person:malik oussekine

  • Les policiers manifestent aussi, au risque de la confrontation
    https://www.mediapart.fr/journal/france/170516/les-policiers-manifestent-aussi-au-risque-de-la-confrontation

    Plusieurs syndicats de policiers ont suivi l’appel à manifester d’Alliance #Police nationale mercredi #place_de_la_République contre les « violences anti-flics ». Une contre-manifestation a été autorisée par le préfet, et des manifs sauvages sont annoncées.

    #France #manifestation #Nuit_debout #Syndicat_Alliance

  • Communiqué de presse de la Coordination Nationale Etudiante concernant la répression policière- Ni chair à patron, ni chair à matraque
    (via JUSSIEU CONTRE LA LOI TRAVAIL) · SAMEDI 30 AVRIL 2016

    Depuis deux mois, le mouvement étudiant s’organise contre la loi travail, dans la rue, les universités et au sein de la coordination nationale étudiante, qui s’est réunie pour la 5ème fois à Paris ce week-end. Tout au long de cette mobilisation, la violence de la répression n’a fait que croître.

    Sur le plan scolaire d’abord, l’administration pénalise les étudiant.e.s mobilisé.e.s par le refus de levée d’assiduité et de report d’examens les jours de mobilisation : cela touche particulièrement les étudiant.e.s boursier.e.s. D’autre part, dans les facs elles-mêmes, lieu d’organisation du mouvement étudiant, la répression a lieu. Sujettes régulièrement à des fermetures administratives, elles deviennent le cadre de patrouilles de vigiles ou compagnies de sécurité privées et d’interventions policières brutales, brisant de fait la franchise universitaire, pour empêcher l’auto-organisation des étudiant.e.s en AG.
    La CNE exige le respect du droit de grève pour chaque étudiant.e par la mise en place de dispense d’assiduité, et condamne fermement la présence policière au sein des universités.

    A cette répression sur les campus s’ajoutent les violences policières subies dans la rue. Chaque journée de mobilisation compte son nombre de blessé.e.s. Pour quiconque ayant participé à une manifestation contre la loi travail, il est clair que la police agit pour blesser, intimider et faire taire le mouvement social. L’usage massif d’armes, telles que les gaz lacrymogènes, les grenades de désencerclement et les flashballs, blesse et mutile. Encore, jeudi dernier à Rennes, un étudiant a perdu un oeil par un tir de LBD (lanceur de balle de défense). Par ailleurs, les manifestant.e.s de Nantes ont vu réapparaître la pratique, disparue depuis la mort la Malik Oussekine, des voltigeurs (policiers en civil, à motos, armés de matraques). On a même vu, à Strasbourg, l’armée de terre intervenir lors d’une manifestation. A tout cela se mêlent intimidations et insultes à caractère raciste, homophobe et sexiste, notamment lors de contrôles arbitraires en début et fin des manifestations.
    La CNE demande l’arrêt de l’usage des grenades de désencerclements, du LBD 40 et du flashball, qui dans leur usage réel, sont des armes létales. Elle appelle en outre toutes et tous à s’organiser afin de prendre soin de soi et des autres lors des manifestations (s’équiper : sérum, foulard, voire si la violence de la répression le rend nécessaire : masques de plongée, casques…).

    Les violences policières se prolongent aussi par une répression judiciaire d’une rare intensité, comme les milliers d’interpellations et les centaines d’inculpations en témoignent. De nombreux procès ont déjà eu lieu avec leur lot de condamnations : travaux d’intérêt général, contrôle judiciaire, amendes, interdiction d’accès aux centres villes, voire prison ferme, et beaucoup d’autres restent à venir. Nous craignons que d’aussi lourdes peines n’en viennent à se généraliser à toute forme de contestation politique.
    La CNE réclame la relaxe de tous nos camarades inculpé.e.s et l’abandon de toutes les poursuites en cours.

    Cette impunité de la violence des pouvoirs publics est largement permise par un traitement médiatique qui, au mieux, omet l’ampleur de la répression, au pire, la légitime en brandissant l’épouvantail des « casseurs ». Il est intolérable qu’une voiture brûlée ou une vitrine brisée déclenche plus d’indignation que la mutilation d’un étudiant.

    La répression ne nous arrêtera pas !
    La Coordination Nationale Etudiante

  • Remember #Malik_Oussekine
    http://bandedessinee.blog.lemonde.fr/2016/04/14/remember-malik-oussekine/#xtor=RSS-32280322

    Qui serait devenu Malik Oussekine ? Aujourd’hui , il aurait la cinquantaine. Dans un bref préambule, les auteurs de Contrecoups, #Jeanne_Puchol au dessin (Vivre à en mourir, Charonne-Bou Kadir) et #Laurent-Frédéric_Bollée au scénario (Terra Australis , Deadline), envisagent … Continuer la lecture →

    #Bande_dessinée

  • Dans la nuit du 5 au 6 décembre 1986, Malik Oussékine assassiné par deux voltigeurs de la police
    http://rebellyon.info/Dans-la-nuit-du-5-au-6-decembre

    Dans la nuit du 5 au 6 décembre 1986 à Paris, en pleine répression du mouvement étudiants/lycéens, Malik Oussekine, 22 ans, était matraqué à mort dans le hall d’un immeuble parisien où il s’était refugié, par deux policiers « voltigeurs » motocyclistes. Dans cette même nuit, un autre jeune de 19 ans, Abdel (...) — Mémoire, Mémoire, Manchette, http://www.article11.info/?La-police-est-republicaine-mais-l

  • Réponse du rappeur Kery James à Raphael Enthoven (1)

    Vous intitulez votre chronique « Le vrai respect à conquérir en république est l’indifférence de la couleur de la peau » Pourtant dès les premières secondes de cette même chronique vous posez la question suivante : « Que demande Kery James lorsque il demande le respect ? Qu’on le respecte en tant que noir ou qu’on le respecte en tant que citoyen français ».

    La question en elle même démontre que l’indifférence à la couleur de la peau n’est pas chose acquise en république. En effet, lorsqu’un homme noir vous demande le respect, il ne vous vient même pas à l’esprit qu’il puisse l’exiger en tant qu’être humain. Vous vous demandez immédiatement, si il l’exige en tant que Noir. Est-ce parce que vous le percevez en tant que Noir avant de le percevoir en tant qu’être humain ?

    En effet, je n’ai pas commencé ce texte en disant « J’écris ce texte en tant que noir ». Au contraire, je dis dans la même chanson « Il n’y a pas que les Noirs et les Arabes, ce sont tous les pauvres qu’ils méprisent ». C’est à dire que les pauvres, quelle que soit leur couleur de peau, sont souvent méprisés par ceux qui détiennent le pouvoir économique. Tout comme la couleur de peau de ceux qui sont riches ne dérange jamais ceux qui profitent de leur fortune. Et si je m’étais exprimé au nom d’une classe sociale et non en celui d’une race ? Pourquoi est-ce que cela ne vous a pas effleuré l’esprit ? Il est simple, mais malhonnête de ramener mon discours à des considérations raciales qui sont les vôtres, pas les miennes.

    Figurez vous que l’une des chansons les plus emblématiques de ma carrière et l’un de mes plus grands succès s’appelle justement « Y’a pas de couleur ». Cette chanson est un incontournable pour moi si bien que je l’interprète à chacun de mes concert alors qu’elle date de 2001. Je l’ai notamment interprété à Bercy le 21 Novembre 2013 devant près de 15000 personnes. Pour vous dire ô combien cette chanson et son message sont importants pour moi. La dernière fois que je l’ai interprété c’était en banlieue parisienne à saint-denis le 24 Octobre 2015. Si j’étais un raciste anti-Blanc et que ce racisme anti-Blanc avait un écho en banlieue, je n’aurai pas interprété cette chanson en seine saint-denis.

    Pour dissiper tout malentendu, si malentendu il y a, plutôt que volonté réfléchie et calculée de biaiser mon discours,laissez moi citer un court extrait de cette chanson : « Y’a pas de couleur pour être stupide, ignorant, raciste et borgne. Pas une couleur attitrée à l’absurdité. Pas une couleur qui prouve ton intelligence. Pas une couleur qui témoigne de ta tolérance ». Est-il nécessaire que je mentionne « Pleure en silence » une autre de mes chansons que j’interprète également à chacun de mes concerts en banlieue et ailleurs et dont voici un autre extrait : « La détresse n’a pas de couleur. Réveille-toi, sous combien de peaux blanches se cache la douleur ».

    A la lumière de ces deux extraits, il apparaît clairement que votre tentative de m’accuser de racisme anti-Blanc est infondée voir calomnieuse si cela est volontaire de votre part. Il en est de même pour votre rapprochement très douteux entre mes idées et celles du Front national. Prétendre que c’est ma chanson qui renforce le FN en France est un argument étonnant auquel n’adhéreront jamais ceux qui connaissent ma musique. Et moi qui pensais que c’était la crise économique et l’impuissance des gouvernements successifs à nous en sortir qui expliquait cette montée du FN. Moi qui pensais que cela s’expliquait aussi par la stigmatisation continue d’une certaine partie de la population française par la classe politique et les médias. Je vais même vous avouer un secret, leurs discours m’ont même parfois laissé penser qu’ils voulaient et organisaient la montée du FN .En fait, vous devez comprendre et accepter que quelqu’un puisse être un véritable anti-raciste tout en étant capable de dénoncer des injustices que seuls ceux qui y trouvent leurs intérêts voudraient passer sous silence.

    Vous avez également dérapé quand vous avez expliqué que lorsque je dis « J’ai abandonné l’idée qu’ils me perçoivent un jour comme un Français » cela signifie que « j’ai renoncé à l’intégration ». C’est très grave. Je suis né en Guadeloupe et je suis en métropole depuis 1985 et vous pensez encore que je dois « m’intégrer » ? Ce dérapage à lui seul justifie la totalité de mon texte auquel vous avez tenté maladroitement de vous opposer pour des raisons qui me paraissent obscures. En effet, comme vous en faîtes la démonstration, vous ne me considérez pas comme un Français puisque vous pensez que je ne devrais pas renoncer à "l’intégration".

    Vous auriez été plus pertinent et plus juste, si vous aviez fais une chronique sur l’action que je mène avec mon association ACES, comme Apprendre, Comprendre, Entreprendre et Servir. Dans ma chanson « Banlieusards » dont le leitmotiv est « On est pas condamnés à l’échec » j’écrivais « Une question reste en suspens qu’a t-on fait pour nous mêmes ? ». En effet, je refuse d’être de ceux qui pointent du doigt les problèmes et ne proposent aucune alternative. Comme je crois que la véritable révolution passe par l’éducation j’ai fondé l’ACES en 2008. Son objectif, faire du soutien scolaire et du financement d’études supérieures. Alors depuis près de 2 ans maintenant dans le cadre de l’action menée par mon association, je donne des concerts en France et même dans les départements d’outre-mer comme en Guyane par exemple. A chaque date, je reverse une partie de mon cachet personnel pour financer les études supérieures d’un jeune en difficultés économiques.

    Plus d’une dizaine d’étudiants, de toutes les couleurs ,ont bénéficié de cette bourse à ce jour. Pourquoi ne pas avoir fait une chronique sur cette tournée solidaire ? Pas assez sensationnel ? Est-ce parce que cela ne rentre pas dans le projet qui consiste à faire passe les banlieusards comme des terroristes potentiels et des délinquants ? Ou les deux à la fois ? Est-ce que c’est parce que cela contribuerai à montrer les jeunes de banlieue autrement que comme des prétendus paresseux qui ne font que se plaindre et sont incapables de se prendre en main ?

    J’essaie en ce moment de monter un documentaire sur les parcours de ces jeunes qui ont bénéficié de la bourse ACES. Ces jeunes qui, partis du plus bas, ne se contentent pas de pleurer sur leur sort. Ces jeunes qui ne s’arrêtent pas au simple constat des difficultés auxquelles ils doivent faire face mais qui se battent au quotidien. Nous avons démarché plusieurs chaînes de télévision et aucune d’entre elles ne souhaite diffuser ce documentaire. Pouvez-vous m’éclairer et me dire pourquoi ? Est-ce que vous pensez honnêtement que les émissions qui montrent une image positive des jeunes de banlieue sont assez nombreuses et que le pays n’en a pas besoin ? Est-ce que ce n’est pas plutôt l’absence de ce genre de documentaires à la télévision qui facilite la montée du FN ? Vous comprendrez peut-être en quelques mots les raisons de ma colère qui n’est pas et qui j’espère ne sera jamais une colère aveugle qui me fera sombrer dans l’idiotie et l’injustice.

    Vous ne pouvez pas prendre l’extrait d’une chanson qui n’est même pas terminée d’ailleurs et le brandir en occultant l’ensemble de ce que j’ai écris dans ma carrière discographique qui dure depuis 23 ans maintenant. Vous devez également être vigilant et faire attention à ne pas faire passer les conséquences pour les causes. Ce texte « 10 ans après » est une conséquence et non une cause. Tout comme les révoltes de 2005 étaient une conséquence et non une cause. Et pour information, lorsque j’ai écrit « Toute arrivée à son départ » cela signifiait pour moi que les conséquences ont souvent une cause connue. La phrase n’a jamais eu dans ma bouche le sens que vous lui prêtez. Heureusement, je ne suis pas encore mort et quelle interprétation peut-être plus précise que celle de l’auteur lui même ?

    Vous avez demandé sur Twitter à ce qu’on vous apporte des arguments qui vous démontrent que votre analyse est fausse et surtout qu’elle ne s’applique pas à ma personne. Vous avez dis que vous seriez ravi de vous être trompé. Je n’ai aucun doute que cette réponse brève contient non pas les arguments mais les preuves sans ambiguité que ni vous ni aucun autre média ne pourrez jamais m’accuser de racisme anti-blanc si ce n’est en ayant recours au mensonge, à la diffamation, à la déformation de mes propos et à la manipulation.

    Dans votre chronique vous nous sommez de choisir entre Malcolm X et Nelson Mandela. Si seulement vous pouviez me laisser choisir par moi même. Je pourrais peut-être me sentir inspiré par la détermination de Malcolm X tout comme par la capacité de Nelson Mandela à pardonner.

    Et puisque vous vous réclamez du pacifisme de Nelson Mandela je compte sur vous pour avoir l’honnêteté de lire cette réponse à l’antenne sans la dénaturer et de reconnaître qu’au minimum vous vous êtes hâté dans votre jugement à mon sujet. Si vous le faîtes alors là vous serez très proche du pacifisme de Nelson Mandela et vous démontrerez que le dialogue entre ce que j’appelle malgré moi les deux France est possible et n’est pas voué à l’échec.
    Je vous invite même à assister à mon prochain concert solidaire qui aura lieu à Vaux en Velin le 21 Novembre au centre culturel Charlie Chaplin à 20 heures. Concert autour duquel une bourse de 6000 euros sera attribuée à un ou plusieurs étudiants pour les aider à financer leurs études supérieures. Ce sera l’occasion pour vous de découvrir ma musique, de me rencontrer ainsi que de constater la grande diversité de mon public qui est loin, même très loin d’être composé uniquement d’Arabes et de Noirs. Vous pourrez voir par vous même, le bonheur, le courage et la détermination de certains lauréats et peut-être même la fierté et les larmes dans les yeux de leurs parents. Venez donc mettre un pied dans notre réalité et abandonnez le fantasme médiatique d’une banlieue anti-blanche.
    Si vous venez et si vous avez le courage de revenir sur vos dires, alors j’aurai la certitude que vous vous êtes simplement trompé à mon sujet et que vous êtes un homme qui sait reconnaître ses erreurs. Si vous ne le faîtes pas,ou pire encore surenchérissez, j’aurai alors la conviction que vous êtes profondément malhonnête et j’en serais peiné pour vous.

    Je souhaiterai conclure par une citation de Nelson Mandela que vous semblez chérir :

    « Je lisais beaucoup de journaux de toutes les régions, mais ils ne donnent qu’une pauvre image de la réalité, les informations qu’ils donnent sont importantes pour un combattant de la liberté non pas parce qu’elles disent la vérité, mais parce qu’elles révèlent les préjugés de ceux qui écrivent les articles et de ceux qui les lisent »
    L’aube est claire pour celui qui a des yeux.

    Kery James

    (1) http://www.europe1.fr/emissions/la-morale-de-linfo/le-vrai-respect-a-conquerir-en-republique-est-linfference-de-la-couleur-de-l

    • La réponse de Enthoven, nulle, à coté de la plaque, toujours aussi raciste.

      Et voici ma réponse à sa réponse... Je vous laisse le soin, cher ‪#‎keryjames‬, de la partager...

      Merci de cette lettre ! Vivent les désaccords.
      Un pays en paix et en bonne santé est un pays dont les citoyens peuvent s’engueuler sans se détester, et loyalement. Permettez-moi donc, sans revendiquer le dernier mot, de répondre à votre réponse.

      Que les choses soient claires : je ne vous fais aucun procès d’intention. Au contraire, je ne doute ni de la pureté de vos intentions, ni de la sincérité de vos engagements. Est-ce votre parcours qui vous a ouvert le coeur ? Peut-être. Le fait est qu’à vos yeux, et malgré votre succès, le monde n’est pas (seulement) un spectacle. Vous savez souffrir des douleurs que vous racontez. Vous êtes un homme politique, au sens noble du terme : les autres vous importent plus que vous-même, vous avez trop d’ambition pour n’être qu’un ambitieux. C’est de cette générosité-là, peut-être, que vient le talent.

      Mais (à mes yeux) la colère vous aveugle à l’instant où elle vous donne le sentiment de voir plus clair que les autres.
      Qu’il y ait des injustices, c’est un fait. Qu’il faille lutter contre, c’est une certitude, sinon le sens de la vie. Mais la France n’est pas coupée en deux. La France est coupée en mille. Le monde n’est pas seulement réparti en oppresseurs et en opprimés, ce serait trop facile. La lecture en termes de race ou de classe relève, à mon sens, d’une simplification abusive du monde. D’autant que la bonté n’est pas toujours du coté des victimes. Et la force n’est pas toujours une méchanceté. La vie n’est pas noire ou blanche, mais grise (ou marron, les jours de beaux temps).

      Contrairement à vous, je n’ai aucun message à faire passer, mon travail consiste à prélever des paradoxes dans l’actualité, et quand je tombe sur l’un d’entre eux, je suis heureux comme un chercheur d’or quand il met le doigt sur une pépite.

      Pour rédiger ma chronique, je me suis appuyé sur trois de vos textes : Banlieusards, Lettre à la République, et votre hommage (inachevé) à Zyed et Bouna. Et « je revendique » (avec votre permission) le droit d’être en désaccord frontal avec vous.
      La France a un affreux passé colonial, dont il faut enseigner les tortures. Et, sous l’alibi de valeurs universelles, le mal-nommé « pays des droits de l’homme » s’est parfois (pas toujours) conduit en bourreau. Mais la République est belle, malgré tout ; elle ne se confond pas toute entière avec cette histoire sinistre. Et rien n’est plus faux que de traquer dans ses lois le symptôme ou la puanteur d’un passé qui ne passe pas. Bien sûr, le racisme s’y porte bien (comme ailleurs en Europe) mais la France n’est pas l’Afrique du Sud (des années 80), ni l’Alabama.

      La France est un ancien empire, un géant fatigué, dont le déclin n’est plus couvert par le lyrisme d’un héros, et qui a la nostalgie de sa grandeur. Or, l’un des symptômes de cette nostalgie, c’est paradoxalement le discours même qui consiste à la prendre pour la cause de tous les maux ! Même si elle a des raisons d’être, rien n’est plus franchouillard que la détestation de la France. Rien n’est plus paternaliste (et colonial) que le discours qui tient la France pour ce qu’elle n’est plus : une grande puissance coloniale. Quand vous lisez l’actualité à l’aune d’un passé colonial, vous donnez à ce passé une force nouvelle. Et sous le déguisement d’une critique radicale, vous perpétuez l’orgueil des colons. De même que l’idée de « diversité » est une arnaque politique, un racisme à l’envers, une invention de la blancheur qui, sous couvert de respecter l’autre, l’enferme dans une certaine idée (faussement flatteuse) de lui-même, de même qu’il arrive que des débauchés deviennent des puritains sans pour autant changer de nature profonde, la métamorphose du discours colonisateur en discours pénitent ne doit pas nous induire en erreur. « L’odeur du sang, écrivez-vous, vous poursuit même si vous vous parfumez » ? Mais qui est ce « vous » ? Et quel est ce parfum ? Non, décidément. Le devoir de mémoire, ce n’est pas l’éternité d’une pénitence. Sinon, les Allemands, les Turcs, les Serbes et les Hutus seraient pour toujours en enfer.

      Dans la même chanson, vous parlez au nom de « Nous les Arabes et les Noirs » et vous demandez « comment aimer un pays qui refuse de NOUS respecter ? » Mais, encore une fois, qu’entendez-vous par là ? De quel respect parlez-vous ? de celui qu’on doit aux « arabes et aux noirs » ou de celui qu’on doit à tout individu ? Ce n’est pas moi qui réduis votre définition du respect. C’est vous-même ! Moi, je me contente de vous lire (et de vous écouter).Mon sentiment (mais je voudrais me tromper), c’est que, exacerbée par une infinité d’injustices, votre colère vous fait confondre l’universalité du respect avec le respect d’une différence. Et qu’au lieu de demander l’égalité, vous demandez réparation. Ce qui n’est pas pareil. C’est même toute la différence entre Martin Luther King et Malcolm X, entre Obama et Jeremiah Wright... C’est toute la différence entre le courage (de faire la paix) et la rage (qui prolonge une injustice en réclamant une vengeance). L’ennemi, ce n’est pas la pensée molle. L’ennemi, c’est la vengeance comme alibi d’un racisme inversé.

      Quand Mandela, au mépris de sa colère (Dieu sait s’il en avait en lui !), instaure la justice au lieu de satisfaire la vengeance, il crée les conditions de la paix. Parce que la grandeur consiste à être plus grand que soi-même, à dépasser sa propre cause et sa propre indignation pour servir la cause d’un avenir commun. Et que, comme dit Vladimir Jankélévitch, « la violence, c’est de la force faible ».

      Vous déclarez fièrement, à plusieurs reprises, que vous n’êtes pas une « victime ». Mais le ressassement, à longueur de chansons, des offenses de la colonisation, conduit à l’effet inverse : ceux dont vous prenez la défense, vous les enfermez précisément dans la catégorie de victimes. Et parler de « France d’en bas », c’est encore la regarder d’en-haut.

      De même que Marx voyait dans le prolétariat « une sphère qui possède un caractère d’universalité par l’universalité de ses souffrances » (et qui, à ce titre, incarne à elle seule l’injustice toute entière), vous semblez désigner les descendants des victimes de la colonisation comme seuls dépositaires de la souffrance légitime. Il en résulte une lecture raciale des comportements qui n’est pas toujours pertinente, et qui, le plus souvent, obscurcit les choses quand elle croit les éclaircir. C’est pour cela qu’il est si important que vous précisiez ce que vous entendez par « respect ». Encore une fois : est-ce le respect d’une différence, ou le respect indifféremment de celui dont on parle ? (Suis-je le seul à entendre cette ambivalence ?)

      De façon générale, il ne suffit pas de dénoncer le « système » pour ne plus lui appartenir. Au contraire (et votre succès, par exemple, en témoigne), le système adore les gens qui le combattent ! C’est son plat préféré. Croire qu’on est libre parce qu’on dénonce les tyrannies, c’est un péché d’orgueil. Les moutons noirs ne sont pas moins moutonniers que les autres. On est moins libre quand on croit qu’on l’est, que quand on sait qu’on ne l’est pas.

      Autre chose : je n’ai jamais assimilé vos idées à celles du FN ! Il faudrait être fou pour le faire. Mais il y a la matière et il y a la manière. Et des discours ouvertement antagonistes recouvrent parfois des proximités inattendues : Nadine Morano ne vous donne-t-elle pas raison quand elle déclare que la France est un « pays de race blanche » ? Je vous cite : « A tous ces racistes à la tolérance hypocrite / Qui ont bâti leur nation sur le sang /Maintenant s’érigent en donneurs de leçons/ Pilleurs de richesses, tueurs d’africains / Colonisateurs, tortionnaires d’algériens... » Mais qui, à part la droite de la droite de la droite, peut se reconnaître dans le portrait que vous faites de la France elle-même ? Comment entendre « Nous, les arabes et les noirs, on est pas là par hasard, toute arrivée a son départ... » autrement que comme l’autre versant de l’affreux « La France, tu l’aimes ou tu la quittes » ? Encore une fois, comment voulez-vous lutter contre le délit de facies et tous les clichés négrophobes, si vous vous dites « noir et fier de l’être » ?
      Si je me disais « blanc et fier de l’être », vous trouveriez que j’ai l’air con, n’est-ce pas ? Vous auriez raison.

      Enfin, l’essentiel. Zyed et Bouna. Leur mort est une tragédie. Et la preuve de bien des malaises qui asphyxient la société (à commencer par le délit de non-assistance à personne en danger). Mais leur mort n’est pas un assassinat. Quand j’entends certains (pas vous, il est vrai) confondre la mort des deux adolescents avec le meurtre de Malik Oussekine en 1986 (assassiné à la matraque par des policiers), je me dis qu’on a perdu en lucidité, qu’on mélange tout, que l’injustice (incontestable) empêche de voir des nuances essentielles, et que, comme chaque fois qu’on pratique les amalgames, les extrêmes ont gagné du terrain.

      La police française n’est pas parfaite. Heureusement. Mais ce n’est pas la police de Vichy, ni même celle de Charles Pasqua ! En vérité, il y a chez les flics la même proportion de connards, de racistes et d’abrutis que dans n’importe quel corps de métier. Mais on y trouve aussi d’authentiques républicains qui ne font aucune différence entre les citoyens, et qui font respecter la loi (c’est-à-dire la liberté de chacun). Ni plus, ni moins. La mort de Zyed et Bouna est une catastrophe, mais, si difficile que cette phrase soit à entendre, ce n’est pas un scandale d’Etat.

      Voilà. J’arrête ici cette réponse, dont la longueur vient uniquement de l’intérêt que je prends à discuter avec vous. Et puis, comme dit Maeterlinck, (un autre amoureux du silence) « les paroles passent entre les hommes, mais le silence, s’il a un moment l’occasion d’être actif, ne s’efface jamais. »

      Merci pour l’invitation. Je ne suis pas libre le 21 novembre.
      Mais une prochaine fois, avec plaisir. Et intérêt.

      Respectueusement.

    • Cette tendance à vouloir expliquer aux Autres, comment ils doivent se sentir et penser, c’est plus qu’usant, c’est épuisant. On a eu récemment un exemple sur un débat seenthis sur les femmes (je ne sais plus lequel - cela parlait d’une jeune fille courtoise au travail et de l’interprétation de sa gentillesse par un homme). C’est comme si l’homme blanc, puisque c’est de cela qu’il s’agit, qui n’expérimente aucune des oppressions sur lesquelles il s’exprime, détenait intrinsèquement le discours universel, ad nauseam sur l’expérience humaine et qu’aucune remise en cause de celui-ci n’était possible, à ses yeux. Cette position de "celui qui sait parce qu’il s’ait" s’accompagne d’une tare presque génétique, celle de la surdité sélective, car presque systématiquement la faconde s’accompagne d’un incapacité non seulement à écouter, mais surtout à entendre ce que disent ceux qu’IL disqualifie d’un revers de bras éditorial. Où sont les docteurs ?

    • Une transcription du rap de Kery James

      « Dix ans après tu peux faire le constat, très peu de choses ont changé.
      Rabsa et renoi on est toujours des étrangers.
      J’ai abandonné l’idée qu’ils nous perçoivent un jour comme un Français
      Mais je n’abandonne pas l’idée que l’Etat français me doit le respect
      Je l’ai déjà dit, le respect n’est pas une chose qui se mendie
      L’indépendance a un prix souvent trempée de sang sous des drapeaux brandis
      Val de Meurtre où j’ai grandi, la violence nous heurte on doit rester en vie
      On n’a jamais rien attendu de l’Etat, on ne va pas commencer aujourd’hui
      ( Zyed et Bouna )
      De la gauche à la droite, ils font du fric entre énarques
      De Sarkozy à Guéant en passant par ce gros mytho de Cahuzac
      Et c’est les mêmes qui font la leçon à nos petits frères qui sont dans l’arnaque
      Ils envoient les flics pour mater la rébelion à coup de matraques
      C’est nous qu’ils accusent sans cesse d’avoir pillé le pays
      Alors qu’ils tapent dans la caisse, ne font jamais ce qu’ils ont promis
      Six heures du mat, ils envoient les condés défoncer ta porte
      Eux se rendent au tribunal en voiture sous escorte
      Ils n’ont jamais connu la crise.
      Et ils s’étonnent que le peuple se rebelle, les pourchasse et arrache leur chemise
      Il n’y a pas que les noirs et les arabes, ce sont tous les pauvres qu’ils méprisent
      Lorsqu’ils nous parlent de l’Islam, ils espèrent que ca nous divise
      Quand vous chercherez des solutions ca se verra
      Pour l’instant, vous ne faites que fabriquer des futurs Merah
      Votre mépris du peuple, les patrons, il se paiera
      Pourquoi à l’Assemblée, on dirait un opéra ? »

    • Nouvelle réponse de Kery James

      RAPHAËL ENTHOVEN

      Je ne voudrais pas vous accuser de recourir à des sophismes mais je constate que vous n’avez pas répondu à mes interrogations et aux graves contradictions que j’ai pointées dans vos propos. La réponse que j’ai publiée hier reste donc la même et elle sera la seule.
      Je crains qu’il y ait toujours un fossé entre un discours fondé et ancré dans la réalité et un autre qui consiste à prétendre produire de la pensée coûte que coûte quitte à déformer ou nier le réel.
      Un fossé entre les acteurs et les spectateurs.
      Un fossé entre ceux qui subissent et ceux qui commentent, expliquant à ceux qui subissent avec quelle grandeur d’âme ils doivent subir.
      Néanmoins, mon invitation à l’un de mes concerts, celui de votre choix, car je vous sais très occupé à produire de la pensée, est toujours valable. Ce sera l’occasion de vous rencontrer et d’échanger. J’espère toujours en effet, voir une France unifiée et cela ne peut se faire que dans le réel.
      Je vous souhaite le meilleur.
      Humainement.

      Kery James

      https://www.facebook.com/keryjamesofficial/posts/10156292644535235

    • @biggrizzly Bien sur, mais dans ce cas cela s’applique bien. Il n’écoute clairement pas ce que dit Kery James, qu’il disqualifie par défaut... Je parlais plus que du biais du privilège surtout de la surdité selective de certains dominants.

    • Je parlais plus que du biais du privilège surtout de la surdité selective de certains dominants.

      C’est de cela dont il s’agit, une surdité sélective qui consiste à ne relever que les propos, les idées qui alimentent les à-priori.
      Donc une malhonnêteté patente vis à vis de l’auteur et de son message.
      Dans le but de faire de l’audience, de faire réagir ; sans aucun doute. Mais toutes ces « têtes pensantes » médiatiques contrôlent-elles les réactions qu’elles se flattent de provoquer ?
      Par contre, certaines personnalités politiques assoiffées de pouvoir et biberonnées à l’idéologie de la supprématie blanche trouveront là l’aubaine pour exploiter le filon de l’opinion.

      Gougueule est ton ami :
      https://www.google.fr/webhp?tab=mw&ei=F008Vtj-IIHd-QHUuIGAAg&ved=0CAQQqS4oAQ#q=rapha%C3%ABl+enthove

    • @aude_v Quant à moi, je suis un vieil homme blanc, avec quatre enfants métis. Le plus jeune en souffre déjà, car les cons l’entourent, ce que j’ai envisagé depuis très longtemps. Une vieille femme dans la rue m’a un jour soufflé à l’oreille, à propos du petit qui n’avait que trois ans « Petit bâtard ». Il faut un peu arrêter d’essentialiser l’homme blanc. J’ai connu un paquet de racistes pas blancs du tout, et une jeune noire en co-voiturage il y a deux mois m’a raconté son lot d’injures dans la cité face à d’autres minorités pas blanches non plus... Le manichéisme à l’américaine - celui qui est si souvent défendu ici - nous mène au gouffre : c’est son but. Et les rappeurs en sont les porte-voix, bien trop souvent.

    • je vois ce que tu veux dire , cependant je n’en pense pas moins à des formes d’illusions dans l’efficacité de la pensée magique ( malgré les univers parallèles) ; ainsi de la chansonnette !

    • @aude_v : merci, tu m’as compris. Exprimer ce point de vue est sensible, puisque évidemment, il peut être pris comme une forme de reprise de contrôle du débat de la part du/de la privilégié•e... et c’est alors sans fin... Quand les arguments des uns et des autres ne sont écoutés qu’à l’aune de la position de privilège de ceux qui les expriment, j’ai un petit peu l’impression que le dialogue devient impossible.

    • 23-24-25 octobre 2015, Week-end contre l’armement de la police
      http://desarmonslapolice.noblogs.org

      L’histoire aura voulu que ce début d’année 2015 marque un tournant majeur dans l’image dégradée des forces de l’ordre après 10 ans de mutilations et d’assassinats répétés.

      Dans la rue d’abord, les soubresauts estudiantins des années 2000 sont venus s’ajouter à la colère des banlieues. Tous deux ont mis à jour l’un des aspects principal du #maintien_de_l’ordre : une force essentiellement dissuasive qui le cas échéant contient l’affrontement dans un dispositif qu’elle a préméditée.

      Dans les bocages plus récemment, la résistance aux projets d’infrastructures a eu raison un temps du savoir faire français en matière de contrôle d’un territoire. Les #gendarmes se sont littéralement embourbés à Notre-Dame-des-Landes et leur naufrage a eu pour conséquence prévisible un usage frénétique de leurs armes entraînant de nombreuses blessures, et le 25 octobre 2014, la mort de #Rémi_Fraisse sur la Zad du Testet.

      Dans la presse enfin, les experts de la sécurité intérieure ont subit l’un des plus gros échec de leur courte histoire en 2008 avec l’affaire de Tarnac. La figure construite de toutes pièces de l’ennemi intérieur devenait en quelques semaines le tombeau de ceux qui l’avaient brandie comme un épouvantail. Exit MAM, Fragnoli, exit les barbouzes de la #DCRI chacun d’eux est sorti par la petite porte.

      Et si on a perdu l’habitude des petites guerres sales menées aux confins des services de la sécurité intérieure, l’affaire Tarnac relève le niveau. Comme cette histoire en 2009 de disparition d’un militant basque, Jon Anza, dans un train pour Toulouse, qui réapparrait un an plus tard, anonyme, dans une morgue.

      Puis, contre toute attente, un attentat frappe le siège de Charlie Hebdo aux premiers jours de l’année 2015. Plusieurs #policiers meurent à cette occasion. Branle bas de combat international, tout est mis en œuvre pour orchestrer une des plus spectaculaires mobilisations des dernières années. Le peuple se dresse derrière sa #police, et la lourde ardoise accumulée depuis plus de dix ans s’efface presque aussitôt. Des centaines de milliers de personnes défilent auprès de plusieurs chefs d’état et acclament les snipers qui sécurisent la manifestation. Belle démonstration de force de l’#antiterrorisme qui trouve enfin sa traduction populaire. Et dans les deux mois qui suivent cet événement morbide, l’état répond méthodiquement à chacune des erreurs qu’il a accumulé.

      Le 6 mars 2015 la Zad du testet est expulsée par 200 Paysans de la FNSEA accompagnés par un lourd contingent de gendarmes venu avec une douteuse position de neutralité afin d’ éviter l’escalade de la violence.

      En mai 2015, le tribunal de grande instance de Paris rejette le recours civil de la famille de Jon Anza, tout en reconnaissant « un dysfonctionnement au niveau de l’enquête tant de la part de la police que du parquet », mais « pas de faute lourde ».

      Le 18 mai, les deux policier responsables de la mort de Zyed et Bouna à Clichy-sous-Bois en 2005 sont relaxés après 10 ans de procédures.

      Le 7 du même mois, la presse annonce la tenue d’un procès en antiterrorisme dans le cadre de l’affaire de Tarnac pour trois des inculpés.

      Au même moment la commission parlementaire créée par Noël Mamère suite à la mort de Rémi Fraisse, louvoie sur les moyens accordés à la police et entérine leur nouvel armement. Conséquence directe, au #flashball se substitue le #LBD (Lanceur de balles de défense), plus précis et plus puissant que son prédécesseur.

      Et pour couronner le tout, une proposition de loi sur le #renseignement légalise toutes les techniques de surveillance que la police pratiquait dans l’ombre. Le message a le mérite d’être clair, plus rien ne viendra entraver l’exercice du maintien de l’ordre, dont l’imaginaire rénové concède à chacun de ses agents la plus respectable des fonctions : celle de protéger la population contre le chaos organisé. Ce que le message oublie de préciser c’est que pour le pouvoir, le chaos organisé qu’il faut conjurer n’a pas grand-chose à voir avec le spectre réinventé de Ben Laden, mais repose dans toutes les manières de vivre, d’habiter, de se rencontrer, de s’organiser qui échappent aux grilles d’analyses du présent.

      Aujourd’hui pourtant, il n’est de secret pour personne que la police tue, elle tue tous les ans, à plusieurs reprises, avec les mêmes armes et sous la même autorité, et quand elle ne tue pas elle mutile. Si cette vérité est depuis longtemps d’une banalité affligeante dans les banlieues françaises, elle restait inexistante dans les #manifestations.

      Depuis la mort de Malik Oussekine en 86, le maintien de l’ordre à la française faisait office d’exemple pour toute l’Europe. Un savoir-faire irréprochable, disait-on, conjugué à un #armement fiable bien que de plus en plus létal. En 10 ans et sur différents terrains de lutte, cette maîtrise si fièrement publicisée a fait l’épreuve d’une détermination nouvelle, et surtout d’une extension du champ de l’affrontement. Incendies et saccages dans les banlieues, confrontations dans les bocages, généralisation des techniques de blocage jusqu’à certains cadres de la CGT, sabotages d’outils de travail, de lignes haute tension, les occasions ne manquent pas pour les autorités de se mesurer à des formes de contestation plus hétéroclites. Depuis dix ans maintenant la police ne cesse de réajuster ses méthodes d’intervention et chaque nouveau conflit, chaque revers encaissé est une occasion pour elle d’améliorer sa capacité d’intervention, d’affiner sa doctrine.

  • Pourquoi la gauche ne doit pas réduire Pasqua au drame Malik Oussekine - Challenges.fr
    http://www.challenges.fr/politique/20150630.CHA7420/pourquoi-la-gauche-ne-doit-pas-reduire-pasqua-au-drame-malik-oussekine.ht

    Dans ses Mémoires, #Pasqua évoque avec gourmandise ces petits rendez-vous de Louveciennes en compagnie du président socialiste : « Je lui manifestais toujours le respect dû à sa fonction, mais il sentait bien que, au-delà de tout cela, je demeurais un adversaire résolu. J’éprouvais cependant pour lui de la considération ; son intelligence, sa grande culture, ses connaissances de l’histoire politique étaient incontestables. Ses capacités manœuvrières me fascinaient, les miennes ne le laissaient pas indifférent... »

    • Je me souviens de la mort de Malik Oussekine et de Pasqua le fustigeant parce que, en mauvaise santé (diabétique je crois), il était allé manifester.
      Manifester quand on n’a pas la santé pour résister à un matraquage policier dans une entrée d’immeuble, quel manque de tact ...

      J’aimerais croire en Dieu pour m’imaginer Pasqua en train de brûler en enfer, préparant la place pour Hollande, Valls et Cazeneuve, ces harceleurs de réfugiés syriens et érithréens.

    • Étudiants, si vous saviez, #Cash n°5, janvier 1987.
      http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=5537

      Rares sont les mouvements qui se terminent par des victoires. Celle du mouvement étudiant et lycéen apparait comme exemplaire. Et pourtant, elle a laissé à tous ceux qui l’ont vécue un goût amer - la mort nous dira-t-on. Un mort dans une société démocratique, ce n’est pas respectable. Un état évolué doit pouvoir user de ses forces de répression sans dérapages. Les 16-20 ans, ceux qui ne sont pas arabes, punks ou qui ne se promènent pas aux Halles le samedi soir n’auraient jamais du savoir qu’un CRS c’est con, ça pue l’alcool, et que ça tue, parce qu’on n’a toujours pas découvert comment contrôler par informatique une ratonnade.

    • Mort d’un ministre. Une #biographie politique de Pasqua confrontée à la plus récente actualité du même
      https://npa2009.org/actualite/mort-dun-pourri

      Hommages, ô désespoir

      Au total, une histoire dont les aspects invisibles sont certainement encore plus nombreux et plus noirs que ce qui a pu affleurer jusqu’ici. Et de quoi nous désespérer d’entendre ou de lire les politiciens « de gauche » se répandre en déclarations complaisantes. Ainsi, Sapin a pu déclarer : “Je veux regarder aujourd’hui, au lendemain de sa disparition, la personne joviale et pleine d’entrain”, pendant que Valls en rajoute avec sa tirade : “Jeune résistant, gaulliste, ministre, voix originale et parfois controversée, Charles Pasqua incarnait une certaine idée de la France” et évidemment Mélenchon avec une bonne blague racontée en imitant l’accent du sinistre personnage : “C’était un républicain qui n’avait pas peur” se vantant de cet échange d’amabilités : « “Mais dis donc Charles, c’est toi qui a expulsé 43 diplomates américains ?”. Il me répond : “non, c’est pas moi”. Alors on passe et je me retourne et je dis : “mais si c’est toi, je m’en souviens très bien”. Il me dit : “Non, moi j’ai expulsé 43 espions américains” ».

      #opacité

  • Il était une fois... l’académie populaire de Barbès
    http://quartiersxxi.org/il-etait-une-fois-l-academie-populaire-de-barbes

    1962, 1973 ou 1986. Paris, Barbès : la brune au sourire de sœur, de fiancée, de rêve de jours meilleurs, porte le chignon à la Sophia Loren. C’est Noura et ses yeux de biche. Le fond est bleu, comme une tenue d’ouvrier, mais pas comme le ciel de la capitale en cette fin de guerre d’Algérie, de crise pétrolière ou d’assassinat de Malik Oussekine. Cette promesse de beauté tient sur un boîtier plastique de 6,5 x 10,5 centimètres. Des boîtiers qui passèrent de main en main, d’un foyer de travailleurs à un autoradio, d’une valise à la maison du bled, pour finir dans la radio-cassette de la cuisine. Aujourd’hui relégués au fond de tiroirs et de vieux cartons, reprenons leur parcours à leurs premiers jours, quand ils tapissaient les murs et les vitrines de ces refuges aujourd’hui disparus : les boutiques de (...)

  • Paris : hommage à Malik Oussekine, contre les violences policières
    http://lahorde.samizdat.net/2014/12/07/paris-hommage-a-malik-oussekine-contre-les-violences-policieres

    Lu sur Paris Lutte info : Un peu après midi, rue Monsieur le Prince, il y avait une grosse centaine de personnes (dont un paquet de journalistes !) pour rendre hommage à la mémoire de Malik Oussékine, Rémi Fraisse et tou-te-s les autres. Dans une ambiance propice au recueillement, quelques discours sont prononcés et le tract de [&hellip

    https://paris-luttes.info/chroot/mediaslibres/ml-paris/ml-paris/public_html/IMG/pdf/2014-12-06_paris_manifs.pdf
    http://paris.demosphere.eu/rv/36711

  • Infos sur les luttes à Brest et alentours
    http://brestluttes.noblogs.org

    Rassemblement le samedi 22 novembre, place de la liberté à 14h (#Brest)

    Le 26 octobre dernier, #Rémi_Fraisse a été tué par la #police au cours d’affrontements contre le projet du barrage de Sivens dans le Tarn. Loin d’être une exception, cette mort ne viens que s’ajouter à la liste déjà longue des victimes de la répression policière en France et dans le monde.

    Malik Oussekine tué lors d’une #manifestation en 1986, Wissam El Yamni tabassé à mort par des policiers le 9 janvier 2012, Amine Bentounsi tué d’une balle dans le dos à Noisy-Le-Sec, Abdelhak Goradia tué lors d’une reconduite à la frontière en août 2014, Michael Brown abattu le 9 août 2014 par la police de Ferguson (Etats-Unis) …

    Ces morts ne sont pas des bavures ou des accidents, elles sont la conséquence directe de l’action de l’#état qui ne recule devant rien pour assurer l’#ordre_social … Celui qui impose d’industrialiser continuellement de nouvelles zones, d’ériger des frontières, de réprimer toutes formes de résistances ou de débrouille face à la misère qu’il engendre …

    La police tue et n’aime pas qu’on la conteste, ces dernières semaines, comme à chaque fois qu’elle assassine, elle s’est montrée particulièrement répressive pour empêcher toute forme de contestation : interdiction de manifestations, nombreuses #arrestations avant, pendant et après les rassemblements un peu partout en France, stationnements de CRS devant des lycées parisiens … Le message est clair, la police réprime et ne doit pas être remise en cause, car ça serait remettre en cause l’état lui même …

    Face à la répression, contre cet état policier : Organisons-nous ! #Solidarité de classe !

  • Contre les violences policières : La mobilisation ne peut que se développer et s’amplifier
    https://fr-fr.facebook.com/pages/Cnt-ait-toulouse-officiel/186830011469841

    En 1986, pour briser la révolte de la jeunesse, le gouvernement de droite adoptait la #stratégie_de_la_tension. Malik Oussekine en est mort. En 2014, le gouvernement de gauche adopte la même stratégie contre les opposants au barrage du #Testet. #Rémi_Fraisse en est mort.

    Hier, Samedi 1 Novembre, nous avons assisté à Toulouse à la mise en œuvre de cette même stratégie. En hommage à Rémi Fraisse, un rassemblement pacifique de 2000 personnes place du Capitole a été empêché de manifester dans les rues pourtant piétonnières, volontairement fractionné par un dispositif policier surdimensionné et surarmé qui n’a pas hésité à gazer les nombreux promeneurs. Pourquoi Cela ? Pour tenter de retourner la population contre les manifestants. Cette stratégie honteuse est vouée à l’échec.

    Ainsi aujourd’hui, plus de 3000 personnes se sont réunies au Testet , en hommage à Rémi et pour protester contre les violences policières. Soulignons que comme il n’y avait aucun képi à l’horizon tout s’est déroulé sans aucun incident.

    Face aux atteintes aux libertés fondamentales, face à l’Etat qui nous méprise, face aux médias qui nous mentent, la mobilisation populaire ne peut que se développer et s’amplifier.

    #CNT-AIT #Toulouse, le 02 novembre.

  • En finir avec les grands projets inutiles, imposés et meurtriers

    Tribune co-écrite avec Nicolas Haeringer à propos de Rémi Fraisse, des grands projets inutiles et imposés, et de François Hollande qui s’inscrit donc dans les pas de Berlusconi (Carlo Giuliani) et Charles Pasqua (Malik Oussekine).

    http://www.regards.fr/web/en-finir-avec-les-grands-projets,8020

    @rezo

  • Paris : hommage à Clément pendant les 30 ans de la marche pour l’égalité
    http://lahorde.samizdat.net/2013/12/07/paris-hommage-a-clement-pendant-les-30-ans-de-la-marche-pour-legal

    A l’occasion des 30 ans de la marche pour l’égalité, une banderole à la mémoire de #Clément_Méric, de Malik Oussekine et d’Abdel Benyahia a été déployée sur le trajet de la #manifestation par le Comité #Pour_Clément Lire la suite sur le site du Comité pour Clément

    #Hommages #Initiatives_antifas #antifascisme

    • Oui, c’est comme le 11 septembre, on se souvient où on était à ce moment là. Moi, j’étais place de l’Odéon, nous étions planqué entre deux voitures. Ce meurtre a été « puni » par de la prison avec sursis...

    • @reka C’est curieux que tu dises cela, cette histoire de là où on était au moment où ... Parce que je suis justement en train de travailler à un texte à propos de ces moments, donc pour l’année 1986, on a l’assassinat de Malik Oussékine, dont je copie-colle l’extrait de mon brouillon à l’état actuel. J’ai bien dit brouillon .

      1986 : C’est sans doute à cette occasion que les choses se sont le plus touché. Depuis la rentrée tout se passait comme dans une fête. J’avais toujours voulu être là. Aux Arts Décos. Et c’est même à cette occasion, à ce moment précis, la première fois que je me suis senti parmi mes semblables. Tout était à la fois travail, apprentissage de nouvelles façons de procéder et de déconnades, de rire beaucoup, et puis il y avait cette jeune femme fascinante. Une manière de colonie de vacances à laquelle on allait tous les matins en prenant le métro. Le ventre vide parce que naturellement on n’avait pas fait les courses, on apprenait que les courses ne se faisaient pas toutes seules, ni la cuisine d’ailleurs, ni la lessive, ni le rangement et le ménage. Mais le désordre que cela faisait dans le petit appartement de l’avenue Daumesnil, on s’en moquait un peu, et on se disait que de toutes manières on était un artiste qu’on vivait dans un atelier et du coup cela ressemblait, toutes proportions mal gardées, à l’atelier d’un Frank Stella dans une chambre de 12 mètres carrés. Les actualités, on s’en moquait pas mal, il y avait bien quelques étudiants des années supérieures qui lisaient le journal, presque tous Libération, ce qui n’avait rien d’étonnant, c’était à l’époque le seul journal qui avait une maquette, et on était étudiant aux Arts Déco, donc on savait ces choses-là, des photographies qui ressemblaient à des photos, des extraits de bandes dessinées, du graphisme un peu, bref c’était raccord avec ce que l’on percevait en première année de l’atelier de graphisme, mais soi-même, non, on ne lisait pas le journal et on aurait eu bien de la difficulté à savoir exactement ce qu’il se passait dans le Monde à cette époque. On savait que le gouvernement de droite d’alors était un repère de gens pas recommandables, mais aurait-on su l’expliquer dans le détail, ce n’est pas sûr. La catastrophe nucléaire de Tchernobyl avait impressionné plus tôt dans l’année et avait été l’occasion d’une toute première œuvre finalement, le bombage par gabarit d’un dessin représentant un masque à gaz que l’on peignait donc sur les portes grises des locaux électriques. A distance, pas sûr qu’on ferait différemment aujourd’hui, mais peut-être de façon plus réfléchie, moins chanceuse dans la réussite du truc. Alors quand ceux qui lisaient les journaux sont venus trouver les autres pour leur expliquer qu’il fallait qu’on se mobilise contre les lois Devaquet Monory, ce serait faux de dire qu’il fallait y voir de l’engagement politique, mais au contraire une occasion supplémentaire de s’amuser et de participer aux travaux collectif de l’ADADA (Assocication Des Arts Décos Actifs, un truc du genre).

      Et on n’a pas donné sa part au chien. On était dans tous les ateliers à la fois, aux ateliers de sérigraphie jusqu’à pas d’heure pour tirer des centaines d’affiches sur des rouleaux de papier qui avaient été gracieusement offerts ou détournés par ou aux imprimeries de Libération, aux ateliers pour découper les pochoirs et dans l’opération commando pour repeindre entièrement la station de métro Bréguet-Sabin. Et même on s’était fait pincer par des flics en patrouille dans la rue d’Ulm, en train d’essayer la belle séquence du type qui lance un cocktail Molotov. Bref une ambiance admirable une joie sans mélange, une fête permanente, la jeune femme fascinante avait ouvert ses bras et bien plus, je pense que je n’ai jamais été aussi heureux de toute ma vie qu’au tout début décembre 1986.

      La jeune femme fascinante vivait dans l’atelier déserté de son père qui avait longtemps été l’assistant d’un touche à tout de génie, un artiste photographe, mais aussi graphiste et cinéaste qui s’appelait André Vigneau et c‘était dans cet atelier en duplex qu’André Vigneau avait travaillé et qu’il avait un jour reçu la visite d’un tout jeune homme, Robert Doisneau, auquel il avait appris la photographie, notamment dans un laboratoire-photo qui existait encore tel quel avec un agrandisseur antédiluvien mais à l’irréprochable optique Zeiss. L’atelier était au fond d’une cour, rue Monsieur le Prince dans le cœur même de Paris, nous allions aux Arts Déco à pied.

      Au cœur de cet enchaînement de manifestations étudiantes, il y avait le soir les affrontements traditionnels entre les forces de police et les étudiants et très franchement, cela ressemblait vraiment au maintien d’une tradition. Sauf que.

      Sauf qu’un soir, la droite est redevenue ce qu’elle a toujours été, un repère de bandits autoritaires, des types de droite, au sommet desquels de gros types avaient historiquement trempé dans toutes sortes d’affaires pas très recommandables, comme l’OAS en Algérie. Le gouvernement de droite était sur le reculoir, les manifestations du 2 décembre avaient réuni plus d’un million d’étudiants sur le parcours Bastille, place de la Concorde en passant par le boulevard Montparnasse. Des manifestations d’ampleur comparable avaient lieu tous les jours, le souvenir de l’humiliation de la droite en mai 68 n’était pas si lointain, on donna donc la troupe. La troupe ce furent les voltigeurs, couple de policiers à califourchon sur une moto, l’un conduit la moto, l’autre la matraque, la moto peut passer sur les trottoirs, un bon coup de matraque dans les jambes en passant et ça calme la jeunesse. Eparpillement panique des manifestants depuis le haut du Boulevard Saint-Michel, des étudiants prennent la fuite dans la descente de la rue Monsieur le Prince, l’un d’eux mendie au gros concierge portugais de pouvoir se réfugier dans la petit cour du 22 rue Monsieur le Prince. Mais le concierge n’obtempère pas et ne donne pas à l’étudiant le code, le 9573, le jeune homme prend d’autant plus la fuite qu’une moto fonce sur lui, le voltigeur à l’arrière le fauche, le jeune homme tombe au numéro suivant, au 20, il y a désormais une plaque qui porte son nom à cet endroit, le jeune homme s’appelait Malik Oussékine.

      C’est très étonnant à distance pour moi de remarquer que ce nom ne dit rien à personne, sauf justement aux étudiants de cette année-là qui eux se reconnaissent souvent dans ce nom là au point parfois d’exagérer un peu et de s’appeler la génération Malik Oussékine.

      La droite est dans l’impasse elle retire son projet de loi, mais le mal est fait, la génération Malik Oussékine a mal, très mal. Une immense manifestation est organisée qui prend son départ à Denfert Rochereau pour aller jusqu’à Nation. En tête de ce cortège immense, des étudiants des Arts Déco se couchent à terre et d’autres viennent faire le relevé de ce corps allongé, façon scène de crime, à la peinture blanche, puis l’étudiant couché se lève, fait une vingtaine de pas et se couche à nouveau pour laisser l’empreinte de son corps couché à même la chaussée. Dans mon souvenir il y a une demi-douzaine d’étudiants qui se couchent, je suis l’un d’eux. Ce protocole est amplement photographié et filmé, j’apprendrais des années plus tard que ma mère a connu bien de l’émotion en me reconnaissant allongé par terre et entouré d’un cerne de peinture blanche au journal télévisé du soir.

      A l’époque je n’avais même pas le téléphone.

      Il y a quelques années j’ai perdu dans l’inondation de mon atelier-garage l’unique photo que je possédais de cet événement et qui avait été prise par mon ami Patrick L., qui entamait sa carrière de photo-journaliste. Et pour laquelle je pense qu’il avait un réel talent, et dans laquelle je l’avais en quelque sorte lancé en lui apprenant les rudiments de la photo dans son sous-sol. Cette carrière prometteuse a été interrompue un mois plus tard, Patrick est mort d’une overdose. Il était mon premier mort.

    • Merci Philippe d’avoir partagé ce brouillon. A la lecture, ds bribes de souvenirs me reviennent, mais c’est flou...

      De la place de l’Odéon, je me souviens que nous étions plus ou moins bien planqué derrière une voiture, ou une camionnette, mais nous sommes partis ensuite en direction du Jardin du Luxembourg par la rue Rotrou, nous avons contourné le théatre et remonté la rue Médicis du côté des immeubles. Il faisait nuit, je me souviens que j’avais peur. Nous avons vu les voltigeurs descendre la rue Médicis, venir vers nous. Dans mon souvenir, celui qui était derrière était debout sur ses pédales matraque à la main. Il y a en avait une dizaine, ils sont passés sans même nous regarder, et roulaient vers le théatre de l’Odéon, et, je suppose, vers la rue de Vaugirard et la rue Monsieur-le-Prince (Malik - comme la rue avait été renommée le lendemain du meurtre. j’avais une photo de la plaque « renommée », je ne la retrouve plus).

      Il était très tard et il faisait froid.

    • Si on revient sur le terme « Bavure policière » : je ne sais pas trop quel est la définition précise du mot « bavure » dans ce contexte, mais il me semble que, comme en cartographie, les mots sont importants :

      Des policiers, frappe un homme désarmé, bloqué dans le hall d’un immeuble et qui ne les menace pas. On est au delà de la bavure.

      Sans préjuger de l’intention des flics, c’est-à-dire l’"intention" de donner la mort qui qualifierait cet acte en meurtre, ou juste « neutraliser » un « suspect qu’ils jugent dangereux », il n’y avait aucune raison de frapper puisque les flics n’étaient pas menacés. Ensuite, les ordres, la chaine de commandement qui a mené à cette tragédie n’a jamais été vraiment éclaircie. Et le verdict du procès - prison avec sursis - très clément au regard des responsabilités.

    • Où était-on le 11 septembre 2001 ?

      Dans la série des « je me souviens... » Je ne sais vraiment pas pourquoi, mais depuis 2001, j’ai gardé ce billet d’avion. Il traine toujours dans un casier près de mon bureau, un peu comme si je devais l’envoyer pour me faire rembourser !

      https://dl.dropbox.com/s/iy5id7d77j1a85v/septembre-2001.jpg

      En route pour Kiev et Kharkov, puis Odessa, petit périple au cous duquel je devis rencontrer ds universitaires et scientifiques ukrainiens dans le cadre de la production d’un « atlas environnemental de la Mer Noire ». Départ de Paris vers 10:00 du matin, quatre heures de vol, Aéroport de Kiev Borispol, le temps de récupérer armes et bagages et sortir de l’aérogare pour prendre ce fameux bus violet pour un voyage de huit heures vers Kharkov... A travers une Ukraine de paysages encore très soviétique.

      En passant rapidement devant un bar, juste avant l’arrêt du bus, je vois une télévision, un avion qui s’écrase contre un gratte-ciel et je pense tout de suite que c’est pas très malin de montrer des films catastrophe holliwoodien à la télé dans un aéroport juste avant que les gens n’embarque.

      Dans le bus, à un moment particulier les gens s’agitent, et lors des pauses, ils sortent et s’engagent dans des conversations animées, en faisant des grands gestes dont je suppose qu’ils représentaient les crashs. Mais je ne comprenait ni le russe, ni l’ukrainien et personne ne parlait anglais. Le vieux bus violet traçait sa route dans la nuit, passant sur les nids de poules dans en faisant à chaque fois un vacarme effrayant.

      Arrivée à Kharkov très tard dans la nuit, passage sur la grande place sur laquelle Lénine tendant tours le bras bien loin et bien haut, pour arriver dans un hôtel toujours très soviétique, mais équipé d’un télé... sur laquelle je découvrais, complètement effaré, les images du 11 septembre qui tournaient en boucle sur toutes les chaînes.

      Quelques semaine plus tard, j’étais en mission au Mali. Mes potes, là bas, à Bamako, racontaient que le 11 septembre, ça les a intéressé une heure ou deux, mais une fois l’info passée, ils se sont remis à un truc assez essentiel, chercher de quoi bouffer - se sentant assez moyennement concerné par l’événement. Ils avaient aussi une blague : ils me racontaient qu’en Afrique il se sentaient en totale sécurité de ce côté là, le 11 septembre étant totalement impossible à planifier avev un compagnie comme Air Afrique (disparue aujoud’hui) dont les avions avaient toujours plusieurs heures ou jours de retard, quand toutefois ils arrivaient !

    • Reste simplement à définir ce qui est tragique.

      Ma définition

       : comment a-t-on pu (dé)former nos enfants au point qu’ils en viennent à se bastonner pour être fiers de rester des esclaves ?

    • M’ouais, p’têtre, mais je pense plus de stupidité que de réflexion et ça c’est certain.

      Les faits sont malheureusement têtus. Le p’tit est mort, un ou plusieurs iront en prison, longtemps, et que ce soit les antifas ou les fas, ils continueront après cette tragédie à payer la dette, bosseront jusqu’à 70 ans avant de crever malades, n’auront plus de service public, ont vu disparaître le CDI, verront des non élus remanier le budget de leur pays, seront soumis au nairu, … des esclaves qui s’ignorent en quelque sorte et qui sont certains que leur ennemi c’est ... l’autre qui ne pense pas comme on leur a montré et surtout qui pensent qu’ils sont des hommes et des femmes libres alors que les seules libertés qui leur restent c’est de choisir entre auchan ou carrouf, quick ou macdo, .... et la ratonnade du responsable désigné.

      Sais pas si c’est du à la testostérone tout ça...

    • @perline : La thèse de la testostérone semble pertinente.
      On ne joue pas aux cons avec les pitbulls.

      http://fr.news.yahoo.com/mort-cl%C3%A9ment-m%C3%A9ric-ayrault-lance-proc%C3%A9dure-dissolution

      Ce que je craignais arrive, donc. A se précipiter sur cette affaire pour faire de la victime un « martyr » sans connaitre les tenants et les aboutissants de l’agression, on a pris le risque d’un retour d’un bâton qui arrive hélas bien vite.
      Le billet de Schneidermann a été fortement décrié, moi je n’ai rien dit, je craignais qu’il aie raison. Il avait raison.

      Et l’autre abruti de pavaner, et assassiner Clément Méric, une deuxième fois

      Aujourd’hui, « il est évident (...) que ceux qui ont voulu cette bagarre sont les nervis, les petits amis de Clément » Méric, a déclaré Serge Ayoub lors d’une conférence de presse, ajoutant : « Il y a un proverbe québécois qui dit +quand tu mets des claques, attends-toi à en recevoir+. Je crois que c’est l’épitaphe de ce Clément », qui « a voulu faire l’intéressant ».

      L’analogie avec l’histoire de Malik Oussekine se poursuit...
      http://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_Malik_Oussekine

      Le ministre de l’Intérieur Charles Pasqua et le ministre délégué chargé de la Sécurité Robert Pandraud suscitent alors une controverse en ne condamnant pas l’action de la police. Dans un entretien au journal Le Monde, Robert Pandraud déclare : « si j’avais un fils sous dialyse je l’empêcherais de faire le con dans la nuit. […] Ce n’était pas le héros des étudiants français qu’on a dit »4. Réaction de l’extrême droite : « Des Français comme les Oussekine, on peut s’en passer [...]. On se souvient de la mort du petit casseur gauchiste nommé Malik Oussekine. Malgré son état de santé lamentable, il n’avait pas hésité à attaquer en pleine nuit les forces de police chargées du maintien de l’ordre » (extrait du journal du Front national varois, 20 janvier 1988).

  • « La police est républicaine, mais l’ordre républicain qu’elle assure est capitaliste, raciste et patriarcal »
    http://www.article11.info/?La-police-est-republicaine-mais-l

    Malik Oussekine et Abdel Benyahia, deux morts parmi tant d’autres. Assassinés un même jour de décembre 1986, les deux jeunes hommes - l’un avait 20, l’autre 22 - sont venus grossir la longue liste des victimes d’un ordre policier raciste. Pour leur rendre hommage, les éditions Libertalia organisaient récemment une soirée de débat. Compte-rendu. (...) Source : Article11

  • Seconde mort d’Ali Ziri par Ornella Guyet
    http://cqfd-journal.org/Seconde-mort-d-Ali-Ziri

    Le 14 janvier dernier était une date importante : c’est dans le froid mais sous un ciel ensoleillé qu’a été inaugurée à Argenteuil une plaque en hommage au chibani Ali Ziri indiquant : « Ali Ziri, 69 ans, mort le 11 juin 2009, suite à son interpellation par la police nationale, ici-même. » Le seul précédent était une plaque en l’honneur de Malik Oussekine. Un geste d’autant plus fort que le procureur venait de requérir un non-lieu pour les policiers, qui sont toujours en poste au commissariat d’Argenteuil, alors même qu’Arezki Kerfali, ami d’enfance du chibani, arrêté avec lui et traîné dans son vomi au commissariat, doit, lui, passer devant le juge le 8 mars prochain pour « outrage ».

    Au-delà du symbole, il s’agissait surtout de réunir les différents collectifs Vérité et justice de France. « Localement, on n’arrive pas à faire que le pot de terre gagne contre le pot de fer, explique Omar Slaouti, du collectif Ali Ziri, et nous espérons que ce qui s’est joué aujourd’hui va consolider les rapports entre nous pour faire un front commun contre toutes les violences policières. »

  • Ça fiche un sacré coup de vieux, mais regarde : Malik Oussekine est mort il y a 25 ans. Il avait 22 ans.
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_Malik_Oussekine

    Le ministre de l’Intérieur Charles Pasqua et le ministre délégué chargé de la sécurité Robert Pandraud suscitent alors une controverse en ne condamnant pas l’action de la police. Dans un entretien au journal Le Monde, Robert Pandraud déclare : « si j’avais un fils sous dialyse je l’empêcherais de faire le con dans la nuit. […] Ce n’était pas le héros des étudiants français qu’on a dit »2.

    Chaque fois que je lis un de ces commentaires sur la « droitisation » de la droite, les « glissements », les « appels du pied », les histoire de « chasser sur les terres du Front national »… je me souviens qu’en 1986, déjà, on avait Pasqua et Pandraud.

    • @arno, j’utilise cet argument depuis 2007. Chaque fois cela prend par surprise les personnes dont je refraîchis la mémoire, ce qui équivaut à dire que l’oeuvre de Sarkozy est tellement vilaine qu’on oublie celle de son prédécesseur, tout aussi mauvaise à mon sens, mais alors enrobée d’une certaine onctuosité dans le discours, qui rendait les choses moins crasses, en apparences seulement. C’est sans doute cela que l’on appelle la droite décomplexée, elle ne s’embête plus avec les discours. Mais la politique est peu ou prou la même.

      Malik Oussékine, quelle mort atroce ! Ca s’est passé tellement vite, les voltigeurs ont descendu la rue monsieur le prince à contre sens à toute berzingue, ils matraquaient au petit bonheur la chance, Malik Oussékine a tenté de trouver refuge au 22 de la rue Monsieur le Prince, le gardien lui en a refusé l’accès, le sale porc, du coup Malik Oussékine a eu tout juste le temps de traverser la rue Racine pour être rattrapé au 24.