie unique menace l’avenir de l’Europe (livre en vente le 14 septembre). Ce livre est une importante contribution au débat sur l’avenir de la zone Euro. Il s’agit en fait de la traduction de son ouvrage paru en anglais au moi de mai dernier, dont on a déjà rendu compte sur ce carnet. On connait Joseph Stiglitz, prix Nobel d’économie, chercheur reconnu, et qui avait pris des positions assez radicales contre le Fond Monétaire International au moment de la crise russe de 1998. Il défend depuis des positions critiques par rapport à l’ordre économique international, positions qui par exemple le conduisent à prôner dans un certain nombre de situation le recours au contrôle des capitaux, (...)

    #En_vedette #Livres #Loisirs

  • Is the Nobel Prize Good for Science? - Facts So Romantic
    http://nautil.us/blog/is-the-nobel-prize-good-for-science

    Yesterday, CNN Money published an article headlined, “Nobel prize winner tells Clinton: Tax fossil fuels.” The winner in question was Joseph Stiglitz, an economist at Columbia University, who received the prize 15 years ago. As you might expect, the Nobel is hardly his only accolade. He’s not only the World Bank’s former chief economist and the former chairman of the United States President’s Council of Economic Advisers; Stiglitz is also, as of last month, the third most influential economist in the world (based on academic citations). The Nobel Prize is clearly a motivator for scientists, and a useful handle for those of us looking for an authority in a subject. It was perfectly reasonable for CNN Money to extend Stiglitz the cachet that comes with winning the Nobel. But other than (...)

  • Pourquoi les jeunes sont en colère.
    Par Joseph Stiglitz

    http://m.lesechos.fr/redirect_article.php?id=021804552994&fw=1

    Cette génération précédente savait pouvoir compter sur la sécurité de l’#emploi, pouvait espérer se marier jeune, devenir propriétaire - peut-être même d’une résidence secondaire - et finalement prendre sa retraite en bénéficiant d’une sécurité raisonnable. Globalement, les individus de cette génération pouvaient espérer vivre une existence plus prospère que celle de leurs parents.

    Même si cette #génération passée s’est heurtée à un certain nombre d’embûches, ses attentes ont dans l’ensemble été satisfaites. Ces anciens ont pour certains gagné probablement davantage en richesse de capitaux grâce à leurs biens immobiliers que grâce au fruit de leur travail. Sans doute trouvaient-ils cela étrange, mais ils ont accepté volontiers ce cadeau offert par nos marchés spéculatifs, se félicitant bien souvent d’avoir acheté au bon endroit, au bon moment.

    Les jeunes d’aujourd’hui, où qu’ils se situent dans la pyramide de répartition des #revenus, ne peuvent précisément espérer que le contraire. L’insécurité de l’#emploi les suit tout au long de leur vie. En moyenne, nombre de diplômés de l’université auront à chercher plusieurs mois avant de décrocher un emploi - bien souvent après avoir accepté plusieurs stages non rémunérés.

    Aujourd’hui, les jeunes diplômés de l’université américaine croulent sous les #dettes. Plus ils sont démunis, et plus ils doivent d’argent. Ainsi ne s’interrogent-ils pas sur le métier qu’ils aimeraient exercer, mais se demandent-ils tout simplement quel emploi leur permettra de rembourser leur prêt universitaire, voué à peser sur eux pendant vingt ans, voire plus. De même, l’accès à la propriété est pour eux un lointain rêve.

    Autrement dit, les jeunes d’aujourd’hui entrevoient le monde sous le prisme de l’équité intergénérationnelle. Les enfants de la classe moyenne supérieure s’en sortiront peut-être favorablement au bout du compte, puisqu’ils hériteront de la richesse de leurs parents. Bien que certains d’entre eux puissent regretter cette forme de dépendance, ils craignent encore bien davantage l’éventuelle alternative : celle d’un « nouveau départ », dans lequel les cartes et les atouts seraient redistribués en fonction de leurs actes sur un chemin autrefois considéré comme le mode de vie classique de la classe moyenne.

    #Stiglitz

    http://zinc.mondediplo.net/messages/23350 via BoOz

  • See the World Through the Eyes of the One Percent
    https://timedotcom.files.wordpress.com/2015/07/chris-anderson.jpg?quality=75&strip=color&w=745

    Edward Steichen’s monumental 1955 exhibition at New York’s Museum of Modern Art, The Family of Man, was in essence about inclusivity. The 503 photographs by 273 prominent and unknown artists included in the show were curated from two million images, depicting life at its various moments to create a bigger picture of the human experience.

    “That exhibit was a seminal work in the history of the medium,” says Myles Little, a #TIME associate photo editor and the curator of a new traveling exhibition, One Percent: Privilege in a Time of Global Inequality. “It would be impossible for me to do something equal to it.”

    Still, Steichen’s show became a stepping-stone for Little’s exhibit, which takes a stab at exposing the ecosystem of the rich through a more exclusive photographic journey. “I studied Family of Man, and wrote down what I saw as its themes: family, religion, work, and so on. Then I found images that speak to those themes, but in the world of privilege,” says Little.

    Born in Ireland and raised in Charleston, S.C., Little’s experience working and living in New York City has inevitably exposed him to the jarring gap between the rich and the poor. “I catch little glimpses of both appalling poverty and breathtaking wealth,” he says. “Meanwhile, I see a lot of regular people in America celebrating the wealthy and referring to celebrities by their first names—as if they are friends. We over-identify with this group of people we don’t know and with whom we do not share common interests.”
    https://timedotcom.files.wordpress.com/2015/07/chris-anderson.jpg?quality=75&strip=color&w=745
    After an inspiring conversation with Mexican-American curator Daniel Brena, Little spent two years curating the show, sifting through images online such as the archives of Magnum Photos, VII Photo and NOOR. To achieve a “visual cohesiveness” and “mirror the luxurious spirit of the show”, he eventually narrowed his 2,000-image selection down to 30 well-crafted medium format color photographs.

    Some of them so blatantly point out the stark contrast of inequality, such as Juliana Sohn’s photograph of a gray-haired, legless man kneeling on the floor, shining a star on the Hollywood Walk of Fame. Some are more ambiguous, such as Jesse Chehak’s image of the High Line Park, built partially thanks to the contributions of wealthy New York patrons, which inadvertently spurred real estate development and brought tremendous value spike to the neighborhood that forced many to leave.

    The exhibition goes beyond the boundaries of America as the Promised Land, examining how inequality and globalization have helped cripple developing countries. In Tanzania, as gold emerged as the country’s most valuable export, David Chancellor shows the image of an armed soldier guarding the North Mara mine from villagers living in the country’s most impoverished region. “The idea behind the project is to shine a light on an incredibly powerful, but often invisible or misunderstood, segment of the population,” says Little .

    Introduced by Noble Prize-winning economist, inequality expert, Joseph Stiglitz, and National Book Critics Circle Award-winning author, Geoff Dyer, the exhibition will be traveling to China, Nigeria, the United Arab Emirates, Wales, and Bosnia and Herzegovina, beginning in September. Little is also raising funds on Kickstarter to publish the photographs with German publisher Hatje Cantz.

    http://time.com/3968148/wealth-one-percent-inequality

    #photographie #exposition #

  • L’arnaque du prétendu « prix Nobel d’économie » | Déjà-vu | Rue89 Les blogs
    http://blogs.rue89.nouvelobs.com/deja-vu/2015/10/10/larnaque-du-pretendu-prix-nobel-deconomie-235033

    Or, ce qu’il y a avec le prix Nobel d’économie, c’est que ça n’est pas un prix Nobel.

    Et pour cause : Alfred Nobel n’a jamais évoqué le moindre désir de créer d’autres prix que les cinq que l’on connaît (physique, chimie, médecine, littérature, paix) dans son testament (qui crée les prix), ni ailleurs.

    Et dans cette veine, il faut remarquer qu’à part quelques exceptions ces dernières années (Paul Krugman, Joseph Stiglitz), le prix a été dans la quasi-totalité des cas attribué à des économistes issus de cette tradition, et en particulier de l’Ecole de Chicago (ce qui avait poussé Gunnar Myrdal à vouloir faire abolir le prix).

  • Eoliennes et désastres climatiques

    Les désastres écologiques (dérèglements climatiques, effondrement de la bio-diversité, épuisement des ressources) consécutifs à la domination absolue du système capitaliste sur la planète, devenant de plus en plus évidents, les défenseurs à tout prix, membres de la classe dominante, de ce système mortifère proposent aujourd’hui de le relooker pour le rendre éco-compatible.

    De l’avis même des promoteurs de ce relookage, il n’est pas question de toucher aux fondamentaux du système. La recherche du profit maximum, l’exploitation de l’homme par l’homme, la division de la société en classes antagonistes, la sacralisation de la marchandise restent les idées maîtresses. Ce nouveau capitalisme vert toujours aussi violent, inégalitaire et injuste, se distingue simplement en ce qu’il se prétend respectueux de l’environnement. La rencontre lors de notre camping d’été (1) des membres de l’#Amassada (2), un comité d’habitants qui s’oppose à l’implantation sur leur communes d’habitation d’un transformateur électrique géant (7 hectares) et d’éoliennes industrielles, a nourri notre réflexion.

    Le remplacement des énergies fossiles par des énergies renouvelables est devenu le leitmotiv des gouvernants et des capitalistes, la solution aux problèmes cruciaux de dérèglements climatiques. L’implantation d’éoliennes géantes est donc présentée comme une alternative rendue nécessaire par l’urgence. Les membres de l’Amassada nous ont présenté la face cachée de cette solution. Les éoliennes industrielles, nous ont-ils dit, ne sont pas les aimables moulins à vent d’une autre époque, les plus modernes mesurent plus de 200 m. de haut, et leurs fondations nécessitent 2 000 tonnes de béton. Pour les édifier, il faut procéder à des défrichements massifs, à la construction de nouvelles routes etc.

    Chaque éolienne contient plus de 600 kgs de terre rare (du néodyme), 4 tonnes de cuivre, tous métaux dont l’extraction et le raffinage se font aux dépens des populations (Baotou, ville de Mongolie, centre de production principal du néodyme est surnommée «  la ville du cancer  », l’espérance de vie y est de 40 ans, les travailleurs d’Amérique du sud d’où est extrait le cuivre sont surexploités...). Enfin, ces engins qu’on nous présente comme le nec plus ultra de l’écologie, génèrent des nuisances pour les habitants (sonores et visuelles) et pour la faune (oiseaux tués par les pales en mouvement, malgré l’installation de radars), perturbations de la nidification des oiseaux et de leurs migrations, etc.). A l’évidence donc, les éoliennes géantes ne sont pas aussi écologiques qu’on nous le dit  : elles transforment le paysage, nuisent aux populations et perturbent gravement la faune.

    Mais alors pourquoi construire des éoliennes ? Pour l’argent pardi. A parler vrai, il n’est pas évident compte tenu de tous les coûts directs et indirects liés à la construction d’une éolienne que les bénéfices soient supérieurs aux coûts (quel est le bilan carbone final d’une éolienne  ?). Mais l’Etat (donc, Monsieur tout le monde) est là pour aider les promoteurs (essentiellement des grands groupes industriels et financiers qui se cachent derrière des noms charmants, évocateur de petites entreprises : Compagnie du Vent, Energie des Collines...) en rachetant l’électricité produite à prix d’or.

    En effet, EDF rachète le KWH renouvelable à un prix bien supérieur à celui du marché et, pour financer ces rachats, prélève une taxe (la Contribution au Service Public de l’Electricité) sur les consommateurs. Ainsi l’éolien est devenu une des activités les plus rentables du présent, surtout si l’on considère qu’il permet en plus d’accumuler des crédits carbone.

    Depuis le protocole de Kyoto, pour lutter contre le réchauffement climatique, les entreprises et les Etats sont censés limiter leur production de gaz à effet de serre, ce qui ne veut pas dire qu’ils doivent en produire moins  ! Ils peuvent dépasser les limites autorisées, à condition de compenser ce dépassement par l’acquisition de ces fameux crédits carbones  ; crédits que l’on peut acheter sur un marché international, ou en investissant dans des projets écologiques  : zones protégées (par exemple des monocultures d’eucalyptus) ou énergies dites vertes (par exemple des éoliennes industrielles). Les aérogénérateurs sont donc une solution parfaite pour les gros industriels qui peuvent acheter ainsi le droit de polluer tout en empochant des profits grâce à la «  générosité  » d’EDF  !

    L’énergie produite sur les montagnes aveyronnaises, ne servira même pas, nous dirent les membres de l’Amassada, aux populations locales, elle sera donc exportée vers l’Espagne ou le Maroc (pays, comme chacun le sait, où il n’y a ni vent, ni soleil !) et pour ce faire il faut construire des lignes à très haute tension  : 400 000 volts (ce qui permet de diminuer fortement les pertes lors du transport de l’électricité). Pour alimenter ces lignes monstrueuses, il faut beaucoup d’éoliennes (94 éoliennes actuellement en Aveyron, 121 autres se sont vu accorder un permis de construire et José Bové souhaite voir l’Aveyron couvert d’éoliennes) et des transformateurs adaptés. Bien entendu, les frais de construction des lignes THT et des transfos sont pris en charge par EDF et donc par le contribuable.

    En résumé, le consommateur va surpayer l’électricité qu’il consomme pour que des groupes industriels et financiers puissent engranger un maximum de profits, et cela grâce à l’aide de l’Etat. Nous constatons donc encore une fois que, quel que soit le parti politique au pouvoir, l’Etat et les puissances d’argent ont partie liée. L’Etat comme le reconnaît Joseph Stiglitz, prix Nobel d’économie, ancien conseiller du président Clinton (pas vraiment un anarchiste) soutient systématiquement les très riches et les aide à faire croître leur fortune sur le dos des pauvres.

    (1) - Voir http://seenthis.net/messages/410529

    (2) - Pour suivre les informations sur la lutte de l’Amassada, dans l’Aveyron, consulter le site : http://douze.noblogs.org

    @anarchosyndicalisme ! n°146

    ---- #Planète -----------------------

    • Nous pourrions très bien nous accommoder d’une croissance durablement faible, si elle s’accompagne de politiques réduisant les inégalités.

      Enfin un économiste lucide !

      La croissance, ce concept fumeux qui veut nous faire croire que c’est en produisant toujours plus que tout ira mieux.
      Un peu comme si bison fûté nous demandait de rouler plus vite pour qu’il y ait moins d’embouteillages.

  • #Grèce, l’agneau sacrificiel

    Joseph Stiglitz a publié hier dans Le New York Times un article sur l’inanité des exigences de la Troïka envers la Grèce. L’intérêt de cet article très clair est de montrer à quel point la politique de l’Eurozone a dépassé toutes les limites du bon sens en matière même de … capitalisme. Le plus inquiétant est que cette politique européenne, menée sous les auspices de l’Allemagne prétendument « ordo-libérale » (en fait, tenante d’un capitalisme à visage inhumain), soit cautionnée et mise en œuvre sans état d’âme par des zélés « socialistes » et autres « sociaux-démocrates ». Ces Leaders élus ne prêtent apparemment qu’un œil distrait ou aveugle à la paupérisation des peuples qu’ils gouvernent, au chômage galopant de la jeune génération, et adoptent tranquillement, au nom du « pragmatisme du réel » des règles insensées élaborées par des technocrates.

    http://arretsurinfo.ch/grece-lagneau-sacrificiel

  • Greece, the Sacrificial Lamb - The New York Times
    http://www.nytimes.com/2015/07/26/opinion/greece-the-sacrificial-lamb.html?smid=tw-share

    Joseph Stiglitz, avec quelques exemples, montre que “l’accord” néo-colonial Merkel-Hollande est destiné à détruire les petites entreprises grecques au profit des grandes firmes européennes et internationales :

    "Consider the case of milk. Greeks enjoy their fresh milk, produced locally and delivered quickly. But Dutch and other European milk producers would like to increase sales by having their milk, transported over long distances and far less fresh, appear to be just as fresh as the local product. In 2014 the troika forced Greece to drop the label “fresh” on its truly fresh milk and extend allowable shelf life. Now it is demanding the removal of the five-day shelf-life rule for pasteurized milk altogether. Under these conditions, large-scale producers believe they can trounce Greece’s small-scale producers.
    (...)
    Normally, the I.M.F. warns of the dangers of high taxation. Yet in Greece, the troika has insisted on high effective tax rates even at very low income levels. All recent Greek governments have recognized the importance of increasing tax revenues, but mistaken tax policy can help destroy an economy. In an economy where the financial system is not functioning well, where small- and medium-size enterprises can’t get access to credit, the troika is demanding that Greek firms, including mom and pop stores, pay all of their taxes ahead of time, at the beginning of the year, before they have earned it, before they even know what their income is going to be. The requirement is intended to reduce tax evasion, but in the circumstances in which Greece finds itself, it destroys small business and increases resentment of both the government and the troika.

    This requirement seems at odds, too, with another of the demands with which Greece has been confronted: that it eliminate its cross-border withholding tax, which is the withholding tax on money sent from Greece to foreign investors. Such withholding taxes are a feature of good tax systems in countries like Canada and are a critical part of tax collection. Evidently, it is less important to ensure that foreigners pay their taxes than that Greeks do.❞

    #fiscalité #Grèce #grande_distribution #industrie_agroalimentaire

  • #Grèce : Joseph Stiglitz crie au désastre
    http://live.lesechos.fr/86/021203290886.php

    « Les dirigeants européens et occidentaux critiquent la Grèce pour son incapacité à collecter l’#impôt. Dans le même temps, les #occidentaux ont créé un système d’évasion fiscale mondial... et les pays avancés essayent de contrer l’effort global pour stopper l’#évasion_fiscale. On ne peut pas être plus #hypocrite », a t-il ajouté.

  • « L’UE, c’est l’antithèse de la #démocratie » – Joseph Stiglitz, Prix Nobel d’économie. - News360x
    http://news360x.fr/lue-cest-lantithese-de-la-democratie-joseph-stiglitz-prix-nobel-deconomie

    "Le crescendo d’amertume et de querelles en #europe pourrait faire croire aux étrangers à une sorte de fin de partie plutôt amer entre la Grèce et ses créanciers. En réalité, explique Joseph Stiglitz dans un article paru sur Project Syndicate, les dirigeants européens commencent juste à révéler la vraie nature de la controverse sur la dette actuelle, et la réponse n’a rien de plaisant : il s’agit bien plus de pouvoir et de démocratie que d’argent et d’économie."(Permalink)

    #politique #économie

  • Grèce : les économistes jugent déraisonnables les exigences des créanciers
    http://www.lemonde.fr/economie/article/2015/06/30/les-economistes-jugent-deraisonnables-les-exigences-des-creanciers_4664651_3

    C’est peu dire que les dernières propositions des créanciers de la Grèce, mises en ligne dimanche 28 juin sur le site Internet de la Commission européenne, suscitent les critiques.

    Patrick Artus (Natixis), Joseph Stiglitz (Prix Nobel), Paul Krugman (Prix Nobel), Julien Marcilly (Coface), Xavier Ragot (OFCE), Paola Monterus (Crédit Agricole), Ludovic Subran (Hermès)

    Tout ce beau monde, y compris les économistes d’entreprise, tout d’un coup se retrouvent en une du Monde.fr. Article du 30/06, avant même le rapport du FMI.

    Une révélation subite ou le départ en vacances du chroniqueur habituel ?

    • Joseph Stiglitz : « Comment je voterais au référendum grec »
      Mercredi, 1 Juillet, 2015 | L’Humanité |
      http://www.humanite.fr/joseph-stiglitz-comment-je-voterais-au-referendum-grec-578354

      «  En fait, écrit Joseph Stiglitz dans un article paru lundi ( The Guardian), les leaders européens ont commencé de révéler la vraie nature du litige autour de la dette (...) Celle-ci porte bien davantage sur des enjeux de pouvoir et de démocratie que sur la monnaie et l’économie.  » «  Les dates butoirs sont destinées à forcer la Grèce à accepter l’inacceptable – pas seulement des mesures d’austérité mais de nouvelles politiques régressives et punitives.  » Dans ces conditions, conclut l’économiste «  un vote “oui”, le 5 juillet, signifierait la dépression quasiment sans fin (...)  » d’un pays qui a «  vendu l’ensemble de ses actifs et dont les plus brillants de ses jeunes ont dû émigrer.  » «  À l’inverse, un vote “non” laisserait au moins ouverte la possibilité que la Grèce puisse, avec ses fortes traditions démocratiques, reprendre sa destinée en main.  » Et même s’ils restent confrontés à d’immenses difficultés, «  les Grecs pourraient y gagner l’opportunité de construire un avenir bien plus riche d’espoir  ».

  • #Stiglitz: Europe’s attack on Greek democracy
    http://www.project-syndicate.org/commentary/greece-referendum-troika-eurozone-by-joseph-e--stiglitz-2015-06 #Tsipras

    "The rising crescendo of bickering and acrimony within #Europe might seem to outsiders to be the inevitable result of the bitter endgame playing out between #Greece and its creditors. In fact, European leaders are finally beginning to reveal the true nature of the ongoing debt dispute, and the answer is not pleasant: it is about power and #democracy much more than money and economics."

    • Joseph Stiglitz: how I would vote in the Greek referendum | Business | The Guardian
      http://www.theguardian.com/business/2015/jun/29/joseph-stiglitz-how-i-would-vote-in-the-greek-referendum?CMP=fb_gu

      That concern for popular legitimacy is incompatible with the politics of the eurozone, which was never a very democratic project. Most of its members’ governments did not seek their people’s approval to turn over their monetary sovereignty to the ECB. When Sweden’s did, Swedes said no. They understood that unemployment would rise if the country’s monetary policy were set by a central bank that focused single-mindedly on inflation (and also that there would be insufficient attention to financial stability). The economy would suffer, because the economic model underlying the eurozone was predicated on power relationships that disadvantaged workers.

      And, sure enough, what we are seeing now, 16 years after the eurozone institutionalised those relationships, is the antithesis of democracy: many European leaders want to see the end of prime minister Alexis Tsipras’ leftist government. After all, it is extremely inconvenient to have in Greece a government that is so opposed to the types of policies that have done so much to increase inequality in so many advanced countries, and that is so committed to curbing the unbridled power of wealth. They seem to believe that they can eventually bring down the Greek government by bullying it into accepting an agreement that contravenes its mandate.

      It is hard to advise Greeks how to vote on 5 July. Neither alternative – approval or rejection of the troika’s terms – will be easy, and both carry huge risks. A yes vote would mean depression almost without end. Perhaps a depleted country – one that has sold off all of its assets, and whose bright young people have emigrated – might finally get debt forgiveness; perhaps, having shrivelled into a middle-income economy, Greece might finally be able to get assistance from the World Bank. All of this might happen in the next decade, or perhaps in the decade after that.

      By contrast, a no vote would at least open the possibility that Greece, with its strong democratic tradition, might grasp its destiny in its own hands. Greeks might gain the opportunity to shape a future that, though perhaps not as prosperous as the past, is far more hopeful than the unconscionable torture of the present.

      I know how I would vote.