Les Brésiliens sont des dribbleurs nés - Libération
▻http://www.liberation.fr/sports/2018/06/22/les-bresiliens-sont-des-dribbleurs-nes_1660934
En fin de thèse à l’université Paris-Descartes, où il travaille sur le thème de la vulnérabilité sociale des athlètes, Seghir Lazri passera pendant le Mondial quelques clichés du foot au tamis des sciences sociales. Aujourd’hui : les Brésiliens, dribbleurs nés.
Ayant débuté la compétition par un résultat nul, le Brésil devra produire, sans doute, un jeu plus intéressant pour battre le Costa Rica. D’ailleurs, les représentations collectives vous invitent souvent à associer au jeu brésilien, l’art du dribble. De Garrincha à Neymar, en passant évidemment par Pelé ou Ronaldinho, les grands joueurs brésiliens n’ont fait qu’inscrire dans le show footballistique cet ensemble de gestes artistiques mais aussi très sociaux.
Le dribble, toute une histoire
Dans un récent et riche ouvrage sur l’histoire populaire du football, le journaliste Mickaël Correia s’attache à retracer l’origine du dribble. Intronisé et popularisé au milieu du XXe siècle après l’accession au niveau professionnel de joueurs issus du métissage brésilien, le dribble auriverde va devenir le symbole d’une autre forme de jeu bien éloignée du style hégémonique européen. Il va revêtir, de nouveau, l’image d’un geste contestataire face à l’ordre établi. A la fermeté de la tactique et de la planification du mouvement sportif va s’opposer la spontanéité du geste et la primauté du spectacle. Au sens où Marcel Mauss l’entendait des pratiques corporelles, le dribble correspond à un fait social total, autrement dit, il est un objet permettant de rendre compte des mécanismes et des structures qui régissent une société. Comprendre le dribble, c’est aller au fondement de ce qui constitue la société brésilienne.
La capoeira, mère du dribble…
Comme le souligne le journaliste Olivier Guez, l’essence même du dribble provient de la ginga, un mouvement rythmé de balancement du corps propre à la capoeira, une pratique apparue au XVIe siècle, suite à l’arrivée au Brésil d’esclaves en provenance d’Afrique. Ces derniers avaient apporté différentes techniques de luttes guerrières, qu’ils ont dû transformer sous le régime esclavagiste. La ginga a donc été une animation incorporée à ces techniques de combats, afin de présenter la capoeira comme un rituel dansé et, surtout, dissimuler au maître son côté martial. La ginga était alors une tromperie, une ruse permettant à l’esclave de se réapproprier son corps pour résister. Pour preuve, la pratique de la capoeira a permis la fuite de nombreux esclaves et la mise en place de communautés autonomes organisées dans l’arrière-pays brésilien (que les autorités mettront plus deux siècles à détruire). Tout cela entraînant la prohibition de cette pratique par le gouvernement brésilien au XVIIIe.
Du corps à l’esprit
Officiellement interdite, la pratique de la capoeira sera l’adage d’initiés, et sa transmission ne se fera que dans les milieux populaires afro-indigènes marqués par une forte présence de la culture candomblé (syncrétisme entre christianisme, religions africaines, et rites indigènes). Et c’est dans l’illégalité la plus totale que l’idée de la ruse propre à la ginga va se trouver plus accentuée, se transformant en un état d’esprit, et se déployant bien en dehors de la pratique. Elle deviendra un véritable éthos, prenant le nom de malandragem et faisant émerger la figure sociale du malandro. Ce dernier étant, selon les propos de Mickaël Correia, « un voyou hédoniste et séducteur qui se joue de l’ordre établi ». Vêtu comme un bourgeois, mais issu des classes laborieuses, il réinvente sans cesse les codes et les comportements, devenant, très rapidement, la figure d’une nouvelle contre-culture, mais aussi d’un nouveau contre-pouvoir, inspirant toute une nouvelle classe populaire.
Par la suite, la mutation plus démocratique du Brésil au début du XXe siècle va permettre de populariser cette mentalité, au point de retrouver cet esprit de ruse dans un ensemble de nouvelles pratiques, dont le football. Pour exemple, l’usage de surnom qui est apparu dans les années 40 est, au-delà de l’aspect pratique (des noms beaucoup trop longs), un véritable héritage culturel issu de la contre-culture afro-brésilienne. Cet appelido (littéralement le surnom) provenant de cette tradition de la dissimulation et de la tromperie, permet aussi une réinvention de l’identité. Ainsi, Manoel Francisco Dos Santos se voit attribuer l’appelido de Garrincha (petit oiseau préférant mourir que de se laisser prendre) pour souligner son caractère tenace.
Néanmoins, c’est surtout à travers le dribble que les joueurs métis afro-brésiliens vont faire valoir la malandragem, en la reproduisant, essentiellement, dans une nouvelle technique du corps. Dribbler devient le moyen de tromper l’adversaire, de contester les plans établis, mais aussi de se réinventer sur le terrain. Le dribble est une lutte émancipatrice. Au fond, comprendre un geste footballistique, comme le dribble, c’est déchiffrer l’histoire d’une société, saisir ses rapports de force, mais aussi mieux appréhender ses problèmes.
Passionnant le lien entre dribble et capoeira. Ça ouvre plein de perspectives de réflexions.
]]> On sait tout de Manet. De l’homme appelé Manet et de la peinture de Manet. on peut y ajouter que des bricoles diverses. C’est dans ce divers que je vais me tenir, en pensant à une réfelxion de Marcel Mauss que par hasard je viens de lire : " Dans les sciences telles qu’elles existent, on trouve toujours une vilaine rubrique. Il y a un moment où la science de certains faits n’étant pas réduite en concepts, ces faits n’étant pas même groupés organiquement, on plante sur ces masses de faits le jalon de l’ignorance : « Divers ». C’est là qu’il faut pénétrer. On est que sûr c’est là qu’il y a des vérités à trouver."
Pierre Michon in Tablée
]]>Notes anthropologiques (VIII)
Georges Lapierre
▻https://lavoiedujaguar.net/Notes-anthropologiques-VIII
« Ce principe de l’échange-don a dû être celui des sociétés qui ont dépassé la phase de la “prestation totale” (de clan à clan, et de famille à famille) et qui cependant ne sont pas encore parvenues au contrat individuel et surtout à la notion de prix estimé en monnaie pesée et titrée. » (Mauss, 1950, « Première conclusion », p. 227.)
Dans cette première conclusion de son essai consacré au don, Marcel Mauss passe directement des sociétés sans État qu’il vient d’étudier à la société contemporaine qui est la sienne et où il existe monnaie et « contrat individuel ». Pour lui, il n’y a pas rupture mais continuité. De la pensée du don qui anime la société kwakiutl ou la société trobriand à celle de l’argent et du commerce qui nous anime, il y a seulement un développement uniforme de la pensée, un raffinement, au mieux un progrès et, j’ajouterai, un progrès nécessaire, qui se trouve dans l’ordre des choses. Il ne note pas une modification profonde entre l’homme et la pensée qui l’anime, il ne note pas une séparation, un décalage, une transformation radicale de la pensée dans le passage de l’échange-don à l’échange marchand. (..)
#anthropologie #don #potlatch #échange #pensée #esprit #marchands #nobles
]]>À lire : l’épilogue de Loyautés radicales, de Fabien Truong
▻http://www.contretemps.eu/epilogue-loyautes-radicales-truong
La répétition des attentats islamistes pose la question de la responsabilité. J’ai essayé d’y répondre par les moyens modestes, mais appliqués, de l’enquête et des sciences sociales. Que faire d’autre, devant un champ de ruines, à part s’efforcer de comprendre ? Dans l’urgence, certes, se protéger. Mais de qui et de quoi ?
« Ne moralisons pas. Mais aussi ne spéculons pas trop. Disons que l’anthropologie sociale, la sociologie, l’histoire nous apprennent à voir comment la pensée humaine “chemine” ; elle arrive lentement, à travers les temps, les socié- tés, leurs contacts, leurs changements, par les voies en apparence les plus hasardeuses, à s’arti- culer. Et travaillons à montrer comment il faut prendre conscience de nous-mêmes, pour la perfectionner, pour l’articuler encore mieux. »
Marcel Mauss
...
#Enquête #banlieue #capitalisme #Islam #islamophobie #quartiers_populaires #racisme #religion
]]>« Essai sur le don » par Marcel Mauss (1923-1924)
▻https://enuncombatdouteux.blogspot.fr/2017/11/essai-sur-le-don-par-marcel-mauss-1923.html
« Les hommes de Dobu ne sont pas bons comme nous ; ils sont cruels, ils sont cannibales ; quand nous arrivons à Dobu, nous les craignons. Ils pourraient nous tuer.
Mais voilà, je crache de la racine de gingembre, et leur esprit change. Ils déposent leurs lances et nous reçoivent bien. »
Dans les économies et dans les droits qui ont précédé les nôtres, on ne constate pour ainsi dire jamais de simples échanges de biens, de richesses et de produits au cours d’un marché passé entre les individus.
D’abord, ce ne sont pas des individus, ce sont des collectivités qui s’obligent mutuellement, échangent et contractent ; les personnes présentes au contrat sont des personnes morales : clans, tribus, familles, qui s’affrontent et s’opposent soit en groupes se faisant face sur le terrain même, soit par l’intermédiaire de leurs chefs, soit de ces deux façons à la fois.
De plus, ce qu’ils échangent, ce n’est pas exclusivement des biens et des richesses, des meubles et des immeubles, des choses utiles économiquement. Ce sont avant tout des politesses, des festins, des rites, des services militaires, des femmes, des enfants, des danses, des fêtes, des foires dont le marché n’est qu’un des moments et où la circulation des richesses n’est qu’un des termes d’un contrat beaucoup plus général et beaucoup plus permanent.
]]>Droits d’auteur, biens communs et ressources éducatives - Hervé Le Crosnier | April
▻https://www.april.org/droits-d-auteur-biens-communs-et-ressources-educatives-herve-le-crosnier
Retranscription verbatim d’une conférence sur les communs de la connaissance de 2013. Merci à l’APRIL et Marie-Odile pour ce travail et leur marque d’intérêt.
Alors si les communs sont une réponse, une prise de position, c’est qu’en fait ils existent depuis toujours et partout. Si on réfléchit bien, si on a une vision des communs comme étant une manière d’organiser des groupes sociaux pour partager des ressources, ça s’est toujours fait. C’est comme ça que les gens vivent au mieux, à commencer par le commun qui est le foyer familial où effectivement il faut, ce qu’on nous apprend tout petits, partager entre frères et sœurs ; obtenir tout ce qu’on peut, faire au mieux avec ce qui nous est donné. C’est pour ça que les communs sont souvent des modes de gestion utilisés dans des conditions difficiles, les communs de subsistance. Or, ce dont nous nous apercevons au fur et à mesure des études sur les communs, c’est que ça va au-delà des communs de subsistance. Mais il nous importe de prendre leçon de ceux qui sont confrontés à des situations difficiles : le livre de David Bollier parle de femmes dans des États indiens, ce qui concerne l’Andhra Pradesh, qui ont conservé des semences traditionnelles et qui continuent à les planter et à les échanger entre elles, et qui n’ont pas succombé à la révolution verte qui a lieu dans les années soixante, c’est-à-dire aux semences industrielles et qui aujourd’hui se retrouvent à pouvoir nourrir leur village grâce à ces pratiques-là, quand la révolution verte sert avant tout à faire du riz d’exportation ou des produits qui se transforment en argent et non pas en nourriture. Donc comment, en fait, cette richesse commune a continué à être maintenue par des tas de communautés partout dans le monde pour organiser le partage ?
En même temps, dans nos pays développés, on s’aperçoit que les communs servent au plaisir. Ce qui se partage c’est aussi du plaisir. C’est le partage des livres, ce qui nous intéresse. Vous savez quand même que la majeure partie de nos lectures vient de livres qu’on nous a prêtés, qu’on nous a conseillés, qui sont chez nos amis, etc. Cette idée qu’on va lire un livre et le garder pour soi est peut-être un mythe pour les grands éditeurs qui y voient surtout les espèces sonnantes et trébuchantes, mais ça n’a jamais, jamais, été le cas des lecteurs eux-mêmes.
Enfin les communs, c’est une manière de, justement, à partir du moment où on met en place la communauté, c’est-à-dire l’idée de groupee de gens qui se fixent de règles pour fonctionner ensemble, c’est l’existence de mouvements sociaux, c’est-à-dire de moyens de vivre ensemble quelles que soient les conditions extérieures qui forment le cadre général.
C’est ce que dans le logiciel libre on appelle la liberté de coopérer. C’est très beau comme terme, d’habitude on a un droit ou des choses comme ça, là c’est une liberté d’être enfin à faire des choses ensemble.
Ça implique, bien évidemment, une activité citoyenne et c’est ça qui est intéressant des communs, c’est qu’ils impliquent les gens. Nous ne sommes plus seulement des consommateurs, mais nous sommes des gens impliqués dans la création, la culture, mais aussi la défense des communs universels, etc. Et une des choses les plus importantes c’est, en fait, d’avoir la garantie que tout ce travail collectif qu’on va faire ne soit pas accaparé demain. C’est-à-dire comment on va mettre en place des formes sociales, des formes d’activité, des mouvements, des lois, qui permettent la logique du don et du contre-don telle qu’elle a été mise en œuvre, découverte, en fait, par l’étude des sociétés, par Marcel Mauss ? C’est l’idée que si on fait un don qui va devenir le capital de quelqu’un d’autre alors on ne le fera pas. Donc ce qu’il faut c’est résoudre cette question-là : comment existe dans nos sociétés une logique de don et de contre-don, qui est fondatrice de nos sociétés, dans tous les domaines ? Mais comment on fait en sorte que ce travail collectif qu’on va faire ne deviendra pas, demain, le capital de quelqu’un d’autre qui s’en servira contre ceux-là mêmes qui ont produit cette activité collective ?
]]>De quoi le mécénat culturel est-il le symptôme ? | La plume d’un enfant du siècle
▻https://marwen-belkaid.com/2017/08/02/de-quoi-le-mecenat-culturel-est-il-le-symptome
Je crois, en effet, au contraire que le mécénat pratiqué par certaines des grandes fortunes de notre pays ou grandes entreprises est tout sauf gratuit. Dans son Essai sur le don, Marcel Mauss définit le don comme un fait social, qui est la plupart du temps effectué dans l’espoir d’un retour constitué par un contre don. Je crois que cette définition du don sied parfaitement au mécénat culturel pratiqué dans notre pays par les acteurs cités plus haut. Ledit mécénat s’inscrit, en effet, la plupart du temps dans une démarche marketing pure et dure. De la même manière qu’il existe le greenwashing, on pourrait dire qu’il existe une forme de culture washing. La grande majorité des industriels fortunés qui pratiquent le mécénat le font effectivement notamment pour promouvoir le luxe et l’art à la française bien plus que de manière totalement gratuite. Les fondations Cartier ou Louis Vuitton sont là pour appuyer les marques et non pas l’inverse. Il est d’ailleurs assez drôle de constater que dans tous les musées ou presque, d’immenses plaques rendant hommage aux mécènes sont présentes. Pour le don désintéressé on repassera.
]]>Culture : entretien Jocelyne Porcher sur les cochons« L’industrie porcine use et abuse des animaux sans rien leur offrir en contrepartie »« L’élevage a été remplacé par un système industriel qui organise la production animale
▻http://www.lemonde.fr/planete/article/2015/08/27/culture-entretien-jocelyne-porcher-sur-les-cochons-l-industrie-porcine-use-e
Aujourd’hui, 95 % de la viande de porc consommée en France vient, non pas de fermes, mais de grandes structures industrielles qui sont en crise, comme vient de le montrer le conflit des éleveurs. #Jocelyne_Porcher, sociologue à l’Institut national de la recherche agronomique (INRA), analyse cette nouvelle donne. Elle est l’auteure de plusieurs livres sur l’élevage : Vivre avec les animaux. Une utopie pour le XXIe siècle (La Découverte, 2011), Cochons d’or. L’#industrie_porcine en questions (Quae, 2010), Une vie de cochon (La Découverte, 2008, avec Christine Tribondeau).
]]>Leur rythme dans ma peau
▻http://www.lemonde.fr/sciences/article/2015/07/21/leur-rythme-dans-ma-peau_4692223_1650684.html
Dans le fim Un jour sans fin (1993), chef-d’œuvre d’Harold Ramis, Bill Murray se réveille, jour après jour, dans le même monde. Coincé avec horreur dans la routine d’un travail qu’il déteste. Privé, pour l’éternité, de vacances. Cette satire de la répétitivité du quotidien fascine parce qu’elle ressemble à l’expérience vécue. Et qu’elle s’en distingue immédiatement : notre monde est rythmé, et le cycle journalier, dans lequel est coincé Murray, n’en est qu’un parmi de nombreux autres. Pour nous, mortels, chaque moment diffère de l’autre : il n’y a eu qu’un seul 12 décembre 2012 à 12 h 12. Mais pour la société, au contraire, chaque jour se reproduira de manière cyclique.
Le sociologue Marcel Mauss, dans son Essai sur les variations saisonnières des sociétés eskimos (1904), s’était intéressé aux changements, entre l’hiver, où la vie est collective dans les igloos, et l’été, où la société est moins concentrée. « La vie sociale ne se maintient pas au même niveau aux différents moments de l’année ; mais elle passe par des phases successives et régulières d’intensité croissante et décroissante, de repos et d’activité, de dépense et de réparation. »
]]>Marcel Mauss : Effet physique chez l’individu de l’idée de mort suggéré par la collectivité.
▻http://sociol.chez.com/socio/autob/maussideedemotr.htm
Une courte description de ces conditions mentales, physiques et sociales où s’élaborent des cas de cette sorte n’est pas inutile. M. Fauconnet a bien décrit, par exemple, à propos de la responsabilité et de sociétés diverses, et Durkheim a bien décrit, à propos de nombreux faits religieux australiens : rituel funéraire et autres, les poussées violentes qui animent les groupes, les peurs et les réactions violentes auxquelles ils peuvent être en proie. Mais ces emprises totales des consciences individuelles, engendrées dans le groupe et par le groupe, ne sont pas les seules. Les idées élaborées alors se maintiennent et se reproduisent dans l’individu sous cette pression permanente du groupe, de l’éducation, etc. A la moindre occasion elles déchaînent des ravages ou surexcitent des forces.
" L’expression obligatoire des sentiments (Rituels oraux funéraires australiens) " Marcel Mauss, 1921
▻http://socio.ens-lyon.fr/agregation/corps/corps_fiche_mauss.php
►http://classiques.uqac.ca/classiques/mauss_marcel/mauss_marcel.html
Travail du deuil, travail de deuil
▻http://www.cairn.info/zen.php?ID_ARTICLE=ETU_995_0475
#réponse à l’interview : « La question n’est pas de manger moins de viande, mais comment en manger mieux »
▻http://diffractions.info/2014-04-30-reponse-a-linterview-la-question-nest-pas-de-manger-moins-
Comme il m’arrive souvent furetant sur Internet, de droite à gauche, de haut en bas, je suis tombé sur un article qui, à lecture rapide me laissait à moitié songeur…...
]]>Applying Permaculture to Finance | Permaculture Magazine
▻http://www.permaculture.co.uk/articles/applying-permaculture-finance
Raffa
Applying Permaculture to Finance | Permaculture Magazine - ▻http://www.permaculture.co.uk/article...
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]]>Quelques réflexions sur la #permaculture, l’autoproduction et la théorie du #don ▻http://lezd.wordpress.com/2009/11/16/hirugarren-arauaz
que m’ont rappelé certains éléments dont on causait avec @aude_v ici ▻http://seenthis.net/messages/188975#message189968
Je reviens sur un article de Toby Hemenway ▻http://www.patternliteracy.com/sustag.html dans lequel il note à juste titre que le troisième principe éthique de la permaculture (celui concernant les surplus) est beaucoup moins clairement et simplement formulé que les deux premiers (“prendre soin de la Terre” et “prendre soin des gens”), ce qui traduit le manque d’aisance des permaculteurs quant au problème des surplus.
Dans un autre article ▻http://www.patternliteracy.com/surplus.html, il relie le problème des surplus au sentiment de la rareté. Cela dit je trouve moyennement convaincant son argumentaire quant à la conception cyclique ou linéaire du temps pour expliquer le sentiment de la rareté. Il me semble que les deux conceptions coexistent dans la plupart des cultures, pour décrire ce qui d’une part relève du cyclique-prévisible (journée/nuit, lunaisons, succession des saisons…), d’autre part du linéaire-singulier (croissance et vieillissement, différences entre années successives).
Je trouve également assez alambiqués les liens qu’il fait entre angoisse existentielle, “connexion au divin” et offrande des surplus aux Dieux (ou au clergé).
Il me semble que le sentiment de rareté dépend surtout de la largeur du champ des possibles sur lesquels on envisage de baser notre subsistance. Plus cette subsistance se base sur un petit nombre de choses, plus on percevra la rareté, lorsque l’une ou l’autre de ces choses viendra à nous faire défaut à un moment donné. En revanche, en basant notre subsistance sur une diversité suffisante, la raréfaction d’un élément à un moment donné pourra plus facilement être compensée par les autres.
Pour prendre deux cas extrêmes, si sur un terrain donné on fait de la monoculture d’avoine on aura un certain risque d’être en situation de famine (en cas de mauvaise récolte) ou d’avoir de gros surplus sur les bras (en cas de bonne récolte). À l’inverse, si on fait sur la même surface de l’agroforesterie basée sur châtaigneraie, associée à de la biointensive, de l’élevage de volailles en parcours extensif, et de l’aquaculture, la production de l’ensemble sera relativement plus constante en quantité, car les fluctuations des rendements des divers éléments tendront à se compenser entre elles ; il faudrait vraiment avoir la poisse pour que tout foire ensemble, de même il serait peu probable qu’une saison soit exceptionnelle pour tous les éléments. Par ailleurs la diversité elle-même est un facteur de stabilité, stabilité qui atténuera les fluctuations en question (c’est une des propritétés émergentes des écosystèmes).
En ce sens, le sentiment de rareté et la nécessité de stocker des surplus sont a priori plutôt liés aux systèmes agricoles qu’aux systèmes horticoles, les premiers étant de par leur diversité réduite plus sujets à des “anomalies quantitatives” de production.
L’agriculture amène, toujours, à une concentration du pouvoir par l’élite. C’est le résultat inévitable de l’existence de gros surplus stockables, qui est au coeur de l’agriculture, et nous pourrions avoir besoin de créer une culture où le surplus, ainsi que la peur et la cupidité qui le rendent desirable, ne sont plus les résultats structurels de nos pratiques culturelles , nous dit Hemenway.
S’agissant de réduire l’influence de la peur et la cupidité sur les échanges humains, il fait une référence intéressante à des observations de Marcel Mauss ▻http://fr.wikipedia.org/wiki/Marcel_Mauss sur les pratiques de dons dans différentes sociétés, où les liens personnels créés par les dons sont bien plus importants que les objets donnés en eux-mêmes. Dans certains cas se sont même développées des méthodes empêchant de pouvoir calculer qui avait donné combien à qui, précisément pour éviter qu’une comptabilité trop précise restreigne le flux des dons. Comme dans le cas des spirales de dons.
Ces spirales de dons sont courantes dans des communautés de petite taille dont les membres produisent des choses d’utilité immédiate (aliments, matériel, services basiques) et où l’entraide et la confiance sont suffisamment intégrées pour ne pas avoir à formaliser les termes des échanges ▻http://www.onpeutlefaire.com/forum/viewtopic.php?p=46375.
Il en est tout autrement dans la vie hors-sol, où nos activités sont hyperspécialiées et produisent rarement des choses d’utilité immédiate, et où les liens humains sont bien plus distants et rigides. Nous allons alignés, dans ce défilé qui a encore peur de la fraternité, vers les bureaux, entrepôts, pavillons, secrétariats, classes, magasins et autres espaces clôturés, pour, par notre haleine, et par notre sueur, et par nos gestes, et par nos regards, et par notre bassesse, et par notre tendresse aussi parfois, et par autant d’ignorance que d’inquiétude constamment, d’abominable et fatigante inertie commune, mutiler nos mouvements, en rendant plus licite la prostitution que l’amour, les conventions que le courage, les lois que le droit. (Lisabö, Egun bat nonahi, 2002)
La rigidité des liens humains dans un cadre de vie hors-sol contribue d’ailleurs à accentuer le sentiment de dépossession. Car comme disait Von Foerster ▻http://en.wikipedia.org/wiki/Heinz_Von_Foerster, plus les relations interindividuelles sont rigides, plus le comportement de la totalité apparaîtra aux éléments individuels qui la composent comme doté d’une dynamique propre qui échappe à leur maîtrise.
Bref le développement de la permaculture doit aller de pair avec une informalité dans la circulation des surplus, cette informalité ne pouvant exister que dans des échanges à échelle humaine.
Je m’arrête ici (pour l’instant) en revisitant un peu les trois principes en question :
1. Prendre soin de notre milieu et de sa diversité
2. Prendre soin des gens, en commençant par soi-même
3. Créer des liens par lesquels les surplus peuvent circuler
(#autopromo)
]]>PMO ne sais plus quoi faire... ils relaient des textes réactionnaire homophobes, lesbophobe et hétéronormatif sous prétexte qu’il effectuerai aussi une critique de la technique... Notamment ceux qui entendent permettre une reproduction artificielle, sous entendu contrôlé...
Comme ils savent qu’il y a un problème, mais n’arrivent pas clairement à la définir, ils se contentent d’une introduction aux allures sarcastiques, mais qui n’effectue pas de critique, et renvoie les lecteurs a allé voir a leur « gauche » ce qu’il trouve sur le même sujet (Politis fairait une éloge du transhumanisme).
Pourtant dans son livre l’Eugénisme libéral, habermas avait déjà vu le problème du contrôle parental des enfants a venir par une sélection qui éviterai telle ou telle maladie... mais ce dernier ne s’élevait pas contre l’avortement, ni contre la reproduction artificielle, ou le droit d’être parent, mais bien contre l’unique vue d’un contrôle orienté de la reproduction...
Historiquement, la critique de la technique ne rentrait pas dans nos distinction aujourd’hui classique de droite et de gauche.
Cependant il clair, que la droite s’est assez vite mis a une critique de la technique pour défendre... l’obscurantisme (à travers la religion), ou l’idéologie de la pureté (mère nature, contre la chimie). Ce dernier registre idôlatre d’une idée de la nature, tient malheureusement encore lieu de motivation a beaucoup de critique d’OGM qui les voie comme contre-nature (oui, car ils fauchent nue voyez vous ! et ils n’utilise jamais leur pouce préhenseur. D’ailleurs, ils ne parlent pas, et n’écrive jamais sur le papier... enfin il ne danse pas. Car tout ceci est bien reconnue comme technique du corps par Marcel Mauss)... il serait pourtant possible d’éviter ses paradoxes en ayant une critique politique sur le brevetage contre la liberté de partage, la marchandise contre le libre accès, et le clonage versus la diversité...
L’enjeu est profond, et est souvent sortie sur la question de l’avortement qui est parfois vu comme un point de ralliement entre extrême droite et extrême gauche à travers le refus de voir l’enfant comme un objet. Cependant c’est une erreur qui ignore la différence entre l’adoration pour la vie, pure en elle même, qui pousse la droite à être contre l’avortement, et l’appréciation des vivants, d’une vie qui s’affirme (et non coule indéfiniment) et s’épuise dans une forme....
L’article horrible que relais PMO :
►http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=427
Le texte est très réactionnaire. Il commence par une hiérarchisation autoritaire des luttes (critique de l’intérêt pour le mariage gay, qui passe devant la critique des ogm).
Présuppose que les parents vont mentir a leur enfants car il déclarerai forcément qu’ils ont un papa (alors que c’est pas le cas)... on espère pour eux, qui ne crois pas en Dieu (alors qu’il n’existe pas) et qu’il ne fêterons jamais Noël...
Ensuite il s’élève parce que le fait d’être mère, ne serait plus lié à l’accouchement ! Leur DIeu ! Que les mères qui ne peuvent pas enfanter et qui ont du adopté leur jettent des papiers d’adoption !
Ensuite, le texte oppose une étude particulière, en la mettant au même niveau, que tout un ensemble de nombreuses études qui disent le contraire...
Et tout ceci n’est que le début de l’article...
P.S : j’ai largement modifié le texte que j’avais mis originellement, qui était plus le résultat d’une réaction vive et émotionelle, que d’un peu de recul. Merci a @bluemoon pour m’y avoir poussé dans les commentaires.
Michea : le meilleur, le bizarre et le pire, par Frederic Lordon | RdL La Revue des Livres
►http://www.revuedeslivres.fr/michea-le-meilleur-le-bizarre-et-le-pire-par-frederic-lordon
pour @rastapopoulos
En accompagnement de l’excellent « Impasse Michéa » publié par Frédéric Lordon dans la RdL n° 13 (juillet-août 2013) à propos de publications récentes de Jean-Claude Michéa, voici quelques éléments de contextualisation supplémentaires et un florilège de citations.
Selon #Marcel_Mauss les fondements des sociétés dites traditionnelles et archaïques en dehors du paradigme « économique » (marché, achat, contrat...) sont la triple obligation de donner,recevoir,et rendre.
L’anti-utiltarisme comme nécessité de repenser l’organisation de la production de la « marchandise » et la finalité des rapports entre individus.
#Alain_Caillé : professeur de sociologie à l’Université Paris X Nanterre et co-directeur du SOPHIAPOL. Il a fondé le mouvement anti-utilitariste dans les sciences sociales ( M.A.U.S.S. ) en 1981 et continue d’animer jusqu’à ce jour la revue du MAUSS. S’appuyant sur les travaux de Marcel Mauss, Alain Caillé développe une approche anthropologique de la constitution des communautés politiques sur la base du paradigme du don.
▻http://www.youtube.com/watch?v=-_bLwIzYJhA
▻http://valery-rasplus.blogs.nouvelobs.com/archive/2011/02/27/10-questions-a-alain-caille.html
Valéry Rasplus : Depuis 1981 votre nom est associé à la revue du MAUSS (d’abord Le Bulletin du MAUSS 1981-1988 puis La Revue du MAUSS trimestrielle 1988-1993 et enfin La Revue du #MAUSS semestrielle). Comment est venue l’idée de former cette revue qui s’est maintenant pleinement inscrite dans le paysage #intellectuel français et international ?
Alain Caillé : Le point de départ est le suivant. J’avais vu en 1981 l’annonce d’un colloque sur le don à l’ Arbresle qui réunissait philosophes, économistes, psychanalystes etc. Fasciné depuis des années par l’Essai sur le don de Mauss (et par Karl #Polanyi), et d’autant plus qu’il me semblait réfuter ce qu’on m’avait enseigné en sciences économiques (j’étais alors docteur ès sciences économiques mais également assistant de sociologie à l’université de Caen) je décidai d’y assister. Nous fûmes quelques uns à nous étonner qu’aucun des intervenants ne semblât avoir lu Mauss. Et plus encore de la convergence entre #économistes et #psychanalystes sur l’idée que le don n’existe pas, qu’il n’est qu’illusion et idéologie puisqu’on n’a rien sans rien. Cette manière de penser était parfaitement congruente avec l’évolution récente de la sociologie dont je m’étais alarmé dans un article de Sociologie du #travail : « La sociologie de l’intérêt est-elle intéressante ? » (1981) dans lequel je pointais la surprenante convergence, au moins sur un point essentiel, entre des auteurs en apparence diamétralement opposés : Raymond Boudon et Michel Crozier, du coté #libéral, Pierre Bourdieu du côté #néomarxiste. Pour les uns comme pour les autres l’intégralité de l’action sociale s’expliquait par des calculs d’intérêt, conscients pour les deux premiers, inconscients pour le troisième. Tous trois, par de là leurs divergences criantes, communiaient ainsi dans ce que j’ai appelé l’axiomatique de l’intérêt, si bien représentée à l’Arbresle. Pour cette sociologie alors dominante l’homo sociologicus n’était au fond qu’une variante, un avatar ou un déguisement d’homo œconomicus. D’accord à quelques uns à l’Arbresle sur ce constat, nous décidâmes, Gerald Berthoud, professeur d’anthropologie à l’université de Lausanne, et moi, de créer une sorte de bulletin de liaison, ou un recueil périodique de working papers susceptible de favoriser les échanges entre ceux, économistes, anthropologues, sociologues, philosophes etc. qui partageaient cet étonnement et cette inquiétude face à l’évolution de la pensée en science sociale et en philosophie politique. Partout, en effet, nous le découvririons peu à peu, on était passé d’une perspective largement holiste, qui avait dominé pendant les Trente glorieuses, à un individualisme tout autant ontologique que méthodologique. Et ce basculement #hyperindividualiste allait de pair avec le triomphe généralisé de l’axiomatique de l’intérêt. Que l’on découvrait aussi bien en philosophie politique, dans le sillage de La Théorie de la justice de #John_Rawls (1971) - se demandant comment faire définir les normes de justice par des « hommes économiques ordinaires », mutuellement indifférents - qu’en biologie où fleurissaient la théorie du gène #égoïste ou la #sociobiologie. En économie, les « nouveaux économistes » faisaient leur percée, et la nouvelle #microéconomie, fondée sur la théorie des jeux offrait au modèle économique généralisé sa #lingua_franca.
▻http://www.youtube.com/watch?v=dSXJVs9tuKE
Valéry Rasplus : Vous expliquez que la conception maussienne du don est proprement politique, comment concevez-vous une bonne politique ?
Alain Caillé : La conception maussienne du don est en effet politique. Donner est l’acte politique par excellence puisqu’il permet de transformer les ennemis en alliés en faisant qu’il y ait quelque chose plutôt que rien, de la vie plutôt que de la mort, de l’action ou de l’œuvre plutôt que le néant. Mais, réciproquement, le politique est proprement « donatiste ». Le politique peut-être considéré comme l’intégrale des décisions par lesquelles les membres d’une communauté politique acceptent de donner et de se donner les uns aux autres, plutôt que de s’affronter, de se confier plutôt que de se défier. La politique n’est que l’interprétation plus ou moins juste, fidèle et réussie du politique. Une communauté politique peut être conçue comme l’ensemble de ceux dont on reçoit et à qui on donne. Et une communauté démocratique comme celle dans laquelle les dons entre les citoyens sont faits d’abord en tant que dons à l’esprit de la démocratie (et non aux ancêtres, à Dieu ou à une quelconque entité transcendante). La bonne politique est désormais celle qui favorise le #développement de la #démocratie voulue d’abord pour elle-même - et non d’abord pour des raisons instrumentales , - en tant qu’elle permet au plus grand nombre de se voir reconnu comme donnant ou ayant donné quelque chose. Ce qui suppose qu’il soit en capacité de la faire et que soit donc maximisées ses « capabilités ». Concrètement, la bonne politique est celle qui contribue à instiller et à instituer l’#autonomie politique de la société civile associationiste, qui n’est pas naturellement donnée et ne va pas de soi. La philosophie républicaine française, solidariste prenait l’individu non comme un point de départ - à la différence du #libéralisme économique, du libérisme - mais comme un but, et entendait l’éduquer de façon à ce qu’il conquière son autonomie face à l’État instituteur. Ce mot d’ordre est toujours d’actualité mais doit être complété par celui de l’institution de l’autonomie du monde des #associations.
Bibliographie :
–Essai sur le don de Marcel Mauss paru aux éditions PUF
– L’esprit du don de Jacques .T. Godbout en collaboration avec Alain Caillé paru aux éditions la Découverte
_Anthropologie du don d’Alain Caillé paru aux éditions de la Découverte
–Théorie anti-utilitariste de l’action D’Alain Caillé paru aux éditions la Découverte
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