person:louise wimmer

  • Capitaine Marleau cartonne. Le triomphe politique de Corinne Masiero LE BLOG DE JEAN-EMMANUEL DUCOIN - vendredi 27 octobre 2017
    http://larouetournehuma.blogspot.fr/2017/10/records.html

    Politique. « Je suis une révoltée, une révolutionnaire… C’est une vocation périlleuse. » Connaissez-vous beaucoup d’actrices capables de prononcer semblable phrase dans les couloirs de la rédaction de l’Humanité ? Et d’ajouter ceci : « Depuis toujours j’ai pris le parti des humbles et des opprimés – car c’est mon parti – à la face de tous les pouvoirs établis, surtout celui de l’oligarchie financière. » Celle qui parlait ainsi en 2015, lors d’une de ses plus belles prestations (« rédactrice en chef d’un jour » du journal de Jaurès), cartonne tous les mardis soir sur France 3. Un succès colossal qui nous réjouit autant qu’il nous conforte. Corrine Masiero, née à Douai, y campe la « Capitaine Marleau », cette héroïne atypique au franc-parler et à l’accent chti qui pénètre dans nos salons chaque semaine pour une séance de maintien et/ou de rattrapage politique. Le bloc-noteur assume ce qu’il vient d’écrire. Car le personnage de cette gendarme gradée, outre qu’elle nous ferait aimer toute la flicaille de la terre (c’est dire l’ampleur de l’exploit !), se confond tellement avec celle qui l’incarne à l’écran que nous ne savons plus qui nous regardons : Marleau ou Masiero ?


    « J’ai tellement l’air pas fute-fute que les gens ont pitié de moi et finissent par s’accuser de tout et de n’importe quoi. » Cette réplique lancée par la capitaine au cours d’un épisode de la série résume parfaitement le rôle interprété par Corinne Masiero, une femme gendarme à la dégaine improbable, aussi sarcastique qu’attachante, toujours flanquée d’une chapka désormais culte et moins soviétique que confortable. Elle raconte : « Pourquoi une gonzesse devrait être glamour ? C’est encore une fois un truc qu’on colle comme ça. Un truc machiste. Marleau, ce n’est pas ça. » L’explication s’avère assez simple en vérité : Marleau, c’est Masiero et vice versa. La manière dont cette comédienne de 53 ans se réapproprie ses répliques donne, en effet, du mordant aux dialogues et offre aux téléspectateurs une authenticité rare. La réalisatrice Josée Dayan (Le Comte de Monte-Cristo, Les Rois maudits, etc.) ne le cache pas : « Corinne improvise tout le temps, elle rajoute des dialogues, des pics, des saillies politiques qui lui viennent naturellement. Marleau est à son image, une femme engagée, citoyenne, qui n’a pas sa langue dans sa poche. » D’autant que l’actrice, toujours en pleine improvisation, ne prévient pas forcément ses collègues.

    « Ce n’est pas très facile pour eux, confesse-t-elle, on n’a pas le temps de répéter et puis quand on arrive sur le plateau, le collègue me sort un truc, puis moi j’ai envie de répondre autre chose. Il se passe quelque chose qui fait qu’il y a une nouvelle improvisation car ils sont obligés de s’adapter à ces nouveautés que je dégueule comme ça d’un coup. » Par l’intelligence du procédé plutôt cru, du moins en apparence, Corinne Masiero distille ses propres combats dans la bouche de Marleau. Tout y passe. Le féminisme, la défense des migrants, la lutte des classes, la dénonciation de l’arrogance des puissants, l’engagement pour la dignité des plus pauvres et des « rebuts » de la société… Que du bonheur. 

    Avec ses airs de ne pas y toucher, Corinne se définit en privé comme une « babache », ce qui, en langue picarde du Nord, s’applique à toute personne ayant de faibles capacités intellectuelles. La bonne blague. « La politique c’est tout le temps, c’est appartenir à une association, participer à une manifestation, donner à manger aux réfugiés, se battre pour la VIe République », explique celle qui fut candidate sur une liste Front de gauche, aux municipales de Roubaix, en 2014. Et pourtant, le mardi soir, le public est présent. Et en masse, entre 5 et 7 millions à se délecter des enquêtes menées par leur gendarme favorite, si bien que France 3 réalise des records d’audience jamais vus depuis 2010 et terrasse TF1 une fois sur deux au moins. Que croyez-vous que signifie ce coup d’éclat que personne ne pouvait prévoir ? Juste une évidence : quand on ose des programmes de qualité, il y a toujours des citoyens conscients de leurs actes au rendez-vous. 

    Louise Wimmer 2011 Le Film
    https://www.youtube.com/watch?v=WyXLpMIcA-s

  • Un revenu universel ? Par Abdennour Bidar
    http://www.lamontagne.fr/auvergne/mag/2014/09/21/les-chroniques-du-temps-present-un-revenu-universel-par-abdennour-bidar_1

    Il y a ainsi dans notre société des gisements de créativité auxquels nous ne donnons pas la chance d’émerger, et que l’institution d’un revenu universel permettrait de libérer. Car la peur de sombrer en sortant du salariat n’existerait plus.

    #RdB

    Hier soir, j’ai croisé une collègue de monsieur Monolecte qui est en année sabbatique. Elle avait un bon boulot, intéressant et bien payé pour ses besoins, mais elle ne supporte plus le #salariat et elle cherche autre chose, un autre moyen de vivre. Là, elle a passé 15 jours un peu à la rue, comme Louise Wimmer (attention, grave bon #film : http://television.telerama.fr/tele/films/louise-wimmer,32582950.php), elle navigue un peu dans l’incertitude et la #précarité, mais elle espère vraiment trouver un autre moyen de vivre d’ici la fin de son congé, en juin prochain.

    Je rencontre de plus en plus de gens qui sont carrément en état de désertion du système. C’est aussi le thème du bouquin d’Éric Dupin, Les Défricheurs , sorti il y a 10 jours et qui montre la profusion de gens qui tentent de gagner la marge et de s’y aménager un igloo de #survie.
    Je pense que ce phénomène émergent, dont Dupin écrit qu’il se situe sous la ligne de flottaison des médias (donc totalement invisible) est un phénomène de masse, quelque chose susceptible de dérégler la machine à broyer les gens et qui est en relation avec l’inhumanité croissante du système, telle qu’elle est évoquée là : http://seenthis.net/messages/295118#message295222

    Je crois que c’est très important, ce qui se passe, ici et maintenant. Parce qu’à cet anniversaire où l’on a croisé la collègue en rupture de salariat, il y avait plein d’autres personnes qui expérimentaient, qui bricolaient d’autres possibles et qui ont profité de ce moment pour échanger comme des fous.
    Certes, il y a le biais sociologique du fait que cela se passe chez des amis, donc des gens avec lesquels j’ai beaucoup de choses en commun, mais de proches en proches, j’ai tout de même l’impression que ce qui était totalement marginal devient une profonde aspiration collective.

    • Je pense aussi que c’est une lame de fond sous estimée. En ce sens qu’une des raisons « invisibles », comme vous le dites (car en dessous ou à côté des capteurs non réglés sur le phénomène) pour lesquelles la machine collective (dont économique) « grippe » est le nombre de gens qui vivent individuellement, de manières différentes certes, mais sous ce « parapluie de représentation » que vous évoquez, ce mouvement, le souhaitent, l’organisent et l’amplifient. La paralysie est « souhaitée » par des gens qui n’ont plus d’autre moyen d’expression que l’immobilisme pour un changement de direction. Je vois dans la même tendance (l’idée de sonder ce phénomène invisible) la récente émission de France Culture sur les « intellectuels précaires ». Vous avez mis là le doigt sur quelque chose d’important je pense.
      Bien sûr le « biais sociologique » dont vous parlez fonctionne, nous en sommes inévitablement victimes. Mais au-delà, il se passe quelque chose, une réaction.

    • Il y a aussi ce billet D’une amie qui vous veut du bien, chez Anne Archet, aujourd’hui :

      Anikó Török a partagé cette lettre
      Elle a ajouté en bas de la liste
      Sa tactique de sabotage
      Neuf jours plus tard
      Elle est devenue invisible
      Loin du regard du Léviathan

      Zorin Barrachilli n’a pas partagé cette lettre
      Neuf jours plus tard
      Il était toujours un employé modèle
      Un honnête citoyen
      Un esclave docile
      Un mort vivant

      http://flegmatique.net/2014/09/21/dune-amie-qui-vous-veut-du-bien

      Je crois qu’il faut que je tague ce phénomène. #déserteurs ?