person:lonnie swartz

  • Mexican Smuggler Says Trump’s Wall Won’t Stop Him — Here’s Why

    Everything from dogs and blimps to Gamma-ray imaging systems and video surveillance is used to prevent people from crossing the U.S.-Mexico border, making the prospect of a wall seem obsolete.

    http://www.seeker.com/mexican-smuggler-says-trumps-wall-wont-stop-him-heres-why-2260853414.html
    #passeurs #Trump #murs #barrières_frontalières #USA #Etats-Unis #fermeture_des_frontières #frontières

    cc @albertocampiphoto @daphne @marty

    • #Nogales wary about executive order to start building border wall

      NOGALES, ARIZONA – As President Donald Trump signed executive orders in Washington to build a wall and increase enforcement of the U.S.-Mexico border, Carlos Santa Cruz’s small section of fence behind his house was quiet and serene. A landscaper in Nogales and Rio Rico, he has lived right next to the border for 37 years and has seen the changes that have come with different presidential administrations.


      https://cronkitenews.azpbs.org/2017/01/25/nogales-wary-executive-order-building-border-wall

    • Au pied du mur

      Donald Trump veut construire un mur « impénétrable, beau et solide » à la frontière Sud des Etats-Unis. Sur les 3200 kilomètres de démarcation avec le Mexique, un tiers est déjà « barricadé ». Voyage dans un monde de migrants, de trafiquants et de séparations. En pleine canicule.

      Notre périple avait commencé à Phoenix, la capitale de l’Arizona, avec une petite angoisse. Malgré des contacts répétés avec un porte-parole de la Border Patrol – « Vous savez qu’avec la nouvelle administration il faut entre quatre et six mois pour obtenir l’aval de Washington pour passer une journée avec nous ? » –, toujours pas de rendez-vous fixé avec Vicente Paco. Notre interlocuteur était parti en vacances, apparemment sans transmettre le dossier à son collègue, beaucoup moins coopérant. Et puis, soudain, le coup de fil attendu : Vicente Paco !

      Rendez-vous a été donné à #Nogales, sur le parking d’un centre commercial. On file vers la ville, direction sud. Cinq heures de route, avec des cactus à n’en plus finir, une ferme d’autruches, un coyote écrasé et un serpent à sonnette au sort pas plus enviable.

      Nogales ? L’arrivée dans la ville n’est pas des plus chatoyantes. De larges routes, des hôtels de chaîne, les mêmes que l’on retrouvera tout au long du périple, des fast-foods. On retrouve l’agent, comme prévu, sur un parking, sous une chaleur suffocante. Il est pile à l’heure. Les règles sont strictes : interdiction de monter dans sa Jeep sans le fameux sésame de Washington. On le suit donc avec notre voiture. « Elle est solide ? Il va falloir grimper un peu. » En route !

      Le Mexicain qui chasse les Mexicains

      La voilà, la fameuse barrière rouillée qui coupe Nogales en deux. « Vous voyez les traces plus claires sur ces piliers ? glisse Vicente Paco. C’est là où des migrants ont glissé pour descendre côté américain. » On se trouve sur un petit monticule où viennent de passer trois biches. De l’autre côté de la barrière qui s’étend à perte de vue, c’est le Mexique.

      Silhouette svelte et regard volontaire, Vicente Paco, 35 ans, la main gauche toujours posée sur son taser, porte l’uniforme vert de la Border Patrol depuis 2010. Dans sa famille, tous se battent pour la sécurité des Etats-Unis, précise-t-il avec fierté. « Mon grand-père a fait la guerre de Corée, mon père le Vietnam et j’ai moi-même servi pendant quatre ans dans le Golfe. Ce sont les attentats du 11 septembre 2001 qui m’ont poussé à m’engager dans la Navy. » Aujourd’hui, sa tâche principale consiste à traquer les migrants clandestins en plein désert de Sonora et à les déporter. Un Mexicain qui chasse les Mexicains ? « Mon père est devenu Américain, je le suis aussi. Je suis né au Mexique, mais je suis arrivé aux Etats-Unis à l’âge de 12 ans, légalement », rectifie-t-il. Il ajoute, le regard noir : « Quand je porte l’uniforme, je suis là pour appliquer la loi et servir les Etats-Unis, rien d’autre ne compte. »

      Ici, la barrière s’étend sur 4 kilomètres et fait entre 5 et 8 mètres de hauteur, selon les endroits. Un avant-goût du mur « beau et grand » que Donald Trump veut ériger tout le long de la frontière. Le président américain évalue les coûts de sa construction à 12 milliards de dollars, un rapport du Département de la sécurité évoque le chiffre de 21 milliards. Donald Trump espère envoyer l’essentiel de la facture au président mexicain. « Jamás ! » lui a rétorqué ce dernier.

      Un tiers des 3200 kilomètres de frontière sont déjà barricadés. Grâce au Secure Fence Act (2006) signé par George W. Bush dans le sillage des attentats du 11 septembre 2001. Avec l’élection de Donald Trump, la chasse aux clandestins est montée d’un cran. Le président dit vouloir s’en prendre avant tout aux « bad hombres », auteurs de viols, de trafic de drogue et autres délits graves, mais depuis son élection, un homme présent sur sol américain depuis trente ans peut désormais être déporté pour avoir conduit sans permis.

      A Nogales, la barrière est presque intimidante. Dès qu’on s’éloigne un peu de la ville, elle se transforme en barricade anti-véhicules, plus basse, dont le but premier est d’empêcher les trafiquants de forcer le passage avec leurs pick-up. La zone est ultra-sécurisée. Tours de contrôle, caméras infrarouges et appareils de détection de mouvements au sol permettent à Vicente Paco et à ses collègues d’être alertés à la seconde du moindre passage illégal. Sans oublier les drones et les hélicoptères. Impossible de se promener dans la ville plus de dix minutes sans tomber sur une des fameuses jeeps blanches à larges bandes vertes de la Border Patrol.

      Vicente Paco s’appuie contre le « mur ». « Avant 2010, on ne pouvait pas voir à travers. C’était dangereux. Nos agents étaient parfois la cible de jets de pierres. » Il tait un drame pourtant omniprésent dans la ville. Le 10 octobre 2012, José Antonio Elena Rodriguez, un Mexicain de 16 ans, a été tué par un agent. Lonnie Swartz était du côté américain. Visé avec ses coéquipiers par des pierres, il a tiré à travers les barreaux. Dix balles ont touché José Antonio, qui s’est vidé de son sang, côté mexicain. En 2014, sa mère, excédée par la lenteur de l’enquête, a porté plainte. Le procès ne cesse d’être repoussé.

      Vicente Paco patrouille seul dans sa Jeep. Dans le secteur de Tucson, détaille-t-il, la Border Patrol dispose de 4000 agents pour surveiller 421 kilomètres de frontière. Ils ont arrêté 64 891 individus d’octobre 2015 à octobre 2016 (415 816 sur l’ensemble du pays). 7989 étaient des mineurs, la très grande majorité (6302) non accompagnés. En 2000, ces chiffres étaient dix fois plus élevés : 616 300 arrestations recensées dans le secteur de Tucson et 1,6 million sur le plan national.

      A sa ceinture, un pistolet, un taser, des menottes, un bâton télescopique, un couteau et des jumelles. A-t-il déjà fait usage de son arme à feu ? « Je ne vais pas répondre à cette question. Tout ce que je peux dire, c’est que le recours à la force est parfois nécessaire. »

      L’effectif des gardes-frontières est passé en quelques années de 10 000 à 21 000 agents. Donald Trump a promis d’en engager 5000 de plus. Les salaires sont attractifs, les conditions de retraite également. Des points indispensables pour limiter les cas de corruption et de collaboration avec les cartels.

      Vicente Paco l’avait dit tout de go : pas question de parler de politique. Il préfère raconter les migrants pourchassés en ville, décrire la partie mexicaine comme un enfer contrôlé par les trafiquants – « N’allez pas côté mexicain seule ! » – et évoquer les 115 tunnels rebouchés par ses collègues. Des souterrains surtout utilisés par les trafiquants de drogue, qui se montrent toujours plus inventifs. Quand ils n’utilisent pas des migrants comme mules, il leur arrive de recourir à des catapultes géantes et à des drones. Ils se moquent des barrières. D’ailleurs, ici à Nogales, la plupart des habitants lèvent les yeux au ciel à la seule évocation du mur de Trump. Personne n’y croit vraiment.

      Nogales côté mexicain, le contraste

      Le lendemain, après quelques tacos de carne asada et une agua fresca de melón, on file, à pied, découvrir « l’autre Nogales ». Pour aller au Mexique, rien de plus simple. Pas de queue et même pas besoin de montrer son passeport. Nogales côté mexicain ? Le contraste est saisissant : marchés folkloriques, petite place où les habitants se racontent leur vie, procession funéraire qui avance au rythme d’une batterie endiablée. Et des cliniques dentaires à profusion, très prisées des Américains. Rien à voir avec cette ambiance pesante des patrouilles de gardes-frontières côté Arizona. C’est du moins la toute première impression qui s’en dégage. Car les cartels de la drogue contrôlent la ville. Et dans les foyers d’urgence, les migrants arrivés jusqu’à la frontière – beaucoup viennent d’Amérique centrale – et ceux qui ont déjà été refoulés ont une tout autre image de Nogales-Sonora. Celle d’un rêve brisé.

      Un nom résonne en particulier. Celui de Guadalupe Garcia Aguilar. C’est le premier cas de déportation fortement médiatisé depuis que Donald Trump a édicté son décret sur la migration illégale le 25 janvier. Arrêtée en 2008 à Phoenix alors qu’elle travaillait avec un faux numéro de sécurité sociale, elle a été libérée six mois plus tard grâce à l’ONG Puente. A une condition : se présenter chaque année devant des fonctionnaires du « ICE », acronyme de Immigration and Customs Enforcement. Un moment source de stress.

      Le 8 février, elle s’est donc pliée à ce contrôle de routine. Mais la guerre lancée par Donald Trump contre les clandestins « criminels », y compris ceux qui ont commis de petits délits ou sur lesquels pèsent des soupçons, lui a fait craindre le pire. Elle avait raison. Guadalupe n’est pas ressortie du bâtiment officiel, là où sa famille et des membres de Puente l’attendaient en chantant « No está sola ! ». Elle a été embarquée dans une camionnette, menottée, et déportée vers Nogales, la ville par laquelle elle était arrivée il y a 21 ans. Ni les cris « Libération, pas déportation ! » ni la tentative d’un homme de s’accrocher à une roue de la camionnette n’ont pu empêcher son expulsion. La voilà séparée de son mari et de ses enfants, restés aux Etats-Unis.

      « Depuis que Donald Trump est au pouvoir, ce genre de drames est fréquent. Les passeurs ont par ailleurs augmenté les prix pour les migrants », souligne Sergio Garcia, avec son accent chantant. Journaliste, il travaille comme porte-parole pour la municipalité de Nogales-Sonora. La corruption est très présente des deux côtés de la frontière, dit-il, et la guerre contre le narcotrafic est « una farsa ». « Comment expliquez-vous que la frontière du pays le plus puissant du monde soit ainsi contrôlée par des groupes armés et des cartels ? Les Etats-Unis ont tout intérêt à ce que le trafic de drogue subsiste. »

      Il est temps de retourner côté américain. Passé les petites tracasseries habituelles et le tampon dans le passeport que l’agent peu aimable ne trouvait pas – il était pourtant bien visible –, restait la dernière question : « Et là, vous transportez quoi, dans ce sac ? » Moi, sans me rendre tout de suite compte de l’absurdité de la situation : « Oh, juste trois crânes ! » Le douanier a vite compris qu’il s’agissait de têtes de mort en céramique richement décorées, un classique de l’artisanat local. Ouf.

      Avec Wyatt Earp, Billy the Kid et deux trumpistes

      Après Nogales, on met le cap sur El Paso, au Texas, et son pendant mexicain, Juarez. Et pour aller à El Paso, un petit détour par Tombstone s’imposait. C’est là que s’est déroulée, en 1881, la fusillade d’OK Corral, le fameux règlement de comptes entre Wyatt Earp, ses frères, Doc Holliday et une bande de coriaces hors-la-loi. On s’y croirait encore. Dans cette bourgade de cow-boys, les habitants vivent à 100% du tourisme. Alors ils font l’effort de s’habiller en vêtements d’époque. Ils le font presque avec naturel. Et puis, il y a des passionnés, capables de commenter pendant des heures, dans deux musées très bien faits, le moindre objet ayant appartenu à Wyatt Earp, Billy the Kid ou Big Nose Kate. On a beau ne pas être passionné par les histoires de westerns, on ne ressort pas tout à fait indemne de cette ville-musée à l’atmosphère si particulière. Est-ce le fait d’avoir dormi dans le bordello de l’époque, dans la chambre de « Scarlet Lady » ?

      Retour à la réalité le lendemain, réveillés par un cri de coyote. Direction la maison de Moe pour le petit-déjeuner. Un sacré personnage, Moe. Tout comme Jane, qui prépare les œufs brouillés et le bacon.

      Des trumpistes purs et durs. « Trump est merveilleux, il veut nous remettre au cœur des préoccupations », souligne Jane. « Ce mur avec le Mexique est nécessaire. Ceux qui viennent illégalement profitent de notre système. Ils acceptent des bas salaires et, surtout, ne dépensent rien aux Etats-Unis ! » Moe acquiesce. Mais il préfère raconter ses souvenirs d’après-guerre – il était à Berlin en 1953 pour le plan Marshall – et nous montrer sa collection de quartz. Dont un avec une tête d’alligator fossilisée. Jane poursuit sur sa lancée : « Le Mexique doit s’occuper des gens qui veulent émigrer : c’est un pays riche en ressources minières, ils devraient avoir le même niveau que nous. » Elle l’assure, tous les touristes qu’elle a rencontrés à Tombstone trouvent Trump « très bien ».

      Après la visite de #Tombstone, la ville « too tough to die » [trop coriace pour mourir], on continue sur El Paso. Six heures de route en prenant des chemins de traverse. On croise un panneau « Proximité d’une prison, prière de ne pas prendre d’auto-stoppeurs », traverse des vergers de pacaniers (noix de pécan) et une ville qui s’appelle Truth or Consequences.

      De El Paso à #Juarez

      #El_Paso, bastion démocrate dans un Etat républicain, est, comme Nogales, opposée au projet de mur de Trump. La ville est aujourd’hui considérée comme l’une des plus sûres des Etats-Unis. Ici, la barrière court sur une courte distance. Par endroits, elle s’arrête abruptement, ou présente des « trous », comblés par des jeeps de la Border Patrol postées devant. Un « mur » mité, en somme.

      On part rejoindre Juarez à pied. Cette fois, il faut payer 50 cents pour traverser le pont qui enjambe le Rio Bravo. Comme à Nogales, pas de passeport à montrer. De l’autre côté, la ville est très animée, mais avec une forte présence policière. Les agents patrouillent en groupes, à pied, en jeeps et en quads. En tenue de combat, épais gilet pare-balles et armés jusqu’aux dents. Parfois le visage masqué. Là encore, on nous fait comprendre qu’il vaut mieux éviter de s’aventurer dans certains quartiers. On avait d’ailleurs hésité à venir à Juarez. La ville traîne une sale réputation : elle a pendant longtemps été considérée comme la plus dangereuse du monde, minée par une guerre des cartels de la drogue. La « capitale mondiale du meurtre », surtout de femmes. Mais, la veille, deux margaritas ont fini par nous convaincre d’y faire un saut. Ou plutôt le barman José, qui les préparait avec passion. Depuis que l’armée mexicaine est intervenue en 2009 pour tenter de neutraliser membres de cartels et paramilitaires, Juarez n’est plus autant coupe-gorge qu’avant, nous avait-il assuré. Les sicarios, ces tueurs liés aux cartels, font un peu moins parler d’eux.

      Lui-même est arrivé illégalement aux Etats-Unis, il y a vingt ans. « J’étais avec mon oncle. A l’époque, on m’avait juste dit de dire « American ! » en passant la douane. Je l’ai fait – je ne connaissais aucun autre mot en anglais – et j’étais aux Etats-Unis ! C’était aussi simple que ça. Les temps ont beaucoup changé », lâche-t-il dans un grand éclat de rire.

      Cette fois, le retour côté américain est plus compliqué. Une douanière fronce les sourcils en voyant notre visa de journaliste. Elle abandonne son guichet et nous dirige vers une salle, pour « vérification ». Zut. On doit déposer nos affaires à l’entrée, s’asseoir – des menottes sont accrochées à la chaise – et attendre de se faire interroger. Une situation désagréable. Un agent à l’allure bonhomme se pointe, visiblement de bonne humeur. Il n’avait qu’un mot à la bouche : tequila. « Quoi ? Vous rentrez du Mexique et vous n’avez même pas acheté de tequila ? » Un piège ? On bredouille qu’on n’aime pas trop ça. On ne saura jamais si c’était un test ou pas. Prochaine étape : Tucson, et surtout Sells, le chef-lieu de la tribu amérindienne des Tohono O’odham.

      Le dilemme de la tribu des #Tohono_O’odham

      A #Sells, les cactus sont plus nombreux que les habitants. C’est ici, en plein désert de #Sonora, que les Tohono O’odham (« peuple du désert ») ont leur gouvernement, leur parlement, leur prison et leur police tribale. Rendez-vous était pris avec Verlon Jose, le numéro deux de la tribu amérindienne. Mais il nous a posé un lapin. On a donc eu droit au chef (chairman), Edward Manuel, un peu moins habitué aux médias.

      Bien décidés à s’opposer au mur de Donald Trump, les Tohono O’odham se trouvent dans une situation particulière : 2000 de leurs 34 000 membres vivent au Mexique. La tribu est coupée en deux. Elle l’est de fait déjà depuis le traité de Gadsden de 1853, mais elle refuse que des blocs de béton concrétisent cette séparation. Certains membres ne pourraient alors même plus honorer la tombe de leurs parents. D’ailleurs, dans leur langue, il n’y a pas de mot pour dire « mur ». « Le projet de Donald Trump nous heurte pour des raisons historiques, culturelles, mais aussi spirituelles et environnementales. Et parce que nous n’avons même pas été consultés », dénonce, sur un ton ferme mais calme, Edward Manuel.

      Chez les Tohono, pas de rideau de fer comme à Nogales, mais du sable, des arbustes secs, des montagnes et des canyons. Avec, par endroits, des Normandy-style barriers, des sortes de structures métalliques qui émergent du sable, de quoi empêcher des véhicules de passer. Mais pas les hommes, ni les animaux.

      Edward Manuel et sa « Nation » ont avalé bien des couleuvres. Ils ne voient pas d’un bon œil la militarisation de la frontière, mais ont dû apprendre à collaborer avec la Border Patrol, déjà bien présente sur les 100 kilomètres de frontière qui passent par leurs terres. Car les cartels de la drogue y sont très actifs. Des membres de la tribu ont été séquestrés et brutalisés. Le chairman parle lentement. « Il y a un cartel en particulier qui contrôle la zone. Nos jeunes sont parfois recrutés. Ce sont des proies faciles : le taux de chômage est élevé dans la tribu. Se voir proposer plusieurs milliers de dollars est très tentant. »

      La réserve est aussi devenue un corridor mortel pour les migrants. Edward Manuel brise un autre tabou. « Si nous en trouvons en difficulté, nous les soignons dans nos hôpitaux, avec l’argent fédéral que nous recevons. » Délicat. Quand des corps sont retrouvés, la police tribale mène des enquêtes et doit transférer les dépouilles à l’institut médico-légal de Tucson pour procéder à des autopsies, coûteuses. Mais parfois, nous dit-on, les dépouilles sont enterrées là où elles sont trouvées, et resteront probablement à jamais anonymes. D’ailleurs, le long de la route qui mène à Sells, nous avons été frappés par le nombre de petites croix fleuries. Des accidents de la route, mais pas seulement. Des clandestins morts déshydratés, aussi.

      Le chef évoque un chiffre : la tribu dépense près de 3 millions de dollars par an pour « gérer ces problèmes de frontière », une somme non remboursée par le gouvernement fédéral et à laquelle s’ajoutent les frais médicaux. Alors, forcément, la tentation est grande de vouloir laisser un plus grand champ d’action aux agents de la Border Patrol. Même si leurs courses-poursuites en quad dans le désert brusquent leur quiétude et effraient le gibier qu’ils aiment chasser. C’est le dilemme des Amérindiens : ils veulent conserver leur autonomie et défendre leurs droits, mais la situation tendue les contraint à coopérer avec les forces de sécurité. Au sein de la tribu, des divisions apparaissent, entre les plus frondeurs et les pragmatiques. Mais ils sont au moins unis sur un point : personne ne veut du mur de Trump. « Les 21 tribus de l’Arizona nous soutiennent dans notre combat », insiste le chef.

      Edward Manuel tient à relever les effets positifs de cette coopération : en dix ans le nombre d’arrestations a baissé de 84%. La barrière anti-véhicules installée en 2006 y est pour beaucoup. La police tribale a procédé à 84 186 arrestations dans la réserve en 2006, chiffre qui est tombé à 14 472 en 2016.

      Le chef est également préoccupé par l’impact qu’un « vrai mur » aurait sur la migration des animaux. « Et qui a pensé au problème de l’écoulement naturel de l’eau en période de mousson ? La nature est la plus forte. » Le porte-parole venu de Tucson acquiesce discrètement. Ce n’est pas un membre de la tribu, mais il a fallu passer par lui pour que les Amérindiens puissent s’exprimer dans un média.

      La problématique des Tohono rappelle celle de propriétaires de terrains privés, du côté du Texas notamment, menacés d’expropriation pour que Donald Trump puisse construire son mur. Plus d’une centaine d’actions en justice ont déjà été lancées. Certains ont accepté des portions de barrière sur leur terrain, en échange de compensations. Et d’un code électronique pour pouvoir franchir le grillage qui s’érige sur leur propriété.

      Edward Manuel semble fatigué. Mais il a encore une chose à dire : il a invité Donald Trump à venir « voir concrètement ce qui se passe du côté de Sells. Il verra bien que ce n’est pas possible de construire un mur ici. » Le président avait accepté l’invitation. Des dates avaient même été fixées. Puis la Maison-Blanche a annulé, sans jamais proposer de nouvelles dates. Pourquoi ? Seul Donald Trump le sait.

      Les morts qui hantent le désert de Sonora

      On continue notre route vers l’ouest, avec un crochet par l’Organ Pipe Cactus National Monument. Le désert de Sonora est d’une beauté insolente. Des drames s’y déroulent pourtant tous les jours, parfois en silence, comme étouffés.

      Le 15 juin, en début de soirée, la Border Patrol a joué une scène digne d’un mauvais film d’action : elle a pris d’assaut un campement humanitaire en plein désert, dans le but de dénicher des clandestins. Et elle en a en trouvé quatre. L’ONG No More Deaths est sous le choc. C’est elle qui gère ce camp un peu spécial, dont le but est de soulager, le temps d’une étape, les migrants qui se lancent dans une traversée périlleuse depuis le Mexique. Une tente, du matériel médical, des lits et beaucoup d’eau, voilà ce qu’elle leur propose.

      « La Border Patrol connaissait l’existence de ce camp et, jusqu’ici, elle tolérait sa présence », explique Chelsea Halstead, qui travaille pour une autre ONG active dans la région. Un accord a été signé en 2013 : les agents s’engageaient à ne pas y intervenir. Mais le 15 juin, alors qu’ils traquaient déjà depuis plusieurs jours les clandestins aux abords du camp, ils ont décidé de troquer les goutte-à-goutte contre des menottes. Une quinzaine de jeeps, deux quads et une trentaine d’agents lourdement armés ont investi le camp. Chelsea Halstead : « Les migrants risquent maintenant de penser qu’un piège leur a été tendu. C’est dévastateur pour le travail des humanitaires. »

      #No_More_Deaths s’attelle depuis treize ans à empêcher que des migrants meurent dans le désert. Des bénévoles vont régulièrement y déposer des réserves d’eau. Depuis 1998, plus de 7000 migrants ont trouvé la mort dans les quatre Etats (Californie, Arizona, Nouveau-Mexique et Texas) qui bordent le Mexique. Environ 3000 ont péri dans le seul désert de Sonora, déshydratés.

      Dans l’Organ Pipe Cactus National Monument, une réserve de biosphère qui abrite d’étonnantes cactées en forme d’orgues, une pancarte avertit les randonneurs : « Contrebande et immigration illégale peuvent être pratiquées ici. Composez le 911 pour signaler toute activité suspecte. » Interrogé, le manager du parc relativise les dangers. Une plaque en marbre devant le centre des visiteurs raconte pourtant une triste histoire. Celle de Kris Eggle, un apprenti ranger, tué à 28 ans par les membres d’un cartel qu’il était en train de poursuivre.

      Ce jour-là, pas loin de la piste, on aperçoit un bout d’habit pris dans les ronces. Par terre, une chaussure, sorte d’espadrille raccommodée, avec le genre de semelles qui ne laisse pas de traces. Celles que privilégient les migrants. Ils les recouvrent parfois avec des bouts de tapis.

      Pour passer aux Etats-Unis par cette région hostile, les migrants peuvent débourser jusqu’à 6000 dollars. Plus le chemin est périlleux, plus le prix augmente. C’est bien ce que dénoncent les activistes : la militarisation de portions de frontière pousse les migrants à emprunter des chemins toujours plus dangereux, en alimentant l’industrie des « coyotes » – le nom donné aux passeurs –, qui eux-mêmes travaillent parfois main dans la main avec les cartels de la drogue.

      Les « coyotes » abandonnent souvent les migrants en plein désert après avoir empoché l’argent. Ce n’est que la première difficulté à laquelle les clandestins font face. Poursuivis par les agents de la Border Patrol, ils sont parfois également traqués par des milices privées composées d’individus lourdement armés à l’idéologie proche de l’extrême droite qui, souvent, cherchent « à faire justice » eux-mêmes. Quand ils ne tombent pas sur des brigands. Des cas de viols et de meurtres sont signalés. Dans le désert, c’est la loi du plus fort.

      « Chaque jour, entre trente et plusieurs centaines de gens passent par illégalement dans la région », raconte un agent de la Border Patrol, à un checkpoint à la sortie du parc, pendant qu’un chien sniffe l’arrière de la voiture. « Surtout des trafiquants. »

      Chelsea Halstead travaille pour Colibri, un centre qui collabore avec l’institut médico-légal de Tucson. L’ONG s’est donné un but : identifier les corps, donner un nom aux restes humains retrouvés dans le désert. Faire en sorte que « Doe 12-00434 » ou « Doe 12-00435 » retrouvent enfin leur identité. « Nous avons obtenu l’an dernier l’autorisation de procéder à des tests ADN. Cela simplifie considérablement nos recherches. Avant, on recueillait les informations de familles qui n’ont plus de nouvelles d’un proche, et nous les transmettions aux médecins légistes. Mais s’il n’y avait pas de signalement particulier, comme une caractéristique au niveau de la dentition ou du crâne, c’était comme rechercher une aiguille dans une botte de foin. » En prélevant des échantillons d’ADN chez les familles de disparus, Colibri espère pouvoir identifier des centaines de corps encore anonymes. Un bandana, une poupée, une bible : tous les objets retrouvés dans le désert, à proximité ou non de restes humains – les animaux sauvages sont parfois passés par là –, ont une histoire, que l’ADN peut permettre de reconstituer.

      Mais le centre se heurte parfois à un obstacle : la peur. « Notre travail n’a pas vraiment changé avec l’élection de Donald Trump. Mais les déportations sont plus massives, chaque clandestin se sent potentiellement en danger », précise Chelsea. Une femme a été arrêtée et déportée alors qu’elle subissait une opération pour une tumeur au cerveau, rappelle-t-elle. Autre exemple : une victime de violence conjugale. Son compagnon a dénoncé son statut migratoire, et la voilà expulsée. « Les clandestins sont tétanisés. Ils craignent d’être arrêtés en se rendant chez nous. Une famille de Los Angeles, qui nous avait fourni de l’ADN, nous a appelés pour nous dire qu’un de leur fils a été déporté peu après. »

      Chelsea est encore toute tourneboulée par l’épisode du raid. Dans le désert, quand un migrant parvient à trouver une balise de sauvetage et appelle le 911, il tombe généralement sur la Border Patrol, et pas sur des équipes médicalisées. « Ils veulent nous faire croire qu’ils sauvent des vies, mais ils s’empressent de déporter les migrants. On a même eu droit à une fausse opération de sauvetage par hélicoptère, où un agent de la Border Patrol jouait le rôle d’un migrant ! » assure-t-elle.

      A #Ajo, on n’aime pas parler de migration illégale

      Depuis le parc de cactus, on remonte vers la petite ville d’Ajo. Les gens ne sont pas toujours bavards, ni les journalistes bienvenus. Chez Marcela’s, la Marcela en question, une Mexicaine, n’avait visiblement pas très envie de parler immigration illégale ce jour-là. Sa préoccupation : faire fonctionner son petit restaurant. Elle a trouvé un bon créneau : elle est la seule de la ville à offrir des petits-déjeuners. Alors plutôt que de répondre aux questions, elle file chercher le café.

      Départ pour #Yuma, située à la confluence du Colorado et de la rivière Gila. De l’autre côté de l’eau, le Mexique. Après avoir fait un tour en ville et tenté d’approcher le mur – le nombre de sens interdits nous fait faire des kilomètres –, on descend vers #Gadsden. Là, à force de chercher à approcher la barricade, on l’a vue de très près, en empruntant, sans le remarquer tout de suite, un chemin totalement interdit. D’ailleurs, à cet endroit, le « mur » s’est arrêté sec au bout de quelques centaines de mètres.

      Plus rien. Ou plutôt si : du sable, des ronces et des pierres. Plus loin, la barricade se dédouble. A un endroit, elle jouxte une place de jeu, qui semble laissée à l’abandon.

      A San Diego, le « mur » se jette dans le Pacifique

      On décide un peu plus tard de poursuivre l’aventure jusqu’à San Diego. La route est presque droite. On traverse le désert de Yuha, des montagnes rocheuses, des réserves amérindiennes, des champs d’éoliennes et des parcs de panneaux solaires. Avec un détour par Calexico – contraction de « California » et de « Mexico » – pour avaler deux-trois tacos. En face, son pendant, Mexicali, mariage entre « Mexico » et « California ». A Calexico, on a beau être encore aux Etats-Unis, l’espagnol domine. Dans la petite gargote choisie pour midi, l’ambiance est étrange. Les clients ont tous des visages boursouflés et tristes.

      L’entrée à #San_Diego est impressionnante, avec ses autoroutes à voies multiples. Ici, le « mur » se jette dans le Pacifique. On parque la voiture dans le Border State Park, et c’est parti pour 30 minutes de marche sous un soleil cuisant. Une pancarte avertit de la présence de serpents à sonnette. Très vite, un bruit sourd et répétitif : les pales d’hélicoptères, qui font d’incessants va-et-vient. On se trouve dans une réserve naturelle. Au bout de quelques minutes, la plage. Elle est déserte. On se dirige vers la palissade rouillée. Le sable est brûlant. Le bruit des vagues est couvert par celui des hélicoptères. Et par la musique qui émane de la jeep d’un agent de la Border Patrol, posté face au Mexique. Pas vraiment de quoi inspirer les Californiens : ils ont de belles plages un peu plus loin, sans barbelés, sans panneaux leur indiquant de ne pas s’approcher de la palissade, sans caméra qui enregistre leurs faits et gestes. De l’autre côté, à Tijuana, c’est le contraste : des familles et des chiens profitent de la plage, presque accolés aux longues barres rouillées. Un pélican passe nonchalamment au-dessus de la barrière.

      Le week-end, l’ambiance est un peu différente. Le parc de l’Amitié, qui porte aujourd’hui très mal son nom, ouvre pendant quelques heures, de 10 à 14 heures. C’est là que des familles, sous l’étroite surveillance de la Border Patrol, peuvent, l’espace de quelques instants, franchir la première barrière côté américain, se retrouver dans le no man’s land qui sert de passage pour les jeeps des gardes-frontières, et se diriger vers la deuxième. Pour enfin pouvoir, à travers un grillage, toucher, embrasser leurs proches. C’est le sort de familles séparées par la politique migratoire.

      Ce parc a été inauguré en 1971 par l’épouse du président Richard Nixon. Jusqu’à mi-2009, il était possible de s’étreindre et de se passer des objets, presque sans restriction. Puis, le parc a fermé, le temps de construire une nouvelle barrière, en acier cette fois, de 6 mètres de haut. Il a rouvert en 2012. Ses environs sont désormais quadrillés en permanence par des agents de la Border Patrol. En jeeps, en quads et à cheval. C’est devenu l’une des portions de frontière les plus surveillées des Etats-Unis. Avec Donald Trump, elle pourrait le devenir encore plus.

      Sur la piste des jaguars
      La construction du mur « impénétrable, beau et solide » de Trump aurait des conséquences désastreuses sur l’écosystème, avertissent les scientifiques. Les rares jaguars mexicains venus aux Etats-Unis pourraient en pâtir. Et en matière de jaguars, Mayke et Chris Bugbee en connaissent un rayon.

      Mayke est un berger malinois femelle. Elle était censée faire carrière dans la traque aux narcotrafiquants, détecter drogues et explosifs, mais la Border Patrol n’en a pas voulu : la chienne a peur des gros camions. Peu importe : Mayke a aujourd’hui une existence bien plus fascinante. Repérée par le biologiste Chris Bugbee, elle a été formée pour surveiller un autre type de clandestin venu tout droit du Mexique : El Jefe. L’un des rares jaguars à avoir foulé le sol américain.

      El Jefe (« le chef ») vient probablement de la Sierra Madre, une chaîne de montagnes du nord du Mexique. La dernière fois qu’il a été filmé aux Etats-Unis – il lui arrive de se faire avoir par des pièges photographiques –, c’était en octobre 2015. Depuis, plus rien. A-t-il été tué, braconné par des chasseurs ? Ou est-il reparti au Mexique, à la recherche d’une femelle ? Aucune piste n’est à écarter.

      Une chose est sûre : El Jefe est un jaguar malin. Chris Bugbee ne l’a jamais vu. Grâce à Mayke, il a trouvé des traces de sa présence – des excréments, des restes de mouffettes où tout a été dévoré sauf les glandes anales, et même un crâne d’ours avec les traces de dents d’un jaguar, peut-être les siennes –, mais n’a jamais croisé son regard. « El Jefe est très prudent. Il nous a probablement observés pendant des missions. Il est arrivé qu’il apparaisse sur des images de caméras à peine 12 minutes après mon passage, raconte Chris Bugbee. Ma chienne, par contre, l’a probablement vu. Un jour, elle s’est brusquement immobilisée sur ses pattes, comme tétanisée par la peur. Elle est venue se cacher derrière mes jambes. Je suis presque sûr que c’était lui. Cela devait en tout cas être quelque chose d’incroyable ! »

      Auteur d’un mémoire de master consacré aux alligators, Chris Bugbee s’est installé à Tucson avec sa femme, qui s’est, elle, spécialisée dans les ours noirs, puis les félins. Il a d’abord entraîné des chiens à ne pas attaquer des serpents à sonnette. Puis il s’est pris de passion pour les jaguars et s’est intéressé de près à El Jefe, qui rôdait pas loin. Ni une, ni deux, il décide de faire de Mayke le premier chien spécialisé dans la détection de ces félins aux Etats-Unis. Il l’entraîne avec de l’excrément de jaguar récupéré d’un zoo. Tous deux se mettent ensuite sur la piste d’El Jefe pendant quatre ans, dans le cadre d’un projet de l’Université de l’Arizona, dont le but est de surveiller les effets sur la faune de la construction de premières portions de palissades de long de la frontière.

      En été 2015, le projet prend fin, mais Chris Bugbee veut continuer. Il finit par obtenir le soutien du Center for Biological Diversity. Grâce à ses pièges photographiques, il réussit à cerner les habitudes d’El Jefe. Des images censées rester discrètes et utilisées uniquement à des fins scientifiques, jusqu’à ce que Chris Bugbee décide de les rendre publiques, sans demander l’avis de ses anciens chefs ni celui des agences fédérales associées au projet, « qui de toute façon ne font rien pour préserver les jaguars ». Il avait hésité. Le risque en révélant l’existence d’El Jefe est d’éveiller la curiosité de braconniers.

      Mais Chris veut sensibiliser l’opinion publique à la nécessité de protéger cette espèce, qui revient progressivement aux Etats-Unis. Car le mur de Donald Trump la menace. Tout comme le projet d’exploitation d’une mine de cuivre, pile-poil sur le territoire d’El Jefe. En février 2016, il diffuse donc une vidéo de 41 secondes qui montre « l’unique jaguar aux Etats-Unis ». C’est le buzz immédiat. La vidéo a été visionnée des dizaines de millions de fois. Du côté de l’Université de l’Arizona et du Service américain de la pêche et de la faune, l’heure est par contre à la soupe à la grimace. Chris Bugbee est sommé de rendre son matériel et son véhicule.

      « Je ne regrette pas d’avoir diffusé la vidéo, souligne aujourd’hui Chris Bugbee. L’opinion publique doit être alertée de l’importance de protéger cette espèce. C’est incroyable de les voir revenir, peut-être poussés vers le nord à cause des changements climatiques. Dans les années 1900-1920, il existait un programme d’éradication de ces prédateurs. La population des jaguars aux Etats-Unis a presque été entièrement décimée vers 1970. » Il ajoute : « Mais avec le projet de Trump, ce serait clairement la fin de l’histoire du retour des jaguars aux Etats-Unis. »

      Le dernier jaguar femelle recensé aux Etats-Unis a été tué dans l’Arizona en 1963. Depuis, les jaguars observés dans le pays se font rares. Ces vingt dernières années, sept jaguars ont été aperçus. Les deux derniers ont été photographiés récemment, l’un d’eux en décembre 2016 dans les montagnes Huachuca. Juste au nord d’une petite portion de frontière sans barricade.

      Les jaguars de Sonora et les ocelots ne seraient pas les seuls animaux affectés par la construction d’un mur. Beaucoup d’espèces migrent naturellement entre les deux pays. Des coyotes, des ours, des lynx, des cougars, des antilopes ou des mouflons. Ou encore les rares loups gris du Mexique. Même des animaux de très petite taille, comme le hibou pygmée, des tortues, des grenouilles ou des papillons risquent d’être touchés. Les animaux volants pourraient être gênés par des radars et des installations lumineuses, qui font partie des méthodes de détection de passages illégaux de migrants ou de trafiquants.

      Chris Bugbee continue de se promener sur les terres d’El Jefe dans l’Arizona, dans l’espoir de retrouver, un jour, des signes de sa présence. Quant à Mayke, elle pourrait bientôt avoir une nouvelle mission : « Je vais probablement l’entraîner à trouver des ocelots. Eux aussi commencent à remonter depuis le Mexique. »


      https://labs.letemps.ch/interactive/2017/longread-au-pied-du-mur
      #décès #morts #mourir_aux_frontières

      Avec une carte des morts :

      sur les tunnels, v. aussi :
      https://seenthis.net/messages/625559

    • #border_angels

      Border Angels is an all volunteer, non profit organisation that advocates for human rights, humane immigration reform, and social justice with a special focus on issues related to issues related to the US-Mexican border. Border Angels engages in community education and awareness programs that include guided trips to the desert to place water along migrant crossing routes as well as to the border to learn about the history of US-Mexico border policy and experience the border fence firsthand.

      Border Angels also works to serve San Diego County’s immigrant population through various migrant outreach programs such as Day Laborer outreach and our free legal assistance program held in our office every Tuesday. Border Angels works to dispel the various myths surrounding immigration in the United States and to bring back truth and justice.

      http://www.borderangels.org
      #solidarité #anges

    • Water in the desert. Inside the effort to prevent migrant deaths at the US-Mexico border

      “I had no idea how many people had died. I had no idea the extent of the humanitarian crisis.”

      In the lead-up to the US midterm elections, President Donald Trump has stoked fears about undocumented immigration. After repeatedly saying that immigrants from Latin America are criminals and peddling baseless claims that unidentified people from the Middle East are part of a “caravan of migrants” making its way north from Honduras, Trump ordered the deployment of more than 5,000 soldiers to the southern US border.

      Decades of acrimonious public debate over undocumented immigration in the United States has focused on security, crime, and economics while largely overlooking the people at the centre of the issue and the consequences of US attempts to prevent them from entering the country.

      One of the starkest facts about this humanitarian emergency is that at least 6,700 bodies have been found since 2000 – likely only a fraction of the actual number of people who have died trying to cross the southern US border over this period. More than a third of these bodies have been found in the Sonoran Desert in southern Arizona, where migration routes have been pushed into increasingly harsh and remote terrain.

      Seldom reported and virtually unheard of outside the border region, these bodies have become a cause for a small constellation of humanitarian groups in southern Arizona, spawning an unlikely effort to prevent deaths by placing drinking water along migration trails in the desert.

      “I found it shocking,” Brian Best, a volunteer who moved to Arizona a couple years ago, says of the situation in the desert. “I had no idea how many people had died. I had no idea the extent of the humanitarian crisis.”

      Trying to save lives in this way is not uncontroversial. Undocumented immigration is one of the most polarising issues in US politics and aid groups operate in the same areas that cartels use to smuggle drugs into the country. Inevitably, humanitarian efforts are caught up in the politics and paranoia surrounding these two issues.

      The intensity of the situation has led to a strained relationship between the humanitarians and the Border Patrol, the federal agency tasked with preventing undocumented immigration. Nearly two decades after aid efforts began, the numbers crossing the border have reached a historic low but the proportion of people dying is rising.

      Early on a Friday morning, Stephen Saltonstall, 74, sits behind the steering wheel of a flatbed pickup as it shakes and rattles towards the US-Mexico border. The back of the truck is loaded with equipment: a 300-gallon plastic tank of drinking water, a gas operated pump to pull the water out, and a long, lead-free hose to deliver it into barrels at the water stations Humane Borders, the NGO Saltonstall volunteers with, maintains across southern Arizona.

      It’s mid-September and the temperature is already climbing. By midday it will reach well over 100 degrees (38 celsius), and there are no clouds to interrupt the sun as it bakes the hardscrabble landscape of the Sonoran Desert, surprisingly green from the recently departed monsoon rains. Scraggly mesquite trees and saguaro cactuses with comically tubular arms whir past as Saltonstall guides the truck along Route 286 southwest of Tucson. A veteran of the civil rights movement with a lifelong commitment to social justice – like many others involved in the humanitarian aid effort here – he has made this drive more than 150 times in the three years since moving to Arizona from the northeastern United States.

      Around mile marker 38 – signifying 38 miles north of the border – 13 miles north of an inland US Border Patrol checkpoint, Saltonstall eases the truck off to the side of the road. Stepping out, he walks to the top of a small hill about 10 feet from where the asphalt ends. Stopping next to a small wooden cross planted in the cracked earth, he puts his hands together and offers a silent prayer.

      “I’m sorry that you died an awful death here,” Saltonstall says when he’s finished praying. “Wherever you are now, I hope you are in a better place.”

      The cross is painted red and draped with a strand of rosary beads. It marks the spot – on top of this small hill, in plain sight of the road – where the body of someone who irregularly crossed the border into the United States was found in July 2017. The person likely succumbed to thirst or hyperthermia after spending days trekking through this harsh, remote environment. But no one knows for sure. By the time someone came across the remains, scavenging birds and animals had stripped the body down to a skeleton. There’s no official cause of death and the person’s identity is unknown.

      Nearly 3,000 human remains like this one have been found in southern Arizona since the year 2000. Many more are probably lost in this vast and sparsely populated desert, lying in areas too remote and infrequently trafficked to be discovered before they decompose and end up being carried off in pieces by feasting animals, scattered and rendered invisible.

      Prevention through deterrence

      It wasn’t always like this in southern Arizona.

      The office of Pima County medical examiner Dr. Greg Hess receives all the human remains found near the migration trails in three of the four Arizonan counties that border Mexico.

      “In the 1990s we would average about 15 of these types of remains being recovered every year,” says Hess. Starting in 2002, that average jumped to 160 bodies per year, he adds.

      Most people irregularly crossing the border used to simply sneak over in urban areas where it wasn’t too dangerous. But things started to change in the mid 1990s with the introduction of a federal policy called “prevention through deterrence”. The policy directed Border Patrol to concentrate agents and resources in the urban areas where most people were crossing. The architects of the strategy predicted that “illegal traffic will be deterred, or forced over more hostile terrain, less suited for crossing and more suited for enforcement.”

      The construction of border walls between urban areas in northern Mexico and their neighbouring towns and cities in the United States soon followed. That funnelled the movement of migrants decisively into remote areas like the desert in southern Arizona, but had no discernible impact on the number of people irregularly entering the United States.

      Corlata Wray, 62, watched in the early 2000s as federal policy brought a humanitarian crisis to her back yard. Born in Durango, Mexico, Wray has lived in the small, rural town of Arivaca, Arizona, 12 miles from the border, for the better part of four decades. A slow trickle of people has always moved through Arivaca given its location, but in the late 1990s the number of people trekking across the desert close to Wray’s home dramatically increased.

      In the early years people would knock on the door and Wray would give them water and a little bit of food before they continued on their way. Helping migrants in this way was a normal part of life, according to many people IRIN spoke to living in the border region. But as enforcement efforts ramped up, “everything changed”, says Wray, who now volunteers regularly with organisations providing aid and support to migrants. “I started to see more suffering with the migrants.”

      Now the people who end up on her property are usually in a desperate situation – parched and sunburnt, with bloodied and blistered feet and twisted or broken limbs. “They don’t know which way to go, and that’s when their life is in danger because they’re lost. They have no water. They have no food. And then the desert is not beautiful anymore. Es mortal,” Wray says, switching into Spanish – “It’s deadly”.
      “We have to do something”

      As the “prevention through deterrence” policy came into full effect in the early 2000s, the fact that migrants were dying in the desert at an alarming rate was hard for some people to overlook. Ila Abernathy, a long-time resident of Tucson, 65 miles north of the border, remembers a point in July 2002 when a dozen or more bodies were found in one weekend.

      Fifty-nine at the time, Abernathy had moved to Tucson as a young adult and had been active in the waning years of the sanctuary movement, which sought to provide safe-haven to refugees fleeing civil wars in Central America in the 1980s as the US government restricted their ability to seek asylum. A decade and half later, the network from that movement was still intact.

      Following the news of the deaths in July 2002, a meeting was called at the Southside Presbyterian Church in Tucson. “This is a new crisis. We have to do something,” Abernathy recalls of the meeting’s conclusion. “We need to advocate and we need to get out there and search for people before they die.”

      In the beginning, that meant giving aid to people directly. Between 2002 and 2008, Border Patrol apprehended between 300,000 and 500,000 people every year in the area south of Tucson. “You’d just drive down the road early in the morning and there would be clusters of people either ready to give up or else already in Border Patrol capture,” Abernathy says.

      The group that formed out of the meeting at the Southside Presbyterian Church, the Tucson Samaritans, travelled the roads providing food, water, and medical aid to people in need. Two other groups, Humane Borders and No More Deaths, formed around the same time with similar missions. Their members tended to be active in multiple groups at the same time and were often veterans of the sanctuary or civil rights movements, like Abernathy and Saltonstall. Others were young people who came to the region on educational trips and decided to stay, or longtime residents of southern Arizona who had watched the crisis develop and felt compelled to try to help.

      But their work soon got harder. In 2006, the administration of US president George W. Bush announced a massive expansion of the Border Patrol. With nearly double the number of agents in the field and more resources, it became increasingly rare to find migrants along the roads, or even close to them, according to Abernathy. Unable to deliver aid to people directly, groups started hiking into the remote desert to find the trails migrants were using and leave behind gallon jugs of drinking water in the hope they would be found by people in need. It’s an effort that has continued now for close to 12 years.
      Into the desert

      On a Sunday morning, Best, 59, is picking his way along a migration trail deep in the Sonoran Desert with two other volunteers from the Tucson Samaritans. If you could travel in a straight line, the nearest paved road would be about 10 miles away. But moving in a straight line isn’t an option out here.

      Best and the other volunteers left their four wheel drive SUV behind some time ago after following the winding, rocky roads as far as they could. They are now hiking on foot towards the US-Mexico border. The landscape doesn’t distinguish between the two countries. In every direction, cactuses and mesquite trees carpet low, jagged hills. At the far limits of the vast, open expanse, towering mountains run like rows of crooked shark’s teeth along the horizon.

      This is the “hostile terrain” referred to by the architects of “prevention through deterrence” where migration routes have been pushed. There’s no man-made wall at the border here – just a rusted barbed wire fence. But someone would have to hike about 30 miles to make it north of the inland Border Patrol checkpoint on Route 286 to reach a potential pick-up point, or 60 miles to make it to Tucson. Humanitarian aid volunteers say the trip usually takes from three to 10 days.

      In the summertime the temperature reaches 120 degrees (49 celsius) and in the winter it drops low enough for people to die of hypothermia. There are 17 species of rattlesnakes in this desert, which is also home to the venomous gila monster lizard, tarantulas, scorpions, and other potentially dangerous animals. Natural water sources are few and far between, Border Patrol agents traverse the area in all-terrain vehicles and pickup trucks, on horseback and in helicopters; and there’s surveillance equipment laced throughout the landscape. “I’m really surprised that anybody gets through,” says one humanitarian volunteer, “but they do.”

      On the trail where Best is walking, the ground is uneven and rocks jut out at menacing angles. It’s easy to twist an ankle and impossible to move forward without getting scraped by mesquite branches or poked by cactus spines.

      Best has been visiting this area of the desert for a little over a year. In the beginning, there were a lot of signs that migrants were passing through – black plastic water bottles from Mexico, food wrappers with recent expiration dates, even discarded backpacks and clothing – so the Samaritans started putting jugs of water here hoping it would help fortify people against the dangers of the long journey ahead. But recently the jugs have been sitting untouched. It looks like the route has shifted elsewhere.

      During the second half of the morning Best will explore new territory – literally bushwhacking through the desert – to try to figure out where the route has moved to and where water should be placed. More than a decade after humanitarian aid groups started hiking out into the desert, there are still plenty of places they have yet to set foot in. Figuring out where people are moving and then putting out water is a time-consuming and labour-intensive process of trial and error. “It is very slow and inefficient in some ways, but I think really important,” Best says. “There’s no other way to do it.”

      In the 12 years since they started, over the course of innumerable hikes like this one, the Samaritans have mapped somewhere between 1,500 and 2,000 miles of trails south of Tucson, according to volunteers. Two different groups go out every day, bringing water to hundreds of locations over the course of any given week. In total in the past two years, according to one volunteer, the group has placed 3,295 gallon jugs of water in the desert. No More Deaths, which also relies on volunteers to hike water into the desert, says it has put out 31,558 gallons in past three years, 86 percent of which was used.

      Humane Borders, the organisation that Saltonstall volunteers with, operates using a slightly different model. It maintains fixed water stations at 51 locations on public and private land in southern Arizona that it services by truck. Each station consists of a 55-gallon barrel with a blue flag flying high in the sky to mark its location. Last year the group put 70,000 gallons of water into these stations. Between the three groups, comprised of a couple hundred active volunteers, that’s equivalent to about 10 backyard swimming pools full of water placed along migration trails in the desert, one bottle or barrel at a time.
      Not so straightforward

      The terrain where the humanitarian aid groups put water is some of the most politically charged in the US, at the heart of debates about both undocumented immigration and the movement of illicit drugs into the country. Needless to say, not everybody supports what the groups are doing.

      Cartels have a strong presence in the towns and cities of northern Mexico, and control and profit from the movement of both people and drugs across the border. Critics of the humanitarian groups say they are helping people break the law both by assisting migrants who are irregularly entering the United States and by putting water out that cartel drug runners and scouts can drink just as easily as anyone else.

      Humane Borders receives public funding from the Board of Supervisors in Pima County, but the vote to approve the funding is split: three Democratic members in favour and two Republican members against. Both Republican supervisors declined to comment when IRIN asked about their opposition to the funding – a spokesperson for one said the vote “speaks for itself.”

      The relationship between the humanitarian aid groups and Border Patrol has also been rocky. In particular, No More Deaths has been openly critical of Border Patrol, documenting agents destroying water drops and arguing that the agency’s tactics are contributing to deaths and disappearances in the desert. Border Patrol says it doesn’t condone the destruction of humanitarian aid drops and that it ultimately views its work as humanitarian as well.

      Nine members of No More Deaths have also been arrested on various charges related to their humanitarian work, ranging from trespassing and littering to harbouring illegal aliens, in what volunteers see as an effort to criminalise aid activities in the desert. One of those arrested faces up to 20 years in prison if convicted, and the Intercept has reported that court documents and other evidence suggest some of the arrests were retaliation against No More Deaths for publicising Border Patrol abuses.

      As far as whether water drops are benefitting cartel members or helping people break the law, the questions aren’t really important to many volunteers. “The real basic, humane argument is that nobody should be dying out here,” Best, the Samaritans volunteer, says.

      A more important question is whether the water drops are effective at saving lives. There’s anecdotal evidence from migrants who are caught by Border Patrol and later deported to northern Mexico that it is reaching people in need, but there’s no way to tell how many.

      There’s also the fact that, even as the number of people crossing the desert south of Tucson has decreased, the number of bodies found has remained relatively consistent. Also, not every death in the desert is caused by dehydration. “If somebody has heat stroke it may not be a process of having water available,” explains Hess, the medical examiner. “They may have water with them. It’s just that you’re too hot.”
      “What value can you put on saving even one life?”

      Considering that Border Patrol apprehended an average of over 100 people per day south of Tucson last year, and that an untold number of others crossed without being caught, and that the water isn’t necessarily in all of the places where people are trekking, the volunteers are aware of the limits of what they do. One estimated that over the course of an eight- to 10-hour hike a group of four people could only put enough water out to sustain 15 migrants for one day.

      “What we do is small, and we know it does some good,” Abernathy says. “We don’t want to delude ourselves into thinking this is the solution… [But] what value can you put on saving even one life?”

      Short of a major change to the “prevention through deterrence” policy, many don’t see an alternative to what they are doing. And humanitarian aid efforts have expanded over the years westward from the area south of Tucson to even more remote and sparsely populated parts of the desert where people have to walk 85 to 100 miles through nearly empty wilderness before reaching a point where they can be picked up.

      The old copper mining town of Ajo, Arizona – home to around 3,000 people – is in the heart of one of these far flung, desolate places. One hundred and thirty miles west of Tucson, this outpost of old clapboard and adobe houses is bordered by a national park, wildlife refuge, and US Air Force bombing range that combined constitute a relatively uninhabited and untouched area of desert the size of the state of Connecticut.

      On a warm dry night, volunteers from various humanitarian aid groups are gathered here in the town square, under the light of dim street lamps and a nearly full moon, to pay homage to what binds their community together: the people who have died in the desert.

      Some of the volunteers will wake at 4:45am to try to avoid the heat as best they can and hike out along the trails carrying their gallon jugs of water. But tonight at this vigil they form a line and one by one pick up white wooden crosses, holding them in front of their bodies. Each one represents the remains of a person that were found in the area surrounding Ajo in 2017 and is inscribed with a name or the word desconocido – Spanish for “unknown”. There are about 30 volunteers, and they have to pass through the line more than once. There are more crosses than people to hold them.

      https://www.irinnews.org/news-feature/2018/11/06/migrants-US-Mexico-caravan-elections-Trump-water-desert
      #eau #résistance #désert #frontières #mourir_aux_frontières #hostile_environment

    • Four women found guilty after leaving food and water for migrants in Arizona desert

      A federal judge on Friday reportedly found four women guilty of misdemeanors after they illegally entered a national wildlife refuge along the U.S.-Mexico border to leave water and food for migrants.

      According to The Arizona Republic, the four women were aid volunteers for No More Deaths, an advocacy group dedicated to ending the deaths of migrants crossing desert regions near the southern border.

      One of the volunteers with the group, Natalie Hoffman, was found guilty of three charges against her, including operating a vehicle inside the Cabeza Prieta National Wildlife Refuge, entering a federally protected wilderness area without a permit and leaving behind gallons on water and bean cans.

      The charges reportedly stemmed from an August 2017 encounter with a U.S. Fish and Wildlife officer at the wildlife refuge.

      The three other co-defendants — Oona Holcomb, Madeline Huse and Zaachila Orozco-McCormick — were reportedly passengers in Hoffman’s truck at the time and were also charged with entering federally protected area without a permit and leaving behind personal property.

      Each of the women face up to six months in prison for the charges and a $500 fine after being found guilty.

      In his three-page order, U.S. Magistrate Judge Bernardo Velasco reportedly wrote that the defendants did not “get an access permit, they did not remain on the designated roads, and they left water, food, and crates in the Refuge."

      “All of this, in addition to violating the law, erodes the national decision to maintain the Refuge in its pristine nature,” he continued.

      He also criticized the No More Deaths group for failing to adequately warn the women of all of the possible consequences they faced for violating the protected area’s regulations, saying in his decision that “no one in charge of No More Deaths ever informed them that their conduct could be prosecuted as a criminal offense nor did any of the Defendants make any independent inquiry into the legality or consequences of their activities.”

      Another volunteer with No More Deaths, Catherine Gaffney, slammed Velasco’s ruling in a statement to The Arizona Republic.

      “This verdict challenges not only No More Deaths volunteers, but people of conscience throughout the country,” Gaffney said.

      “If giving water to someone dying of thirst is illegal, what humanity is left in the law of this country?” she continued.

      According to The Associated Press, the ruling marks the first conviction brought against humanitarian aid volunteers in 10 years.


      https://thehill.com/blogs/blog-briefing-room/news/426185-four-women-found-guilty-after-leaving-food-and-water-for
      #délit_de_solidarité #solidarité
      signalé par @fil

    • Arizona: Four women convicted after leaving food and water in desert for migrants

      Federal judge finds activists guilty of entering a national wildlife refuge without a permit to give aid to migrants


      A federal judge has found four women guilty of entering a national wildlife refuge without a permit as they sought to place food and water in the Arizona desert for migrants.

      US magistrate Judge Bernardo Velasco’s ruling on Friday marked the first conviction against humanitarian aid volunteers in a decade.

      The four found guilty of misdemeanours in the recent case were volunteers for No More Deaths, which said in a statement the group had been providing life-saving aid to migrants.

      The volunteers include Natalie Hoffman, Oona Holcomb, Madeline Huse and Zaachila Orozco-McCormick.

      Hoffman was found guilty of operating a vehicle inside Cabeza Prieta national wildlife refuge, entering the federally protected area without a permit, and leaving water jugs and cans of beans there in August 2017.

      The others were found guilty of entering without a permit and leaving behind personal property.

      https://www.theguardian.com/us-news/2019/jan/19/arizona-four-women-convicted-after-leaving-food-and-water-in-desert-for

    • Convicted for leaving water for migrants in the desert: This is Trump’s justice

      A FEW weeks ago, federal prosecutors in Arizona secured a conviction against four humanitarian aid workers who left water in the desert for migrants who might otherwise die of heat exposure and thirst. Separately, they dropped manslaughter charges against a U.S. Border Patrol agent who fired 16 times across the border, killing a teenage Mexican boy. The aid workers face a fine and up to six months in jail. The Border Patrol officer faces no further legal consequences.

      That is a snapshot of twisted frontier justice in the age of Trump. Save a migrant’s life, and you risk becoming a political prisoner. Kill a Mexican teenager, and you walk free.

      The four aid workers, all women, were volunteers in service to an organization, No More Deaths, whose religious views inform its mission to prevent undocumented migrants from dying during their perilous northward trek. They drove into the Cabeza Prieta National Wildlife Refuge, about 100 miles southwest of Phoenix, to leave water jugs along with some canned beans.

      The women — Natalie Hoffman, Oona Holcomb, Madeline Huse and Zaachila Orozco-McCormick — made no effort to conceal their work. Confronted by a U.S. Fish and Wildlife Service officer, they said they believed everyone deserved access to basic survival needs. One of them, Ms. Orozco-McCormick, compared the wildlife refuge to a graveyard, such is the ubiquity of human remains there.

      Since the turn of the century, more than 2,100 undocumented migrants have died in that sun-scorched region of southern Arizona, according to Humane Borders, a nonprofit group that keeps track of the numbers. Last year, according to the Pima County Medical Examiner’s Office, the remains of 127 dead migrants were recovered there.

      In the past, prosecutors declined to press charges against the volunteers who try to help by leaving water and canned food in the desert. But the four women, arrested in August 2017, were tried for the misdemeanor offenses of entering a refuge without a permit, abandoning personal property and, in the case of Ms. Hoffman, driving in a restricted area. U.S. Magistrate Judge Bernardo Velasco, who presided over the bench trial, said their actions ran afoul of the “national decision to maintain the Reserve in its pristine nature.”

      In fact, prosecutors have broad discretion in deciding whether to press such minor charges — just as they do in more consequential cases such as the manslaughter charge against Lonnie Swartz, the Border Patrol agent who killed 16-year-old José Antonio Elena Rodríguez in October 2012. According to Mr. Swartz, he opened fire on the boy, shooting 16 times in what the agent said was self-defense, through the fence that divides the city of Nogales along the Arizona-Mexico border. He said the boy had been throwing stones at him across the frontier.

      Mr. Swartz was acquitted on second-degree murder charges last spring, but the jury deadlocked on manslaughter charges. In a second trial, last fall, the jury also failed to reach a verdict on manslaughter. Last month, prosecutors declined to seek a third trial.

      While the aid workers seek to avoid prison time, Americans may well wonder about a system in which justice is rendered so perversely.

      https://www.washingtonpost.com/opinions/convicted-for-leaving-water-for-migrants-in-the-desert--this-is-trumps-justice/2019/01/27/9d4b3104-2013-11e9-8b59-0a28f2191131_story.html?noredirect=on