person:laurent wauquiez

  • Au sommet : "Pour « démilitariser » les relations avec la presse", la #com' de l’#Élysée confiée à un Sylvain Fort qui manque de temps pour son projet de... Dictionnaire amoureux de l’armée française.
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/09/11/sylvain-fort-le-retour-d-un-fidele-de-macron-pour-demilitariser-les-relation

    Sylvain Fort, le retour d’un fidèle de Macron pour « démilitariser » les relations avec la presse, Ariane Chemin et François Krug, LE MONDE | 11.09.2018
    Jusqu’à présent chargé des discours, ce spécialiste de l’opéra va diriger le nouveau pôle communication de l’Elysée pour tenter de restaurer l’image du chef de l’Etat.

    Soudain, sa voix déraille, grimpe vers le ciel, ses yeux avec. Depuis une heure et demie, Emmanuel Macron expose son projet aux 15 000 personnes réunies au Parc des expositions de la porte de Versailles, à Paris. Mais au moment de conclure, le voilà qui se met à hurler d’une voix qu’on ne lui connaissait pas, hors portée, comme puisée en deçà de lui-même : « Ce que je veux, c’est que vous, partout, vous alliez le faire gagner ! Parce que c’est notre prooojet ! »

    Ce 10 décembre 2016, le candidat novice tient son premier grand meeting. Pour son équipe, c’est l’épreuve du feu. En coulisses, on croise sa jeune bande du ministère de l’économie et de nouvelles recrues aux parcours moins technocratiques. Comme Alexandre Benalla, le jeune patron du service d’ordre. Ou Sylvain Fort, le communicant catalogué « intello de droite » : un normalien agrégé de lettres classiques passé par la finance , un passionné d’opéra auteur de plusieurs livres salués par les connaisseurs.

    Devant sa télévision, un chanteur d’opéra suit justement avec attention les envolées d’Emmanuel Macron. Le baryton Jean-Philippe Lafont s’est produit à la Scala de Milan comme au Festival de Bayreuth. Quelques jours plus tôt, Sylvain Fort lui a proposé de devenir le coach vocal de son candidat. La rencontre est organisée au siège de campagne la veille du meeting. Lafont conseille à Macron de ne pas se laisser « submerger par la foule ». Après sa prestation, le candidat accepte le « programme de travail » que lui propose le chanteur.

    Conseiller discours et mémoire

    C’est aussi en se rendant utile aux moments-clés d’une campagne que, souvent, on gagne sa place à l’Elysée. Au soir de la victoire, le 7 mai 2017, le président de la République n’a plus besoin de baryton, mais Sylvain Fort a su une nouvelle fois se rendre précieux. Quelle version de l’Hymne à la joie pour accompagner la marche du vainqueur de la présidentielle à travers la cour carrée du Louvre ? Pendant que, hors du champ des caméras, Alexandre Benalla guide les pas d’Emmanuel Macron le long de la pyramide, Sylvain Fort impose sa baguette de chef d’orchestre à la cérémonie. Il choisit sans hésiter l’interprétation d’Herbert von Karajan, auquel il a consacré une biographie juste avant le lancement de la campagne présidentielle.

    Un an plus tard, alors qu’Alexandre Benalla a été chassé de l’Elysée et que la rentrée s’annonce difficile, c’est sur Sylvain Fort qu’Emmanuel Macron compte pour restaurer son image. Pendant la campagne, l’amateur d’opéra avait affronté la presse en duo avec Sibeth Ndiaye, une communicante venue de Bercy. Une fois à l’Elysée, il lui a volontiers cédé cette tâche. Il a repris sa plume et s’est installé dans un petit bureau du palais avec le titre de conseiller discours et mémoire .

    C’est à ce père de famille de 46 ans qu’on doit les discours qui ont marqué le début du quinquennat, comme celui destiné à rassurer les catholiques de France, au collège des Bernardins , ou les hommages aux personnalités défuntes, de Simone Veil à Jean d’Ormesson : le crayon posé par le président sur le cercueil de l’académicien dans la cour des Invalides, c’est lui qui est allé l’acheter le matin même chez Gibert, dans le Quartier latin.

    « On ne va pas finir dans un abri antiatomique »

    L’affaire Benalla a obligé l’Elysée à se réorganiser. Côté communication, exit Bruno Roger-Petit, l’ancien journaliste recruté comme porte-parole, une des têtes de Turc de Sylvain Fort. C’est lui qui avait été envoyé au feu au lendemain des révélations du Monde sur le comportement d’Alexandre Benalla lors de la manifestation du 1er-Mai à Paris, lisant laborieusement devant les caméras un texte préparé par le cabinet du chef de l’Etat.

    Dans les prochains jours, Sylvain Fort doit reprendre du service, chapeautant l’ensemble de la communication présidentielle. Il promet un changement de ton. Finies, à l’entendre, les engueulades avec la presse. « On ne pas va finir le quinquennat dans un abri antiatomique, explique Sylvain Fort au Monde. Il faut démilitariser notre communication. »

    C’est pourtant un homme prompt aux philippiques et aux croisades que racontent beaucoup de ceux qui l’ont croisé pendant la campagne, et surtout bien avant. Dans le petit monde de l’opéra, Sylvain Fort s’est fait connaître par des éditoriaux passionnés sur le site Forum Opéra, un webzine fondé en 1999 et qu’il a rejoint cinq ans plus tard en contactant ses fondateurs par e-mail. Il en est devenu rédacteur en chef avant de démissionner en 2007, après une première polémique provoquée par un article sur « la nouvelle école du chant français ».

    En 2015, il étrille dans un feuilleton à clés le directeur de l’Opéra de Paris, Stéphane Lissner, élégamment baptisé « Stephanov Sifilissner », et son numéro deux, Jean-Philippe Thiellay, alias « Fistule ». Trois ans après, Sylvain Fort ne comprend toujours pas l’émoi des intéressés. « De la pure satire dans la veine de Pétrone, balaie l’agrégé. Si on ne s’amusait pas la vie serait trop triste… »

    Fin 2015, nouvelle bagarre contre le directeur de l’Opéra. Stéphane Lissner a décidé d’installer des cloisons amovibles dans les loges historiques du Palais Garnier. Colère de Sylvain Fort. La pétition qu’il lance sur le site internet Change.org réunit 34 000 signataires. Même le New York Times s’y intéresse. Le communicant prouve qu’il sait ferrailler, mener des batailles d’opinion et des guerres d’influence. Des talents utiles à l’Elysée, lorsque l’expérience politique est à la fois brève et récente.

    Liens étroits

    La politique, il ne s’y est vraiment mis qu’en 2011, lorsque, « à raison d’une fois par mois », il fréquente le ministre de l’enseignement supérieur, Laurent Wauquiez, qui s’est lancé quelques mois plus tôt dans sa bataille contre « le cancer de l’assistanat » . La même année, il participe au groupe Fourtou , un club de réflexion informel formé en 2011 par Jean-René Fourtou, patron de Vivendi, pour préparer la réélection de Nicolas Sarkozy. « A l’époque, je travaillais chez Michel Calzaroni, le fondateur du cabinet de conseil en communication DGM. Le groupe se réunissait dans nos locaux, ça m’intéressait d’écouter. »

    Il y croise de jeunes espoirs de l’UMP, comme Guillaume Peltier et Geoffroy Didier, sympathise avec la plume de Nicolas Sarkozy à l’Elysée, Camille Pascal, qui lui rend hommage dans les remerciements du roman qu’il vient de publier. « Fort est conservateur comme moi car il est attaché à une culture qui n’est plus la culture dominante », explique cet autre amateur d’opéra. De cette époque datent aussi les liens étroits de Sylvain Fort avec un autre membre du groupe, Charles Villeneuve, ancienne star du magazine « Le Droit de savoir » sur TF1, au point de se lancer ensemble dans la rédaction d’un Dictionnaire amoureux de l’armée française pour Plon, projet aujourd’hui en suspens.

    Avec un autre ancien du groupe Fourtou, le journaliste Etienne Mougeotte, Charles Villeneuve a organisé la prise de contrôle par l’homme d’affaires d’origine libanaise Iskandar Safa de #Valeurs_actuelles, un hebdomadaire où Sylvain Fort compte des amis, comme Louis de Raguenel, ancien du cabinet de Claude Guéant au ministère de l’intérieur et désormais rédacteur en chef.

    « Le premier d’entre eux, c’est Sylvain Fort »

    A Normale Sup, vingt ans plus tôt, Sylvain Fort penchait alors pour Jean-Pierre Chevènement tout en se faisant remarquer pour sa voix de baryton, qu’il travaille au Club opérette. Agrégé de lettres classiques, germaniste, il enseigne durant huit ans. A 27 ans, il décroche sa propre collection à L’Arche, une maison d’édition théâtrale réputée. Outre ses traductions de l’allemand (Schiller) et de l’italien (Leonard de Vinci), il a signé une dizaine de livres bien accueillis par la critique. Parmi eux, une Leçon littéraire sur l’amitié aux Presses universitaires de France, un Puccini préfacé par le ténor Roberto Alagna chez Actes Sud ou en 2017, un livre sur Saint-Exupéry publié par la discrète et droitière maison Pierre-Guillaume de Roux. Quand L’Obs interrogera le candidat Macron sur les écrivains qui l’entourent durant sa campagne (Erik Orsenna, Philippe Besson), il répondra : « Le premier d’entre eux, c’est Sylvain Fort. »

    A l’université, le jeune homme finit par s’ennuyer. En 2002, il offre ses services au président de la banque BNP-Paribas, Michel Pébereau, longtemps un des parrains du monde des affaires français. « Le système académique ne me convenait pas, il est peu méritocratique, je suis devenu la plume de Pébereau comme tant de normaliens qui ne savent pas quoi faire de leurs dix doigts », élude Sylvain Fort.

    Il part en Italie participer au rachat de la banque BNL. Six ans plus tard, il est temps de changer à nouveau de carrière. Il entre donc chez DGM, le cabinet de communicants qui conseille des géants comme LVMH ou Bolloré. Et au printemps 2013, il crée finalement sa propre structure Steele & Holt. Un nom de cabinet anglo-saxon, mais en réalité une blague. C’est une référence à la série américaine des années 1980 qui a révélé Pierce Brosnan, Les Enquêtes de Remington Steele, mettant en scène un voleur devenu détective et son associée, Laura Holt.

    Spécialisée dans la finance, Steeve & Holt vise les gestionnaires d’actifs et les banquiers d’affaires, peu à l’aise avec les médias. La société a aussi des activités plus exotiques. On le voit à Genève, en 2016, lors des négociations sous l’égide de l’ONU sur la Syrie, aux côtés de l’opposition démocratique, qu’il conseille. En 2014, Steeve & Holt est recruté par les Saoudiens pour améliorer l’image du royaume en France, où on ne jure que par le Qatar. En janvier 2015, le cabinet se charge ainsi d’attirer les journalistes à un festival d’art contemporain à Djedda. Après le départ de son fondateur pour l’Elysée, Steele & Holt a continué à assurer la communication en France du prince héritier, Mohammed Ben Salman, et celle de son ministre de la culture, venu justement signer en avril un accord de partenariat avec l’opéra de Paris.

    Référence wagnérienne

    A l’été 2016, nouveau changement de cap, grâce à Emmanuel Macron. Sylvain Fort prend ses distances avec sa société. Sur le papier, d’abord, cédant la gérance de Steele & Holt à une société créée pour l’occasion et dont il reste le propriétaire. Cette fois, pas de blague sur les séries américaines : il la baptise Nibelungen, une référence wagnérienne, qu’il finira par dissoudre en novembre 2017, une fois installé à l’Elysée. Il a rencontré Emmanuel Macron au printemps 2016 grâce à un ami, collaborateur de Publicis, qui lui a soufflé que son patron Maurice Lévy cherchait un communicant pour un candidat à la présidentielle.

    « Le duel Sarko-Hollande, très peu pour moi. Je n’étais pas spécialement réjoui par le bilan du président socialiste et je trouvais le système rouillé. » Macron le convoque une seconde fois le jour où il annonce sa démission de Bercy. « Il m’a dit : assieds-toi là. La machine est partie, je n’en suis jamais redescendu. »

    Mieux, il y a pris goût et selon ses adversaires, il saurait parfois marier le pouvoir et sa passion pour la musique. Le 14 juillet, en clôture du défilé parisien, la soprano Julie Cherrier devait interpréter La Marseillaise et L’Hymne à l’amour de Piaf devant le président et des millions de téléspectateurs – un programme arrêté avec le gouverneur militaire de Paris depuis le printemps.

    Quelques jours avant le défilé, sa prestation est annulée sur décision de l’Elysée. La soprano vient justement d’épouser le chef d’orchestre Frédéric Chaslin qui a imprudemment partagé sur Facebook un message critiquant la campagne menée par Sylvain Fort contre le directeur de l’Opéra de Paris. Fort dément toute vengeance, mais assume l’annulation de la prestation : « La séquence a sauté car elle n’était pas au niveau. Et puis, on ne peut pas sortir quelqu’un de l’anonymat un 14-Juillet, une date pour une Jessye Norman ou un Roberto Alagna. »

    Pour qui voudrait s’en prendre au "Bastion social" où à la nouvelle librairie faf du 5eme
    https://www.lexpress.fr/actualite/societe/une-librairie-d-extreme-droite-a-l-assaut-du-quartier-latin_2034002.html

    ou encore se solidariser avec des étrangers démunis autant savoir de quels appuis peuvent bénéficier les fachos au sommet de l’état.

    Après l’affaire Benalla, Macron réorganise l’Elysée, LE MONDE | 11.09.2018, Cédric Pietralunga

    Le chef de l’Etat va nommer un directeur général des services pour chapeauter les 822 salariés de la présidence. Un cabinet de conseil a également audité le fonctionnement du Château.

    Les macronistes le martèlent depuis des semaines, refusant d’y voir une « affaire d’Etat », mais plutôt une simple « affaire d’été ». Révélée le 18 juillet par Le Monde, l’affaire Benalla, du nom de ce proche collaborateur d’Emmanuel Macron mis en examen pour des violences commises en marge du défilé parisien du 1er-Mai, pourrait en tout cas rebondir et se transformer en « affaire d’automne ».

    Alors que la commission d’enquête mise en place par l’Assemblée nationale s’est sabordée, à la suite d’un désaccord entre majorité et opposition sur la liste des personnes à entendre, celle du Sénat a décidé de reprendre ses auditions après la pause estivale, avec le risque, pour le chef de l’Etat, de braquer à nouveau le projecteur sur les dysfonctionnements de l’Elysée. Mercredi 12 septembre, François-Xavier Lauch, chef de cabinet du président, le général Eric Bio-Farina, commandant militaire de l’Elysée, et Maxence Creusat, commissaire à la Préfecture de police de Paris, seront ainsi entendus par les sénateurs de la commission des lois.

    Plus explosif, Alexandre Benalla lui-même devrait être auditionné. Une convocation lui a été adressée pour le 19 septembre. Ce sera la première fois qu’il répondra – sous serment – aux questions des parlementaires, dubitatifs sur les explications de l’exécutif. « La thèse officielle d’un employé qui se consacrait uniquement à une fonction d’organisation sans prendre part à la protection du président nous paraît pour le moins fragile », a estimé Philippe Bas, le président (LR) de la commission des lois du Sénat, dans Le Figaro du 6 septembre.

    A l’Elysée, l’entourage d’Emmanuel Macron se dit pourtant « serein » face à la reprise de ces auditions et de l’attention médiatique qui va de pair. Alexandre Benalla « a été sanctionné par l’Elysée dès le lendemain [des faits]. Il n’a pas été protégé. (…) On n’a rien caché. Il n’y a pas eu obstruction de la justice, je vous le dis les yeux dans les yeux », a lui-même assuré le président de la République, apostrophé le 7 septembre par un passant lors d’une promenade sur le Vieux-Port, à Marseille, à l’issue d’un dîner avec la chancelière allemande, Angela Merkel.

    Eviter que les dysfonctionnements ne se reproduisent

    Mais pas question de rester les bras ballants en attendant les conclusions du Sénat, dont le rapport ne devrait pas être rendu avant plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Après avoir longtemps hésité sur le calendrier, l’Elysée a décidé d’engager, la semaine prochaine, un vaste chantier de réorganisation des services de la présidence de la République, moyen de répondre aux interrogations de l’opinion publique. Les mauvais sondages qui se succèdent pour le chef de l’Etat en cette rentrée soulignent le trouble provoqué par l’affaire.

    Cette réorganisation commencera par la nomination d’un directeur général des services (DGS) chargé de chapeauter les salariés de l’Elysée. Selon nos informations, le choix d’Emmanuel Macron s’est porté sur Jérôme Rivoisy, actuel directeur général adjoint de Pôle emploi. L’homme n’est pas un inconnu pour le président de la République : MM. Macron et Rivoisy se sont côtoyés à l’ENA, au sein de la fameuse promotion Senghor de 2004, et sont tous les deux membres de l’Inspection générale des finances.

    Ce nouveau DGS travaillera sous l’autorité de Patrick Strzoda, le directeur de cabinet du président. Mis en cause lors de l’affaire Benalla, cet ancien préfet était annoncé sur le départ – il est admis à faire valoir ses droits à la retraite à partir du 6 octobre –, mais Emmanuel Macron, qui déteste se voir imposer le choix des hommes, lui a demandé de rester à son poste.

    Les quatorze services qui composent la présidence de la République (intendance, presse, protocole, décorations, conservation des résidences, etc.) et où travaillent 822 personnes devraient être également restructurés. Objectif : « homogénéiser la manière dont on travaille et améliorer la transversalité entre les services », explique l’entourage d’Emmanuel Macron. Un moyen surtout d’éviter que les dysfonctionnements révélés par l’affaire Benalla – le chargé de mission s’était, faute de contrôle, octroyé des pouvoirs sans commune mesure avec son poste – ne puissent se reproduire.

    Cette réorganisation doit s’étaler jusqu’à la fin de l’année et devrait débuter par la communication. Les services s’occupant de l’image du chef de l’Etat seront ainsi regroupés pour « unifier la manière dont le président de la République s’adresse aux Français ». Ce pôle sera dirigé par Sylvain Fort, un fidèle du président de la République, qui avait été son directeur de la communication lors de la campagne présidentielle et qui occupe actuellement le poste de conseiller discours et mémoire à l’Elysée.

    Sibeth Ndiaye, la conseillère presse et communication de M. Macron, sera son adjointe. En revanche, la fonction de porte-parole « sera supprimée » mais l’ancien journaliste Bruno Roger-Petit, qui occupe le poste depuis un an, « restera au cabinet comme conseiller », précise l’Elysée.

    Mission lancée en octobre 2017

    Paradoxalement, cette réorganisation est le fruit d’une réflexion engagée bien avant l’affaire Benalla. Instruit des errements de François Hollande lors du précédent quinquennat, Emmanuel Macron avait, dès le début de son mandat, conscience de devoir adapter le fonctionnement de l’Elysée, qu’il considérait comme « archaïque ». Dès octobre 2017, une mission avait été confiée en ce sens au contrôleur de gestion de l’Elysée afin de faire un état des lieux du fonctionnement de la présidence.

    « Il a rencontré une cinquantaine de personnes, et le constat a été que, si les employés de l’Elysée ont un fort attachement à ce qu’ils appellent eux-mêmes la “première maison de France”, leur fonctionnement n’était plus adapté », assure un membre du cabinet de M. Macron. De nombreux cas d’épuisement auraient été aussi rapportés. « Les gens sont fiers de travailler à l’Elysée mais il y a de la souffrance », reconnaît-on.

    Fort de ce constat, Emmanuel Macron a décidé, en janvier, de confier à Eurogroup Consulting, un cabinet de conseil en organisation, une « revue des missions » des services de l’Elysée. Objectif : proposer un nouveau mode de fonctionnement de la présidence. Durant six mois, trois consultants ont écumé les couloirs du Château pour « objectiver les choses ». Leur rapport a été rendu début juillet, avant que n’éclate l’affaire Benalla. « Cela nous a renforcés dans la conviction qu’il fallait faire bouger les choses », explique un proche du chef de l’Etat.

    Reste à savoir si cette réorganisation changera réellement le fonctionnement de l’Elysée. A son arrivée, en 2007, Nicolas Sarkozy avait tenté de structurer davantage les services de la présidence. Début 2008, il avait lui aussi nommé un directeur général des services, Charles-Edouard Tollu. Mais l’expérience avait tourné court au bout de deux ans. « On se détestait tellement dans l’entourage qu’il y avait des clans et de la rétention d’information partout, se souvient Emmanuelle Mignon, alors directrice de cabinet du chef de l’Etat. Pour que l’Elysée fonctionne, il faut de la fluidité et de la confiance dans le premier cercle. Et que le président accepte qu’on lui dise les choses, même si elles lui déplaisent

    . »

  • Wauquiez détourne un fichier régional et envoie des SMS aux lycéens
    https://www.mediapart.fr/journal/france/040918/wauquiez-detourne-un-fichier-regional-et-envoie-des-sms-aux-lyceens

    Le président des Républicains a utilisé le fichier d’un dispositif régional à destination des jeunes pour envoyer un SMS à des dizaines de milliers de lycéens. L’opposition locale dénonce une initiative « choquante, abusive et illégale » et annonce vouloir saisir la Cnil. « Je voudrais savoir comment Laurent Wauquiez a eu le numéro de téléphone de ma fille. » Le président du groupe socialiste à la Région Auvergne-Rhône-Alpes, Jean-François Debat, ne décolère pas depuis que sa fille a reçu, ce mardi de (...)

    #manipulation #étudiants #données_

  • La #France débordée par les demandes d’asile

    Le nombre de dossiers présentés a augmenté de plus de 17 % depuis janvier. L’opposition dénonce le dévoiement d’un système initialement destiné à accueillir les personnes persécutées dans leur pays.

    Dure rentrée sur le front de l’immigration. La pression au guichet de l’asile en France a augmenté de près de plus 17 % sur les sept premiers mois de l’année, comparés à la même période de 2017. Pas moins de 67.306 dossiers ont ainsi été présentés à l’Office français pour la protection des réfugiés et des apatrides (Ofpra) depuis le 1er janvier.

    http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2018/08/29/01016-20180829ARTFIG00233-la-france-debordee-par-les-demandes-d-asile.php
    #statistiques #asile #réfugiés #préjugés #invasion #afflux

    Outre ces magnifiques chiffres (argghhh), j’adore le début du chapeau : « EXCLUSIF » !!!

    • Je trouve cette stratégie bien xénophobe et hypocrite, le figaro voudrait faire croire qu’il y a une hausse extraordinaire des demandes et que pour 70000 dossiers (c’est rien), l’administration Française va se noyer dans ses propres paperasses. Si il n’y a plus personnes pour répondre aux demandes c’est aussi que les politiques et le figaro veulent la mort des fonctionnaires.

      Rien que pour faire un passeport français après 6 semaines d’attente pour le rdv de ce matin il faut encore ajouter 8 semaines de fabrication ce qui mène donc à 3 mois le délai d’obtention du dit passeport. Imagine quand tu as même pas encore de titre de séjour …

    • Ne pas diffuser la propagande xénophobe et mensongère du Figaro sans contrepoint :

      La France prend elle vraiment sa part de l’accueil des migrants ?
      Parmi les riches pays européens, la France est 26ème sur 28 pays pour le taux d’accueil des réfugiés.

      https://www.euractiv.fr/section/monde/news/la-france-%e2%80%89prend-elle-vraiment-sa-part%e2%80%89-de-migrants%e2%80%8

      En plus les pays riches comme l’Europe reçoivent très peu de migrants qui sont essentiellement accueillis dans les pays pauvres. Voir message suivant.

      #migration #migrants #Union-européenne

    • Vous pouvez aussi regarder la « loterie de l’asile », carte de @reka publiée dans Vivre Ensemble :


      https://asile.ch/2018/07/25/carte-la-loterie-de-lasile-2017

      Ce % très bas de reconnaissance de la France s’explique aussi en partie par l’origine des demandeurs d’asile, qui ne proviennent en majorité pas de pays pour lequel l’asile est reconnu, hélas (notamment pays ouest-africains).

    • @aude_v il y a beaucoup de matériel sur seenthis sur le sujet, il faut un peu chercher avec les mots-clé afflux, préjugés, mythe, invasion, migrations...

    • « La France est le pays qui accueille le plus de réfugiés » dixit Wauquiez. Vrai ou faux ?

      Bonjour,

      Jeudi 27 septembre, c’était la rentrée de L’Emission Politique, sur France 2. Le Premier ministre Edouard Philippe était confronté au président du parti Les Républicains, Laurent Wauquiez. Et quand le sujet des migrations et des demandeurs d’asile arrivent sur la table, il commet plusieurs erreurs de chiffres.

      La France est le pays de l’Union européenne qui maîtrise le moins bien sa politique migratoire. Prenons un exemple très simple, ce n’est pas une question de croyance, c’est une question de chiffres : c’est la France aujourd’hui qui est un des pays de l’Europe qui accueille le plus de réfugiés. C’est pas l’Italie, c’est pas l’Autriche, c’est pas l’Espagne, c’est pas le Portugal, c’est pas la Pologne.

      Relancé pour plus de précisions, Wauquiez explique qu’il parle de « ceux qui demandent le droit d’asile ».

      En quelques instants, le président de la région Rhône-Alpes, en plus de balancer une intox, mélange migrants, demandeurs d’asile et réfugiés. CheckNews fait le point (et les comptes).
      Un demandeur d’asile n’est pas un réfugié…

      Nous utiliserons ici (comme nous l’avions fait précédemment) les chiffres d’Eurostat, l’organisme statistique de l’Union européenne. Mais avant d’en venir aux chiffres, regardons les définitions des concepts que Wauquiez mélange.

      Selon Eurostat, « un immigrant est une personne qui vient ou revient de l’étranger pour établir sa résidence dans un pays donné pendant un certain temps, après avoir eu précédemment sa résidence habituelle dans un autre pays. » Pour comparer les politiques migratoires européennes, nous avons observé le nombre de titres de séjour délivrés par les pays à des personnes qui ne sont pas citoyennes européennes.

      Un demandeur d’asile est une personne qui a engagé des procédures pour obtenir une protection internationale. En France, c’est à l’Office français de protection des réfugiés et des apatrides, l’OFPRA, que les demandeurs d’asile déposent leur demande. Il n’est pas « réfugié », au sens administratif.

      Au terme de la procédure administrative, le demandeur peut se voir, ou non, accorder un statut de réfugié, une protection subsidiaire, ou une protection pour des raisons humanitaires. Pour quantifier ces populations, on regarde le nombre de protections accordées.
      Faux dans l’absolu… et en relatif

      Puisque Laurent Wauquiez parle d’abord de contrôle des flux migratoires au sens large, regardons d’abord le nombre global de titre de séjours accordés.

      Dans l’absolu, en 2017, la France est le quatrième pays de l’UE qui accorde le plus de titres de séjours, derrière la Pologne (qui a notamment enregistré un afflux de travailleurs ukrainiens, fuyant le conflit avec la Russie), l’Allemagne et le Royaume-Uni.

      Mais donner des chiffres en valeur absolue n’a guère de sens sans les rapporter à la population totale. Ce serait comme comparer le nombre de chômeurs de pays de taille différente plutôt que de comparer les taux de chômage.

      Si on rapporte donc le nombre de titres de séjours à la population des pays de l’UE au 1er janvier 2017, la France se situe… à la 17e place. Difficile, donc de dire qu’elle est le pays qui « maîtrise le moins » sa politique migratoire, comme le fait Wauquiez.

      Procédons à la même comparaison à propos des demandeurs d’asile. Dans l’absolu, la France est le troisième pays à recevoir le plus de demandes, derrière l’Italie et l’Allemagne. Mais encore une fois, si l’on rapporte le nombre de demandes d’asile à la population, la France est… dixième. Pour 100 habitants au 1er janvier 2017, la France a reçu, sur l’année, 0,15 demande d’asile. La moyenne de l’UE est à 0,23.

      En moyenne, par rapport à sa population, la France accorde deux fois moins de protections ses voisins

      Enfin, la déclaration de Laurent Wauquiez ne se vérifie pas plus à propos des réfugiés. Certes, est la France est le deuxième pays qui a accordé le plus de protection en 2017 : plus de 40 000. L’Allemagne, largement en tête, en a elle accordé plus de 320 000.

      Mais une lecture de ce chiffre rapportée à la population donne un tout autre classement. Relativement à sa population, l’Allemagne reste en tête, légèrement devant l’Autriche. Pour 100 habitants, l’Allemagne a accordé une protection à 0,39 personne, contre 0,06 pour la France. La moyenne européenne est deux fois plus élevée : 0,12.

      La France est le neuvième pays de l’UE à accorder le plus de protections, relativement à sa population. Elle est bien loin de mener le classement, comme le dit le président de la région Rhône-Alpes.
      Wauquiez s’est aussi trompé sur l’immigration économique en France

      Lors de son face-à-face avec le Premier ministre dans l’émission, Laurent Wauquiez – qui était pourtant arrivé avec force fiches sur le sujet migratoire — s’est également trompé sur le nombre d’immigrés pour motif économique reçus par la France en 2017. Le patron des Républicains a évoqué le chiffre de 80 000. C’est trois fois plus que la réalité (un peu plus de 27 000).


      https://www.liberation.fr/checknews/2018/09/28/la-france-est-le-pays-qui-accueille-le-plus-de-refugies-dixit-wauquiez-vr

  • L’affaire Benalla, une revanche pour « l’ancien monde »

    https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/07/28/l-affaire-benalla-une-revanche-pour-l-ancien-monde_5336968_823448.html

    Relégués, ringardisés et parfois méprisés par la jeune majorité LRM depuis un an, les représentants de l’opposition se délectent aujourd’hui des difficultés du pouvoir.

    Une atmosphère électrique. Le secrétaire général de l’Elysée, Alexis Kohler, déroule ses arguments, point par point, depuis plus de deux heures et demie. Dans les sous-sols du Sénat, la climatisation fonctionne mais les esprits s’échauffent. L’audition du bras droit du président de la République, jeudi 26 juillet, est l’une des plus attendues de la commission d’enquête sénatoriale sur l’affaire Benalla, qui empoisonne l’exécutif depuis plus d’une semaine.

    Fatigué, les mains jointes devant le visage, Alexis Kohler tente de créer un moment de complicité avec le président de la commission, Philippe Bas. Le sénateur Les Républicains (LR) de la Manche est l’un de ses lointains prédécesseurs à l’Elysée. C’était sous Jacques Chirac. Une éternité. « Vous avez occupé la fonction que j’ai l’honneur d’occuper… », commence l’actuel secrétaire général de l’Elysée. La réponse tombe, cinglante : « C’était la préhistoire et l’ancien monde. Je veux bien reconnaître qu’il y ait des différences… »

    Dans la salle Clemenceau du Sénat, où se succèdent les auditions de la commission d’enquête, un ange passe… « La démocratie, c’est le pouvoir des poux de manger des lions », philosophait le Tigre. Aujourd’hui, les « poux » se régalent des déboires de ceux qui jouent aux « lions » depuis plus d’un an.

    En 2017, les jeunes fauves ont brutalement supplanté et ringardisé les partis politiques traditionnels et les élus de tout bord, qu’ils ont eu tôt fait de reléguer sous le vocable peu flatteur d’« ancien monde ». Multipliant les leçons d’exemplarité, La République en marche (LRM) a assommé, désorienté, et rendu inaudibles les tenants de l’ordre d’avant. En quelques jours, l’affaire Benalla a permis à ces derniers de se refaire une santé. Députés de l’opposition, anciens ministres, parlementaires déchus se délectent aujourd’hui des petites et grandes misères de la Macronie, tout en pensant tenir une forme de revanche.

    Le Sénat, « the place to be »

    Le retour en grâce du Sénat en est une illustration. Réputée poussiéreuse, inutile, cette chambre qui travaille dans l’ombre est le refuge des vieux élus et l’incarnation de l’art consommé du compromis politique. D’habitude désertée par les journalistes, c’est aujourd’hui « the place to be ». Là que se déroulent les auditions les plus attendues, celles qui ont été refusées par la commission d’enquête de l’Assemblée nationale, contrôlée par LRM. Ici que sont entendus les piliers du régime, Alexis Kohler ou encore Christophe Castaner, le délégué général de LRM.

    Ici encore que, de l’avis général, le travail est le plus appliqué, le plus serein. Au point même que certains députés viennent en prendre de la graine. Jeudi matin, Marine Le Pen y joue ainsi les invités surprise, assise en tribune, dans le public, pour écouter M. Kohler. Même La France insoumise (LFI) est prise en flagrant délit de défense de la vieille chambre. « Je suis sous le choc, je défends des institutions bourgeoises et parlementaires de la Ve République alors que je suis trotskiste ! », a ironisé la députée (LFI) de Paris Danièle Obono. « Pour le Sénat, c’est inespéré », glisse un député LR pas tout à fait « nouveau monde ».

    Inespéré aussi le sursaut à l’Assemblée nationale, où les groupes de l’opposition retrouvent des couleurs. Un petit livre rouge et bleu est devenu le symbole de leur revanche : le règlement de l’Assemblée nationale. C’est grâce à cet objet, brandi dans l’Hémicycle 298 fois en quatre jours pour signaler un « rappel au règlement », que les députés de droite et de gauche ont pu paralyser les débats plusieurs jours d’affilée. L’obstruction, cette bonne vieille combine parlementaire.

    La majorité a dû céder, laissant l’opposition s’engouffrer dans la brèche. Coup sur coup, celle-ci a obtenu l’ouverture d’une enquête parlementaire, la publicité des auditions, et, finalement, le 22 juillet, l’ajournement de la réforme des institutions. Le texte, qui avait fait l’unanimité contre lui à l’Assemblée nationale, est repoussé sine die. Première victime collatérale de l’affaire Benalla.

    Une même scène se répète, à la buvette ou dans les couloirs. Un député de la majorité veut savoir : « C’est pas bientôt fini ce cirque ? » Avant de se voir rétorquer : « Ça fait un an qu’on en prend plein la tronche, c’est pas maintenant qu’on va vous lâcher ! » Suspecte hier, l’expérience est redevenue désirable. Aux élections législatives de juin 2017, les Français avaient plébiscité la nouveauté, installant des centaines de novices au Palais-Bourbon. Dans une crise, l’épaisseur politique donne pourtant l’avantage.

    « Il est frappant de voir autant d’amateurs au mètre carré, raille le chef de file de LFI, Jean-Luc Mélenchon. Ils ne comprennent rien à l’Etat et à la gestion de crise. » « Ils sont nuls, nuls, nuls !, s’écrie de son côté un ancien ministre de droite. Ce n’était quand même pas très compliqué de nous renvoyer au SAC [Service d’action civique] de [Charles] de Gaulle ! » « Les députés de la majorité ont été tellement abandonnés par leurs cadres que l’opposition n’avait pas besoin d’être dotée d’un sens élevé de la stratégie pour renverser la vapeur », analyse le député communiste de Seine-Saint-Denis Stéphane Peu.

    « Ça remet la balle au centre »

    Quoi qu’il en soit, plus personne à LRM n’ose critiquer l’ancien monde. « Il faut savoir s’appuyer sur l’expérience de ceux qui ont un passé politique », concède la députée (LRM) de l’Isère Emilie Chalas. Cette querelle des anciens et des modernes s’est parfaitement incarnée dans le face-à-face entre les deux corapporteurs de la commission d’enquête parlementaire consacrée à l’affaire Benalla, Yaël Braun-Pivet (LRM) et Guillaume Larrivé (LR). Les deux députés ont tenté de porter ensemble la commission, en vain. La néophyte n’a jamais réussi à prendre l’ascendant sur le conseiller d’Etat, qui a fini par claquer la porte, jetant le discrédit sur la commission.

    « Quand vous avez subi un an d’arrogance, sans expérience, sans recul historique et sans analyse politique, et que vous arrivez à renverser les choses, ce n’est pas que ça fait plaisir, mais ça remet la balle au centre », se gargarise encore Stéphane Peu. Pour se défendre, certains macronistes comme Emilie Chalas dénoncent « une soif de vengeance, des frustrations et des jalousies ». Les plus expérimentés des députés LRM le reconnaissent toutefois : un « flottement » s’est installé dans la majorité en début de crise. « Les députés d’opposition ont été malins et ils ont eu raison », concède l’une d’entre eux.

    « Attention à l’effet boomerang »

    Face à la majorité, les ténors de l’opposition s’affichent ostensiblement ensemble, se congratulent ou s’applaudissent. Drôle de concorde. Danièle Obono (LFI), Marine Le Pen (Rassemblement national, ex-FN) et Philippe Gosselin (LR) dénoncent ainsi côte à côte devant les caméras le « coup de force » de la majorité, qui a notamment voulu imposer sa liste de personnes auditionnées par la commission d’enquête.

    Ici, M. Mélenchon et Christian Jacob (LR) sont immortalisés en pleine conversation dans l’Hémicycle par une députée LRM. Là, le même Mélenchon se promène avec le député souverainiste de l’Essonne Nicolas Dupont-Aignan dans les couloirs du Palais-Bourbon. « Quand il s’agit de protéger l’Etat et de faire respecter la norme républicaine, il y a une convergence avec la droite, je l’assume », répond le président du groupe LFI.

    « Ils sont goguenards et ravis. Ils rongent l’os qu’on leur a donné à manger et ils vont le tirer jusqu’à la ficelle », analyse le député (MoDem) des Yvelines Bruno Millienne, avant d’avertir ses collègues : « Attention à l’effet boomerang, les Français vont se lasser. » « S’ils ne comptent que là-dessus pour se relégitimer, c’est la démonstration de la pauvreté de leur projet politique », lâche à son tour la députée (LRM) des Yvelines Aurore Bergé. « Comme s’il n’y avait pas eu [Patrick] Balkany et [Jérôme] Cahuzac », grommelle une autre députée LRM, renvoyant les partis d’opposition à leurs propres turpitudes.

    « Finalement le nouveau monde est très ancien ! »

    Le feuilleton de l’affaire Benalla apparaît encore plus savoureux pour ceux qui ont été mis hors jeu en 2017, à la faveur de l’alternance. « Je n’ai même pas besoin de regarder la télévision, je suis sur ma chaise longue et tout me parvient par SMS ! », s’amuse Jean-Christophe Cambadélis, depuis son lieu de vacances. « Il y a une forme de jubilation quand on voit que le président de la République combine en une seule affaire à la fois Cahuzac [l’ancien ministre du budget avait menti sur son compte en Suisse] et Leonarda [du nom de cette jeune Kosovare dont François Hollande avait tranché le sort, devant les caméras] », pouffe encore l’ancien premier secrétaire du PS.

    D’anciens conseillers du pouvoir, qui ont connu M. Macron à Bercy, se délectent eux aussi du feuilleton. La moindre information est partagée, diffusée et commentée dans des groupes de discussion sur l’application WhatsApp.

    « A chaque nouveau rebondissement, après chaque révélation, chaque contradiction, on s’envoie le même GIF [courte vidéo], se marre l’un d’entre eux, Michael Jackson dans un cinéma mâchouillant du pop-corn en regardant avidement la scène. »
    Du passage de l’actuel chef de l’Etat au ministère des finances, sous le précédent quinquennat, ces ex-conseillers ont gardé un fond de rancune qui éclaire, pour eux, l’épisode Benalla d’une lumière savoureuse. « Comme du temps de Bercy, la garde rapprochée d’Emmanuel Macron est sur un piédestal », commente l’un d’eux, sans cacher son étonnement : « Comment quelqu’un d’aussi minutieux a-t-il pu laisser un truc pareil se faire, ses collaborateurs se contredire [au sein de la commission d’enquête] ? Finalement le nouveau monde est très ancien ! »

    « Ce sera la tache du quinquennat »

    La Sarkozie non plus n’en rate pas une miette. Entre une séance de jardinage et son départ en vacances, l’ancien ministre Brice Hortefeux ne se lasse pas de commenter l’« affaire de l’Elysée ». « Cela restera un marqueur du quinquennat. Il y a toujours des taches, mais il y a les indélébiles. Celle-ci en sera une. Ce sera la tache du quinquennat », observe-t-il.

    En revanche, les deux anciens chefs de l’Etat, François Hollande et Nicolas Sarkozy, sont restés prudemment en retrait. Sans rien rater des événements, ils savent que toute intervention de leur part pourrait leur être reprochée. Le président de LR, Laurent Wauquiez, s’est lui aussi tenu à l’écart du feuilleton ; Brice Hortefeux lui a conseillé de « prendre de la hauteur ». Et de commencer à préparer le coup d’après.

    Cette crise, ce sont finalement les routiers de la politique qui en parlent le mieux. Dans le « vieux monde » socialiste, on se raconte ce que François Mitterrand aurait dit un jour à propos de Laurent Fabius qui, dans les années 1980, incarnait alors le « nouveau monde ». « Il y a deux singes. Celui qui reçoit des décharges électriques tous les jours, ce qui finit par être indolore : c’est l’ancien monde. Et il y a un autre singe, celui qui n’en prend jamais. Alors, quand il en prend une, il meurt. »

  • Les patients d’un hôpital psychiatrique retrouvent un peu de liberté - Caroline Coq-Chodorge, Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/170618/les-patients-dun-hopital-psychiatrique-retrouvent-un-peu-de-liberte?onglet

    Les pratiques de contention et d’isolement au Centre psychothérapeutique de l’Ain ont provoqué un scandale en 2016. Depuis, la plupart des patients hospitalisés ont retrouvé leur liberté d’aller et venir. Les pratiques de soins s’en trouvent bouleversées. Mais la société reste tentée par l’illusion de sécurité qu’offre l’enfermement des malades mentaux.

    D’entrée, nous voilà prévenus : « La médiatisation a été un traumatisme supplémentaire. On a regardé la psychiatrie par le trou de la serrure de la chambre d’isolement. Certains soignants ont été traités de tortionnaires, jusque dans les cours d’école de leurs enfants », s’indignent, d’une même voix, la cinquantaine de cadres de santé, ceux qui dirigent les équipes d’infirmiers et d’aides-soignants du Centre psychothérapique de l’Ain (CPA), réunis à l’occasion de leur réunion hebdomadaire.

    Dans cet hôpital psychiatrique vieux de 150 ans, situé à Bourg-en-Bresse, hérité d’une congrégation religieuse et devenu privé non lucratif, travaillent 80 médecins, 600 soignants, 1 200 salariés en tout, qui accueillent chaque année 16 000 patients, à l’intérieur de l’hôpital qui compte 308 lits, mais surtout à l’extérieur, dans des hôpitaux de jour, des centres médico-psychologiques (CMP), des centres d’activité thérapeutique à temps partiel (CATTP), etc.

    Début 2016, cet hôpital a été épinglé sans ménagement par la Contrôleuse générale des lieux de privation de liberté (CGLPL) Adeline Hazan. Elle a dénoncé dans des recommandations en urgence publiées au Journal officiel des « violations graves des droits fondamentaux des patients » au CPA, en particulier « un recours à l’isolement et à la contention utilisés dans des proportions jamais observées jusqu’alors ». « Ce n’était pas la réalité de la plupart des soins, nuance la directrice des soins Brigitte Alban. 90 % de notre temps, nous le passions à aider les patients à ne pas aller dans la crise. » Mais elle affirme aussi fermement, devant tous les cadres de santé qui travaillent sous sa responsabilité : « Nous assumons collectivement, c’est notre devoir, une responsabilité pleine et entière. L’établissement a peut-être glissé vers une vision sécuritaire des soins. »


    Le docteur Philippe Pinel faisant tomber les chaînes des aliénés. © Tony Robert-Fleury (1838-1911)

    « Cet hôpital avait auparavant 46 chambres d’isolement, ce n’était pas une situation normale », reconnaît lui aussi le directeur Dominique Bloch-Lemoine, nommé à la suite du scandale. Au CPA, qui ne comprend pourtant pas d’unité pour malades difficiles (UMD), une unité entière était dédiée à l’isolement des malades, et souvent à leur contention. Sinistre ironie : cette unité était baptisée Pinel, du nom du médecin qui, pendant la Révolution française, a ôté les chaînes des malades mentaux et fondé la psychiatrie. Dans cette unité, la CGLPL a constaté que « dans le meilleur des cas », les patients n’étaient enfermés « que 19 heures par jour dans leur chambre ». Ou encore que certains malades étaient « sous contention la nuit, d’autres, en permanence. Une jeune femme, présente depuis un an, était constamment sous contention des quatre membres, le lien posé sur l’un des deux bras était ajusté de façon à lui permettre de reposer le bassin au sol sans l’aide d’un soignant. Elle a précisé qu’elle était autorisée à retourner chez elle un week-end sur deux, ce qui lui permettait de se rendre chez le coiffeur ou au restaurant ».

    « On a tous participé de ce système-là, assume Raphaëlle Jougla, la cadre de l’unité des Charmilles, pourtant l’une des plus ouvertes de l’établissement. Les patients venaient de toutes les unités de l’hôpital. Quand l’équipe était fatiguée par un patient délirant, on se disait qu’il fallait qu’il fasse un séjour de rupture… C’était la solution de facilité. »
    La culture sécuritaire imprégnait le centre tout entier, qui pratiquait la politique des portes fermées. Les soignants étaient occupés à gérer les restrictions de liberté : les journées passées à l’isolement et en pyjama à l’admission, l’accès au téléphone limité, le nombre de cigarettes fumées, les heures de sortie, toujours accompagnées, celles où les patients pouvaient lire des magazines, écouter la radio, regarder la télé… « Tout était protocolisé. Les soins, c’était faire respecter ça », explique l’infirmier Jean-Loup Mortel. Pour la psychologue du service, Nathalie Guinchard, « les patients se retrouvaient soumis au bon vouloir de l’autre ».

    Le médecin-chef responsable de ces pratiques a été licencié. Le directeur de l’établissement est parti précocement à la retraite. Et la première recommandation d’Adeline Hazan, qui était d’« ériger en règle la libre circulation dans l’établissement », a été mise en pratique rapidement. La moitié des chambres d’isolement ont été fermées. Le recours à l’isolement a été divisé par onze. Toutes les unités étaient auparavant fermées, désormais 9 sur 12 sont ouvertes en permanence, les patients allant et venant à leur guise. Le monde de la psychiatrie bruisse désormais des échos de l’expérience menée au CPA, preuve que la vision sécuritaire de la psychiatrie qui y a été longtemps pratiquée n’était pas une dérive solitaire, mais bien collective, celle de la société tout entière.

    L’hôpital psychiatrique de Bourg-en-Bresse, remarquablement entretenu, dispose d’un écrin splendide : un immense parc de 73 hectares, qui alterne bois touffus, champs, étangs, et qui ne peut-être clos. « C’est pour tromper l’ennemi ! » nous met en garde André Bitton, le président du Cercle de réflexion et de proposition d’actions sur la psychiatrie (CRPA), « ex-patient » de la psychiatrie et blogueur sur Mediapart. Autrement dit, les environnements souvent majestueux des hôpitaux psychiatriques seraient faits pour cacher de sombres pratiques.

    Avant la Contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, ni la Haute Autorité de santé ni l’Agence régionale de santé, qui visitaient régulièrement l’établissement, n’avaient rien trouvé à redire aux pratiques du CPA. Ce parc a toujours alimenté les plus grandes craintes : celle des fugues, des trafics, etc.

    L’ouverture des unités a en effet attiré dans le parc des trafiquants de drogue, qui y viennent à la rencontre de leurs consommateurs, nombreux en psychiatrie. De nombreux soignants rappellent que leurs patients sont avant tout vulnérables, souvent victimes d’agression. Dans le parc ou à l’occasion de sorties en ville, des patients ont été molestés ou détroussés. L’établissement a connu un nouveau drame fin 2017 : une vieille dame de 80 ans qui se promenait dans le parc a chuté et s’est noyée dans un bac de décantation : « Il y a un étang dans le parc qui est sécurisé. Personne n’aurait pu prévoir qu’un tel accident puisse arriver, assure Brigitte Alban. Ouvrir, c’est aussi vivre avec certains risques. »

    « Les patients ne mettent plus leur énergie à lutter contre le cadre qui leur est imposé »

    La balance bénéfice/risque est clairement en faveur de l’ouverture des portes, affirme le psychiatre Thierry Najman, qui a consacré un livre, Lieu d’asile, aux mesures d’enfermement : « Une étude récente vient s’ajouter à d’autres études pour montrer que les patients ne fuguent pas plus lorsque les portes des services hospitaliers sont ouvertes. De surcroît, une politique d’ouverture des portes diminue le risque de tentative de suicide. Et qui a évalué la pratique des contentions mécaniques ? Celles-ci peuvent provoquer des traumatismes psychiques, mais également des phlébites, des luxations ou des déchirures musculaires. Leur utilisation peut même aboutir à la mort par strangulation, asphyxie ou embolie pulmonaire. Il existe trop peu de données sur les événements indésirables liés aux contentions qui sont pourtant en usage dans la quasi-totalité des établissements psychiatriques français. Le comble est qu’aucune étude n’a montré leur intérêt thérapeutique. »

    Au CPA, l’ouverture a eu de puissants effets sur les pratiques de soins. « Les patients ne mettent plus leur énergie à lutter contre le cadre qui leur est imposé », constate la médecin psychiatre Sophie Variclier. « Ils peuvent mettre à profit le temps de l’hospitalisation à se demander pourquoi ils sont là », complète la directrice des soins Brigitte Alban.

    L’unité des Charmilles, comme les autres, a ouvert ses portes. « Au départ, on cherchait les patients tout le temps. Il a fallu être inventifs et trouver des moyens de les faire rester dans le service », explique la cadre Raphaëlle Jougla. L’unité a ritualisé un « café-rencontre » hebdomadaire, afin d’impliquer les patients dans la création de projets. « On s’est rendu compte que certains patients ne sortaient jamais », poursuit la cadre. Ils vont désormais au cinéma, font des pique-niques, de la marche rapide, des ateliers cuisine, etc.

    L’infirmier Jean-Loup Mortel anime trois fois par semaine une séance de méditation de pleine conscience, qu’il pratique lui-même. « J’ai débuté cette activité il y a quatre ans, dans cette unité, parce qu’on pouvait déjà y débattre, y échanger. Avant la crise, c’était une pratique divergente. Elle est devenue exemplaire. L’institution accepte que l’on ne puisse rien faire, sans exiger des résultats », explique l’infirmier. Il en obtient tout de même : plus des deux tiers des patients de l’unité participent à ces séances. Les soignants sont unanimes : la violence dans l’unité a baissé, ainsi que le recours aux neuroleptiques.

    Troublé, Martial Degenmann, un aide-soignant de l’unité des Charmilles, qui a longtemps travaillé dans l’unité Pinel, confie : « Je vois aujourd’hui des patients qui étaient à l’isolement 20 heures sur 24 se promener seuls dans le parc, prendre le bus, aller au restaurant… C’est incroyable. Je ne les en pensais pas capables. » Pour la directrice des soins Brigitte Alban, « quand on se retrouve face à des gens qui perdent la main sur leur vie, on peut avoir une attitude surprotectrice, chercher à limiter tous les espaces d’insécurité, et leur nuire sans le vouloir ».

    La pratique de l’isolement persiste. Mais sa durée moyenne est désormais « inférieure à une journée, explique Sophie Variclier, médecin psychiatre et présidente de la Commission médicale de l’établissement. Elle dure la plupart du temps quelques heures seulement, le temps que cesse la crise, que les médicaments fassent effet. La contention au long cours, comme elle a pu être dénoncée, a disparu. Elle est devenue rare et utilisée sur de très courtes périodes. »

    Une unité reste en permanence fermée, celle dédiée aux « patients très déficitaires », souvent des adultes porteurs de troubles du spectre autistique très sévères, ou de polyhandicaps, qui ne sont pas capables de sortir seuls dans un parc. Ils ont cependant accès à une cour intérieure et font des sorties à l’extérieur, accompagnées, au restaurant ou à la piscine. Ce sont des patients hypersensibles, au bruit, au toucher, à la lumière, au contact de l’autre. En situation de crise, certains s’automutilent. Les soignants ont dans ces cas encore recours à la contention. Mais ils cherchent d’autres solutions, comme le recours à des gants ou à des combinaisons intégrales de plongée.

    La psychiatre Sophie Variclier ne cache pas que quelques patients, qui se comptent sur les doigts d’une main, font éclater les cadres, échouer toutes les propositions de soins. « Ce sont des patients que l’on ramène chez soi. Soit on est très restrictifs, soit on abandonne et on les laisse sortir, ce qui n’est pas une solution… Ce qui a changé aujourd’hui : on essaie de ne plus les gérer seuls, chacun dans son coin. On échange entre médecins, on passe le relais, on tente d’autres solutions. Et on s’appuie beaucoup plus sur les compétences de nos équipes. »

    L’organisation du CPA a beaucoup évolué : auparavant verticale, obéissant à l’autorité médicale, elle est désormais plus horizontale. L’approche soignante – celle des infirmiers – paraît confortée, tandis que le pouvoir médical semble vacillant. La présidente de la Commission médicale d’établissement Sophie Variclier reconnaît que les médecins de l’établissement traversent une crise, en premier lieu liée à la désertification dramatique du département de l’Ain : « Nous sommes 44 psychiatres, 9 postes sont vacants, nous en sommes réduits à faire appel à des intérimaires. Il n’y a plus de psychiatre en ville sur lesquels s’appuyer, et même de moins en moins de généralistes. La charge de travail est grandissante. J’ai sondé les médecins : leur seul vécu positif tient aux bonnes relations avec les équipes. »

    Le syndicat majoritaire, la CFDT, témoigne aussi d’un mal-être du personnel : « L’ouverture a été brutale, beaucoup de monde est désorienté, ne trouve plus de sens à ce qu’il fait. Et avec la pénurie médicale, il y a une pénurie de pensée. Avant, il y avait plusieurs visions de la prise en charge : une plus sécuritaire, une autre plus libertaire. Aujourd’hui, la vision est administrative, la pensée du soin s’échappe. Est-ce qu’on était plus maltraitant hier quand on attachait à son fauteuil une personne âgée, qui aujourd’hui tombe régulièrement de son fauteuil ? »

    Deux unités sont fermées par intermittence, par exemple lorsque le préfet l’exige, dans le cadre d’une procédure de soins sans consentement. Le cadre de l’unité des Charmilles, William Errigo, raconte l’histoire d’un jeune homme atteint d’une psychose, hospitalisé sans consentement à la demande du préfet, et fiché S car radicalisé. « Pour nous, il n’est pas dangereux. Il était libre d’aller et venir dans l’enceinte de l’hôpital, mais interdit d’en sortir. Il a demandé à plusieurs reprises l’autorisation au préfet d’aller manger au McDonald’s avec sa mère. Elle lui a toujours été refusée. Il a fini par y aller. Mais dès qu’on l’a appelé, il est immédiatement rentré. Pour nous, l’incident était clos. Mais les autorités ont demandé la fermeture du service, seulement pour lui. »

    Un infirmier de l’unité s’agace : « On ne fait pas confiance aux soignants. On nous confie des malades, mais on nous demande de nous comporter comme des gardiens de prison. » Le CPA accueille aussi des détenus qui ont besoin de soins psychiatriques. « À partir du moment où ils sont admis dans l’établissement, ils deviennent des patients. Nous évaluons leur comportement au cas par cas : certains restent en chambre ou en unité fermée, d’autres ont la liberté d’aller et venir », explique Brigitte Alban.

    « Nous sommes aujourd’hui dans une situation de paradoxe total, analyse le directeur du CPA, Dominique Bloch-Lemoine. La CGLPL nous demande de mettre fin à toute restriction de liberté. Et en même temps, je pourrais me retrouver tous les matins au pénal, à moins d’enfermer complètement certains patients, par exemple ceux déclarés irresponsables pénaux, que nous pourrions légalement regrouper dans une unité fermée. Mais c’est justement ce que nous ne voulons plus reproduire. »

    Le directeur montre sur son bureau le courrier des assureurs des parents d’un jeune patient qui fugue régulièrement et commet de petits délits. L’assureur lui rappelle que « l’établissement a une obligation de surveillance et de sécurité » et que ce patient a été placé par la justice sous sa « responsabilité ». Le directeur évoque aussi la confirmation en appel, le 15 mai dernier, de la condamnation à 18 mois de prison avec sursis, pour homicide involontaire, d’un psychiatre de l’hôpital de Saint-Égrève (Isère). En 2008, un patient atteint de psychose délirante chronique, qui évoluait librement dans l’hôpital, a fugué et a assassiné avec un couteau un étudiant dans les rues de Grenoble.

    En réaction, Nicolas Sarkozy avait prononcé à l’hôpital psychiatrique d’Antony, en 2008, un discours où il annonçait la création d’« unités fermées et de chambres d’isolement supplémentaires », l’utilisation de systèmes de géolocalisation des malades, de systèmes de vidéosurveillance, etc.

    Au CPA, ce discours a encouragé la dérive de l’établissement. Aujourd’hui, les discours sécuritaires visant les fichés S font craindre aux professionnels de santé une nouvelle vague sécuritaire. À droite, est régulièrement évoqué, par le patron de LR Laurent Wauquiez en tête, l’internement des fichés S. Le ministre de l’intérieur Gérard Collomb a fait le constat, l’été dernier, qu’un tiers des personnes radicalisées présenteraient des troubles psychiatriques. Et il a souhaité « mobiliser l’ensemble des hôpitaux psychiatriques ». Cette proposition est restée en suspens. Jusqu’à quand ?

    #folie #psychiatrie #contention #soignerl'hôpital

  • PMA : « Si Dieu me permet d’avoir un enfant, peu importe le moyen » - Libération
    http://www.liberation.fr/france/2018/06/01/pma-si-dieu-me-permet-d-avoir-un-enfant-peu-importe-le-moyen_1656031

    Alors que le Comité d’éthique rend son premier rapport mardi, « Libération » a rencontré des croyantes bisexuelles ou lesbiennes en faveur de la procréation médicalement assistée. Parfois soutenues au sein de l’Eglise, malgré le discours du Vatican.

    Dimanche, 11 h 30. Face à l’assemblée de croyants, le prêtre déclame son homélie, commentaire d’extraits de l’Evangile : « Ne regarde pas nos péchés mais la foi de ton Eglise. » C’est la phrase préférée d’Elise, 22 ans, qui assiste chaque dimanche à la messe de Notre-Dame-de-Clignancourt, dans le nord de Paris. « Pour moi, ça résume tout », s’amuse-t-elle. Les interventions du prêtre sont entrecoupées de chants chrétiens qui résonnent dans la nef. Une forte odeur d’encens a investi le lieu de culte.

    Chignon au-dessus de la tête, lunettes à monture pourpre et robe bleu nuit, Elise, « très croyante », connaît par cœur les chants, qu’elle entonne sans fausse note. Dans sa sphère catholique, elle reste discrète sur sa bisexualité, par « peur du regard des autres ». « L’autre jour, on fêtait les cinq ans du mariage pour tous. Dans la même journée, j’ai parlé à la fois à une pote catho qui m’a dit : "OK, tu peux être bi et catho mais tu devrais viser l’abstinence" et à une militante LGBT [lesbiennes, gays, bisexuels et trans, ndlr] qui m’a lancé :"Non mais je ne comprends pas comment tu peux rester catho alors que t’es bi." Ma foi n’est pas acceptée par les #LGBT et ma sexualité n’est pas tolérée par mes coreligionnaires. Je ne me sens à ma place nulle part. » Sur les pages du livret de chants distribué aux paroissiens, en bas à droite, il est écrit « Bonne fête des mères ! » Plus tard, Elise veut des enfants. Si elle ne se voit pas faire sa vie avec une femme, elle se dit farouchement « pro-PMA [procréation médicalement assistée] pour les couples de même sexe ». « Si j’étais amoureuse d’une femme, c’est évident que je ferais une PMA. »

    « Distance »

    Mardi 5 juin, le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) rend son premier rapport aux parlementaires à l’issue des états généraux de la bioéthique, qui se sont clos fin avril. Ces discussions qui ont eu lieu un peu partout en France ont beaucoup tourné autour de la PMA. Avec un noyautage certains des militants de la Manif pour tous - un collectif d’associations notamment opposées au mariage homosexuel et à l’homoparentalité - revenue pour l’occasion dans l’arène médiatique. Engagement de campagne d’Emmanuel Macron, l’ouverture de la PMA à toutes devrait faire l’objet d’un projet de loi au Parlement à l’automne. Comme au moment du mariage pour tous, en 2013, les états généraux de la bioéthique ont donné à voir une opposition binaire entre deux camps : militants LGBT sécularisés d’un côté, catholiques conservateurs de l’autre. La réalité est plus nuancée.

    Stéphanie, 30 ans, lesbienne, était « très pratiquante, enfant de messe et très assidue au catéchisme » jusqu’à son coming out. Si elle a « pris des distances avec l’Eglise », elle continue de se définir comme catholique. Entre son homosexualité et sa foi, elle n’a « aucun cas de conscience ». La « version du catholicisme » que lui a inculquée sa famille, celle d’une « religion d’amour et d’accueil du prochain », est à mille lieues du discours de la Manif pour tous. Sur Twitter, l’architecte lyonnaise, brune aux cheveux courts, a créé avec son épouse une page, Demande à tes mères, pour raconter leur vie de mères et celle d’Alix, 2 mois et demi, défendre la PMA pour toutes et « emmerder la Manif pour tous ». Dans l’entourage de Stéphanie, y compris dans sa famille, très croyante, on « accepte complètement la situation et la venue au monde » de sa fille. Elle se souvient avec émotion de la réaction de sa grand-mère le jour de son retour d’Espagne, où elle s’est fait inséminer : « Elle m’a aspergé d’eau bénite qu’elle reçoit de sa paroisse chaque année. »

    Le 25 janvier, dans l’Emission politique de France 2, la Toulousaine Amélie Georgin a défendu face au président du parti Les Républicains, Laurent Wauquiez, l’ouverture de la PMA à toutes les femmes. Elle a évoqué sa fille Garance, aujourd’hui âgée de 19 mois, portée par sa femme, Annick, après une #PMA à Barcelone. « Cet enfant, on l’éduque avec une volonté de l’ancrer dans des repères. Garance a été baptisée il y a quelques mois de ça au sein de l’Eglise. » « Sachant que Laurent Wauquiez est lui aussi catholique, c’était un clin d’œil, explique la femme de 39 ans. Une façon de lui dire qu’au sein même de ces familles qui seraient à l’origine d’une "perte de repères", il y a des personnes avec des engagements de foi. » Quand elle a voulu faire baptiser Garance, il y a plus d’un an, le prêtre de son église locale s’est montré réticent, cherchant à « écarter » Amélie et posant des « questions venues d’un autre monde sur notre orientation sexuelle ».

    En se rendant dans une autre paroisse en banlieue toulousaine, elle et son épouse ont rencontré le père François, qu’Amélie continue de porter dans son cœur. « On était vraiment en confiance, il n’y avait pas de jugement. » Amélie a un seul regret, qu’elle exprime en riant : « On aurait aimé se marier à l’église. » Elle en a même fait la demande, en vain. Sociologue au Centre national de recherche scientifique (CNRS), Martine Gross a étudié en 2003 les baptêmes religieux au sein des familles homoparentales. Etonnamment, les prêtres qu’elle a interrogés étaient globalement ouverts à l’idée de baptiser l’enfant d’un couple de même sexe. « Dans la religion catholique, il y a deux volets : la doctrine du Vatican, qui considère que l’homosexualité est un désordre moral et que la PMA devrait être interdite, et la tradition de l’accueil pastoral, qui donne aux prêtres une certaine liberté, détaille la sociologue. A partir du moment où les couples ont une volonté sincère d’intégrer leur enfant dans l’Eglise, les prêtres sont prêts à s’adapter et réduire les aspects réprouvés par la doctrine pour mettre en avant d’autres valeurs, comme l’amour ou la fidélité. »

    « Don »

    Nicaise, étudiante rennaise de 24 ans, va à la messe tous les dimanches et observe le jeûne du carême. Depuis six mois, elle est en couple avec une femme musulmane. Elles savent déjà qu’elles veulent avoir des enfants ensemble. « Toutes les deux, on a toujours eu le désir de porter nos enfants. Donc on penche plutôt pour une PMA. En la faisant, je me sentirais accomplie en tant que femme. » Elle n’y voit aucune contradiction avec sa foi : « Si Dieu me permet d’avoir et d’élever un enfant, peu importe le moyen, c’est que c’est un don de sa part. » « Les homosexuels croyants gèrent de différentes manières la tension intérieure liée à leurs deux dimensions identitaires, analyse Martine Gross. Beaucoup s’aménagent une approche personnelle de la religion, en prenant leurs distances avec l’autorité de l’Eglise tout en construisant une relation plus directe avec Dieu. » Parmi les amis chrétiens de Nicaise, aucun ne l’a jamais jugée sur sa sexualité ni ses projets de vie. « Ils laissent à Dieu le pouvoir de juger », selon elle. C’est pourquoi elle ne se reconnaît ni dans le discours de la Manif pour tous ni dans celui de la Conférence des évêques. Le 7 mai au micro de France Inter, Michel Aupetit, l’archevêque de Paris, a fustigé la PMA pour toutes qui selon lui « créera une situation dont les enfants seront victimes », assumant, au passage, être « descendu dans la rue pendant la Manif pour tous ». « Je ne crois pas une seconde que ça reflète ce que pensent l’ensemble des catholiques », commente Amélie. Elle perçoit un profond décalage entre ce discours officiel et l’accueil qu’elle a reçu de sa famille, du curé qui a baptisé sa fille ou encore de la marraine de Garance, fervente pratiquante. Des études récentes démontrent que la conception de la famille des catholiques a évolué. En décembre 2017, un sondage Ifop montrait que 60 % des Français étaient favorables à l’ouverture de la PMA aux couples de lesbiennes. Chez les catholiques, c’était à peine moins : 56 % approuvaient la mesure, dont un petit 35 % des pratiquants mais 59 % des non-pratiquants.

    « Très mignonne »

    Dans les locaux de l’association LGBT David & Jonathan, dans le XIIe arrondissement de Paris, un immense drapeau arc-en-ciel est accroché au mur. Sur la table basse, le dernier rapport de SOS homophobie côtoie un ouvrage sur les liens entre foi et homosexualité. Depuis 1972, l’association défend une autre vision du christianisme et se bat pour faire accepter les personnes LGBT au sein de la religion. Marianne Berthet-Goichot en est membre depuis 2010. « On essaie de défendre l’idée que l’Eglise est plurielle. Je fais aussi partie de cette Eglise et pourtant je suis lesbienne et maman. »

    En 2013, lors des débats sur le mariage pour tous, elle a eu avec Catherine, sa compagne, une fille par PMA. Dans leur petite paroisse rurale de l’Yonne, elles l’ont très vite fait baptiser. « On avait contacté le prêtre, qu’on connaissait bien. Ça s’est bien passé, comme ça aurait été le cas pour n’importe quelle autre personne de la paroisse. Le prêtre m’a dit : "Moi, j’applique la loi." J’étais en procédure d’adoption de ma fille, puisque dans le cadre d’une PMA on est obligé de passer par l’adoption de son propre enfant. Sur le registre de baptême, il n’a écrit que le nom de ma femme mais a laissé de la place pour rajouter mon nom. Deux mois plus tard, quand je lui ai envoyé l’attestation de mariage, il a ajouté mon nom. J’ai trouvé la démarche très mignonne. »

    Dès 2013, David & Jonathan s’est positionné en faveur de la PMA pour toutes. Fin mai, l’association a publié un communiqué pour contrer les arguments des opposants et « montrer, avec notre regard de chrétien, que ce n’est pas incompatible » avec la religion. « Dans l’Eglise, beaucoup de gens ne comprennent pas que l’homophobie, ce n’est pas uniquement des coups, des insultes, mais aussi la différence de traitement entre un couple homo et un couple hétéro. » Marianne le reconnaît volontiers : « La lutte contre l’#homophobie religieuse, c’est un vaste champ de bataille. »
    Timothée de Rauglaudre

    #homosexualité #lesbiennes #église_catholique #religion

  • Maintien de l’ordre : ce que révèle le 1er-Mai : Alors que la mouvance autonome n’a jamais été aussi nombreuse dans la rue depuis deux ans, la casse a été, dans les faits, limitée, Julia Pascual, Le Monde, 03.05.2018
    http://www.lemonde.fr/police-justice/article/2018/05/02/maintien-de-l-ordre-ce-que-dit-le-1er-mai_5293535_1653578.html

    Maintien de l’ordre : ce que révèle le 1er-Mai
    La présence d’un millier de black blocs dans le défilé parisien a relancé le débat sur l’efficacité des forces de sécurité. Mais la casse a été, dans les faits, limitée.

    Il a seulement fallu quelques instants pour que la mayonnaise politique monte. Quelques tweets à la viralité instantanée tandis que la manifestation parisienne du 1er-Mai voyait surgir des centaines de black blocs, manifestants vêtus de noir prêts à affronter les forces de l’ordre, à casser des vitrines à coups de marteaux et de burins, à incendier, là un concessionnaire Renault, ici un restaurant McDonald’s.

    « Insupportables violences contre la manifestation du 1er-Mai. Sans doute des bandes d’extrême droite », lance, contre toute vraisemblance, le leadeur de La France insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon, dans l’après-midi. « Faillite de l’Etat régalien », condamne le président des Républicains (LR) Laurent Wauquiez. « Inacceptable saccage de Paris par les milices d’extrême gauche, galvanisées par le laxisme du pouvoir », enfonce peu après la présidente du Front national (FN) Marine Le Pen. « On a laissé casser et saccager Paris, ce sont des images inédites depuis Mai-68 », n’hésite pas à trancher, là aussi contre toute vraisemblance, le député (LR) des Alpes-Maritimes Eric Ciotti.

    Le débat est lancé sur le maintien de l’ordre, matière éminemment inflammable en France. Et il va occulter la véritable dimension politique de ce 1er-Mai.

    « Le dispositif n’a pas été assez cadenassé »

    Le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, exige des « explications » et des « mesures » du ministre de l’intérieur [Gérard Collomb] et du préfet de police, ce dernier dépêchant une conférence de presse dès 18 h 30. Il est rejoint une heure plus tard par M. Collomb.

    Pressé d’éteindre la polémique qui enfle, le ministre promet des « poursuites » et des « condamnations » à l’encontre des fauteurs de trouble. En déplacement en Australie, le président de la République Emmanuel Macron tweete et, à son tour, « condamne avec une absolue fermeté les violences ».

    Mais l’incendie ne s’éteint pas. L’engrenage est lancé et, sans tarder, les syndicats de police viennent l’alimenter. L’UNSA-Police, troisième syndicat de gardiens de la paix, dénonce mercredi soir la « gestion des casseurs » et fustige l’attentisme du préfet de police : « On a dû attendre l’incendie du McDo pour que les consignes d’intervenir soient données… Le dispositif n’a pas été assez cadenassé », déclare David Michaux, responsable UNSA-CRS.

    « La question est de savoir si l’on est prêts à durcir les doctrines d’emploi en matière de maintien de l’ordre et à en assumer les conséquences », soumet à son tour David Le Bars, du syndicat des commissaires de la police nationale (SCPN).

    Le maintien de l’ordre a-t-il failli en ce 1er mai, première journée internationale des travailleurs de l’ère Macron ?

    Un bilan humain particulièrement faible

    Paradoxalement, cela faisait longtemps qu’il n’avait pas été aussi efficace. Face à 14 500 manifestants qui se sont désolidarisés du cortège syndical et ont pris la tête de la manifestation parisienne, face aux 1 200 black blocs qui ont progressivement émergé au milieu d’eux, la préfecture de police a déroulé un dispositif au point.

    Les forces de l’ordre se sont tenues à distance, pour ne pas constituer d’abcès de fixation et pour priver les plus déterminés de leur adversaire emblématique.

    Une fois les premières dégradations commises, le cortège de tête a été enserré par les forces de l’ordre, appuyées par les lanceurs d’eau que la préfecture de police, il y a peu encore, rechignait à employer dans la capitale, pour des raisons politiques qui renvoient à la mauvaise gestion d’une manifestation d’infirmières… en 1991.

    Pris en tenaille, le cortège de tête a été, mardi, rapidement stoppé dans sa progression. Quelque 200 personnes ont été interpellées. De cette masse considérable, combien seront traduits devant un tribunal correctionnel ? Difficile à évaluer tant il est compliqué d’identifier des responsabilités individuelles et pénales. Mercredi matin, une centaine d’entre eux avaient été placés en garde à vue.

    Quant au bilan matériel et humain de la manifestation, il apparaît particulièrement faible avec quatre blessés légers, dont un CRS, et une trentaine de commerces dégradés dont deux incendiés. Alors que la mouvance autonome n’a jamais été aussi nombreuse dans la rue depuis deux ans, la casse a été, dans les faits, limitée.

    Un défi à l’ordre politique

    La comparaison avec le 1er mai 2017 est saisissante : six membres des forces de l’ordre avaient été blessés – dont deux grièvement – ainsi que 168 manifestants, selon les équipes des « street medics », bénévoles qui prodiguent les premiers soins aux manifestants blessés.

    La préfecture de police semble avoir trouvé un modus operandi qui permet un minimum de dégâts. Ce qui est la clef de voûte du maintien de l’ordre « à la française ». Pendant la loi travail, qui a vu la résurgence de la mouvance autonome et son ascension en tête de cortège, les autorités ont tâtonné, semblant vouloir allier une gestion classique de la foule avec la volonté d’aller au contact, pour interpeller davantage de ces manifestants violents et indisciplinés qu’elles n’avaient pas l’habitude de gérer. Une stratégie périlleuse, tant le contact en manifestation est toujours générateur de risques : celui d’attiser les tensions, de provoquer l’affrontement, d’occasionner des blessés de part et d’autre.

    La polémique sur le maintien de l’ordre continue de prospérer politiquement. Mercredi, les députés du FN ont annoncé qu’ils demanderaient une commission d’enquête sur la sécurité du 1er mai à Paris, emboîtant le pas au premier secrétaire du PS, Olivier Faure qui, lui aussi, a demandé une commission d’enquête pour identifier les responsabilités dans « la chaîne de commandement » des forces de l’ordre.

    Ce faisant, chacun occulte la véritable teneur de ce 1er-Mai parisien. En réunissant 14 500 personnes, dont 1 200 black blocs, le cortège de tête n’a jamais autant semblé défier l’ordre politique. Car, en allant si nombreux au-devant du cortège syndical – qui comptait lui 20 000 personnes –, c’est bien de celui-là qu’il se détourne et se distancie.

    En plein mouvement contre la loi travail, au printemps 2016, le 1er-Mai avait réuni « 300 individus violents », d’après la préfecture de police. Un an plus tard, les forces de l’ordre comptaient dans la manifestation parisienne environ 800 personnes en tête de cortège, parmi lesquelles 150 black blocs.

    Le cortège autonome du 1er mai 2018 n’a, dans un passé proche, aucun précédent. Alors que M. Macron va souffler sa première bougie à la tête de l’Etat, cinquante ans après Mai-68, c’est un coup de semonce à méditer.

    #police #maintien_de_l'ordre

    • L’immonde des puissants et du maintien de l’ordre !
      Deux autres analyses :

      Le black blockisme comme nouvelle esthétique d’un monde en décomposition
      http://traversedesombres.unblog.fr/2018/05/03/le-black-blockisme-comme-nouvelle-esthetique-dun-monde-en-d

      Les accessoires les plus prisées sont le petit marteau (le gros, trop encombrant, sied mal au sac à dos) et le cocktail molotov ; les cibles sont précises : distributeurs bancaires, agence de voyages, assureurs. Pour prendre le dernier exemple en date : il s’agissait d’un Mac Do , multinationale détestant le versement d’impôts, adepte du monologue social et de surcroit ouvert un premier mai. Je répète : il s’agissait d’un Mac Do, multinationale détestant le versement d’impôts, adepte du monologue social et ouvert le premier mai. Des souvenirs émergent de ma mémoire de vieux con : je crois que José Bové pacifiquement bien sûr, avait démonté un Mac Do, il y a quelques années mais ce n’était pas du tout pareil...

      Il faut reconnaitre la capacité de ce mouvement à aider les chaines d’information continue à remplir leurs grilles de programme. C’est, en quelque sorte, une boite de production bénévole qui permet jusqu’à l’écœurement des retransmissions sur l’écrasement d’un burger, la combustion d’une grue, en direct, en différé, en arrière-plan. BFM Télé, LCI, Cnews, quand ils sont en panne de crimes affreux d’adolescentes violées, se jettent comme des hyènes sur ces images. Si les Blacblocks créaient leur agence, ils feraient fortune.

      En creux, ce mouvement interroge l’émiettement du corps social en marges croissantes et l’irritabilité en face d’un pouvoir qui se pose dans des évidences et des rétrécissements coupables comme par exemple la nation entreprise, la voix lactée managériale, la médiocrité et l’inculture érigées en religion.

    • Ce qui s’est passé le 1er mai est probablement une allégorie prémonitoire car la colère sociale est en train de gagner toutes les couches de la population et ce n’est pas le sourire commercial de l’intransigeant Emmanuel Macron qui pourra désamorcer une révolution qui s’annonce...
      Les ahurissantes réactions des grands medias, celles des « commentateurs de commentaires » et l’incompréhension incompréhensible de Jean-Luc Mélenchon, m’ont déterminé à préciser mon point de vue.

      Il est bien évident que la violence qui a explosé au nez des CRS et des Gendarmes mobiles n’est pas fortuite : elle est la réaction logique à la violence sociale du pouvoir bourgeois et à sa farouche volonté de saccager la plupart des conquêtes prolétariennes acquises difficilement et souvent au prix du sang, tout au long de notre histoire.

      Il est également évident que les jeunes vêtus de noir et le visage dissimulé par des capuches ou des cagoules ne sont pas des « voyous » ou des « bandits » qui se défoulent en cassant pour casser, afin d’aller piller les magasins...

      Il est aussi évident que ces groupes n’ont guère connu que les ères Sarkozy et Hollande, c’est à dire des moments de mise en coupe réglée de l’Etat ou bien d’une absurde compromission du pouvoir dit « socialiste » avec le patronat le plus pervers et le plus sournois que nous ayons connu !

      Pour eux, l’Etat est l’adversaire à combattre, ainsi que les signes extérieurs ostensibles du capitalisme tout puissant.

      Il est enfin malheureusement évident que toute une jeunesse a pris acte de l’impuissance des syndicats, de leurs mortelles divisions, et de la balkanisation absolue des forces de gauche...dont le fleuron « insoumis » en est réduit à faire de la figuration comme les hallebardiers dans les opérettes du Chatelet.

      Dans ces conditions, l’occasion présentée par ce 1er Mai (fête du travail) a semblé opportune pour indiquer aux exploités, aux bernés, aux humiliés, aux exclus, la voie à suivre ...avec une démonstration sur le lieu même du défilé pour rien, d’un échantillon de l’action révolutionnaire, dont la nécessité commence à apparaître de plus en plus nettement.

      On n’a pas pris la Bastille avec des simagrées.

      https://blogs.mediapart.fr/vingtras/blog/030518/black-blog

  • Le manifeste de la haine islamophobe
    mardi 24 avril 2018 par le Bureau national de l’UJFP
    http://www.ujfp.org/spip.php?article6342

    Un manifeste « contre le nouvel antisémitisme » écrit par Philippe Val a été signé par 300 personnalités.

    Vous avez dit antiracistes ?

    Qui sont ces éminents antiracistes qui nous viennent en aide ? Il y a Manuel Valls, qui expliquait en septembre 2013 que « les Roms ont vocation à retourner en Roumanie ou en Bulgarie ». Il y a Nicolas Sarkozy qui a passé son quinquennat à pourchasser les sans-papiers et dont un ministre déclarait à propos des Arabes : « Quand il y en a un, ça va, c’est quand il y en a plusieurs que ça peut poser des problèmes ». Il y a Laurent Wauquiez qui fait du copier-coller de Marine Le Pen sur l’immigration. Il y a Alain Finkielkraut qui déclarait sur l’équipe de France de football : « Elle n’est pas black-blanc-beur, elle est black-black-black, ce qui fait ricaner toute l’Europe ».

    On pourrait continuer longtemps cet inventaire à la Prévert. Bien sûr, ces braves gens vont s’étrangler si on parle de racisme d’État ou de racisme structurel encouragé par l’État, par les administrations, par la politique de ségrégation territoriale...

    L’antisémitisme en France

    L’antisémitisme, c’est notre histoire intime. L’attribuer aux musulmans est une contre-vérité meurtrière. Pétain, Laval et les auteurs de la rafle du Vel d’hiv n’étaient pas musulmans. En cette période, ils disaient des Juifs ce qu’aujourd’hui certains disent des immigrés : « inassimilables », « n’ont pas vocation à vivre en France ». Prenez ce qu’on dit aujourd’hui des Noirs, des Roms, des Arabes et des musulmans et mettez à la place le mot « juif ». Vous avez les discours des années 30 et on sait où cela a mené. (...)

  • Les Etats-Unis suspendent leurs programmes nucléaire et balistique
    Corée du Nord : lycéens et collégiens ont marché contre l’usage des armes

    Voies sur berge parisiennes : « Notre bastion est tombé, maintenant il faut agir »
    Devant Tolbiac évacué : la saga d’un dossier sensible

    Manuel Valls s’enlise dans le sexisme
    Le Sumo étudie une candidature à la mairie de Barcelone

    Football, terre de voltige
    La France, le onze type

    L’organisation basque ETA, en attendant l’indépendance
    Le Groenland demande pardon pour le « mal » causé aux victimes

    En Pologne, plus de 3000 Français ont demandé à devenir des sujets de sa majesté en 2017
    Brexit : une libération du discours antisémite

    Laurent Wauquiez se verrait bien au patrimoine culturel de l’UNESCO
    Les bouquinistes de Paris veulent un référendum sur l’immigration

    Eparpillés, les Guyanais contraints de gérer l’urgence
    Un an après les accords, le mouvement social cherche sa voie

    #de_la_dyslexie_creative

    Même remarque que pour Les Flux détendus (https://seenthis.net/messages/688635)

    • En tout cas assembler ces dyslexies créatives est du meilleur effet. J’ai testé ça avec les miennes il n’y a pas longtemps : les coller les unes derrières les autres et les lires d’une traite, j’ai bien aimé l’effet.
      Bon séjour cévenol (et pour moi c’est le pari du premier bain de mer de l’année aujourd’hui, mais je n’en publierai pas plus de dyslexies pour autant)

  • #immigration : les troublantes références des « intellectuels » de LR
    https://www.mediapart.fr/journal/france/180418/immigration-les-troublantes-references-des-intellectuels-de-lr

    Laurent Wauquiez, Virginie Calmels, Guillaume Larrivé et Éric Ciotti le 18 avril, à la convention thématique sur l’immigration. © Reuters Lancé dans une course à l’échalote avec l’extrême droite sur l’immigration, #Laurent_Wauquiez a défendu mercredi ses propositions dans le cadre de la première convention thématique de LR depuis son élection à la tête du parti. De l’Action française au brûlot raciste de Jean Raspail, certaines références évoquées à la tribune signent une troublante recomposition à droite.

    #France #Front_national #Les_Républicains

  • La droite se déchire sur l’intervention en #Syrie
    https://www.mediapart.fr/journal/france/150418/la-droite-se-dechire-sur-l-intervention-en-syrie

    Laurent Wauquiez en meeting. © Reuters Entre pro-Russes, voire pro-Bachar, fortement opposés à l’intervention, et tenants d’une réponse ferme à l’utilisation des armes chimiques, la droite est profondément divisée sur les frappes en Syrie. #Laurent_Wauquiez, finalement sorti de son silence, affirme « soutenir par principe notre armée » mais ne voit « pas l’utilité de frappes punitives ».

    #France #Emmanuel_Macron #Les_Républicains #Valérie_Pécresse

  • Pernaut, Bourdin, Plenel : que signifie l’offensive médiatique de Macron ?
    https://www.crashdebug.fr/actualites-france/14732-pernaut-bourdin-plenel-que-signifie-l-offensive-mediatique-de-macro

    Hum... bah ce n’est pas moi qui l’écouterais je suis plus monopolisé par la gestion au quotidien de mon compte en banque... Aussi je vous conseil d’écouter François Asselineau à la place, au moins vous ne perdrez pas votre temps en éléments de langages scriptés...

    Emmanuel Macron lors du débat de l’entre-deux tours. - Crédits photo : STRINGER/AFP

    FIGAROVOX/ENTRETIEN - Emmanuel Macron sera l’invité du 13h de TF1 jeudi, et de BFMTV et Mediapart dimanche soir. David Desgouilles y voit un coup de communication destiné à chasser sur les terres de Laurent Wauquiez, au cœur de la « France périphérique » et des classes populaires. David Desgouilles est membre de la rédaction de Causeur. Il a notamment publié Dérapage (éd. du Rocher, 2017).

    Lors de ses vœux à la presse, le président avait (...)

  • 83% des Français favorables au renvoi des « fichés S » étrangers
    https://www.crashdebug.fr/actualites-france/14682-83-des-francais-favorables-au-renvoi-des-fiches-s-etrangers

    Près de six Français sur dix pensent que Laurent Wauquiez a eu tort de critiquer Emmanuel Macron (ici lors de

    l’hommage à Arnaud Beltrame) après les attentats. - Crédits photo : LUDOVIC MARIN/AFP

    SONDAGE - Les personnes interrogées veulent plus de fermeté mais elles estiment que la droite ne ferait pas mieux qu’Emmanuel Macron.

    C’est un constat à double tranchant pour Laurent Wauquiez. Une semaine après l’attentat terroriste de Trèbes qui a endeuillé la France, une majorité de Français acquiesce à ses propositions radicales contre le terrorisme. Un accord sur le fond, qui toutefois ne suffit pas à les convaincre que la droite au pouvoir ferait mieux qu’Emmanuel Macron face au terrorisme.

    Selon un sondage Odoxa-Dentsu Consulting pour Le Figaro et franceinfo publié jeudi, 61 % des (...)

    #En_vedette #Actualités_françaises

    • J’aimerai bien connaitre le pourcentage des français(es) (les charlies) qui se sont intéressé volontairement à l’hommage à Arnaud Beltrame.
      Je ne parle pas de celles et ceux qui se sont fait bombarder par les médias.

  • Sous l’occupation, gifler un soldat est pire que tuer un Palestinien
    Jonathan Ofir, Mondoweiss, le 21 mars 2018
    http://www.agencemediapalestine.fr/blog/2018/03/26/sous-loccupation-gifler-un-soldat-est-pire-que-tuer-un-palestin

    C’est aussi ce que disait le twitter de l’Agence Média Palestine ici :
    https://seenthis.net/messages/678548

    Ahed #Tamimi vient d’être condamnée à 8 mois de prison par un tribunal militaire & arbitraire israélien. A 1 mois près, c’est la peine qu’effectuera le soldat franco-israélien Elor Azria qui avait assassiné un Palestinien gisant à terre #FreeAhedTamimi

    #Palestine #Tamimis #prison #criminalisation_des_militants #prisonniers_politiques #enfants #Ahed_Tamimi #Elor_Azarya
    #Apartheid #Justice #Injustice #deux_poids_deux_mesures

  • En Auvergne-Rhône-Alpes, la présidence Wauquiez réécrit un amendement déjà adopté
    https://www.mediapart.fr/journal/france/190318/en-auvergne-rhone-alpes-la-presidence-wauquiez-reecrit-un-amendement-deja-

    Laurent Wauquiez, le 4 septembre 2016 © Reuters Un amendement sur le bio dans les cantines scolaires a été réécrit en catimini pour en limiter la portée, après avoir pourtant été adopté par l’assemblée plénière du conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes.

    #France #alimentation_bio #Ecologie #Laurent_Wauquiez #région_Auvergne_Rhône-Alpes

  • La passion de Laurent Wauquiez pour le ski chinois
    https://la-bas.org/4975

    On en parlait juste avant l’hiver : le business du ski dans les Alpes, comment, à coup de stations de ski et de neige artificielle, on profite de l’argent des touristes fortunés qui viennent faire une semaine de ski. Et on expliquait à l’époque que cela sert notamment de vitrine pour les Chinois. Il se trouve que les Jeux Olympiques viennent de se terminer en Corée du Sud, et les prochains JO d’hiver, justement, ce sera en #Chine, à Pékin, en 2022.Continuer la lecture…

    #Vidéo #Le_fond_de_l'air_est_vert

  • De gauche à droite, une étrange union sacrée pour maudire les #médias
    https://www.mediapart.fr/journal/france/050318/de-gauche-droite-une-etrange-union-sacree-pour-maudire-les-medias

    Laurent Wauquiez, quelques minutes après l’annonce de sa victoire. © Reuters C’était une petite musique, vieille comme la démocratie, mais elle est devenue ces derniers jours un concentré d’imprécations. La critique des journalistes, loin d’être irréprochables, tourne en #France à la constitution d’une espèce de Front républicain. Politiques de tous bords, unissez-vous pour maudire les médias.

    #Emmanuel_Macron #Jean-Luc_Mélenchon #Laurent_Wauquiez #Marine_Le_Pen #presse_et_pouvoir_politique

  • Le Pen : enfin la vérité sur son œil !
    https://la-bas.org/4951

    Cette semaine, ami abonné, dans sa séquence « bullshit », dédiée à l’œuvre de Laurent Wauquiez, la revue de presse hebdomadaire de Là-bas si j’y suis te gratifie d’un roboratif pot pourri des questions que pose le meilleur ami de Sœur Emmanuelle, sans en attendre de réponse, naturellement.Continuer la lecture…

    #Vidéo #Didier_Porte #Politique #Médias #Extrême_droite

  • Le « cancer de l’assistanat », c’était du bullshit !

    Laurent Wauquiez a fini par avouer que ce qu’il disait dans les médias c’était de la foutaise : bullshit ou de la « merde de taureau ». Et des politologues s’ingénient à proclamer qu’il est malin, que tout est calculé, tellement il est intelligent. Il s’essaierait à faire du Trump pour que ça lui réussisse.

    Les politologues se perdent en conjectures : a-t-il gaffé à l’Ecole de Management de Lyon, en se payant Macron, Merkel, Darmanin, mais aussi Sarkozy, Juppé, Pécresse ? Certains sont prêts à croire que tout ça est calculé, il est trop intelligent pour se planter de la sorte. S’il a insisté pour ne pas être enregistré ce serait justement pour que la consigne soit violée. Je pense qu’on lui fait trop d’honneur en croyant qu’il est à ce point rusé. Ses divers diplômes seraient la preuve de son intelligence ? Certes, il frime un peu avec ça, ce serait presque de bonne guerre, sauf qu’il est loin d’être le seul à avoir accumulé les réussites scolaires, universitaires, à avoir été le premier de la classe, tout en étant totalement déphasé dans la réalité quotidienne. Souvent fils à papa, cocoonés dans des familles de la grande bourgeoisie, puis prêts à tout pour conserver la première place. C’est bien ce que nous montre Wauquiez depuis plusieurs années. Tout en conservant cette allure d’enfant gâté, poupon, pas toujours bien à l’aise quand il est pris la main dans le pot de confiture...

    Quand Pitbull-shit s’en prend à l’illettrisme !

    Laurent Wauquiez n’en rate pas une. Déjà, en Région Auvergne-Rhône-Alpes, il avait prétendu augmenter de 100 millions d’euros les fonds destinés à la formation, en réalité il les a réduit de 44 millions. Des associations ont dû supprimer des centres de formation et ne pas prolonger des contrats. Du coup, on évalue entre 300 et 500 le nombre de formateurs ayant perdu leur emploi. Et là il s’en prend aux actions de lutte contre l’illettrisme. Le Canard enchaîné du 14 février nous apprend que dans sa Région, Wauquiez exige, pour valider des contrats d’aide et de retour à l’emploi durable (Cared), en faveur de personnes illettrées, que celles-ci soient « méritantes » !

    https://blogs.mediapart.fr/yves-faucoup/blog/210218/le-cancer-de-lassistanat-cetait-du-bullshit