person:ladislas mandel

  • [..::Dossier: :..] Ladislas Mandel, explorateur de la typographie française 2/2 « De la Naissance de l’Écriture à la Typographie Numérisée
    http://isabellecosta.wordpress.com/2008/06/03/dossier-ladislas-mandel-explorateur-de-la-typographie-franc

    Mandel a donc analysé comment les lecteurs appréhendent une page typographique, par l’expérimentation sur de très petits corps. « On croit que dans les très petits corps on ne voit pas la lettre, mais pourtant on la lit, dans la lecture globale que l’ont fait des mots… »

    #typo #lisibilité

    • Hahaaaa, je viens de me rappeler que j’avais sous la main une recension en français des résultats d’études neurologiques sur la lecture, donc des travaux récents avec ce qu’on sait aujourd’hui de la vitesse de l’œil et des connexions neuronales.

      Et en fait le truc de Mandel c’est entièrement faux ! Ce n’est qu’une illusion dûe à la vitesse incroyable avec le cerveau fait ces opérations, parce qu’avant on ne pouvait pas mesurer cette vitesse.

      Mais maintenant qu’on sait le faire, on a pu voir qu’en fait l’œil décortique un à un les graphèmes (signe ou groupe de signes écrits formant un son, l’équivalent visuel du phonème).

      http://www.sauv.net/neuroneslect.php

      La reconnaissance visuelle des mots ne repose pas sur une appréhension globale de son contour, mais sur sa décomposition en éléments simples, les lettres et les graphèmes. La région corticale de la forme visuelle des mots traite toutes les lettres du mot en parallèle, ce qui, historiquement est responsable de l’impression de lecture globale…l’immédiateté de la lecture n’est qu’une illusion, suscitée par l’extrême automatisation de ses étapes.

    • Et en fait le truc de Mandel c’est entièrement faux ! Ce n’est qu’une illusion dûe à la vitesse incroyable avec le cerveau fait ces opérations, parce qu’avant on ne pouvait pas mesurer cette vitesse.

      Mmmh, c’est peut être un poil catégorique ? :) J’ai tendance à penser que les phénomènes constatés par Mandel mettent en évidence des mécanismes propres aux lecteurs expérimentés (adultes, éduqués et « relativement grands lecteurs »). Il y a des phénomènes de lecture globale, mais seulement chez les sujets qui ont appris, maîtrisé et intégré cette décomposition en lettres, d’abord, en graphèmes ensuite. Au fur et à mesure de l’avancée de ce travail, et de sa validation par l’expérience et l’environnement, le cerveau accélère, automatise et simplifie (et cela vaut pour tout apprentissage).

      Ainsi les phénomènes décrits par Mandel, ou le fameux mème :

      Sleon une édtue de l’Uvinertisé de Cmabrigde, l’odrre des ltteers dnas les mtos n’a pas d’ipmrotncae, la suele coshe ipmrotnate est que la pmeirère et la drenèire soit à la bnnoe pclae. Le rsete peut êrte dnas un dsérorde ttoal et vuos puoevz tujoruos lrie snas porlblème. C’est prace que le creaveu hmauin ne lit pas chuaqe ltetre elle-mmêe, mias le mot cmome un tuot .

      ne valent que pour un lecteur expérimenté (et la dernière phrase de la citation, en italique est une dangereuse et malhonnête extrapolation). Vouloir faire apprendre à lire aux enfants suivant une méthode basée sur les automatismes et raccourcis de haut niveau des lecteurs expérimentés, ce serait comme vouloir faire apprendre à faire du vélo en commençant par le monocycle (ce que montre le lien que tu as posté en commentaire).

      Du coup, je trouve ton premier commentaire intéressant, car il évoque bien la part relative de la notion de « lisibilité » d’un texte (que forcement, on voudrait la plus absolue possible).

      Si tu as / vous avez d’autres liens sur ces sujets, n’hésite(z) pas, ça m’intéresse beaucoup (et j’espère ne pas être le seul).

    • Mais le fameux mème est lui aussi compris dans les automatismes : dans tous les cas (pour les non handicapés) l’œil commence par décomposer les lettres une à une (et pas du tout globalement), puis les graphèmes, puis avec une rapidité extrême essaye d’en déduire en sens, reconnaître quelque chose de connu. Ce mème n’est donc pas lisible parce qu’on reconnaîtrait une image globale des mots, mais parce que notre cerveau remet en place les lettres une à une dans un sens qui... lui donne du sens. Seulement il le fait si rapidement que l’on a l’impression que c’est immédiat, comme une image. Trop fort ce cerveau !

      Sous le coude j’ai cette liste d’articles déjà, du collectif #Sauver-les-lettres : http://www.sauv.net/analyses_primaire.htm
      Dans « Apprentissage de la lecture ».

    • Oui, carrément, j’ai été un peu maladroit et imprécis dans mon commentaire. En parlant de « phénomènes de lecture globale », je ne pensais pas « perception globale de la forme ». Mon intention initiale était de dire que Mandel (qui était typographe, et non chercheur en neurosciences), en disant « la lecture globale que l’ont fait des mots… » ne pensait peut être pas non plus à une « reconnaissance de la forme globale des mots ». Ne serait-ce pas un comble pour un dessinateur de caractères ? :)

      mais parce que notre cerveau remet en place les lettres une à une dans un sens qui... lui donne du sens .

      Oui, de ce que je m’en souviens, ce seraient les rétroactions des zones sémantiques qui seraient responsables des phénomènes globaux, comme de pouvoir comprendre le mème plus haut, ou de "lire un texte en diagonale". Par contre, et c’est toujours difficile à exprimer via le langage (qui a tendance à tout linéariser), tout ces processus cérébraux fonctionnent de manière très parallèle (le "une à une" qui me dérange dans ta phrase).

      En tout cas, merci pour les liens ; étant jeune papa, je me sens étrangement plus concerné qu’avant par l’état des méthodes d’apprentissage de la lecture. ^^

    • Oui le « une à une » veut pas dire à la suite en fait, mais plutôt « une à une séparément » (mais en parrallèle), on est bien d’accord.

      étant jeune papa, je me sens étrangement plus concerné qu’avant par l’état des méthodes d’apprentissage de la lecture

      Et nous donc... C’est hallucinant de voir l’état de ce que répondent les maîtresses de maternelle quand on se met à parler de ça. Sérieux yen 90% qui partent du globale, tous intoxiqués qu’ils sont depuis 30-40 ans. J’ai fait exprès de polémiquer là-dessus à la réunion de l’école la semaine dernière...

      Du coup on cherche des trucs pour s’amuser uniquement avec les graphèmes à la maison (on a trouvé un truc pas mal je crois). M’enfin je ne m’inquiète pas trop car pour ceux qui ont des parents assez cultivés et ayant du temps à leur consacrer, quelque soit la méthode ils finissent par lire correctement. C’est pour la masse des autres, le problème...