person:marc bustamante

  • Pour une école ouverte | Le Club de Mediapart
    https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/081118/pour-une-ecole-ouverte

    Un an après #metoo, quelques mois seulement après que l’École des Beaux-Arts de Paris a été touchée de plein fouet par ce mouvement conduisant au départ de Jean-Marc Bustamante, l’actuel directeur du Palais de Tokyo Jean de Loisy est en passe d’être nommé directeur de l’école. Alors que le gouvernement affiche des objectifs de parité et de diversité, comment accepter que cette nomination soit la réponse adéquate au désir de réforme exprimé cette année par les étudiant·e·s de l’école ?
    Certains positionnements nous semblent essentiels au projet d’une école du XXIème siècle, notamment celui qui consiste à porter son regard vers les questions sociales, culturelles et politiques qui bouleversent et animent le monde d’aujourd’hui. Ces positions, nous ne pensons pas que Jean de Loisy soit à même de les porter aussi résolument qu’il le faudrait. Nous ne voyons pas en lui une personnalité représentative, en termes d’expérience personnelle et professionnelle, de la diversité indispensable à la construction intellectuelle de futur·e·s artistes. Fort d’un accès privilégié au savoir et au pouvoir, Jean de Loisy occupe depuis plusieurs décennies le terrain des institutions artistiques françaises sans jamais porter un projet émancipateur ni défendre une inspiration critique. Il multiplie les activités sans reconnaître que l’époque appelle au renouvellement et au travail collectif plutôt qu’à la concentration des pouvoirs dans les mains des mêmes.

    Il est le symbole d’une hégémonie, hégémonie qu’il n’est bien sûr – et hélas – pas le seul, malgré ses nombreuses attributions, à concentrer aujourd’hui au sein des structures institutionnelles censées être au service de l’art, des artistes et des futur·e·s artistes en France. Cette hégémonie est le fait d’une politique qui peine toujours à saisir qu’il ne s’agit pas seulement de représenter toutes celles et ceux qui appartiennent au monde d’aujourd’hui, mais de les inclure pleinement à tous les niveaux de responsabilité et au cœur de la création contemporaine. Il s’agit d’un enjeu crucial : repenser radicalement la nature des hiérarchies qui conditionnent encore la production artistique de notre temps.

    Il y va aussi de ce que nous entendons par pédagogie. La pédagogie doit relever d’un projet, elle implique une durée, une vision à long terme et une ouverture, une curiosité, la possibilité d’être déstabilisé·e par les œuvres et les discours des artistes en formation. Une véritable pédagogie doit être consciente qu’elle va avoir à faire avec ce qu’elle ne connaît pas encore. Il faut du temps pour laisser cette place indispensable à l’inconnu, à la nouveauté, à la rupture. C’est là la beauté de leurs contradictions : la nouveauté et la rupture en art (et en toutes choses) ne se fabriquent pas en peu de temps, elle sont le fruit d’un très lent, très patient processus.

    À l’instar de Jean-Marc Bustamante qui le précède, et qui avait pris ce poste en affirmant qu’il n’était là que pour les deux dernières années de sa carrière au sein de l’école, Jean de Loisy est proche de la retraite et il s’agit d’une dernière mission. Peut-on réellement formuler un projet pédagogique digne de ce nom en deux, trois, même quatre ans ? Que doivent penser les étudiant·e·s d’une telle durée, elles et eux qui s’engagent pour cinq années au sein de cette école ? Que déduire de ces jeux de chaises musicales et de récompense de fin de carrière pour services rendus, qui semblent trop clairement être les vraies raisons pour ces nominations ? Quelle image ce genre de cadeau donne-t-il de l’institution dans laquelle ils et elles commencent leur vies d’adultes et d’artistes ? Cette école a besoin de vitalité et d’ouverture, d’un·e professionnel·le engagé·e pour qui ce sera un véritable projet collectif, pour qui ce poste de direction aura un sens profond, car il modifiera aussi les contours de sa vie personnelle et professionnelle. Cette école n’a pas besoin d’une personnalité dont la carrière a déjà été largement tracée et pour laquelle « l’activité » de directeur d’école sera surtout mise au service d’une confirmation, voire d’une capitalisation de ses relations avec le monde de l’art et d’un prestige déjà largement acquis.

    Nous demandons d’entendre nos voix qui sont aujourd’hui réunies pour dénoncer l’emprise que les logiques conservatrices exercent encore sur la politique culturelle de la France aujourd’hui, malgré une volonté affichée de renouveau. C’est la raison pour laquelle nous appelons Jean de Loisy à renoncer à son poste de directeur de l’École des Beaux-Arts de Paris. Nous serons particulièrement attentif.ve.s concernant les processus de nomination des nombreuses directions à pourvoir : Villa Arson, École nationale supérieure des beaux-arts de Lyon, École nationale supérieure d’arts de Paris-Cergy, Jeu de Paume, Palais de Tokyo, CAPC/musée d’art contemporain de Bordeaux, Villa Médicis… Plus largement, nous demandons à l’Etat et au Ministère de la culture, la plus grande transparence dans les recrutements de toutes les institutions artistiques et culturelles publiques.

    • Je ne connais pas Jean de Loisy, mais je trouve que les arguments exposés pour refuser sa venue au Beaux Arts sont un peu légers. Inutile de rappeler que le milieu de l’art est un panier de crabes qui a ses secrets, ça se lit directement et c’est très gênant. Il me semble que ce soit lui ou un·e autre, c’est la façon dont elle s’engagera qu’il faut cadrer, et je ne vois pas ici de revendications ou de demande de dialogue pour révolutionner le mode de direction des Beaux Arts. Cette fin de Vem république agonise dans la royauté.

      Par contre, je relève le portrait qui est fait de lui sur https://www.franceculture.fr/personne-jean-de-loisy.html et qui retrace son parcours. Sur les 25 artistes cités (dont Bustamante) pour avoir été exposés par Jean de Loisy, je n’y trouve qu’une seule femme !
      Ça, c’est un argument, et ce n’est pas un bon présage.

      Sur cette même page, j’ai checké la liste des portraits d’artistes des émissions qu’il a faites sur FranceCul, le constat est accablant : les femmes artistes disparaissent mystérieusement. Pour plus de 100 portraits d’hommes, il n’y a que 5 portraits de femmes artistes (dont Khalo, Delaunay, Claudel) c’est à la limite du risible. Quand au sujet de l’art contemporain, il est abordé lorsqu’il est en charge du commissariat ou au moins une ou deux fois avec Pinault et Darcos. :/
      #misogyne

  • http://lemonde.fr/arts/article/2015/09/03/jean-marc-bustamante-nomme-a-la-tete-de-l-ecole-des-beaux-arts_4744187_16550

    Tiens, en fin d’article du Monde annonçant l’arrivée de Bustamente à la direction des Beaux-Arts de Paris, je lis, en clair, cet extrait et j’en viens à me demander si un nouveau pas n’est pas franchi assez tranquillement, c’est-à-dire que la consanguinité des institutions n’est plus cachée, elle va finir par devenir l’objet de paris intéressés. Et je maudis ma naïveté qui, dans un premier temps, m’a fait me frotter les yeux tellement je ne parvenais pas à y croire.

    De fait, le nom de Muriel Mayette circule depuis plusieurs mois pour remplacer l’historien d’art, en poste depuis septembre 2009. Alimentée par Le Journal des arts, la rumeur d’un accord en ce sens entre le premier ministre, Manuel Valls, et son ami le journaliste Gérard Holtz, époux de Muriel Mayette, avait fait polémique début juillet. Tout comme les intentions prêtées à l’actrice Julie Gayet, soupçonnée de faire le jeu d’Eric de Chassey, dont l’épouse, Anne Consigny, serait proche de la comédienne, elle-même proche du chef de l’Etat… (Le Monde du 9 juillet).

    • Rôôô, on est mal barré … m’enfin, cela fait 30 ans que l’école des Beaux-Arts a commencé l’accueil de défilés de mode chic dans la grande galerie et 10 qu’elle fait des alliances magiques avec disney. S’ajoute dorénavant la collusion du pouvoir à la touche de sexisme dans l’apprentissage de l’industrie de l’#art_content_pour_rien (merci à Domi pour cette expression orale qui est me fait toujours rire) qui n’en peut plus de se regarder le nombril.

      Avant de faire ses preuves, Jean-Marc Bustamante devra réparer sa réputation écornée sur les réseaux sociaux en raison de propos machistes (ce dont il se défend) proférés lors d’un entretien avec Christine Macel, conservatrice au Centre Pompidou et publiés dans Jean-Marc Bustamante aux éditions Flammarion (2005). Il y affirmait : « L’homme a besoin de conquérir des territoires, la femme trouve son territoire et elle y reste… Les femmes cherchent un homme, un homme veut toutes les femmes. La femme, dès qu’elle a trouvé son territoire, elle y reste… Les hommes sont toujours dans la recherche de territoires vierges. »

      Bon, la ref te plaira @philippe_de_jonckheere c’est telerapapa :)

      #beaux_arts #sexisme

    • J’avais pas compris que Bustamente allait être nommer à la direction des beaux-arts de Paris... En fait c’est comme d’habitude, plus une personne est deguelasse et plus notre société lui donnera du pouvoir.

    • En complément pour la partie dont j’émouvais : http://lemonde.fr/arts/article/2015/09/04/echecs-et-mayette-a-la-villa-medicis_4745650_1655012.html . Où l’on parle de jeu d’échecs, sans doute pour nous faire croire que c’est compliqué alors qu’en fait c’est aussi simple qu’un jeu de petits chevaux.

      La partie de jeu d’échecs vient de s’achever, sur le grand damier des nominations : c’est donc Muriel Mayette, administratrice générale de la Comédie-Française de 2006 à 2014, qui prendra la direction de la Villa Médicis. Jeudi 3 septembre, sa nomination a été proposée au président de la République, François Hollande, par la ministre de la culture et de la communication, Fleur Pellerin. Comédienne et metteuse en scène, Muriel Mayette succède à Eric de Chassey, historien d’art et commissaire d’exposition, qui vient d’achever ses deux mandats à la tête de l’Académie de France à Rome. Fleur Pellerin lui rend un sobre hommage, dans son communiqué, pour avoir « conduit une rénovation remarquable de la Villa Médicis ».

      Le feuilleton durait depuis le début de l’été : le 1er juillet, Le Canard enchaîné racontait comment Eric de Chassey briguait la direction de l’Ecole des beaux-arts de Paris, alors que son directeur, Nicolas Bourriaud, venait d’être congédié par le ministère. Selon l’hebdomadaire, M. de Chassey bénéficiait de l’appui de l’actrice Julie Gayet, proche de François Hollande et prétendue « meilleure amie » de son épouse, Anne Consigny. Finalement, mercredi 2 septembre, la Rue de Valois surprenait en nommant l’artiste Jean-Marc Bustamante aux Beaux-Arts, où il enseigne depuis 1996.

      Lire aussi : Valse des postes : de quoi veut-on rendre Julie Gayet coupable ?

      Muriel Mayette a-t-elle eu le soutien de Manuel Valls, par le truchement de son époux, le journaliste Gérard Holtz – qui, dans une interview sur France 5, se disait très « ami » du premier ministre, lequel lui avait remis la Légion d’honneur, en novembre 2014 ? Le 20 juillet, lors de son passage au Festival d’Avignon, Manuel Valls avait déclaré : « Muriel Mayette aura un grand poste », défendant son bilan à la Comédie-Française – pourtant décrié par une grande partie de la profession – devant des journalistes perplexes…

      « Un établissement rénové »

      Une quarantaine d’artistes se sont mêlés à l’histoire en signant une lettre ouverte à la ministre de la culture, en forme de soutien à Eric de Chassey, publiée dans Libération, mercredi 2. « Nous apprenons que l’on s’apprête à nommer à sa place Muriel Mayette, qui ne connaît aucun des domaines artistiques et intellectuels représentés à la Villa », écrivent les signataires – entre autres, les plasticiens Adel Abdessemed et Jean-Luc Moulène, la cinéaste Sophie Fillières, l’actrice Clotilde Hesme, le compositeur Magic Malik, etc. « La Villa Médicis est devenue, sous l’impulsion d’Eric de Chassey, un véritable lieu pour la création, en organisant des expositions de grande qualité qui ont fait date », soulignent-ils encore.

      En guise de réplique, Fleur Pellerin vante, dans son communiqué, le « savoir-faire » de Muriel Mayette, « tout comme son expérience acquise » à la tête de la Comédie-Française. Elle devra « poursuivre l’ouverture d’un lieu patrimonial qui déploie la création contemporaine sous toutes ses formes » et mener une « politique de renouveau des résidences d’artistes », etc. Beau joueur, Eric de Chassey salue l’arrivée de sa rivale tout en faisant briller son bilan : « Je suis heureux de lui transmettre la direction d’un établissement rénové, sur la forme et sur le fond, qui est, plus que jamais, un laboratoire de la création. » Manière, aussi, pour l’ex-directeur, d’avancer ses pions en vue d’hypothétiques prochaines nominations : sur cet échiquier-là, une partie peut en cacher une autre…

    • Bel exercice de communication et de service de soupe à la Villa Medicis

      http://abonnes.lemonde.fr/arts/article/2015/12/28/muriel-mayette-l-art-ne-doit-pas-s-isoler_4838501_1655012.html

      Vos contempteurs soulignent que le spectacle vivant est moins lié à l’histoire de la Villa que les arts plastiques ou la musique…

      Gouverner une institution, c’est un travail d’équipe. Je suis une femme d’équipe. Je dirigerai la Villa comme un chef d’orchestre. Peu importe si je ne connais pas tous les solfèges. Je vais d’ailleurs retirer la liste des disciplines, lors du recrutement des pensionnaires. On doit abriter tous les métiers de la création. D’autant que l’interdisciplinarité est aujourd’hui la norme.

      Finalement c’est elle-même qui le dit, on l’a promue chef d’orchestre, et elle ne connaît pas le solfège à la réfelxion je me demande à quoi cela ressemble un orchestre dirigé par un chef qui ne connait pas le solfège, ça doit être un peu comme le Porstmouth Sinfonia . Heureusement que j’en ai rien à foutre de la Villa Medicis (dans mon expérience personnelle, ça rend les gens tout mous d’y passer).

      Pour les curieux un petit extrait du Portsmouth Sinfo nia
      http://www.desordre.net/musique/portsmouth_sinfonia.mp3