person:karen savage

  • Pas la moindre trace de rêve
    Ce matin, vague souvenir
    D’un voyage au travers d’une ville déserte

    Je me lève du bon pied
    Dans une maison silencieuse
    Vacance des enfants, matins tranquilles

    Je monte café en main dans ma chambre open space
    Home office toute la semaine
    Je ris toujours de la superposition de tels mondes

    Ainsi comme il serait drôle
    Que dans l’open space
    J’affiche certains tableaux et images !

    Dans l’open space
    La vanité
    De Martin

    Dans l’open space
    Mes autoportraits
    Du Jour des innocents

    Dans l’open space
    La sculpture du marteau
    De Daniel

    Dans l’open space
    Le tableau de Valérie
    Ca passerait peut-être

    Dans l’open space
    La photographie
    D’Arnand Claas

    Dans l’open space
    Les vautours
    De L.L. de Mars

    Dans l’open space
    Les portraits rayés
    De Karen Savage

    Dans l’open space
    La photographie sombre
    De Pierre Massaud

    Dans l’open space
    La photographie de Daphna
    qui a longtemps fait peur aux enfants

    Dans l’open space
    Ne serait-ce que la carte postale
    De la Maja nue de Goya

    On a beau être dans le home office
    Je ne vois pas pourquoi
    Je me priverais d’une pause au BDP

    Au BDP
    Relecture de quelques pages
    De Frôlé par un V1

    Nouilles
    Sautées
    Au satay

    Les corrections faites sur Raffut
    Ne collent toujours pas
    Mathieu est vigilant, ma reconnaissance

    Je passe trois bonnes heures
    À remâcher sans cesse
    Un petit paragraphe

    Et deux bonnes heures
    À maquiller
    Mes méfaits ailleurs dans le texte

    À l’heure pétante
    De la sortie du bureau
    J’emmène les enfants au bois

    Froid mordant
    Pourtant le lac à peine figé
    Mais un fort vent, glacial

    Il faut donc venir au bois de Vincennes
    Un lundi en période de vacance
    Et par grand froid pour être tranquille

    De retour à la maison
    Je retourne à mâcher mes phrases
    Je tiens enfin le coupable, un adverbe !

    Je relis
    Je relis encore
    Je relis à voix haute

    Je cuisine une quiche
    Luxueuse de légumes
    Appréciation diverse des enfants

    Je pars voir Ni juge ni soumise
    Avec Zoé au Keaton
    Grande salle pleine !

    On est immédiatement séduit
    Par l’humour invraisemblablement décalé
    De cette belge juge d’instruction

    On ne cesse de se demander
    Comment toutes et tous
    Oublient la caméra et les microphones

    Je ne peux m’empêcher de repenser
    À la pesanteur du cinéma de Depardon
    Dans un décor comparable

    Et ici Yves Hinant et Jean Libon
    Ne font pas tant de cinéma
    Et cernent tellement l’humain

    Et l’intelligence de terminer
    Par une confession tellement folle
    Tellement pénible, tellement

    Oui, utile rappel
    On n’est pas là pour rire
    (Après avoir bien ri, mais ri)

    Je repars
    Bras dessus bras dessous
    Avec Zoé dans le froid pseudo-russe

    #mon_oiseau_bleu

  • photographie de Karen Savage (http://www.savagemartin.net

    J – 165 : En chemin vers le cinéma, je suis accosté par un géant - un homme qui devait bien me rendre une tête, je ne suis pas exactement un petit homme - qui me demande son chemin et de l’aider à le rejoindre, il cherche la bouche de métropolitain, mais mal voyant, presque aveugle lâche-t-il, et son téléphone qui lui sert habituellement de guide n’ayant plus de batterie - je lui conseillerais volontiers de prendre contact avec l’école des chiens guides d’aveugle à Saint-Mandé, plus ou moins en face du rocher du zoo de Vincennes, plus besoin de batterie - il est perdu.

    Mais avec plaisir, vous n’êtes plus très loin. Est-ce que je peux vous prendre par le bras ?

    Curieux attelage que le nôtre un vieux type obèse et armoire à glace qui est bras dessus bras dessous avec un géant dont la fixité du regard n’est pas flagrante, je vois bien que les passants se demandent quel genre de couple incertain nous formons, et je ne doute pas une seule seconde que dans l’esprit de beaucoup je dois passer pour un vieil arthritique (ce que je suis) escorté par un assistant de grande taille (eut égard à mon gabarit, arthritique certes, mais pas exactement vouté ni bossu).

    Tandis que nous faisons chemin, mon géant aveugle m’explique que sa perception des lieux est aggravée par la nuit, l’éclairage public, les sols réfléchissants et les jours de pluie, je lui explique que le cumul est complet, nous marchons sur les pavés lisses du nouveau centre-ville, il fait nuit, quelques éclairages jettent des éclats de lumière sur les pavés lustrés par la pluie, encore que je ne lui dise pas les choses de cette manière. De même il se lamente que cela fasse une heure qu’il est égaré et que personne ne répond à ses demandes en aide.

    Oui, parce que j’ai oublié de préciser le contexte de cette histoire. L’histoire se passe en 2016, dans un petit pays gris et raciste, la France. Aussi je risque une plaisanterie à mon géant, ben c’est un peu de votre faute aussi, si vous étiez un vieil homme blanc comme moi aux cheveux blancs comme les miens, toutes les jeunes femmes de la place se seraient mises en quatre pour vous venir en aide, alors que Noir comme vous êtes…

    Un grand sourire barre la bouche de mon géant aveugle : ah bon je suis Noir ?

    Oui, et je pense que vous avez déjà entendu du Ray Charles, et on se marre tous les deux d’un bon rire, je le dépose à la bouche de métro, nous nous serrons la main et juste avant qu’il n’avance je le rattrape par le bras, excusez-moi, j’ai oublié de vous dire, je vous laisse en haut des marches. Quel idiot je fais !

    Je ne suis pas raciste donc, prêt à aider mon prochain, mais parfois je manque un peu de jugement.

    Exercice #36 de Henry Carroll : Photographiez un banc public. Sur la page ci contre donnez-lui un titre qui change radicalement le sens du cliché

    La légende de cette image est un peu longue :

    http://www.desordre.net/bloc/contre/novembre/pages/090_2017.htm

    #qui_ca

  • Je n’écris pas, je ne parviens pas à écrire, quand cela me chante, quand je le voudrais. J’imagine qu’il faut que je sois traversé par je ne sais quoi d’ailleurs, et je me demande même si je ne préfère pas ne pas savoir. Quant à être traversé, c’est sans doute beaucoup dire.

    Mais je remarque une chose. J’écris sur toutes sortes de tables. Et il y a des bonnes et des mauvaises tables, des tables sur lesquelles j’écris bien, enfin bien, bien pour moi, et d’autres sur lesquelles je suis sec comme tout.

    Par exemple, la table du garage, je n’y écris généralement rien de bon. Quelles que soient les circonstances.

    La table de mon travail, de mon bureau, de l’ open space , de laquelle je devrais normalement y faire tout à fait autre chose, des choses d’ingénieur informaticien, de maîtrise d’ouvrage, et bien je n’y fais rien de bon dans le domaine de la maîtrise d’ouvrage, en revanche, je me demande si ce n’est pas la table de laquelle j’ai le plus écrit. Des romans entiers en fait. Nombre de fois d’ailleurs, mes collègues d’ open space constatant le caractère frénétique de ma frappe, m’ont demandé, en riant, si j’écrivais un roman, ou ont dit quelque chose comme, ma parole tu écris un roman. Raffut, le Jour des innocents, J.,Je ne me souviens plus, et Élever des chèvres en Ardèche (et autres logiques de tableur) ont été écrits presque entièrement sur cette table-là. Et il semble même que ce soit la destinée de Qui ça ? Et d’une bonne partie des différents écrits que je dois produire pour la Petite fille qui sautait sur les genoux de Céline . Encore que le premier jet de ce projet, je l’ai écrit sur ma table préférée.

    Ma table préféré pour écrire, c’est celle de ma chambre dans les Cévennes. Mais seulement le matin. L’après-midi cette table ne donne rien de bon et le soir non plus d’ailleurs. Cette table le matin est placée devant la fenêtre de ma chambre. De cette fenêtre j’embrasse toute la vallée de la Cèze et le versant oriental du Mont-Lozère. C’est de cette même table que j’ai écrit, pendant l’été 1989 mon mémoire de fin d’études aux Arts Déco à propos de Robert Frank. Il y avait dans la chambre un immense désordre de livres restés ouverts, des livres d’images, à certaines doubles pages, d’autres livres, des petits livres, essentiellement de théorie, en cavalier à même le sol, et sur la table, le tas de feuillets sur lesquels j’écrivais, à la main, ce mémoire, je m’étais donné un mois pour l’écrire, avant de repartir à Chicago fin août. A l’époque, je ne doutais de rien. De pas grand-chose en tout cas. Et je ne me serais jamais posé la question de la table sur laquelle j’écrivais.

    Il y a une table sur laquelle j’ai toujours très bien écrit, au point d’ailleurs d’y avoir eu recours consciemment au moins une fois, c’est la table dans l’atelier d’Isa (http://www.isabordat.net), à Autun, il suffit que j’y pose mon ordinateur de genoux et c’est parti, c’est sur cette table que j’ai fini d’écrire Portmsouth qui restait bloqué comme tout, et surtout c’est sur cette table, la table d’Isa que j’ai écrit le Déluge de Paques en quelques jours seulement.

    Depuis l’été dernier je dispose désormais d’une table dans ma chambre, laquelle s’est montrée être une très bonne table depuis, j’y ai écrit le deuxième moitié de Raffut , resté en suspens depuis plus d’un an, en l’espace de deux ou trois semaines, j’ai enchaîné avec Arthrose (spaghetti) , et c’est en alternance avec la table de mon bureau que j’ai écrit J. , et Je ne me souviens plus.

    C’est d’ailleurs dans cette alternance entre les deux tables, celle de l’ open space et celle de ma chambre que j’ai si bien écrit pendant tout l’automne, l’hiver et le printemps. C’est amusant d’ailleurs parce que j’ai entamé ce cycle d’écriture le 24 août 2015, c’était un dimanche soir, je venais de terminer l’installation de ma chambre, monter mon nouveau lit, entièrement réaménagé ma chambre, ses gères de livres, au point qu’il y avait assez de place pour y installer cette table, sur laquelle j’ai installé un sous-verre, comme j’aime à faire, et sous lequel j’ai fait une manière de pêle-mêle d’images comme j’aime à faire aussi, dans ce pêle-mêle se trouvent une lithographie de l’annonciation par L.L de Mars — remarquable représentation de l’envol de l’ange après l’annonce faite à Marie, laquelle se tient le ventre déjà rond, c’est comme si dans cet envol qui ressemble à une fuite par la fenêtre d’un amant, était contenu tout entier le mystère de l’immaculée conception enfin révélé — une sérigraphie de Doug Huston — au bas mot douze passages de couleurs parfaitement repérés — une photographie, une parmi des milliers de la pièce Inventory de Natalie Bookchin, une photographie de Karen Savage, un tract de Formes d’une guerre , une lithographie sur papier kraft d’un étudiant portoricain avec lequel je m’entendais à merveille à Chicago, Alejandro, mais je n’ai plus aucun souvenir de son nom de famille, un polaroid agrandi par mes soins de Jennifer Pilch, l’affichette annonçant la lecture débat avec @mona à la librairie Mille pages à Vincennes, un tirage numérique de Barbara Crane, un petit collage photographique de Hanno me représentant à la Garde de dieu, l’été 1989, un tirage par contact d’un négatif 20X25, photographie représentant un cercueil, photographie d’un étudiant dont j’ai oublié du tout au tout, et je ne connais personne qui pourrait le connaître — son sujet de prédilection, les entreprises funéraires l’a toujours un peu situé à la marge, il faisait grand cas de Nicholas Nixon, c’est bien tout ce dont je me souviens de lui — des billets de un dollar sur lesquels John Pearson avait imprimé des cyanotypes, une ancienne publicité pour les pneus de marque Dunlop , je ne sais pas pourquoi les couleurs de cette réclame font resurgir en moi des souvenirs des années septante, un petit dessin de L.L. de Mars, une photographie de Mouli et moi dans notre appartement au 943 North Wolcott, une de mes photographies de la Très Petite Bibliothèque et une autre de la série 22042003.txt et la photographie de Carlos Fadon Vicente dont j’ai déjà parlé et c’est donc à même ce pêle-mêle que je me suis photographié à l’intervallomètre en train d’écrire la deuxième partie de Raffut, indocte alors que ce serait sur ce sous verre que j’allais être tellement productif pour les prochaines semaines, et cela tout l’automne, tout l’hiver et tout le printemps.

    Mais je n’aurais jamais aussi bien écrit sur cette table seule, si l’écriture n’avait pas été entrecoupée par des moments d’écriture sur mon bureau d’ open space , c’est-à-dire, dans le pire contexte d’écriture que ce soit, un contexte dans lequel je risquais à tout moment d’être dérangé, voire surpris, en danger presque.

    Cela fait des années que je ne m’étonne plus qu’un certain inconfort est nécessaire à ma pratique de l’écriture, et qu’au contraire le confort, celui d’une belle table bien dégagée de tout désordre, la possibilité d’écouter de la musique dans de bonnes conditions, voire me verser un petit verre d’un excellent alcool , ou mieux encore celui du garage, avec tous les outils à portée de main, ce confort ne me vaut rien de bon, la preuve c’est dans les allers-retours en train entre Paris et Clermont-Ferrand que j’ai écrit la quasi intégralité du Bloc-notes du Désordre et pas seulement la rubrique, à quoi tu penses ?

    Et c’est ainsi qu’un lundi matin, au bureau, dans l’ open space , risquant d’être dérangé à tout moment, que j’ai eu l’idée de ce petit texte à propos des tables sur lesquelles j’écris, texte que je suis obligé d’interrompre parce que ma cheffe vient de rentrer dans l’ open space .

    Et si un jour je parviens à l’âge de la retraite, que je vive dans les Cévennes, il faudra sans doute que j’accentue la bancalité de la table de ma chambre pour la rendre productive.

    Exercice #6 de Henry Carroll : prendre une image politique de la nature.

    De la nature, je ne sais pas trop. Politique, oui, surement. Ne serait-ce que la légende de cette image : Ancien camp de Birkenau, Oświęcim, juin 2007.

    Ce sous-bois est celui dans lequel les victimes promises à l’asphyxie devaient se déshabiller, avant d’entrer, à leur tour, dans les chambres à gaz des crématoires 5 et 6 du fond du camp. La flèche, contemporaine, indique la prochaine station d’intérêt dans la visite du camp, c’est-à-dire, l’emplacement de ces deux crématoires.

    Il y a quelque chose de très déconcertant dans la visite que l’on peut faire aujourd’hui de ces camps. On peut voir, par exemple, des touristes en tenus de tourisme, c’est-à-dire, en été, short, chaussettes blanches, chaussures de sport et t-shirt aux différentes effigies, faire la queue, pour entrer dans la dernière chambre gaz, que les Nazis n’ont pas eu le temps de détruire dans l’ancien camp d’Auschwitz, les mêmes défiler devant des vitrines de la partie muséale du camp qui contiennent d’anciens boîtes de conserves de granulés de Zyklon B, et les mêmes également, se prenant en photo sous le portail qui indique Arbeit macht frei , à ma dernière visite, en juin 2007, les perches à selfie n’existaient pas encore.

    #qui_ca

  • J-219 : J’y vais, je n’y vais pas ? Mettre Qui ça ? en ligne, maintenant, ou, seulement quand ce sera fini ?

    A vrai dire je m’étais déjà posé la question, il y a plus de deux ans, quand j’avais commencé à construire Ursula . Et puis, après des années et des années de Bloc-notes du Désordre , je me suis dit qu’au contraire, je ferais bien de garder Ursula bien au chaud, de l’abriter des regards, de construire patiemment, d’autant que je n’étais sûr de rien. De rien. Je ne suis jamais sûr de rien. Là, je n’étais pas sûr que cela allait donner quelque chose ― et d’ailleurs je ne suis toujours pas très sûr que cela ait donné quelque chose. Et en fait, ici, avec Qui ça ? , non plus.

    Je pense qu’il y a quelques années, je me moquais bien de telles questions. Je faisais les choses et puis je les mettais en ligne, la distance entre le moment où je pensais à ce que je voulais faire et le moment où je mettais le résultat en ligne était aussi réduite que possible, en gros, le temps de faire les choses. Et puis cela n’a plus été, j’ai senti, il y a un lustre, que cela n’allait pas, que cela ne me laissait pas le loisir d’essayer, de rater, de recommencer et de rater mieux ( Ever tried. Ever failed. No matter. Try Again. Fail again. Fail better . Samuel Beckett). C’est curieux, cette phrase de Beckett, je la trouvais déjà très belle et puis, l’année dernière, j’ai eu l’occasion de remercier, ponctuellement, un simple geste, la psychologue d’Adèle, qui est irlandaise, je voulais un petit cadeau symbolique, je lui ai offert Molloy en français ― parce que Beckett avait écrit ce livre en français et que je me doutais que si elle l’avait déjà lu, elle avait dû le lire en anglais ―, elle avait souri, en me disant que c’était befitting ― entendre par là que je ne m’étais pas trompé en soupçonnant, au-delà de ses origines irlandaises, qu’elle puisse être une lectrice de Beckett ― et avait alors tenté de traduire, à la volée, cette merveilleuse formule de Beckett à Adèle en français, ce qu’elle avait très bien fait, en utilisant le verbe échouer , Essaie, échoue, essaie encore, échoue encore, qu’importe, échoue mieux. Je lui avais alors dit que dans la traduction française, aux éditions de Minuit , c’était le verbe rater qui avait été finalement choisi, mais que c’était très beau avec le verbe échouer, surtout quand on l’entend, aussi, dans son acceptation maritime.

    Il n’empêche, il s’agit bien de rater. De rater mieux. Mais de rater quand même. Et il s’agit de rater bien. De rater comme il faut. De rater en secret. De rater sans craindre le regard, et le jugement, d’autrui. Or, pendant des années, je ne me suis pas du tout préoccupé de rater en face de tous, cela ne me faisait ni chaud ni froid, en somme. J’aimais mieux réussir, mais cela arrivait quand même drôlement souvent que je rate.

    Alors qu’est-ce qui a changé ? Qu’est-ce qui a changé en moi ?

    C’est Ursula qui m’a changé.

    Ursula . En travaillant à Ursula , je n’ai pas eu peur d’échouer, à aucun moment, et même, je m’en rendais compte, si cela devait me coûter beaucoup de tra-vail, et cela m’en a coûté beaucoup, énormément, en fait, mais c’était comme de travailler à un jardin connu de moi seul, si ce que je plantais ne poussait pas, j’étais le seul à le savoir. Et de cette façon d’ailleurs, ce n’est pas le seul projet auquel j’ai travaillé de la sorte, j’ai bricolé un petit film d’animation de trois minutes, Philippe , ce que je n’avais jamais fait jusque-là, et il y avait toutes les raisons de penser que sans doute cela échouerait, par bonheur L.L. de Mars (http://www.le-terrier.net), nettement plus aguerri que moi avec ces choses animées, m’a mis le pied à l’étrier et a pris en charge le montage, voyant bien à quel point il était difficile pour moi de jeter des séquences sur lesquelles j’avais particulièrement transpiré, et cela a fini par donner ce petit film dont je suis finalement plutôt fier, je me suis lancé dans un petit film de time lapse ― un film d’intervalles ― et j’ai connu un plaisir extraordinaire à son montage en me fiant à la musique de Jean-Luc Guionnet, j’ai essayé des trucs qui ont plus ou moins bien fonctionné, comme de monter Film de Samuel Beckett sur une musique de Hubbub , et je continue de trouver le résultat de cette expérience étonnant, mais je peux difficilement m’en prévaloir (http://www.desordre.net/bloc/ursula/2014/bouquets/017.htm), je me suis de nouveau essayé à écrire des romans ― j’imagine que l’on peut tapisser ses toilettes de lettres de refus des éditeurs en prétendant être fort détaché de ces correspondances, plein de morgue même, mais, ne plus rien écrire pendant presque dix ans n’est-ce pas le signe qu’un certain message, décourageant, est peut-être passé ―, et puis finalement, dans le giron d’ Ursula , je me suis rendu compte que je prenais beaucoup de plaisir à raconter de ces histoires, leur donner corps, j’ai d’abord écrit Raffut , puis Arthrose ― dont un jour il faudrait que je me prenne par la main pour en réaliser la version électronique, sa bande-son, ses extraits de film, notamment du Fils de Saul de Laslo Nemes, tant ce livre est une entreprise de sa destruction finalement, et cela je ne le fais toujours pas parce que je me demande si j’en ai le droit, puisque c’est l’histoire de ma chance, de ma très grande chance de ne pas être allé dîner au Petit Cambodge un 13 novembre, le 13 novembre 2015, et la dernière chose que je voudrais faire c’est quelque chose d’obscène ―, et puis J. , un livre de fantasmes, Je ne me souviens plus et, cet été, Élever des chèvres en Ardèche (et autres logiques de tableur) ― ah mon, absence de talent pour les titres, en tout cas les titres courts, je crois que j’ai tout donné avec Désordre ― et puis les ébauches de Punaise ! ou encore des Salauds ― j’aimerais tellement avoir la force d’écrire ce livre jusqu’au bout, après je peux crever, je serais définitivement vengé ―, et, depuis peu, de X. et de Qui ça ? , et puis ces derniers temps ce projet de film documentaire, la Petite Fille qui sautait sur les genoux de Céline , oui, tout cela j’ai finalement eu le courage de le faire parce que je l’avais abrité des regards, au moins le temps de la construction et je crois bien que ce sera désormais ma conduite.

    Donnez-moi le temps et l’espace pour rater encore, pour rater mieux.

    Donc Qui ça ? , pour le moment va rester dans le seul cadre de seenthis, à l’état de brouillon. Je suis content d’y avoir réfléchi par écrit, une mauvaise fois pour toutes, pour emprunter la formule, à nouveau, à Samuel Beckett.

    https://vimeo.com/48765699

    #qui_ca

    • Exercice #2 de Henry Carroll : Prenez des photographies non touristiques d’un lieu touristique.

      C’est étonnamment de cette façon que je suis devenu photographe. J’ai fait mon service militaire au Service d’Information et de Relations Publiques des Armées dans l’Armée de l’air, en tant que photographe, dans un petit service qui comptait trois sous-officiers, tous les trois parfaitement photographes, avec de sérieux bagages techniques ― je leur dois beaucoup de mes connaissances tech-niques ― et pour l’un d’eux, un véritable regard de photographe ― je lui dois beaucoup dans ma façon d’appréhender un sujet et de chercher à en faire une image, il faisait notamment de la perruque en tant que photographe de plateau de l’émission de télévision Apostrophes, il était remarquable de voir que de semaine en semaine, avec le même décor, le même arrière-plan et le même éclairage, il trouvait le moyen d’un renouvellement ―, et qui se sont d’abord montrés fort méfiants vis-à-vis du deuxième classe que j’étais. Et pour me tester, d’emblée, le chef de cette petite unité, et donc photographe de plateau sur Apostrophe , m’avait confié deux boîtiers Nikon, deux FM2 si mes souvenirs sont bons, deux ou trois optiques que j’avais eu le droit de choisir parmi pléthore d’objectifs, deux films de couleurs et trois de noir et blanc et la consigne, à la fois simple et piégeuse, d’aller photographier la tour Eiffel, qui avait l’avantage de se trouver à quelques stations de métro seulement du Ministère de l’Air. Il s’attendait à ce que je revienne de ce reportage, un bien grand mot, avec une très belle collection de cartes postales, il en fut pour ses frais, et en fus assez surpris, tant ce que je lui rapportais correspondait en rien à ses attentes, j’avais d’abord pris le parti de photographier la Tour Eiffel de plus loin possible, y compris depuis le balcon de chez mes parents à Garches, ce qui était encore possible à l’époque, puis j’avais également produit toute une série de photographies des boulons rouillés de la vieille dame d’acier et aussi quelques photographies à la dérobée des touristes serrés dans les ascenseurs ― avec le recul il est assez amusant pour moi de me dire que, si cela se trouve, ces photographies font partie des archives photographiques de l’Armée de l’Air, dûment répertoriées avec des numéros de film du genre 1985-0178 0179 et 0180, je n’avais utilisé qu’un film de couleur et deux de noir et blanc et c’était, de fait, au tout début de l’année 1985. C’est au prix de cette originalité, dont je me demande bien ce qui avait pu la provoquer à l’époque, j’avais tout juste vingt ans et une culture visuelle fort pauvre, à l’exception d’un stock d’anciens numéros du magazine Zoom que j’avais achetés aux Puces ― et comme je serais content par la suite de trouver dans la bibliothèque du labo photo du SIRPA de nombreux autres numéros de cette revue que l’adjudant tenait en grande estime, parmi lesquels un numéro spécial à propos des photographes brésiliens, dans lequel j’avais fini par isoler une image de piétons sur une rue de Sao Paolo, une vue au huitième de seconde, seuls les pieds des passants sont nets, le haut de leur corps fantomatique, et par je ne sais quel tour de magie que la vie a en stock, j’ai eu à rencontrer le photographe de cette image, qui a longtemps été punaisée dans ma chambre, étudiant lui-même de Barbara Crane à Chicago, c’est désormais le tirage qu’il m’a offert, après que je lui ai raconté l’histoire de cette image, qui orne un des murs de ma chambre ― c’est au prix donc de cette originalité que j’ai été accepté au purga-toire de ce petit labo, dans lequel j’ai appris, en tirant des centaines et des centaines de photographies d’avions, mais aussi de reportages à propos de troupes au sol, ou encore de défilés militaires et de portraits de généraux, le métier de photographe.

      La même histoire de l’origine en somme racontée différemment, dans Arthrose :

      J’ai appris le métier de photographe pendant mon service militaire au Service d’Informations et de Relations Publiques des Armées (SIRPA) au sein d’une petite équipe de photographes, trois sous-officiers et moi-même, l’Aviateur De Jonckheere, deuxième classe donc, homme du rang. Les trois sous-officiers étaient des photographes de reportage tout à fait accomplis, certes cantonnés dans ce travail de représentation, glorieuse si possible, de l’armée de l’air, il n’en est pas moins qu’ils avaient de robustes compétences de photographes de terrain, l’un d’eux, par ailleurs, en dehors de ses heures de travail, était passionné de littérature et était le photographe de plateau de l’émission de télévision Apostrophes et j’ai beaucoup appris de lui, notamment sur la nécessité de réfléchir à l’image que je voulais faire avant de braquer mon appareil-photo, d’en réfléchir aux paramètres techniques, son enseignement était que la plupart du temps on disposait tout de même d’une trentaine de secondes de réflexion avant de prendre une photographie de reportage. Ces trois sous-officiers photographes étaient des passionnés et parlaient de photographie du matin jusqu’au soir, ils étaient abonnés à toutes sortes de magazines spécialisés et un de leur jeu préféré, qui devenait rapidement une joute amicale, était de deviner les circonstances d’une image, ses paramètres et ses astuces techniques et ce qui avait sans doute été produit au laboratoire pour parvenir à une telle image. J’ai beaucoup appris de ces discussions auxquelles j’étais parfois invité à participer en fin d’année de service militaire, ayant désormais acquis un vrai bagage technique. Parmi les nombreuses revues de photographie il y en avait une qui avait ma prédilection, il s’agissait de la revue Zoom , depuis défunte, et dans laquelle on trouvait les photographies les plus esthétiques comparées aux autres magazines, notamment les photographies de mode, sans compter quelques photographies à l’érotisme très esthétisant dont je ne pourrais jamais dire que, jeune homme, elles ne m’aient pas questionné et, si je devais les retrouver aujourd’hui, à quel point elles me feraient sourire. Et une bibliothèque occupait le couloir central de cet atelier de photographie dans laquelle se trouvaient de pléthoriques archives de toutes ces revues. Je me souviens d’un numéro spécial de Zoom consacré à la photographie brésilienne. Dans ce numéro une photographie avait particulièrement retenu mon attention, il s’agissait d’une photographie de rue, carrée, au 6X6, en noir et blanc qui représentait des passants flous à l’exception de leurs pieds qui étaient restés à peu près nets, flou de mouvement qui avait été particulièrement heureux pour permettre la création de ces fantômes aux pieds nets posés sur un pavé dont le piqué était remarquable. J’avais demandé à l’adjudant Rullaud. ce qu’il pensait de la vitesse d’obturation de cette image, 1/15ème ?, avais-je hasardé, plutôt 1/8ème avait-il répondu, donc l’appareil est sur un trépied ?, et, comme toujours, l’ironie avait fusé, avec une petite trace d’accent du Sud-Ouest, et bien si vous tenez le 1/8ème de seconde à main levée avec un Hasselblad, vous pouvez revendre votre trépied. Cet après-midi les tâches en cours étaient peu nombreuses et je lui avais demandé la permission de me servir du banc de reproduction pour me faire un tirage de cette image que j’aimais beaucoup. Fait inhabituel, il avait montré de l’enthousiasme pour cette perruque et m’avait même proposé de me servir de l’Hasselblad pour un meilleur rendu, homothétique qui plus est. J’ai longtemps eu ce tirage au-dessus de ma table de dessin quand j’étais étudiant aux Arts Déco, dans mon appartement de l’avenue Daumesnil. Ce qui est étonnant c’est que je n’avais pas pensé à noter le nom du photographe brésilien qui avait pris cette photographie. Trois ans plus tard je partais étudier à Chicago. J’ai fait des pieds et des mains pour suivre les cours de Barbara Crane sur le bon conseil de mon ami Halley. J’avais fini par obtenir d’intégrer le groupe d’étudiants en Master qu’elle prenait en tutorat ce qui était beaucoup plus que je ne pouvais espérer. Au début de l’année scolaire nous avons eu une réunion de ses étudiants de Master au cours de laquelle nous devions apporter quelques images de nos travaux en cours, pour ma part j’avais montré ma série sur Berlin, dont je ne peux pas dire, qu’en dehors de Barbara Crane, elle ait beaucoup enthousiasmé les autres étudiants. Puis ce fut le tour des deux Gregs. Les deux Gregs c’était un peu une autre limonade. Après eux, un autre étudiant étranger présentait un portfolio de photographies en noir et blanc, toutes prises à l’Hasseblad, les tirages étaient somptueux et en grande majorité montraient des paysages urbains de nuit avec cette particularité intéressante que sur aucune de ces images nocturnes on ne pouvait voir la source d’éclairage public qui pourtant éclairait ce paysage urbain de São Paulo. Barbara Crane n’était pas avare de compliments pour cet étudiant un peu plus âgé que nous et qui, comme moi, s’exprimait dans un anglais maladroit. Lorsqu’il est arrivé à la dernière image de son portfolio de photographies nocturnes, il était sur le point de remettre tous ses magnifiques tirages dans leur boîte quand je remarquai au fond de la boîte cette image que je connaissais si bien des fantômes sombres sur le pavé net. J’ai eu du mal, dans mon anglais encore balbutiant à l’époque, à raconter à quel point il était extraordinaire que je me retrouve en présence de cette photographie qu’un mois auparavant je décrochais du mur de ma chambre avenue Daumesnil à Paris, empaquetant mes affaires pour les stocker dans la cave de mes parents à Garches, avant de prendre le départ pour Chicago où je me trouvais désormais en face de son photographe en chair et en os. Carlos Fadon Vicente. Qui le jour de son départ de Chicago, en fin de premier semestre, m’avait cherché dans le labo pour me remettre un tirage de cette image, j’étais très ému de ce cadeau et avait balbutié le seul mot de portugais que je connaisse, Obrigado , nous nous étions embrassés dans l’éclairage inactinique du laboratoire collectif des étudiants en Master ― parfois internet ce n’est pas si pratique que cela, ainsi j’avais oublié du tout au tout le nom de Carlos, d’ailleurs dans un premier temps je me souvenais de Ricardo, et pourtant je voulais absolument que son nom figure en toutes lettres dans ce texte, pas juste son prénom, dont justement je me rends compte que ce n’était même pas le sien, j’ai passé beaucoup de temps à tenter toutes sortes de recherches pour retrouver Carlos-Ricardo, j’ai fouillé dans des listes et des listes de noms dans les anciens étudiants de the School of the Art Institute of Chicago (parmi lesquels j’ai été très déçu de ne pas trouver le mien), ce qui ne risquait pas beaucoup de réussir si je continuais d’appeler Carlos Ricardo, j’ai tenté de faire des recherches sur les archives du magazine Zoom sur internet, dont force est de constater qu’il n’en reste pas grand-chose, ce que je trouve regrettable, j’ai tenté des recherches sur les projets d’urbanisme de São Paulo parce que je savais que cette photographie faisait partie d’un ensemble de photographies qui avaient été commandées par un des urbanistes d’un grand projet de cette mégapole bré-silienne, j’ai fait des recherches de plus en plus larges à propos de photographes brésiliens contemporains, j’ai découvert une multitude de photographes aux travaux admirables, mais je ne retrouvais toujours pas Carlos-Ricardo, j’ai sorti la photographie du sous-verre posé sur ma table de travail et sous lequel j’ai composé un pêle-mêle parmi lequel se trouve la photographie de Carlos (mais aussi une lithographie de L.L. de Mars, une sérigraphie de Doug Huston, un polaroid agrandi de Jennifer Pilch, dont j’étais fou amoureux, une petite photographie de Natalie Bookchin, une photographie de Karen Savage, un tract de Formes d’une guerre , une lithographie sur papier kraft d’un étudiant portoricain à Chicago dont je me souviens seulement du prénom, mais de façon certaine, Alejandro, l’affichette de la lecture de @mona à la librairie Mille Pages à Vincennes, un tirage numérique de Barbara Crane, un petit collage photographique de Hanno me représentant à la Garde de Dieu en 1989, des billets de un dollar sur lesquels John Pearson, un autre étudiant de Chicago, avait imprimé des cyanotypes, une ancienne publicité pour le pneus Dunlop, pour ses couleurs qui me rappellent des tas de souvenirs d’enfance, un dessin de L.L. de Mars, une photographie de Mouli et moi chez nous, 943N Wolcott avenue à Chicago, une de mes photographies de la Très Petite Bibliothèque et une autre de la série 20040322.txt , un collage de quatre photographies représentant B. et moi nous embrassant à la Garde de Dieu, et enfin la photographie de Carlos) dont je pensais toujours qu’il s’appelait Ricardo, dans l’idée de la scanner de tenter une recherche en utilisant l’option de recherche par image du moteur de recherche, et c’est à ce moment-là que je me suis rendu compte, comment n’y avais-je pas pensé plus tôt ?, surtout quand on connaissait un peu Carlos, le genre de photographe sérieux, que naturellement, non seulement son nom figurait au crayon à papier au dos du tirage, mais aussi toutes sortes d’indications, Da Paulista, 1983, (Sao Paulo) © Carlos Fadon Vicente ƒ8 1/8 93˝ D 288/12 , pas toutes compréhensibles même par un autre photographe, le D majuscule souligné voulait-il signifier que le film avait développé dans du D76 ?, en revanche je remarque, trente ans plus tard, que le pronostic de l’adjudant Rullaud. était juste, c’était bien au huitième de seconde qu’avait eu lieu cette affaire : c’est fi-nalement là qu’internet est le moins pratique, quand on y cherche des choses que l’on a sous le yeux. J’ai toujours peine à me dire que ce jeune homme que j’étais devenu, presque 24 ans d’arrogance et de sûreté de soi, parti conquérir rien moins que l’Amérique, s’imaginant rien moins que le nouveau Robert Frank, n’était distant que de trois années de celui peu assuré qui s’arrangeait surtout pour ne pas trop déplaire aux trois sous-officiers photographes du SIRPA, ce faisant, tirant le meilleur de leurs connaissances techniques fort sûres, mais surtout ne les contredisant pas sur tant et tant de sujets, surtout politiques, mais aussi à propos de certaines des légendes courantes dans le monde de la photographie de reportage et notamment ces histoires abracadabrantes de scoops qui constituaient pour eux une manière de Saint Graal, se trouver sur les lieux d’une catastrophe, d’un événement historique, d’un attentat, d’un accident, sur le chemin d’un homme politique pris la main dans le sac, d’être le témoin photographiant de toutes sortes de malversations, de délits, de petits scandales minables écla-boussant à peine des personnalités du monde du spectacle, que sais-je encore, toutes sortes de situations dans lesquelles je rêvais moi de ne surtout pas me trouver, quand bien même, et c’était cela qui me désolait de la part de ces instructeurs chevronnés, cette attirance, de tels scoops pourraient mériter toutes sortes de rétributions de la part des grands hebdomadaires de la presse. Et à ce sujet les légendes urbaines qui émaillaient leurs conversations étaient à la fois nombreuses et invraisemblables, tel organe de presse, en cas de grande catastrophe aérienne, capable d’acheter en liquide, pour de fortes sommes, des films qui n’étaient pas encore développés et c’était tout un monde qui miroitait dans les yeux de ces photographes pourtant aguerris mais crédules de ces histoires dont au contraire, moi, si jeune, tellement en attente de leur validation, de leur reconnaissance comme un des leurs, alors je lisais Ultramarine de Malcom Lowry, et comme tout cela résonnait fort en moi, moi, leur deuxième classe de corvée des trucs pas toujours très drôles à faire, de ces batchs de films à déve-lopper dans la journée avec des planches-contacts, nettoyer les cuves, faire les mélanges et les tirages en cinquante exemplaires, c’était finalement moi qui était le moins crédule de telles fables. D’ailleurs quand j’entends le mot scoop, dans tout ce qu’il ne contient pas, c’est souvent à ces lointaines discussions en prenant le café que je tenais prêt au moment où les sous-officiers rentraient du mess des sous-offs, que je repense, pour moi le scoop ce serait toujours ces effets de récit d’une vie, ces spaghetti ramassés en désordre dans une assiette, mais que l’on tire sur un seul et cela bouge de l’autre côté de l’assiette, disparaît sous la masse des autres spaghetti, pour réapparaitre, ces moments de vie souterraine à l’intérieur de la vie-même, la photographie du magazine Zoom isolée, reproduite, accrochée sur le mur de ma chambre et dont je rencontre le photographe à l’autre bout du monde, ces photographies d’une jeune ivoirienne ramassée dans un bar et qui reparaît en Alsace, cette chambre en Espagne où je séjourne chez l’Oncle de mon amie Laurence, juge, et dont la fille, qui est en photographie de mariée sur la table de chevet de cette chambre et qui un jour devient mon avocate, ceux-là sont les vrais scoops de l’existence. Passer tout près de l’explosion d’une bombe, d’un accident ou d’un attentat terroriste, quelle que soit la manière dont ensuite on tente de donner du sens à ce frôlement continue d’être, par définition, un non-événement, le contraire même d’un scoop.

      Avec le recul, j’en viens à réaliser qu’en matière de photographie j’aurais eu deux professeurs assez dissemblables, l’adjudant Rullaud et Barbara Crane.

  • désespérément monosémique | TANX
    http://tanx.free-h.fr/bloug/archives/8547#comment-189

    @soupherbe

    article publié en réponse à des remarques, pourtant, rendues absentes (ce qui permet de les altérer sans risque. Rien de plus facile que de prendre le dessus sur un adversaire imaginairement minuscule )

    à quoi, du coup, je répond, forcément, puisque tout est né ici, sur Seenthis, dans les commentaires à l’article http://seenthis.net/messages/446983

    «  Aussi quand on semble découvrir que je ne suis pas une imbécile parce que je me mets à écrire est assez révélateur : je suis une idiote par défaut, et je dois prouver que ça n’est pas le cas. [...] »

    Tu te trompes. Cette attaque violente contre un dessin instrumental et paresseux, je l’ai déjà servie, par exemple, à un parterre de dessinateurs masculins, pour les mêmes raisons, lors d’une table ronde à un festival ( Festival de bd engagée , à Cholet, je ne sais plus l’année mais Neaud et Willem étaient sur le même plateau), au cours de laquelle je démolissais le boulot d’une dizaine de dessinateurs satiriques, tous des hommes, et notamment parmi mes confrères, évidemment.
    C’est une affaire politique autour du dessin, ce n’est pas une question genrée.
    Ça t’arrange de croire qu’il s’agit d’un problème homme/femme, j’en suis désolé mais absolument pas. Je suis féministe, je n’ai aucune raison d’accepter cette lecture truquée de mes remarques.

    C’est bien ton dessin par lequel je t’avais supposée hâtivement imbécile ; un dessin imbécile, donc, en lui-même, un dessin sans finesse, démonstratif, une camelote — remarque que tu ne trouves « goujate » qu’à la condition de l’avoir genrée, justement, ce qui est une remarque sexiste de ta part à mon égard — tout comme il m’arrive de supposer, par le dessin également, imbéciles un bon paquet de dessinateurs. Pour lesquels je peux aussi me tromper. ils sont peut-être, comme toi, moins cons que leur dessin.

    Ton dessin n’est pas direct, contrairement à ce que tu dis. Il est lourd, académique, décoratif, poseur et donc, contrairement à toi, timide et sinueux. Tout sauf « direct ». Les conventions de ce fameux « alternatif » ne sont rien d’autre qu’un pompiérisme. Quand à ce que j’aurais à dire du dessin, ça ne tient pas en dix lignes, tant pis. Je t’invite à lire les trois derniers numéros de Pré Carré pour t’en convaincre. Tu peux aussi ignorer ce travail d’écriture sur le dessin, évidemment, et continuer à m’imaginer tel que ça t’arrange.

    Comme tu n’as pas supporté les commentaires sur ton propre site relativement au billet précédent, et ceci parce qu’ils écorchaient un peu trop lisiblement tes certitudes aprioriques que tu as de comprendre à qui tu as affaire, je double celui-ci sur Seenthis où tout ça est né, au fond, et ça ne disparaitra pas dans le cosmos : il n’est pas question que je me laisse implicitement instrumentaliser par un quelconque silence là-dessus.
    Je t’ai proposé de parler de ça en se rencontrant, ce qui est une proposition honnête, moins absurde qu’un fight dans des coms. C’est évidemment toujours valable. Je suis à Angoulême cette année, par exemple, on peut très bien s’engueuler à propos de dessin si tu le désires.

    Tanx, il va falloir te faire à l’idée que pour causer de ton dessin, je me fous absolument que tu sois une femme ou un homme. Aucun des hommes que j’ai envoyés chier à ce jour parce que je les prenais pour des rigolos en matière artistique n’a supposé que son sexe avait un rapport quelconque avec mes remarques. Je t’invite à en faire autant.

    –-----------------------
    Ça n’est pas la première fois qu’on me pense idiote (et à me le dire frontalement dans la plus parfaite goujaterie).
    cette remarque n’est pas QUE sexiste : elle vise aussi à t’autopersuader que tu me connais depuis toujours, que tu m’as déjà affronté sous d’autres formes, bref, à me nier.

    • Et sur twitwi :

      Et donc LL de mars poste un commentaire encore plus insultant et pense savoir mieux que moi comment je conduis mon taf.

      Aka : il n’a pas bien lu que mon texte ne parle pas que de lui => il illustre pile dans ce que je décrivais, qu’une femme ne peut pas réfléchir... et se contente de réagir.

      Et aussi, grand moment de LOL, il affirme être féministe. comme ça, easy, les doigts dans le nez

      bref, je vais finir mon dessin

    • Tant pis. On ne renonce pas si facilement à une certitude. Trouver de l’esprit à quelqu’un qu’on avait pris pour un imbécile, en être surpris, s’en vouloir de l’avoir rapidement enfermé dans un bloc sans complexité, c’est exactement ce qui m’est arrivé avec Tanx.
      Ce que je dis sur un dessin, qu’il s’agisse du sien ou d’autres qui s’engouffrent dans les mêmes impasses, n’est pas une « insulte ». Il y a une vraie bêtise du dessin politique à ne rien produire, il y a une vraie imbécilité du dessin de presse de gauche à se fourvoyer dans les modes de la communication efficace et immédiate et se rendre incapable d’inventer des mondes, de changer des formes. Mais je ne vais pas reproduire ici tout ce que j’ai pu déjà dire dans l’entretien avec le Monde Libertaire (lié dans l’autre article).
      Enfin bon, il reste toujours Twitter pour combattre des dragons qui n’existent pas...

    • Oui alors franchement je sais pas vraiment pourquoi je me mêle de ça en public, peut-être parce que des gens que j’aime bien s’engueulent. Pourquoi je mets mon nom officiel de dessinateur, je sais pas trop non plus, bref. Pour autant que ça vaille quelque chose, voici mon avis.

      Même si je connais LLdM, le ton « professoral » (je sais pas trop quoi mettre comme mot) du gars qui s’est fait une opinion définitive et totalement appuyée sur une réflexion sans faille et qui va t’expliquer derechef comment tel sujet doit être abordé (je caricature un peu), ce ton possède un potentiel d’agacement assez considérable en ce qui me concerne, et j’imagine que ça peut faire le même effet sur d’autres gens. Après je le connais, je sais que ses propos sont loin de ne contenir que du vent enrobé d’ourlets aux vocables choisis et que son but n’est pas de t’aplatir sous le flot de ses démonstrations et qu’il est ouvert à la discussion (aussi couillonnement cliché que l’expression puisse être) . Mais ça sonne quand-même souvent comme des démonstrations définitives et irréfutables et ça peut être très vexant.

      Tanxx elle se fait quand-même engueuler très souvent par tout un tas de gens qui n’ont (pour ce que je peux en juger) pas souvent raison et qui la prennent de haut sous divers prétextes, entre autres parce que c’est une femme féministe (et je pense vraiment que ce n’est pas le cas de LLdM). Je comprends assez bien qu’elle puisse en avoir pas mal raz la casquette des donneurs de leçons (réels ou présumés) et qu’elle ait pas trop envie de continuer à causer avec quelqu’un qui lui explique posément mais très brutalement que son dessin, dans lequel elle balance sûrement une bonne partie de son énergie, est un dessin imbécile.

      Dites à n’importe quelle personne qui met de l’énergie dans quelque chose depuis longtemps que le résultat est imbécile, ça ouvre pas des masses la porte au dialogue, même sur d’autres sujets. Evidemment on peut le penser et vouloir le dire, mais y a la manière. Enfin bref.

      Sinon, de manière plus globale, je pense que nous autres garçons devrions un peu plus la fermer et laisser causer les filles quand il s’agit de féminisme, même si ce qu’on a a dire n’est pas idiot, même si ça nous tient à cœur, même s’il est difficile de s’abstenir de briller. Et comme je suis conscient du paradoxe d’écrire un message pour m’enjoindre à ne plus en écrire, je cesse céans (donc j’essaierai de ne pas répondre aux éventuels autres commentaires, même si je suis souvent coupable de vouloir avoir raison).

    • @ibnalrabin

      Même si je connais LLdM, le ton « professoral » (je sais pas trop quoi mettre comme mot) du gars qui s’est fait une opinion définitive et totalement appuyée sur une réflexion sans faille et qui va t’expliquer derechef comment tel sujet doit être abordé (je caricature un peu), ce ton possède un potentiel d’agacement assez considérable en ce qui me concerne, et j’imagine que ça peut faire le même effet sur d’autres gens.

      Les formes sont une source infinie de malentendus, de toute façon. Mais une position tranchée, brutale, ne signifie pas qu’elle est surplombante (la guerre, pour moi, c’est le corps à corps, la hauteur des corps empoignés, ce n’est pas le ciel des idées lâchant ses petites bombes à la con). C’est d’autant malvenu pour juger de ma position qu’elle est, socialement, et très volontairement, désinstitutionnalisée, sans aucune forme d’autorité légitimante pour accompagnatrice. Disons que, pour la suite de ce que tu dis et qui, justement, considère le ton, il y a une petite chose éclairante, tout de même :

      Tanxx elle se fait quand-même engueuler très souvent par tout un tas de gens qui n’ont (pour ce que je peux en juger) pas souvent raison et qui la prennent de haut sous divers prétextes,

      précisément, à propos des formes de mélodies personnelles et de leur cause, et c’est peut-être la chose qui ne vient pas tout de suite à l’esprit tellement on imagine le planant intello si loin loin loin dans le ciel des idées que rien ne le touche, ne l’effleure, hé bien il se trouve que dans mon milieu de connards finis, d’analphabètes, de branleurs contents d’eux, celui de la bande dessinée, je me fade depuis toujours, tous les jours que Dieu fait, la bonne vieille haine anti intello contre laquelle j’ai pris l’habitude de me blinder à mort sans quoi je ne foutrais plus rien depuis longtemps.
      Il n’y a pas une parole de moi excédant les trois mots un peu longs, pas une planche un peu pas assez ceci, un peu trop cela, pas un dessin un peu trop indéchiffrable par une truite, qui ne vienne armer un jugement définitif sur ces saloperies de prétentieux qui viennent nous emmerder avec leurs théories compliquées et inutiles, alors que la bd et la vie, la vraie, c’est le rock’n’roll, les choses simples et les saucisses grillées. Mon ton, donc, ce fameux ton légèrement rugueux, il s’est poli le tranchant là-dessus depuis que j’ai rencontré l’adversité, la bonne vieille lourdeur des hommes, c’est-à dire depuis toujours.

      Dites à n’importe quelle personne qui met de l’énergie dans quelque chose depuis longtemps que le résultat est imbécile, ça ouvre pas des masses la porte au dialogue, même sur d’autres sujets. Evidemment on peut le penser et vouloir le dire, mais y a la manière. Enfin bref.

      oui.

      Sinon, de manière plus globale, je pense que nous autres garçons devrions un peu plus la fermer et laisser causer les filles quand il s’agit de féminisme,

      non
      même si on risque de se planter, même si on est aveugles à la plupart de nos propres comportements débiles, hautains, d’un vieux fond de pot misogyne qui colle toujours au fond, même si il est infiniment plus simples de minimiser les situations coercitives, violentes, quand on est né du bon côté de la domination, on a quand même le devoir de l’ouvrir et de soutenir nos camarades, parce que sinon, jamais ça ne marchera. Quitte à se faire engueuler si on est à côté.
      J’ai été guéri de toute tentation de laisser la lutte féministe aux femmes - ce serait quoi, une sorte de tact, de retrait poli, de sentiment d’illégitimité ? - en devant batailler dans d’autres circonstances, devant l’antisémitisme : j’ai vu pendant des années qu’à chaque fois qu’un juif relevait une évidence antisémite, il était renvoyé à la paranoïa du juif qui voit le mal partout. Et qu’un non-juif prenne ce type de position le renvoyait invariablement à la question de la légitimité sous la forme : pourquoi ça t’intéresse tant, t’es pas juif ? ou qu’est-ce que t’en sais, t’es pas juif ? Toute position, de toute façon, étant intenable, alors il n’y a rien à perdre à se placer du côté de la victime. Ne pas le faire serait se comporter comme une merde. Je vais pas me priver de soutenir mes potes kurdes sous le prétexte que je ne suis pas kurde. Et en l’occurrence, pour ce qui est du sexisme, ça me ferait bien chier de fermer les yeux sur les comportements sexistes que je rencontre sous le prétexte de... De quoi d’ailleurs, que ça me regarde pas ?
      Le féminisme séparé ? Bon sang mais si on n’a pas ça à faire ensemble, alors, qu’est-ce qu’on a à faire ensemble ?

      Et comme je suis conscient du paradoxe d’écrire un message pour m’enjoindre à ne plus en écrire, je cesse céans (donc j’essaierai de ne pas répondre aux éventuels autres commentaires, même si je suis souvent coupable de vouloir avoir raison).

      Merci d’être passé. On aurait sans doute des circonstances moins agonistiques de se rencontrer à nouveau ici. J’espère.

    • on a quand même le devoir de l’ouvrir et de soutenir nos camarades, parce que sinon, jamais ça ne marchera

      Cette phrase, toute seule, me parait plutôt vraie, et il me semble que les femmes féministes sont généralement contentes aussi quand elles rencontrent ce comportement.

      Le truc c’est qu’il y a une différence entre l’ouvrir pour soutenir (= pro-féminisme, ami, à côté dans la lutte), et l’ouvrir pour conseiller de comment les choses devraient être faites autrement (= mansplaining).

      Après bien sûr, je distingue le fait de donner des conseils/critiques autour du féminisme, et le fait de donner des conseils/critiques sur le travail de la personne en général. Mais des fois c’est lié, ou ça peut être perçu comme étant lié, de manière légitime.

      + la forme effectivement, et ça on pourrait en parler longtemps aussi : tout le monde n’a pas adopté de manière volontaire les Règles de Crocker : https://fr.wikipedia.org/wiki/Lee_Daniel_Crocker#R.C3.A8gles_de_Crocker
      Ce n’est pas parce qu’on accepte possiblement pour soi-même ce genre de communication que c’est le cas pour les autres.
      Et donc en conséquence, je ne suis pas d’avis qu’on s’exprime de la même manière suivant les interlocuteurices : sans pour autant dénaturer le fond, il y a un certain nombre de choses (je ne suis pas présomptueux au point de dire « tout ») que l’on peut dire et exprimer de plusieurs manières différentes suivant à qui on s’adresse, si on connait bien la personne ou pas, si on connait sa manière à elle de communiquer ou pas, et suivant l’effet voulu aussi (choquer, informer, amorcer un réel dialogue, etc).

    • @rastapopoulos d’accord avec tout ça. Me faudrait beaucoup de temps pour détailler, pas à pas, notamment dans ce cas de figure - celui qui découle d’une prise personnelle de parole, publiquement, cherchant à superposer, comme un problème articulé, le phallocentrisme d’une institution et son conservatisme artistique et qui s’est développée peu à peu dans une attaque violente, par moi, de positions devant le dessin, qu’il s’agisse du cas particulier de Tanxx ou de n’importe quelle autre façon de redistribuer de la norme dans un cadre prétendument insoumis ; du temps parce qu’il recouvre plusieurs étapes dans la considération des uns par les autres et le déplacement de leurs positions, graduellement, à mesure que l’objet de la critique se déplace également (et que les sujets y sont pris, avec tout ce que ça implique d’affects). Je n’ai pas, là, dans les jours qui viennent, ce temps (ça ne veut pas dire que ça n’arrivera jamais, hein) mais je peux au moins dire ceci :
      Il n’y a rien dans ma position qui ressemble à un conseil donné sur le dessin et sur la façon de le considérer. Je marque sans détour mon adversité totale à une famille du dessin dans laquelle, que je le veuille ou non, tant que je travaillerai avec des groupes politiques, je baigne. Un conseil ne serait pas que patelin et salement condescendant, il serait - au moins fantasmatiquement - du même côté . Je n’ai laissé croire à aucun moment que j’étais du même côté du dessin. J’ai dit en revanche que dans la lutte, il y a un nombre considérable de choses qui nous réunit. Bon.
      Après ça, que Tanxx ne veuille plus entendre l’éventualité que je sois féministe parce qu’elle fait de ces attaques sur le dessin la conséquence d’une position séparée, qu’est-ce que je peux y faire ? C’est raté, c’est raté. Là-dessus, Ibn al rabin ne s’y trompe pas : la sécheresse de mes attaques sur quelque chose d’aussi viscéral que ce au service de quoi on met l’essentiel de sa vie rendrait bien compliquée une autre conversation... ll faudrait développer des trésors d’invention pour trouver un mode, à deux, de parole évacuant ce qui nous sépare au profit de ce qui nous rapproche. Elle ne le désire pas, je comprends très bien, je n’ai rien fait pour rendre ça franchement simple. Mais j’ai fait depuis quelques années de cette question du dessin comme sillage d’effectivité un point central de mes positions éthiques, politiques, artistiques. C’est ma forme de la guerre (et non pas la forme de ma guerre ).

    • Et encore Tanxxx, à ma connaissance, elle a encore jamais fait de time lapse , parce que là elle aurait pu entendre le @l_l_de_mars au sommet de sa forme. #private_joke

      Non ce qui m’interloque depuis le début de ce débat, c’est de constater à quel point un point de vue, certes exprimé de façon pas hypertendre (et encore il n’est pas question de time lapse), est à ce point inaudible. L’argument qui dit que quand on met ses tripes sur la table on n’a pas besoin d’entendre que les tripes en question elles ne sont pas fraîches n’est pas très sérieux je trouve. Si on met ses tripes sur la table, on s’en tape complètement que d’autres pensent qu’elles soient pas hyper fraîches ou pas.

      Et il n’est pas interdit non plus de se tromper, même si cela prend du temps. Cela fait déjà 14 ans que j’échange avec @l_l_de_mars et nous ne sommes tendres ni l’un avec l’autre, et je considère que je bénéficie beaucoup de cette discussion, quand bien même elle s’exprime parfois dans le cadre intraitable de la liste de discussion du Terrier, en comparaison duquel les épreuves digitales des Logos club, c’est vraiment de la petite mousse, et cela m’a amené un certain nombre de fois tout de même de prendre conscience de points aveugles dans mon travail, par exemple je ne serais jamais assez reconnaissant de @l_l_de_mars de m’avoir finalement fait admettre qu’il était urgent d’abandonner le bloc-notes du Désordre, et c’était tout particulièrement pas facile à attendre (et cela a de fait pris beaucoup de temps) que dans l’enceinte de droite j’entendais très bien le concert de louanges à propos d’un truc dont je comprends avec le recul que j’y perdais TOUT mon temps. Et il y d’autres exemples de cela.

      Et il y a d’autres exemples de cela en sens inverse, comme un certain dessin dont @l_l_de_mars ne se rendait pas compte qu’il fût potentiellement antisémite.

      Finalement Tanxxx pourrait comprendre que ses pires ennemis sont ceux qui lui chantent que non, vraiment ses dessins ils sont trop de la balle qui tue, ans comprendre que de tels concerts émanent de personnes qui chantent faux sans le savoir et qui en plus ne savent même pas lire la partition.

      Je dois avoir eu beaucoup de chance pour être tombé, dans ma formation, sur des professeurs qui ne me faisaient aucun cadeau (parmi lesquels le quatuor infernal Barbara Crane, Bart Parker, Robert Heinecken en peu de mots, mais tous très bien choisis et pas tous polis et Joyce Neimanas — tout en douceur, mais avec des déflagrations ultérieures impressionnantes)(et d’autres encore moins caustiques, mais qui tout de même me le servaient straight , Frank Barsotti, Rita De Witt, Karen Savage, Ray Martin...) , du coup quand je suis au travail, mes émotions restent au seuil du garage.

      Moi je dis, à Angoulème, allez prendre des cafés et des bières, parlez, et envoyez-moi la note des bières et des cafés.