person:loubna méliane

  • Femen ou le fétichisme du dévoilement
    http://www.lemonde.fr/societe/article/2012/10/17/les-femen-prennent-leurs-quartiers-a-la-goutte-d-or_1776339_3224.html

    L’article du « Monde » sur Femen France cite Safia Lebdi et Loubna Méliane, soit deux « militantes » historiques de Ni putes ni soumises - juste pour dire le degré de confiance qu’on peut leur accorder.

    Loubna Méliane, c’est la féministe telle que les aime Luc Le Vaillant (journaliste à « Libération », auteur de papiers grossièrement sexistes sur l’affaire DSK, d’un portrait inénarrable de Caroline De Haas, et j’en passe), comme en témoignait ce portrait qu’il lui avait consacré en 2004 :

    Ces jours-ci, il y a des femmes voilées qui défilent, asservies volontaires à l’obscurantisme. Face à elles, cheveux au vent, jupe en jeans et bas résille, fière de son indépendance sur ses talons vacillants, se dresse Loubna Méliane, fille des Lumières et partisane du vivre libre, en pensées, en actions et en émotions.

    http://www.liberation.fr/portrait/0101474918-d-une-autre-etoffe

    (Sur Le Vaillant, voir cette chronique de Sébastien Fontenelle : http://www.politis.fr/Ca-Serait-Bien-Que-Les-Coince-e-s,15801.html
    )

    Les premières photos des actions des pin-ups de Femen France me donnent envie de reproduire ce passage de « Beauté fatale » :

    La lumière représente, dans notre monde, un déterminant
    culturel puissant. Nous manifestons une foi profonde et obstinée dans les vertus de l’exposition, au point de nier la violence qu’elle implique. Nous sommes persuadés qu’il est bon d’en montrer le plus possible, que du dévoilement viendra une forme de révélation, de délivrance. Seule la honte paraît pouvoir justifier que l’on veuille garder des choses pour soi. Cette conviction anime les invités de la téléréalité, comme les candidates de "Belle toute nue", sur M6. L’émission vise à « réconcilier avec leur corps » des femmes qui se trouvent trop grosses, en les faisant poser ou défiler nues ou en sous-vêtements, leur image géante étant projetée sur un mur à Paris et soumise au jugement des passants. La démarche séduit d’autant plus qu’elle se présente comme une déclaration de guerre à des normes tyranniques. Sous le titre « Nues et fières de l’être ! », le magazine "Glamour" constate que, au-delà de cette émission, la pratique consistant à se faire photographier nue séduit les jeunes femmes : « De plus en plus de filles comme nous se déshabillent pour une séance photo. Pour une pub, un blog ou un magazine de mode, elles sont prêtes à poser nues sans rougir. » Dans le porno, remarque Stéphane Rose, l’épilation intégrale, mais aussi les positions acrobatiques des acteurs pour que la caméra puisse filmer la pénétration en gros plan répondent à la volonté de « voir plus, voir mieux ». Devant les émissions mettant en scène des opérations de chirurgie esthétique, un chroniqueur télé note l’« acharnement mis à “dégager le visage”, à “donner le goût d’être visible” ». "Elle" publie un article intitulé « Déplanquez-vous ! », afin d’apprendre à la lectrice à s’habiller de manière à montrer son corps. Et une chirurgienne américaine attribue le succès de son activité au fait que les vêtements ont des coupes de plus en plus ajustées, des tailles de plus en plus basses : « Je suis obligée de faire les abdominoplasties de plus en plus bas. Je leur dis d’apporter un bikini ou un jeans, et on travaille à partir de là. Mais ils sont coupés si bas que n’importe qui serait désavantagé en les portant. Et leurs vêtements de sport : ce ne sont pas des tee-shirts, mais carrément des soutiens-gorge, avec des bas très moulants, et cela les amène dans mon cabinet. » Plusieurs de ses confrères confirment cette observation ; ils notent aussi que la mode de l’épilation intégrale a provoqué une hausse directe du nombre de vaginoplasties.

    Cette obsession de la visibilité tend à donner raison au philosophe Alain Badiou lorsqu’il interprétait en ces termes, dans une tribune, la loi française sur le voile à l’école : « Une fille doit montrer ce qu’elle a à vendre. Elle doit exposer sa marchandise. […] On croyait avoir compris qu’un droit féminin intangible est de ne se déshabiller que devant celui (ou celle) qu’on a choisi(e) pour ce faire. Mais non. Il est impératif d’esquisser le déshabillage à tout instant. Qui garde à couvert ce qu’il met sur le marché n’est pas un marchand loyal. On soutiendra ceci, qui est assez curieux : la loi sur le foulard est une loi capitaliste pure. Elle ordonne que la féminité soit exposée. Autrement dit, que la circulation sous paradigme marchand du corps féminin soit obligatoire. Elle interdit en la matière – et chez les adolescentes, plaque sensible de l’univers subjectif entier – toute réserve. »

    Nous vivons dans un monde surexposé. Et elle vient de loin,
    cette lumière qui est à la fois, en effet, celle d’un supermarché et celle d’un laboratoire. À la fausse rationalité d’essence marchande et industrielle qui nous gouverne s’ajoute une réminiscence de la posture scientifique conquérante héritée du XIXe siècle : l’ambition de parvenir à une objectivité totale, à un éclairage exhaustif du réel, à l’élucidation de tous les mystères de l’univers par le savoir humain, en faisant de la raison froide l’unique instrument
    de la connaissance.

    #femmes #voile #Femen

    • Effectivement, cela ne peut pas avoir la même signification chez nous où le corps des femmes est « surexposé » et marchandisé. Je me souviens du passage de « Beauté fatale » que vous citez de son propre livre. Je m’écarte ici « un poil » de ce passage, pour y revenir. La mise à nu ce n’est pas forcément se dévoiler. le nu peut aveugler le regard. « Voyez mon corps », et on ne voit plus que le corps. Je ne sais pas si on ne voit plus que le corps des manifestantes où si on fait attention à leurs revendications.

    • FEMEN-ism in International Women’s Issues on Persephone Magazine.
      http://persephonemagazine.com/2012/02/09/femen-ism

      FEMEN gets a lot of attention, fights the stereotype that feminists are man-hating hulks of testosterone-y estrogen, and their performances can be seen as a parody on the status quo. BUT, with no understanding of who is funding the group, as well as the use of a very specific type of topless woman in their protests, it is hard to see the group as anything other than a misogynist’s dream of what feminism is supposed to be.

    • En tout cas elles dérangent ces #Pussy Riot ou #Femen, leurs actions révoltent autant la majorité des féministes que les intégristes ou les bourgeois.
      Je remarque qu’elles visent les minorités intégristes religieuses cathos type Civitas, les musulmans pro burkas, ou les orthodoxes de l’Est et combattre des minorités c’est un peu con en France.
      Franchement, j’hésite entre un mouvement artistique (on n’aime ou pas) du 21 e siècle, street art et performances où elles se produisent comme des objets c’est certain, et une publicité de la cause ukrainienne ou russe de départ.
      J’ai tendance à penser que les micro mouvements de ce type se développeront dans tous les secteurs politiques et pas seulement le féminisme et qu’il faut plus se demander à quoi ces micro mouvements tentent de résister, au poids de la religion et des dictatures cela me semble évident.