person:karl kraus

  • Max Nordau et l’art dégénéré du goy (1900)
    http://www.dedefensa.org/article/max-nordau-et-lart-degenere-du-goy-1900

    Max Nordau et l’art dégénéré du goy (1900)

    Philosophe juif et sioniste hérétique (il acceptait l’Ouganda…), Max Nordau appartient à toute cette génération de penseurs juifs politiquement incorrects qui défièrent à Vienne le monde moderne dans le sillon de Nietzsche, et auxquels j’ai rendu hommage dans mon livre sur Kubrick. Schnitzler, le jeune Weininger, l’extraordinaire et éternellement méconnu Karl Kraus et même Freud dans son genre furent, entre beaucoup d’autres, ces êtres qui foraient, sapaient et minaient le monde moderne qui s’était construit depuis beaucoup plus longtemps que ne le pensaient les chrétiens peu éclairés et les traditionalistes de l’époque. Un rappel : Jonathan Swift se demandait déjà par quoi on remplacerait le christianisme au début du dix-huitième siècle. Eh bien on le remplaça par (...)

  • George Carlin 1992 « We Like War » - Jammin’ in New York
    https://www.youtube.com/watch?v=SoqcDPiVxJ8


    Dans cette conférence sur la guerre George Carlin s’exprime comme un Karl Kraus puissance Pierre Desproges .

    That’s our hobby, that’s our new job :
    bombing brown people.
    ...
    When were there the last white people we bombed?
    Can you remember the last white people we bombed ?
    Do you remember any white people we’d ever bombed ?
    The germans and those are the only ones and that’s only because they were trying to cut in our action.

    They wanted to dominate the world.
    Bullshit, that’s our fucking job !

    Karl Kraus : La dernière nuit de l’humanité (1933-1936)
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Karl_Kraus#La_derni.C3.A8re_nuit_de_l.27humanit.C3.A9_.281933-1936.29

    Karl Kraus rédige son dernier grand pamphlet, qui en référence au Second Faust de Goethe, est intitulé : Troisième nuit de Walpurgis. Ce texte, qui devait paraître dans un cahier de la Fackel de près de 400 pages, s’ouvre sur une formule restée fameuse : « Mir fällt zu Hitler nichts ein » (« en ce qui me concerne, je n’ai aucune idée sur Hitler »), avant de s’efforcer ensuite de « dire l’indicible, même si cela ne doit pas aller au-delà de la tentative visant à montrer l’inanité des moyens intellectuels. »

    #USA #Allemagne #Autriche #satire #guerre

  • Une discussion avec Aude Lancelin sur l’état (désastreux) de la presse hexagonale - VICE
    https://www.vice.com/fr/article/interview-aude-lancelin-le-monde-libre

    On est passé du grand patron de presse à l’idéologie bien affirmée à des actionnaires voraces, en fait. Des mecs fascinés par « le progrès » et tout ce qui dissimule le néolibéralisme le plus classique.

    Absolument. Ces gens-là ont un tout autre rapport à la presse qu’un Robert Hersant ou un Serge Dassault, qui ont pourtant longtemps fait pousser des cris d’orfraie à la gauche. Il ne s’agit plus de s’offrir un titre pour soutenir tel ou tel camp, on est passé à un autre âge de la propagande, plus insaisissable, plus dangereux par conséquent. Au sens large, il s’agit en effet d’imposer une vision libérale du monde, où la casse sociale la plus sordide se voit réenchantée en modernité ubérisée, de promouvoir un monde fluide, pseudo-innovant, sans alternative. Il s’agit également d’infuser dans le milieu du journalisme de nouvelles méthodes de « management », importées d’autres univers, comme celui de la banque. Personnellement je parlerais de saccage.
    […]
    À terme, je ne pense pas que Le Monde puisse être une réussite économique, même si pour le moment, jouer la carte « quotidien de référence » s’avère bien sûr un recours efficace. À cet égard, sa dernière innovation, le #Décodex

    Ça, je comptais vous en parler.

    Personnellement, ça m’a beaucoup fait rire. Comment les journalistes d’un groupe appartenant à deux milliardaires issus du luxe et des télécoms et un banquier d’affaires peuvent-ils se penser bien placés pour décerner des points de bonne conduite intellectuelle à qui que ce soit ? Comment peut-on notamment attendre d’un tel titre qu’il promeuve des idées dérangeantes ?

    Le cas des Crises, l’un des rares sites alternatifs en ce qui concerne les affaires internationales, est particulièrement évocateur. Son approche de la crise ukrainienne, à rebours de celle du Monde qui est plus ou moins réglée sur celle d’un Bernard-Henri Lévy, lui a sans doute valu cette mise à l’index. Ne peut-on pourtant dire que ce dernier, #BHL, est l’un des principaux propagateurs de #fake_news des vingt dernières années en France ? Souvenez-vous du nombre d’erreurs factuelles relevées par la presse américaine dans Qui a tué Daniel Pearl ?, souvenez-vous des contrevérités brandies par ce personnage pour justifier une intervention guerrière en Libye.

    • Au-delà du cas Joffrin, la #critique des #médias n’est pas un sport très répandu chez mes confrères. Ça passe souvent pour un manque de « #confraternité ». On entend souvent ce terme-là, que je n’ai pour ma part jamais compris. Si vous êtes charcutier, devez-vous vous sentir solidaire d’un confrère qui mettrait de la viande avariée dans ses saucisses ? C’est très curieux comme idée. Personnellement, je ne me sens nullement solidaire de David Pujadas, de Ruth Elkrief ou d’Arnaud Leparmentier. Nous ne faisons tout simplement pas le même métier, eux et moi. En réalité, la « confraternité » est bien souvent une façon de se serrer les coudes, de défendre des positions de pouvoir. Aussi bien Guy Hocquenghem que Karl Kraus ou George Orwell, tous journalistes à leur façon, ont insisté sur la nécessité, pour les journalistes, de mener une critique impitoyable de leur propre profession.

      #journalisme

    • Pas vraiment le temps mais oui, moi aussi, j’ai des réserves sur les positions d’Aude Lancelin même si je trouve certaines de ses positions vraiment pertinentes et parfois courageuses (mais d’une certaine manière elle est aussi un produit de ce système, et elle y est intégrée). Une autre chose me gêne, mais c’est peut-être le média « Vice » qui l’a imposé, c’est ces grands portraits d’elle. D’un côté elle critique les cultes de la personnalité, le spectacle affligeant de ces « journalistes paillettes », de l’autre elle ne refuse pas d’apparaître comme ceux qu’elle critique. Ce n’est pas l’essentiel, juste un symbole ici. Le plus important c’est bien sur les idées et les constats. Je garde en réserve pour développer plus tard, j’aurai sans doute envie d’y revenir.

  • Le néphélibate parle de son Coucouville les Nuées
    http://coucouville.blogspot.de/2012/05/fusain.html?m=1


    J’aurais aimé prendre des note sur Karl Kraus et Aristophane , mais je tombe sur des nuages.

    En l’an 414 avant notre ère, l’auteur comique grec Aristophane révéla au monde l’existence de la ville céleste de Néphélococcygia, bâtie par les oiseaux. En français, Coucouville les Nuées. J’y habite, en voici des nouvelles.

    ... le noir, gris et blanc sont les seuls à montrer et le volume et les finesses des vapeurs ...

    Allons-y quand même ...

    Die Fackel
    http://corpus1.aac.ac.at/fackel

    Literaturhaus Wien : 1_Abschnitt
    http://www.literaturhaus.at/index.php?id=8273

    1923 „Wolkenkuckucksheim“, Berthold Viertel gewidmete Komödie in Versen.
    Im Februar wird „Die Letzte Nacht“ in Wien und Brünn aufgeführt, die Vorstellung in Prag jedoch verhindert, indem die Benützung des Theatersaals verweigert wird.
    Am 7. März Austritt aus der katholischen Kirche.

    Wolkenkuckucksheim
    https://de.wikipedia.org/wiki/Wolkenkuckucksheim

    Karl Kraus verfasste 1923 eine modernere Version von Die Vögel mit dem Titel Wolkenkuckucksheim.

    Cloud cuckoo land
    https://en.wikipedia.org/wiki/Cloud_cuckoo_land

    Aristophanes, a Greek playwright, wrote and directed a drama The Birds, first performed in 414 BC, in which Pisthetaerus, a middle-aged Athenian persuades the world’s birds to create a new city in the sky to be named Nubicuculia or Cloud Cuckoo Land[2] (Νεφελοκοκκυγία, Nephelokokkygia), thereby gaining control over all communications between men and gods.

    The German philosopher Arthur Schopenhauer used the word (German Wolkenkuckucksheim) in his publication On the Fourfold Root of the Principle of Sufficient Reason in 1813, as well as later in his main work The World as Will and Representation[4] and in other places. Here, he gave it its figurative sense by reproaching other philosophers for only talking about Cloud-cuckoo-land.

    The German philosopher Friedrich Nietzsche refers to the term in his essay "On Truth and Lying in a Nonmoral Sense.

    Margaret Thatcher famously used this phrase in the 1980s: “The ANC is a typical terrorist organisation... Anyone who thinks it is going to run the government in South Africa is living in cloud-cuckoo land.”

    Author Edward Crankshaw used the term when discussing the Deak-Andrassy Plan of 1867 in his 1963 book The Fall of the House of Habsburg (Chapter 13, “The Iron Ring of Fate”).

    Les Oiseaux (Aristophane)
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Oiseaux_(Aristophane)

    Les Oiseaux est une comédie grecque antique écrite par Aristophane. Cet ouvrage, représenté aux Lénéennes en 414 av. J.-C.1, est une joyeuse utopie politico-religieuse ; elle parodie l’origine du monde selon la secte des orphiques. Ces derniers pensaient, en effet, que le monde était né d’un œuf originel.

    L’imaginaire utopique dans la Comédie ancienne, entre eutopie et dystopie (l’exemple des Oiseaux d’Aristophane)
    https://www.unicaen.fr/puc/images/k2603corbel-morana.pdf

    Aristophane ne propose pas un tableau naïf et simpliste de l’utopie réduite au matérialisme jouisseur d’un Pays de Cocagne. Il subvertit au contraire les codes de l’utopie et déjoue les attentes du public en mettant en scène une utopie politique foncièrement ambivalente qui balance constamment entre eutopie et dystopie, et en proposant un modèle alternatif qui n’en est pas un puisque Coucouville-les-Nuées n’est en définitive qu’un reflet de la réalité athénienne.

    Le concept même d’utopie est ainsi questionné et problématisé. L’utopie comique met en effet à l’épreuve non seulement les modèles utopiques imaginés par les penseurs contemporains (en l’occurrence, l’état / État de nature des sophistes), mais aussi le modèle corrompu de l’Athènes réelle. Sans être tout à fait renvoyés dos à dos (car si le poète polémique contre l’Athènes existante, il ne va pas jusqu’à remettre radicalement en cause le cadre théorique de la polis), ces deux repoussoirs sont jaugés à l’aune de l’idéal perdu de la Cité-kosmos et de ses valeurs qui se trouve ainsi réaffirmé par la Comédie.

    #théâtre #comédie #parodie #utopie #dystopie

  • LES GUERRES DE KARL KRAUS
    http://agone.org/libre/ebook_804.pdf


    Meme pas besoin de comprendre l’Allemand pour s’initier à Kraus. C’est en ligne. Bonne lecture :-)

    En guise d’introduction, Gerald Stieg
    Karl Kraus selon Pär Hallström
    Karl Kraus et la construction de la réalité virtuelle, Edward Timms
    Karl Kraus selon Max Horkheimer
    « La Loi ardente ». Elias Canetti auditeur et lecteur de Karl Kraus, Gerald Stieg
    « Lettre de Georges Canetti à Karl Kraus » (1934)
    Freud « et les conséquences ». Kraus et la psychanalyse,
    ou les enjeux d’une hostilité, Jean-François Laplénie
    Karl Kraus selon Stefan Zweig
    Kraus contre Musil : la guerre du silence, Stéphane Gödicke
    Karl Kraus selon Pierre Bourdieu
    « Apprendre à voir des abîmes là où sont des lieux communs » : le satiriste et la pédagogie de la nation, Jacques Bouveresse
    Karl Kraus selon Oskar Kokoschka, Kurt Tucholsky & Bertolt Brecht
    En traduisant Karl Kraus, Jean-Louis Besson et Heinz Schwarzinger — Pierre Deshusses

    DES DERNIERS JOURS À LA TROISIÈME NUIT

    « L’humanité, la balle lui est entrée par une oreille et ressortie par l’autre... », Karl Kraus, Extrait des Derniers Jours de l’humanité (1919), Traduit de l’allemand par Jean-Louis Besson & Henri Christophe

    « Un savetier de Bohême est plus proche du sens de la vie qu’un
    penseur néo-allemand... », Karl Kraus, Extrait de Troisième nuit de Walpurgis (1933), Traduit de l’allemand par Pierre Deshusses

    FACKELKRAUS, Textes traduits de l’allemand par Pierre Deshusses

    Fac-similé du n° 1 de la Fackel (1899)
    Le Flambeau, début avril 1899, Ire année, n° 1
    Fac-similé du n° 888 de la Fackel (1933)
    Fac-similé du n° 917-922 de la Fackel (1936)
    « L’aventure techno-romantique », mai 1918, XXe année, n° 474-483
    Fac-similé de l’appel à la démission du préfet Schober (1927)
    « Réponse d’une non-sentimentale à Rosa Luxemburg », novembre 1920, n° 554-556

    HISTOIRE RADICALE

    « Archives oubliées d’une résistance obscure à la guerre de trente
    ans du capitalisme mondial au XXe siècle. Introduction aux textes de
    Monatte, Chardon & Prudhommeaux », par Charles Jacquier

    « Pourquoi je démissionne du comité confédéral » par Pierre Monatte

    « Les anarchistes & la guerre : deux attitudes », par Pierre Chardon

    TROIS TEXTES SIGNÉS DU « CAMARADE A. P. », André Prudhommeaux

    « L’ordre règne en Allemagne. Le bilan de douze ans de “bolchevisation” du prolétariat allemand — I. De Max Hölz à Van der Lubbe »

    « La barbarie commence à un. Quand la presse bourgeoise découvre les atrocités hitlériennes »

    « Rudolf Rocker & la position anarchiste devant la guerre »

    Wolkenkuckucksheim
    https://de.wikipedia.org/wiki/Wolkenkuckucksheim

    Karl Kraus verfasste 1923 eine modernere Version von Die Vögel mit dem Titel Wolkenkuckucksheim.

    #Autiche #Allemagne #histoire #littérature #Coucouville_les_Nuées

  • Qui est Schmock ?

    Il est l’incarnation, dans ce qu’elle a de plus détestable, de la figure du journaliste-scribouillard, brillant, surperficiel, que Balzac qualifiait de « Rienologue ». Le personnage apparaît pour la première fois dans la pièce de Gustav Freytag, « Les journalistes » (1853). En allemand, ce nom propre devenu emblématique donnera des dérivés comme « Schmockerei », « verschmockt », etc. Tous termes que Karl Kraus (1874-1936) emploiera plus d’une fois dans sa revue satirique « Die Fackel » (Le Flambeau), qu’il publiera de 1899 à 1936. Dans Schmock, ou le triomphe du journalisme (Le Seuil, 2001), Jacques Bouveresse montre en quoi Kraus, magistral précurseur, a fourni la première critique des médias et des systèmes de communication modernes, toujours aussi pertinente.

    Le philosophe Jacques #Bouveresse, à la suite de l’écrivain Karl #Kraus, dénonce les travers des médias modernes

    Qu’est-ce qui a poussé Jacques Bouveresse, l’un des meilleurs philosophes français, professeur au Collège de France, à s’intéresser à la presse, sujet apparemment bien éloigné des préoccupations philosophiques ? C’est que l’influence des médias, aujourd’hui, paraît de plus en plus déterminante, dans ses effets, sur l’avenir de nos sociétés et le devenir de l’être humain.

    Dans Schmock, ou le triomphe du journalisme , Bouveresse prend le relais de l’écrivain autrichien Karl Kraus qui, entre 1899 et 1936 et en satiriste de génie, dans sa revue Le Flambeau, dénonçait déjà le phénomène. Bouveresse montre que cette première critique des médias et des systèmes de communication modernes n’a rien perdu de sa pertinence et de sa modernité.

    Jacques Bouveresse, qu’est-ce qui justifie votre intérêt de philosophe pour la presse ?

    C’est un domaine devenu aujourd’hui tellement important qu’il est difficile, surtout pour un philosophe, de ne pas s’y intéresser. Mon intérêt vient de ce que, face au triomphe sans partage du néolibéralisme et de la mondialisation, les critiques que formulait déjà Karl Kraus se confirment de plus en plus, il pressent les effets moralement et socialement destructeurs des systèmes de communication modernes sur l’être humain.

    Quels sont ses reproches ?

    Avant tout, que la presse est un instrument au service du marché universel. Un instrument qui apporte sa quote-part à l’application du principe « tout peut se vendre tout peut s’acheter ». A l’origine, aux alentours des années 1850, on pensait que la presse allait être au service de la liberté de pensée et de l’éducation du citoyen. On a très vite vu qu’elle faillissait à sa mission. Kraus rend la presse largement responsable de la boucherie de la guerre de 14-18, dont quasi l’ensemble de la presse a masqué les horreurs sous des envolées lyriques.

    Aujourd’hui, la presse servirait la logique économique plutôt que la recherche de la vérité ?

    Exactement. Bien entendu, les journalistes d’investigation s’en défendront et pousseront des hauts cris. Mais ils servent bien d’alibi à une presse qui, pour l’essentiel, est surtout devenue un rouage et un auxiliaire essentiels dans le système du marché universel. En fait, comme toutes les entreprises axées sur la recherche du profit, elle tend à faire croire au public qu’elle remplit un rôle beaucoup plus noble qu’elle ne le fait en réalité. Quand on lit un journal, on est constamment obligé de se demander si la vérité est la chose qui importe le plus aux journalistes...

    Allons donc ! Albert Londres disait que la tâche du journaliste était de porter la plume dans la plaie...

    Et Kraus n’aurait pu que souscrire à un tel appel. C’est ce à quoi il s’employait dans sa revue Le Flambeau. Kraus aurait certainement beaucoup d’admiration pour le journalisme d’investigation, à juste titre présenté comme la partie la plus respectable du métier, pour des raisons évidentes : la dénonciation de scandales politico-économiques, etc. Le problème, c’est qu’on se sert de cette portion congrue du journalisme comme d’un alibi pour cautionner d’autres comportements bien plus représentatifs des médias dans leur ensemble...
    Contrairement à ce qu’on a cru au départ, le journal n’a pas été inventé pour informer un lecteur curieux et désireux d’être éclairé sur la marche des événements, mais beaucoup plus pour créer un nouveau type de consommateur : le consommateur de nouvelles. La plus grande partie du travail des médias vise bien plus à séduire le lectorat, à vendre, à générer des profits qu’à dévoiler des vérités à la fois importantes et gênantes.

    Pour Kraus, le journalisme est vicié par nature ?

    Oui. La petite partie de la presse qui a conservé un sens élevé de ses devoirs et responsabilités constitue pour lui l’exception héroïque, pas la règle. Comme satiriste, il pense que la presse n’est pas amendable, on ne peut espérer la réformer. Il a des formules terribles, comme : la presse ne commet pas des excès, elle en est un !

    En quoi l’influence de la presse est-elle excessive ?

    Elle réduit le monde à n’être plus qu’un journal, estime Kraus.

    Il satirise : Dieu aurait créé le monde pour que les journalistes le transforment en journal !

    Oui, le journal comme but de la Création ! Il est clair qu’aujourd’hui, le monde semble avoir besoin du journal, des médias, tout simplement pour ÊTRE. Je suis d’ailleurs frappé de voir combien les gens, sans même s’en rendre compte, parlent de plus en plus comme dans les journaux qu’ils lisent...

    C’est que, selon Kraus, nous vivons désormais dans un univers plus journalistique que réel : c’est le journal qui nous fabrique notre monde chaque matin. Il nous met le monde en phrases, en tournures toutes faites, évacue l’imagination, anesthésie la sensibilité et les capacités de réaction, de sentiments humains. De cette façon, il nous rend paradoxalement plus supportables les guerres et les atrocités diverses - c’est ce que pensait Kraus, en tout cas.

    C’est tout de même un outil démocratique. Dans les pays totalitaires, la presse est bâillonnée...

    Oui, on ne peut pas imaginer une démocratie moderne sans liberté de la presse. En même temps, il faut se demander ce qu’on entend exactement par ce terme.

    Que voulez-vous dire ?

    Le « droit d’informer et d’être informé » n’a de sens que si l’on se pose dans le même mouvement la question de quoi ? et pour quoi ? A défaut, l’information a si peu de sens que l’on parlera d’atteinte à la liberté de la presse à propos de tout et n’importe quoi, on n’informera plus de ce que les gens ont réellement à savoir, mais de ce qu’ils ont envie de savoir, ce qui ne répond pas à la même exigence. Les sujets d’intérêts les plus méprisables, les plus dérisoires, les plus infantiles sont ainsi mis sur le même plan que les faits qu’il est indispensable de connaître.

     »Bref, une liberté d’informer et d’être informé, qui s’applique à tout et n’importe quoi, est-elle encore une liberté, ou une forme d’asservissement des esprits ?

    Ainsi, la presse nous aliénerait ?

    Kraus rêve parfois d’une journée sans presse, comme nous aspirons à une journée sans voitures... Sommes-nous intoxiqués ?

     »Finalement, dans ce que les médias proposent aujourd’hui au public, c’est toujours la demande perçue, anticipée ou créée de toutes pièces, et non le besoin réel, qui décide. De plus en plus, les médias parviennent ainsi à créer des sujets à partir de quasi rien : dès lors qu’ils réussissent à créer un rassemblement d’opinion autour de l’impression qu’il est en train de se passer quelque chose, la partie est gagnée. Des dossiers journalistiques entiers sont bâtis sur ce principe...

    C’est ici qu’interviennent les questions de déontologie

    Oui. Mais le fait que la presse parle tant de déontologie et d’éthique n’est-il pas justement le signe qu’il y a là un problème ? Jamais vous n’entendez un boucher ou un agriculteur avoir ce mot aussi souvent à la bouche.

     »Et puis, n’y a-t-il pas autant d’éthiques journalistiques qu’il y a de rédactions ? Ce qui paraît tout à fait normal à l’une ne passe pas dans l’autre... Souvent, comme le dit Kraus en pastichant les journalistes, elles semblent obéir à ce seul principe : « Nous racontons la chose ou nous ne la racontons pas, pourvu que ça rapporte. » Ou encore : « Qu’ils méprisent, pourvu qu’ils lisent ! » Chaque rédaction, même celles de la presse de caniveau, a sa déontologie. Mais, après tout, c’est aussi le cas des bandes de brigands...

    Les journalistes se pensent capables de faire régner une certaine éthique dans leur propre milieu

    Mais, en l’absence de sanctions réelles, qu’est-ce que cela signifie réellement ? La presse a développé une capacité exceptionnelle dans l’art de diluer la responsabilité, de la rendre insaisissable et anonyme. Elle est même devenue si puissante qu’elle peut désormais se permettre de n’accepter, en fait de critiques, que celles qu’elle consent à formuler elle-même à son propre propos...

    On le sait : le public a peu confiance dans la presse. Son sens critique fait contrepoids...

    Oui, mais comme le disait Kraus, un journal qui augmente le nombre de ses contempteurs ne verra pas pour autant diminuer le nombre de ses abonnés...

    Kraus va jusqu’à condamner les journalistes qui ont du style ! Pour lui, le propre du bon journalisme, c’est le style le plus plat

    En effet, parce qu’à se frotter lui-même à des journaux dont les collaborateurs savaient écrire, il voyait de quoi il retournait : bien souvent, le style consiste à dissimuler l’essentiel sous des effets brillants et à faire passer à la place ce qu’on souhaite soi-même faire passer... Aujourd’hui, dans les médias, le style, les capacités de mise en scène, les angles choisis ne servent souvent qu’à faire exister des sujets inexistants, qui ne tiennent que grâce au talent du journaliste. Voire, plus gravement, à travestir la réalité.

    Kraus préférait donc les comptes rendus secs, la « steppe de nouvelles », comme il disait. Des articles ne reposant pas sur les artifices de la séduction.

    Aujourd’hui, tous ces maux décrits par Kraus s’accentueraient ?

    Je le crois. Songez que dans un magazine comme L’Express, les cahiers publicitaires occupent désormais une telle place qu’il faut chercher les pages rédactionnelles. Le Monde a son supplément « Argent ». Le libéralisme a remporté une victoire par forfait : il n’a plus d’adversaire, et on ne sait plus trop que reprocher à un système voulu aujourd’hui par tout le monde, ni à une presse qui en est l’expression.

    Donc, de plus en plus, on se résout à ce que la presse ne soit qu’un agent économique comme les autres, soumis aux mêmes impératifs primordiaux. Travaille-t-elle avant tout, comme elle cherche à nous en persuader, pour le bien public ? Il est permis d’en douter. Kraus ne serait pas surpris de constater cette victoire de la marchandise, dont le règne universel signifie bien l’avènement d’une société post-humaine...

    Propos recueillis par Jean-François Duval

  • Der Sturm - Monoskop
    https://monoskop.org/Der_Sturm#Publishing_house

    #Der_Sturm [The Storm] was a #magazine covering the expressionism movement founded in #Berlin in 1910 by Herwarth Walden. It ran weekly until monthly in 1914, and became a quarterly in 1924 until it ceased publication in 1932.

    Among the literary contributors were Peter Altenberg, Max Brod, Richard Dehmel, Alfred Döblin, Anatole France, Knut Hamsun, Arno Holz, Karl Kraus, Selma Lagerlöf, Adolf Loos, Heinrich Mann, Paul Scheerbart, and René Schickele. Der Sturm consisted of pieces such as expressionistic dramas (i.e. from Hermann Essig and August Stramm), artistic portfolios (Oskar Kokoschka), essays from artists (the Kandinsky Album), and theoretical writings on art from Herwarth Walden. The most well-known publications resulting from the magazine were the Sturmbücher (storm-books), (e.g. Sturmbücher 1 and 2 were works of August Stramm – Sancta Susanna and Rudimentär). Postcards were also created featuring the expressionistic, cubist, and abstract art of Franz Marc, Wassily Kandinsky, Oskar Kokoschka, August Macke, Gabriele Münter, Georg Schrimpf, Maria Uhden, Rudolf Bauer and others. The term Sturm was branded by Walden to represent the way in which modern art was penetrating Germany at the time.

    Particularly in the time before outbreak of the World War I, Der Sturm played a crucial role in the French-German exchange of expressionist artists, which led to a special relationship between Berlin and Paris. Regularly, poems and other texts of French and/or French-speaking expressionists were published (Guillaume Apollinaire, Blaise Cendrars, etc.). This relationship was renewed after the war despite the hostilities between the two countries caused by the fighting.

    #expressionnisme

    L’index https://de.wikisource.org/wiki/Der_Sturm

    http://bluemountain.princeton.edu/title.html?titleURN=urn:PUL:bluemountain:bmtnabg

  • Splendeur des rentiers médiatiques

    Mais on lit les journaux comme on aime, un bandeau sur les yeux. On ne cherche pas à comprendre les faits. On écoute les douces paroles du rédacteur en chef, comme on écoute les paroles de sa maîtresse. On est battu et content parce qu’on ne se croit pas battu, mais vainqueur. M. Proust

    Misère des médias – Quand Juppé visite la Jungle
    http://www.article11.info/?Misere-des-medias-Quand-Juppe

    « Ce mercredi, Juppé était à Calais. Un déplacement de campagne comme il en existe des masses, ridicules et vains. Puisqu’on était dans le coin, on a suivi la petite troupe chargée de la mise en scène médiatique de cette visite. »

    Quand je vois, par exemple, les reporters qui se précipitent et les forêts de micros qui se dressent pour recueillir religieusement la moindre parole de nos dirigeants politiques ou de n’importe quelle personnalité réputée importante, y compris sur des sujets sur lesquels ce qu’ils peuvent dire n’a absolument aucun intérêt, je dois avouer que j’ai du mal à m’empêcher de considérer que l’humanité est en train, si ce n’était pas déjà fait, de perdre à peu près tout sens du ridicule. Et c’est une impression qui ne peut que se renforcer encore davantage quand on voit le degré d’infatuation et d’autosatisfaction que sont capables d’atteindre les représentants de la presse quand ils expliquent que ce qui se passe en pareil cas correspond à l’exécution d’une obligation quasiment sacrée qu’ils ont à remplir envers l’humanité et qui est d’une importance vitale pour elle. (Jacques Bouveresse, Au commencement était la presse )

    En ligne « Au commencement était la presse » Revue Agone n°40
    http://agone.org/revueagone/agone40/enligne/11/index.html#debut-chapitre

    Et aussi : Bouveresse Jacques, L’actualité de Karl Kraus. Bourdieu Pierre. Apropos de Karl Krauss et du journalisme. In : Actes de la recherche en sciences sociales. Vol. 131-132, mars 2000. Le journalisme et l’économie. pp. 119-126.
    http://www.persee.fr/doc/arss_0335-5322_2000_num_131_1_2671

    Jospin, Allègre, Villepin. rentiers de la politique. Par Daniel Schneidermann — 21 septembre 2007
    http://www.liberation.fr/tribune/2007/09/21/jospin-allegre-villepin-rentiers-de-la-politique_102274

    Ils sont quelques-uns, sur la scène politique, à se partager le titre enviable de rentiers médiatiques. (...)Risquons une hypothèse : le rentier médiatique tient une partie de son avantage de la fascination pour celui qui tire contre son camp. Pour la figure du banni, du transfuge, du dissident, du franc-tireur. Parce qu’ils parlent contre, ils donnent l’impression de parler vrai.

    #médias #Presse #Journalisme #rentiers_médiatiques #Jacques_Bouveresse #Pierre_Bourdieu #Karl_Krauss #Daniel_Schneidermann #article11

  • Il y a plus d’État que d’Islamisme dans l’État Islamique

    http://www.spiegel.de/international/world/islamic-state-files-show-structure-of-islamist-terror-group-a-1029274.html

    Cet article a fait l’objet d’une traduction partielle publiée dans « Le Monde » du 25 avril 2015 et reprise ici :

    https://larmurerie.wordpress.com/2015/04/26/a-lire-haji-bakr-le-cerveau-de-letat-islamique

    On a bien affaire à un phénomène « de notre époque » et non pas à la résurgence d’une barbarie d’un autre temps. Ce phénomène s’inscrit parfaitement dans la décomposition de toutes les catégories qui structure notre forme de vie globalisée (et dont la nostalgie forme le terreau des pires saloperies) : travail, valeur, marchandise, État...

    Si nous devons nous sentir concernés par la menace Daesh, ce n’est pas parce qu’ils nous agressent, ni même parce qu’ils seraient le produit de notre ingérence, mais parce qu’ils préfigurent une trajectoire de décomposition de la société capitaliste dans laquelle rien n’exclut que nous ne bifurquions.

    • Si les documents d’Haji Bakr ne contiennent aucun message sur la tradition des prophètes ou les promesses d’un « Etat islamique » prétendûment voulu par Dieu, la raison en est simple : son auteur était convaincu que l’on ne peut remporter aucune victoire avec des convictions religieuses, aussi fanatiques soient-elles. En revanche, on pouvait très bien mettre à profit la croyance des autres. C’est ainsi qu’Haji Bakr et un petit groupe d’anciens officiers des services secrets irakiens élurent en 2010 comme chef officiel de l’EI Abou Bakr Al-Baghdadi, émir et futur « calife ». Baghdadi, religieux et érudit, devait, selon leurs calculs, donner à ce groupe une apparence de religion.

      et

      En 2003, le pouvoir de Damas était paniqué à l’idée que le président américain de l’époque, George W. Bush, après sa victoire sur Saddam Hussein, puisse envahir la Syrie pour y changer de régime. Dans les années qui suivirent, les services syriens organisèrent le transfert de milliers d’extrémistes de Libye, d’Arabie saoudite et de Tunisie vers Al-Qaida en Irak : 90 % des aspirants kamikazes étrangers arrivèrent dans le pays en passant par la Syrie. Il s’ensuivit une étrange partie à trois entre les généraux syriens, les djihadistes venus du monde entier et les anciens officiers de Saddam Hussein : une joint-venture d’ennemis jurés pour rendre la vie des Américains en Irak infernale.
      Dix ans plus tard, Bachar Al-Assad avait une bonne raison de revitaliser cette alliance : il voulait montrer au monde qu’il était le moindre mal. Les relations du régime syrien avec l’EI étaient empreintes d’un pragmatisme tactique, chaque camp cherchant à utiliser l’autre. Dans les combats opposant l’EI et les rebelles, les avions d’Assad n’ont pendant longtemps bombardé que les positions rebelles, pendant que les émirs de l’EI donnaient l’ordre à leurs combattants de ne pas tirer sur l’armée gouvernementale.

    • Les documents retrouvés chez Haji Bakr permettent pour la première fois de mieux comprendre comment est organisée la direction de l’EI et quel rôle y jouent les anciens cadres du dictateur Saddam Hussein. (...)

      On a l’impression que George Orwell a porté sur les fonts baptismaux ce monstrueux rejeton de surveillance paranoïaque. Mais c’était en fait beaucoup plus simple. Haji Bakr se contentait d’adapter ce qu’il avait toujours connu : le service de renseignements tentaculaire de Saddam Hussein où personne, même un général des services de renseignement, ne pouvait être sûr de ne pas être surveillé à son tour. L’auteur irakien en exil Kanan Makiya a bien décrit cette « république de la peur » : un Etat où n’importe qui pouvait disparaître à tout moment et qui vit son avènement lorsque Saddam prit le pouvoir en 1979, en dévoilant un complot fictif.

      En pensant au mode opératoire de l’attaque du 13, me disait que la voiture piégée, ou l’explosion dans un lieu peuplé avait cédé la place à l’exécution en grand nombre par armes à feu, le tir dans les foules (bien qu’il semble que le projet mal ficelé était aussi de se faire sauter dans les tribunes du stade), ce qui est tout de même assez particulier et qui fut le mode opératoire dominant des première ripostes du régime syrien au soulèvement qui visait à le destituer.

      je crois utile de rappeler ici les entretiens avec Pierre Torres
      http://seenthis.net/messages/311579
      https://lundi.am/Pierre-Torres
      http://seenthis.net/messages/329636
      http://seenthis.net/messages/332937

    • @petit_ecran_de_fumee sans compter que face au soulèvement, Assad a fait de libérer grand nombre de prisonniers islamistes des geôles syriennes...
      C’est sans doute trop analogique pour être sérieux pour les bons connaisseurs de la région mais je persiste à penser que c’est l’invasion du Liban par Israel qui a enfanté le Hamas, c’est-à-dire l’émergence du « meilleur ennemi possible » pour Israel. Et que ce processus historique là est médité par tous les régimes qui peuvent faire usage de ses lignes de force.

    • Non, mais que Assad a joué de leur liberté pour écraser une révolte que son armée (aux nombreux déserteurs) à elle seule ne pouvait assurer, et que Daech fonctionne et agit pour partie en miroir avec le régime syrien (et pas tant selon un mode Stasi, comme le soutiens l’article allemand, pour se faire comprendre de ses lecteurs). Mais vous en savez plus que moi, n’hésitez pas à me dire en quoi ces approximations seraient fausses.

    • http://www.franceinfo.fr/actu/monde/article/maher-esber-ancien-chef-islamiste-627427

      Maher Esber estime que « le régime syrien savait très bien ce qu’il faisait. Dès les premières manifestations il a qualifié les protestataires d’extrémistes, de terroristes affiliés à Al Qaeda. En libérant ces djihadistes il n’a fait qu’accréditer ces accusations et cette stratégie a réussi ». Maher Esber reconnait qu’après avoir libéré des centaines de djihadistes le régime de Bachar Al Assad a su tirer profit de leur montée en puissance.

    • Les jeux de billards à 5 ou 6 bandes, rien de tel pour rendre la compréhension des évènements impossible.

      « Alors vous comprenez, si Al Qaeda et Daesh sont nés, c’est parce que Assad les détenaient dans ses prisons et qu’il les a libéré. Et s’ils possèdent des chars d’assaut américain de dernière génération, c’est parce que Assad les a entrainé à les utiliser pendant qu’ils étaient en prison et que Assad leur a ensuite donné les clefs. Et si Al Qaeda et Daesh vendent du pétrole à la Turquie et à qui en veut, c’est parce que Assad, par machiavélisme anti-américain, les a laissé passer la frontière. Et même que c’est Assad qui prête des camions pour le transporter ».

      Plus j’t’embrouille, mieux c’est. Et s’il te plait, oublie vite le rôle des Saoudiens et des Qataris. Ce ne sont que des second rôles dans l’histoire. Et encore. Comme ils donnent de l’argent à tout l’monde, c’est comme s’ils n’en donnaient à personne.

    • @colporteur : l’article comporte à mon sens effectivement plusieurs « approximations fausses ».

      Quelques remarques sur l’article lui-même:

      1° - Même si les circonstances de sa découverte sont évoquées, la source qui a donné la 1ère série de documents au Spiegel n’est pas mentionnée. Pas même le groupe qui l’aurait fait. Je ne prétends pas contester l’authenticité de ces documents qui, malgré ce bémol, et pour les parties strictement tirées des documents présente peut-être un intérêt, mais celui-ci est nettement contrebalancé par des omissions et des supputations du seul journaliste présentées fallacieusement comme tirées des documents.
      2° - Ainsi le passage que vous citez sur le fait que Assad aurait noué certaines alliances en 2003 qu’il aurait « revitalisé 10 ans plus tard » n’est manifestement pas tiré de la deuxième série de documents, ce qui n’est pas clairement indiqué dans l’article. Le procédé me paraît du coup un peu manipulatoire. Car d’une part le journaliste fait simplement écho aux déclarations de l’époque de l’administration Bush, sans les contextualiser, lorsqu’il évoque l’époque de 2003 – les choses ont probablement été bien plus complexes que cela. D’autre part il n’évoque aucun fait précis qui permettrait de justifier cette idée qu’Assad aurait ensuite directement contribué à créer Daesh "10 ans plus tard" si ce n’est que le journaliste pense être que ça aurait été l’"intérêt" d’Assad. J’insiste donc sur le fait que la thèse implicite de ce passage qui est qu’Assad a directement et délibérément créé ou contribué à créer Daesh ne repose sur rien d’autre que le sentiment du journaliste tout en étant dans l’article à la suite des révélations tirées de la 2e série de documents, sans que la séparation entre ce qui provient des documents et les seules supputations du journaliste ne soit marquée.
      3° - La deuxième série de documents a été donnée au Spiegel, de leur aveu, par le groupe Liwaa al-Tawhid. Or celui-ci est un groupe islamiste (de l’avis de beaucoup émanation des Frères musulmans) qui a initialement rejoint la fameuse armée syrienne libre avant d’adhérer au Front islamique (en 2013). Le but de ce « Front » était d’établir un Etat islamique reposant sur la charia, et rejettait l’établissement d’un Etat démocratique. Les deux principales organisations de ce Front islamique sont Ahrar al-Cham et Jaysh al-islam. Toutes les deux sont d’idéologie salafiste, la première soutenue par le Qatar et la Turquie, la seconde par l’Arabie saoudite. Ajoutons qu’Ahrar al-cham a depuis rejoint au Nord une coalition qu’il domine conjointement avec al-Qaïda en Syrie (Jabhat al-Nusra) au sein de la coalition nommée Jaysh al-Fateh. Quant à Liwaa al-Tawhid elle a largement depuis disparu des radars. Je dois donc en conclure que le journaliste du Spiegel considère qu’un groupe islamiste qui mène une lutte armée contre la dictature syrienne pour le remplacer par un Etat non-démocratique reposant la charia, allié à des groupes salafistes dont les chefs se proposent publiquement de massacrer tous les alaouites (voir les déclarations de Zahran Alloush) et qui sont financés par les pétromonarchies du Golfe constitue ceux que le journaliste du Spiegel appelle indistinctement « les rebelles « et vous - à moins que je n’ai mal compris ? - « la révolte ».
      4° - Ce point est fondamental. L’article occulte le fait que jusqu’à la scission al-Nusra/Etat islamique en Irak, le groupe d’al-Baghdadi a été considéré par les plus hauts représentants de l’Armée Syrienne Libre comme une composante de la rébellion syrienne et ce jusqu’en 2013. Contrairement à ce que dit l’article ce groupe n’était pas présent que sous la forme de cellules dormantes se cachant derrière des bureaux de Da3wah (prédication). Il a combattu auprès de l’ASL durant la période 2012-2013 qui lui en rendait grâce. Alors quoi l’ASL était aussi manipulée par Assad ?

      Quelques remarques plus générales:

      1° - Je vous demande le nom d’un des islamistes libérés dans le cadre de l’amnistie de 2011 d’Assad qui aurait ensuite tenu une position importante au sein de Daesh ce qui permettrait d’étayer votre thèse sous-entendue ici : « sans compter que face au soulèvement, Assad a fait de libérer grand nombre de prisonniers islamistes des geôles syriennes... » . En réalité ceux qui soutiennent cette thèse n’ont que 3 noms à donner : Hassan Aboud et Abou Khaled al-Souri d’une part, qui ont en fait tous deux fondé le groupe Ahrar al-Cham considéré par l’Armée syrienne Libre comme des gens très bien et que nos médias continuent à intituler la « rébellion », et Abou Moussab al-Souri d’autre part dont la libération est une rumeur infondée puisqu’il était censé avoir rejoint al-Qaïda et qu’al Dhawaïri en personne a démenti cette rumeur assurant qu’il était toujours emprisonné en Syrie.
      2° - Je vous fais remarquer par ailleurs qu’avec le même genre d’argument et en adoptant la même logique, mais cette fois-ci étayée sur des faits, on pourrait en venir à dire que Daesh est en fait une création des Etats-unis puisque le « calife » de l’Etat islamique a été détenu puis libéré du camp américain d’al-Bucca avant de devenir le chef de l’Etat islamique en Irak puis de l’EIIL (Daesh) et d’EI. J’ajoute que le commandant militaire de l’Etat islamique, Abu Omar al-Shishani, un géorgien d’origine tchétchène qui combattu les forces russes dans les forces spéciales de la Géorgie de Saakachvili, a reçu la formation militaire d’instructeurs américains.
      En passant, que Daesh soit une création des Etats-Unis, est, d’après un sondage, une opinion majoritaire en Syrie.
      3° - L’hypothèse selon laquelle Assad aurait « revitalisé son alliance » avec l’Etat islamique en Irak en 2013 ("10 ans plus tard") par intérêt perd de vue le fait qu’à la même époque Nouri al-Maliki en Irak se rapproche d’Assad, a poussé les soldats américains vers la sortie (en 2011) et se rapproche de la Russie à qui il se met à commander des armes. Il est par ailleurs très proche de l’Iran. Croit-on Assad assez sot pour aider l’Etat islamique en Irak au risque qu’il élimine le seul allié qu’il ait à ses frontières, et ce au moment même ou après des relations tendues il est justement en train de devenir son allié ? Croyez-vous par ailleurs que les services iraniens en savent moins que vous ou bien qu’ils auraient continué à soutenir à Assad alors que ce jeu comportait ce risque – qui a effectivement eu lieu puisqu’al-Maliki est tombé à la suite des conquêtes de Da3ich en Irak, permettant ainsi aux Américains d’imposer un al-Abadi plus souple envers eux et de se réimpliquer en Irak - alors que c’était, selon le Spiegel, la hantise d’Assad en 2003 ?
      4° - Puisque le texte du Spiegel fait remonter toute cette histoire à 2003 il aurait été bon qu’il mentionne l’organisation qui, par changement de noms et agrégation de forces, est devenue l’Etat islamique : le groupe al-Zarqawi. Celui-ci a été porté à la connaissance du monde et élevé au rang de menace mondiale par les Etats-Unis dans leur justification de l’invasion de l’Irak en prétextant que ce groupe, jusque là cantonné aux confins du Kurdistan irakien, était en fait al-Qaïda et lié à Saddam Hussein – vous ne voyez pas comme une analogie ? J’ajoute que ce groupe, du fait de sa stratégie ultrasectariste et ses massacres de chiites, me paraît être un candidat très improbable pour avoir reçu le soutien, même machiavélique et très intéressé, d’Assad.
      5 - Je vous invite vivement à consulter ce document de la DIA de 2012 (services secrets de l’armée américaine), authentifié dans deux émissions de télé (al-Jazeera english et RT) par le chef de la DIA de l’époque, Michael Flynn : http://seenthis.net/messages/372860

      Je me tiens prêt à faire le travail fastidieux de vous donner des sources consultables pour vérifier les faits que j’évoque ici si vous me le demandez.

    • @colporteur : Je ne suis pas là pour dire qu’Assad n’est responsable de rien dans cette guerre : c’est une ordure, rien à redire à cela... mais il a une armée et une population derrière lui qui représentent tous ensemble la Syrie légale : en face, des terroristes dans l’acception la plus stricte, telle que définie par la plupart des états dans le monde. Et ces terroristes, leur financement est connu et documenté, leurs soutiens sont connus et documentés ("ils font du bon boulot", comme on dit en langage diplomatique français).

      En somme mon seul propos était que les false flags de la part de journalistes manipulés, c’est lourd. Surtout quand c’est aussi stupide que « ça ».

      Comme dirait d’autres seenthisiens, quand y-a #un_complot_qu_on_a_le_droit_de, faut se demander pourquoi celui-là et pas les autres.

    • Merci pour ta contribution @souriyam, elle est effectivement beaucoup plus informée que je ne le suis. Sans plus d’ironie que précédemment. Tes remarques étayées sur les fragilités de l’article me paraissent recevables. Sur la libération d’islamistes par le régime d’Assad, je me fondais sur le souvenir de lectures
      http://seenthis.net/messages/357346
      http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2014/06/10/debut-de-la-liberation-de-prisonniers-en-syrie_4435430_3218.html
      http://www.franceinfo.fr/actu/monde/article/maher-esber-ancien-chef-islamiste-627427
      que parmi ces libérés il y en ait peu qui aient atteint ensuite une renommé comme membres importants de Daech ne me semble pas démontrer grand chose quant à leur implication effective, je peux me tromper.
      Ici même, je le retrouve maintenant, des posts ont contesté qu’il s’agisse dune manipulation d’Assad
      http://seenthis.net/messages/283373

      L’intérêt principal de cet article tient à ses sources (dont je ne sais si elles sont critiquables, ciritiquées) qui permettent de donner à voir comment se manage la construction d’une organisation fasciste, à quel type d’organisation étatique est-il fait recours pour battre une révolution (question déjà présente dans les entretiens avec Pierre Torres).
      Vous ne citez pas Haji Bakr, comment situeriez-vous son rôle ? Le journaliste allemand cite la Stasi, et pas les Moukhabarat... mais pour le coup, en ce qui concerne des méthodes d’organisation clanico-maffieuses, empreintes de toute la violence de sujétion interne et externe possible, on vérifierait, ici, que la rivalité conduit au mimétisme (pas besoin d’adhérer pour cela à une théorie générale de la rivalité mimétique).

      L’approximation grossière dont je me réclame est plus grossière encore que celle de l’article qui prétend lui s’appuyer sur de faits. Elle admet a priori que toutes le forces en présence ont des raisons et des possibilités de recourir à des manipulations, sans admettre pour autant que ces manipulations puissent à elles seules expliquer une situation ; d’admettre qu’un pouvoir a tout intérêt à se choisir le meilleur ennemi possible. Cela je le tiens de quelques exemples qui ne sont pas syriens, celui du PS jouant du FN depuis les années 80 (ce qui n’ôte rien à la dynamique propre de ce parti) ou de la politique israélienne de destruction de la résistance palestinienne qui a conduit l’essentiel de celle-ci à renaître depuis le repli sur le noyau de la foi.

      Pour ce qui est de la Syrie, j’ai l’impression que pendant que la population continue d’être décimée et alors que tout espoir d’émancipation (pour dire vite) semble désormais intenable on peut s’attendre à tout ... Depuis pas grand chose si ce n’est mon expérience d’ado ayant par le passé joué au Risk :) : puisque les américains ne se lanceront pas dans une intervention terrestre, la suite reste imprévisible. Un renversement d’alliances ne parait pas à exclure, la Russie et la France imposant conjointement à Assad et à l’ASL de coopérer pour endiguer ou « exterminer » (comme dit Valls) Daech...

    • @colporteur : pardon pour le ton inutilement véhément. Je m’emporte peut-être un peu vite quand il est question de la Syrie.
      Pour ce qui est de la libération par Assad dans le cadre de l’amnistie de 2011 d’un certain nombre d’islamistes, elle ne fait pas de doutes. Il n’est pas interdit de faire l’hypothèse d’une certaine manipulation du régime à cette occasion mais il faut bien voir tout de même que tous les noms qu’on nous cite n’accréditent pas la thèse d’une création de Da3ich par Assad. De plus beaucoup de ceux qui utilisent cet argument - je ne parle pas de vous - soutiennent par ailleurs que nous aurions dû armer ces groupes, dont Ahrar al-Cham voire al-Nusra. On ne peut pas d’un côté prétendre qu’Assad a libéré des monstres et d’un autre côté se proposer de soutenir les groupes que ces monstres ont fondé ! Ainsi Robert Ford, ambassadeur américain en Syrie de 2010 à 2014 a soutenu cette thèse et chantonne maintenant que l’Occident devrait soutenir Ahrar al-Sham : http://www.mei.edu/content/at/yes-talk-syria%E2%80%99s-ahrar-al-sham
      Quant à David Petraeus, directeur de la CIA de 2011 à 2012, il propose maintenant publiquement de soutenir certains éléments d’al-Nusra (soit al-Qaïda en Syrie) :
      http://edition.cnn.com/2015/09/01/politics/david-petraeus-al-qaeda-isis-nusra

      It was an arresting headline in The Daily Beast on Monday: “Petraeus: Use Al Qaeda Fighters to Beat ISIS.” The report didn’t quote retired Gen. David Petraeus directly, but suggested he had told associates that he supports using “so-called moderate members of al Qaeda’s Nusra Front to fight ISIS in Syria.”
      In an exclusive statement to CNN, Petraeus clearly feels that his view requires much more explanation, back story and nuance.
      “We should under no circumstances try to use or coopt Nusra, an Al Qaeda affiliate in Syria, as an organization against ISIL,” the retired general and former CIA director told CNN, using another name for ISIS. “But some individual fighters, and perhaps some elements, within Nusra today have undoubtedly joined for opportunistic rather than ideological reasons: they saw Nusra as a strong horse, and they haven’t seen a credible alternative, as the moderate opposition has yet to be adequately resourced.”

      Or ces gens là, Petraeus et Ford, pour ne prendre que ces deux là, ont piloté la politique américaine en Syrie. Cela devrait nous donner à penser sur les ambiguïtés - pour le dire gentiment - de la guerre clandestine que l’"Occident" (y compris l’Etat français) a mené contre le régime syrien.
      Vous dîtes :

      L’approximation grossière dont je me réclame est plus grossière encore que celle de l’article qui prétend lui s’appuyer sur de faits. Elle admet a priori que toutes le forces en présence ont des raisons et des possibilités de recourir à des manipulations, sans admettre pour autant que ces manipulations puissent à elles seules expliquer une situation ; d’admettre qu’un pouvoir a tout intérêt à se choisir le meilleur ennemi possible

      Je suis tout à fait d’accord avec vous à la condition d’admettre que cette remarque vaut à la fois pour le régime syrien, la soi-disant rébellion modérée et l’Etat islamique. Mais cela vaut aussi pour l’ensemble des forces régionales et internationales qui soutiennent l’un ou l’autre camp. Et cela fait vraiment beaucoup de monde...

      Pour ce qui est de l’intérêt factuel dans l’article du Spiegel de documents qu’il commente (ayant trait à l’organigramme d’EI, le contrôle des populations et le rôle d’anciens cadres de la dictature de Saddam Hussein), je serai plutôt d’accord. Dommage que le Spiegel n’ait pas rendu public l’ensemble des documents. Des ouvrages évoquent par ailleurs ces mêmes questions, notamment celui d’Haytham al-Manna « Daech, l’Etat de barbarie » : http://www.madaniya.info/2014/09/12/califat-daech-prologue
      et celui, à mon avis plus médiocre et discutable de Loretta Napoleoni : « l’Etat islamique, multinationale de la violence ».

      Cordialement.

      @odilon : malheureusement je suis bien incapable de réaliser un tel travail.

    • Je suis pas choqué @souriyam par vos remarques ni même le ton que vous avez employé, je précisais juste ne pas être ironique (pour l’être il faut se croire sachant). Sinon pour avoir un fréquenté des réfugiés syriens ici, je ne parlerais pas de « modération » à propos de la soif de liberté et des risques encourus qui ont caractérisés le soulèvement là-bas. Modération, c’est une catégorie médiatico journalistique qui ne me va pas. La vie n’est pas modérée. Pour voir connu aussi des Libanais contraints de fuir le Liban pour éviter un embrigadement forcé par les phalangistes en passant par la Syrie, il me semble que la barbarie de ce régime n’ pas à être démontrée. Peu importe, je vais lire le texte que vous conseillez dont le titre s’inspire de celui de Seurat.
      Ce qui reste surprenant, quand même, et qui m’intéresse, c’est comment on mate une révolution

    • @odilon et @rastapopoulos : pas de fausse modestie de ma part quand je dis que j’en suis incapable. Il me manque non seulement les compétences cartographiques mais aussi linguistiques. Baragouiner péniblement quelques mots d’arabe est un niveau très insuffisant pour lire et traiter des sources primaires ou simplement utiliser la presse arabe... Il me semble par ailleurs - mais je ne veux balancer personne ;) - qu’il y a quelques seenthissiens qui seraient beaucoup plus aptes que moi pour un tel travail.

      @colporteur : pour ce qui est de Hajji Bakr, dont je ne sais rien de plus que ce que dit wikipedia, pour une fois les commentaires de Romain Caillet, qui relativise lui aussi l’intérêt de cet article, sont peut-être éclairants :
      https://twitter.com/RomainCaillet/status/590469560303779840

  • Karl Kraus - Die Fackel - Volltextarchiv
    http://corpus1.aac.ac.at/fackel


    Quelle source impressionnante ! On nous demande de bien vouloir respecter le droit d’auteur protégeant les collections de données et de faire accompagner chaque citation par les références ci-dessous. C’est un peu exagéré à cause de l’ampleur du texte à mettre sous chaque citation . Je me contenterai désormais de l’indication AAC accompagné du lien http://seenthis.net/messages/389968 . Je le ferai souvent parce que les questions posées par Karl Kraus critiquent la folie de la guerre de son époque autant que celle d’aujourd’hui. Si vous lisez l’allemand, inscrivez-vous comme lecteurs !

    The Austrian Academy of Sciences
    is pleased to present:

    AAC - Austrian Academy Corpus: AAC-FACKEL
    Online Version: »Die Fackel. Herausgeber: Karl Kraus, Wien 1899-1936«
    AAC Digital Edition No 1
    http://www.aac.ac.at/fackel

    The AAC digital edition of the journal »Die Fackel«, edited by Karl Kraus from 1899 to 1936, offers free online access to the 37 volumes, 415 issues, 922 numbers, comprising more than 22.500 pages and 6 million wordforms.

    The AAC-FACKEL contains a fully searchable database of the entire journal with various indexes, search tools and navigation aids in an innovative and highly functional graphic design interface, in which all pages of the original are available as digital texts and as facsimile images.

    Zitatformat:
    erausgeber: AAC - Austrian Academy Corpus
    Titel: AAC-FACKEL
    Untertitel: Online Version: “Die Fackel. Herausgeber: Karl Kraus, Wien 1899-1936”
    Reihentitel: AAC Digital Edition Nr. 1
    URL: http://www.aac.ac.at/fackel
    Abrufdatum: <Tag Monat Jahr>

    #presse #guerre #Karl_Kraus #Die_Fackel #histoire #langue #auf_deutsch

  • Novembre 2014
    http://www.monde-diplomatique.fr/2014/11


    Géopolitique de l’#espionnage, les ramifications de l’affaire #Snowden ; #Kurdes, combien de divisions ? Ni assurance ni charité, la #solidarité ; retour des chiites sur la scène yéménite ; #libre-échange, version #Pacifique ; l’#Europe condamnée par l’Europe ; valse-hésitation des dirigeants birmans ; l’#Afrique_francophone piégée par sa monnaie unique ; le carnaval tragique de #Karl_Kraus ; Etats en miettes dans l’#Europe_des_régions ; #prison hors les murs ; métro, boulot, chrono ; dégel sous les tropiques entre Washington et La Havane ; quand les présidents étaient poètes ; aides à la #presse, un scandale qui dure ;# oracles, mode d’emploi ; offensive contre le #code_du_travail

  • Karl Kraus, combattant du verbe (3/3)
    http://www.rts.ch/espace-2/programmes/le-labo/5596252-le-labo-du-23-02-2014.html

    Karl Kraus aura tôt fait de comprendre quelle perversion de la langue se mettait en place avec l’irruption des discours nazis et de leur propagande, dans « Troisième nuit de Walpurgis ». Ecrivain, éditeur, traducteur de Rilke et Kraus (les aphorismes), Roger Lewinter reçoit David Collin chez lui à Genève, pour évoquer la voix de Kraus, ses traductions, et cette exigence de la langue, commune à Kraus, qui tend à disparaître. Durée : 1h. Source : Espace 2, RTS

  • Karl Kraus, Die Fackel ( Le Flambeau ), novembre 1920, cité par W. Benjamin et par E. Terray dans Penser à droite , pp. 160-161

    Que le diable emporte sa pratique, mais que Dieu nous le conserve comme une menace constante au-dessus des têtes de ceux qui possèdent des biens et qui voudraient contraindre tous les autres à les défendre. [...] Que Dieu nous le conserve afin que cette racaille qui a déjà dépassé les limites des pires effronteries ne devienne pas encore plus effrontée, afin que la société de ceux qui ont le monopole du plaisir [...] aille au moins au lit, elle aussi, avec un cauchemar ! Afin que l’envie leur passe au moins de prêcher la #morale à leurs victimes et de faire de l’esprit à leus dépens.

    http://www.editions-galilee.fr/f/index.php?sp=liv&livre_id=3366
    Je saute la suite jusqu’au dernier para du bouquin, c’est E. Terray qui conclut :

    A court terme, l’avenir est donc obscur, pour les penseurs de #droite comme pour nous tous. À plus longue échéance, cependant, il se présente à eux sous un jour plus favorable, à la seule condition – pour parler comme les psychanalystes – qu’ils ne fassent pas de fixation sur les particularités de l’état de choses qu’ils entendent préserver. Tandis que je termine la rédaction de ce livre, je lis les Mémoires de Zhao Ziyang, ce haut dirigeant chinois qui s’opposa au massacre de la place Tian’ Anmen et fut aussitôt démis de ses fonctions et placé pour le restant de ses jours en résidence surveillée. Avant d’en venir à cet épisode, Zhao Ziyang relate ses entreprises réformatrices, et la lutte acharnée qu’il eut à soutenir pour les imposer aux hiérarques du Parti. Ceux-ci défendaient la primauté de l’appareil, la priorité accordée au secteur public, la planification centralisée, la discipline idéologique et politique ; mais derrière ces enjeux du moment, il n’est pas difficile de découvrir les vieilles #valeurs de toujours : l’ordre, la hiérarchie, l’autorité, l’élite, le refus des aventures et la protection des sentiers battus. Lecteurs de droite, entendez la leçon de Zhao Ziyang et ne vous inquiétez plus : il y aura toujours un ordre établi à défendre, et vous pourrez jouer le rôle qui vous est cher jusqu’à la fin des temps.

    #cax #livre #philosophie #politique

    • Peut-être cependant que l’intention d’E. Terray n’est pas servie par son ouvrage (il nous laisse face à un concept de droite dissout plutôt qu’unifié, tout en précisant dans son intro que le propre de la pensée de droite c’est précisément qu’elle n’est jamais présentée de façon cohérente, encore moins systématisée). Bref, faudrait approfondir sur la question du « libéralisme » par exemple.
      A ce sujet, cf. l’anthologie Les penseurs libéraux par A. Laurent et V. Valentin, qui vient de paraître http://www.lesbelleslettres.com/livre/?GCOI=22510100233890