person:marc gozlan

  • Quand l’âne attaque ! | Réalités Biomédicales
    http://realitesbiomedicales.blog.lemonde.fr/2018/07/28/quand-lane-attaque

    Les attaques d’êtres humains par de gros animaux concernent le plus souvent des ours, des félins, des hippopotames, des requins, des crocodiles, plus rarement des zèbres. Des animaux domestiques peuvent également attaquer l’Homme, comme des chiens (pitbull, rottweiler, berger allemand, golden retriever) ou des chevaux. Il est en revanche bien plus rare qu’un âne s’en prenne à un être humain au point de le tuer. Un tel cas a été rapporté en mai 2018 par des médecins légistes australiens dans l’American Journal of Forensic Medicine and Pathology. Il concerne un homme de 65 ans qui circulait en moto sur une route de campagne. Son corps sans vie a été retrouvé. Deux ânes domestiques, un mâle et une femelle, d’une ferme voisine se trouvaient à proximité du cadavre.

    A l’autopsie, la victime était porteuse de multiples lacérations et lésions de morsures provoquées par un animal. Celles-ci siégeaient au visage et du cuir chevelu. Des fractures de plusieurs côtes ont été notées, de même qu’une contusion pulmonaire. A l’avant-bras gauche porteur de lacérations, le radius et le cubitus étaient fracturés avec multiples fragments. L’os du bassin était également le siège d’une fracture. Des lésions de morsures étaient visibles à la cuisse gauche et au bras droit. Sur la fesse droite, les légistes ont observé deux abrasions semi-circulaires de 4 cm sur 6 cm. A l’aisselle droite, ils ont noté deux abrasions en arc de cercle de 5 cm sur 9 cm. Enfin, une lésion semi-circulaire de 3,5 cm était visible sur la joue gauche.

    
Le décès a été attribué à un traumatisme thoracique fermé, autrement dit sans plaie ouverte. Selon les légistes de l’université d’Adélaïde, un ou deux ânes ont été percutés par le motocycliste. Ces animaux l’ont ensuite traîné sur la route sur une distance de 50 mètres tout en le mordant et le piétinant.

    Un moulage de la dentition des deux ânes a été réalisé. Les arcades dentaires correspondaient aux lésions de la victime, notent les auteurs qui soulignent qu’il n’a pas été possible de déterminer si la victime avait été mordue par un seul âne ou les deux. Ils précisent que le motocycliste avait un taux d’alcoolémie de 1,4 g/L qui aurait pu l’empêcher de se défendre efficacement.

    En 2011, un décès imputable à une attaque par un âne avait été rapporté par des médecins italiens. Un homme de 65 ans avait été retrouvé mort dans la cour de sa ferme. Près du corps se trouvait un âne adulte, apparemment docile et non intéressé par le corps de son maître. Les enquêteurs avaient remarqué un filet de sang sur la lèvre inférieure de l’âne et avaient prélevé un échantillon.

    
La victime portait une plaie très profonde à la face antérieure du cou. Les médecins légistes ont constaté que la trachée avait été sectionnée et que le cartilage thyroïde du larynx était porteur de multiples fractures. Il s’en était suivi une hémorragie intra-trachéale. Une importante quantité de sang dans les lobes pulmonaires inférieurs avait été observée à l’autopsie. La cause du décès avait été attribuée à une hémorragie massive associée à une asphyxie par inhalation de sang dans les poumons.

    Le cadavre portait par ailleurs de multiples abrasions cutanées sur le visage, le bras droit et le thorax. Plusieurs fractures de la main droite, sans doute des plaies de défense, ont également été notées.

    Des empreintes dentaires de l’âne ont été réalisées. Il ressort que les lésions de morsures sur le corps de la victime correspondaient aux dents antérieures de l’animal. Par ailleurs, le sang prélevé sur la lèvre inférieure de l’âne était celui de la victime. 


    Cas pédiatriques

    En 1976, un enfant âgé de deux ans et demi décédait en Israël après avoir été mordu en de nombreux endroits sur le corps par un âne appartenant à sa famille. Il présentait également des fractures de la jambe gauche. Le décès était survenu le lendemain de son hospitalisation. L’autopsie avait révélé une embolie graisseuse massive au niveau pulmonaire et cérébral. Cette complication, généralement consécutive à une fracture de membre inférieur, est due à la migration dans les vaisseaux sanguins de globules graisseux provenant de la moelle osseuse rompue et qui finissent par obstruer les capillaires des poumons et du cerveau.

    En 2009, des chirurgiens orthopédistes de Bamako (Mali) ont rapporté deux cas de fractures ouvertes de jambe par morsure d’âne chez deux garçons de 11 et 13 ans. Une antibiothérapie, une vaccination antirabique et antitétanique avaient été réalisées. L’évolution avait été favorable dans les deux cas. L’âne qui avait mordu le plus jeune enfant était enragé. L’enfant avait été traîné sur plusieurs mètres. L’animal n’avait pas lâché prise malgré avoir reçu de nombreux coups de bâton. Il n’avait finalement succombé qu’après avoir reçu plusieurs coups de machette.

    
En 2002, des médecins de Ouagadougou (Burkina Faso) ont rapporté le cas d’un garçon de 9 ans qui avait eu deux paupières arrachées par la morsure d’un âne. La petite victime donnait à manger à l’animal quand un autre enfant avait donné un coup de bâton à l’animal. Celui-ci avait réagi en se ruant sur l’enfant qui le nourrissait, le mordant au visage et à la jambe gauche. L’enfant avait été pris en charge un mois plus tard en Europe par une équipe de chirurgiens ophtalmologistes et plasticiens. Ils avaient reconstruit la région palpébrale à partir d’un greffon prélevé sur la muqueuse buccale. Malgré la qualité des soins reçus, le résultat fonctionnel est resté catastrophique. L’enfant avait quasiment perdu son œil, l’acuité visuelle restant réduite à la seule perception lumineuse 18 mois plus tard.

    Tous ces cas cliniques montrent que les morsures d’âne sont graves. Cet ongulé a la réputation d’être travailleur et docile. Il peut cependant devenir agressif lors de la période de reproduction. Aux conséquences fonctionnelles et esthétiques s’ajoute le risque de contracter la rage.

    
Pour conclure, signalons qu’en 2017 des chirurgiens urologues italiens ont rapporté le cas d’un jeune homme de 23 ans ayant subi une phalloplastie, intervention chirurgicale visant à reconstruire le pénis. A l’âge de 3 ans, il avait été mordu à travers ses vêtements par un âne au niveau des organes génitaux externes. La morsure avait entraîné une amputation partielle de la verge.

    Marc Gozlan

    #nos_ennemis_les_bêtes #ânes

    • Attaques d’araignées Loxosceles rufescens vers Montpellier

      cc @arno je découvre qu’il y a des prédateur·ices serieux·ses vers chez toi
      http://realitesbiomedicales.blog.lemonde.fr/2017/01/23/il-etait-plusieurs-fois-la-morsure-dune-araignee-p

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      Une école envahie par des araignées-loup à Montpellier, sept classes fermées

      http://www.leparisien.fr/societe/une-ecole-envahie-par-des-araignees-loup-a-montpellier-sept-classes-ferme

      A l’école Olympe-de-Gouges, à Montpellier (Hérault), sept classes ont été fermées durant près d’une semaine.

      A l’école Olympe-de-Gouges de Montpellier (Hérault), il ne vaut mieux pas être arachnophobe. Depuis une semaine, des araignées loups ont élu domicile dans les classes. Sept salles ont dû être fermées, comme le rapporte Midi Libre.

      Au total, 130 élèves ont été délogés de leurs classes, suite à la découverte des insectes. « Sept classes parmi les 16 de l’école n’ont plus de locaux, puisqu’elles ont été envahies par un spécimen d’araignées loups, détectées par les agents d’entretien qui ont eu des démangeaisons et des problèmes cutanés à la suite de leur intervention dans les classes », explique Alexandra Seoane, la directrice de l’école, au Midi Libre.
      Le fonctionnement de l’école « perturbé »

      Peu attrayantes, araignées loups sont connues pour transporter leurs petits sur leur abdomen. Elles se nomment ainsi car elles ont la particularité de ne pas tisser de toile mais de chasser leurs proies.

      Par sécurité, la cheffe de l’établissement a donc décidé de fermer les locaux, le temps que la mairie fasse venir une équipe de désinfection. En attendant, « les enfants sont répartis dans les autres classes, ce qui perturbe le fonctionnement de l’école entière », déplore Alexandra Seoane.

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      Montpellier : des salles de classe fermées à cause d’araignées-loups

      http://www.lagazettedemontpellier.fr/42522/montpellier-des-salles-de-classe-fermees-a-cause-daraignees-l

      Il faut avoir le cœur bien accroché lorsqu’on tombe nez à nez avec la demoiselle. Depuis jeudi dernier, sept classes de l’école élémentaire et primaire Olympe de Gouges, dans le quartier Ovalie, ont été fermées pour des raisons sanitaires. En cause : des araignées-loups avaient élu domicile dans les salles de classe.

      « Nous avons alerté les services de la mairie la semaine dernière, dès que nous avons constaté que les araignées se multipliaient et que c’était une invasion », explique une enseignante. En attendant que le problème soit réglé, les enfants ont été répartis dans les dix autres classes que compte l’école.

      Pendant le week-end, une entreprise privée est venue éradiquer les araignées à coup de pulvérisateur. Mais ce lundi, les enfants ne pouvaient toujours pas réintégrer leurs classes. Les services de la Ville n’ont pas donné leur aval pour rouvrir les classes.

      « Nous n’avions aucune indication quant aux risques encourus par les élèves et les personnels », pointe la professeure.

      Elle chasse en meute

      Ce mardi, à midi, les services techniques de la ville ont informé la direction de l’école qu’"il n’y a plus aucun risque sanitaire pour les enfants à réintégrer les locaux". Les enseignants et leurs élèves ont ainsi pu regagner leurs classes respectives à partir de 14 h.

      Sans danger pour l’homme, l’araignée-loup est toutefois impressionnante, surtout lorsqu’elle transporte ses petits sur son dos. Elle est commune partout, de la lisière de forêt jusqu’aux jardins, même urbains. Le nom d’araignée-loup semble venir du fait que ces araignées sont souvent assez nombreuses à chasser sur un même territoire, ce qui a pu faire imaginer qu’elles chassaient en meute, comme les loups.

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      Montpellier : sept classes fermées une semaine à cause d’une invasion d’araignées
      https://www.midilibre.fr/2018/10/16/montpellier-7-classes-fermees-pendant-une-semaine-a-cause-dun-invasion-dar

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      Montpellier : sept classes fermées une semaine à cause d’une invasion d’araignées

      Une des araignées photographiée dans l’école.
      Une des araignées photographiée dans l’école. DR

      Publié le 16/10/2018 à 13:55 / Modifié le 16/10/2018 à 17:05
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      Faits divers, Montpellier, Enseignement et formation
      Dans le quartier Ovalie, sept classes sont restées fermées depuis mercredi 10 octobre alors que les préfabriqués ont été envahis d’araignées-loups. Après un traitement vendredi et des opérations de nettoyage, sept classes de l’école Olympe-de-Gouges doivent finalement rouvrir ce mardi après-midi.

      A l’école Olympe-de-Gouges, dans le quartier Ovalie, sept classes sont restées fermées plusieurs jours en raison d’une invasion d’araignées, suivie d’une opération de désinfection puis de nettoyage. Ce mardi 16 octobre au matin, Alexandra Seoane, la directrice de l’école, tirait la sonnette d’alarme alors que les services techniques de la Ville n’avaient pas encore donné leur aval pour rouvrir les classes.
      Une espèce qui chasse en meute
      Depuis la découverte de ces arachnides, vraisemblablement des araignées-loups, les 130 élèves de maternelles et de classes élémentaires, habituellement répartis dans les locaux préfabriqués, avaient été intégrés au reste de l’établissement. Certaines classes de cette école placée en zone Rep avaient vu leurs effectifs augmenter de façon conséquente.
      Des inquiétudes

      Face à cette situation ubuesque, les parents d’élèves n’avaient pas manqué de réagir. Ce mardi, Cécile Finou notamment interrogeait : le nettoyage a-t-il été complètement effectué ? Les enfants peuvent-ils retourner dans leurs locaux ? La situation sanitaire est-elle revenue à la normale ?
      Levée de doutes

      Ce mardi, à midi, les services techniques de la ville informaient la direction de l’école qu’"il n’y a plus aucun risque sanitaire pour les enfants à réintégrer les locaux". Les enseignants et leurs élèves pouvaient donc regagner leurs classes respectives à partir de 14 h.

      Reste que d’autres araignées de cette espèce auraient été observées à l’extérieur des locaux...

      J. M.

      Un commentaire permet (enfin) de savoir de quelle araignée il s’agit :

      Il s agit d une lycose de Narbonne, caracteristique de notre region ,(proche de la tarentule d Italie). J ai toujours vu ces araignées dans notre region, déjà petit je les observais dans le jardin de mes parents près de Montpellier (il y a plus de 40 ans), elle aimaient les herbes seche et les zones tres seches. Il s agit de la plus grosse araignee de France et il est vrai que sa morsure peut être douloureuse mais elle n attaque pas et ne mord que pour se defendre. Ceux qui font de la course à pied le soir, à la tombee du jour avec une lampe frontale ont déjà vu plein de petits points lumineux dans l herbe : il s agit de leurs yeux qui reflettent la lumiere. Par ailleurs elles sont tres utiles par le nombre d insectes qu elles mangent (elles ne font pas de toile et chassent à cour)
      Donc inutile d en faire un plat, elles ont toujours été chez nous et ne sont pas réellement dangereuse, contrairement à d autres espèces arrivées depuis peu beaucoup plus nuisible et surtout inutiles..

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      La fiche wikipédia ne parle pas de « chasse à cour » ni de « chasse en meute ».

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Lycosa_tarantula

      Sur ce lien qui décrit un peu les techniques de chasse de Lycosa tarantula il n’est pas fait mention de chasse à cour ni de chasse en meute :
      http://worldofreptile.com/fiche-descriptive-lycosa-tarantula

      Cette araignée ne tisse pas ou pratiquement pas de toile.
      Elle recouvre l’entrée de son terrier avec des brindilles et des petits cailloux.

      Afin de s’alimente et donc chasser, elle pratique la chasse à l’affut, elle va se positionner à un endroit et attendre sans bouger qu’une proie intéressante passe devant elle pour lui sauter dessus, parfois elle traquera une proie.

      –----
      ici un joli texte sur la Lycose de Narbonne
      https://www.e-fabre.com/e-texts/souvenirs_entomologiques/lycose_narbonne.htm

      D’autres aranéides font encore mieux. Telle est la Lycose de Narbonne où Tarentule à ventre noir (Lycosa narbonensis Walck.), dont les prouesses ont été racontées dans un précédent volume. Rappelons son terrier, son puits de l’ampleur d’un col de bouteille, creusé dans les terrains caillouteux aimés du thym et des lavandes. L’embouchure a pour margelle un bastion de graviers et de débris ligneux cimentés de soie. Rien autre autour de la demeure, ni toile, ni lacets d’aucune sorte.

      De sa tourelle, haute d’un pouce, la Lycose guette le Criquet passant ; elle bondit, poursuit la proie et l’immobilise soudain d’une morsure à la nuque. La consommation de la pièce se fait sur place ou bien dans le repaire, consommation que ne rebutent pas les téguments coriaces de l’acridien. La robuste chasseresse n’est pas une buveuse de sang comme l’Epeire : il lui faut aliment solide, qui craque entre les mâchoires. C’est le chien dévorant son os.

      Tenez-vous à l’amener au jour du fond de son puits ? Introduisez une fine paille dans le terrier et agitez.

      Inquiète de ce qui se passe là-haut, la recluse accourt, monte et s’arrête, menaçante, à quelque distance de l’orifice. On voit briller dans l’ombre ses huit yeux, semblables à des diamants ; on voit bâiller ses puissants crocs venimeux, prêts à mordre. Qui n’a pas l’habitude de cette horreur, remontant de dessous terre, ne peut se défendre d’un frisson. Brrr ! laissons la bête tranquille.

  • NE RIEN FAIRE EST VITALE POUR LA SANTÉ

    Un célèbre neuropsychologue explique comment le fait de “ne rien faire” est en fait vitale pour la santé.

    Contrairement aux idées reçues, il est bon pour la santé de ne rien faire même si cela est généralement mal perçu en société, que ce soit dans la sphère privée ou professionnelle.

    En effet, une étude a été menée qui démontre que lorsque le corps humain ne fait pas d’activité, son cerveau se met en mode ” par défaut ” et fait alors le tri des informations qu’il contient. Cette étape est absolument indispensable pour le neuropsychologue Francis Eustache qui exerce au CHU de Caen.

    De cette façon, il pourra mieux comprendre l’environnement qui l’entoure et pourra mieux composer avec les situations ultérieures qui se présenteront à vous.

    En consultant cette vidéo, vous pourrez avoir la preuve que l’oisiveté n’est pas forcément un vilain défaut et qu’elle est essentielle pour votre cerveau. Conservez là bien sous la main car si on vous fait des reproches, vous aurez de quoi justifier votre choix de ne rien faire et mettre un terme à toute polémique. Désormais, vous pouvez rester allongé (e) sur votre canapé pendant des heures ou prolonger considérablement votre grasse matinée sans culpabiliser !

    https://share2give.eu/un-celebre-neuropsychologue-explique-comment-le-fait-de-ne-rien-faire-est

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    NE CULPABILISEZ PAS DE GLANDER

    Selon le neurochirurgien Caennais Francis Eustache, ne rien faire le dimanche aprèm est une chose absolument vitale pour votre moral, mais aussi pour votre mémoire. Oui, VITALE.

    Le scientifique, qui officie au CHU de Caen, en Normandie et qui travaille principalement sur la mémoire traumatique explique, dans un reportage consacré à l’art de ne rien faire pour France Télévisions, que lorsque l’on ne fait rien, une activité cérébrale vitale se met en place. Ce phénomène, nous l’appelons le « mode par défaut ».

    Le « mode par défaut » désigne ces instants d’oisiveté, faits de voyages de la pensée, ces pensées qui vont et qui viennent, ces mêmes instants qui nous permettent de consolider notre mémoire : « On se tourne vers nos pensées, on se tourne vers des informations récentes, auxquelles on a été confronté. Notre cerveau va permettre de faire en quelque sorte une synthèse entre ces informations nouvelles ou relativement nouvelles et des informations plus anciennes. […] C’est un des temps indispensables à la création de notre autobiographie. Si on n’a pas ces moments, notre autobiographie va manquer de pages, mais surtout une cohérence d’ensemble » explique le neurochirurgien.

    Nous sommes stimulés en permanence par des éléments extérieurs. Constamment sollicités par nos responsabilités personnelles et professionnelles, mais aussi par nos ordinateurs et nos smartphones, nous croulons, parfois sans le savoir, sous un flux astronomique d’informations.

    Et si vous mettiez fin, pour quelques heures seulement, à l’hyperstimulation que vous vivez au quotidien ? Et si, le temps d’un dimanche après-midi, vous fermiez le robinet des informations ? Cette fois, ne culpabilisez plus : c’est pour la bonne cause. Protégez votre « mode par défaut ».

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    QUE FAIT LE CERVEAU QUAND IL NE FAIT RIEN ?

    Même au repos, le cerveau demeure très actif. En fait, il ne s’arrête jamais. Plusieurs régions cérébrales, distantes les unes des autres mais activées de façon synchrone, forment un réseau étendu dont on découvre l’implication dans de nombreuses pathologies neuropsychiatriques comme la maladie d’Alzheimer, la dépression, la schizophrénie, l’autisme.

    Tout commence en novembre 1992 par une découverte fortuite faite par Bharat Biswal, un étudiant ingénieur électricien alors âgé de 25 ans. Voulant se former en biophysique et neurosciences, il se voit proposer un poste dans le département de radiologie de la faculté de médecine du Wisconsin, à Milwaukee (Etats-Unis). Il entreprend alors de réduire le bruit de fond des signaux générés par l’IRM fonctionnelle (IRMf) afin d’améliorer l’interprétation des données recueillies lors de la réalisation d’une tâche motrice.

    « Je ne pouvais travailler que tous les samedis soir car le reste du temps presque tous les scanners étaient pris par les cliniciens. A ma grande surprise, j’ai remarqué la présence d’une forte corrélation entre l’activité des cortex moteurs gauche et droit, alors même que le sujet était parfaitement immobile ! », se souvient Bharat Biswal, aujourd’hui ingénieur biomédical au département de radiologie de la New Jersey Medical School. Il venait de découvrir l’existence d’une activité spontanée, au repos, entre des régions distantes du système moteur qui apparaissent fonctionnellement couplées.

    « Réseau du mode par défaut »

    « D’autres études montreront qu’il existe dans le cerveau au repos, lorsque notre activité cognitive n’est pas dirigée vers un objectif spécifique, une activité cérébrale intense et soutenue dans des régions spatialement éloignées, indique le professeur Francis Eustache, qui dirige l’unité Inserm du laboratoire de neuropsychologie du CHU de Caen. « Ces structures sont fortement connectées sur le plan fonctionnel et forment un réseau caractérisé par la présence de fluctuations synchrones de basse fréquence. »

    Ce réseau est composé de régions du cortex préfrontal en avant et du cortex pariétal en arrière. Dans un article paru en 2001 dans les « Comptes rendus de l’Académie des sciences américaine (PNAS) », Marcus Raichle, professeur de radiologie à la Washington University School of Medicine (Saint Louis, Missouri), l’a baptisé « réseau du mode par défaut » pour signifier qu’il fonctionne même lorsque l’on ne fait rien. Depuis, cet article a été cité 2 595 fois dans la littérature scientifique.

    Le cerveau reste donc actif au repos. Un repos très relatif dans la mesure où « le cerveau, qui représente seulement 2 % de la masse corporelle totale, consomme au repos 20 % de l’énergie du corps. De plus, la réalisation d’une tâche n’exige qu’un faible surcoût d’énergie par rapport à celle consommée par un cerveau au repos : moins de 5 % », indique Marcus Raichle.

    Activités mentales d’introspection

    L’activité au repos du réseau par défaut (RD) présente la particularité de diminuer dès lors que le sujet réalise n’importe quelle tâche cognitive. Autrement dit, le RD se « désengage » lorsque le sujet réalise une action avec un objectif spécifique, tandis que l’activité des réseaux liés à une tâche diminue. Les activités de ces réseaux et celle du RD sont « anticorrélées », variant en sens inverse. Ainsi, une récente étude japonaise, conduite lors du visionnage de vidéos de « Mr Bean », a révélé que les clignements des yeux s’accompagnent d’un bref désengagement du réseau attentionnel en même temps que d’une activation du RD.

    Le RD serait associé à des activités mentales d’introspection, de référence à soi. Il serait également lié à la capacité de construire des simulations mentales basées sur des souvenirs autobiographiques, les expériences présentes, mais également sur des projections dans le futur. « Cette projection de soi par anticipation serait un élément-clé de l’activité cérébrale au repos. Le RD interviendrait dans l’élaboration de scénarios mentaux visant à imaginer ou planifier le futur, comme lorsqu’on se voit déjà se prélasser sur une plage en pensant à ses prochaines vacances d’été. Le RD pourrait également être requis lorsqu’on imagine des situations alternatives, qu’elles soient réalistes ou fantaisistes », déclare Gaël Chételat, directrice de recherche au CHU de Caen.

    De même, l’activité du RD serait sollicitée pour notre capacité à comprendre les états mentaux d’autrui. Autrement dit, à voyager dans la tête des autres. Enfin, l’activité de régions-clés du RD apparaît corrélée à la fréquence des rêveries diurnes, ces moments durant lesquels on se perd dans ses pensées.

    Evaluation de nombreuses hypothèses

    Selon le professeur Andreas Kleinschmidt, neurologue aux Hôpitaux universitaires de Genève, notre cerveau passerait son temps au repos à évaluer de nombreuses hypothèses concernant une situation qui pourrait se produire dans le futur. « Il s’agit d’un processus dynamique et évolutif, qui n’arrête pas de tourner. Selon nous, le cerveau cherche constamment à rétablir un équilibre entre les mondes intérieur et extérieur, ce qui sous-entend qu’il nous permet d’éviter les mauvaises surprises en faisant des hypothèses sur l’avenir. »
    Ainsi, poursuit-il, « lorsque nous sommes au volant de notre voiture, notre cerveau n’arrête pas de mettre à jour des spéculations qui nous préparent à nombre de situations qui pourraient se produire », comme anticiper que la voiture qui nous précède tombe brusquement en panne ou qu’un animal traverse subitement la route. Si cela devait se produire en réalité, nous serions à même de réagir rapidement.

    Pour le professeur Maurizio Corbetta, de la Washington University School of Medicine, Saint Louis (Missouri), « cette activité spontanée est une façon de garder opérationnels des processus qui peuvent servir. Cela prend moins d’énergie et cela va plus vite de garder un ordinateur avec tous ses programmes en mode veille, mais actifs, que de le rallumer à chaque fois quand vous faites quelque chose ».

    Niveau de conscience résiduelle des patients comateux

    L’activité du RD n’est pas altérée lors des premiers stades du sommeil, peu ou pas pendant une anesthésie légère ou en état d’hypnose. De façon encore plus surprenante, l’équipe du professeur Steven Laureys, de l’université de Liège, a montré que le RD des patients atteints du « locked-in syndrome », éveillés et conscients, mais incapables de bouger si ce n’est les yeux, est quasiment identique à celui de sujets sains. En revanche, l’activité du RD est significativement diminuée chez les patients en état végétatif, inconscients mais présentant un état d’éveil minimal, et chez les patients comateux. Elle serait complètement absente lors d’un coma irréversible.

    Les chercheurs belges considèrent que le niveau de connectivité au sein du RD pourrait renseigner sur le niveau de conscience résiduelle des patients comateux totalement incapables de communiquer et serait associé à la capacité de récupération de certains patients présentant un état de conscience altéré. Selon eux, l’IRMf au repos pourrait constituer un outil particulièrement intéressant, mais qui reste à valider, pour aider le clinicien à prédire les chances de récupération.

    Le RD n’est qu’un des « réseaux de l’état de repos », même si c’est celui qui possède les interconnexions les plus robustes et constantes, ainsi que l’activité métabolique la plus intense. De nombreux réseaux fonctionnels au repos ont été décrits, en rapport avec des systèmes cérébraux aussi divers que ceux impliqués dans la motricité, l’attention, la vision, l’audition, le langage. Ces réseaux liés au repos sont présents chez les primates et les rongeurs.

    Facteurs génétiques et environnementaux

    Le professeur Michael Greicius, du département de neurologie de la faculté de médecine de Stanford, en Californie, voit dans l’activité de ces réseaux fonctionnels au repos « un moyen de conserver les connexions qu’ils entretiennent constamment entre eux. On sait que les synapses [les points de liaison entre neurones] tendent à disparaître lorsqu’elles ne montrent pas une activité minimale. Ainsi, l’activité cérébrale au repos permettrait de préserver ces réseaux qui participent à l’organisation globale du cerveau ».

    Reste à comprendre les facteurs génétiques et environnementaux qui interviennent dans la construction et le maintien des réseaux liés à l’état de repos, mais également « les mécanismes cellulaires qui sous-tendent leur activité, ce que l’on ignore totalement aujourd’hui », souligne Marc Raichle.

    « Le but ultime est de comprendre comment des comportements humains complexes émergent de l’activité et de l’interaction de ces réseaux cérébraux fondamentaux, résume Michael Greicius. L’IRM fonctionnelle permet une acquisition relativement aisée des données d’activité des réseaux fonctionnels au repos, dont le RD. Contrairement à d’autres techniques d’imagerie, l’IRMf peut être utilisée chez des patients souffrant de démence ou de troubles psychiatriques sévères incapables de réaliser des tâches. La seule chose que l’on demande au sujet est de rester tranquille pendant environ huit minutes. » Cette facilité d’accès explique l’engouement de très nombreuses équipes pour cette technique.
    L’IRMf au repos a été utilisée pour analyser l’activité du RD dans une trentaine de troubles neuropsychiatriques, ainsi que pour évaluer l’impact de la privation de sommeil, de la méditation, de la musique sur ce réseau.

    « Hyperactivité du RD dans la schizophrénie »

    Susan Whitfield-Gabrieli, du département cerveau et sciences cognitives du MIT (Cambridge, Massachusetts), a rapporté la présence d’une « hyperactivité du RD dans la schizophrénie qui pourrait témoigner d’une amplification de la focalisation sur le monde mental intérieur dont témoigne la paranoïa ». Cette chercheuse a par ailleurs observé « une activité accrue du RD chez des individus sains, parents de premier degré de patients schizophrènes, ce qui suggère que ces perturbations fonctionnelles seraient associées aux processus physiopathologiques plutôt qu’une conséquence de la maladie ».
    Le réseau par défaut a été étudié dans les épisodes dépressifs majeurs. « Il existe une connectivité fonctionnelle accrue du RD dans la dépression, maladie dans laquelle on observe une rumination, les patients ne cessant de ressasser des idées négatives sur eux-mêmes », indique le professeur Philippe Fossati, psychiatre (centre émotion, CNRS, Pitié-Salpêtrière, Paris).

    Les patients dépressifs ayant une tendance à une focalisation sur soi excessive, les processus de référence à soi ont été étudiés en relation avec le RD. Ceux-ci interviennent à chaque fois que l’on se pose la question de savoir si un terme évoquant un trait de personnalité (avare, généreux, susceptible, etc.) s’applique à nous-même. L’équipe de Philippe Fossati a montré que la partie antérieure du réseau par défaut, normalement sollicitée dans les processus de référence à soi chez le sujet sain, était activée de manière excessive chez l’individu déprimé.

    Imagerie cérébrale

    Par ailleurs, certaines études ont montré une corrélation entre le niveau de connectivité au sein du RD et la durée de l’épisode dépressif. Des résultats obtenus par l’équipe de Philippe Fossati, non encore publiés, montrent que les données de l’imagerie cérébrale permettraient de prédire la réponse à tel ou tel type de traitement antidépresseur, ce qui ferait gagner du temps dans une prise en charge médicamenteuse efficace.

    De très récentes études tendent à montrer l’existence d’altérations du RD qui pourraient en partie expliquer certaines anomalies du comportement social chez des individus atteints d’autisme. On observerait une moindre activation au sein du RD, qui serait par ailleurs corrélée au degré des difficultés sociales éprouvées chez ces patients.

    Des anomalies du RD ont également été décrites chez les enfants d’âge scolaire souffrant de « trouble déficit d’attention/hyperactivité ». Enfin, des travaux ont évalué les altérations de certains réseaux fonctionnels au repos après survenue d’un dommage cérébral de moyenne gravité, qu’il s’agisse d’un accident vasculaire cérébral (AVC) ou d’un traumatisme.
    « Nous avons montré en IRMf, après AVC, l’existence de perturbations de l’activité des réseaux fonctionnels au repos, même dans des régions intactes sur le plan structurel, et rapporté qu’elles sont corrélées à des déficits comportementaux ainsi qu’aux capacités de récupération », indique Maurizio Corbetta, directeur du département de neuroréhabilitation (Saint-Louis, Missouri).

    Comprendre les mécanismes par lesquels des troubles neuropsychiatriques fort différents induisent des perturbations de la connectivité du réseau par défaut, et dans quelle mesure son atteinte renseigne sur le pronostic des patients : tel est désormais l’objectif majeur de ces recherches.

    Marc Gozlan, le Monde science et techno, 21/03/2013
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    https://youtu.be/566kRI-y3Uw