Max Nordau et l’art dégénéré du goy (1900)
▻http://www.dedefensa.org/article/max-nordau-et-lart-degenere-du-goy-1900
Max Nordau et l’art dégénéré du goy (1900)
Philosophe juif et sioniste hérétique (il acceptait l’Ouganda…), Max Nordau appartient à toute cette génération de penseurs juifs politiquement incorrects qui défièrent à Vienne le monde moderne dans le sillon de Nietzsche, et auxquels j’ai rendu hommage dans mon livre sur Kubrick. Schnitzler, le jeune Weininger, l’extraordinaire et éternellement méconnu Karl Kraus et même Freud dans son genre furent, entre beaucoup d’autres, ces êtres qui foraient, sapaient et minaient le monde moderne qui s’était construit depuis beaucoup plus longtemps que ne le pensaient les chrétiens peu éclairés et les traditionalistes de l’époque. Un rappel : Jonathan Swift se demandait déjà par quoi on remplacerait le christianisme au début du dix-huitième siècle. Eh bien on le remplaça par (...)
]]>George Carlin 1992 « We Like War » - Jammin’ in New York
▻https://www.youtube.com/watch?v=SoqcDPiVxJ8
Dans cette conférence sur la guerre George Carlin s’exprime comme un Karl Kraus puissance Pierre Desproges .
That’s our hobby, that’s our new job :
bombing brown people.
...
When were there the last white people we bombed?
Can you remember the last white people we bombed ?
Do you remember any white people we’d ever bombed ?
The germans and those are the only ones and that’s only because they were trying to cut in our action.
They wanted to dominate the world.
Bullshit, that’s our fucking job !
Karl Kraus : La dernière nuit de l’humanité (1933-1936)
►https://fr.wikipedia.org/wiki/Karl_Kraus#La_derni.C3.A8re_nuit_de_l.27humanit.C3.A9_.281933-1936.29
Karl Kraus rédige son dernier grand pamphlet, qui en référence au Second Faust de Goethe, est intitulé : Troisième nuit de Walpurgis. Ce texte, qui devait paraître dans un cahier de la Fackel de près de 400 pages, s’ouvre sur une formule restée fameuse : « Mir fällt zu Hitler nichts ein » (« en ce qui me concerne, je n’ai aucune idée sur Hitler »), avant de s’efforcer ensuite de « dire l’indicible, même si cela ne doit pas aller au-delà de la tentative visant à montrer l’inanité des moyens intellectuels. »
]]>Une discussion avec Aude Lancelin sur l’état (désastreux) de la presse hexagonale - VICE
▻https://www.vice.com/fr/article/interview-aude-lancelin-le-monde-libre
On est passé du grand patron de presse à l’idéologie bien affirmée à des actionnaires voraces, en fait. Des mecs fascinés par « le progrès » et tout ce qui dissimule le néolibéralisme le plus classique.
Absolument. Ces gens-là ont un tout autre rapport à la presse qu’un Robert Hersant ou un Serge Dassault, qui ont pourtant longtemps fait pousser des cris d’orfraie à la gauche. Il ne s’agit plus de s’offrir un titre pour soutenir tel ou tel camp, on est passé à un autre âge de la propagande, plus insaisissable, plus dangereux par conséquent. Au sens large, il s’agit en effet d’imposer une vision libérale du monde, où la casse sociale la plus sordide se voit réenchantée en modernité ubérisée, de promouvoir un monde fluide, pseudo-innovant, sans alternative. Il s’agit également d’infuser dans le milieu du journalisme de nouvelles méthodes de « management », importées d’autres univers, comme celui de la banque. Personnellement je parlerais de saccage.
[…]
À terme, je ne pense pas que Le Monde puisse être une réussite économique, même si pour le moment, jouer la carte « quotidien de référence » s’avère bien sûr un recours efficace. À cet égard, sa dernière innovation, le #Décodex …
Ça, je comptais vous en parler.
Personnellement, ça m’a beaucoup fait rire. Comment les journalistes d’un groupe appartenant à deux milliardaires issus du luxe et des télécoms et un banquier d’affaires peuvent-ils se penser bien placés pour décerner des points de bonne conduite intellectuelle à qui que ce soit ? Comment peut-on notamment attendre d’un tel titre qu’il promeuve des idées dérangeantes ?
Le cas des Crises, l’un des rares sites alternatifs en ce qui concerne les affaires internationales, est particulièrement évocateur. Son approche de la crise ukrainienne, à rebours de celle du Monde qui est plus ou moins réglée sur celle d’un Bernard-Henri Lévy, lui a sans doute valu cette mise à l’index. Ne peut-on pourtant dire que ce dernier, #BHL, est l’un des principaux propagateurs de #fake_news des vingt dernières années en France ? Souvenez-vous du nombre d’erreurs factuelles relevées par la presse américaine dans Qui a tué Daniel Pearl ?, souvenez-vous des contrevérités brandies par ce personnage pour justifier une intervention guerrière en Libye.
]]>Le néphélibate parle de son Coucouville les Nuées
▻http://coucouville.blogspot.de/2012/05/fusain.html?m=1
En l’an 414 avant notre ère, l’auteur comique grec Aristophane révéla au monde l’existence de la ville céleste de Néphélococcygia, bâtie par les oiseaux. En français, Coucouville les Nuées. J’y habite, en voici des nouvelles.
... le noir, gris et blanc sont les seuls à montrer et le volume et les finesses des vapeurs ...
Allons-y quand même ...
Die Fackel
►http://corpus1.aac.ac.at/fackel
Literaturhaus Wien : 1_Abschnitt
▻http://www.literaturhaus.at/index.php?id=8273
1923 „Wolkenkuckucksheim“, Berthold Viertel gewidmete Komödie in Versen.
Im Februar wird „Die Letzte Nacht“ in Wien und Brünn aufgeführt, die Vorstellung in Prag jedoch verhindert, indem die Benützung des Theatersaals verweigert wird.
Am 7. März Austritt aus der katholischen Kirche.
Wolkenkuckucksheim
►https://de.wikipedia.org/wiki/Wolkenkuckucksheim
Karl Kraus verfasste 1923 eine modernere Version von Die Vögel mit dem Titel Wolkenkuckucksheim.
Cloud cuckoo land
▻https://en.wikipedia.org/wiki/Cloud_cuckoo_land
Aristophanes, a Greek playwright, wrote and directed a drama The Birds, first performed in 414 BC, in which Pisthetaerus, a middle-aged Athenian persuades the world’s birds to create a new city in the sky to be named Nubicuculia or Cloud Cuckoo Land[2] (Νεφελοκοκκυγία, Nephelokokkygia), thereby gaining control over all communications between men and gods.
The German philosopher Arthur Schopenhauer used the word (German Wolkenkuckucksheim) in his publication On the Fourfold Root of the Principle of Sufficient Reason in 1813, as well as later in his main work The World as Will and Representation[4] and in other places. Here, he gave it its figurative sense by reproaching other philosophers for only talking about Cloud-cuckoo-land.
The German philosopher Friedrich Nietzsche refers to the term in his essay "On Truth and Lying in a Nonmoral Sense.
Margaret Thatcher famously used this phrase in the 1980s: “The ANC is a typical terrorist organisation... Anyone who thinks it is going to run the government in South Africa is living in cloud-cuckoo land.”
Author Edward Crankshaw used the term when discussing the Deak-Andrassy Plan of 1867 in his 1963 book The Fall of the House of Habsburg (Chapter 13, “The Iron Ring of Fate”).
Les Oiseaux (Aristophane)
▻https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Oiseaux_(Aristophane)
Les Oiseaux est une comédie grecque antique écrite par Aristophane. Cet ouvrage, représenté aux Lénéennes en 414 av. J.-C.1, est une joyeuse utopie politico-religieuse ; elle parodie l’origine du monde selon la secte des orphiques. Ces derniers pensaient, en effet, que le monde était né d’un œuf originel.
L’imaginaire utopique dans la Comédie ancienne, entre eutopie et dystopie (l’exemple des Oiseaux d’Aristophane)
▻https://www.unicaen.fr/puc/images/k2603corbel-morana.pdf
Aristophane ne propose pas un tableau naïf et simpliste de l’utopie réduite au matérialisme jouisseur d’un Pays de Cocagne. Il subvertit au contraire les codes de l’utopie et déjoue les attentes du public en mettant en scène une utopie politique foncièrement ambivalente qui balance constamment entre eutopie et dystopie, et en proposant un modèle alternatif qui n’en est pas un puisque Coucouville-les-Nuées n’est en définitive qu’un reflet de la réalité athénienne.
Le concept même d’utopie est ainsi questionné et problématisé. L’utopie comique met en effet à l’épreuve non seulement les modèles utopiques imaginés par les penseurs contemporains (en l’occurrence, l’état / État de nature des sophistes), mais aussi le modèle corrompu de l’Athènes réelle. Sans être tout à fait renvoyés dos à dos (car si le poète polémique contre l’Athènes existante, il ne va pas jusqu’à remettre radicalement en cause le cadre théorique de la polis), ces deux repoussoirs sont jaugés à l’aune de l’idéal perdu de la Cité-kosmos et de ses valeurs qui se trouve ainsi réaffirmé par la Comédie.
]]>LES GUERRES DE KARL KRAUS
▻http://agone.org/libre/ebook_804.pdf
En guise d’introduction, Gerald Stieg
Karl Kraus selon Pär Hallström
Karl Kraus et la construction de la réalité virtuelle, Edward Timms
Karl Kraus selon Max Horkheimer
« La Loi ardente ». Elias Canetti auditeur et lecteur de Karl Kraus, Gerald Stieg
« Lettre de Georges Canetti à Karl Kraus » (1934)
Freud « et les conséquences ». Kraus et la psychanalyse,
ou les enjeux d’une hostilité, Jean-François Laplénie
Karl Kraus selon Stefan Zweig
Kraus contre Musil : la guerre du silence, Stéphane Gödicke
Karl Kraus selon Pierre Bourdieu
« Apprendre à voir des abîmes là où sont des lieux communs » : le satiriste et la pédagogie de la nation, Jacques Bouveresse
Karl Kraus selon Oskar Kokoschka, Kurt Tucholsky & Bertolt Brecht
En traduisant Karl Kraus, Jean-Louis Besson et Heinz Schwarzinger — Pierre Deshusses
DES DERNIERS JOURS À LA TROISIÈME NUIT
« L’humanité, la balle lui est entrée par une oreille et ressortie par l’autre... », Karl Kraus, Extrait des Derniers Jours de l’humanité (1919), Traduit de l’allemand par Jean-Louis Besson & Henri Christophe
« Un savetier de Bohême est plus proche du sens de la vie qu’un
penseur néo-allemand... », Karl Kraus, Extrait de Troisième nuit de Walpurgis (1933), Traduit de l’allemand par Pierre Deshusses
FACKELKRAUS, Textes traduits de l’allemand par Pierre Deshusses
Fac-similé du n° 1 de la Fackel (1899)
Le Flambeau, début avril 1899, Ire année, n° 1
Fac-similé du n° 888 de la Fackel (1933)
Fac-similé du n° 917-922 de la Fackel (1936)
« L’aventure techno-romantique », mai 1918, XXe année, n° 474-483
Fac-similé de l’appel à la démission du préfet Schober (1927)
« Réponse d’une non-sentimentale à Rosa Luxemburg », novembre 1920, n° 554-556
HISTOIRE RADICALE
« Archives oubliées d’une résistance obscure à la guerre de trente
ans du capitalisme mondial au XXe siècle. Introduction aux textes de
Monatte, Chardon & Prudhommeaux », par Charles Jacquier
« Pourquoi je démissionne du comité confédéral » par Pierre Monatte
« Les anarchistes & la guerre : deux attitudes », par Pierre Chardon
TROIS TEXTES SIGNÉS DU « CAMARADE A. P. », André Prudhommeaux
« L’ordre règne en Allemagne. Le bilan de douze ans de “bolchevisation” du prolétariat allemand — I. De Max Hölz à Van der Lubbe »
« La barbarie commence à un. Quand la presse bourgeoise découvre les atrocités hitlériennes »
« Rudolf Rocker & la position anarchiste devant la guerre »
Wolkenkuckucksheim
►https://de.wikipedia.org/wiki/Wolkenkuckucksheim
Karl Kraus verfasste 1923 eine modernere Version von Die Vögel mit dem Titel Wolkenkuckucksheim.
#Autiche #Allemagne #histoire #littérature #Coucouville_les_Nuées
]]>Qui est Schmock ?
Il est l’incarnation, dans ce qu’elle a de plus détestable, de la figure du journaliste-scribouillard, brillant, surperficiel, que Balzac qualifiait de « Rienologue ». Le personnage apparaît pour la première fois dans la pièce de Gustav Freytag, « Les journalistes » (1853). En allemand, ce nom propre devenu emblématique donnera des dérivés comme « Schmockerei », « verschmockt », etc. Tous termes que Karl Kraus (1874-1936) emploiera plus d’une fois dans sa revue satirique « Die Fackel » (Le Flambeau), qu’il publiera de 1899 à 1936. Dans Schmock, ou le triomphe du journalisme (Le Seuil, 2001), Jacques Bouveresse montre en quoi Kraus, magistral précurseur, a fourni la première critique des médias et des systèmes de communication modernes, toujours aussi pertinente.
Le philosophe Jacques #Bouveresse, à la suite de l’écrivain Karl #Kraus, dénonce les travers des médias modernes
Qu’est-ce qui a poussé Jacques Bouveresse, l’un des meilleurs philosophes français, professeur au Collège de France, à s’intéresser à la presse, sujet apparemment bien éloigné des préoccupations philosophiques ? C’est que l’influence des médias, aujourd’hui, paraît de plus en plus déterminante, dans ses effets, sur l’avenir de nos sociétés et le devenir de l’être humain.
Dans Schmock, ou le triomphe du journalisme , Bouveresse prend le relais de l’écrivain autrichien Karl Kraus qui, entre 1899 et 1936 et en satiriste de génie, dans sa revue Le Flambeau, dénonçait déjà le phénomène. Bouveresse montre que cette première critique des médias et des systèmes de communication modernes n’a rien perdu de sa pertinence et de sa modernité.
Jacques Bouveresse, qu’est-ce qui justifie votre intérêt de philosophe pour la presse ?
C’est un domaine devenu aujourd’hui tellement important qu’il est difficile, surtout pour un philosophe, de ne pas s’y intéresser. Mon intérêt vient de ce que, face au triomphe sans partage du néolibéralisme et de la mondialisation, les critiques que formulait déjà Karl Kraus se confirment de plus en plus, il pressent les effets moralement et socialement destructeurs des systèmes de communication modernes sur l’être humain.
Quels sont ses reproches ?
Avant tout, que la presse est un instrument au service du marché universel. Un instrument qui apporte sa quote-part à l’application du principe « tout peut se vendre tout peut s’acheter ». A l’origine, aux alentours des années 1850, on pensait que la presse allait être au service de la liberté de pensée et de l’éducation du citoyen. On a très vite vu qu’elle faillissait à sa mission. Kraus rend la presse largement responsable de la boucherie de la guerre de 14-18, dont quasi l’ensemble de la presse a masqué les horreurs sous des envolées lyriques.
Aujourd’hui, la presse servirait la logique économique plutôt que la recherche de la vérité ?
Exactement. Bien entendu, les journalistes d’investigation s’en défendront et pousseront des hauts cris. Mais ils servent bien d’alibi à une presse qui, pour l’essentiel, est surtout devenue un rouage et un auxiliaire essentiels dans le système du marché universel. En fait, comme toutes les entreprises axées sur la recherche du profit, elle tend à faire croire au public qu’elle remplit un rôle beaucoup plus noble qu’elle ne le fait en réalité. Quand on lit un journal, on est constamment obligé de se demander si la vérité est la chose qui importe le plus aux journalistes...
Allons donc ! Albert Londres disait que la tâche du journaliste était de porter la plume dans la plaie...
Et Kraus n’aurait pu que souscrire à un tel appel. C’est ce à quoi il s’employait dans sa revue Le Flambeau. Kraus aurait certainement beaucoup d’admiration pour le journalisme d’investigation, à juste titre présenté comme la partie la plus respectable du métier, pour des raisons évidentes : la dénonciation de scandales politico-économiques, etc. Le problème, c’est qu’on se sert de cette portion congrue du journalisme comme d’un alibi pour cautionner d’autres comportements bien plus représentatifs des médias dans leur ensemble...
Contrairement à ce qu’on a cru au départ, le journal n’a pas été inventé pour informer un lecteur curieux et désireux d’être éclairé sur la marche des événements, mais beaucoup plus pour créer un nouveau type de consommateur : le consommateur de nouvelles. La plus grande partie du travail des médias vise bien plus à séduire le lectorat, à vendre, à générer des profits qu’à dévoiler des vérités à la fois importantes et gênantes.
Pour Kraus, le journalisme est vicié par nature ?
Oui. La petite partie de la presse qui a conservé un sens élevé de ses devoirs et responsabilités constitue pour lui l’exception héroïque, pas la règle. Comme satiriste, il pense que la presse n’est pas amendable, on ne peut espérer la réformer. Il a des formules terribles, comme : la presse ne commet pas des excès, elle en est un !
En quoi l’influence de la presse est-elle excessive ?
Elle réduit le monde à n’être plus qu’un journal, estime Kraus.
Il satirise : Dieu aurait créé le monde pour que les journalistes le transforment en journal !
Oui, le journal comme but de la Création ! Il est clair qu’aujourd’hui, le monde semble avoir besoin du journal, des médias, tout simplement pour ÊTRE. Je suis d’ailleurs frappé de voir combien les gens, sans même s’en rendre compte, parlent de plus en plus comme dans les journaux qu’ils lisent...
C’est que, selon Kraus, nous vivons désormais dans un univers plus journalistique que réel : c’est le journal qui nous fabrique notre monde chaque matin. Il nous met le monde en phrases, en tournures toutes faites, évacue l’imagination, anesthésie la sensibilité et les capacités de réaction, de sentiments humains. De cette façon, il nous rend paradoxalement plus supportables les guerres et les atrocités diverses - c’est ce que pensait Kraus, en tout cas.
C’est tout de même un outil démocratique. Dans les pays totalitaires, la presse est bâillonnée...
Oui, on ne peut pas imaginer une démocratie moderne sans liberté de la presse. En même temps, il faut se demander ce qu’on entend exactement par ce terme.
Que voulez-vous dire ?
Le « droit d’informer et d’être informé » n’a de sens que si l’on se pose dans le même mouvement la question de quoi ? et pour quoi ? A défaut, l’information a si peu de sens que l’on parlera d’atteinte à la liberté de la presse à propos de tout et n’importe quoi, on n’informera plus de ce que les gens ont réellement à savoir, mais de ce qu’ils ont envie de savoir, ce qui ne répond pas à la même exigence. Les sujets d’intérêts les plus méprisables, les plus dérisoires, les plus infantiles sont ainsi mis sur le même plan que les faits qu’il est indispensable de connaître.
»Bref, une liberté d’informer et d’être informé, qui s’applique à tout et n’importe quoi, est-elle encore une liberté, ou une forme d’asservissement des esprits ?
Ainsi, la presse nous aliénerait ?
Kraus rêve parfois d’une journée sans presse, comme nous aspirons à une journée sans voitures... Sommes-nous intoxiqués ?
»Finalement, dans ce que les médias proposent aujourd’hui au public, c’est toujours la demande perçue, anticipée ou créée de toutes pièces, et non le besoin réel, qui décide. De plus en plus, les médias parviennent ainsi à créer des sujets à partir de quasi rien : dès lors qu’ils réussissent à créer un rassemblement d’opinion autour de l’impression qu’il est en train de se passer quelque chose, la partie est gagnée. Des dossiers journalistiques entiers sont bâtis sur ce principe...
C’est ici qu’interviennent les questions de déontologie
Oui. Mais le fait que la presse parle tant de déontologie et d’éthique n’est-il pas justement le signe qu’il y a là un problème ? Jamais vous n’entendez un boucher ou un agriculteur avoir ce mot aussi souvent à la bouche.
»Et puis, n’y a-t-il pas autant d’éthiques journalistiques qu’il y a de rédactions ? Ce qui paraît tout à fait normal à l’une ne passe pas dans l’autre... Souvent, comme le dit Kraus en pastichant les journalistes, elles semblent obéir à ce seul principe : « Nous racontons la chose ou nous ne la racontons pas, pourvu que ça rapporte. » Ou encore : « Qu’ils méprisent, pourvu qu’ils lisent ! » Chaque rédaction, même celles de la presse de caniveau, a sa déontologie. Mais, après tout, c’est aussi le cas des bandes de brigands...
Les journalistes se pensent capables de faire régner une certaine éthique dans leur propre milieu
Mais, en l’absence de sanctions réelles, qu’est-ce que cela signifie réellement ? La presse a développé une capacité exceptionnelle dans l’art de diluer la responsabilité, de la rendre insaisissable et anonyme. Elle est même devenue si puissante qu’elle peut désormais se permettre de n’accepter, en fait de critiques, que celles qu’elle consent à formuler elle-même à son propre propos...
On le sait : le public a peu confiance dans la presse. Son sens critique fait contrepoids...
Oui, mais comme le disait Kraus, un journal qui augmente le nombre de ses contempteurs ne verra pas pour autant diminuer le nombre de ses abonnés...
Kraus va jusqu’à condamner les journalistes qui ont du style ! Pour lui, le propre du bon journalisme, c’est le style le plus plat
En effet, parce qu’à se frotter lui-même à des journaux dont les collaborateurs savaient écrire, il voyait de quoi il retournait : bien souvent, le style consiste à dissimuler l’essentiel sous des effets brillants et à faire passer à la place ce qu’on souhaite soi-même faire passer... Aujourd’hui, dans les médias, le style, les capacités de mise en scène, les angles choisis ne servent souvent qu’à faire exister des sujets inexistants, qui ne tiennent que grâce au talent du journaliste. Voire, plus gravement, à travestir la réalité.
Kraus préférait donc les comptes rendus secs, la « steppe de nouvelles », comme il disait. Des articles ne reposant pas sur les artifices de la séduction.
Aujourd’hui, tous ces maux décrits par Kraus s’accentueraient ?
Je le crois. Songez que dans un magazine comme L’Express, les cahiers publicitaires occupent désormais une telle place qu’il faut chercher les pages rédactionnelles. Le Monde a son supplément « Argent ». Le libéralisme a remporté une victoire par forfait : il n’a plus d’adversaire, et on ne sait plus trop que reprocher à un système voulu aujourd’hui par tout le monde, ni à une presse qui en est l’expression.
Donc, de plus en plus, on se résout à ce que la presse ne soit qu’un agent économique comme les autres, soumis aux mêmes impératifs primordiaux. Travaille-t-elle avant tout, comme elle cherche à nous en persuader, pour le bien public ? Il est permis d’en douter. Kraus ne serait pas surpris de constater cette victoire de la marchandise, dont le règne universel signifie bien l’avènement d’une société post-humaine...
Propos recueillis par Jean-François Duval
]]>Der Sturm - Monoskop
▻https://monoskop.org/Der_Sturm#Publishing_house
#Der_Sturm [The Storm] was a #magazine covering the expressionism movement founded in #Berlin in 1910 by Herwarth Walden. It ran weekly until monthly in 1914, and became a quarterly in 1924 until it ceased publication in 1932.
Among the literary contributors were Peter Altenberg, Max Brod, Richard Dehmel, Alfred Döblin, Anatole France, Knut Hamsun, Arno Holz, Karl Kraus, Selma Lagerlöf, Adolf Loos, Heinrich Mann, Paul Scheerbart, and René Schickele. Der Sturm consisted of pieces such as expressionistic dramas (i.e. from Hermann Essig and August Stramm), artistic portfolios (Oskar Kokoschka), essays from artists (the Kandinsky Album), and theoretical writings on art from Herwarth Walden. The most well-known publications resulting from the magazine were the Sturmbücher (storm-books), (e.g. Sturmbücher 1 and 2 were works of August Stramm – Sancta Susanna and Rudimentär). Postcards were also created featuring the expressionistic, cubist, and abstract art of Franz Marc, Wassily Kandinsky, Oskar Kokoschka, August Macke, Gabriele Münter, Georg Schrimpf, Maria Uhden, Rudolf Bauer and others. The term Sturm was branded by Walden to represent the way in which modern art was penetrating Germany at the time.
Particularly in the time before outbreak of the World War I, Der Sturm played a crucial role in the French-German exchange of expressionist artists, which led to a special relationship between Berlin and Paris. Regularly, poems and other texts of French and/or French-speaking expressionists were published (Guillaume Apollinaire, Blaise Cendrars, etc.). This relationship was renewed after the war despite the hostilities between the two countries caused by the fighting.
L’index ▻https://de.wikisource.org/wiki/Der_Sturm
▻http://bluemountain.princeton.edu/title.html?titleURN=urn:PUL:bluemountain:bmtnabg
]]>Splendeur des rentiers médiatiques
Mais on lit les journaux comme on aime, un bandeau sur les yeux. On ne cherche pas à comprendre les faits. On écoute les douces paroles du rédacteur en chef, comme on écoute les paroles de sa maîtresse. On est battu et content parce qu’on ne se croit pas battu, mais vainqueur. M. Proust
Misère des médias – Quand Juppé visite la Jungle
►http://www.article11.info/?Misere-des-medias-Quand-Juppe
« Ce mercredi, Juppé était à Calais. Un déplacement de campagne comme il en existe des masses, ridicules et vains. Puisqu’on était dans le coin, on a suivi la petite troupe chargée de la mise en scène médiatique de cette visite. »
Quand je vois, par exemple, les reporters qui se précipitent et les forêts de micros qui se dressent pour recueillir religieusement la moindre parole de nos dirigeants politiques ou de n’importe quelle personnalité réputée importante, y compris sur des sujets sur lesquels ce qu’ils peuvent dire n’a absolument aucun intérêt, je dois avouer que j’ai du mal à m’empêcher de considérer que l’humanité est en train, si ce n’était pas déjà fait, de perdre à peu près tout sens du ridicule. Et c’est une impression qui ne peut que se renforcer encore davantage quand on voit le degré d’infatuation et d’autosatisfaction que sont capables d’atteindre les représentants de la presse quand ils expliquent que ce qui se passe en pareil cas correspond à l’exécution d’une obligation quasiment sacrée qu’ils ont à remplir envers l’humanité et qui est d’une importance vitale pour elle. (Jacques Bouveresse, Au commencement était la presse )
En ligne « Au commencement était la presse » Revue Agone n°40
►http://agone.org/revueagone/agone40/enligne/11/index.html#debut-chapitre
Et aussi : Bouveresse Jacques, L’actualité de Karl Kraus. Bourdieu Pierre. Apropos de Karl Krauss et du journalisme. In : Actes de la recherche en sciences sociales. Vol. 131-132, mars 2000. Le journalisme et l’économie. pp. 119-126.
▻http://www.persee.fr/doc/arss_0335-5322_2000_num_131_1_2671
Jospin, Allègre, Villepin. rentiers de la politique. Par Daniel Schneidermann — 21 septembre 2007
►http://www.liberation.fr/tribune/2007/09/21/jospin-allegre-villepin-rentiers-de-la-politique_102274
Ils sont quelques-uns, sur la scène politique, à se partager le titre enviable de rentiers médiatiques. (...)Risquons une hypothèse : le rentier médiatique tient une partie de son avantage de la fascination pour celui qui tire contre son camp. Pour la figure du banni, du transfuge, du dissident, du franc-tireur. Parce qu’ils parlent contre, ils donnent l’impression de parler vrai.
#médias #Presse #Journalisme #rentiers_médiatiques #Jacques_Bouveresse #Pierre_Bourdieu #Karl_Krauss #Daniel_Schneidermann #article11
]]>Il y a plus d’État que d’Islamisme dans l’État Islamique
►http://www.spiegel.de/international/world/islamic-state-files-show-structure-of-islamist-terror-group-a-1029274.html
Cet article a fait l’objet d’une traduction partielle publiée dans « Le Monde » du 25 avril 2015 et reprise ici :
▻https://larmurerie.wordpress.com/2015/04/26/a-lire-haji-bakr-le-cerveau-de-letat-islamique
On a bien affaire à un phénomène « de notre époque » et non pas à la résurgence d’une barbarie d’un autre temps. Ce phénomène s’inscrit parfaitement dans la décomposition de toutes les catégories qui structure notre forme de vie globalisée (et dont la nostalgie forme le terreau des pires saloperies) : travail, valeur, marchandise, État...
Si nous devons nous sentir concernés par la menace Daesh, ce n’est pas parce qu’ils nous agressent, ni même parce qu’ils seraient le produit de notre ingérence, mais parce qu’ils préfigurent une trajectoire de décomposition de la société capitaliste dans laquelle rien n’exclut que nous ne bifurquions.
]]>Karl Kraus - Die Fackel - Volltextarchiv
►http://corpus1.aac.ac.at/fackel
The Austrian Academy of Sciences
is pleased to present:
AAC - Austrian Academy Corpus: AAC-FACKEL
Online Version: »Die Fackel. Herausgeber: Karl Kraus, Wien 1899-1936«
AAC Digital Edition No 1
►http://www.aac.ac.at/fackel
The AAC digital edition of the journal »Die Fackel«, edited by Karl Kraus from 1899 to 1936, offers free online access to the 37 volumes, 415 issues, 922 numbers, comprising more than 22.500 pages and 6 million wordforms.
The AAC-FACKEL contains a fully searchable database of the entire journal with various indexes, search tools and navigation aids in an innovative and highly functional graphic design interface, in which all pages of the original are available as digital texts and as facsimile images.
Zitatformat:
erausgeber: AAC - Austrian Academy Corpus
Titel: AAC-FACKEL
Untertitel: Online Version: “Die Fackel. Herausgeber: Karl Kraus, Wien 1899-1936”
Reihentitel: AAC Digital Edition Nr. 1
URL: ►http://www.aac.ac.at/fackel
Abrufdatum: <Tag Monat Jahr>
#presse #guerre #Karl_Kraus #Die_Fackel #histoire #langue #auf_deutsch
]]>Novembre 2014
▻http://www.monde-diplomatique.fr/2014/11
Karl Kraus, combattant du verbe (3/3)
▻http://www.rts.ch/espace-2/programmes/le-labo/5596252-le-labo-du-23-02-2014.html
Karl Kraus aura tôt fait de comprendre quelle perversion de la langue se mettait en place avec l’irruption des discours nazis et de leur propagande, dans « Troisième nuit de Walpurgis ». Ecrivain, éditeur, traducteur de Rilke et Kraus (les aphorismes), Roger Lewinter reçoit David Collin chez lui à Genève, pour évoquer la voix de Kraus, ses traductions, et cette exigence de la langue, commune à Kraus, qui tend à disparaître. Durée : 1h. Source : Espace 2, RTS
]]>Karl Kraus, Die Fackel ( Le Flambeau ), novembre 1920, cité par W. Benjamin et par E. Terray dans Penser à droite , pp. 160-161
Que le diable emporte sa pratique, mais que Dieu nous le conserve comme une menace constante au-dessus des têtes de ceux qui possèdent des biens et qui voudraient contraindre tous les autres à les défendre. [...] Que Dieu nous le conserve afin que cette racaille qui a déjà dépassé les limites des pires effronteries ne devienne pas encore plus effrontée, afin que la société de ceux qui ont le monopole du plaisir [...] aille au moins au lit, elle aussi, avec un cauchemar ! Afin que l’envie leur passe au moins de prêcher la #morale à leurs victimes et de faire de l’esprit à leus dépens.
►http://www.editions-galilee.fr/f/index.php?sp=liv&livre_id=3366
Je saute la suite jusqu’au dernier para du bouquin, c’est E. Terray qui conclut :
A court terme, l’avenir est donc obscur, pour les penseurs de #droite comme pour nous tous. À plus longue échéance, cependant, il se présente à eux sous un jour plus favorable, à la seule condition – pour parler comme les psychanalystes – qu’ils ne fassent pas de fixation sur les particularités de l’état de choses qu’ils entendent préserver. Tandis que je termine la rédaction de ce livre, je lis les Mémoires de Zhao Ziyang, ce haut dirigeant chinois qui s’opposa au massacre de la place Tian’ Anmen et fut aussitôt démis de ses fonctions et placé pour le restant de ses jours en résidence surveillée. Avant d’en venir à cet épisode, Zhao Ziyang relate ses entreprises réformatrices, et la lutte acharnée qu’il eut à soutenir pour les imposer aux hiérarques du Parti. Ceux-ci défendaient la primauté de l’appareil, la priorité accordée au secteur public, la planification centralisée, la discipline idéologique et politique ; mais derrière ces enjeux du moment, il n’est pas difficile de découvrir les vieilles #valeurs de toujours : l’ordre, la hiérarchie, l’autorité, l’élite, le refus des aventures et la protection des sentiers battus. Lecteurs de droite, entendez la leçon de Zhao Ziyang et ne vous inquiétez plus : il y aura toujours un ordre établi à défendre, et vous pourrez jouer le rôle qui vous est cher jusqu’à la fin des temps.
#cax #livre #philosophie #politique
]]>