person:julia pascual

  • L’immigration, angle mort du grand débat, Julia Pascual
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/03/15/l-immigration-angle-mort-du-grand-debat_5436504_823448.html

    A Laon, où les « #gilets_jaunes » se sont mobilisés, l’immigration n’a pas été au cœur des discussions, pas plus que dans le grand débat national lancé par le gouvernement.

    Il était venu mettre en avant un dispositif innovant : le recrutement d’un jeune réfugié afghan pour un service civique dans un club de foot, à Laon. Mais ce jour de janvier, le délégué interministériel chargé de l’accueil et de l’intégration des réfugiés, Alain Régnier, tombe sur une délégation de « gilets jaunes », venus l’apostropher, comme ils le font dès qu’un politique se rend dans leur ville. M. Régnier se souvient d’un échange cordial. « La plupart étaient des retraités qui gagnent entre 800 et 1 000 euros, rapporte-t-il. Il y avait l’idée qu’eux n’y arrivent pas et que l’Etat dépense beaucoup pour les migrants. » M. Régnier a l’habitude d’être interpellé à travers ce prisme. Récemment, la présidente du Rassemblement national (RN) Marine Le Pen a d’ailleurs affirmé qu’un « migrant fraîchement débarqué peut toucher plus qu’un retraité ayant travaillé toute sa vie ». Une assertion fausse mais qui ravive le spectre de la concurrence entre « pauvres ».

    A Laon, les « gilets jaunes » se défendent toutefois d’y avoir puisé un levier d’action. Ici comme ailleurs, le mouvement n’a pas fait de l’immigration un enjeu central, alors même que le président de la République a choisi d’en faire un point d’entrée du grand débat national qui s’est achevé vendredi 15 mars. « Ce n’est pas que les gens se moquent du sujet, mais ils ont d’autres priorités » , résume Alexandre, attaché commercial à la retraite et « gilet jaune » actif à Laon. Son point de vue ne relève pas d’un simple ressenti. « On a recueilli des revendications en allant sur les ronds-points et devant deux centres commerciaux et sur quelque 280 remontées, il y a une personne qui se plaint qu’il y a trop de migrants » , fait valoir Didier, consultant en fiscalité de 49 ans, lui aussi mobilisé à Laon. Lors de la « réunion citoyenne » organisée le 6 février à la Maison des arts et loisirs de Laon, qui a mobilisé environ 250 personnes, « il n’y a eu aucune question sur l’immigration », ajoute-t-il.

    Le cahier de doléances de la mairie de Laon laisse apparaître une seule réclamation sur le sujet alors que les pages sont noircies de multiples demandes sur les transports, le train de vie des élus et des hauts fonctionnaires, ou encore la fraude fiscale et les retraites. Y compris dans les paroisses du diocèse, où quelques débats ont eu lieu à l’appel de la Conférence des évêques de France, « le sujet des migrants n’a pas été abordé », assure Louis, un retraité qui y a participé.

    « Ça se passe bien »

    Pour les « gilets jaunes » de Laon, inclure le thème de l’immigration dans le grand débat national relève de la sournoiserie. « C’est une manière de canaliser l’extrême droite », veut croire Simon, chef pâtissier au chômage et « gilet jaune ». « C’est pour noyer le poisson, assure Alexandre. Mais la priorité, c’est le panier de la ménagère. » « Ce sujet n’a pas sa place dans le grand débat », tranche Cédric, 42 ans, artisan. Antonio, cadre commercial de 53 ans, va plus loin. Il est persuadé que parler d’immigration permet de faire monter le RN dans les sondages. « Comme ça, aux européennes, on devra mettra Macron en face », démontre-t-il, convaincu.

    Le désintérêt manifeste des « gilets jaunes » de Laon pour la question migratoire ne s’explique pas par une distance vis-à-vis du sujet. A l’image de nombreuses villes moyennes, Laon n’est pas restée étrangère à la crise des #migrants ces dernières années. Tous dispositifs confondus, le département propose plus de 900 places d’accueil, trois fois plus qu’en 2015. Laon dispose d’un centre d’accueil pour demandeurs d’asile, d’un hébergement d’urgence des demandeurs d’asile et d’un centre d’accueil et d’orientation, ouvert au moment du démantèlement de la « jungle » de Calais (Pas-de-Calais). La ville a également logé quelque 120 personnes, anciens collaborateurs de l’armée française en Afghanistan et leurs familles, mais aussi œuvré à la réinstallation de huit familles syriennes en 2018. « Ça se passe bien, assure le maire UDI Eric Delhaye. Personne ne vient me voir pour me dire qu’il y a un problème. »

    Certains décèlent toutefois dans ce tableau un soupçon de paradoxe. En 2017, le Front national est arrivé en tête au premier tour de l’élection présidentielle avec 28,84 % des voix. Mais ce vote ne puise pas que dans la rhétorique antimigrant. « Il y a ici un sentiment fort d’être dans une France périphérique, un peu oubliée, analyse le maire. On cumule les handicaps. Nous avons un taux d’illettrisme et de chômage élevé ; nous avons souffert de la désindustrialisation et des réformes de l’Etat en particulier du départ de nombreux militaires et de leurs familles. Or, dans une ville-préfecture, l’administration joue le rôle d’amortisseur social. » « La crainte des agents, c’est de voir tout disparaître. Et eux avec », observe à son tour Sandrine Beltran, du syndicat Solidaires finances publiques, mobilisé contre les fermetures des trésoreries publiques dans le département.

    « Un thème qui revient »

    C’est dans ce contexte fragile que parfois, l’immigration s’invite dans les esprits. A l’accueil de jour du Secours catholique de Laon, les bénévoles savent que le sujet affleure dans les conversations. « C’est un thème qui revient, constate Nicole Salaün, ouvrière retraitée de 68 ans. Les gens sont contre l’immigration parce qu’ils n’ont pas de travail ou cherchent un logement et pensent qu’on les donne aux étrangers. » Anne Khoury, bénévole de 66 ans, voudrait qu’on dise plus souvent qu’une fois hébergés, « il reste 200 euros aux demandeurs d’asile pour se vêtir et faire quelques achats ».

    Un Laonnois reconnaît avoir vu circuler « des trucs » sur les réseaux sociaux. Il précise : « On sait pas si c’est vrai, mais certains toucheraient des aides alors qu’on n’a pas les moyens et ça se répercute sur les classes moyennes et pas sur les plus riches. » Dans cet entrelacs d’idées, de rumeurs et de craintes, l’immigration apparaît parfois aussi comme un indicible, plus qu’un thème négligeable.

    « Nous n’avons pas la compétence pour parler de ce sujet », justifie le « gilet jaune » Alexandre. « Et dès qu’on l’aborde, on est forcément catalogué », ajoute Cédric. Didier s’est récemment senti mal à l’aise, alors qu’il pensait à sa mère. Elle touche le minimum vieillesse. « J’ai voulu faire la parallèle avec ce que peut toucher une personne migrante. Ça m’a turlupiné. » Et puis il s’est interdit d’y penser davantage, « choqué » qu’une telle idée lui ait traversé l’esprit. Il l’a chassée. Il s’interroge encore. « Je ne sais pas si c’est un dérapage. »

    #droits_sociaux

  • Puisque l’affaire Benalla / Macron est tout de même un peu lié à la question des violences policières, je vous livre ci dessous une compil que j’avais bouclé vite fait il y a un mois pour un ami sur le sujet. L’idée était de lui pointer quelques articles traitant d’actualités récentes sur ce sujet.

    A la relecture, je vois qu’il n’y a pas grand chose à propos de ce qu’il se passe hors contexte « militant » (cad de répression de « mouvements sociaux », cad par exemple d’histoires surgissant dans la quotidienneté des « quartiers populaires »).

    D’ailleurs quoi de neuf depuis un mois ? Je ne suis pas à jour durant l’été... peut être, du côté de la résistance à la violence policière, l’événement le plus « important » était le triste anniversaire des deux ans de la mort d’Adama Traoré. Nombreux ont été les gens à la marche à Beaumont, non ? Je veux bien quelques articles sur cet événement précis.

    Ainsi que quelques autres qui complètent la liste que je vous livre ci dessous.

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    D’ailleurs une porte d’entrée bien utile sur ce sujet est le bulletin _Résistons Ensemble_

    Bimensuelle, format un A4 plié, depuis 16 ans, c’est un bon outil.

    Dernier numéro :
    http://resistons.lautre.net/spip.php?article584

    Le même en PDF :
    http://resistons.lautre.net/IMG/pdf/re174-juillet-aout-2018.pdf

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    Récapitulatif d’un trimestre de répression des mouvements sociaux en France
    https://www.bastamag.net/Gardes-a-vue-par-centaines-blessures-graves-et-prison-ferme-le-mouvement-s

    Ici, des lycéens embarqués par dizaines et amalgamés à des « bandes violentes ». Là, un manifestant dont le pied est arraché par une grenade. Ailleurs une enquête pour « association de malfaiteurs » contre des activistes antinucléaires, ou encore un délit de solidarité en « bande organisée » pour être venu en aide aux exilés. Depuis le printemps, gardes à vue et peines de prison pleuvent sur les participants aux mouvements sociaux qui agitent la France, de la Zad aux universités, de Bure à Briançon. Alors que le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb vient de réitérer des menaces à peine voilées à l’encontre des futurs manifestants, Basta ! dresse un bilan – non exhaustif – d’un trimestre de répression.

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    https://seenthis.net/messages/702265 En 2014, @bastamag avait sorti un excellent article avec la meilleure base de données sur la question des violences policières en France : Aujourd’hui ils récidivent et améliorent encore leur analyse dans trois articles

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    il semble que le ministre de l’intérieur communique sur un changement de doctrine au sein du Maintien de l’Ordre. Retour sur les expulsions sur la ZAD, sur la gestion de la manif du 1er mai à Paris,

    … Au lien ci dessous, vous trouverez un article (version intégrale) du quotidien Le Monde et d’autres liens approfondissant cette actualité

    https://seenthis.net/messages/700734

    Gérard Collomb défend sa vision du maintien de l’ordre, Julia Pascual, Le Monde

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    https://seenthis.net/messages/695672 « Étude : 3% des personnes blessées par un tir de flashball décèdent ». En fait, l’étude parle des #lanceurs_de_balles_de_défense en général, pas seulement des #flashballs.

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    http://www.liberation.fr/france/2018/06/20/bure-vague-d-interpellations-chez-les-opposants-a-cigeo_1660636

    Bure : vague d’interpellations chez les opposants à Cigéo

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    http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2014/01/18/01016-20140118ARTFIG00351-des-policiers-abusent-des-plaintes-pour-outrage-a

    Des policiers abusent des plaintes pour « outrage à agent »

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    https://seenthis.net/messages/700199

    #Justice de classe militaire...

    Commentaire de la vice-procureure : « Je n’ai pas envie de la pénaliser plus qu’il ne le faut. La seule comparution en correctionnelle pour un militaire de carrière est déjà une sanction »

    Au final le militaire à la retraite a eu un « avertissement » et 1000 euros d’amende pour avoir vendu des mines antipersonnel sur Le Bon Coin, alors qu’il détenait un véritable arsenal chez lui :

    – Trois pains de plastic – Un pistolet automatique – 4296 munitions – 135 chargeurs – 74 grenades ou mines – une carabine – un fusil – des armes de poing

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    [lundimatin est assez bon pour regrouper des infos épars sur des histoires de répression. Ils enquêtent aussi un peu]

    Un manifestant mutilé sur la ZAD
    https://lundi.am/Un-manifestant-mutile-sur-la-ZAD

    https://t.co/YclRuZ36Ov
    Des dizaines de grenades explosives #GLIF4 balancées sur la ZAD ont été fabriquées en 2005, et sont donc périmées depuis 2015... certaines explosent à retardement, d’autres pas du tout... autant de pièges mortels pour les non-avertis... #NDDL

    https://seenthis.net/messages/696821

    "POUR MAXIME, MUTILÉ SUR LA ZAD LE 22 MAI 2018 - LETTRE DE ROBIN, MUTILÉ À BURE LE 15 AOÛT 2017"

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    #Arago - 101 lycéens et grévistes placés 48h en garde à vue https://lundi.am/Arago-101-lyceens-et-grevistes-places-48h-en-garde-a-vue

    Sur le fond c’est 1 application dans Paris intra-muros de ce qui est expérimenté en banlieue : rafles de lycéen·nes pendant mvt social, privation de liberté et d’informat°

    http://cqfd-journal.org/Pas-de-lycee-sans-feu

  • « Le Monde » identifie sur une vidéo un collaborateur de Macron frappant un manifestant le 1er mai à Paris
    https://abonnes.lemonde.fr/politique/article/2018/07/18/le-monde-identifie-sur-une-video-un-collaborateur-de-m-macron-frappa

    Cette histoire est hallucinante. Un policier menteur libéré à Nantes, un homme de main de l’Elysée qui frappe les gens à terre (vous me direz que c’est une excellente métaphore de toute la politique de Macron que de s’attaquer aux plus faibles)... qui a dit "Etat policier" ? Tuer la contestation dans l’oeuf par la violence, ce n’est pas la République. On est en train de passer à "autre chose". "Démocratie autoritaire" est un terme en deça même de la réalité. Il faudrait analyser les nouvelles formes politiques basées sur l’intimidation. Intimidation par tweets chez Trump, par la menace financière contre la presse, par la marginalisation des chercheurs qui contestent l’ordre des multinationales, par la peur d’être désigné comme appartenant à un groupe anti-étatique comme en Turquie, par la menace du chômage pour tous, par..., par..., par toutes les méthodes possibles pour imposer le silence, le replis dans la coquille, la fin des solidarités.
    Oui, cet agent de l’Elysée est plus qu’un symptôme du dérèglement politique et social que nous vivons.

    Une mise à pied de quinze jours et toujours un bureau à l’Elysée… C’est la sanction que s’est vu signifier, dans la plus grande discrétion, Alexandre Benalla, un proche collaborateur du président de la République, après s’être livré, le 1er mai, à des violences restées inconnues jusqu’ici. Ce jour-là, ce chargé de mission d’Emmanuel Macron, équipé d’un casque à visière des forces de l’ordre, s’en est pris à un jeune homme qui se trouvait à terre pendant une manifestation qui se tenait place de la Contrescarpe, dans le 5e arrondissement de Paris. Il s’est vite éloigné, de peur d’être reconnu.

    • #démocratie_autoritaire, comme nouveau concept après la #démocratie_de_façade, c’est pas mal, sinon la politique de Macron et l’attitude de celles et ceux qui le soutiennent, en tête Amélie de Montchalin, m’inspire souvent le terme #crapulerie_policée ou to put it more mildly #politique_d_imposture et enfin pour exprimer le niveau en général raz des paquerettes de la pensée des macronistes, #pensée_régressive (je pense à la belle sortie de Jupée qui répondait à la minablerie d’un député macroniste lors des discussions sur les droits humains). Y a du boulot pour remonter le niveau.

    • Violences sur un manifestant : le parquet ouvre une enquête visant un collaborateur de Macron
      https://lemonde.fr/societe/article/2018/07/19/violences-sur-un-manifestant-le-parquet-de-paris-ouvre-une-enquete-prelimina

      L’enquête préliminaire vise Alexandre Benalla. Elle porte sur les chefs de violences par personne chargée d’une mission de service public, usurpation de fonctions et usurpation de signes réservés à l’autorité publique.

      Qui est Alexandre Benalla, ce proche de M. Macron, auteur de violences le 1er mai ? Ariane Chemin

      Peu connaissent le visage de « l’adjoint au chef de cabinet » du président, identifié comme ayant frappé un jeune manifestant. Mais à l’Elysée son goût pour les démonstrations de force ne passe pas inaperçu.

      Alexandre Benalla, adjoint au chef de cabinet d’Emmanuel Macron, au palais de l’Elysée à Paris, le 18 mai 2017.
      C’est la règle pour les « chargés de mission » auprès de la présidence de la République : leur nom n’a pas besoin d’être publié au Journal officiel (JO). Alexandre Benalla, l’homme qui a frappé, le 1er mai, un jeune manifestant place de la Contrescarpe, à Paris, coiffé d’un casque de policier – ce qui lui a valu une mise à pied de quinze jours –, n’apparaît pas dans l’organigramme officiel de l’Elysée.

      Rares sont ceux, hormis les chargés de la sécurité de ministres, les journalistes, les conseillers et le personnel de l’Elysée – où il dispose d’un bureau – qui connaissent le visage, voire l’existence, de « l’adjoint au chef de cabinet » d’Emmanuel Macron.

      Les premières armes politiques d’Alexandre Benalla remontent à 2011. « Il était tout jeune, 20 ans à peine, se souvient Eric Plumer, ancien responsable du service d’ordre national du Parti socialiste. Il avait fait la sécurité de plusieurs artistes, il en voulait, il était intelligent et compétent, dans mon souvenir, posé. Nous sommes en pleines primaires socialistes, je le charge de la protection de Martine Aubry. Puis je le prends dans mon service d’ordre durant la campagne 2012 de François Hollande. »

      « Viré manu militari » par Montebourg

      Il se met ensuite brièvement au service d’Arnaud Montebourg, avant d’être « viré manu militari » par ce dernier : « Le SPHP [le Service de protection des hautes personnalités] me l’avait proposé comme chauffeur en 2012, raconte au Monde l’ancien ministre du redressement productif. Je m’en suis séparé au bout d’une semaine après une faute professionnelle d’une première gravité : il avait provoqué un accident de voiture en ma présence et voulait prendre la fuite. »

      On retrouve enfin ce très jeune homme au JO au printemps 2015. Par arrêté du premier ministre de François Hollande, ce titulaire d’un master de droit est admis dans la quarantaine d’étudiants et de jeunes professionnels de moins de 35 ans autorisés à suivre la session « jeunes » de l’Institut des hautes études de la sécurité et de la justice (IHESJ), une semaine de formation de haut niveau organisée à l’école des officiers de la gendarmerie à Melun. Un an et demi plus tard, il rejoint la campagne de M. Macron, où il est nommé responsable de la sécurité du candidat, pour un salaire de 3 500 euros net.

      Selon des indiscrétions de lettres confidentielles, La Lettre A et Maghreb Confidentiel, il a travaillé plusieurs années pour le groupe Velours, spécialisé dans la sécurité privée et fondé par d’anciens policiers. D’après le registre du commerce marocain, il devient le codirigeant d’une antenne montée par l’entreprise à Casablanca, en octobre 2015, qui cesse vite son activité avant d’être dissoute en 2017.

      Pistolets, Flash-Ball et boucliers antiémeute

      Comme l’entourage du nouveau chef de l’Etat, son nom apparaît ensuite à plusieurs reprises dans les « MacronLeaks », les courriels et documents internes d’En marche ! dérobés par des hackeurs anonymes et postés sur WikiLeaks à l’été 2017.

      Durant la campagne présidentielle, plusieurs conseillers proches de M. Macron s’interrogent. Par exemple, lorsque M. Benalla, du moins selon les « MacronLeaks », fait établir pour son équipe un devis pour deux pistolets lanceurs de balles en caoutchouc, un Flash-Ball et des boucliers antiémeute. « Je n’ai jamais entendu dire que les partis politiques avaient des vigiles armés, je trouve même ça dangereux », rétorque alors par e-mail Cédric O, trésorier de la campagne et aujourd’hui conseiller à l’Elysée chargé des participations de l’Etat et de l’économie numérique.

      Le responsable de la sécurité du candidat Macron ne manque en effet pas d’imagination. Le 17 avril 2017, 20 000 personnes sont réunies à l’AccorHotels Arena de Paris, le plus gros meeting de la campagne. On craint une opération terroriste. M. Benalla a une idée. « Une trappe avait été sciée, racontera à Midi Libre, Ludovic Chaker, coordinateur des meetings. En cas de tir, le pupitre devait basculer et M. Macron, se retrouver dans la partie creuse de la scène où avaient été placés un kit de secours et un gilet pareballes. »

      Même les professionnels de la sécurité privée connaissent mal M. Benalla. En avril 2016, le jeune consultant a pourtant créé une Fédération française de la sécurité privée avec une connaissance, Vincent Crase. Cet officier de réserve de la gendarmerie basé dans l’Eure et reconverti dans la sécurité privée serait, selon les « MacronLeaks », l’un des prestataires du service de sécurité de la campagne présidentielle. C’est avec lui que M. Benalla commande les fameux pistolets qui inquiétaient Cédric O.

      Le goût des démonstrations de force

      « La commande a été refusée par la direction d’En marche ! », confie au Monde Vincent Crase. Cette association, selon les statuts déposés à la Préfecture de police de Paris, se voulait « un lieu d’échange entre les différents acteurs de la sécurité privée » et entendait régler « tous les différends entre les professionnels du secteur et les pouvoirs publics ou les clients ». Les activités de cette ambitieuse fédération n’ont laissé aucune trace : elle a été dissoute rapidement.

      A l’Elysée, en revanche, le caractère d’« Alexandre » et son goût pour les démonstrations de force ne passent pas inaperçus. Lors d’un meeting à Caen du candidat d’En marche !, le 4 mars 2017, des témoins se souviennent l’avoir vu soulever de terre et évacuer manu militari un photographe local, qui s’était approché de trop près à son goût de l’ancien ministre de l’économie. Et, à l’occasion d’un déplacement de M. Macron dans un centre de formation des apprentis de Tours, le 15 mars, le « M. Sécurité » du chef de l’Etat s’en était aussi pris à un commissaire de police en tenue, accusé de ne pas libérer assez vite le passage au président de la République. « Alexandre, faut pas l’embêter », avait soufflé ce jour-là un proche de M. Macron qui assistait à la scène.

      Alexandre Benalla au lendemain de la victoire française au foot

      Un autre #gendarme_réserviste, de #LREM celui-ici, intégré au dispositif policier ce Premier Mai
      https://lemonde.fr/politique/article/2018/07/19/violences-sur-un-manifestant-l-elysee-annonce-avoir-mis-fin-a-toute-collabor

      Bruno Roger-Petit a également annoncé que M. Benalla était ce jour-là accompagné d’un autre homme, Vincent Crase – que l’on voit également sur la vidéo –, un gendarme réserviste par ailleurs employé de La République en marche. D’après le porte-parole, ce dernier était « très ponctuellement mobilisé comme d’autres réservistes par le commandement militaire de la présidence de la République ».

      Au cours de l’intervention filmée le 1er mai, M. Crase a « outrepassé son autorisation de la même manière qu’Alexandre Benalla et a été sanctionné comme lui d’une mise à pied de quinze jours avec suspension de salaire », a déclaré Bruno Roger Petit. « Il a été mis fin à toute collaboration entre lui et la présidence de la République », a-t-il ajouté.

      et lui était armé ce jour là

      Toujours plus loin. @enmarchefr appelle à re-créer des milices à Nantes
      https://twitter.com/Nantes_Revoltee/status/1019531540756299777

      Pour le flicage généralisé transcourant c’est open bar. Se rappeller la #garde_nationale de Hollande, et noter qu’Hidalgo envisage de créer une police municipale armée à Paris
      https://seenthis.net/messages/708749

      On frappe à terre (Contrescarpe, Premier Mai), on abat d’un tir dans la nuque (Ababakar, Le Breil), on mitraille un fuyard (Luis, à Montargis, il y a un an), on écrase à plusieurs gendarmes un Noir jusqu’à l’étouffer à mort (Adama Traoré), c’est le panard de terroriser les déviants, les opposants (utilisation constante de grenades « de désencerclement » comme arme offensive lors de charges policières), d’écraser les faibles (innombrables condamnations à la prison, destruction des effets des migrants à la rue, tri social relancé par parcoursup, coupure d’eau des fontaines publiques, ..., ...). Ça pue.

      Le preneur de vue avait été gazé
      https://twitter.com/NicolasLescaut/status/991380127803170816

      L’incroyable dans cette affaire, c’est pas tant le maintien des traditions barbouzardes au sein de l’État -Salcon affiche ouvertement une grossièreté et une intransigeance qui sont un appel constant et réitéré à exercer la domination par tous les moyens nécessaires mais aussi tout simplement pour le plaisir - que cette généralisation d’un « effet Rodney King » où la multiplication des images et leur mise en circulation pèse d’un poids inédit (y compris contre les salariés, les manifestants, les mis en cause par la justice, etc.).

      Image encore, voilà que je trouve un autre Salcon s’amuse, faites en autant .

      #police #sécuritaire #décomplexé #préfet #Collomb #Elysée #barbouzes (aux petits pieds) #milice #nervis #vidéo #scandalisation #mdr

    • Un militant communiste accuse Alexandre Benalla de l’avoir frappé lors de la déclaration de candidature de Macron
      https://www.buzzfeed.com/davidperrotin/un-militant-communiste-accuse-alexandre-benalla-de-lavoir

      Ça fait du bruit, pour l’impunité c’est beaucoup moins pratique que les policiers anonymes et sans matricule, mais, rendez vous compte, c’est « la plus forte sanction jamais infligé à un collaborateur de l’Elysée : 15 jours de mise à pieds … » ( Bruno Roger-Petit, porte parole de la présidence).

      #observation_participante

    • LA MILICE DE MACRON - A propos de « l’affaire Benalla » -
      https://twitter.com/Nantes_Revoltee/status/1020035513909219328

      ...il y a aussi un troisième homme, lui aussi en civil, pas encore identifié, qui prend le relai de Benalla lorsqu’il exfiltre brutalement une jeune manifestante. Ces hommes semblent eux aussi se connaître, fonctionner ensemble. (...)

      Depuis mercredi, ce qui choque les #médias et la classe politique, ce ne sont pas les innombrables exactions commises contre les manifestants depuis des mois.

      Ces violences policières ont causé des centaines de blessures, et parfois des mutilations, et ont abondamment été filmées et documentées. Ce qui choque, c’est le caractère « non-règlementaire » des agressions commises par le milicien Benalla.

      Si les mêmes violences avaient été commises par les CRS ou la BAC, personne ou presque n’aurait réagi. Ce que les médias reprochent à Benalla et ses complices, c’est de ne pas avoir été officiellement policiers.

      @ellensalvi, Journaliste - Mediapart
      https://twitter.com/ellensalvi/status/1020048309740802049

      Quelque chose d’étrange dans la présentation que fait l’Élysée des fonctions d’#AlexandreBenalla.

      – Adjoint du chef de cabinet (poste déjà occupé par un autre)
      – En charge de la sécurité du président (responsabilité du seul patron du GSPR)

      Pourquoi a-t-il été recruté au juste ?

      Une SARL, des achats d’armes, un employeur/protecteur commun, pour cette affaire d’État.

      #milice #présidence

    • http://www.vududroit.com/2018/07/affaire-benalla-code-penal-quoi-faire

      Le comportement d’Emmanuel Macron est désarmant de sincérité. Le président de la République affiche un narcissisme permanent et infantile auquel vient s’ajouter un étonnant sentiment d’impunité. Et avec lui, aucune relâche, nous avons droit tous les jours à un épisode destiné à nourrir notre stupéfaction devant l’absence de limites du personnage. Il y a eu l’épisode qui a suivi la victoire française en Coupe du Monde de football, occasion à laquelle Emmanuel Macron a été incapable de se maîtriser, en a fait des tonnes de façon gênante, avant de signifier son égoïsme méprisant avec la confiscation de la descente du bus sur les Champs-Élysées. « Moi d’abord, les autres ne sont rien. »Il y a maintenant l’incroyable affaire qui concerne une espèce de « garde-du-corps-porte-flingue-conseiller » à l’Élysée auprès du chef et dont on apprend qu’il joue les nervis en allant casser du passant dans les rues de Paris. Une vidéo nous montre Monsieur Alexandre Benalla profitant d’un temps libre pour revêtir les signes liés à la fonction de policier et passer à tabac les gens qu’il soupçonne d’être des opposants à son patron. Au plan juridique, judiciaire et administratif, cette affaire est d’une gravité exceptionnelle. Elle s’est déroulée il y a plus de deux mois et demi et jusqu’à présent, la seule conséquence avait été une mise à pied de 15 jours de l’apprenti milicien !

      Ces psychopathes qui nous gouvernent.

    • @aude_v merci mais guère d’analyse de ma part, tout juste d’hypothétiques scénarios (et l’argent dans tout ça ? par exemple), et des extraits de presse et twitts

      Un aperçu d’un moment de #crise_de_régime, hier, selon Le Monde

      Dans cette ambiance électrique, l’agenda si bien huilé de l’exécutif est chamboulé. Les députés ont du mal à poursuivre l’examen de la révision constitutionnelle. Les incidents de séance se multiplient. Depuis une semaine, les débats sur cette réforme s’éternisaient, cette fois ils s’enlisent. A 18 heures, un conciliabule s’improvise dans la cour d’honneur du Palais-Bourbon. Après avoir quitté précipitamment le siège de LRM, Christophe Castaner échange avec François de Rugy, Richard Ferrand, Nicole Belloubet, Marc Fesneau, président du groupe MoDem, la présidente de la commission des lois, Yaël Braun-Pivet et la conseillère parlementaire d’Edouard Philippe.

      Des membres de cabinets ministériels sont également présents, « au bout de leur vie », relate un participant. Des députés de l’opposition immortalisent la scène sur Twitter. Tout le monde perçoit le désarroi du premier cercle. La crise se déroule à ciel ouvert.

      Aujourd’hui, outre la GàV du suspect (...) et son licenciement (la barbouze au petit pied doit changer d’appart, il loge à l’Élysée...), trois responsables #policiers sont suspendus #fusibles
      https://lemonde.fr/societe/article/2018/07/20/affaire-benalla-trois-responsables-policiers-ont-ete-suspendus_5333963_3224.

      Il s’agit de deux membres de la direction de l’ordre public et de la circulation à la préfecture de #police et d’un commandant chargé de faire la liaison entre la #préfecture et l’#Elysée.

      Ils étudient si bien les autonomes (et leurs propres troupes...) avec leurs observations participantes, ils pigent si bien ce qui se passe dans cette société filmée par tous les bouts qu’ils ont pas retenu que « pas vu pas pris » implique dans nombre de cas d’avoir à se masquer.

      edit La préfecture de police de Paris embarrassée et fragilisée par l’affaire Benalla, Soren Seelow et Julia Pascual

      Les policiers s’indignent qu’un «  observateur  » de l’Elysée ait pu outrepasser son rôle. Des cadres de la préfecture de police sont mis en cause.

      La stupéfaction le disputait à la colère dans les rangs des forces de l’ordre, jeudi 19 juillet, alors que l’« affaire Benalla », du nom de cet employé de l’Elysée surpris en train d’interpeller et de molester deux manifestants le 1er mai, affublé d’un casque de police, prenait l’ampleur d’un scandale. Alexandre Benalla, 26 ans, adjoint au chef de cabinet d’Emmanuel Macron, avait été suspendu deux semaines, puis réintégré au service de la présidence de la République. Une mansuétude incompréhensible pour bon nombre de policiers.

      Au-delà de son retentissement politique, cet épisode fragilise la préfecture de police de Paris (PP), chargée de l’organisation du maintien de l’ordre et de l’accompagnement des « observateurs », dont faisait théoriquement partie M. Benalla le 1er mai. Trois cadres de la direction de l’ordre public et de la circulation (DOPC), qui gère les manifestations dans le ressort de la PP, ont ainsi été suspendus jeudi soir à titre conservatoire : Laurent Simonin, un contrôleur général membre de l’état-major de la DOPC ; le commissaire Maxence Creusat, également membre de l’état-major ; et un commandant, chargé de la liaison entre l’Elysée et la PP. Ils sont soupçonnés d’avoir récemment fait parvenir un film de l’incident issu de la vidéosurveillance à l’employé de l’Elysée.

      Benalla connu des services de la préfecture

      D’après nos informations, la demande d’intégrer M. Benalla à la manifestation a en outre été faite directement par l’Elysée auprès de la DOPC, sans passer par le ministère de l’intérieur. Une autorisation sans doute facilitée par son statut particulier : M. Benalla, qui a travaillé durant la campagne présidentielle de M. Macron en tant que responsable de la sécurité, puis comme « chargé de mission » à l’Elysée, est en effet loin d’être inconnu des services de la préfecture.

      « Je l’ai croisé plusieurs fois pendant la campagne, confirme un commissaire de la PP, et il était très présent sur les déplacements présidentiels. » Ce n’est pas la première fois qu’il participait à un service d’ordre, ajoute David Le Bars, du Syndicat des commissaires de la police nationale (SCPN) : « Cela fait des mois qu’il est présent sur les gros dispositifs de maintien de l’ordre. Il participe aux briefings préliminaires et aux débriefings et vient avec sa radio, donne des orientations à des commissaires en jouant de sa qualité. »

      D’après les informations du Monde, M. Benalla était également présent au sein de la salle de commandement de la DOPC, le soir du 1er mai, lorsque le ministre de l’intérieur, Gérard Collomb, et le préfet de police, Michel Delpuech, ont rendu visite aux troupes. Mais selon une source policière, ce n’est que le lendemain, en découvrant les vidéos, que la haute hiérarchie de la PP aurait rapporté l’incident au ministère de l’intérieur.

      Lire aussi : Sous la pression, l’Elysée lâche Benalla

      Brassard et talkie-walkie

      Le 1er mai, M. Benalla était présent place de la Contrescarpe, à Paris. Le secteur est placé sous l’autorité déléguée du commissaire Maxence Creusat, qui a été suspendu jeudi soir. La vidéo qui a circulé sur les réseaux sociaux montre M. Benalla et l’un de ses proches — Vincent Crase, employé de La République en marche — participant à l’interpellation de deux manifestants, un jeune homme et une jeune femme. Selon une information du Monde, la présence de ce second collaborateur occasionnel de l’Elysée n’avait pas été autorisée par la PP, qui ne l’aurait découverte que jeudi 18 juillet, lorsque l’Elysée a dévoilé son identité au lendemain de la révélation du scandale.

      Sur plusieurs films, on aperçoit M. Benalla frapper un jeune homme et s’en prendre à une jeune femme, sous le regard passif de CRS. Comment expliquer que M. Benalla ait pu bénéficier d’autant de largesses dans son encadrement ? « L’Elysée, ça fout la trouille à tout le monde », lâche, prosaïque, Philippe Capon, du syndicat de gardiens de la paix UNSA-Police. « On n’est pas obligé de jouer les laquais de la présidence ! », s’étrangle un commissaire.

      Place de la Contrescarpe, ainsi que sur d’autres images prises dans Paris, un homme en civil accompagne M. Benalla sans jamais s’interposer : il s’agit pourtant d’un membre de l’état-major de la DOPC, Philippe Mizerski, chargé d’encadrer l’« observateur » de l’Elysée, et qui ne pouvait donc ignorer sa qualité. Jeudi, Jean-Luc Mélenchon a par ailleurs déclaré identifier « formellement » ce policier comme étant celui qui lui « a demandé (…) de [s]e retirer de la marche silencieuse », en hommage à Mireille Knoll, le 28 mars, où il avait été chahuté. Une vidéo atteste de la présence de ce fonctionnaire.

      Autre question soulevée par cette affaire : comment Alexandre Benalla a-t-il pu arborer un brassard de police, ainsi qu’en témoignent plusieurs vidéos ? La PP précise qu’elle dote les observateurs qu’elle accueille « de casques et de gilets pare-balles permettant d’assurer leur protection. » Les brassards de police ou la radio portative, en revanche, ne font pas partie du matériel attribué.

      « Des amateurs »

      Afin d’éclaircir ces aspects du dossier, le ministre de l’intérieur, Gérard Collomb, a annoncé, jeudi, au Sénat, avoir saisi l’inspection générale de la police nationale (IGPN). Cette enquête administrative vient en complément de l’enquête judiciaire ouverte jeudi matin par le parquet de Paris pour « violences par personne chargée d’une mission de service public », « usurpation de fonctions » et « usurpation de signes réservés à l’autorité publique », dans le cadre de laquelle M. Benalla et M. Case ont été placés en garde à vue vendredi. Le parquet de Paris a par ailleurs à son tour cosaisi l’IGPN pour mener l’enquête judiciaire.

      Ce n’est pas la première fois que M. Benalla témoigne de son goût pour les attributions régaliennes. Compte tenu de son rôle pendant la campagne présidentielle et à l’Elysée, il bénéficie d’une autorisation de port d’arme. D’après nos informations, la demande a été faite par l’Elysée auprès de la PP et a été satisfaite en octobre 2017. M. Benalla est donc connu du SDLP, le service de police spécialisé dans la protection des personnalités, et de son émanation le GSPR, chargé de la protection du président de la République.

      Sa situation ne manque pas, là non plus, d’interroger. « Depuis quand met-on des amateurs pour s’occuper de la protection du président alors qu’on a des policiers et des gendarmes qui sont des professionnels ?, interroge Jean-Paul Mégret, du Syndicat indépendant des commissaires de police. Résultat, on se retrouve avec des gens qui n’ont aucun sang-froid. » Un connaisseur de la question fait remarquer que « c’est la première fois depuis le général de Gaulle qu’on contourne les services officiels ».

      #vidéo #violences_policières

    • Non bis in idem.

      Je suis toujours atterré par la capacité de la presse à aboyer avec la meute. Et l’absence de mobilisation du moindre neurone…

      À propos du motif de licenciement d’A. Benalla, «  mais pas pour les événements du 1er mai  ». cf. p. ex.

      Alexandre Benalla. Le point sur l’affaire qui secoue l’Elysée - France - LeTelegramme.fr
      https://www.letelegramme.fr/france/alexandre-benalla-le-point-sur-l-affaire-qui-secoue-l-elysee-20-07-2018

      Alexandre Benalla n’est pas licencié pour les violences du 1er-Mai mais pour avoir reçu des enregistrements vidéo le concernant : il « aurait été destinataire d’un document de la préfecture de police qu’il n’était pas autorisé à détenir », explique l’Elysée.

      … on rappellera qu’il ne peut être licencié pour ce fait, puisqu’il a déjà été sanctionné. Même symboliquement (et encore…) N’importe quelle instance juridique, Tribunal Administratif, probablement, mais on ne sait rien de son contrat (on va certainement encore apprendre des choses…) et donc, peut-être Prud’hommes, quelle que soit la juridiction, l’employeur se ferait exploser un tel motif de licenciement. (note aux journalistes : c’est qu’il faut indiquer les 7 semaines de délai en plus du rappel de l’impossibilité de double sanction).

      On notera d’ailleurs que le motif retenu est tout à fait délicieux – et tombe à pic, un contentieux là dessus serait intéressant à suivre : si on appliquait une telle (future) jurisprudence Benalla, il manquerait rapidement une part considérable de la police et de la gendarmerie, étant donné les habitudes d’accès illégal au STIC, voire de commercialisation de ses infos (moisies…)
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Syst%C3%A8me_de_traitement_des_infractions_constat%C3%A9es#Fuites

    • Entre autres détails du Parisien,…

      Il est quasiment certain que l’identification du gugusse et la transmission au Monde sont issues de la #Grande_Maison.

      Les réseaux d’Alexandre Benalla au cœur de l’enquête - Le Parisien
      http://www.leparisien.fr/faits-divers/les-reseaux-d-alexandre-benalla-au-coeur-de-l-enquete-20-07-2018-7828155.

      Selon nos informations, le jeune chargé de mission a été aperçu mercredi soir en train de récupérer un CD-ROM contenant les fameuses vidéos, dans un bar du VIIIe arrondissement de Paris. Benalla comptait, semble-t-il, s’en servir pour préparer sa défense. Il va devoir s’en expliquer devant les enquêteurs. Dans l’attente, les trois policiers ont été suspendus administrativement à titre conservatoire.

    • Où l’on apprend que la @prefpolice conserve les images de vidéo surveillance au delà du délai maximal d’un mois.

      https://twitter.com/raphkempf/status/1020560892948344832
      Se découvrir filmé, après coups (prise par trois objectifs ici, sans compter la vidéo surveillance)

      Ça se complique pour les politiciens ? Une réponse à la défense de l’honneur de la police par la gauche représentative :

      Quand la vidéo est sortie le 1er mai, personne, jamais, n’a dit « ça peut pas être des flics, ils se comportent pas comme ça », pas @Francois_Ruffin, pas la FI. Personne.
      On y a tous vu que du feu, précisément parce qu’on sait qu’ils se comportent comme ça.

      https://twitter.com/Aur0rax/status/1020540665028136960

      #nervi #bouffon #barbouze_manquée #vidéosurveillance #boomrang

    • question que nul ne pose ?

      cf. mon message d’il y a 2 jours. Visiblement, l’incroyable grade de lieutenant-colonel, sans parler des (encore plus) incroyables avantages et rémunération, passe très très mal dans un corps qui n’a pas vraiment besoin de cette cerise pour avoir des états d’âme (dont l’expression est illégale…)

  • Gérard Collomb défend sa vision du maintien de l’ordre, Julia Pascual, Le Monde
    https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2018/06/08/gerard-collomb-defend-sa-vision-du-maintien-de-l-ordre_5311692_1653578.html

    Confrontés à de nouvelles formes d’affrontements, policiers et gendarmes tentent d’adapter leur méthode.

    On imagine qu’il y aura eu des nuages épais de gaz lacrymogènes, que les blindés auront fait des embardées et qu’à petites foulées les uniformes, sous les casques et les boucliers, se seront mus comme un seul homme vers l’adversaire… Vendredi 8 juin, au centre d’entraînement de la gendarmerie nationale à Saint-Astier (Dordogne), les démonstrations conjointes des gendarmes mobiles et des CRS devaient donner l’occasion au ministre de l’intérieur de se livrer à un exercice de communication sur l’évolution du maintien de l’ordre, alors que l’opération à Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) touche à sa fin et que la mobilisation contre Parcoursup s’essouffle. Deux événements dont la gestion est considérée par Gérard Collomb comme un « modèle pour l’avenir ».

    Un intermède avec ces superbes photos souvenirs de Saint-Astier
    https://www.francebleu.fr/infos/societe/dordogne-suivez-la-visite-du-ministre-de-l-interieur-gerard-collomb-15284

    Le maintien de l’ordre a, depuis quelques années, opéré sa mue. Bon gré, mal gré, marqué par la mort de Rémi Fraisse en 2014, tué à Sivens (Tarn) par un tir de grenade offensive ; la présence quasi systématique de black blocs depuis la loi travail de 2016, prêts à s’affronter aux forces de l’ordre, ou encore l’observation constante des fonctionnaires sous l’effet des caméras et autres smartphones. Pour M. Collomb, la période que nous vivons correspond à un moment de bascule, une occasion selon lui de « revisiter nos techniques, notre doctrine ». Police et gendarmerie ont d’ores et déjà cherché à s’adapter pour « réduire les tensions, prévenir les incidents », explique-t-on au ministère de l’intérieur. Cette démarche intervient également quelques mois après la parution d’un rapport du Défenseur des droits qui invitait à une gestion plus « pacifiée » du maintien de l’ordre.

    Des manifestations mieux anticipées

    « Hier, le maintien de l’ordre, c’était la réaction à une manifestation, résume le général Thierry Cailloz, sous-directeur de la défense, de l’ordre public et de la protection de la gendarmerie nationale. Aujourd’hui, on est dans une approche globale, on prend du recul pour gagner en anticipation. L’objectif, c’est de participer au processus de désescalade. »

    Cette anticipation se traduit notamment par la recherche d’une meilleure concertation avec des interlocuteurs identifiés, qu’il s’agisse de responsables d’université en amont d’une évacuation ou de syndicats avant un défilé. « A Notre-Dame-des-Landes, le rôle de médiation mené de bout en bout par la préfecture avec les franges institutionnelles des opposants a été important, souligne le colonel Richard Caminade, qui a piloté l’opération à Notre-Dame-des-Landes. Cela permettait de bien informer tous les intervenants et contribuait à faire redescendre la pression et le niveau d’agressivité de l’adversaire. »

    L’anticipation se décline aussi à travers un travail de renseignement. « A Notre-Dame-des-Landes, on s’est énormément investi aux côtés de la gendarmerie pour guider la manœuvre », souligne Hugues Bricq, chef du service central du renseignement territorial. Plus généralement, dit-il, « nous sommes montés en puissance dans l’identification des casseurs. Nous travaillons à la fois pour prévenir les risques et permettre d’orienter les interpellations lorsqu’il y a des troubles ». La présence d’agents des services de renseignement au sein des postes de commandement des opérations a été « généralisée », fait valoir le ministère de l’intérieur.

    Autre ligne directrice : le renforcement des mesures préventives, à l’image des contrôles d’identité et des fouilles de sacs effectués autour du périmètre de la manifestation sur la base de réquisitions judiciaires. « Ça n’est pas nouveau, mais ils ont pris une dimension systématique et plus qualitative, explique le général Cailloz. Ils servent à la fois un objectif de dissuasion et de détection [d’armes par destination]. » Lors de la dernière manifestation à Paris, le 26 mai, une quarantaine de personnes ont ainsi été interpellées à la suite de ces contrôles préliminaires. « A Notre-Dame-des-Landes, ces mesures ont également été mises en œuvre pour éviter les renforcements de la ZAD venus de l’extérieur », ajoute la Place Beauvau.

    La communication comme arme

    La communication fait désormais partie intégrante de la manœuvre [Subito, Monsieur Jourdain a compris qu’il faisait de la prose, ndc]. A l’heure des réseaux sociaux et des chaînes d’information en continu, « il faut que l’on soit en mesure de justifier l’emploi de nos moyens », poursuit le haut gradé. A Notre-Dame-des-Landes, la captation d’images au moyen de caméras, drones ou encore de l’hélicoptère a été « une priorité, de façon à pouvoir réagir aux accusations », rapporte le général Cailloz. Les médias traditionnels ont été alimentés en vidéos retraçant les opérations d’expulsion de la ZAD, comme à Paris, où chaque manifestation donne lieu à un compte rendu en temps réel et en images de la préfecture de police, destinés aux journalistes.

    Lire aussi : Déblayage et nouvelles expulsions dans la « ZAD » de Notre-Dame-des-Landes
    https://lemonde.fr/planete/article/2018/05/17/notre-dame-des-landes-une-nouvelle-phase-d-expulsions-de-la-zad-a-debute_530

    Interpeller les fauteurs de troubles

    Face à la montée en puissance de certains manifestants désireux d’aller à l’affrontement, « notre objectif ne doit pas être d’interpeller pour interpeller », défend Gérard Collomb. Si les interpellations de masse permettent de faire cesser un trouble, elles se traduisent assez faiblement par des sanctions pénales, faute d’éléments probants imputables aux personnes. Le 1er mai à Paris, par exemple, la préfecture de police a interpellé 283 personnes, parmi lesquelles « seulement » 47 ont été déférées devant l’autorité judiciaire. « Nous devons perfectionner nos techniques d’interpellation ciblées des fauteurs de troubles », encourage M. Collomb. La présence d’officiers de police judiciaire aux côtés des forces mobiles pendant les opérations, comme ce fut le cas à Notre-Dame-des-Landes, doit contribuer à atteindre cet objectif, de même que la présence de magistrats du parquet au sein des postes de commandement des opérations. Une réflexion conjointe aux ministères de l’intérieur et de la justice a également été lancée. Place Beauvau, on plaide pour étudier la possibilité d’intervenir en amont des manifestations, « sur la base d’infractions d’associations de malfaiteurs en vue de commettre des violences en réunion ou de participer à un attroupement armé ».

    Lire aussi : Maintien de l’ordre : ce que révèle le 1er-Mai
    https://seenthis.net/messages/691423

    et aussi : #Maintien_de_l’ordre : la stratégie de la désescalade,
    https://seenthis.net/messages/697257

    "intervenir en amont des manifestations, « sur la base d’infractions d’associations de malfaiteurs en vue de commettre " cela veut dire procéder à des perquisitions et arrestations préventives à domicile et dans des locaux politiques, telles qu’elles étaient pratiquées sous un Giscard finissant.
    Hier un manifestant nantais a été arrêté dans le cadre dune instruction, car il aurait tapé sur une marionette de Micron dont l’incendie a depuis servi de prétexte à la "mise en cause" de 3 personnes.

    On a une espèce de feuilleté, utilisation de l’extrême droite et de la police, surveillance "orwelienne", société de surveillance et république bananière, (..., ...,) dont on peut se me demander si il pourrait finir par tourner au flan.
    #gouvernement #police #renseignement #justice

  • « Le maintien de l’ordre est une science politique… », syndicat de police - Maintien de l’ordre : la stratégie de la désescalade, Julia Pascual, Le Monde #police, 25 mai 2018
    https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2018/05/25/maintien-de-l-ordre-la-strategie-de-la-desescalade_5304430_1653578.html

    Le préfet de police de Paris, Michel Delpuech, cherche à éviter les affrontements entre forces de l’ordre et black blocs.

    Le pavé parisien a toujours été un champ de bataille politique, mais depuis la mobilisation contre la loi travail, en 2016, il a vu le « cortège de tête » émerger et supplanter le carré syndical. Inhérent à cet ensemble hétéroclite de manifestants, le black bloc agrège des personnes vêtues de noir plutôt proches de la mouvance autonome et prêtes à s’en prendre à des symboles du capitalisme et aux forces de l’ordre. Devenues un rendez-vous d’affrontement systématique, ces manifestations parisiennes ont contraint les autorités à revoir leur façon d’appréhender le maintien de l’ordre.

    Dans le contexte du mouvement social actuel, le préfet de police de Paris, Michel Delpuech, cherche à privilégier une forme de désescalade. Nommé en avril 2017, il a, aussitôt après sa prise de fonctions, organisé le maintien de l’ordre de la manifestation du 1er Mai, au cours de laquelle des CRS ont été brûlés grièvement. « Je n’avais pas connu ce phénomène de blacks blocs à Lyon ou à Bordeaux ni l’impact que cela représente pour les forces de l’ordre », dit-il au Monde. L’image d’un CRS atteint par un cocktail Molotov et littéralement transformé en torche humaine avait fait à l’époque la « une » des médias, français et étrangers. « Cela a constitué un point de bascule », analyse un membre de l’encadrement CRS.

    Ça fait des années que des socioloques du travail policier et politoloques du maintien de l’ordre (Cf Jobard et diverses clique de fonctionnaires du conseil en préservation du monopole de la violence légitime) vantent la désescalade "à l’allemande" en matière de maintien de l’ordre, plus efficace et moins datée (grâce à l’expérience de la gestion des manifestations violentes en Allemagne qui n’ont pas cessé depuis les années) que la matrice contre insurrectionnelle française (même assortie de la doctrine du 0 mort, surtout en métropole et autant que possible)...

    Ils ont intérêt à s’y mettre. D’une part, ils ont manqué tué(à nouveau (remember Rémi Fraisse) des manifestants en avril 2017 à Paris, avec des centaines de tirs offensifs : lanceurs Cougard, grenades de désencercement, flash ball ; d’autre part, éviter le contact est pas idiot quand le molotov revient un peu en usage. C’est ainsi qu’ils ont levé le pied sur l’utilisation des bandes de baqueux en manif. Faut dire que c’est très mal ignifugé les fringues de civils face aux molotov ou aux diverses pyrotechnies aujourd’hui en usage. Il est même arrivé, rarement, que le contact s’assortisse - comme durant les 70’, mais guère depuis- de l’utilisation de barres par les manifestants, les affrontations à moyens moins inégaux c’est.. pas bon pour la police (hier pour arrêter un camion d’égoutiers par tes en action contre LREM en action, ils ont braqué). Bref...

    Après le "déconstruction" employé par la pref à propos des destructions à la ZAD (Derrida do not RIP), voici venue la "déconflixion" (c’est du Élias ?).

    Faut encore souligner pour finir que la terreur passe pas que par les armes, sauf à y inclure ces motifs d’accusation de "participation à bande/attroupement armés" qui peut viser toutes sortes de manifestants et badauds, ou intrusion dans un lieu public (qui peut viser toute sorte d’#occupations) encore plus souples et englobants que feu la loi anti-casseurs. La classique doctrine du "En frapper 100 pour en terroriser des millions".
    On a vu que depuis le 1er mai c’est le retour des arrestations de masse sur la base déliée sur la base d’accusations sans faits. (avoir des lunettes de piscine, du sérum, un parc, c’est participer à une attroupent armé en vue de, par exemple). On voit aussi quels sont loin de réussir à exploiter le modèle allemand, puisque au lieu d’isoler et frapper les plus "combattifs", ils ont aussi chargés le SO central des syndical le 1er mai, ou attrapé hors manif un prof syndiqué à lunettes de piscine et mis en garde à vue prolongée le 22 mai.

    #manifestations #cortège_de-tête #Maintien_de_l’ordre #police #justice #lois_d'exception_permanentes

    • Dans le contexte du mouvement social actuel, le préfet de police de Paris, Michel Delpuech, cherche à privilégier une forme de désescalade

      La “désescalade” à coup de tonfa et de grenades offensive, et en lâchant la BAC contre des lycéen∙ne∙s... j’ai comme un doute... sur le sérieux de l’article

  • Maintien de l’ordre : ce que révèle le 1er-Mai : Alors que la mouvance autonome n’a jamais été aussi nombreuse dans la rue depuis deux ans, la casse a été, dans les faits, limitée, Julia Pascual, Le Monde, 03.05.2018
    http://www.lemonde.fr/police-justice/article/2018/05/02/maintien-de-l-ordre-ce-que-dit-le-1er-mai_5293535_1653578.html

    Maintien de l’ordre : ce que révèle le 1er-Mai
    La présence d’un millier de black blocs dans le défilé parisien a relancé le débat sur l’efficacité des forces de sécurité. Mais la casse a été, dans les faits, limitée.

    Il a seulement fallu quelques instants pour que la mayonnaise politique monte. Quelques tweets à la viralité instantanée tandis que la manifestation parisienne du 1er-Mai voyait surgir des centaines de black blocs, manifestants vêtus de noir prêts à affronter les forces de l’ordre, à casser des vitrines à coups de marteaux et de burins, à incendier, là un concessionnaire Renault, ici un restaurant McDonald’s.

    « Insupportables violences contre la manifestation du 1er-Mai. Sans doute des bandes d’extrême droite », lance, contre toute vraisemblance, le leadeur de La France insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon, dans l’après-midi. « Faillite de l’Etat régalien », condamne le président des Républicains (LR) Laurent Wauquiez. « Inacceptable saccage de Paris par les milices d’extrême gauche, galvanisées par le laxisme du pouvoir », enfonce peu après la présidente du Front national (FN) Marine Le Pen. « On a laissé casser et saccager Paris, ce sont des images inédites depuis Mai-68 », n’hésite pas à trancher, là aussi contre toute vraisemblance, le député (LR) des Alpes-Maritimes Eric Ciotti.

    Le débat est lancé sur le maintien de l’ordre, matière éminemment inflammable en France. Et il va occulter la véritable dimension politique de ce 1er-Mai.

    « Le dispositif n’a pas été assez cadenassé »

    Le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, exige des « explications » et des « mesures » du ministre de l’intérieur [Gérard Collomb] et du préfet de police, ce dernier dépêchant une conférence de presse dès 18 h 30. Il est rejoint une heure plus tard par M. Collomb.

    Pressé d’éteindre la polémique qui enfle, le ministre promet des « poursuites » et des « condamnations » à l’encontre des fauteurs de trouble. En déplacement en Australie, le président de la République Emmanuel Macron tweete et, à son tour, « condamne avec une absolue fermeté les violences ».

    Mais l’incendie ne s’éteint pas. L’engrenage est lancé et, sans tarder, les syndicats de police viennent l’alimenter. L’UNSA-Police, troisième syndicat de gardiens de la paix, dénonce mercredi soir la « gestion des casseurs » et fustige l’attentisme du préfet de police : « On a dû attendre l’incendie du McDo pour que les consignes d’intervenir soient données… Le dispositif n’a pas été assez cadenassé », déclare David Michaux, responsable UNSA-CRS.

    « La question est de savoir si l’on est prêts à durcir les doctrines d’emploi en matière de maintien de l’ordre et à en assumer les conséquences », soumet à son tour David Le Bars, du syndicat des commissaires de la police nationale (SCPN).

    Le maintien de l’ordre a-t-il failli en ce 1er mai, première journée internationale des travailleurs de l’ère Macron ?

    Un bilan humain particulièrement faible

    Paradoxalement, cela faisait longtemps qu’il n’avait pas été aussi efficace. Face à 14 500 manifestants qui se sont désolidarisés du cortège syndical et ont pris la tête de la manifestation parisienne, face aux 1 200 black blocs qui ont progressivement émergé au milieu d’eux, la préfecture de police a déroulé un dispositif au point.

    Les forces de l’ordre se sont tenues à distance, pour ne pas constituer d’abcès de fixation et pour priver les plus déterminés de leur adversaire emblématique.

    Une fois les premières dégradations commises, le cortège de tête a été enserré par les forces de l’ordre, appuyées par les lanceurs d’eau que la préfecture de police, il y a peu encore, rechignait à employer dans la capitale, pour des raisons politiques qui renvoient à la mauvaise gestion d’une manifestation d’infirmières… en 1991.

    Pris en tenaille, le cortège de tête a été, mardi, rapidement stoppé dans sa progression. Quelque 200 personnes ont été interpellées. De cette masse considérable, combien seront traduits devant un tribunal correctionnel ? Difficile à évaluer tant il est compliqué d’identifier des responsabilités individuelles et pénales. Mercredi matin, une centaine d’entre eux avaient été placés en garde à vue.

    Quant au bilan matériel et humain de la manifestation, il apparaît particulièrement faible avec quatre blessés légers, dont un CRS, et une trentaine de commerces dégradés dont deux incendiés. Alors que la mouvance autonome n’a jamais été aussi nombreuse dans la rue depuis deux ans, la casse a été, dans les faits, limitée.

    Un défi à l’ordre politique

    La comparaison avec le 1er mai 2017 est saisissante : six membres des forces de l’ordre avaient été blessés – dont deux grièvement – ainsi que 168 manifestants, selon les équipes des « street medics », bénévoles qui prodiguent les premiers soins aux manifestants blessés.

    La préfecture de police semble avoir trouvé un modus operandi qui permet un minimum de dégâts. Ce qui est la clef de voûte du maintien de l’ordre « à la française ». Pendant la loi travail, qui a vu la résurgence de la mouvance autonome et son ascension en tête de cortège, les autorités ont tâtonné, semblant vouloir allier une gestion classique de la foule avec la volonté d’aller au contact, pour interpeller davantage de ces manifestants violents et indisciplinés qu’elles n’avaient pas l’habitude de gérer. Une stratégie périlleuse, tant le contact en manifestation est toujours générateur de risques : celui d’attiser les tensions, de provoquer l’affrontement, d’occasionner des blessés de part et d’autre.

    La polémique sur le maintien de l’ordre continue de prospérer politiquement. Mercredi, les députés du FN ont annoncé qu’ils demanderaient une commission d’enquête sur la sécurité du 1er mai à Paris, emboîtant le pas au premier secrétaire du PS, Olivier Faure qui, lui aussi, a demandé une commission d’enquête pour identifier les responsabilités dans « la chaîne de commandement » des forces de l’ordre.

    Ce faisant, chacun occulte la véritable teneur de ce 1er-Mai parisien. En réunissant 14 500 personnes, dont 1 200 black blocs, le cortège de tête n’a jamais autant semblé défier l’ordre politique. Car, en allant si nombreux au-devant du cortège syndical – qui comptait lui 20 000 personnes –, c’est bien de celui-là qu’il se détourne et se distancie.

    En plein mouvement contre la loi travail, au printemps 2016, le 1er-Mai avait réuni « 300 individus violents », d’après la préfecture de police. Un an plus tard, les forces de l’ordre comptaient dans la manifestation parisienne environ 800 personnes en tête de cortège, parmi lesquelles 150 black blocs.

    Le cortège autonome du 1er mai 2018 n’a, dans un passé proche, aucun précédent. Alors que M. Macron va souffler sa première bougie à la tête de l’Etat, cinquante ans après Mai-68, c’est un coup de semonce à méditer.

    #police #maintien_de_l'ordre

    • L’immonde des puissants et du maintien de l’ordre !
      Deux autres analyses :

      Le black blockisme comme nouvelle esthétique d’un monde en décomposition
      http://traversedesombres.unblog.fr/2018/05/03/le-black-blockisme-comme-nouvelle-esthetique-dun-monde-en-d

      Les accessoires les plus prisées sont le petit marteau (le gros, trop encombrant, sied mal au sac à dos) et le cocktail molotov ; les cibles sont précises : distributeurs bancaires, agence de voyages, assureurs. Pour prendre le dernier exemple en date : il s’agissait d’un Mac Do , multinationale détestant le versement d’impôts, adepte du monologue social et de surcroit ouvert un premier mai. Je répète : il s’agissait d’un Mac Do, multinationale détestant le versement d’impôts, adepte du monologue social et ouvert le premier mai. Des souvenirs émergent de ma mémoire de vieux con : je crois que José Bové pacifiquement bien sûr, avait démonté un Mac Do, il y a quelques années mais ce n’était pas du tout pareil...

      Il faut reconnaitre la capacité de ce mouvement à aider les chaines d’information continue à remplir leurs grilles de programme. C’est, en quelque sorte, une boite de production bénévole qui permet jusqu’à l’écœurement des retransmissions sur l’écrasement d’un burger, la combustion d’une grue, en direct, en différé, en arrière-plan. BFM Télé, LCI, Cnews, quand ils sont en panne de crimes affreux d’adolescentes violées, se jettent comme des hyènes sur ces images. Si les Blacblocks créaient leur agence, ils feraient fortune.

      En creux, ce mouvement interroge l’émiettement du corps social en marges croissantes et l’irritabilité en face d’un pouvoir qui se pose dans des évidences et des rétrécissements coupables comme par exemple la nation entreprise, la voix lactée managériale, la médiocrité et l’inculture érigées en religion.

    • Ce qui s’est passé le 1er mai est probablement une allégorie prémonitoire car la colère sociale est en train de gagner toutes les couches de la population et ce n’est pas le sourire commercial de l’intransigeant Emmanuel Macron qui pourra désamorcer une révolution qui s’annonce...
      Les ahurissantes réactions des grands medias, celles des « commentateurs de commentaires » et l’incompréhension incompréhensible de Jean-Luc Mélenchon, m’ont déterminé à préciser mon point de vue.

      Il est bien évident que la violence qui a explosé au nez des CRS et des Gendarmes mobiles n’est pas fortuite : elle est la réaction logique à la violence sociale du pouvoir bourgeois et à sa farouche volonté de saccager la plupart des conquêtes prolétariennes acquises difficilement et souvent au prix du sang, tout au long de notre histoire.

      Il est également évident que les jeunes vêtus de noir et le visage dissimulé par des capuches ou des cagoules ne sont pas des « voyous » ou des « bandits » qui se défoulent en cassant pour casser, afin d’aller piller les magasins...

      Il est aussi évident que ces groupes n’ont guère connu que les ères Sarkozy et Hollande, c’est à dire des moments de mise en coupe réglée de l’Etat ou bien d’une absurde compromission du pouvoir dit « socialiste » avec le patronat le plus pervers et le plus sournois que nous ayons connu !

      Pour eux, l’Etat est l’adversaire à combattre, ainsi que les signes extérieurs ostensibles du capitalisme tout puissant.

      Il est enfin malheureusement évident que toute une jeunesse a pris acte de l’impuissance des syndicats, de leurs mortelles divisions, et de la balkanisation absolue des forces de gauche...dont le fleuron « insoumis » en est réduit à faire de la figuration comme les hallebardiers dans les opérettes du Chatelet.

      Dans ces conditions, l’occasion présentée par ce 1er Mai (fête du travail) a semblé opportune pour indiquer aux exploités, aux bernés, aux humiliés, aux exclus, la voie à suivre ...avec une démonstration sur le lieu même du défilé pour rien, d’un échantillon de l’action révolutionnaire, dont la nécessité commence à apparaître de plus en plus nettement.

      On n’a pas pris la Bastille avec des simagrées.

      https://blogs.mediapart.fr/vingtras/blog/030518/black-blog

  • La police confrontée à des difficultés de recrutement, Julia Pascual, LE MONDE | 09.02.2018
    http://www.lemonde.fr/police-justice/article/2018/02/09/la-police-confrontee-a-des-difficultes-de-recrutement_5254237_1653578.html

    Alors que les renforts en effectifs ont été multipliés par dix en l’espace de cinq ans, l’institution peine de plus en plus à attirer des profils de qualité.

    Réclamés à tous les échelons de la police nationale, de la base au commandement, les renforts en effectifs sont un des piliers de la réforme de la sécurité publique, lancée jeudi 8 février par le ministère de l’intérieur. Pour remettre les forces de l’ordre sur le terrain, Gérard Collomb a déclaré que, « dans les cinq ans qui viennent, nous allons créer 10 000 postes » dans la police et la gendarmerie.

    Dans un contexte de menace terroriste, les recrutements étaient déjà repartis à la hausse sous le précédent quinquennat avec près de 9 000 créations de postes. Un changement de braquet radical, après les années de rigueur de la RGPP (Révision générale des politiques publiques). « Alors qu’on a recruté moins de 500 élèves gardiens de la paix en 2012, on en a pris 4 800 en 2016 et 4 700 en 2017 », témoigne Philippe Lutz, ‎directeur central du recrutement et de la formation de la police nationale. Cette année, un concours exceptionnel, en plus de la session ordinaire, doit se tenir en mars, comme ce fut le cas déjà en 2016, après les attentats.

    Cette montée en puissance ne se fait pas sans difficultés. « Les gouvernements n’ont pas recruté de façon régulière et, maintenant, ils veulent massivement combler les trous, quitte à prendre des policiers qui ne savent pas réfléchir, s’alarme un fonctionnaire qui intervient en école de formation. Devant les élèves, on lutte. Au niveau de l’expression, du vocabulaire, de l’orthographe… Il y a aussi des choses qu’ils n’intègrent pas au niveau procédural, sur ce qu’ils peuvent faire ou pas. Ils ont besoin d’être encadrés en permanence. S’ils sont livrés à eux-mêmes sur la voie publique, ça va être compliqué. » « On ne peut pas impunément multiplier par dix le nombre d’élèves recrutés. Il est logique que la qualité soit plus diffuse », concède M. Lutz.

    Tensions plus fortes sur le deuxième concours

    Actuellement, le recrutement de gardiens de la paix se fait par deux voies, à peu près à parts égales : un concours externe ouvert à partir du niveau bac et un concours interne, auquel se présentent principalement des adjoints de sécurité, les anciens emplois jeunes de la police, accessible sans condition de diplôme. C’est notamment sur ce dernier concours, au niveau de l’Ile-de-France, que les tensions les plus fortes se font sentir. Plusieurs sources syndicales assurent que le niveau d’admission a été abaissé. « L’an dernier, ils ont pris des candidats en dessous de 8 de moyenne au concours », rapporte l’une d’elles. Malgré cela, en 2017, environ 400 postes n’ont pas été pourvus.

    « LE CONCOURS N’ATTIRE PAS DES PERSONNES AYANT LE NIVEAU DE LE PASSER », LE SYNDICAT VIGI
    M. Lutz se dit « vigilant » et reconnaît avoir dû, l’an passé, « repousser les dates limites de dépôt de candidature, car nous étions en retrait par rapport au nombre attendu ». Près de 24 000 personnes se sont portées candidates en 2017. L’engouement massif qui s’était manifesté après les attentats a fait long feu. « En 2016, lors du concours exceptionnel, nous avions eu 35 000 candidats, mais c’est un pic qu’on n’a jamais retrouvé », dit M. Lutz. Il tempère en outre le succès de cette moisson : « Les candidats n’avaient pas forcément le profil qu’on attendait. Ils étaient surtout dans la réaction aux événements terroristes. Or, on ne va pas à la DGSI en sortant de l’école. Le quotidien, c’est la police secours, les cambriolages, les troubles de voisinage, les violences conjugales… »

    « Un métier dangereux et difficile »

    « Le concours n’attire pas des personnes ayant le niveau de le passer », tranchait jeudi dans un communiqué le syndicat Vigi (ex-CGT Police). Plusieurs facteurs peuvent contribuer à tarir le vivier de recrutement, en particulier le système d’affectation des policiers. Alors que la majorité des élèves gardiens de la paix sont des jeunes originaires de villes de moins de 5 000 habitants – la région Hauts-de-France fournit le plus important contingent –, ils sont pour 70 à 80 % d’entre eux affectés en région parisienne, notamment dans des quartiers difficiles, contraints d’y demeurer cinq à huit ans avant de demander une mutation. Un aspect qui peut rebuter. « C’est un métier dangereux et difficile », ajoute Philippe Capon, secrétaire général du syndicat de gardiens de la paix UNSA Police. Il évoque, pêle-mêle, les suicides de fonctionnaires, les heures supplémentaires, le manque de moyens, l’affaire Théo, la mort de Xavier Jugelé, tué lors d’une attaque terroriste sur les Champs-Elysées…

    La police nationale est aussi concurrencée par d’autres recruteurs tels que la gendarmerie nationale, la police municipale ou encore la sécurité privée. Pour remédier au manque d’attractivité des postes en Ile-de-France, le directeur général de la police nationale, Eric Morvan, a annoncé jeudi réfléchir à des aides au logement et au transport ainsi qu’à ouvrir le concours interne aux agents de la fonction publique. Le ministère de l’intérieur envisage aussi de réformer les épreuves du concours externe, pour donner plus de poids à l’entretien oral par rapport à l’étude de texte ou au test de questions/réponses. Un chantier qui n’est pas sans risque. « Le but, ce n’est pas de faire la dictée de Bernard Pivot, résume M. Lutz. D’un autre côté, il faut se rappeler que ces fonctionnaires vont faire de la procédure, prendre des plaintes… »

    La formation, enjeu de la police de sécurité quotidienne , Julia Pascual, LE MONDE | 09.02.2018

    Avec le lancement de la police de sécurité du quotidien, le ministère de l’intérieur a ouvert un chantier sur l’apprentissage du métier de policier.

    Le gouvernement veut professionnaliser le tutorat dès la prise de poste des gardiens de la paix.
    Une « refonte totale de la formation des gardiens de la paix ». En lançant la police de sécurité du quotidien, jeudi 8 février, le ministère de l’intérieur a ouvert un chantier sur la formation. Il est question de modules densifiés ou nouveaux, relatifs à la « connaissance de l’environnement local » ou aux « échanges avec la population ». « Beaucoup de choses sont déjà en place », prévient Philippe Lutz, le directeur central de la formation et du recrutement de la police nationale. « Les policiers sont déjà sensibilisés à la relation police/population, confirme un formateur. On l’aborde dans plusieurs cas, le contrôle routier, le différend familial, la victime d’un vol… Et puis, discuter avec quelqu’un d’autre, ça fait partie de l’éducation. »
    Lire aussi : Police de sécurité du quotidien : « 30 quartiers bénéficieront de moyens supplémentaires », déclare Gérard Collomb au « Monde »

    Ancien policier devenu sociologue – il écrit une thèse sur la formation des policiers –, Jean-Michel Schlosser estime au contraire que les nouveaux fonctionnaires « sont très peu, voire pas du tout, formés à la connaissance des problèmes socio-économiques qu’on va leur demander de gérer ». « Des choses existent dans la mallette pédagogique, reconnaît-il, mais la réalité, c’est que c’est plutôt de la présentation et pas de la formation véritable. Elle est faite par des policiers, ce qui, malgré leur professionnalisme, ne suffit pas. Le ministère de l’intérieur est très fermé au monde des sciences humaines. Il y a des tentatives, avec des psychologues ou des sociologues, mais ça reste la portion congrue. »
    Muscler la formation initiale
    Quid, par ailleurs, du travail de police en banlieue, où la majorité des gardiens de la paix sont parachutés à la sortie de l’école ? Aujourd’hui, son appréhension se résume à un module sur les violences urbaines. Pour muscler la formation initiale des élèves policiers, deux mesures principales ont été annoncées jeudi. Des modules d’« adaptation au premier emploi » d’une durée de trois semaines devraient voir le jour, pour préparer les gardiens à la spécificité de leur futur poste. « La formation initiale ne permet pas de voir toutes les facettes du métier, justifie M. Lutz. Des modules sur la police aux frontières et les CRS fonctionnaient, mais on n’avait quasiment rien pour la sécurité publique et pour l’investigation, qui nécessite de comprendre la complexité de la réflexion juridique. »
    Le gouvernement veut aussi « professionnaliser » le tutorat des gardiens de la paix lors de leur prise de poste. « Cela permettra de leur présenter le quartier, ses spécificités, les différentes communautés… », a esquissé, jeudi, Rachel Costard, directrice de la formation et du recrutement en Ile-de-France. L’enjeu des chantiers ouverts, selon M. Lutz, « c’est que l’intégration de quelqu’un de Rodez qui se retrouve en poste à La Courneuve se passe le mieux possible ».
    Lire aussi : La police confrontée à des difficultés de recrutement

    « Aujourd’hui, lorsque l’élève policier arrive en service, c’est un peu le “sac de sable”, résume Damien Cassan, professeur à l’université de Suffolk (Grande-Bretagne), qui a réalisé sa thèse sur la socialisation professionnelle des policiers en France et au Royaume-Uni. Il reste à l’arrière de la voiture. Il y a l’idée que c’est l’expérience qui fait l’expertise. L’apprentissage du métier est très diffus. » Pour M. Lutz, il faut une meilleure continuité entre la sortie d’école et les premiers pas en commissariat, « sinon, ce qui a été appris en école peut être remis en cause par la culture du terrain ».

    #police

  • Les émeutes de 2005 vues comme une épidémie de grippe, Julia Pascual, LE MONDE SCIENCE ET TECHNO | 22.01.2018
    http://www.lemonde.fr/sciences/article/2018/01/22/les-emeutes-de-2005-vues-comme-une-epidemie-de-grippe_5245339_1650684.html

    Modèles de la vague d’émeute de 2005 en fonction des départements. Les événements (en gris) et les courbes de prédiction mathématique (en rouge). Nature

    Il n’y a pas eu d’embrasement généralisé, mais une extension de la violence de proche en proche dans les banlieues pauvres.

    Les violences urbaines de 2005, qui ont secoué les banlieues françaises pendant trois semaines, se sont propagées sur le territoire comme une épidémie de grippe. C’est ce qu’est parvenue à identifier et modéliser une équipe pluridisciplinaire de sept chercheurs, réunissant des sociologues, des physiciens, des mathématiciens et un informaticien.

    Les résultats de leurs travaux ont été publiés le 8 janvier dans la revue Scientific Reports, du groupe Nature. Les auteurs montrent que ces émeutes, « les plus longues et les plus étendues géographiquement d’Europe contemporaine », ont agi comme un virus, contaminant des émeutiers de proche en proche, et se déplaçant sur de longues distances sans que les émeutiers eux-mêmes ne se déplacent : parties de Clichy-sous-Bois, où deux jeunes garçons sont morts électrocutés alors qu’ils cherchaient à échapper à un contrôle de police, elles ont peu à peu gagné d’autres communes d’Ile-de-France.

    Il n’y a donc pas eu d’embrasement généralisé ni simultané mais une « diffusion sur la base d’une proximité géographique » qui a généré « une sorte de vague d’émeutes autour de Paris », peut-on lire dans l’article.

    Effet de proximité

    « Les gens sont influencés par ce qui se passe près de chez eux. La tendance à rejoindre l’émeute est d’autant plus grande qu’il y a des émeutes à proximité. Cela produit un déplacement de la vague, c’est assez étonnant, explique l’un des auteurs, le physicien Jean-Pierre Nadal, du CNRS et de l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS). Alors qu’à l’époque, on avait l’impression que les émeutes se déroulaient un peu partout et en même temps, en fait elles durent deux ou trois jours à un endroit, ­elles se renforcent, puis elles décroissent de manière douce, même à ­Clichy-sous-Bois. Cela a fonctionné comme une ola dans un stade. »

    Cette observation relativise l’impact des moyens de communication modernes : « On pense souvent que ce sont les médias qui ont un pouvoir d’influence mais notre étude montre que les émeutiers semblent plutôt adopter une démarche rationnelle et ne s’engagent dans une émeute que s’ils ­savent qu’ils vont se retrouver en nombre suffisant, fait remarquer le mathématicien Henri Beres­tycki (EHESS), coauteur de l’étude. C’est ce que permet une diffusion de proche en proche, comme en épidémiologie. L’influence à plus longue distance vient se rajouter dans un second temps. »

    Pour identifier le phénomène de contagion, les chercheurs ont eu accès à une large base de données de la police, répertoriant tous les incidents – jets de pro­jectiles contre la police ou les pompiers, incendies de voitures, de poubelles, de bâtiments publics… – enregistrés dans toutes les communes de plus de 20 000 habitants, entre le 26 octobre et le 8 décembre 2005, ce qui couvre la période des émeutes et deux ­semaines au-delà.

    Ouvrir les données

    C’est aussi cette quantité de données à l’échelle de tout un pays qui fait l’intérêt de l’étude. D’autres travaux, portant par exemple sur les émeutes ethniques des années 1960 aux Etats-Unis, mettaient au jour la propagation des confrontations à l’intérieur d’une ville, à la façon d’une grippe. Mais elles ne permettaient pas, par exemple, d’étudier la diffusion des émeutes d’une ville à une autre. « Ces travaux montrent l’importance d’ouvrir les données à la ­recherche », souligne Marc Barthélémy, physicien des systèmes complexes à l’Institut de physique théorique (Saclay), qui n’a pas participé à l’étude.

    En s’appuyant sur un modèle épidémiologique de propagation, les chercheurs sont parvenus à reproduire la dynamique spatio-temporelle des émeutes. Pour donner à voir l’amplitude des violences de 2005, ils ont introduit dans leur équation une variable sociologique : après avoir testé plusieurs catégories de population, ils ont retenu la taille, dans une commune, de celle des jeunes entre 16 et 24 ans, sans diplôme et hors du système scolaire. Marc Barthélémy valorise cet apport : « On modélise depuis longtemps certains phénomènes à la façon d’une épidémie, à l’image de la propagation d’une rumeur. Ce qui est nouveau, c’est de la relier à un aspect socio-économique. Cette étude trouve l’indicateur qui détermine la population susceptible de répondre à la “maladie” ».

    « C’est un ingrédient important, souligne à son tour Jean-Pierre ­Nadal. L’émeute ne touche que les quartiers défavorisés, qui forment un réseau dense en région parisienne, et elle meurt au-delà. » C’est donc cette « géographie de la pauvreté qui permet la diffusion continue des émeutes comme une vague », appuie à son tour le sociologue du CNRS et coauteur de l’étude Sebastian Roché. Il met en avant l’intérêt d’une telle modélisation pour les pouvoirs publics : « La propagation de la violence à la suite d’une intervention de police est liée aux conditions socio-économiques, et cela doit être intégré à une nouvelle manière de faire de la police dans les quartiers sensibles. »

    #émeutes #contagion #Sebastian_Roché #expertise #maintien_de_l'ordre

  • A Vienne, la tension entre jeunes et police vire au drame, Julia Pascual, Le Monde 26.12.2017

    Un Isérois de 19 ans a été fauché par un train alors qu’il voulait échapper aux forces de l’ordre.

    Il étale les feuilles pour se donner une idée de leur nombre. La table ne les contient pas toutes. Le calcul serait fastidieux mais, à vue de nez, il y en a pour plusieurs milliers d’euros d’amendes. Une fortune pour Louness, ce jeune de 19 ans, sans emploi. A Vienne (Isère), une commune de 30 000 habitants en bordure du Rhône, à 30 kilomètres au sud de Lyon, les jeunes sont des collectionneurs d’un genre méconnu. Ils accumulent les procès-verbaux. Mauvais stationnement, non-port de gants ou de casque homologué, plaque d’immatriculation non visible, circulation en sens interdit ou en dehors de la chaussée… Louness dit qu’il détient le record de verbalisations dans la cité de l’Isle. Rien qu’en 2017, la Poste lui en a acheminé plus de quarante. En réalité, chacun veut se croire le numéro un de la discipline, mi-héros d’une subversion nonchalante, mi-victime d’un système qui s’acharne. A bord de leur deux-roues, de celui du copain ou même à pied.

    Walide, un jeune d’Estressin, une autre cité de la ville, assure cumuler quelque 40 000 euros d’amendes. Ce qui l’a fait glisser dans un fatalisme précoce : à 23 ans, il dit qu’il ne travaillera jamais, pour ne pas voir son salaire saisi par le Trésor public. Jeune majeur et déjà débiteur insolvable. « Les baqueux [policiers de la brigade anticriminalité] disent : “Tu te démerdes, tu prends un échéancier, tu paieras toute ta vie” », rapporte Amine, 24 ans, qui habite la cité de l’Isle. « Pour la police, c’est comme un jeu sur PlayStation, résume Walide. Et même s’ils mettent trente amendes par jour, ça reste légal. »

    Louness l’illustre par l’exemple. Le 2 mars 2017, à 12 h 40, foi de PV, la police nationale l’aurait vu simultanément en train de déverser du « liquide insalubre » sur la voie publique – un crachat ? –, déposer une ordure – une cannette ou un mégot ? – et aussi émettre du bruit portant « atteinte à la tranquillité du voisinage ». « Une nuisance sonore, à midi quarante ! », s’exclame Louness. « Pour toutes ces amendes, la vie de ma mère, ils sont jamais descendus de leur voiture, ou très rarement », jure Amine. « Ils nous disent pas qu’ils nous verbalisent, ils font ça dans notre dos », appuie Louness. A Vienne comme ailleurs, jeunes de cités et forces de l’ordre s’affrontent et se toisent depuis leur monture. Dans ce duel, le carnet à souches est une arme de choix. « Parfois, ça leur permet de se venger, croit Walide. Quand ils n’arrivent pas à attraper quelqu’un dans une course-poursuite, ils mettent des amendes à un autre. » Au cœur du quartier de l’Isle, derrière la vitrine de sa boulangerie, où convergent les jeunes de moins de 30 ans tous les après-midi, Sabrina observe ce « jeu du chat et de la souris ». « On se dit au début que ce sont les jeunes qui ont envie de jouer, reconnaît-elle. Mais en fait, les policiers provoquent aussi, et après, c’est un cercle vicieux. »

    « Pris en chasse »

    L’après-midi du mardi 21 novembre, le « jeu » a viré au drame. Pris en faute après avoir roulé sur la voie publique avec un quad, Joail Zerrouki, 19 ans, a voulu échapper à la police municipale. Il a enjambé un portail et s’est retrouvé sur la voie ferrée qui relie Lyon à Vienne. Un train l’a fauché. Il est mort sur le coup.

    Le jour du décès du jeune homme, une proposition de loi « tendant à faciliter la répression des rodéos motorisés » avait été déposée au Sénat. Symbole archétypal des « nuisances » et « incivilités » que dénoncent régulièrement certains élus des quartiers populaires, le quad est aussi un objet de frime prisé par la jeunesse, des champs comme des cités.

    Joail Zerrouki avait acheté le sien à son ami Omar. Et demandé à Walide, un brin mécano, qu’il lui remette en état de marche. Une histoire de bloc-moteur défectueux. Le 21 novembre, il venait de le récupérer et, « kéké » de son temps, aurait fait des « roues arrière » sur la deux fois deux-voies qui longe le Rhône, au mépris de la loi. C’est le maire Les Républicains de la ville, Thierry Kovacs, qui le rapporte. Des policiers municipaux l’auraient aperçu et « pris en chasse ». « Sauf qu’il a dû se retrouver en panne. Il a laissé le quad et pris la fuite », reconstitue M. Kovacs.

    Même si l’activité pénale de sa juridiction est plutôt tournée vers les zones de sécurité prioritaires du nord du département et les « go-fast » chargés de cannabis qui font la navette entre Marseille et Lyon, le procureur de Vienne, Jérôme Bourrier, a identifié cette « forme d’incivilité ou de délinquance » en deux-roues. De même, il observe la « spirale qui frappe beaucoup de jeunes majeurs », dans laquelle une conduite sans permis ou dangereuse alimente un refus d’obtempérer qui débouche à son tour sur un excès de vitesse, etc. « Le rapport de la police avec la jeunesse des cités est à Vienne comme il est ailleurs, je ne pense pas qu’il faille ici y voir un lien de causalité pertinent », dit-il toutefois, interrogé sur le contexte entourant la mort de Joail Zerrouki.

    Le Rhône d’un côté, la voie ferrée de l’autre

    Le 21 novembre, alors que le jeune homme a laissé son quad en panne stationné sur un trottoir, l’équipage de police municipale prend attache avec la police nationale pour signaler plusieurs contraventions routières – conduite dangereuse d’un véhicule non homologué, défaut de feux, mauvais stationnement… – et obtenir une mise en fourrière.

    Comme ses amis Louness et Walide, Joail Zerrouki connaissait la musique. Après sa mort, sa mère a encore reçu des PV à son nom. A bord du MBK du copain, du Yamaha d’un autre, il avait déjà franchi les frontières qui circonscrivent le code de la route. C’est la police nationale qui souvent le verbalisait mais sa mère, Fatima Zerrouki, assure que « ce n’est pas la première fois que les municipaux lui couraient après ».

    Joail Zerrouki est né, a grandi et est mort à Vienne. Il était connu des services de police, selon l’expression consacrée. Sans avoir commis de délits graves, il avait, mineur, connu son lot de problèmes avec la justice. A la mairie aussi, Thierry Kovacs dit « connaître la famille ». Le père purge une peine de sept ans de prison pour trafic de stupéfiants. « J’ai reçu la mère quand j’étais adjoint au logement », dit-il. Elle avait alors obtenu un logement social dans la cité de l’Isle, dont elle avait depuis été expulsée pour impayés. Après le drame du 21 novembre, le maire de Vienne a fait remonter par ses services les signalements du jeune homme par les médiateurs de la commune quand il était collégien. Il avait arrêté l’école à 16 ans. « Il ne tenait pas en place, se souvient sa mère. Mais il aimait s’instruire, faut pas croire. Mon fils, il avait un avenir. » Le jeune homme était sur le point d’obtenir son brevet d’aptitude aux fonctions d’animateur (BAFA).

    Ce 21 novembre, comme d’ordinaire à 16 heures, il doit faire de l’aide aux devoirs au centre social d’Estressin. Mais avant Joail Zerrouki veut récupérer son quad. Alors il retourne au bord du Rhône avec des copains. Il y a là Walide, Messaoud, Paul et Sandry, venus négocier avec les municipaux. Lui reste en retrait dans un premier temps. Sur place, les trois agents se montrent catégoriques. L’engin doit partir en fourrière pour « destruction », leur aurait dit l’un d’eux. Les garçons réalisent alors que le quad est « foutu ». « Les roues ont été crevées, des câbles électriques ont été arrachés, la poignée de frein a été tordue… », se souvient Paul. Un des policiers reconnaîtra plus tard avoir commis ces dégradations. Une enquête a été ouverte par le parquet.

    Entre les jeunes et les policiers, la tension monte. « Il y a des mots, “va te faire enculer” », rapporte le maire. Joail Zerrouki se rapproche. Un policier sort sa gazeuse, il recule. Un autre équipage de la police municipale, qui cherchait le conducteur du quad, arrive en voiture au même moment. Il y a donc six policiers sur place, soit près de la moitié des effectifs de la ville, qui compte quatorze agents. Joail Zerrouki est désigné à l’équipage en renfort. Il détale. Et est aussitôt coursé. La suite tient à peu de chose, et notamment à la topographie des lieux, enserrés entre le Rhône d’un côté, et la voie ferrée de l’autre. Pour échapper aux policiers, il veut traverser les rails. Walide et Messaoud remontent dans leur voiture pour le retrouver de l’autre côté de la voie, dans une rue adjacente. Mais la police les imite et les y retrouve, rendant impossible son échappée. « Je lui ai dit de venir mais il a fait demi-tour parce que deux policiers arrivaient à pied », dit Messaoud. Joail Zerrouki s’est retrouvé « pris en tenailles ».

    D’après les éléments rendus publics par le parquet, le garçon a été percuté par un train aux alentours de 14 h 52. Rendus près de la voie, les policiers municipaux ont vu le train à l’arrêt, mais ils n’auraient pas fait le lien avec celui qu’ils poursuivaient. « Ils n’ont pas compris », dit le procureur. Alors que le quad était hissé sur une dépanneuse pour être amené à la fourrière, ils ont quitté les bords du Rhône. Ce sont les secours qui avertiront à 15 h 15 la police nationale.

    Paix sociale

    Lors d’une conférence de presse donnée deux jours après les faits, le vice-procureur François-Xavier Dulin a estimé qu’« à ce stade, rien ne permet d’affirmer que les policiers sont intervenus dans l’accident (…). Ils ont cessé de (…) poursuivre [Joail] vu la dangerosité » des lieux. Le parquet a ouvert une information judiciaire en recherche des causes de la mort. Gilles Devers, l’avocat de la mère du garçon, fait une autre analyse : « Notre analyse nous amène à considérer que les faits relèvent de la destruction de bien, d’une non-assistance à personne en danger et d’un homicide involontaire. »

    A Vienne, la sécurité est un des piliers forts de la politique du maire. En novembre, les effectifs de la police municipale s’affichaient en couverture du magazine municipal. Sur quatre pages, il y était vanté l’augmentation de leurs effectifs, de leur armement et de la vidéoprotection.

    Après la mort de Joail Zerrouki, le maire a demandé à l’association qui gère les centres sociaux de la ville de « réfléchir à une politique jeunesse » dans le quartier de l’Isle. Il a proposé aux amis de la victime de monter une association et se dit prêt à leur donner des subventions et un local, « tant que c’est paritaire et pas communautariste ». Un peu de paix sociale. « Ce sera pour les darons qui arrivent pas à remplir les papiers et les jeunes qui arrivent pas à écrire des CV », imagine Amine. Elle s’appellerait « les rêves de Joail ».

    #sécurité #police #cité #persécutions_policières #refus_de_contrôle #fuite

  • Statistiques sur les assassinats policiers

    1961-2016

    Homicides, accidents, « malaises », légitime défense : 50 ans de morts par la police
    Ivan du Roy, Ludo Simbille, Basta, 13 mars 2014
    https://seenthis.net/messages/236788

    2000-2014

    Ceci n’est pas une bavure. 2000-2014 : 127 personnes tuées par la police française
    Paris-Luttes Info, le 24 novembre 2016
    https://seenthis.net/messages/510906

    2005-2015

    Urgence-notre-police-assassine en toute impunité
    http://www.urgence-notre-police-assassine.fr/123663553

    2007-2017

    En 10 ans, 47 décès liés aux violences policières, aucun fonctionnaire en prison
    Maxime Grimbert, Street Press, le 23 mai 2017
    https://seenthis.net/messages/601067

    1977-2018

    En quarante ans, 478 morts à la suite d’interventions policières
    Ivan du Roy, Ludo Simbille, Basta, le 14 juin 2018
    https://seenthis.net/messages/702265

    –------------------

    A propos des #Etats-Unis (et discussion sur la comparaison avec la France) :

    The Counted (2015-2016)
    The Guardian
    https://seenthis.net/messages/397203

    #statistiques #France #Police #Violence_policière #brutalité_policière #Assassinats_policiers #racisme #racisme_systémique #racisme_d_Etat #recension #justice #impunité

  • Homme abattu par un policier à Paris : la famille se défend de toute agression
    Le Parisien - Nicolas Maviel avec Benoît Hasse|27 mars 2017, 20h29 | MAJ : 27 mars 2017, 22h14
    http://www.leparisien.fr/paris-75019/un-policier-abat-un-assaillant-a-paris-la-famille-se-defend-de-toute-agre

    L’intervention de la Bac dimanche soir dans un appartement du XIXe arrondissement s’est soldée par la mort d’un occupant tué par l’un des policiers. Ces derniers invoquent la légitime défense mais sa famille assure que l’homme était en train de découper des poissons.

    Que s’est-il passé réellement ce dimanche soir rue d’Aubervilliers (XIXe) dans la résidence Villa Curial ? Un homme de 56 ans, Shaoyo Liu, a été abattu par un policier de la BAC (brigade anticriminalité), lors d’une intervention à son domicile pour « différend familial ». Malgré des massages cardiaques, ce père cinq enfants est décédé. Mais les versions, celle de la police et de la famille, sont pour le moins opposées.

    Pour les forces de l’ordre, sollicitées par police secours, la victime a attaqué l’un des membres de la BAC au thorax avec une paire de ciseaux et l’un de ses collègues a réagi sous la menace en faisant usage de son arme. « Le 2e DPJ (district de police judiciaire) est chargé d’enquêter sur une tentative d’homicide sur fonctionnaire de police et l’IGPN (l’inspection générale de la police nationale) doit statuer sur l’usage de l’arme à feu. Les deux enquêtes ne font que commencer », souligne une source judiciaire. Et d’enchaîner : « Les premiers faits laissent à penser qu’il s’agit bien de légitime défense. Si le policier attaqué n’a pas été blessé, il le doit au port de son gilet pare-balles. »

    Des ciseaux pour découper des poissons ?

    Un scénario très fortement contesté par la famille de Shaoyo Liu. « Vers 20 heures, ma petite sœur a entendu frapper à la porte. Elle a regardé le trou de la porte (l’œil-de-bœuf) et elle a vu deux hommes et une femme armés, explique Isabelle Liu (21 ans), l’une des filles de la victime, la voix serrée par l’émotion. Mon père est arrivé à la porte avec les ciseaux qu’il avait pour s’occuper du poisson qu’il cuisinait. Les coups à la porte sont devenus de plus en plus forts. J’ai crié Calmez-vous, faites moins de bruit, mais rien n’y a fait. Ils ont défoncé la porte, le coup est parti et mon père s’est retrouvé au sol. »

    La famille est alors confinée dans une pièce pendant que les secours s’occupent de ce ressortissant chinois. A 22 heures, les enfants et l’épouse apprennent le décès du mari et père. « Nous devons rencontrer les policiers demain (ce mardi). Mais nous allons porter plainte », assène Isabelle Liu. Le président du conseil représentatif des associations asiatiques de France, Jacques Sun, a bien l’intention de se porter partie civile : « Nous souhaitons comprendre ce qui a pu se passer. C’est une famille fragile. Les enfants sont dévastés. C’est un choc immense. » Pour Me Calvin Job, avocat de la famille, « tout s’oriente vers une bavure policière. Quelle est la proportionnalité ? Il n’y a même pas eu de sommation ! C’est très inquiétant. »

    Un rassemblement devant le commissariat
    Plusieurs Asiatiques se sont rassemblés ce lundi soir devant le commissariat du XIXe arrondissement où ils avaient disposé des bougies en mémoire du défunt. Pour une raison inconnue, la manifestation a dégénéré lorsque des individus ont brisé la vitre d’une voiture de police et jeté un engin incendiaire à l’intérieur. Le véhicule sérigraphié a entièrement brûlé

    #violences_policières

  • Au cœur du cortège de tête
    http://www.streetpress.com/sujet/1464688427-manifestations-au-coeur-du-black-bloc

    Pour lui, le recours à la #violence ne doit pas être systématique et n’est en aucun cas une fin en soi. Il reconnaît cependant qu’il existe chez certains une sorte d’attrait pour la castagne :

    « Quelques-uns vont en manif comme à un match de foot. L’équipe adverse, c’est les flics. »

    Selon Ahmad, l’enjeu est ailleurs :

    « La question n’est pas seulement d’avoir des milliers de personnes qui descendent dans la rue mais de savoir combien de personnes vont continuer à s’organiser après ce mouvement et penser une autre société. »

    #ultras

    • Derrière les « casseurs », toute une galaxie ("Le Monde", Julia Pascual, 28 mai 2016) http://www.lemonde.fr/societe/article/2016/05/27/qui-sont-les-casseurs_4927393_3224.html

      Des solidarités s’expriment autour des militants de la gauche radicale qui vont à la confrontation
      Des vitrines prises pour cibles, une tentative de détournement du cortège réprimée dans un épais nuage de gaz lacrymogènes, une place de la Nation, théâtre de charges aussi sporadiques que violentes… Jeudi 26 mai, la huitième journée d’action nationale a de nouveau été émaillée d’affrontements entre manifestants et forces de l’ordre.

      Lors de ces heurts, à Paris, "un jeune homme a été blessé sérieusement" puis hospitalisé, a indiqué le ministère de l’intérieur, qui a demandé à l’Inspection générale de la police nationale de diligenter une enquête. Au total, trente-deux personnes ont été placées en garde à vue à Paris, soixante-dix-sept dans tout le pays.

      Derrière ces événements, la figure du "casseur" plane, qui écrase depuis plusieurs semaines la chronique médiatique des -manifestations contre la "loi travail". Mais qui se cache sous les coupe-vent noirs que l’on voit se masser en petites grappes dans les cortèges et qui, entonnant un "ahou" aux accents guerriers, semblent aller à la confrontation comme un seul homme ?

      Des "voyous" pour le premier ministre Manuel Valls ; des "milices d’extrême gauche" pour Marine Le Pen ; ou carrément des "terroristes, des Daech de l’intérieur", pour Jean-Pierre Giran, député Les Républicains et maire d’Hyères… "C’est un petit noyau extrêmement déterminé politiquement", avance-t-on Place Beauvau. Il regrouperait "une cinquantaine d’antifascistes et autant d’anarcho-autonomes". Viendraient aussi se greffer des profils "type Nuit debout, avec des intermittents, des précaires, des chômeurs, quelques étudiants et lycéens, qui restent à la fin de la manif et fonctionnent plutôt par mimétisme, quand les autres se sont déjà carapatés et ne se font généralement pas interpeller".

      Depuis la mi-mai, le gouvernement socialiste trente-quatre ans après avoir abrogé la loi "anticasseurs" instaurée par la droite pour incriminer les participants à un attroupement violent – a tenté de neutraliser ceux qu’il considère comme les "têtes de réseaux" de ces affrontements. Sur la base de l’Etat d’urgence, des dizaines d’arrêtés d’interdiction de manifester ont été pris. A Paris, ils ont particulièrement visé des membres de groupes tels que l’Action anti-fasciste Paris-Banlieue (AFA) ou le Mouvement inter luttes indépendant (MILI). Des étiquettes qui renforcent l’idée d’une mouvance structurée, dont s’amusent pourtant certains.

      "Etre un black bloc, ce n’est pas une entité, c’est une stratégie de manifestation", commente un lycéen parisien. "J’aimerais bien qu’on soit aussi organisé qu’ils le disent, mais c’est une construction médiatique, relativise à son tour un militant anarchiste. Les services de police ont ciblé les plus médiatiques. Le MILI a répondu à des interviews, et appelé à des manifestations de lycéens, l’AFA est connue depuis la mort de Clément Méric…" Ce chômeur âgé de 25 ans, qui milite au sein d’un "groupe -affinitaire d’une dizaine de personnes", préfère décrire une "petite galaxie de groupes de cinq, dix ou trente, qui ne se parlent pas forcément entre eux".

      Un portrait impressionniste que complète la sociologue Isabelle Sommier, spécialiste de la violence politique : "Il s’agit d’une nébuleuse que l’on peut rassembler sous le terme d’ultragauche. Ses sensibilités sont l’antifascisme, l’écologie – avec les ZAD –, la solidarité avec les migrants et la remise en question des frontières – dans la filiation des “no borders” –, la dénonciation de la surveillance ou du “flicage généralisé”, ou encore celle des violences policières."

      Le MILI a, par exemple, été fondé fin 2013 à Paris par une trentaine de lycéens, en soutien à Leonarda, collégienne kosovare menacée d’expulsion. Se décrivant comme une "bande de potes", ils ont élargi leur mobilisation et, dans l’actuel mouvement social, ont été à l’initiative de manifestations lycéennes.

      Le positionnement de ces groupes "renvoie historiquement à des courants politiques du début du XXe siècle, d’opposition au léninisme", rappelle Isabelle Sommier. Ensuite, dans les années 1960 et 1970, les autonomes -connaissent une sorte d’"acmé" en Italie, puis en Allemagne et en France, mâtinée "d’anarchisme pour valoriser l’action directe, et rejeter toujours plus les orga-nisations". Enfin, les manifestations antiglobalisation des années 2000 signent "le retour à une stratégie de confrontation avec les forces de l’ordre et d’attaques contre les symboles du capitalisme, par ce qui est alors appelé le ou les black blocs".

      Si ces militants sont qualifiés de "petits-bourgeois" par leurs détracteurs de la droite identitaire, ou d’"éternels première année" par les services de police, Isabelle Sommier rappelle que "l’engagement, quel qu’il soit, requiert une certaine disponibilité permise par l’âge, la capacité à dégager du temps pour militer et des ressources, notamment culturelles". Ceux-ci n’échappent pas à la règle. Et présentent globalement "un niveau d’études supérieur à la moyenne et des positions sociales les situant dans les classes moyennes supérieures. On note toutefois avec le temps plus d’expériences de précarité et de déclassement social". Xavier (prénom d’emprunt), manifestant chevronné, veut croire que "la différence du mouvement actuel, c’est que la confrontation est assumée de façon massive". Et notamment dans le cortège qui a supplanté le traditionnel carré syndical en tête des manifestations.

      Constitué au départ d’à peine quelques centaines de personnes, il s’est étoffé par la suite, attirant à lui, au-delà des étudiants, lycéens et militants rodés, tous types de déçus des partis et des syndicats… C’est dans ce peloton de tête autonome que les slogans "Tout le monde déteste la police" sont entonnés, et c’est à ce cortège que la préfecture de police de Paris a demandé de "se désolidariser des casseurs". En vain ?

      Marion (prénom d’emprunt) refuse la "dissociation qui consiste à vouloir faire croire que l’affrontement, ce n’est pas la manif". Si cette étudiante en sciences humaines de 21 ans a "trop peur pour être offensive", elle a progressivement appris à adopter une "posture de soutien", notamment lorsque les forces mobiles chargent, pour éviter de scinder le cortège, ou en s’habillant en noir pour "protéger" ceux qui ont besoin d’être anonymes.

      De même, trois élèves du lycée Sophie-Germain, dans le 4e arrondissement de Paris,expliquent éprouver une "vraie solidarité" avec ceux qui passent à l’acte. Après l’affaire Leonarda et la mort de Rémi Fraisse, en octobre 2014, ils disent avoir acquis une "conscience politique" et partagent un même rejet des syndicats lycéens, de "la société de consommation", du "JT de 20 heures" et des violences policières. C’est d’ailleurs cette violence qui expliquerait la radicalisation de certains de leurs camarades gazés, matraqués ou interpellés injustement, d’après eux.

      Hugo, un élève de première technologique dans le privé, ne dit pas autre chose. Entraîné par des amis à lui proches du MILI, il a été gazé le 28 avril place de la Nation, en fin de manifestation. Il s’est alors saisi de bouts de bitume… S’il ne s’équipe pas dans le but de participer à des affrontements, il estime qu’"aller à la confrontation, c’est dire au gouvernement qu’il ne peut pas se cacher derrière la police". Lui participe au mouvement "surtout depuis le recours au 49.3, un déni de démocratie".

      Isabelle Sommier note l’incidence d’une "conjoncture politique pesante qui, avec l’absence de perspectives à gauche, s’alourdit au fil des manifestations par une politique répressive aussi bien policière que judiciaire, faisant basculer des pans entiers de la jeunesse contre la police et le pouvoir qu’elle incarne…" Camille (prénom d’emprunt), étudiant en Staps de 23 ans, en est persuadé : "On nous empêche de nous organiser, d’occuper la rue ou d’aller vers les lieux de pouvoir… C’est la présence policière et sa violence qui entraînent l’affrontement. Mais les gens ont envie d’autre chose."

      La conquête de la tête de cortège, une singularité du mouvement ("Le Monde", 28/05/2016, Alban De Montigny) http://www.lemonde.fr/societe/article/2016/05/27/la-conquete-de-la-tete-de-cortege-une-singularite-du-mouvement_4927684_3224.

      « C’est la première fois que je viens dans la tête de cortège autonome. Je l’ai fait notamment pour montrer que cette partie du défilé est diversifiée, qu’il n’y a pas que des manifestants violents. » Alexis, militant à Attac et étudiant en sciences politiques, a défilé contre la « loi travail », jeudi 26 mai à Paris. Mais pas derrière le « carré de tête » de l’intersyndicale.

      C’est l’une des singularités du mouvement social actuel : l’ouverture de la manifestation a rapidement été contestée aux centrales syndicales par quelques centaines de militants qui ne se retrouvent pas dans les canaux classiques de représentation.

      Antifascistes, autonomes, anarchistes, mais aussi lycéens, étudiants, déçus des syndicats et des partis… Les têtes de cortège ont peu à peu pris de l’ampleur jusqu’à représenter plusieurs milliers de personnes. Jeudi, pour la première fois, un mouvement « interluttes », réunissant des étudiants, des cheminots, des postiers ou encore des travailleurs sociaux, était venu grossir ses rangs.

      C’est au sein de cet ensemble hétérogène qu’évoluent quelques dizaines de militants désireux d’aller à la confrontation avec les forces de l’ordre.Interrogé sur RTL le 19 mai au sujet de ces violences, le premier ministre, Manuel Valls, avait demandé aux syndicats de « prendre leurs responsabilités ». « Les services d’ordre - syndicaux - , avec le soutien bien sûr de la police, doivent prendre toutes les mesures pour empêcher les casseurs de se mêler à la foule des manifestants », avait-il asséné. En mettant en cause les services d’ordre (SO), ces équipes de militants chargées d’assurer le bon déroulé des défilés, le gouvernement laissait entendre que les syndicats échouaient à tenir leurs troupes.

      Mais l’enjeu, en réalité, c’est le fait que les syndicats soient débordés par un cortège dénué de toute étiquette, et que ce débordement se révèle parfois source de tensions entre manifestants. « Les uns veulent de l’ordre et que tout se passe dans le calme, les autres revendiquent le spontanéisme et cherchent à renouer avec la logique émeutière des défilés du XIXe siècle, explique Isabelle Sommier, sociologue et spécialiste des mouvements sociaux. Leur utilisation de la manifestation est opposée. »

      Lors de la manifestation du 17 mai, des heurts avaient ainsi éclaté entre des manifestants et des membres des SO de FO et de la CGT. Ceux-ci s’étaient munis de casques, de matraques et de battes de baseball, échaudés par les affrontements de la journée du 12 mai : des membres de services d’ordre avaient reçu des projectiles, treize personnes avaient été blessées du côté des syndicats. Peu avant, certains manifestants avaient scandé « SO, collabos ». Pour les centrales, ces tensions découlent de la publication, la veille, d’un communiqué par la préfecture de police de Paris. Elle y indiquait qu’"une liaison étroite - serait - maintenue entre les forces de l’ordre et le service d’ordre des organisateurs".

      Une proximité que dément Jacques Girod, secrétaire adjoint de l’union départementale FO de Paris : « Nous avons des contacts avec la préfecture mais à aucun moment nous ne collaborons ! » Pour Frédéric Bodin, en charge des questions de service d’ordre à Solidaires, « la préfecture aimerait bien que l’on sécurise l’extérieur du cortège mais ce n’est pas notre rôle. Un SO ne gère que l’intérieur ».

      « Le 12 mai et le 17 mai, c’était chaud parce que les syndicats ont voulu se mettre devant en jouant les gros bras », assure un étudiant, persuadé que la préfecture a mis sous pression les syndicats pour qu’ils reprennent possession de l’avant du défilé. « Nous n’avons pas essayé de récupérer la tête, nous ne cherchons pas l’affrontement », assure pourtant Jacques Girod. « Il n’y a jamais eu de mot d’ordre de la CGT pour éjecter des manifestants violents, affirme Gérard, un militant qui participe régulièrement au service d’ordre. Dès lors que la manifestation est organisée par des syndicats, c’est logique qu’ils soient en tête pour faire passer un message. »

      Un « message » qu’il craint de voir brouillé par les violences qui se répètent à chaque manifestation.

    • #toute-puissance #police #gendarmerie #grande_muette

      Harcèlement : « Je te niquerais bien... » | L’Humanité
      http://www.humanite.fr/harcelement-je-te-niquerais-bien-597647

      Ce procès sera aussi l’occasion pour l’AVFT de vérifier la bonne utilisation de la loi de 2012 sur le harcèlement sexuel, votée en urgence après l’abrogation de la précédente par le Conseil d’État. « La nouvelle loi a une conception beaucoup plus large qui devrait favoriser les poursuites, note Marilyn Baldeck, mais trois ans après ce vote, nous constatons que la politique pénale ne suit pas, ces agissements ne sont pas sanctionnés. »

      Le Sénat devrait lancer prochainement un processus d’évaluation de la nouvelle loi. Les chiffres d’avant 2012 faisaient état de 50 condamnations pour 1 000 plaintes. Quant aux violences sexuelles chez les militaires, depuis les révélations du livre de Julia Pascual et Leila Minano, une cellule de signalements a été mise en place. En 2015, elle a été saisie 75 fois. Des chiffres qui ne sont pas représentatifs, souligne Julia Pascual qui précise que cette cellule, méconnue dans l’armée, est gérée par des hauts gradés. Or, « ça paraît très compliqué pour une femme militaire d’appeler un général cinq étoiles pour lui dire qu’elle a pris une main aux fesses »…
      (1) La Guerre invisible : révélations sur les violences sexuelles dans l’armée française (Éditions les Arènes et Causette, février 2014).

  • Entre le PS et les musulmans, rien ne va plus

    http://abonnes.lemonde.fr/religions/article/2015/12/19/debut-de-divorce-entre-les-musulmans-et-le-ps_4835056_1653130.html

    es régionales marqueraient-elles un début de divorce entre l’électorat musulman et la gauche, et plus particulièrement le Parti socialiste ? C’est une petite goutte dans l’océan quotidien de Twitter. Mais dans la semaine de l’entre-deux-tours des élections régionales, les hashtags #LeCopainPS (pas flatteur du tout pour ledit copain) et #PasDeJusticePasDeVoix (qui listait de nombreuses raisons de ne pas voter pour les listes socialistes) ont envahi les comptes de militants de l’anti-islamophobie. Une véritable campagne de défiance envers le gouvernement et sa politique à l’égard de la diversité et dans les quartiers.

    Lors du premier tour, c’est un tout petit pourcentage relégué au bas des résultats qui a attiré l’attention. En Ile-de-France, les listes de l’Union des démocrates musulmans de France (UDMF) ont réuni 0,40 % des voix. Récent, inconnu des électeurs et désargenté (7 000 euros en tout et pour tout pour faire campagne), le parti, né en 2012, n’a pu proposer des bulletins de vote partout et encore moins de propagande électorale. Pourtant, dans certaines communes, il a obtenu des résultats significatifs : 5,90 % à Mantes-la-Jolie (Yvelines) ; 4,38 % aux Mureaux (Yvelines) ; 4,44 % à La Courneuve (Seine-Saint-Denis). Si l’on descend au niveau des quartiers, on relève à certains endroits des pourcentages plus élevés, comme au nord de Poissy (Yvelines), avec près de 16 % des voix, affirme Najib Azergui, le fondateur de l’UDMF.

    Ces deux démarches sont différentes, mais elles semblent indiquer une amorce de rupture. Pourtant, ces dernières années, l’alliance entre les deux semblait solide. Aux élections présidentielles de 2007 et 2012, les électeurs musulmans, qui représenteraient environ 5 % du corps électoral, ont massivement soutenu la gauche. D’après une étude de l’IFOP de 2012, ils auraient ainsi voté, au second tour, « à 86 % pour François Hollande, soit plus de 34 points de plus que la moyenne nationale ». « C’est tout à fait massif, voire exceptionnel, note Claude Dargent, professeur à l’université Paris-VIII. Si l’on s’intéresse à la variable confessionnelle, ce sont traditionnellement les sans-religion qui sont les plus à gauche, et c’est de l’ordre de deux pour un. »

    « Une forme de protestation »

    Que faut-il déceler dans cette inclination à gauche ? Pour Jérôme Fourquet, de l’IFOP, la surreprésentation des jeunes et des milieux populaires dans la population musulmane n’est pas la clé de compréhension, « car les musulmans votent nettement plus à gauche que la moyenne des personnes du même âge et du même milieu ». Pour Claude Dargent, « la question est de savoir s’ils votent à gauche parce qu’ils sont d’origine immigrée ou parce qu’ils sont musulmans. Dans les enquêtes, quand on essaye de neutraliser les différents facteurs, on voit bien que tous les immigrés ne votent pas à gauche. Mon hypothèse, c’est que le fait d’adhérer ou de revenir à l’islam est une forme de protestation par rapport aux discriminations dont ces personnes font l’objet en tant qu’immigrés ».

    En outre, ce vote appuyé en faveur de François Hollande trouve une explication dans la présence, face à lui, de Nicolas Sarkozy. En agissant comme un repoussoir, après avoir tenu, durant son quinquennat, un discours offensif à l’égard de l’islam et des banlieues, il a été un véritable facteur de mobilisation à gauche. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Un autre processus est à l’œuvre.

    « Insatisfaction »

    Dans l’ouvrage collectif Karim vote à gauche et son voisin vote FN (éditions de l’Aube et Fondation Jean-Jaurès, 192 p., 17,80 euros), dirigé par Jérôme Fourquet et fondé sur l’analyse des votes selon la récurrence de prénoms d’origine « arabo-musulmane » sur les listes d’électeurs, un décrochage est observé dès les municipales de 2014. « Les musulmans n’ont pas vu le changement en matière de logement, de pouvoir d’achat, de chômage, d’insécurité… analyse Jérôme Fourquet. On est sur un mouvement de fond, une insatisfaction qui touche plus particulièrement cet électorat car il est plus fragile socialement. »

    Cette déception est flagrante du côté des militants anti-islamophobie. Marwan Muhammad, ancien porte-parole du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), dont un tweet a déclenché la vague #LeCopainPS, décrit ce mouvement :

    « Lorsque j’étais au CCIF [de 2010 à 2014], nous avions pour stratégie de maximiser la participation des électeurs musulmans pour, ensuite, pouvoir peser sur le débat politique avec les partis de gouvernement. Mais ces dernières années, surtout depuis l’arrivée de Manuel Valls à Matignon, il y a eu une politique de mépris. Non seulement le gouvernement ne prend pas en compte ce qui se passe sur le terrain, mais en plus la gauche essaie de se servir de ces électeurs en les appelant au secours au motif que “les autres sont pires”. Cela n’a jamais rien apporté aux quartiers. Le seul moyen de faire changer les choses, c’est d’envoyer des signaux de choc, de rupture. La gauche a tout à prouver si elle veut être à la hauteur. »
    « Plafond de verre »

    Les militants de l’UDMF ont choisi une autre voie mais leur constat n’est pas très éloigné. Les musulmans, affirme Najib Azergui, font « partie de la nation » mais sont « pourtant souvent perçus comme un groupe à part ». « Certains d’entre nous ont tenté de passer par les partis de gouvernement, explique-t-il. Mais ils se sont tous heurtés à un plafond de verre qui leur a interdit l’accès aux vraies responsabilités. En nous engageant dans les élections, nous voulons justement témoigner que nous sommes des citoyens comme les autres. Aujourd’hui, la réponse ne peut plus être seulement associative. Elle doit être aussi politique. »

    Pendant la campagne, les affiches de l’UDMF, pourtant peu nombreuses, se sont parfois retrouvées seules sur les panneaux dans certains secteurs de Seine-et-Marne et de Seine-Saint-Denis. De fait, la forte abstention souvent constatée dans les zones de fort peuplement musulman va de pair avec une faible présence des partis de gouvernement. « Les variables classiques d’abstention jouent à plein car c’est une population plutôt jeune et fréquemment en situation précaire ou sans-emploi », ajoute Claude Dargent. Aux municipales de 2014, « l’électorat “arabo-musulman” s’est massivement abstenu, ce qui a coûté cher à la gauche », confirme Jérôme Fourquet.

    En revanche, le rejet du Front national semble demeurer un facteur de mobilisation puissant. C’est ce qu’a constaté Amar Lasfar, le président de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF). Pour la première fois, dans le Nord et en Provence-Alpes-Côte d’Azur, l’UOIF a donné une indication de vote et appelé à faire barrage au FN au second tour. Selon lui, elle a été très suivie. Mais il n’y avait plus de liste socialiste pour recueillir leurs voix.

    Julia Pascual

  • Des centaines d’exilés de Calais placés en rétention
    http://www.lemonde.fr/societe/article/2015/10/27/des-centaines-d-exiles-de-calais-places-en-retention_4797662_3224.html

    Pour désengorger le #bidonville, le ministère de l’intérieur disperse des #migrants pourtant inexpulsables

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    Le code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile limite le placement en rétention d’une personne en situation irrégulière au " temps strictement nécessaire à son départ " et à condition qu’il existe une "perspective raisonnable d’exécution de la mesure d’éloignement ". Surtout, " un étranger ne peut être éloigné à destination d’un pays s’il établit que sa vie ou sa liberté y sont menacées ou qu’il y est exposé à des traitements contraires aux stipulations de l’article 3 " de la Convention européenne des droits de l’homme. Celui-ci stipule que " nul ne peut être soumis à la torture ni à des peines ou traitements inhumains ou dégradants ". Voilà pourquoi la France ne procède pas à des renvois vers la Syrie, l’Irak, l’Erythrée, la Somalie et, sauf rare exception, l’Afghanistan et le Soudan.

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    C’est un chapitre peu avouable de la crise migratoire qui s’est ouvert la semaine dernière à Calais. Le 21 octobre, lors de son dernier déplacement dans le bidonville où survivent 6 000 migrants, le ministre de l’intérieur n’en a pas touché un mot. Mais, pendant qu’il annonçait des places en tentes chauffées pour l’hiver, 46 personnes étaient envoyées par avion mille kilomètres plus au sud, dans le centre de rétention administrative (#CRA) de Nîmes, inaugurant une vague de placements en rétention inédite par son ampleur et d’une légalité contestable.

    Le lendemain, 50 migrants supplémentaires ont été envoyés en bus au CRA du Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne), puis 50 encore le jour d’après, par avion, au CRA de Cornebarrieu, près de Toulouse. Et 50 autres, le jour suivant, à Rouen.

    " Cinquante personnes sont encore en train d’arriver par avion aujourd’hui à Marseille et on en attend autant à Metz. Et 50 de plus au Mesnil, dans la semaine ", égrainait, lundi 26 octobre, la Cimade, l’une des associations qui interviennent dans ces lieux de privation de liberté.

    " On fait notre travail habituel, relativise Marc Del Grande, secrétaire général de la préfecture du Pas-de-Calais.Le rythme est proportionnel au flux d’arrivées sur la lande de Calais, qui a été plus important ces dernières semaines. "

    David Rohi, un des responsables de la Cimade, est, lui, stupéfié par ce qu’il considère être un " enfermement abusif et illégal ". Il n’est pas le seul à le penser. Le juge des libertés et de la détention de Nîmes, Jean-Louis Galland, a du mal à en revenir. Ce magistrat, qui a le pouvoir de prolonger ou pas la rétention d’un étranger, tandis que le placement décidé par le préfet n’est valable que cinq jours, a été averti la semaine dernière de l’arrivée d’une cinquantaine de migrants de Calais.

    Il a alors joint la préfecture du Pas-de-Calais : " Ils m’ont dit : “Ne vous inquiétez pas, c’est surtout pour désengorger Calais.” Sous-entendu, on les laisse partir au bout de cinq jours. " Or, rappelle le magistrat, la procédure est strictement encadrée : " On place en détention quand on projette d’organiser un départ. On ne peut pas priver quelqu’un de liberté pour le plaisir. " En l’espèce, les migrants étant originaires de Syrie, d’Afghanistan, d’Irak, d’Erythrée ou encore du Soudan, nul projet de renvoi à l’horizon.

    Interpellé par ce qu’il a considéré être un " détournement de pouvoir " et une " privation de liberté illégale ", Jean-Louis Galland a, vendredi 23 octobre, ordonné la remise en liberté des étrangers, avant même l’expiration des cinq jours. Après un appel du parquet, son ordonnance a été retoquée pour vice de compétence. Mais, avant cela, le magistrat dit avoir subi des pressions de sa hiérarchie : " La présidente du tribunal de Nîmes ne voulait pas que je m’autosaisisse. Elle m’a menacé d’une procédure disciplinaire et a interdit à ma greffière de venir à l’audience. "

    Cet épisode en dit long sur le désarroi dans lequel sont laissés des professionnels face à une politique gouvernementale illisible. " Dans cette histoire, les juges sont pris pour des imbéciles ", fait remarquer David Rohi. L’avocate nîmoise Pascale Chabbert Massona défendu ces derniers jours douze Syriens devant le tribunal administratif. Pour chacun, elle a fait annuler l’obligation de quitter le territoire français (#OQTF) qui fixait la Syrie comme pays de destination. D’après la Cimade, 99,5 % de ces migrants sont libérés.

    " Contentieux "
    Un chiffre que refuse de confirmer ou d’infirmer le secrétaire général de la préfecture, Marc Del Grande : " Je ne vais pas me prononcer sur l’efficacité de la chaîne d’éloignement. " Lui défend un principe : " Il n’y a pas de détournement de procédure. Evidemment qu’on ne va pas reconduire des Erythréens et des Syriens. Mais ils peuvent être réadmissibles dans des pays de l’Union européenne " s’ils y ont le statut de réfugiés ou que leurs empreintes y ont été enregistrées. D’après les projections établies pour 2015, 1 850 mesures d’éloignement seront exécutées, sur un total de 3 900 OQTF décidées par la préfecture.

    Léo Claus, coordinateur de l’équipe de la Cimade au CRA de Cornebarrieu, voit surtout des migrants reprendre la route de Calais. Une cinquantaine sont arrivés à Cornebarrieu le 23 octobre. En guise de comité d’accueil, ce jour-là devant le CRA, des militants de Génération identitaire et une banderole sur laquelle était inscrit : " Rentrez chez vous, nous n’avons plus de sous. " A l’intérieur des bâtiments : " Dix-huit Syriens, huit Afghans, neuf Irakiens, six Erythréens, quatre Soudanais, quatre Iraniens, un Pakistanais ", énumère Léo Claus. D’ici au milieu de semaine, " ils seront remis en liberté et laissés devant la porte du centre. Ils vont remonter dans des trains pour regagner Calais ".

    " C’est absurde, ça fait vivre aux gens des situations traumatisantes, répète David Rohi. Ça ne constituera jamais une solution. " C’est pourtant celle pour laquelle a opté le gouvernement, espérant fatiguer jusqu’à la dissuasion ces exilés qui ne veulent pas demander l’asile en France. " Les migrants qui refusent cette main tendue, qui poursuivent leurs tentatives vaines et dangereuses pour rejoindre le Royaume-Uni s’exposent à une reconduite à la frontière ", a promis Bernard Cazeneuve, le 21 octobre, à Calais.

    Le ministre de l’intérieur parlait alors de " quelques dizaines de personnes (…) amenées vers des centres de rétention éloignés de Calais ".Les quelques dizaines sont déjà des centaines. " On pourrait imaginer qu’un contentieux prospère jusqu’à la Cour européenne des droits de l’homme, imagine David Rohi. Mais c’est d’un règlement politique que l’on a besoin. Il faut trouver d’autres solutions, en particulier avec les Britanniques, pour que les gens puissent obtenir l’#asile en Angleterre. "

    Julia Pascual

  • Une enquête interne ouverte dans l’armée sur les violences aux femmes - France Info
    http://www.franceinfo.fr/faits-divers/une-enquete-interne-ouverte-dans-l-armee-sur-les-violences-aux-femmes-133
    http://www.franceinfo.fr/sites/default/files/imagecache/462_ressource/2014/02/28/1334699/images/ressource/maxnewsworld144432.jpg

    Suite à la publication d’un livre intitulé « La guerre invisible », le ministre de la Défense, Jean-Yves le Drian, a ordonné l’ouverture d’une enquête interne sur des violences sexuelles et des cas de harcèlement contre des femmes dans l’armée. Selon l’ouvrage paru, une quarantaine d’affaires se seraient produites ces dernières années.

    L’armée française est la plus féminisée d’Europe, avec un effectif de 15% de femmes. Mais le livre des journalistes Leila Minano et Julia Pascual, « La Guerre invisible », jette un regard cru sur ce constat. Elles révèlent que certaines de ces soldates subissent des violences sexuelles et des brimades relevant du harcèlement.

    Le contenu de ce livre n’a pas surpris le ministère de la Défense, selon son porte-parole Pierre Bayle : « Nous avons un contenu équivalent qui est arrivé sur le bureau du ministre la semaine dernière ». Après la parution du livre, Jean-Yves Le Drian a ordonné l’ouverture d’une enquête interne, conduite par l’Inspection générale des armées et la Contrôleur général.
    Première alerte en juin dernier

    Elle devra notamment « présenter et commenter les suites professionnelles, disciplinaires et judiciaires données notamment aux cas évoqués, tant du côté des agresseurs présumés que des victimes ». Les conclusions seront rendues fin mars et les enquêteurs préconiseront un plan d’action pour lutter contre ces agissements. Un rapport du Haut comité d’évaluation de la condition militaire de juin 2013 soulevait déjà le problème et demandait une répression « sans hésitation ni faiblesse ».
    Brimades de « petits chef »

    L’ouvrage des deux journalistes recense une quarantaine de cas. Elles décrivent de jeunes soldates d’une vingtaine d’années aux prises avec des « petits chefs ». Celles-ci doivent supporter des remarques et des lazzis sur le fait qu’elles « cassent l’ambiance » ou « ralentissent tout le monde ». La situation est plus tendue encore en opérations ou dans certaines écoles aux « traditions » viriles.
    L’alcool, facteur aggravant

    L’alcool agit aussi comme un facteur aggravant : « Dans les grands moments d’ébriété, la cohésion se fait souvent aux dépens des femmes », écrivent les deux journalistes. Elles dénoncent aussi l’omerta, qui dissuade nombre de victimes de porter plainte, préférant abandonner leurs rêves de carrière militaires.

    Le ministère tempère en assurant avoir eu connaissance de la plupart des cas cités et les avoir transmis à la Justice. Cependant, il en existe d’autres qui « ne remontent pas, soit parce que les victimes n’osent pas, soit parce qu’elles sont barrées par les échelons intermédiaires », admet Pierre Bayle, « même si ces cas sont à la marge, cette marge est inacceptable », ajoute-t-il.

    #société
    #armée
    #bizutage
    #brimades
    #femmes
    #violences-sexuelles

  • Enquête à venir sur les violences sexuelles dans l’armée - Yahoo Actualités France
    http://fr.news.yahoo.com/enquête-à-venir-sur-les-violences-sexuelles-dans-132700781.html

    Une enquête interne va être ouverte sur les violences sexuelles et les cas de harcèlement commis au sein des forces #armées françaises, a annoncé jeudi le ministère de la Défense, à l’heure où paraît un livre sur ce phénomène.

    Dans « La Guerre invisible », les journalistes Leila Minano et Julia Pascual se penchent sur la situation des femmes militaires françaises dont certaines ont accepté de briser « l’omerta » qui régnerait au sein des armées sur les cas de #violences_sexuelles, de #harcèlements et de #discriminations.

    Avec 15% de femmes, l’armée française est la plus féminisée d’Europe, devant celles de la Grande-Bretagne et de l’Allemagne.

    Le titre choisi par les deux journalistes est un hommage revendiqué au documentaire américain « The Invisible War », dont les révélations sur l’ampleur des viols perpétrés au sein de l’armée américaine avaient provoqué en 2012 une onde de choc et conduit l’administration américaine à s’exprimer sur le sujet.

    INTERVIEW - Leila Minano et Julia Pascual évoquent dans « La guerre invisible », qui paraît ce jeudi, les violences sexuelles qui existent dans l’armée française...
    http://www.20minutes.fr/societe/1309478-20140226-violences-sexuelles-larmee-il-volonte-dissimuler

  • [Dès demain en librairie] C’est un sujet tabou : les violences sexuelles au sein de l’armée française. Un livre-enquête, « La Guerre Invisible » (éditions Les Arènes), sort cette semaine sur le sujet, et raconte la vie de femmes militaires victimes de harcèlement, d’agressions sexuelles ou même de viols.

    À l’origine de ce livre, deux journalistes, Leila Minano et Julia Pascual sont partis sur les traces de ces femmes militaires et pourtant victimes. Car si l’armée française est la plus féminisée d’Europe (15% de femmes sur 230.000 engagés), l’envers du décor est édifiant.
    http://www.franceinter.fr/emission-le-zoom-de-la-redaction-la-grande-muette-et-ses-violences-sexue

  • « Causette » sur le banc des accusés
    http://www.lesinrocks.com/2012/10/21/actualite/causette-sur-le-banc-des-accuses-11315798

    Le magazine Causette est poursuivi en justice par Rémi Pauvros, maire de Maubeuge, suite à une enquête intitulée “droit de cuissage à la mairie” publiée dans leur numéro d’avril 2012.

    Le mensuel se penchait, aussi, sur des cas de viols collectifs survenus entre 2006 et 2011 à la mairie de Maubeuge (Nord). Quatre membres du Parti Socialiste auraient agressé, harcelé sexuellement et violé à plusieurs reprises une collaboratrice de Rémi Pauvros, maire de la commune. Un seul de ses agresseurs a été démissionné, “officiellement, pour se consacrer à ses projets professionnels” notent Leila Minano et Julia Pascual, auteurs de l’enquête, avant de pointer le problème :

    “Et les autres ? Rien. Reçus en entretien, deux ont nié les faits et le dernier a reconnu “une relation consentie” avec Anna. Pas de viol, pas d’agression. “N’oubliez pas que ces gens sont mariés, insiste la première adjointe. Comprenez, on ne peut pas porter des accusations quand il y a des familles derrière“”.

    Ah, les familles derrière... #féminisme #sexisme