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Leyla Dakhli. Elle est chercheuse au CNRS, attachée au centre Marc-Bloch de Berlin et on lui doit des travaux précieux sur l’histoire du Proche-Orient contemporain et sur celle des femmes en mouvement dans cette région du monde, sur l’évolution des formes qu’un féminisme original pu y prendre depuis le XIXe siècle. C’est de ce sujet que nous allons parler, pour tâcher tout à la fois de pourfendre un certain nombre de clichés que continue de charrier parmi nous l’héritage d’un orientalisme parfois fantasmatique et d’approfondir la complexité d’évolutions qui ont été bousculées par des forces multiples et souvent antagonistes. Ce féminisme a dû construire sa marche, qui n’a pas été linéaire, entre tradition religieuse et modernité culturelle, certes, mais aussi entre fierté nationale et fascination occidentale, entre déterminations étatiques et pulsions populaires, entre revendications politiques et aspirations sociales. Dans ce paysage, le port du voile, qui est devenu à nos yeux de contemporains un enjeu majeur, apparaît dans la complexité de sa symbolique et de son usage et je gage qu’il sera fort présent dans notre conversation. Comme il advient généralement dans le dialogue du passé et de l’actualité, on aurait tort de donner de ce tissu une interprétation trop simple, parce que plusieurs sortes de voiles ont existé et perdurent, et parce que leur portée concrète et emblématique a pu beaucoup varier d’un lieu à l’autre, d’une époque à l’autre.