Une pyramide de plus de 4 000 ans détruite avec une simple grue. Ce stupéfiant acte de vandalisme, constaté trop tard, durant l’été 2013 au Pérou, sur un site archéologique non loin de Lima, la capitale, avait frappé les esprits. Il avait été orchestré anonymement par des promoteurs. Au Pérou, la forte hausse du prix du foncier explique l’appétit pour les parcelles de terres, et les ruines des splendeurs passées ne représentent qu’une entrave pour les spéculateurs. Face à ce phénomène, les archéologues ont trouvé un nouvel allié : le drone. Ou plutôt Luis Jaime Castillo Butters, le ministre délégué à l’héritage culturel du pays, féru de drones et archéologue de métier.
La situation est devenue tellement critique pour les sites péruviens que Luis Castillo mis en place une flotte de drones afin de cartographier, contrôler et protéger les trésors historiques du pays. « Il y a un avant et un après » le drone dans l’histoire de l’archéologie, a déclaré au New York Times ce spécialiste, qui participera à une conférence internationale sur le sujet à San Francisco en 2015. Car les drones sont désormais utilisés par les archéologues du monde entier, aussi bien comme outil scientifique que de surveillance : au Nouveau Mexique, par exemple, il permet de détecter les murs et passages enfouis grâce à des caméras à imagerie thermique, en Israël ou en Jordanie, il aide à lutter contre les pillages. Mais le Pérou, avec son extraordinaire concentration de sites, est devenu le terrain d’expérimentation privilégié des drones dans le domaine, ce d’autant plus que le travail des archéologues au Proche-Orient a été interrompu par les conflits régionaux.