person:luc fournié

  • FRANCE : Est-il défendu de se défendre ?
    http://www.brujitafr.fr/2015/04/france-est-il-defendu-de-se-defendre.html

    On ne commente pas les décisions de justice, parait-il. Toutefois, certaines invitent néanmoins à la réflexion. La Cour d’Assises du Tarn vient de condamner à sept ans de prison un buraliste qui avait tué en 2009 un cambrioleur qui s’était introduit chez lui durant la nuit. Cette condamnation est d’autant plus surprenante que le Parquet avait requis la légitime défense et considéré que le comportement de Luc Fournié avait été adapté à la situation.

    L’effraction et la nuit créent en effet les conditions stipulées par l’article 122-6 du Code Pénal pour justifier la légitime défense. Pourquoi le Jury n’en a-t-il pas tenu compte ? Il a jugé que la présomption de légitime défense n’était pas vérifiée. D’abord, parce que la préparation de l’effraction avait été constatée quatre jours avant les faits par la victime (...)

    • Pourquoi le Jury n’en a-t-il pas tenu compte ?
      (…)
      Néanmoins, le bon sens appelle plusieurs remarques. La première porte sur la lourdeur de la peine. Plus de quatre ans après les faits, un commerçant qui a cru défendre ses biens et sa famille va se trouver incarcéré, hors d’état de travailler et de contribuer à la vie des siens.

      Non, ce monsieur a pensé et exécuté un véritable guet-apens, au sens étymologique du terme.

      En second lieu, la condamnation du buraliste de Lavaur soulève la question cruciale du trouble que notre société connaît dans le domaine des valeurs. On pourra dire qu’ici, elle a préféré la vie à la propriété. Mais, face à deux grands gaillards vêtus de sombre, M. Fournié devait-il attendre que ceux-ci tirent les premiers ?

      En effet, un véritable trouble dans le domaine des valeurs, lisez les compte-rendus du procès : tirez sur quelqu’un qui fuit (le deuxième tir) n’a jamais été considéré comme de la légitime défense.

      Avec quelques collègues parlementaires, j’avais plaidé avec succès auprès de Nicolas Sarkozy, l’extension du rôle des jurys populaires. Ceux-ci me semblaient plus à même de maintenir la cohésion sociale en répondant de manière satisfaisante aux blessures ressenties par la conscience collective à l’occasion d’un crime, pour employer le langage de Durkheim. Des décisions comme celle d’Albi soulignent son incertitude sur l’évaluation des « blessures ». Mais, c’est peut-être là un signe de l’affaiblissement de la cohésion sociale.

      Si maintenant les jurys populaires ne condamnent plus les exécutions sommaires de petits voleurs, c’est que la cohésion sociale s’affaiblit…

      Merci M. Christian Vanneste !
      (article repris sur Égalité et Réconciliation)

  • Le procès du buraliste de Lavaur, vu de l’autre côté du fusil
    http://prdchroniques.blog.lemonde.fr/2015/03/31/le-proces-du-buraliste-de-lavaur-vu-de-lautre-cote-du-fus

    Estelle Lavignasse raconte la suite, surtout. « Lavaur, c’était chez moi. Du jour au lendemain, on ne me connaissait plus. J’étais la mère du cambrioleur, les commerçants ne me disaient plus bonjour, on recevait des lettres d’insultes. Le facteur est allé déposer directement certaines d’entre elles à la gendarmerie. On était devenus les sales Noirs, les négros. La seule commerçante qui a baissé son rideau le jour des funérailles de Jonathan a subi des représailles. » 

    Soudain, le ton change, sa voix se charge de colère, elle se tourne vers le box des accusés. "Où met-il ses regrets, Monsieur Fournié ? Dans le journal ! Vous m’avez vu pendant cinq ans venir déposer des fleurs devant votre bar pour Jonathan. Vous ne m’avez jamais regardée ! Vous ne m’avez jamais parlé ! De quels regrets parlez-vous quand vous dites que vous étiez dans votre bon droit ? 

    Le visage de l’accusé blêmit, il murmure :

    – J’étais dans la peur...

    – Prenez vos responsabilités, comme je prends les miennes ! Acceptez de dire que vous n’étiez pas en légitime défense.

    #douce_France

    • « Légitime défense » avec préméditation, pas d’acquittement mais sept ans de prison.
      http://prdchroniques.blog.lemonde.fr/2015/04/02/proces-de-lavaur-luc-fournier-condamne-a-sept-ans-de-pris

      La sourde hostilité qui émanait des ultimes questions que les jurés ont posé à l’accusé Luc Fournié ne trompait donc pas. Après trois heures de délibéré, les sept #femmes et les deux hommes qui composaient la cour d’#assises du Tarn, à Albi, ont condamné mercredi 1er avril le cafetier de Lavaur à sept ans d’emprisonnement pour avoir tiré à deux reprises sur deux #jeunes cambrioleurs qui s’étaient introduits dans son bar-tabac, le Saint-Roch, à 2 heures du matin lundi 14 décembre 2009, atteignant mortellement l’un d’eux d’une balle dans l’abdomen.

      La cour et une majorité de jurés citoyens ont donc jugé que la #peur, ce sentiment si familier ou fantasmé, si prompt à faire son petit bout de chemin en chacun de nous, ne peut justifier la mort d’un mineur de 17 ans. Ils ont opposé un démenti sévère à celui qui s’exprimait au nom de la société, l’avocat général Pierre Bernard qui, conformément à la position qui avait été la sienne pendant l’instruction, avait demandé de reconnaître à l’accusé le bénéfice de la #légitime_défense, ce qui aurait entraîné son acquittement. L’avocat général n’avait cependant pas prononcé le mot, comme s’il redoutait qu’il ne claque trop fort dans la salle d’audience comble et tendue du palais de justice d’Albi.

      Fusil de chasse et piège artisanal

      Lors de son dernier interrogatoire mercredi matin, la défense mécanique de Luc Fournié – « J’ai agi dans la peur, dans le stress, dans la panique, pour défendre ma famille » – avait buté sur le déroulé des faits. Quatre jours s’écoulent entre le moment où il découvre que les barreaux de l’une des fenêtres de son bar-tabac ont été sciés et grossièrement recollés avec du scotch. Il prévient la gendarmerie qui lui indique qu’elle va envoyer des agents en civil pour faire des rondes. Mais dans le huis clos familial du Saint-Roch – Luc Fournié vit pendant la semaine dans un appartement sommaire installé à l’étage avec sa vieille mère de 86 ans et sa sœur dont il est inséparable – l’inquiétude monte.

      Le frère et la sœur ressassent la venue, un mois plus tôt « de #gens_de_l'Est » qui ont eu selon eux une attitude suspecte dans le bar. Convaincus que les barreaux sciés sont le signe de leur retour imminent, Luc Fournié décide de dormir dans un lit de camp au rez-de-chaussée, va chercher des munitions le week-end dans sa maison de campagne pour armer le fusil de chasse hérité de son père et installe un #piège artisanal – un fil de pêche tendu entre une chaise et une table – dans le bar. (...)

      Une autre jurée intervient :

      « Quand un enfant a peur dans le noir, que fait-on ? »

      Luc Fournié ne semble pas comprendre la question.

      Elle répond à sa place :

      – Eh bien, on allume la lumière. (...)