person:lionel maurel

  • Amis des lieux intermédiaires, porteurs d’espaces-projets, artistes, squatteurs, acteurs culturels, administrateurs, habitants, commoners de tous poils, vous êtes cordialement invités les 19 et 20 juin aux Ateliers du vent, à Rennes, pour deux jours de réflexions sur les enjeux de nos lieux et de nos pratiques d’espaces, à l’heure où les métropoles métropolisent, le public privatise et le privé récupère nos pratiques dans une logique de valorisation foncière et de marketing territorial. Faire commun(S), comment faire ? Ce sera notre question. Nous aurons deux jours pour y répondre.

    2 jours avec plusieurs ateliers/conférences-éclair, rencontres formelles et informelles avec de nombreux intervenants invités attendus, dont : Lionel Maurel (juriste et bibliothécaire, animateur du blog S.I.Lex), Frédéric Sultan (Remix the commons), Philippe Henry (socio-économiste de la culture), Pascal Nicolas-le Strat (sociologue), Boris Grésillon (géographe), Luc Carton (philosophe, Belgique), Gabriella Riccio et Nicola Capone (L’Asilo, Naples), Cécile Offroy (Opale), Anne-Christine Micheu (Ministère de la Culture), Rémy Seillier (Cget) et Olivier Jaspart (juriste), Mieke Renders (Trans Europe Halles), des membres de nombreux réseaux soutenant l’initiative et des acteurs des lieux intermédiaires de toute la France...

    Venez nombreux ! Relayez l’info !
    Programme complet à venir > inscriptions impératives avant le 10 juin.
    Infos : forum2019@cnlii.org

    http://cnlii.org/2019/05/le-programme-des-19-et-20-juin-2019

  • De la prison avec sursis pour un dessinateur qui a repris Tintin
    https://www.numerama.com/pop-culture/521709-de-la-prison-avec-sursis-pour-un-dessinateur-qui-a-repris-tintin.ht

    La sélection hebdomadaire des dérives provoquées par la propriété intellectuelle est sortie, préparée par Lionel Maurel et Thomas Fourmeux, spécialistes de la question du copyright. Cette semaine, le Copyright Madness revient sur la SNCF et une association anti-pub qui se battent pour l’utilisation du mot « oui », la peine de prison avec sursis infligée à un artiste pour avoir dessiné Tintin ou encore une bataille entre vrai-faux inventeur du Bitcoin. Bonne lecture et à la semaine prochaine ! Copyright (...)

    #SNCF #Wikimedia #Wikipedia #copyright #Moulinsart

    //c2.lestechnophiles.com/www.numerama.com/content/uploads/2019/05/tintin.jpg

  • Aux USA, un tribunal a dû décider si un costume de banane pouvait être protégé par le copyright
    https://www.numerama.com/pop-culture/510459-aux-usa-un-tribunal-a-du-decider-si-un-costume-de-banane-pouvait-et

    Et voici la nouvelle compilation hebdomadaire des dérives de la propriété intellectuelle, toujours préparée par Lionel Maurel et Thomas Fourmeux, spécialistes de la question du copyright. Cette semaine, le Copyright Madness revient sur un procès autour d’un costume de banane, une entreprise qui s’attaque elle-même ou encore Taylor Swift qui fait encore des siennes… Bonne lecture et à la semaine prochaine ! Copyright Madness Glissant. On se demande parfois si les juges qui entendent certaines affaires (...)

    #procès #copyright

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    • Les Australiens aiment manger du beurre de cacahuète au petit déjeuner et leur marque préférée s’appelle Bega. Cette entreprise utilise un pot à bandes jaunes pour distribuer son produit. Problème : celui-ci ressemble à s’y tromper à celui de la firme américaine Kraft, qui a fini par s’en plaindre en justice. L’affaire a traîné plusieurs années, mais les juges ont pu constater que la situation a changé. Car la compagnie Kraft a été rachetée par Heinz, puis par la société Mondelez qui a fini par être acquise par… Bega ! Au final, le tribunal a prononcé un non-lieu puisque la firme… s’attaquait elle-même !

  • Un géant de la presse attaque Adblock Plus au prétexte d’une violation du droit d’auteur
    https://www.numerama.com/pop-culture/480974-un-geant-de-la-presse-attaque-adblock-plus-au-pretexte-dune-violati

    La nouvelle compilation hebdomadaire des dérives de la propriété intellectuelle est là, toujours préparée par Lionel Maurel et Thomas Fourmeux, spécialistes de la question du copyright. Cette semaine, le Copyright Madness revient sur le groupe de presse Springer qui s’en prend à Adblock, Kim Kardashian dont la reconversion annoncée nous fait peur et de la première image de trou noir, qui redonne un peu d’espoir. Bonne lecture et à la semaine prochaine ! Copyright Madness Bloqué. La directive (...)

    #Google #YouTube #AdBlock #législation #copyright

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  • Il y a toujours des entreprises qui cherchent à privatiser des mots du langage courant
    https://www.numerama.com/pop-culture/472279-il-y-a-toujours-des-entreprises-qui-cherchent-a-privatiser-des-mots

    La nouvelle compilation hebdomadaire des dérives de la propriété intellectuelle est là, toujours préparée par Lionel Maurel et Thomas Fourmeux, spécialistes de la question du copyright. Cette semaine, le Copyright Madness revient une entreprise qui pense qu’un mot anglais lui appartient, tandis qu’une autre revendique un droit de propriété sur le mot tuteur. Et enfin, Foxconn a l’air de se ficher de Microsoft. Bonne lecture et à la semaine prochaine ! Copyright Madness Charité. L’an dernier, l’auteur (...)

    #Apple #Foxconn #copyright #Telstra #Microsoft #TutorABC

    //c2.lestechnophiles.com/www.numerama.com/content/uploads/2016/02/savoir.jpg

  • Lionel Maurel : « On doit pouvoir quitter Facebook sans perdre les liens qu’on y a créés »
    https://www.liberation.fr/debats/2018/11/29/lionel-maurel-on-doit-pouvoir-quitter-facebook-sans-perdre-les-liens-qu-o

    Pour le juriste Lionel Maurel, l’approche individualiste de la protection des données personnelles ne permet pas d’appréhender la dimension sociale qu’exploitent les grandes plateformes du Net. Il appelle à la mise en place d’un droit à la migration collective. En 1978, la loi informatique et libertés introduisait dans le droit français la notion de « donnée à caractère personnel ». Quarante ans plus tard, l’entrée en application, en mai dernier, du règlement général sur la protection des données (RGPD) a (...)

    #Airbnb #Facebook #algorithme #domination #LaQuadratureduNet #Mastodon_ #OiseauxDePassage

  • [Libération] Lionel Maurel : « On doit pouvoir quitter Facebook sans perdre les liens qu’on y a créés »
    https://www.laquadrature.net/2018/12/07/liberation-lionel-maurel-on-doit-pouvoir-quitter-facebook-sans-perdre-

    Pour le juriste Lionel Maurel, l’approche individualiste de la protection des données personnelles ne permet pas d’appréhender la dimension sociale qu’exploitent les grandes plateformes du Net. Il appelle à la mise en place d’un droit…

    #Cite_La_Quadrature_du_Net #Revue_de_presse #Vie_privée_-_Données_personnelles #revue_de_presse

  • Richard Stallman, le RGPD et les deux faces du consentement – – S.I.Lex –
    https://scinfolex.com/2018/04/05/richard-stallman-le-rgpd-et-les-deux-faces-du-consentement

    Par Lionel Maurel

    La question que l’on peut se poser est de savoir si le principe de protection par défaut du RGPD (privacy by default) va aussi loin que l’interdiction par défaut que Stallman propose. Il dit bien qu’un système n’aurait le droit de collecter des données que si ces dernières sont strictement nécessaires à l’accomplissement de ses fonctionnalités. Est-ce que le RGPD de ce point de vue va interdire à la RATP d’identifier les utilisateurs des transports à Paris au motif qu’il y aurait une façon pour le passe Navigo de fonctionner tout en garantissant l’anonymat des personnes ? Le RGPD ne va sans doute pas aussi loin, car il n’emploie pas la notion de finalité exactement de cette manière. Le texte dit qu’un traitement réalisé sans finalité précise est illicite, alors que Stallman propose que la finalité d’un traitement soit en elle-même déclarée illicite s’il y a moyen de faire fonctionner un système sans collecter de données personnelles, ce qui n’est pas la même chose.

    Néanmoins, il semble que le RGPD ne soit pas complètement fermé non plus à une telle interprétation et il n’est pas impossible qu’un service comme celui de la RATP doive revoir en profondeur ses principes de collecte et de traitement de données pour se mettre en conformité avec le RGPD. Mais c’est surtout la jurisprudence à venir qui sera déterminante, car c’est elle qui va fixer la portée exacte de principes comme celui de la protection par défaut des données (privacy by default). D’où l’importance des recours qui vont être lancés dans les premiers temps de l’application du texte, notamment les nouveaux recours collectifs, qui nous permettront de savoir si Stallman avait raison dans sa critique du RGPD ou si cette réglementation s’approchait au contraire de sa vision.

    Néanmoins, on ne peut pas réduire le consentement à cette seule dimension « subjective » étant donné que la notion comporte aussi une face « objective », qui paraît bien plus intéressante en termes de protection des données. Dans cette conception, au lieu de donner à l’individu le pouvoir de fragiliser ses propres droits à travers son consentement, on va au contraire fixer des règles établissant qu’un consentement ne peut être valablement donné s’il a pour effet d’aboutir à une telle fragilisation des droits. C’est ce que permet la manière dont le consentement est défini dans le RGPD comme « toute manifestation de volonté, libre, spécifique, éclairée et univoque par laquelle la personne concernée accepte, par une déclaration ou par un acte positif clair, que des données à caractère personnel la concernant fassent l’objet d’un traitement ».

    Ce caractère « libre, spécifique, éclairé et univoque » du consentement constitue autant de critères « objectifs » qui vont permettre de déterminer des conditions dans lesquelles un individu ne pourra pas consentir valablement à un traitement de données. Il s’agit donc moins en réalité de donner à l’individu un pouvoir de consentir que de définir au contraire ce à quoi il ne peut pas consentir.

    Le G29 a fixé des lignes directrices pour l’interprétation de la notion de consentement dans le RGPD qui vont encore renforcer cette dimension « objective ». Les autorités de régulation européennes considèrent notamment que pour être véritablement libre, le consentement doit être « inconditionné« , c’est-à-dire que la personne doit avoir un véritable choix et que l’absence de consentement ne doit pas avoir de conséquences négatives pour elle. Cela va mettre fin à ce que l’on peut appeler le « chantage au service » qui reste la règle dans l’environnement numérique, vu que les plateformes nous placent généralement face au choix d’accepter telles quelles leurs conditions d’utilisation ou de renoncer au service qu’elles proposent.

    Mais tout ceci ne vaut que dans une conception « subjectiviste » du consentement, alors que le RGPD va accentuer au contraire la dimension « objective » de la notion. Or il existe une chance que le mode de fonctionnement de plateformes comme Facebook soient déclarées par les tribunaux « structurellement » incompatibles avec l’exigence du recueil d’un consentement libre et éclairé. Si cette lecture l’emporte dans la jurisprudence, alors le souhait de Stallman serait exaucé, car cela revient à dire que nous serons en mesure « d’arrêter la surveillance avant même qu’elle ne vienne demander le consentement » ou plutôt que les plateformes dont le modèle économique est intrinsèquement basé sur la surveillance ne seraient plus en mesure de demander un consentement valide. Comme le capitalisme de surveillance repose tout entier sur la « servitude volontaire » des individus, cela revient à dire que le RGPD aurait le potentiel de détruire purement et simplement ce modèle.

    Bien évidemment, les grands acteurs du numérique (mais aussi sans doute les États…) vont tout faire pour empêcher que cette lecture s’impose dans la jurisprudence. C’est la raison aussi pour laquelle ils manoeuvrent déjà dans le règlement ePrivacy pour faire en sorte que certains types de traitements (géolocalisation, profilage) échappent à l’obligation de recueillir le consentement des individus. Et le RGPD comporte lui-même de nombreuses failles qu’ils pourront essayer de faire jouer, notamment en invoquant d’autres fondements comme l’intérêt légitime ou l’exécution d’un contrat pour se passer du consentement individuel (mais surtout se protéger de son redoutable versant « objectif »).

    #RGPD #Consentement #Vie_privée

  • Après la décision Chambord, comment sortir d’un domaine public « résiduel » ?
    https://www.laquadrature.net/fr/apres-d%C3%A9cision-chambord-comment-sortir-d-un-domaine-public-residu

    Paris, le 16 février 2018 - Nous publions ci-dessous une #Tribune de Lionel Maurel, membre fondateur de La Quadrature du Net, au sujet de la décision du Conseil constitutionnel sur la question prioritaire de constitutionnalité (QPC) que nous avions déposée avec Wikimédia France au sujet de la création d’un nouveau droit sur l’image des monuments des domaines nationaux. Le 2 février dernier, le Conseil constitutionnel a rendu sa décision dans ce qu’il est convenu d’appeler « l’affaire Chambord », à savoir la contestation par Wikimedia France et La Quadrature du Net du nouveau « droit à l’image » mis en place en 2016 par la loi Création, Architecture et Patrimoine sur les monuments des domaines nationaux (Château de Chambord, Le Louvre, l’Élysée, etc.). Le château de Chambord vu (...)

    #droit_d'auteur

  • Pour une protection sociale des données personnelles – – S.I.Lex –
    https://scinfolex.com/2018/02/05/pour-une-protection-sociale-des-donnees-personnelles

    Attention, c’est du lourd. Beaucoup de choses à reprendre et peaufiner dans ce texte majeur.

    par Lionel Maurel et Laura Aufrère

    Cette invocation des « droits des travailleurs de la donnée » a selon nous l’immense mérite de replacer la question de la protection des données sur le terrain du droit social. Ce point de vue n’est pas absolument nouveau, car le droit social est déjà convoqué dans les discussions suscitées par « l’ubérisation » et la manière dont des plateformes comme Deliveroo, Uber ou Amazon Mecanical Turk font basculer les individus dans des situations « d’infra-emploi » (Bernard Friot) les privant des protections liées au salariat. Antonio Casilli et Paola Tubaro nous invitent cependant à aller plus loin et à considérer l’ensemble des relations entre les utilisateurs et les plateformes comme un « rapport social de production » que le droit doit saisir en tant que tel. S’il y a un rapport de production assimilable à du travail, alors il faut s’assurer de l’extension des régimes de protection du travail, y compris à ceux qui, de prime abord, seraient présentés comme de simples usagers ou consommateurs.

    Le système actuel reste en effet imprégné d’un individualisme méthodologique qui n’envisage la personne que de manière isolée et indépendamment des rapports sociaux dans laquelle la vie privée est toujours étroitement enchâssée.

    Car la protection sociale renvoie plus fondamentalement à la question des solidarités et celles-ci ne peuvent être uniquement une affaire d’État. Si négociation collective autour de la vie privée il y a, celle-ci doit être le fait d’une société civile collectivement organisée, sans quoi les individus ne pourront échapper aux rapports structurellement inégalitaires auxquels les soumettent les plateformes, et la négociation ne pourra conduire qu’à la soumission collective. L’histoire de la protection sociale nous fournit des exemples de formes de socialisation, au-delà de la sphère du travail, qui permettent de gérer collectivement des institutions mettant en œuvre des droits sociaux, ancrés dans les droits humains (santé, éducation, etc.). Ces formes de socialisation pourraient pareillement être mobilisées pour mettre en œuvre les droits et protéger les usagers des plateformes et les « travailleurs de la donnée ».

    C’est ce fil que nous souhaitons suivre dans cet article qui vise à explorer les différentes dimensions d’une protection des données repensée comme une protection sociale

    Un premier phénomène inédit surgit dans le fait que nous ne soyons pas toujours consciemment parties prenantes d’une certaine expression de notre identité numérique à travers l’exploitation des données, qui émanent pourtant de nos propres pratiques numériques. Le second phénomène inédit, intrinsèquement lié au premier, c’est le degré d’opacité des mécanismes techniques et humains de production des données qui forgent cette identité. Ce qui nous échappe, c’est donc autant la perception (y compris physique) de nos traces et signaux numériques, que les processus de production (partant de l’exploitation de ces signaux et traces) qui forgent une donnée, et enfin leur exploitation ou utilisation sous la forme d’une expression explicite de nos identités et de nos activités.

    Cette triple perte de contrôle justifie à notre sens que notre relation avec les plateformes soit considérée sous l’angle d’une présomption de subordination d’usage.

    Compte tenu de l’existence de fait d’un rapport de production, et des conditions de subordination du travail et des usages qui lui sont attachés, se pose de façon centrale la question des conditions de consentement des individus à participer à l’effort de production. Cette dimension mérite à notre sens, un commentaire et une discussion approfondie.

    En effet c’est l’encastrement des traces numériques de nos comportements individuels dans des comportements collectifs, qui permet leur exploitation en tant que valeurs économiques. Ce qui appelle un premier commentaire : le consentement du point de vue de la gestion des données ne peut pas être uniquement individuel, dans la mesure où celles-ci incluent des informations sur nos relations sociales qui engagent des tiers (pensons par exemple aux carnets d’adresses qui constituent toujours les premières informations que les plateformes essaient de récupérer). D’autre part, le rappel de la dimension collective des relations de production mérite un effort d’explicitation : la reconfiguration de la vie privée sous l’influence des pratiques numériques importe dans l’espace privé la question du travail et du consentement à la participation à un effort de production.

    Or il importe selon nous autant, sinon davantage, de « protéger les droits des travailleurs de la donnée » que de protéger le droit, plus fondamental encore, de ne pas devenir malgré nous de tels travailleurs de la donnée.

    Que reste-t-il des aspirations et du sens investi collectivement dans le travail lorsque l’on exerce des « métiers » de tâcherons développés par les industries numériques ? Au-delà des déséquilibres économiques, c’est la dignité des personnes qui est à protéger face au retour des modèles d’exploitation féodaux. De même, il apparaît combien notre conception du travail sous-tend nos conceptions de la société dans son ensemble, et les perspectives de progrès social et de progrès humain partagé qu’il nous revient de discuter collectivement.

    Si l’enjeu consiste à faire émerger des formes institutionnelles pour accueillir et organiser la négociation collective sur les données, force est de constater qu’il sera difficile d’y parvenir en restant dans le cadre juridique actuel, car celui-ci demeure largement surdéterminé par un paradigme individualiste qui fait de l’individu et de ses choix le centre de gravité de la régulation des données. Dépasser cette approche nécessite de se donner les moyens de refaire le lien entre l’individu isolé autour duquel s’organise le droit à la protection des données et la figure du citoyen en tant qu’agent capable de participer à des discussions collectives.

    Si l’on veut sortir de cette vision « atomiste » de la protection des données, il importe de reconstruire un lien entre la figure de l’individu souhaitant protéger sa vie privée et celle du citoyen capable de se mobiliser avec ses semblables pour défendre les droits humains fondamentaux. Pour ce faire, nous proposons un détour par la notion de « données d’intérêt général », qui avait été envisagée au moment du vote de la loi République numérique comme un moyen de reprendre du pouvoir sur les plateformes. S’appuyer sur cette notion peut s’avérer utile pour trouver un fondement à l’action collective sur les données, mais à condition d’en renverser complètement la signification.

    Nos données personnelles sont produites dans le cadre de comportements qui, par ailleurs, sont identifiés du point de vue du droit comme appartenant à des espaces de la vie civile, là où nous exprimons notre citoyenneté et où nous vivons ensemble. On pourrait donc considérer que les traces numériques relèvent de l’intérêt général en tant que données « citoyennes ». Il y a bien lieu de parler à leur sujet d’intérêt général, parce que les plateformes ne devraient pas avoir le droit d’utiliser ces données sans nous demander un consentement individuellement, mais aussi et surtout, collectivement.

    Comme l’affirment A. Casilli et P. Tubaro dans leur tribune, il est indéniable que la vie privée résulte davantage aujourd’hui d’une négociation collective que de l’application des droits individuels prévus par les textes de loi. Ce processus associe de manière complexe les grandes plateformes, les pouvoirs publics et les individus. Mais dans les circonstances actuelles, le rapport de forces est tellement asymétrique que la voix des individus, et les voies de leur négociation, ne peuvent avoir qu’un poids infinitésimal. Des mobilisations collectives surviennent parfois, mais elles prennent des formes fugitives et éruptives, lorsque les utilisateurs expriment par exemple leur colère lors du rachat d’une plateforme par une autre ou en cas de changement des conditions d’utilisation jugés abusifs. Ces mouvements attestent d’une conscience collective que des droits sont bafoués et méritent d’être défendus, mais sans que cette volonté d’agir trouve une forme institutionnelle dans laquelle se couler.

    Une des pistes pour donner consistance à l’action collective en matière de protection des données réside dans les recours collectifs (actions de groupe ou class actions), qui autorisent des individus à déléguer la défense de leurs droits individuels à des représentants comme des associations, de manière à les faire valoir en justice face aux plateformes.

    Admettre d’emblée que toutes nos activités numériques sont assimilables à du Digital Labor ne revient-il pas à entériner que ce basculement dans des rapports de production est inéluctable et que plus rien de nous permettra d’échapper à cette « financiarisation » forcée de nos vies, y compris dans ce qu’elles ont de plus intime ? Si tel était le cas, la « protection sociale des données » pourrait recevoir la même critique que celle qu’on adresse parfois à la protection sociale tout court : que ces mécanismes, installés dans leur forme actuelle pendant la période fordiste, visent simplement à « compenser » les rapports de domination imposés aux individus dans la sphère du travail et non à remettre en cause le principe même de la soumission qu’ils impliquent.

    Pour conjurer ce risque, il importe selon nous d’être au contraire capable d’opérer des distinctions claires au sein même du continuum de pratiques décrites comme du Digital Labor, en les repositionnant soigneusement par rapport à l’idée de protection sociale.

    En imposant aux individus d’inscrire leur intimité dans un rapport de production, les plateformes provoquent en réalité un effondrement de la distinction entre la sphère publique et la sphère privée, phénomène qu’Hannah Arendt a identifié comme un des mécanismes par lesquels le totalitarisme s’empare des sociétés. Le cadre analytique du Digital Labor traduit donc une certaine vérité, car à l’époque moderne c’est bien le fait de faire apparaître une activité dans l’espace public qui la transforme presque mécaniquement en « travail ». Mais dans le même temps, cette « publicisation forcée » détruit la possibilité de préserver l’intimité, car celle-ci a nécessairement besoin d’une sphère privée séparée pour exister. Si par protection sociale, on entend des dispositifs qu’une société se donne pour échapper aux « risques de désintégration qui se concrétisent chaque fois que les forces marchandes dominent toutes les sphères de la vie sociale », alors on comprend que le cœur même d’une protection sociale des données doit consister en la préservation d’un droit fondamental pour les individus « à ne pas travailler » en tant que condition de possibilité de la vie privée.

    #Données_personnelles #Digital_Labour #Protection_sociale #Négociation_collectives

    • La domination des géants du numérique est-elle un nouveau colonialisme ?
      http://www.telerama.fr/idees/la-domination-des-geants-du-numerique-est-elle-un-nouveau-colonialisme,n546

      Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft… En offrant nos données personnelles à ces géants aussi puissants que des Etats, nous les laissons nous exploiter, selon le sociologue et chercheur italien #Antonio_Casilli, qui plaide pour un “tournant décolonial numérique”.

      On les dit plus puissants que certains Etats. Les géants de l’économie numérique – Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft en tête – n’ont qu’à jeter un œil par les fenêtres que nous leur ouvrons sur nos vies pour savoir ce que nous faisons, ce que nous consommons ou ce à quoi nous rêvons. Sans nous en rendre compte, nous produisons chaque jour, gratuitement, et parfois même avec délectation, des données personnelles monétisées et revendues à des entreprises tierces ou à des Etats. L’autonomie des utilisateurs vantée par les plateformes cache en réalité l’exploitation de cette production bénévole : nous travaillons tous gratuitement pour Facebook ou Google. Nous serions même devenus de la « chair à algorithmes », comme le dénonce une tribune datée du 5 février, parue dans Le Monde, invitant chacun à monnayer ses données personnelles.
      Une position à laquelle s’oppose fermement le sociologue et chercheur italien Antonio Casilli, maître de conférences en humanités numériques à Télécom ParisTech et auteur, en 2010, des Liaisons numériques. Vers une nouvelle sociabilité ? (éd. Seuil). Dans un article paru en fin d’année dernière dans la revue académique américaine International Journal of Communication, il met toutefois en parallèle la « mise au travail » des internautes avec les modes de subordination appliqués à ses travailleurs par l’économie numérique. Dans le Nord – les chauffeurs Uber – mais aussi et surtout dans le Sud – les employés des « fermes à clics », ces « micro-travailleurs » engagés pour accomplir de toutes petites tâches censées enrichir ces mêmes plateformes.

      #data #mise_au_travail_généralisée #travail

  • Pour une protection sociale des données personnelles
    https://scinfolex.com/2018/02/05/pour-une-protection-sociale-des-donnees-personnelles

    Cet article a été co-écrit par Lionel Maurel et Laura Aufrère, doctorante au Centre d’Économie de Paris Nord (UMR CNRS 7234-CEPN). Université Paris 13 - Sorbonne Paris Cité. Ce texte est placé sous licence Creative Commons CC-BY-SA 4.0. Pour un meilleur confort de lecture, vous pouvez télécharger l’article en pdf ou en ePub. Table des… Source : : : S.I.Lex : :

  • Refonder les relations entre auteurs et bibliothèques sur les droits culturels – – S.I.Lex –
    https://scinfolex.com/2018/01/21/refonder-les-relations-entre-auteurs-et-bibliotheques-sur-les-droits-cult

    Par Lionel Maurel

    L’élément qui a « cimenté » l’alliance entre les auteurs et les bibliothécaires, c’est la conscience partagée de l’importance des usages culturels en jeu au travers des lectures publiques gratuites. A contrario, les prétentions de la SCELF cherchant à les soumettre à une autorisation préalable et à une redevance ont paru violemment illégitimes, quand bien même cette société d’éditeurs pouvait se prévaloir d’avoir la légalité de son côté. C’est ce que traduit la pétition « Shérézade en colère » initiée par un collectif d’auteurs et de bibliothécaires, qui a recueilli plus de 30 000 signatures.

    Cette référence aux droits culturels est importante, car ceux-ci ont été reconnus par la loi NOTRe du 7 août 2015, ainsi que par la loi Création du 7 juillet 2016. Ils trouvent leur source au niveau international dans la Convention de l’Unesco de 2005 sur la la diversité des expressions culturelles, ainsi que dans des instruments comme la Déclaration de Fribourg de 2007.

    Si les bibliothécaires ont rapidement invoqué explicitement les droits culturels, ce sont pourtant les représentants des auteurs qui en ont le mieux traduit l’esprit dans les protestations adressées à la SCELF. En effet, les différentes organisations d’auteurs (SGDL, Charte, CPE, etc.) qui sont montées au créneau pour défendre les lectures publiques gratuites ont été très claires depuis le début sur le fait qu’elles ne demandaient pas à ce que le droit d’auteur soit mis à l’écart. Mais elles exigeaient néanmoins qu’il ne soit pas appliqué pour faire obstacle à l’exercice de pratiques culturelles qu’elles jugeaient essentielles. Il ne s’agissait pas de nier l’existence du droit d’auteur et de sa légitimité, mais de le concilier avec d’autres droits fondamentaux, comme le droit de participer à la vie culturelle dont la liberté des lectures en public est la condition.

    Or l’essence même des droits culturels – et ce qui fait toute leur force symbolique – consiste à affirmer le caractère indissociable des droits fondamentaux et le fait que nul ne peut utiliser un droit culturel pour empêcher autrui d’exercer le sien. Ce qui est apparu ici, c’est que les lectures publiques ne constituaient pas un droit des auteurs, ni un droit des bibliothèques, mais un droit indissociable appartenant de manière solidaire à l’ensemble de ces acteurs, au nom de valeurs partagées à défendre ensemble. Pouvoir lire des livres à des enfants sans autorisation à demander, ni redevance à verser ; pouvoir faire découvrir des auteurs en lisant leurs textes et éveiller le goût de la lecture ; pouvoir faire rayonner la diversité culturelle à travers la lecture à haute voix : voilà les principes fondamentaux qui étaient en jeu dans cette affaire et c’est sur la base de cette conscience partagée que l’alliance entre auteurs et bibliothécaires a pu se nouer.

    Pourrait-on obtenir un résultat identique par le biais d’une exception ? Rien n’est moins certain. On peut par exemple faire la comparaison avec l’exception pédagogique et de recherche, qui a été introduite en 2006 par la loi DADVSI. Les usages en question ne sont pas moins légitimes que les lectures publiques. Pourtant, l’exception pédagogique a été formulée d’une manière extrêmement complexe, qui la rend difficilement applicable en pratique, avec de nombreuses insuffisances et limitations. Par ailleurs, elle n’est pas gratuite et le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de l’Education Nationale doit verser plus de 2 millions d’euros par an à des sociétés de gestion collective en compensation du « préjudice » subi. Ce résultat bancal n’est pas un accident, mais le produit de « l’infériorisation structurelle » qui frappe les exceptions au droit d’auteur. En France, on considère qu’elles ne sont justement que des exceptions et pas de véritables droits, ce qui explique les « mutilations législatives » dont elles font l’objet. La plupart des nouvelles exceptions introduites depuis le début des années 2000 (exception conservation, exception pour la numérisation des oeuvres orphelines, liberté de panorama, Text et Data Mining) ont été affectées par ce problème, si bien qu’il n’en résulte souvent que des « trompe-l’oeil » législatifs, sans réelle portée sur les usages.

    Le cadre législatif applicable aux bibliothèques reste encore en 2018 profondément lacunaire, ce qui en fait une « institution-pirate » malgré elle… Certes, l’absence de réaction des ayants droit montre qu’il existe en réalité un consensus social assez large pour que ces activités continuent à s’exercer en dépit de leur illégalité. Mais cela revient à courir un risque de remise en cause brutale et l’affaire de la SCELF a montré que ces faiblesses peuvent d’avérer très dangereuses si des ayants droit sont décidés à aller jusqu’au bout, car ils ont alors avec eux la puissance du droit. Pour remédier à cette situation, on pourrait imaginer bâtir un système complet d’exceptions au droit d’auteur couvrant l’ensemble des activités en bibliothèque. C’est notamment ce que propose depuis plusieurs années l’IFLA (International Federation of Libraries Associations) dans le cadre de négociations engagées autour d’un traité à l’OMPI. Mais ce processus est pour l’instant enlisé dans une impasse politique qui risque encore de durer de nombreuses années, en raison de l’opposition des ayants droit.

    Chaque bibliothèque publique pourrait ainsi verser au titre de cette contribution une somme calculée sur la base du nombre d’usagers inscrits. Ces versements mutualisées pourraient ensuite servir à deux objectifs : verser une « rémunération socialisée » aux auteurs et renforcer leurs droits sociaux. Sur le premier point, un complément de rémunération pourrait ainsi être alloué aux auteurs individuels, qui viendrait s’ajouter à leurs droits d’auteur, en prenant comme clé de répartition les achat de supports effectués par les bibliothèques. Chaque année, la SOFIA publie ainsi un bilan des sommes qu’elle reverse aux auteurs au titre du droit de prêt et ce qu’elle montre, c’est que les achats des bibliothèques se répartissent sur un nombre de titres bien plus large que ceux achetés par les consommateurs sur le marché de la culture. C’est en cela que les bibliothèques sont des acteurs importants pour promouvoir la diversité culturelle à côté du marché, qui tend au contraire à concentrer l’essentiel des rémunérations sur un petit nombre d’oeuvres et d’auteurs (effet best sellers, hits, blockbusters, etc.). Voilà pourquoi il y aurait intérêt à ce qu’une partie de la contribution de solidarité des bibliothèques serve à financer un « revenu socialisé » pour les auteurs.

    Car le gouvernement est bien en train de plancher pour mettre en place, dès septembre 2018, son fameux « Passe Culture » issu des promesses de campagne du candidat Macron, sous la forme d’une aide de 500 euros versés chaque année aux jeunes de 18 ans pour financer leurs dépenses culturelles. Le montant de cette opération serait, d’après ce que l’on peut lire dans la presse, de l’ordre de 450 millions d’euros par an, une somme considérable que le gouvernement a pourtant bien l’air décidé à rassembler malgré l’état des déficits publics.

    Mais cette mesure du « Passe Culture » est à l’opposé de la vision des droits culturels, des solidarités actives et de la justice sociale que j’essaie de défendre dans ce billet. Car elle reviendra à effectuer chaque année des injections massives d’argent public directement dans le marché de la culture, qui continuera à répartir ces sommes selon la logique inégalitaire qui le caractérise, c’est-à-dire au bénéfice principal d’une toute petite minorité d’auteurs. Loin de contribuer à favoriser la diversité culturelle, ce dispositif ne peut que creuser encore les inégalités qui existent entre les artistes.

    Dans l’intérêt même de l’immense majorité des créateurs, il vaudrait donc mieux que ces financements aillent à des mécanismes de solidarité qui viendraient contrebalancer les effets négatifs du marché de la culture plutôt que de les alimenter encore…

    #SCELF #Droits_culturels #Lecture #Edition

  • La nouvelle fin de Carmen et les libertés du domaine public – – S.I.Lex –
    https://scinfolex.com/2018/01/10/la-nouvelle-fin-de-carmen-et-les-libertes-du-domaine-public

    par Calimaq - Lionel Maurel

    L’idée même d’une « dénaturation de l’oeuvre » ne fait guère de sens, du moment que l’adaptation est clairement présentée comme telle et ne cherche pas à entretenir de confusion avec l’original. Les oeuvres du domaine public sont par définition « indestructibles » : Carmen restera toujours Carmen, tout comme les adaptations, souvent très libres, des Contes de Perrault par Disney n’ont pas fait disparaître le souvenir des originaux. C’est pourquoi l’analogie employée par Monsieur Poulpe à propos de cette nouvelle fin pour Carmen me paraît aussi choquante qu’absurde. Faire mourir Don José au lieu de Carmen n’a rien à voir avec un « taliban armé d’un lance-roquette qui estime que telle ou telle statue mérite d’être défoncée« . L’oeuvre – par essence immatérielle – est à l’abri des outrages irréversibles que l’on peut faire subir à la pierre. Elle s’offre sans fin aux nouvelles interprétations et c’est cette dynamique de recréation perpétuelle qui contribue à maintenir vivantes dans la mémoire les oeuvres du passé.

    #Domaine_public #Droit_moral

    • Si l’on se réfère à d’autres jurisprudences, on peut constater que cette balance des droits est loin d’être évidente à opérer. Une compagnie de théâtre a par exemple été condamnée pour violation du droit moral pour avoir monté une adaptation de la pièce En Attendant Godot de Samuel Beckett dans laquelle les personnages principaux étaient interprétés par des actrices. Jérôme Lindon, l’exécuteur testamentaire de Beckett, a réussi à obtenir gain de cause en faisant valoir que l’auteur avait laissé des instructions très claires manifestant sa volonté que le sexe des personnages ne soit pas modifié. Les juges ont donc bien retenu en l’espèce la « dénaturation de l’oeuvre », mais on notera que la pièce n’était pas encore entrée dans le domaine public et le jugement a été rendu en 1992, soit avant la jurisprudence des Misérables qui introduit la nécessité de tenir compte de la liberté d’expression et de création.

      https://books.google.fr/books?id=Bc8aBQAAQBAJ&pg=PT107&lpg=PT107&dq=en+attendant+godot+droit+mo

  • Domaine public et sérendipité : le fabuleux destin d’un flocon de neige – – S.I.Lex –
    https://scinfolex.com/2013/04/21/domaine-public-et-serendipite-le-fabuleux-destin-dun-flocon-de-neige

    Lionel Maurel avait repéré Neige avant C&F éditions ;-)

    « Open Source Hat », cela signifie que Samoos voulait réaliser un « bonnet Open Source » ! Et pour que cela soit possible, il est allé chercher des motifs issus du domaine public, afin que sa propre création puisse être vraiment libre. C’est alors qu’il a croisé sur le blog The Public Domain Review, un billet consacré à un ouvrage de 1863, Snowflakes : a chapter from the Book of Nature, comportant de superbes illustrations représentant des flocons de neige. The Public Domain Review est un projet de l’Open Konwledge Foundation qui consiste à dénicher sur Internet des pépites dans le domaine public pour attirer l’attention sur elles et inciter à les réutiliser.

    A partir des dessins sur ces planches, Samoos a réalisé des motifs en format numérique, dont il a pu se servir comme modèle pour la machine à tricoter bidouillée.

    Par la grâce du numérique, voilà donc comment des flocons de neige illustrant un ouvrage de 1863 numérisé par une bibliothèque en Californie se sont retrouvés sur un bonnet Open Source réalisé à Berlin avec une machine à tricoter hackée !

    Cette belle histoire n’a été possible que parce que l’Université de Californie en question a fait le choix de mettre en ligne cet ouvrage sur Internet Archive en laissant la version numérique dans le domaine public sans rajouter de nouvelles couches de droits.

    #Domaine_public #Neige #Tricotage

  • Le Remix selon Google ou la culture web digérée par la novlangue – – S.I.Lex –
    https://scinfolex.com/2018/01/03/le-remix-selon-google-ou-la-culture-web-digeree-par-la-novlangue

    par Calimaq - Lionel Maurel

    Après le rachat récent de Shazam par Apple ou l’union entre Spotify et le chinois Tencent, cette nouvelle annonce pourrait paraître ne constituer qu’une grande manoeuvre parmi d’autres sur le front de la musique en ligne. Mais c’est le nom que Google souhaite donner à ce nouveau service qui m’a fait bondir : YouTube Remix…

    Pour ceux qui s’intéressent un tant soit peu à la culture web, le mot « remix » est chargé d’un sens très particulier. Il renvoie à ce qui a longtemps fait la spécificité des usages en ligne : la culture transformative par laquelle les internautes s’emparent des oeuvres préexistantes pour produire leurs propres créations. C’est le domaine du remix, du mashup, du fanart et des fanfictions, des détournements, des parodies ou des mèmes. Or le fait que Google choisisse de baptiser « Remix » un service de streaming musical payant est tout sauf anodin. C’est à travers les mots eux-mêmes que les batailles culturelles se livrent et Google, le grand maître du « capitalisme linguistique », ne peut l’ignorer.

    Le streaming peut donner une illusion d’abondance et d’accès immédiat à la culture, mais il constitue en réalité une régression dans la possibilité de s’approprier les oeuvres, au sens fort du terme. Il incarne un retour à cette culture du « Read/Only » (ou plutôt « Ear/Only ») qui était l’apanage de la radio et que les industries culturelles tentent depuis des années de restaurer pour enterrer les sulfureux P2P ou Torrent. Mais c’est bien la passivité et le retour à une pratique de consommation qui caractérisent l’utilisateur de streaming. Sa marge de manoeuvre se résume à constituer des playlists et à s’abonner à l’offre Premium des plateformes pour pouvoir écouter sa musique confortablement sur son smartphone…

    De manière intéressante, un autre géant numérique a aussi conclu au mois de décembre un accord avec Universal, mais dans un esprit assez différent. Il s’agit de Facebook qui annonce avoir obtenu une licence mondiale pour « couvrir » l’usage des musiques du catalogue d’Universal par les utilisateurs de Facebook, Instagram et même Oculus VR lorsqu’ils souhaitent « personnaliser » leurs publications. Les termes de l’accord ne sont pas très clairs, mais cela semble vouloir dire que les musiques pourront être utilisées pour illustrer des vidéos. Il ne s’agira donc pas d’une « légalisation » complète des usages transformatifs, mais c’est tout de même un pas effectué dans cette direction. Ce type de dispositif contractuel fait un peu penser à l’accord conclu au début de l’année entre Apple, Spotify et l’intermédiaire Dubset pour que les DJ puissent légalement diffuser et vendre leurs remixes via ces plateformes.
    Licences globales privées

    Ce type de partenariats peuvent paraître à première vue mieux pensés que le YouTube Remix de Google, mais je ne pense pas qu’il faille pour autant s’en réjouir. Ce que Facebook est en train d’accomplir constitue en réalité une sorte de « licence globale privée » qui va lui permettre de se transformer en une zone de partage et de création transformative « tolérée », sur la base d’un privilège que lui accordent les industries culturelles. Or ce type d’accord ne peut à terme que renforcer la position dominante de Facebook ou d’autres firmes comme Apple ou Google, car seuls les plus gros sont en mesure d’arriver à conclure ce type de partenariats avec les ayants droit.

    On comprend dès lors pourquoi Google peut avoir l’arrogance d’appeler son service de streaming « Remix », alors qu’il s’agira de l’exacte antithèse de ce que le remix signifie du point de vue des pratiques culturelles. Cela revient à utiliser la stratégie de la novlangue pour « digérer » lexicalement la spécificité de la culture web et la vider de ses potentialités émancipatrices. Heureusement, ce n’est sans doute pas la fin pour les pratiques transformatives et cela pourrait même constituer le meilleur moyen pour elles de retrouver leur sens. Le verrouillage progressif des grandes plateformes obligera en effet les internautes à revenir à des moyens décentralisés ou auto-gérés de diffusion de la culture participative. Nous arrivons au stade où seule une réappropriation de la maîtrise des infrastructures permettra à cette culture de garder un sens et ça tombe bien, car des acteurs comme Framasoft entretiennent encore l’espoir qu’une alternative est possible (voir leur projet Framatube).

    #Remix #Culture_participative #Google #Propriété_intellectuelle #Robotcopyright #Capitalisme_linguistique

  • #CopyrightMadness : Harry Potter, Anne Frank, impression, Instagram…
    http://www.numerama.com/pop-culture/303269-copyrightmadness-harry-potter-anne-frank-impression-instagram.html

    Chaque week-end, c’est la compilation de l’actualité de la propriété intellectuelle et de ses dérives, concoctée par Lionel Maurel et Thomas Fourmeux. [Lire la suite]

  • Le Comité invisible et les Communs : pourrons-nous encore être « amis » ? – – S.I.Lex –
    https://scinfolex.com/2017/08/31/le-comite-invisible-et-les-communs-pourrons-nous-encore-etre-amis

    Par Lionel Maurel.

    Très beau texte qui permet à la fois de mieux comprendre les communs comme processus social et de critiquer les formules à l’emporte pièce du Comité invisible.

    Sur tous ces points – et bien d’autres – le livre est indéniablement précieux. Mais c’est pourtant une profonde sensation de malaise qui m’a étreint lorsque je l’ai refermé. Car si en apparence l’ouvrage – comme A nos amis le faisait déjà – met constamment en avant le concept « d’amitié » (en affichant l’objectif de « frayer des chemins » ou « d’organiser des rencontres » entre des « mondes amis fragmentés »), il constitue avant tout une expression particulièrement acerbe d’inimitiés, frappant à peu près toutes les composantes du mouvement social. Communistes, syndicalistes, négristes, écologistes, féministes, municipalistes, acteurs de l’Économie Sociale et Solidaire, militants de la Transition : tout le monde y passe successivement, dans un esprit d’excommunication – j’emploie le mot à dessein – traquant la moindre compromission avec le système économique et politique comme motif de disqualification définitive. Ironiquement, les auteurs critiquent la tendance (hélas bien réelle…) des cercles militants à s’entre-déchirer (« Chaque groupuscule s’imagine gratter quelques parts du marché de la radicalité à ses rivaux les plus proches en les calomniant autant qu’il est possible. »), mais le moins que l’on puisse dire, c’est que le Comité Invisible tombe aussi complètement dans ce travers avec ce livre. Or le mouvement des Communs n’échappe pas à ce petit jeu de massacre et c’est ce qui me pousse à écrire sur Maintenant, parce qu’il me semble que de telles attaques appellent une réponse que je n’ai pour l’instant lue nulle part.

    Elle [Elinor Ostrom] insiste par contre sur un point, passé sous silence par le Comité invisible alors qu’il est essentiel : celui de l’importance, en tant que facteur de réussite, de l’auto-organisation et de l’auto-détermination des groupes qui gèrent des Communs, (les mots « self-organization » et « self-governance » reviennent ainsi constamment dans l’ouvrage). Elle constate en effet dans ses observations que, dans les hypothèses où des autorités extérieures ne laissent pas suffisamment d’autonomie aux communautés pour établir des règles adaptées à chaque situation particulière, la gestion en commun échoue quasi systématiquement. Et symétriquement, au sein même des communautés, elle remarque que les modèles hiérarchiques sont moins efficaces et que le succès des groupes est conditionné au fait que l’ensemble des membres puissent prendre part aux délibérations concernant les règles à établir et leur mise en oeuvre. Il y aurait d’ailleurs ici un point de rencontre possible avec la tradition anarcho-libertaire dans laquelle s’inscrit le Comité invisible, notamment via la question de l’auto-gestion. Mais leur positionnement est en réalité si extrême que le simple emploi de termes comme « économie », « gouvernance », « gestion » ou « administration » suffit à leurs yeux à disqualifier la démarche.

    #Communs #Lionel_Maurel #Comité_invisible

  • #CopyrightMadness : découpe de steak, musique Star Wars, podcast, bière…
    http://www.numerama.com/pop-culture/282079-copyrightmadness-decoupe-de-steak-musique-star-wars-podcast-biere.h

    Chaque week-end, c’est la compilation de l’actualité de la propriété intellectuelle et de ses dérives, concoctée par Lionel Maurel et Thomas Fourmeux. [Lire la suite]

  • Quel modèle économique pour une numérisation patrimoniale respectueuse du domaine public ? – – S.I.Lex –
    https://scinfolex.com/2017/06/06/quel-modele-economique-pour-une-numerisation-patrimoniale-respectueuse-du

    Par Lionel Maurel, extrait du livre « Communs du savoir et bibliothèques »

    Lionel Dujol m’a demandé de traiter la question (épineuse) de la numérisation du domaine public en bibliothèque, et plus précisément des modèles économiques qui peuvent sous-tendre ce type d’activités. J’examine quatre types de modèles (la numérisation à la demande, le financement participatif, les partenariats public-privé de numérisation et le Freemium) en essayant de voir lesquels sont les mieux à même de garantir la soutenabilité de la numérisation patrimoniale, sans générer de nouvelles enclosures sur la diffusion de la Connaissance.

  • #CopyrightMadness : Bilbo Le Hobbit, droit d’auteur, Hasbro, Amazon…
    http://www.numerama.com/pop-culture/251531-copyrightmadness-bilbo-le-hobbit-droit-dauteur-hasbro-amazon.html

    Chaque week-end, c’est la compilation de l’actualité de la propriété intellectuelle et de ses dérives, concoctée par Lionel Maurel et Thomas Fourmeux. [Lire la suite]

    • en fait j’étais tellement persuadé qu’il était dispo en PDF librement … je n’avais pas vérifié !

    • En fait, ils ont indiqué que les textes restaient sous licence CC suite à une intervention de Lionel Maurel (c’est visiblement une erreur de leur part de ne pas l’avoir indiqué directement sur le livre).
      Après, licence CC ne veut pas dire que c’est à eux de mettre le source en ligne... ça veut dire qu’ils ne s’opposeront pas à ce que quelqu’un le fasse.
      Sinon, cela voudrait dire qu’ils ne font plus de commerce... donc plus d’argent, plus de traduction, et au final pas de diffusion. L’équilibre économique de l’édition est quelque chose d’assez difficile à obtenir.

    • @hlc Il me semble que les éditions de l’éclat et d’autres, font les deux c’est à dire du commerce et des lybers, je crois que c’est la filiale de la découvertes Zones qui fait ça aussi. Les livres sortent en librairie et sont disponibles en ligne. Je pense aussi à ce bouquin, qui a eu déjà plusieurs éditions et est à nouveau épuisé :
      http://micropolitiques.collectifs.net

      @suske c’est parce que tu manques de boulets sauce lapin !

    • @supergeante Oui, il y a toujours plusieurs modèles économiques avec les Creative Commons... mais il ne sont pas obligatoires (à la différence de la GPL pour les logiciels qui contraint à ouvrir et partager le code modifié... mais l’économie du logiciel + service est totalement différente de l’économie du livre).
      C’est pas facile de trouver un bon modèle qui partage et qui permette une économie. On a essayé de le formuler avec notre Licence édition équitable (http://edition-equitable.org)... mais c’est pas facile.
      Et puis pour moi, le « partage », c’est entre gens qui se connaissent (des « communautés »), et le « gratuit » c’est souvent un prix d’appel, un arbre qui cache une forêt de captation des traces ou bien le dumping de ceux qui ont les moyens pour couvrir le monde de leur vision des informations (cf les journaux « gratuits » de propagande distribués dans nos villes).

    • @hlc il est tout à fait logique que tu ramènes cette question à ta propre expérience d’éditeur, et tout le monde convient que cette équation économique n’est pas facile. Même si, comme le dit Peg, l’expérience lyber montre que la question n’est pas si tranchée que tu sembles vouloir le dire (internet => pas d’argent => pas de traduction).

      Mais là on ne fait pas des généralités : dans ce cas précis, pour cet auteur précis, sur ce sujet précis, le fait de ne pas distribuer le livre librement et volontairement paraît (pour le dire gentiment) un contre-sens.

      Et suggérer que quelqu’un prenne le risque de « pirater » le livre (comment, d’ailleurs ?) en disant « il est probable que l’éditeur ne va pas poursuivre en justice », c’est incompréhensible quand on met ça en rapport avec l’histoire d’Aaron.

    • En fait l’expérience a souvent montré que les livres disponibles en Lyber étaient aussi ceux qui se vendaient le mieux en librairie, ou en tout cas que leur disponibilité n’entravait pas les ventes (ceux qui les lisent en ligne ne les auraient de toute façon pas achetés).

      Cf. le texte de Michel Valensi « Petit traité plié en dix sur le Lyber »
      http://www.lyber-eclat.net/lyber/lybertxt.html