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  • A l’école de la Fraternité Saint-Pie-X : la Révolution, cette imposture satanique tempsreel.nouvelobs - Doan Bui - 1 er Juin 2017

    Ils se disent « tradis » mais leur idéologie frise parfois l’intégrisme. La Fraternité Saint-Pie-X, cette communauté de catholiques fondée par Mgr Lefebvre, a été exclue du Vatican en 1988. Dans cette enquête en plusieurs volets, « l’Obs » s’intéresse aux écoles de la « Tradition ». Glaçant.

    C’est un chantier qui avait été lancé par Najat Vallaud-Belkacem, lors de son passage au ministère de l’Education nationale : durcir les modalités d’inspection des écoles privées hors contrat, restées longtemps hors des radars de l’institution. Une drôle de galaxie, mêlant école catholiques tradis, écoles privées musulmanes, Montessori ou Steiner.

    A « l’Obs », nous nous étions intéressés au cas des écoles privées musulmanes, et avions notamment raconté le long feuilleton occasionné par la fermeture de l’école Al-Badr à Toulouse.
    . . . . . . .
    Comment reconnaître la race blanche ?
    La dizaine de rapports d’inspection que nous avons pu consulter permettent en tout cas d’aller faire un petit tour de France d’une pédagogie pour le moins... originale !

    Dans cette école en Bretagne, les polycopiés du cours expliquent que « le judaïsme est réprouvé depuis la mort de Notre seigneur » et fustigent « les sectes juives » qui régnaient au moment « de la venue de Notre Seigneur ». Il critique aussi le Coran qui « veut ruiner le dogme du christianisme » et explique que « la civilisation musulmane est stérile ». En Alsace, des lycéens commentent des textes de Brasillach et Maurras et l’école fait l’impasse sur la préhistoire et Darwin. Autre dada des écoles de la Fraternité : le maréchal Pétain. Dans cette école des Yvelines, on apprend en cours que « Pétain a sauvé la France », tandis que les « ingrats ont fui en Angleterre ». L’inspectrice note que, depuis son passage, la mention « ingrats » a été remplacé par « résistants ».

    Un proche de la FSSPX, qui connaît bien ses écoles et souhaite rester anonyme, raconte :
    « Il y a 20 ans, il y avait une école qui affichait encore le portrait du maréchal Pétain dans les classes. Ils ont dû les retirer, depuis. Mais l’idéologie est restée. »
    Ailleurs - un pensionnat près d’Angers - les gamins font l’apologie de la peine de mort dans leurs copies de français. Ânonnent en histoire que la Révolution est une « imposture d’essence satanique », idéologie néfaste qui est « l’essence même de la Déclaration de droits de l’homme » :

    « Deux religions s’affrontent : le catholicisme et la religion des droits de l’homme. Reste à s’expliquer comment celle-ci a pu arriver aux horreurs commises par la Révolution et au génocide vendéen. La révolution n’est pas seulement l’auteur du premier génocide des temps moderne, mais elle est aussi responsables de tous les génocides qui suivent. »

    En « éducation civique », on apprend à « reconnaître la race blanche ». Extrait d’une copie notée 18/20 : « Ce que je trouve bizarre c’est d’être mélangé à une population multinationale, d’avoir toutes les cultures, sauf la française, car elle disparaît. »
    
Autre perle, ce bout de cours, pris en notes, par un élève de seconde (avec fautes d’orthographe d’origine) sur le romantisme :
    « Plus que le romantisme, c’est la révolution elle-même qui est grotesque et risible, puisqu’elle engage l’âme humaine dans la voie de l’erreur et du mensonge. Les philosophes des lumières excercent sur leur sciècle un terrorisme intellectuel, au service de leur idéologie hatée (athée !!!), anti catholique et monarchistes [...] La littérature qu’ils promeuvent est aussi sèche et stérile qu’est sistématique leur pensée. »
    Fillettes voilées et manuels édités chez « Clovis »

    Les sites web des écoles, avec parfois des vidéos de présentation, ne sont pas moins éloquents. Ici, l’abbé directeur d’une école en Lorraine rappelle que « le rôle de la femme est d’être mère et épouse ». Là, on déplore « la perversion du monde moderne ». La FSSPX utilise pourtant abondamment internet, que ce soit dans des forums catholiques « tradis », ou sur son site pour promouvoir ses écoles. Exemple, cette vidéo de 2013 vantant une école de Versailles de la Fraternité. Impossible de ne pas remarquer les fillettes et leurs cheveux recouverts d’un foulard, pendant le catéchisme. La tenue des paroissiennes adultes. Normal.

    A la FSSPX, on suit à la lettre le précepte de Saint-Paul : « La femme doit avoir sur la tête un signe de soumission ». Pas l’homme, en revanche, car il est « l’image et la gloire de Dieu, tandis que la femme est la gloire de l’homme ». Quant à la tenue « immodeste », c’est évidemment un « péché mortel ». Moment croustillant, toujours dans la vidéo, quand l’abbé conspue l’école publique où l’on dispense, selon lui, des « cours sur la théorie du genre dès la maternelle » ou « sur Darwin et l’évolutionnisme », ce qu’il considère comme « une destruction de l’intelligence, un formatage idéologique pour une nouvelle religion, celle de Vincent Peillon ». 

    On n’est jamais mieux servi que par soi-même. La Fraternité a donc sa propre maison d’édition, nommée Clovis, qui édite ses manuels. Nous nous les sommes procurés. C’est édifiant. On y explique « pourquoi nous n’étudions pas la préhistoire », on conspue les « francs-maçons » et les « philosophes des Lumières dépravés » qui ont tenté de salir « le bon clergé ».

    Préface du manuel d’histoire enseigné dans les écoles de la FSSPX. (Editions Clovis/L’Obs)


    Dans le chapitre sur les Mérovingiens, la naissance de l’islam est évoquée ainsi : 
    « Alors que les Mérovingiens étaient en pleine décadence, au VIIe siècle, un événement très grave survint en Arabie : un conducteur de caravanes, Mahomet, disciple d’un rabbin, marié à une juive, inventa une nouvelle religion démarquée de la Bible. Non content de convertir ses compatriotes à la religion d’Allah, Mahomet prêcha la guerre sainte. [...] Fanatisés, les Arabes se ruèrent sur l’Afrique du Nord, où ils détruisirent toutes les traces de civilisation chrétienne [...] Les Arabes avaient envahi la France. »

    Soupir de soulagement, quand enfin survient 732 et Charles Martel ! « La France fut ainsi sauvée de l’esclavage auquel les musulmans soumettaient les chrétiens », peut-on lire... Et de regretter dans l’avant-propos :
    « Trop d’enfants ne savent plus qu’être Français, c’est hériter d’une civilisation chrétienne qui a fait de la Fille aînée de l’Eglise, un des plus beaux pays du monde. »

    Doan Bui
    Surtout, lire l’intégralité de l’article : http://tempsreel.nouvelobs.com/societe/20170529.OBS0027/a-l-ecole-de-la-fraternite-saint-pie-x-la-revolution-cette-impo

    #intégrisme #religion #Fraternité_Saint-Pie-X #voile #Ecole #notation #pétain #génocides #race_blanche #Clovis #Romantisme #Ecole_Publique #Mérovingiens #Islam #Histoire #Charles_Martel #Darwin #Mérovingiens #Histoire

    @LaHorde @Pedro

  • Guerre 14-18 : ramadan dans les tranchées pour les « poilus » musulmans - France 24

    http://www.france24.com/fr/20150711-grande-guerre-ramadan-tranchees-pratique-religieuse-islam-soldats

    Il y a 100 ans, le ramadan avait également lieu durant l’été. En pleine Grande Guerre, l’armée française avait dû s’adapter à la pratique religieuse de ses soldats musulmans. L’État-major avait donné des ordres pour faciliter la pratique du jeûne.

    Alors que la période du ramadan touche bientôt à sa fin cette année, il y a 100 ans, elle s’apprêtait à débuter. En 1915, le mois sacré s’est déroulé du 13 juillet au 12 août. L’Europe est alors plongée en pleine Grande Guerre, entraînant dans son macabre sillage des soldats venus des quatre coins du monde, notamment de nombreux « poilus » de confession musulmane. L’armée française regroupe dans ses rangs environ 300 000 combattants originaires du Maghreb, sans compter les milliers de soldats musulmans parmi les quelque 180 000 tirailleurs venus d’Afrique noire.

    Un contingent loin d’être négligeable sur le front et dont les autorités ont saisi toute l’importance. Dès le 26 juin 1915, le ministère de la Guerre prend des dispositions à l’approche du ramadan. Une dépêche officielle décrit les mesures à prendre à l’égard des soldats concernés : « À partir du 12 juillet au soir, les militaires musulmans qui auront déclaré vouloir jeûner pourront prendre leurs repas aux heures suivantes : café du matin reporté au coucher du soleil. Déjeuner trente minutes environ après le café. Dîner vers 23 heures. En pays musulman, la rupture du jeûne est annoncée, chaque soir, par un appel à la prière. Cette pratique n’étant pas réalisable en France, les musulmans seront laissés, dans chaque groupement, libres de fixer le moment où ils croiront devoir prendre leur premier repas ».

    Des accommodements très pragmatiques

    L’armée française n’a pas attendu la première période du ramadan du conflit pour se soucier de la pratique religieuse de ses combattants. "Dès 1914 et les premiers mois de la guerre, le ministère de la Guerre a ordonné aux officiers de donner aux soldats musulmans un peu de répit lors des fêtes religieuses et de leur permettre de prier en commun" , explique ainsi Richard S. Fogarty, professeur de l’Université d’Albany aux États-Unis et auteur de « Race & War in France, Colonial Subjects in The French Army (1914-1918) » (Race et Guerre en France, les sujets coloniaux dans l’armée française)".

    Pour l’historien, cette tolérance et ces accommodements ont toutefois une visée très pragmatique voire politique . Les autorités françaises craignent en effet, à l’époque, l’éruption de troubles dans les colonies si les familles venaient à entendre parler d’un manque de respect à l’égard de la religion ou d’autres pratiques culturelles au sein de l’armée. Le gouvernement est aussi soucieux de répondre à la propagande allemande. Alors que dans le camp adverse, l’Empire Ottoman allié à l’Empire germanique a lancé, en novembre 1914, un appel au jihad, les Français se doivent d’entretenir la loyauté de leurs soldats musulmans afin de ne pas risquer qu’ils rejoignent « leurs frères » de religion. « Les autoriser à observer le jeûne du ramadan durant la journée, leur servir leur repas après le coucher du soleil et les informer des fêtes religieuses du mois sacré, cela peut être considéré comme de la ’bonne politique’. De cette façon, les soldats pouvaient voir des preuves concrètes des précautions prises par l’armée pour respecter leur religion et leurs usages », souligne ainsi Richard S. Fogarty.

    La pratique du ramadan n’est toutefois pas sans poser problème pour l’état-major, alors que le conflit s’enlise dans les tranchées depuis des mois. Tenus en arrêt sur le front occidental par les Allemands, il mène de grandes offensives en 1915 en Artois et en Champagne. Les pertes humaines sont considérables et l’armée française a besoin de toutes les forces disponibles. En juillet, les soldats originaires des colonies sont particulièrement sollicités. « Les généraux ordonnaient encore de grands assauts pour prendre les lignes ennemies. L’été était alors la saison durant laquelle les troupes indigènes avaient le plus de chances d’être en action, car durant l’hiver elles étaient plus souvent cantonnées dans le sud du pays sous un climat plus chaud », décrit l’historien américain.

    Inquiets de voir leur foi mise à mal par le conflit, quelques soldats musulmans décident d’écrire à des autorités religieuses pour savoir s’ils doivent bien observer le ramadan alors que les combats font rage. En réponse, deux importantes figures religieuses à Tunis et à Alger émettent des fatwas leur permettant de rompre le jeûne. Dans l’un de ces textes daté de juillet 1915*, le mokaddem (chef) de la confrérie musulmane de la zaouïa [petite mosquée, NDLR] de Boghari en Algérie écrit notamment : « O frères, il vous est permis de ne pas observer le jeûne pendant tout le mois de Ramadan et cela conformément aux paroles ci-après du Prophète. (…) La non-observation est une indulgence que Dieu vous a accordée. (…) Le marabout exhorte ses coreligionnaires à témoigner leur dévouement au noble gouvernement de la République française ».

    Les autorités cherchent bien entendu à tirer avantage de ces fatwas. Des traductions sont distribuées aux officiers de régiments au sein desquels se trouvent des soldats musulmans pour qu’ils puissent les lire à leurs troupes : « Cela montre clairement qu’ils espéraient que ces combattants ne perturbent pas le quotidien de leurs unités en demandant à pouvoir observer le ramadan. Mais dans le même temps, le ministère de la Guerre a continué à maintenir des mesures leur permettant de respecter leurs pratiques religieuses et il cautionnait le fait que l’interprétation de ces fatwas devait être laissée à la latitude des militaires indigènes », modère toutefois le spécialiste de la Première Guerre mondiale.

    « Heureux fils de Mahomet »

    Les critiques sur la pratique du ramadan durant la guerre sont plutôt à chercher en dehors des rangs de l’armée. Dans son édition du 25 juillet 1915, « l’Éclair », un journal régional catholique du Midi, ironise ainsi sur les dispositions prises durant le mois sacré dans un article intitulé « Heureux fils de Mahomet » : « Mais quelle chance d’être musulman ! Supposez que M. Millerand donne des ordres pour que les soldats catholiques puissent faire le Carême et accomplir rigoureusement à Pâques leurs devoirs religieux ! (…) N’interdit-on pas à nos soldats catholiques de porter l’emblême du Sacré-cœur ! Ah ! Si c’était une image d’Allah ! », peut-on lire en première page de ce quotidien.

    Pour Richard S. Fogarty, ce papier montre bien qu’il existe des tensions sur la place de la religion dans la guerre pour une République « coincée entre son engagement pour la laïcité et la nécessité de continuer une bonne politique musulmane pour des raisons d’ordre colonial ». Une prise de position qui, 100 ans après, ne manque pas de faire sourire l’historien : "Je ne pense pas que beaucoup de soldats nord-africains se considéraient comme étant chanceux d’être en France en 1915. Beaucoup d’entre eux combattaient involontairement, loin de chez eux, pour défendre une nation qui n’étaient pas la leur, et pour laquelle ils ne bénéficiaient pas des droits de la citoyenneté".

    Voir photos sur le site France 24

    Sur @OrientXXI Comment la France a enrôlé des soldats musulmans http://orientxxi.info/l-orient-en-guerre-1914-1918/pour-la-france-defendre-en,0644

  • Une étrange rencontre : des spécialistes de l’iconographie musulmane découvrent avec stupéfaction des images montrant le portrait du prophète Mahomet jeune en éphèbe coiffé d’un turban

    http://etudesphotographiques.revues.org/747

    Signalé par @cdb_77

    Depuis la fin des années 1990, des spécialistes de l’iconographie musulmane découvrent avec stupéfaction des images sur papier, imprimées en Iran, montrant le portrait du prophète Mahomet jeune en éphèbe coiffé d’un turban.

    Sur la question de l’image en islam, voir notamment, parmi une immense littérature, Youssef Qaradha (...)

    Malgré l’interdiction – relative – de la représentation de la figure humaine en islam, et plus spécialement de la famille du Prophète, des images en couleurs d’Ali, le gendre de Mahomet, et de ses fils Hassan et Hussein, représentés dans un registre populaire, ne sont pas rares en Iran. Le chiisme iranien semble plus tolérant sur ce point que l’orthodoxie sunnite2.

    #islam #mahomet #image #représentation #visualisation

  • Le texte de l’intervention de Mordillat hier, lors du débat Fakir.
    https://www.facebook.com/GerardMordillat/posts/842204092493132

    Le texte de l’intervention de Mordillat hier, lors du débat Fakir.

    "Les journalistes et les dessinateurs de Charlie n’ont pas été victimes d’un attentat mais exécutés nommément. C’est bien d’une exécution dont il « s’agit et d’une exécution politique comparable si l’on veut à celle de Jaurès, lui aussi journaliste, lui aussi directeur de journal. Ce sont des méthodes fascistes dont le discours religieux ou nationaliste n’est qu’un faux-nez. »

    L’intégralité ici :
    « Pour être clair : Charb, Honoré, Wolinski, Cabu, Tignous assassinés dans les locaux de Charlie Hebdo étaient mes amis. Nous avons travaillé ensemble, publié ensemble, milité ensemble, mangé ensemble, déconné ensemble depuis des années…
    Je ne peux donc prétendre à aucune soi-disant neutralité.
    Comme je suis écrivain et cinéaste, je veux m’arrêter sur des mots et des images.
    Le premier mot sur lequel je veux m’arrêter est le mot » attentat « dont les médias se gargarisent depuis mercredi dernier. Je crois que ce mot est inapproprié. Le terrorisme est aveugle et les poseurs de bombes tuent parce qu’ils veulent tuer sans se soucier de l’identité des victimes dont seul le nombre compte à leurs yeux. Les journalistes et les dessinateurs de Charlie n’ont pas été victimes d’un attentat mais exécutés nommément. C’est bien d’une exécution dont il s’agit et d’une exécution politique comparable si l’on veut à celle de Jaurès, lui aussi journaliste, lui aussi directeur de journal. Ce sont des méthodes fascistes dont le discours religieux ou nationaliste n’est qu’un faux-nez. Il faut le dire haut et fort, les journalistes de Charlie ont été exécutés non par des musulmans, non par des islamistes mais par des fascistes.

    Penons une image maintenant : celle de Mahomet qui a fait tant couler d’encre. Juste pour mémoire, il y a au départ les dessins publiés au Danemark et trafiqués par deux imams intégristes qui les diffusent partout dans le monde musulman mettant le feu aux poudres. En les publiant et en publiant ses propres dessins, Charlie hebdo témoignait de sa solidarité avec les dessinateurs danois…
    C’est le point de départ. à l’arrivée il y a deux tueurs fascistes qui s’érigent en juges et bourreaux sous prétexte de » venger le prophète « ..
    Mais venger qui et de quoi ?
    Je ne doute pas qu’il y ait eu un prophète en Arabie au 7e siècle. S’appelait-il Mahomet, c’est une autre histoire. Comme le dit une grande islamologue, Jacqueline Chabbi » c’est un peu trop beau pour être vrai « . Mahomet signifie » le loué « , le » louangé « , c’est un surnom, pas un nom. Peut-on injurier un surnom ?
    Nous ne savons pas quand Mahomet est né ni quand il est mort. La tradition considère que c’est en 632 mais cette hagio-biographie a été mise par écrit près de deux siècles après la mort de Mahomet. C’est-à-dire qu’en réalité, historiquement, nous ne savons rien où presque de l’homme Mahomet ; et absolument rien de son aspect physique. Un Mahomet légendaire, paré de toutes les grâces et de toutes les vertus, naîtra plus d’un demi-siècle après sa mort sous l’égide du calife Abdel Malik qui en fera en quelque sorte son porte-parole.
    Comment faire la caricature d’un homme dont on ne sait rien ?
    Les dessins publiés par Charlie Hebdo ne sont pas des caricatures mais des portraits imaginaires, peut-être des portraits charge mais des portraits du prophète de l’islam ; ils sont aussi imaginaires que ceux que l’on trouve abondamment dès le XVe siècle dans la tradition ottomane et perse et jusqu’à nos jours dans la tradition chiite. Une partie des musulmans ne s’offusquent en rien que l’on représente Mahomet comme un homme du 7e siècle. La sacralisation de sa figure n’est qu’un diktat fondamentaliste venu au XIXe siècle du wahhabisme, et c’est cette figure légendaire qui réclamerait d’être » vengée «  ?
    Soyons sérieux.
    Il est urgent et nécessaire que les autorités ecclésiastiques de l’islam rappellent qu’en République il est licite de caricaturer Mahomet comme on caricature Jésus, le pape, Jéhovah, les hommes politiques, vous, moi, etc. Cela s’appelle la liberté d’expression et c’est un des piliers de la démocratie.

    Ce serait licite de caricaturer Mahomet mais » offensant « . Le mot offense revient sur beaucoup de lèvres pour reprocher aux dessinateurs de Charlie d’avoir fait ce qu’ils ont fait. Cette » culture de l’offense « est en train de se propager comme les métastases d’une tumeur. Désormais tout le monde s’offense pour un oui pour un non ! Les chrétiens intégristes s’offensent d’une pièce de théâtre mettant en scène Jésus, les juifs de la même eau s’offensent de toute critique du gouvernement israélien gangrené par les religieux d’extrême-droite, les musulmans s’offensent de voir leur prophète à la une d’un journal satirique… Toutes ces belles âmes réclament la censure et qu’on impose le silence aux offenseurs. Mais qui leur imposera le silence à eux qui offensent quotidiennement mon athéisme en m’assommant de leurs sornettes superstitieuses et en prétendant gouverner ma vie au nom d’une chimère ?

    En caricaturant Mahomet, Charb, Cabu et les autres auraient commis le délit de » blasphème « . Combien de fois faudra-t-il répéter qu’il ne peut y avoir de blasphème que dans une théocratie ? Dans la République il est parfaitement possible d’écrire, de crier, de proclamer qu’on emmerde Dieu, Jéhovah, Allah, Nanaboso le Grand Lapin, Bouddha, le Père Noël, Mickey, Harry Potter et toutes les dieux inventés par les hommes pour conjurer leur peur de la mort.

    Dans les médias, mais aussi dans la rue, on entend formuler trois accusations contre Charlie : le journal serait islamophobe, âpre au gain et provocateur.
    Charlie serait islamophobe… parce qu’il se moque des intégristes et des fondamentalistes musulmans. A ce compte, il est aussi christianophobe parce qu’il se moque des grenouilles de bénitier et des punaises de sacristie, de Jésus, du pape et de toute la quincaillerie bondieusarde chrétienne. Ajoutons qu’il est aussi vraisemblablement judéophobe parce qu’il se fout de Moïse et des prophètes. Et, pour faire bonne mesure, sans doute antisémite puisqu’il critique la politique du gouvernement israélien massacrant les populations civiles palestiniennes qui font tache sur » la terre sacrée « …
    Tout cela n’est que faux procès.
    Charlie est tout simplement anti-clérical.
    Par l’humour, la satire, l’ironie, il lutte contre tous les clergés : qu’ils soient chrétiens, musulmans, juifs, bouddhistes, shintoïstes, zoroastres, raéliens, j’en passe et des meilleures. Et si l’on regarde ce que publiait la presse française au moment de la séparation de l’Église et de l’État en 1905 on peut trouver que ses caricaturistes sont plutôt timorés comparés à leurs anciens… Le seul respect que l’on doive aux religions est le respect au sens étymologique : tenir à distance.

    Charlie ne publierait ses dessins que pour attirer le chaland que par une cupidité absolue, gouverné par l’idée de faire du fric, toujours plus de fric ! Inutile de souligner le grotesque de cette accusation quand on regarde la situation financière du journal et celle de ses journalistes. La sagesse des nations l’a dit une fois pour toutes : » Qui veut noyer son chien l’accuse de la rage « .

    Enfin Charlie serait » provocateur « , irresponsable, criminel en somme et récolterait ce qu’il a semé. C’est là le plus odieux des retournements de langage. Ou alors c’est provocateur par nature de dire le réel, de l’affronter, de le mettre en lumière. En leur temps Spinoza pour le judaïsme, Richard Simon, Renan, Loisy pour le christianisme et de nombreux auteurs musulmans des premiers siècles, Abou Navas, Al Hallaj, Al Razi ont été eux aussi accusé d’être des provocateurs et ostracisés. A leur mesure les journalistes de Charlie Hebdo sont dans le même sillage… celui de la raison critique, de l’intelligence contre l’obscurantisme.

    On présente le monothéisme comme un progrès par rapport au polythéisme ; espérons qu’après le monothéisme et son dieu unique un autre progrès nous conduise à l’athéisme. Il ne suffit pas d’en finir » avec le Jugement de Dieu « comme le préconisait Antonin Artaud, il faut en finir avec l’idée de dieu et le fleuve de sang qu’il charrie derrière lui. Encore et toujours le curé Meslier : » l’homme sera libre lorsque le dernier des rois sera étranglé avec les boyaux du dernier prêtre."
    Gérard Mordillat, 12 janvier 2015

    • Ce texte de Mordillat est très mauvais.

      Evidemment c’est difficile de critiquer Charlie Hebdo maintenant, mais on peut pas enterrer toute lucidité.

      1 Charlie Hebdo a-t-il jamais fait des dessins humoristiques sur les dîners du CRIF et la « non séparation du CRIF et des politiciens » ? Non
      As-t-il mis en boîte les partis américains sur leur mode de financement, et Obama sur sa complicité active avec les crimes israéliens ? Non
      Charlie Hebdo faisait l’humour autorisé par les dominants.

      Et humilier les croyances des dominés, de ceux qui sont rejetés aux marges, dans les tâches les moins valorisées, et de ceux qui prennent les bombes high-tech sur la tête depuis au moins 1990 (première guerre du Golf), je n’ai jamais trouvé que ce soit une bonne idée.

      2 Athée (je suis athée) n’est pas synonyme d’humaniste et pacifique. Il y a des assassins athées. Et il y a des religieux admirables d’humanité et de tolérance.

      Plusieurs régimes communistes et maoïstes ont voulu éradiquer la religion et ils pour cela mis en place des répressions féroces :
      http://en.wikipedia.org/wiki/USSR_anti-religious_campaign_%281928%E2%80%9341%29

    • @stephane_m A chacun son opinion, je ne sais d’ailleurs pas comment qualifier Charlie Hebdo d’une manière absolue et précise. Pour moi c’est une publication assez contradictoire.

      Mais « humilier les croyances des dominés », c’est accuser le canard et ses auteurs d’un acte dont ils sont incapables. On a vu des hommes humiliés à la prison d’Abou Ghraib, mais humilier par des paroles et dessins dans un journal ? C’est impossible. Aussi la croyance est une « chose » assez abstraite. Comment humilier une abstraction ? C’est encore plus difficile.

      Quelle est alors le crime en matière de croyance dont les dessinateurs seraient-ils coupables ? Un exemple précis s.v.p. ?

    • On fait valoir que Charlie s’en prend, indistinctement, à toutes les religions, mais c’est un mensonge. Certes, il s’est moqué des chrétiens, et, parfois, des juifs ; toutefois, ni le journal danois, ni Charlie ne se seraient permis, et c’est heureux, de publier une caricature présentant le prophète Moïse, avec une kippa et des franges rituelles, sous la forme d’un usurier à l’air roublard, installé au coin d’une rue.

      http://seenthis.net/messages/330624

    • Cette remarque de Sand me parait étrange : je suis à peu près sur qu’ils ont déjà fait Moïse — en tout cas ils ont fait des tonnes de Rabbins — mais effectivement, pas selon les critères de l’« humour nazi » (usurier etc). Mais qu’est-ce qui, dans leurs dessins d’imams ou du prophète lui-même est emprunté à des tropes d’extrême droite ?
      D’après mes lectures, arrêtées il y a quelques années, Charlie s’en prenait réellement à toutes les religions (et d’abord à la catholique). Maintenant, ça n’empêche pas d’analyser que le cas des musulmans est spécialement sensible actuellement et ce depuis des années, mais il me semble peu rigoureux de nier que l’anticléricalisme de Charlie était total.

    • Un article écrit en 2013 par quelqu’un qui a travaillé à Charlie Hebdo de 1992 à 2001, avant de claquer la porte, échaudé par « la conduite despotique et l’affairisme ascensionnel » d’un certain Philippe Val.
      Depuis, Olivier Cyran observe de loin, hors les murs, l’évolution de Charlie Hebdo et sa grandissante obsession pour l’islam. Il revient sur cette longue dérive à l’occasion d’une tribune récemment publiée dans Le Monde, signée Charb et Fabrice Nicolino.

      « Charlie Hebdo », pas raciste ? Si vous le dites…
      http://www.article11.info/?Charlie-Hebdo-pas-raciste-Si-vous

      Cyran n’écrirait certainement pas l’article dans le contexte actuel, mais son témoignage a l’intérêt justement de s’être écrit en dehors du processus actuel de construction d’une légende.

    • @klaus, je pense que tu n’es pas profondément croyant. Moi je suis athée, mais j’essaie de faire preuve d’imagination... ;-)

      Pour être un peu plus complète : je pense que lorsqu’on est très souvent visé par les contrôles de police, qu’on a un mauvais dossier pour trouver un appart, qu’on n’a aucune réponse à ses envois de CV, et qu’on croit très profondément en Dieu sans avoir un lieu correct pour son culte, on est mal face à des dessins du type de celui ci-dessus, ou celui de Mahomet avec une bombe dans le turban ...

      Bonsoir

  • Cher Charb, je vous défends !

    http://nawaat.org/portail/2012/09/19/cher-charb-je-vous-defends

    à cause de votre publication, il risque d’y avoir des morts et des émeutes dans des pays où les débats sur la question de la religion ont atteint un niveau de sensibilité extrême à la lisière de la guerre civile, niveau que vous ne pouvez pas imaginer, vous qui êtes dans la dérision et non pas dans la compréhension profonde des faits qui bouleversent actuellement les pays arabes tels que la Tunisie. Ces débats s’arrêtent et se transforment en inquisition fasciste contre les progressistes des ces pays, auxquels j’appartiens, qui se battent jour et nuit pour les valeurs que vous défendez, ces débats s’arrêtent à chaque fois qu’un gros pachyderme inculte, tel que Sam Bacille, décide d’exprimer son point de vue sur l’islam.

    #Mahomet #Mohamed #Islam #Tunisie #carricatures #CharlieHebdo