person:marie darrieussecq

  • Quels obstacles pour éduquer aux questions liées aux genres ?

    [Avertissement : J’ai écrit ce 1er jet pour une intervention pour laquelle on m’a sollicité, à partir d’idées qui me trottaient dans la tête depuis quelques mois/années. Je suis autodidacte sur ces questions, incertain de mon lexique : il doit y avoir des inexactitudes, des erreurs et/ou des âneries dans ce texte. Je suis donc preneur de retours soit ci-dessous en commentaire soit en MP à <cqma[arobase]clinamen.net>. Merci à vous tou.te.s.]

    Les derniers mois ont montré l’importance et l’actualité des combats féministes et anti-sexistes. Il me semble néanmoins que dans les nombreux débats qui ont eu lieu la question de l’éducation, et notamment de la prise en charge de ces questions par l’institution scolaire n’a pas réellement émergée.
    Il faut dire que depuis l’expérience des “ABCD de l’Égalité” à l’initiative du Ministère du Droits des femmes et de celui de l’Éducation Nationale (https://fr.wikipedia.org/wiki/ABCD_de_l%27%C3%A9galit%C3%A9) en 2013-2014, le sujet est redevenu invisible au sein de l’Institution, même si « l’égalité Filles-Garçons » a bien été intégrée de l’école primaire au lycée au sein des programmes d’Éducation Morale et Civique (EMC).

    Pourtant, le sujet n’a pas au sein de la formation initiale ou continue, au sein des projets soutenus par l’Institution, ou développés par les équipes enseignantes, la place qu’il mérite. On peut même craindre, ici et là, que les projets ayant survécus aux “ABCD de l’Égalité” persistent sous le signe d’une consensuelle « égalité Filles-Garçons » qui énonce et n’interroge rien, voire dans les pires des cas comme instrumentalisation de valeurs érigées uniquement pour stigmatiser certaines minorités, à l’instar de la Laïcité.

    Les initiatives qui s’appliquent à réellement déconstruire les stéréotypes de genre, à interroger le rapport d’oppression qu’ils soutiennent, à viser une réelle émancipation des filles et des garçons restent rares.
    Certes les enseignant.e.s sont à l’image du corps social : rétif au concept de « genre » pour certain.e.s, peu conscientisé.e.s au-delà de la consensuelle « égalité formelle », etc. Mais une partie des enseignant.e.s plus au fait de ces questions ne franchissent pas le pas ou avec beaucoup de précautions.

    Essayons donc d’éclaircir certains des points qui peuvent faire obstacle à l’appropriation de ces questions par des enseignant.e.s pourtant motivé.e.s.

    1. Recherche scientifique et didactique

    Les gender studies se sont largement développées et même dans une certaine mesure popularisées. Mais pour que des recherches théoriques puissent irriguer l’enseignement, il faut qu’un travail didactique soit mis en œuvre. Didactique c’est-à-dire traduire une discipline en un chemin d’enseignement progressif qui tienne compte des compétences et de la maturité des enfants et qui organise l’apprentissage des notions sous-tendant ce domaine de connaissance. Or, ce travail didactique est me semble-t-il balbutiant et les points d’appuis pour les enseignants restent trop lacunaires.

    1.a. La question du développement de l’enfant

    Comme pour la structuration de l’espace et du temps, l’enfant construit son rapport à l’identité sexuelle et/ou de genre au cours d’une lente maturation passant par différentes phases entre le nourrisson et l’adolescent.e tardif.ve. Il convient d’avoir conscience du développement de l’enfant dans ce domaine pour construire des séances adaptées à la maturité de l’élève, sans ignorer par exemple les représentations qui feraient obstacles.
    Je n’ai trouvé d’éléments qui éclairent ce lien entre développement de l’enfant et apprentissage que dans un ouvrage d’Anne Dafflon Novelle [1]. En tout cas, il n’y a à ma connaissance aucun texte de référence institutionnel ou pédagogique permettant aux enseignant.e.s d’avancer avec confiance sur un chemin balisé.

    1.b. Quelle progression dans les notions

    De manière similaire et en lien avec le point précédent, il n’y a pas de texte de référence permettant aux enseignant.e.s d’organiser les apprentissages et d’articuler les principales notions de ce domaine d’apprentissage de la maternelle au lycée, contrairement à la géométrie par exemple dont on peut suivre la progressivité et la complexification de l’apprentissage dans les programmes officiels.
    Dans d’autres domaines, en effet, il y a eu de nombreuses réflexions de didacticien.ne.s et de chercheur.euses sur les chemins d’apprentissage impliquant parfois des simplifications (erronées au sens strict) mais qui seront reprises, complétées, voire contredites ultérieurement.
    L’enseignant.e désireux.se de se lancer sur ces sujets est condamné.e à expérimenter au risque d’emprunter des chemins contreproductifs.

    1.c Exemple de difficultés rencontrées

    (i) Il peut paraître pertinent avec des élèves de cycle 1&2 de travailler, par exemple avec l’album “Mademoiselle Zazi a-t-elle un zizi” de Thierry Lenain, sur le fait que la seule différence entre filles et garçons est anatomique (les filles ont une zézette et les garçon un zizi), ce qui permet de remettre en cause la représentation identitaire par la seule possession (ou pas) d’un zizi, les filles, par défaut, sans-zizi, étant reléguée à des êtres de seconde zone. Pourtant, cette représentation est une simplification et fait l’impasse sur tout un tas de questions que les gender studies ont pu faire émerger. Ainsi, un livre récent sur la sexualité [2] dénombre au moins trois sexes : le sexe génétique, le sexe anatomique et le sexe psychologique. Comment l’enseignant.e peut-il progresser à hauteur d’eélève vers une complexification des notions sans risquer de s’appuyer sur des simplifications stigmatisantes ?

    (ii) Il peut paraître intéressant de travailler au cycle 2 à partir de l’album “Jérome par cœur” de Thomas Scotto. Selon son auteur, il s’agit d’une amitié masculine mais racontée en reprenant les stéréotypes des amitiés féminines, ce qui peut être un bon support pour tous les stéréotypes de l’amitié « entre-filles » ou « entre-garçons » et une porte d’entrée vers des réflexions sur ce qu’est la virilité. C’est un sujet important qui trouve des prolongements à l’adolescence sur la construction de l’identité sexuelle et/ou de genre dans les bandes-de-filles et les bandes-de-garçons. Néanmoins, ce livre a été dénoncé par des associations réactionnaires comme faisant l’apologie de l’homosexualité. Cette question peut d’ailleurs être soulevée en classe par les élèves. Dans les deux cas, il y a compétition entre deux notions qui se nourrissent l’une l’autre : les stéréotypes de genre et les stéréotypes sur l’homosexualité. Vous cherchez à déconstruire les stéréotypes de genre dans les relations amicales, et voilà que les stéréotypes se retrouvent renforcés par l’explication que si ces deux garçons se comportent « comme des gonzesses », c’est bien parce qu’ils « sont pédés », et non pas parce que les garçons peuvent aussi se comporter ainsi. Nous retrouvons le même glissement lorsqu’une compagnie de théâtre adapte l’album “Péronnille, la chevalière” de Marie Darrieussecq et modifie la fin en faisant tomber Péronille amoureuse de la Princesse. L’album est un album féministe, anti-sexiste, un anti-conte classique, où les stéréotypes sexistes des contes traditionnels sont inversés grâce à un personnage principal féminin qui traverse les diverses épreuves traditionnelles pour au final préférer son indépendance au mariage d’avec le Prince. C’est donc un support riche pour travailler les stéréotypes de genre, notamment ceux véhiculés par la littérature classique. L’adaptation théâtrale, elle, fait le choix de présenter la chevalière comme attirée par les filles, car elle préfère à la fin le mariage avec la Princesse à son indépendance. Au risque que le comportement, reçu comme atypique, de la chevalière soit réduit à cette simple explication, elle se conduit comme un « garçon manqué » non pas parce que les filles peuvent aussi être chevalière, mais parce que c’est une « gouine ».
    Ainsi, il semble que le travail de déconstruction des stéréotypes de genre et celui sur l’approche de l’homosexualité puissent se parasiter, voire créer des dynamiques contre-productives renforçant paradoxalement les naturalisations et les stéréotypes. Par exemple autour de la virilité : si tu es un « garçon sensible » alors tu es un « pédé » et inversement si tu es homosexuel alors tu es efféminé.

    Il apparaît donc que l’articulation des sujets et des notions abordées doit être pensée et anticipée au risque d’être contre-productif. Mais les réflexions et les textes ressources permettant de construire une démarche pédagogique cohérente et efficace sont rares ou inexistants.

    2. Une posture d’enseignant.e à inventer : entre appréhensions et prosélytisme

    Il est malaisé pour les enseignant.e.s de se lancer dans l’éducation aux questions liées au genre par peur des réactions des collègues, de l’Institution, des familles, des élèves.

    2.a. À la recherche d’un consensus dans l’équipe pédagogique

    L’interprétation de la consensuelle notion d’égalité filles-garçons repose sur tout un implicite de représentations et de chemin de conscientisation chez les adultes. Les rares formations qui se sont déroulées lors du lancement des “ABCD de l’Égalité” ont montré que la question du genre nécessitait non seulement l’appropriation de concepts restés en partie confidentiels, mais aussi un travail de conscientisation, mais aussi encore souvent un travail de conviction. Si certaines questions profitent d’un consensus de façade (la question salariale, la question du respect), tou.te.s les collègues ne sont pas persuadé.e.s qu’il est important de remettre en cause les stéréotypes (ne serait-ce que parce que certain.e.s collègues sont des hommes…). Certaines discussions peuvent même devenir très tendues lorsqu’il s’agit de définir ce qu’est un stéréotype même pour ce qui est des jouets, des activités sportives, couleurs et habitudes vestimentaires. Les arguments qui tendent à naturaliser des habitudes, attitudes, postures acquises et construites socialement reviennent vite.
    Par ailleurs, personne ne vous suivra ou presque si vous quittez les rivages consensuels du « respect » pour aborder ceux de l’identité de genre ou de l’homosexualité, notamment en primaire.

    Il y a donc un besoin de formation aux apports récents (ou pas) de la recherche à mener auprès des enseignant.es. Et elle reste extrêmement marginale, la formation continue ayant par ailleurs disparue ou presque quelqu’en soit le sujet.

    2.b Une institution en appui ?

    Du point de vue des Instructions Officielles, les questions abordées sont transdisciplinaires : SVT pour tout ce qui est connaissance de son corps et éducation sexuelle, EMC pour tout ce qui est égalité, vivre ensemble, respect, harcèlement et maltraitance…

    L’égalité filles-garçons semble sortir renforcée des dernières évolutions des textes officiels. Absente de ceux-ci avant les années 2000, il fallait s’appuyer uniquement sur l’aspect « reproduction » en primaire ou « éducation à la sexualité » au secondaire, des programmes scolaires. Nous pouvons, aujourd’hui, nous référer à une série de textes :
    – Le BO HS n°10 du 2 novembre 2000, intitulé “À l’école, au collège et au lycée : De la mixité à l’égalité”.
    – la Circulaire n°2007-011 du 09.01.2007 et son paragraphe 3.2 intitulé “L’égalité des filles et des garçons dans le système éducatif”
    – La convention interministérielle pour l’égalité entre les filles et les garçons, les femmes et les hommes dans le système éducatif, signée pour la période 2013-2018 par six ministères, dont les chantiers prioritaires sont : (i) acquérir et transmettre une culture de l’égalité entre les sexes ; (ii) renforcer l’éducation au respect mutuel et à l’égalité entre les filles et les garçons, les femmes et les hommes ; (iii) s’engager pour une plus grande mixité des filières de formation et à tous les niveaux d’étude.
    – L’expérimentation des “ABCD de l’Égalité” qui découle directement de la convention mentionnée précédemment et qui a mobilisé les différents services du Ministère de l’Éducation Nationale, chacun développant des pôles ressources plus ou moins pertinentes. Voir par exemple, le dossier du site Éduscol “Les enjeux de l’égalité filles-garçons”.
    – Les nouveaux programmes de 2015 et 2016 qui intègrent dans les programmes d’Éducation Morale et Civique (EMC) l’item de l’égalité filles-garçons.

    Donc, il semble qu’en 15 ans le ministère ait construit le cadre officiel pour aborder ces questions en classe. Sauf que depuis le désastre politico-médiatique des “ABCD de l’Égalité”, le mot genre est tabou à l’Éducation Nationale, les projets sur ces thématiques ne sont ni soutenus ni développés, et que loin de l’ambition des questions de genre les programmes se sont réduits à des notions consensuelles.
    Dans les faits, la hiérarchie verra dans toute action sur les questions de genre, une volonté militante à la marge des textes et une source de problème avec les familles et donc avec sa propre hiérarchie.

    2.c Une source de conflit avec les familles ?

    Lors des “ABCD de l’Égalité”, les réactions les plus virulentes étaient l’œuvre d’une minorité (doublement structurée autour de Vigigender, émanation de La Manif pour tous, et des Journées du Retrait de l’École (JRE), plutôt lié aux milieux de l’islam radical). Néanmoins, les controverses de ces dernières années du Mariage pour Tous aux “ABCD de l’Égalité”, en passant par les polémiques autour de la “théorie du genre” ou de la notion de harcèlement montre que si la conscientisation progresse, de larges pans de la société restent cependant pour le moins rétifs à ces sujets et à une approche émancipatrice.
    Par conséquent, inévitablement, pour une partie des familles, la mise en place de séances sur ces thématiques sera source de défiance ou de conflits.

    Cela nécessite donc en amont une réflexion sur la communication avec les familles, sur la définition et présentation du projet, pour laquelle les enseignant.e.s ne sont ni formé.e.s, ni aidé.e.s. Une fois encore les ressources font défaut et expérimenter peut être hasardeux…

    2.d Un conflit de loyauté pour les élèves ?

    Nous commençons à être sensibilisé.e.s à la question du conflit de loyauté dans lequel se trouve un enfant lorsque les valeurs, les attendus de l’école le mettent en conflit à ceux de sa famille. Le conflit de loyauté est en fait plus vaste car au-delà du conflit des valeurs, il interroge aussi ce dont l’élève pense être autoriser à se saisir à l’école sans trahir son milieu, sa famille.

    Inutile de préciser que comme ces questions ne relèvent pas d’un consensus social, les élèves seront vite pris dans des conflits de loyauté dès qu’ils auront l’impression que leurs valeurs ou celles de leur famille sont remises en question, ou simplement que les postures et attitudes des adultes référents sont critiquées (ex : question des tâches ménagères ou de l’orientation professionnelle). J’ai pu observer lors d’interventions maladroites sur ces sujets que des prises de paroles, sincères mais prosélytes, pouvaient être particulièrement contre-productives dès lors qu’elles étaient ressenties comme jugeantes ou stigmatisantes, aboutissant à des fermetures, raidissements voire à l’exacerbation des propos des élèves.

    Il me semble ici que nous devons interroger notre pratique d’éducateur.trices, abandonner une posture morale ou prosélyte pour une approche philosophique et scientifique avec les élèves en privilégiant l’ouverture sur la différence des ressentis, pratiques, représentations et l’émergence du doute en confrontant des conceptions à des raisonnements ou des éléments factuels et/ou scientifiques. Rester à hauteur d’enfants, faire émerger les différences de conception au sein du groupe classe, leur renvoyer leurs questionnements, rentrer dans des discussions philosophiques ou appliquer des raisonnements scientifiques ou logiques permettant de réfuter en appui sur leur vécu certaines représentations, reste, selon mon expérience, le plus efficace.

    Sur ce sujet encore les ressources pédagogiques font défaut, celles mises à disposition par le Ministère à l’époque des “ABCD de l’Égalité” n’étaient d’ailleurs pas très convaincantes illustrant le manque de maturité du sujet. Ces dernières années des supports pédagogiques ont été proposés par des associations citoyennes ou d’éducation populaire mais tout cela reste insuffisant. Ici encore, et notamment sur la question des pratiques et des postures, la question de la formation est cruciale.

    [1] DAFFLON NOVELLE Anne, “Identité sexuée : construction et processus” in Filles-garçons Socialisation différenciée ?, DAFFLON NOVELLE Anne (dir.), Presses Universitaires de Grenoble, 2006.
    [2] BROCHMANN Nina, STØKKEN DAHL, “Les joies d’en bas”, éditions Actes Sud, 2017.

  • Autrices, programmes et canon : mais est-ce si grave ? (3) – ⋅ lecture ⋅ culture ⋅ genre ⋅ littérature ⋅
    https://womenandfiction.blog/2016/07/21/autrices-programmes-et-canon-3-mais-est-ce-si-grave

    Quand, cependant, on tombe en lisant sur telle sorcière soumise à l’ordalie par l’eau froide, ou telle femme possédée par des démons, ou telle magicienne qui vendait des herbes, ou même tel homme très remarquable qui avait un mère, je pense que nous sommes sur la trace d’une romancière perdue, d’une poétesse réprimée, de quelque Jane Austen muette et sans gloire, de quelque Emily Brontë se faisant sauter la cervelle sur la lande ou errant éperdue par les chemins, en proie à la torture à laquelle l’avait mise son talent. Vraiment, j’irai jusqu’à dire qu’Anon l’Anonyme, qui écrivit tant de poèmes sans les signer, était souvent une femme. (traduction de Marie Darrieussecq sous le titre « Un lieu à soi »)

    #femmes #sorcières #mégèrisme
    @mona
    Tu connais certainement cette citation et peu etre ce blog, mais au cas où je te le recommande.

  • La deuxième mort de l’auteur, Laurent Jeanpierre
    http://next.liberation.fr/livres/2017/10/04/la-deuxieme-mort-de-l-auteur_1600902

    Auteur de la première biographie intellectuelle de Guy Debord en 2001, professeur de littérature et d’histoire des médias en Suisse, Vincent Kaufmann s’interroge sur les effets, pour les écrivains, des transformations rapides de « l’écosystème médiatique » depuis un demi-siècle. Il développe un ensemble de constats sur la « banalisation » et la « spectacularisation » des auteurs, soumis au règne de la télévision et de plus en plus mobilisés par les technologies numériques des réseaux sociaux.

    L’idée centrale de Kaufmann, déployée à l’aide d’une plume alerte et agréable, se résume simplement : alors que la mise en scène publique de soi et la recherche d’une large audience étaient des modalités particulières d’existence dans le champ littéraire jusqu’aux années 70, elles représentent désormais la manière la plus générale d’entrer en littérature et la raison d’être principale des écrivains. Les livres ne servent plus que comme simples « prétextes à apparitions » car, dans le nouvel ordre littéraire, l’autorité des auteurs dérive de l’attention qu’ils ont su capter.

    Scénographie.
    A partir de cette hypothèse, le critique relie de manière originale les développements français de l’autofiction et des écritures de l’intime à la montée d’un « impératif autobiographique » qui se serait installé avec et en même temps qu’Apostrophes, s’étendrait aujourd’hui à travers une identification croissante entre auteur, narrateur et personnage, et culminerait dans une exigence d’authenticité d’où la fiction et l’imagination devraient être bannies, comme l’illustrent, pour Kaufmann, les reproches adressés par Camille Laurens à Marie Darrieussecq lors de la polémique autour de Tom est mort, publié par cette dernière en 2007. Toute une scénographie accompagne ce « stade Canada Dry de l’auteur », à commencer par celle de la comparution et de l’aveu : l’écrivain spectaculaire y apparaît tel un héros sacrifié, mettant à nu sa vie privée quelles que soient les réserves de son entourage, faisant ensuite toute la lumière sur cette mise au jour et ses effets, et se soumettant d’œuvre en œuvre à une interminable injonction de transparence.

    @tintin puisque cet article me permet de penser autrement une réticence que j’attribuais à une pudeur (pudibonderie ?) probablement déplacée face au brillant Deux fois né.

    #auteur #aveu #spectacle #littérature #fabrique_de_la_visibilité #autofiction

  • cité par Jean-Benoit Bouron sur FB

    « Le français [la langue française] la sommait de préciser le genre des choses. Le masculin y dominait le féminin ; si toutes les femmes du monde venaient en compagnie d’un chien, ils étaient contraints, elles et le chien, de se soumettre au masculin : les femmes et le chien étaient bien obéissants. »

    Marie Darrieussecq, « Le pays »

  • Les #femmes, ça crée aussi | Sans Compromis
    https://sanscompromisfeministeprogressiste.wordpress.com/2016/05/20/les-femmes-ca-cree-aussi
    https://sanscompromisfeministeprogressiste.files.wordpress.com/2016/05/frida-one.jpg?w=883

    Le déni des artistes de sexe féminin est tenace, même si l’histoire de l’#art propose de nombreux exemples qui rendent caduc cet #ostracisme.

    Venue de la #littérature, je découvre le monde de l’art, et j’y apprends beaucoup de choses. Par exemple, que les femmes ne peuvent pas vraiment bâtir d’œuvre. C’est écrit dans le catalogue consacré au peintre Jean-Marc Bustamante (collection « la Création contemporaine », éditions Flammarion, 2005).

    Christine Macel, qui l’interroge avec Xavier Veilhan, lui demande pourquoi les femmes « ne tiennent pas la distance », pourquoi si peu « dépassent les dix ans ». « Vous (Bustamante, Veilhan, ou Thomas Hirschhorn, ndlr), vous produisez beaucoup, vous expérimentez dans des dimensions différentes, il y a une sorte de flux. Je me demandais récemment pourquoi ce n’était pas le cas chez les femmes. » Et je pense à Louise Bourgeois, Annette Messager, Gina Pane (ce mot de « flux »), Rebecca Horn ou Jenny Holzer, qui ont encore en effet toutes leurs preuves à faire.

    On doit à Christine Macel la décisive exposition Dyonisiac, que j’ai vue début 2005 au Centre Pompidou. Exposition consacrée à des artistes prometteurs, et très instructive : face à la liste des noms, quatorze prénoms masculins, j’en avais conclu qu’il n’y avait aucune artiste prometteuse dans le monde aujourd’hui…

    #sexisme #domination

    • et Tania Mouraud, Yoko Ono, Gloria Friedmann, Marina Abramovic, Dorothea Tanning, Louise Nevelson etc. etc. tant d’autres qui me sautent à l’esprit à l’instant même ou je te lis et qui composent le socle de mes références artistiques (Rebecca Horn et Louise Bourgeois font partie également des artistes importantes dans ma propre histoire).
      Cette Christine Macel est une bien étrange créature... C’est quoi son foutu problème avec son sexe ?

    • Sinon, l’article est une tribune de #Marie_Darrieussecq, merci pour elle. Il est copié depuis celui-là, publié en septembre 2015 :
      http://www.agnesverfaillie.com/2015/09/04/les-femmes-ca-cree-aussi

      Lui-même étant déjà une copie d’une tribune apparemment venant de Libération (et sans phrase en gras partout !).

      C’est si compliqué que ça de mettre en haut de page, dès le début, qu’on copie un article de telle auteure, plutôt que faire croire que c’est un texte du blog, et seulement marquer en tout petit en bas que ça vient d’autre part (et encore, pas très explicitement, avec un lien sans commentaire) ?

      Désolé hein mais ça m’irrite vraiment à chaque fois, ce genre de pratique (très utilisé sur les-crises aussi, dans un autre genre), quelque soit le tenancier ou la tenancière du site.

    • D’accord avec la remarque de @rastapopoulos. Ce qui va suivre ne s’adresse pas à toi @rastapopoulos.

      Pour les autres, les #phallosophes, merci de répondre par l’exemple à la question « comment les hommes font ils pour dominer ? »
      Une technique est de profiter d’un sujet politique pour étaler sa science, faire comme si personne ici ne connaissait de femmes artistes et qu’il fallait nous infligiez la liste exhaustive des femmes artistes. Imagine t’on ces deux là te faire la liste exhaustive des artistes hommes qu’ils connaissent ? Et comme si l’article qu’ils commentent ne citais pas lui même des femmes artistes (y compris Louise Bourgeois) ni ne précisait qu’il y en a toujours eu et surtout faire comme si c’était Marie Darrieussecq et Christine Macel qui avaient un « foutu problème avec son sexe ».

      OUI, les femmes artistes ont un foutu problème avec leur sexe (et pas que les femmes artistes). Problème auquel vous apportez votre large contribution par le déni, la condescendance de dominants et la silenciation et l’invisibilisation des personnes concernées. Je rappel que le pré-carré est une revu quasiment non mixte (a peine deux ou trois femmes présente sur 6 numéros et le faire remarqué ne m’a vallu qu’injures pour finir par être bloqué et ne plus pouvoir répondre a ses attaques) et que LL participe donc activement a l’effacement des femmes du monde de l’art et aussi a l’effacement des femmes sur seenthis en allant jusqu’a confisqué le sujet aux femmes ici même.

      Attribué l’origine du sexisme aux féministes c’est aussi un gros classique des attaques anti-féministes les plus grossières.
      https://cafaitgenre.org/2015/09/24/guerre-des-sexes-ou-guerre-contre-les-femmes

      En plus de confisquer la parole aux femmes, vous dépolitisez le sujet en le réduisant à votre nombril. Le problème du sexisme ne vous intéresse aucunement, vous le déniez de toute façon comme a votre habitude, la seule chose qui vous intéresse c’est de faire savoir que vous n’êtes pas sexistes. Vous êtes encore une fois la parfaite illustration du #macho_de_gauche et de pourquoi le féminisme doit se passer des hommes pour pouvoir avancer. Vous ne faites pas progressé la visibilité des femmes artistes, au contraire avec votre participation ici le sujet de la discrimination des femmes dans le milieu artistique a reculé jusqu’à l’inexistence :

      C’est quoi son foutu problème avec son sexe ?

      #mansplaning #effacement_des_femmes #masculinisme en action #déni

  • Ringards sur le monde, par Marie Darrieussecq - Libération
    http://www.liberation.fr/chroniques/2015/10/09/ringards-sur-le-monde_1400736

    Mon fils est en troisième et il étudie, en français, la nouvelle : c’est au programme de littérature, et forcément, ça m’intéresse. Douze Nouvelles contemporaines ; regards sur le monde, c’est le titre du livre conseillé, que vont lire quantité d’élèves cette année. Un tableau de Martial Raysse fait la couverture, une jolie femme avec un cœur sur la joue. Au dos, la liste des douze auteurs : dix Français, un Italien, un Américain ; je ne les connais pas tous, mais ce qui me saute aux yeux, c’est que ce sont tous des hommes. J’ai un petit espoir sur un ou une Claude ; ah non, c’est un Claude. « Regards sur le monde », au pluriel peut-être, mais tous masculins. L’ambitieux sous-titre du recueil est : « Portrait des hommes et des femmes d’aujourd’hui, de la naissance à la mort » ; les hommes sont donc vus ici par des hommes, et les femmes aussi. Dans le dossier pédagogique, un chapitre est intitulé : « Un portrait critique de l’homme d’aujourd’hui » ; j’y lis que « les personnages féminins ne sont pas davantage épargnés par la critique que les hommes » ; la femme y est traitée en dix lignes et quatre personnages : deux tueuses, une quinquagénaire « vénale et hypocrite » et une jeune coquette « qui semble réduire la femme à un être sans profondeur intellectuelle ». Il est vrai que ce recueil ne laisse aucune chance à « la » femme de s’exprimer avec ses mots et son regard. Peut-être aurait-il fallu « des » femmes ? Mon fils, amusé et déjà féministe - c’est-à-dire raisonnablement sensible à l’injustice -, me montre le dossier pédagogique final. Dans le chapitre « Regards sur le monde en poésie et en chansons » sont proposés cinq autres auteurs… tous des hommes. Dans le chapitre « Visions du monde de demain », ils sont quatre, attention… tous des hommes. Le fou rire nous gagne, nous allons au chapitre « Fenêtres sur » : quatorze noms… suspense… deux femmes ! Bravo, Andrée Chedid et Fred Vargas ! Mais rien d’Alice Munro, qui semblait tout indiquée puisqu’elle pratique exclusivement la nouvelle, prix Nobel en 2013, deux ans avant la composition de ce recueil « pédagogique ».

    Comment éduquons-nous nos enfants ? Christine Pau, professeure d’histoire-géo à Laval, commentait récemment ici les modifications du nouveau programme d’histoire : « Le chapitre "Les femmes au cœur des sociétés qui changent", que j’avais repéré dans la première version, devient "Femmes et hommes dans les sociétés des années 1950" ». Il est louable que le mot « femmes » vienne, pour une fois, en premier ; mais probable que le cours novateur sur les femmes d’action se transforme en panorama des fifties.

    Une jeune amie australienne me montre avec étonnement la carte d’étudiant qu’elle vient d’obtenir à la Sorbonne : « Est-ce que le "e" du féminin est toujours mis entre parenthèses ? » Sous sa photo, les mentions « étudiant(e) » et « né(e) » l’ont choquée. Mais ma propre carte d’étudiant, dans les années 90, était au masculin d’évidence, au masculin universel du « neutre ». J’étais donc « étudiant » et « né » ; à l’époque, ça ne m’avait même pas surpris(e).

    Ici-même, dans Libération, je n’ai jamais pu obtenir le moindre « e », parenthèse ou pas, à « auteur » écrit sous ma pomme (ne parlons d’« autrice », qui serait pourtant la forme correcte en français). Toute la vie d’une femme en France est à l’avenant ; ma carte d’« assuré social » est à mon nom d’épouse ; je paie mes impôts à mon nom à moi depuis peu de temps et après avoir beaucoup insisté (c’est-à-dire à mon nom de jeune fille, qui est de facto le nom de mon père). Il se trouve que j’en paie plutôt plus que mon mari ; ça aussi, ça amuse mes enfants. Et mon mari aussi, ça l’amuse, que la plupart de nos biens soient à mon nom mais que, pour toutes les administrations, le « chef de famille », ce soit lui. Il parvient à me faire rire quand tous mes formulaires de réservation en ligne se bloquent si je refuse de renseigner la case « madame » ou « mademoiselle », alors que lui, on ne lui demande rien de son état conjugal, de sa virginité de damoiseau ou de sa disponibilité sexuelle quand il doit remplir un bordereau quelconque. La case « civilité » est obligatoire, madame ou mademoiselle : cochez ! Oui, nous nous mettons en colère et nous rions aussi, plutôt que de nous taper la tête contre les murs. Parce que nous sommes féministes, lui plus encore que moi, et que la lourdeur du monde en est moins accablante. Féministe, la vie est plus gaie. D’ailleurs, on ne dit plus « chef de famille ». On dit « personne de référence ». Un changement purement cosmétique. Allez voir les définitions de l’Insee : dans les couples homosexuels, la personne de référence est la personne la plus âgée ; et dans les couples hétérosexuels, c’est l’homme. Un regard sur le monde aussi simple que ça.

    #féminisme #manuels_scolaires #historicisation #femmes #litterature

  • Le centre du monde (Marie Darrieussecq)
    http://nle.hypotheses.org/2985

    Où est le centre du monde ? Ça continue à me tracasser. Je me suis rendue à Marseille, à un colloque sur l’exil. Pour les exilés, en particulier ceux des diasporas, il y a plusieurs centres : Téhéran et la Little Teheran de Los Angeles, Kinshasa et Paris pour beaucoup de Congolais, Erevan et Kiev pour les Arméniens. Le centre se diffuse, ou se replante. Un autre paysage pousse comme un arbre ou un rhizome, et les exilés sont des jardiniers parfois involontaires, avec des graines sous leurs semelles. Où va se replanter la belle Alep, où se redépose Bagdad qui fut le centre d’un monde ?

    #Géographie #Centre_du_Monde #Représenter_l_Espace #Représenter_le_Monde #Migrations #Géographie_des_Migrations #Migrants

  • Pick-up artists et marchandisation intégrale | Socialisme critique
    http://socialismecritique.wordpress.com/2013/11/08/les-mysteres-de-la-seduction-les-pick-up-artists-et-la

    La réification, c’est donc le fait que les relations humaines soient remplacées par des relations marchandes. Or, dans le cas présent, on assiste à l’évolution suivante : certains proposent des séminaires payants pour apprendre à développer un domaine particulier de relations sociales, les relations avec le sexe opposé. Ces relations-là deviennent donc sujettes à transaction, à concurrence, à capitalisation. Ce que font les PUA, c’est vendre des techniques de relations humaines. Contrairement à la prostitution, où c’est le corps de la prostituée qui est l’objet de la transaction pécuniaire, les pick-up artists vendent le signe permettant de se lier à un autre être humain. Donc la relation de séduction, elle aussi, est réifiée, transformée en marchandise : l’aspirant PUA participant à un séminaire payant pourra, le cas échant, réclamer un remboursement si ces techniques ne fonctionnent pas, ou passer à la concurrence. Le hiatus, ici, se révèle lorsque l’on comprend que l’on parle de relations amoureuses. Si le sexe a depuis longtemps été monétisé, la psychologie humaine n’avait pas subi la même aliénation. C’est désormais le cas : la séduction, ou plutôt le développement personnel en ce domaine, est devenu un commerce comme un autre. Cela est brillamment illustré dans l’ouvrage de Neil Strauss, au moment où le narrateur comprend que l’être humain n’a plus guère d’importance, seul compte le rapport en lui-même, démultiplié, disséqué, répété à l’infini dans une spirale de fétichisme social, jusqu’à la création de social robots , de robots sociaux, uniquement intéressés par la reproduction permanente des mêmes schémas relationnels, avec la conséquence que voici : « in the process of dehumanizing the opposite sex, I had also been dehumanizing myself ». La disparition de l’humanité dans la relation, voici la définition même de la réification.

    C’est en cela que la question des PUA est révélatrice de l’état de notre société, autant sinon plus que le reste des services à la personne que l’on surnomme coaching. La réification généralisée, qui englobait déjà la majorité des rapports de production, commence à dominer les relations humaines, dans un mouvement au premier abord irrésistible. Le PUA n’est pas qu’un minable séducteur de bistrot ; il est bien plus, il est l’excroissance en acte du système capitaliste.

    En guise de conclusion :

    La conception du pick-up artist en tant que représentant de la domination masculine et du patriarcat n’est plus à faire. Un travail intéressant peut encore être fourni sur la question de l’idéologie intrinsèque à la communauté : par exemple, Mystery est un darwiniste social revendiqué, ce qui est cohérent avec sa vision de la sexualité, même s’il est douteux qu’il ait lu Herbert Spencer http://fr.wikipedia.org/wiki/Herbert_Spencer. Mais la principale question qui se pose aujourd’hui est : comment échapper à la réification sociale induite par le développement du phénomène ? Celui-ci est encore réduit ; mais il est appelé, sous peu à se populariser. L’une des réponses serait sans doute de développer une séduction féministe et anticapitaliste ; mais celle-ci peut-elle se propager dans le système patriarcal et marchand actuel ?

    #sexisme #capitalisme #néolibéralisme #réification #marchandisation #culture_du_viol #prostitution #individualisme #narcissisme #séduction #vie_intérieure #féminisme

    je fais aussi le lien avec http://seenthis.net/messages/166218

    • en lien avec l’actualité du jour :
      http://fr.news.yahoo.com/prix-m%C3%A9dicis-%C3%A0-marie-darrieussecq-faut-beaucoup-aimer-12101
      Marie Darrieussecq

      Aujourd’hui, dit-elle, "j’ai une pensée pour Marguerite Duras, à qui j’ai emprunté cette phrase : « Il faut beaucoup aimer les hommes. Beaucoup, beaucoup. Beaucoup les aimer pour les aimer. Sans cela ce n’est pas possible, on ne peut pas les supporter »."

      Vu de l’intérieur, je dirais que les mecs, c’est globalement comme les chiens, parfois affectueux, doux et jovial, parfois con et méchant. En tous cas on n’est rarement plus intelligent. Faut faire avec. Mais on peut donc aimer et être aimés :-)

      Une séduction féministe et anticapitaliste, c’est peut être se brancher sur ses propres besoins, ses propres valeurs, abandonner les valeurs de marché (bon sang, quelle tristesse de voir des femmes qui se cassent les dents sur des séducteurs collectionneurs zappeurs au lieu de prendre le mec d’à côté qu’un physique peu avantageux n’a pas rendu aussi con..)
      Et surtout être très patient, pour rencontrer les rares mecs branchés sur leurs propres besoins et valeurs, et qui eux aussi disent merde au valeurs de marché...

    • @petit_ecran_de_fumee

      quelle tristesse de voir des femmes qui se cassent les dents sur des séducteurs collectionneurs zappeurs au lieu de prendre le mec d’à côté qu’un physique peu avantageux n’a pas rendu aussi con

      c’est un peu l’argument des « poire », ces « mecs d’à côté » qui jalousent les PUA et essaient souvent finalement de les imiter, au lieu comme tu dis de s’écarter des valeurs marchandes et de se recentrer sur leur propres besoins et valeurs. voir à ce sujet ces analyses du blog « les questions composent »
      http://lesquestionscomposent.fr/toutes-des-salopes-ou-le-mythe-du-mec-trop-gentil
      http://lesquestionscomposent.fr/poire-le-player
      http://lesquestionscomposent.fr/poire-le-violeur-quand-seduire-devient-faire-ceder

    • @aude_v

      tant que cette idée demeure que coucher avec une femme « gratuitement » (sans échange de bons procédés de nature économique ou affective) c’est gagner, dans une société qui reconnaît la prostitution notamment (et les lois abolitionnistes ne vont pas faire disparaître la reconnaissance sociale à la gauloise), on n’a pas envie d’être des proies

      oui, ça me rappelle aussi une des analyses de « l’Elfe »

      Poire est rempli de croyances limitantes, et au fond, dangereuses.
      – Il croit que quand on couche avec une fille, on lui arrache quelque chose. Comme dans l’expression : « être baisé ». Être baisée, c’est se faire avoir.
      – Il croit que quand on couche avec une fille, on la domine, on la possède, on la souille.
      – Il croit que les femmes ne veulent pas de sexe, qu’elles sont des êtres purs et parfaits, et quand elles ne sont pas pures et parfaites, pudiques et chastes, qu’elles sont des salopes.
      – Il croit que pour coucher avec une femme il faut la mériter, la conquérir.

      http://lesquestionscomposent.fr/poire-le-violeur-quand-seduire-devient-faire-ceder

    • @aude_v

      c’est pas ça qui va nous apporter des rapports femmes-hommes apaisés et respectueux !

      effectivement. d’où l’importance, je pense, de garder à l’esprit l’existence de ces schémas, pour mieux démonter cette association plaisir-domination, ou la mettre en lumière là où elle n’est pas formulée.

    • Cette question est la suivante, je l’adresse aux auteurs et aux lecteurs des sites de PUA : pourquoi tenez-vous absolument à obtenir un rapport sexuel d’une personne qui ne vous désire pas ?

      J’ai fréquenté ce genre de sites pendant quelque années, et ce fut une révélation pour moi. je ne remercierai jamais assez les personnes qui m’ont appris à m’assumer en tant qu’homme.

      La femme avec laquelle je vis aujourd’hui et avec qui j’ai eu une petite fille je ne l’aurai jamais rencontrée sans avoir découvert ce genre de communauté. Oui il y a des sociale robots égocentriques mais il y a aussi des gens intègres et respectueux.

      Pour moi votre question n’a pas plus de sens qu’un « Pourquoi vous ne savez jamais ce que vous voulez ? »

      l’important c’est l’équilibre. Se représenter les relations homme/femme comme un rapport de domination, c’est partir dans la direction opposé au bonheur.

    • Je trouve que le texte manque une occasion de montrer l’imbrication du patriarcat avec le capitalisme. Il est intéressant mais Il manque le mot prédation qui me semble important par rapport à ces PUA. L’intro qui parle de Don Juan oublie de rappeler que le donjuanisme est une forme aiguë de misogynie et qu’elle se perpétue simplement aujourd’hui sur internet. La question de la réification est bien vu mais la aussi manque de mise en parallèle avec l’objectivation des femmes dans le patriarcat. Ce qui est vendu par les pua c’est des conseils en manipulation, et pas des conseils de mise en relation d’êtres humains puisque les femmes pensées comme des « lâfâme » ne sont pas vu comme des êtres humains mais une sorte de catégories uniforme de proie interchangeables. La prédation, la manipulation et la domination ne me semble pas être des relations humaines, c’est ce qui me semble important dans l’idée de réification.

      Par rapport à la manipulation, j’ai entendu et lu plusieurs fois en ce moment des légitimation de la manipulation. Il y aurait une bonne manipulation par exemple dans le cadre de l’éducation des enfants, comme les châtiments corporels ne sont plus admis, que les explications rationnelles ne fonctionnent pas toujours, le recours a la manipulation serait légitimé pour les educateurEs. J’avoue que ça me pose des pbl cette idée, si quelqu’unE avait des éléments pour m’aider a réfléchir la dessus ça m’intéresse.
      Bonne journée et merci pour l’article

    • @mad_meg : concernant la manipulation, que des éléments perso pour ma part. Pour moi, communiquer, c’est manipuler, car l’information que l’on transmet n’est jamais une « chose » universelle, un truc standard et intelligible par tous les cerveaux. Le langage est une approximation, le langage est flou, les mots ne suffisent pas à transmettre correctement une information.
      Pour communiquer une info, je dois amener mon interlocuteur à se mettre dans une position où mon point de vue lui sera accessible. Pour cela je dois le faire bouger, avec plus ou moins de tact et donc plus ou moins de succès. Je dois lui donner envie de bouger, de venir vers moi.
      Je considère donc que « manipuler » n’est pas un crime, c’est la finalité qui importe, l’intentionnalité. Manipuler pour tromper, abuser, exploiter, comme un prédateur sur sa proie, c’est un crime.
      Mais manipuler ne signifie pas qu’on est forcément un prédateur qui a des intentions malveillantes avec son interlocuteur, cela ne signifie pas qu’on considère notre interlocuteur comme une proie.
      D’ailleurs le mieux, lorsqu’on manipule, c’est afficher la couleur, en affichant ses intentions : « je cherche à te convaincre de ci ou de ça, parce que j’ai tel ou tel besoin »
      C’est responsabilisant et efficace je crois..

    • J’ai pas la même définition que toi de « manipuler » pour moi c’est le fait de pousser une personne a faire quelque chose qu’elle ne veux pas faire par la ruse. Alors pour ton exemple de la conversation ça me semble inapproprié. Discuter avec quelqu’un ce n’est pas « pousser une personne. Faire ou penser quelque chose contre sa volonté » ou si tu envisage la conversation toujours ainsi, on risque de ne plus communiquer tout les deux.

    • @mad_meg : je crois qu’on est d’accord sur un point : si c’est par la ruse, alors c’est une tromperie, un abus, dans ce cas là, c’est ce que j’ai dit, c’est un crime. De même, maintenir l’autre dans une situation d’ignorance, d’incompétence, de dépendance pour pouvoir continuer à le manipuler à loisir, c’est de l’obscurantisme criminel. je le répète, c’est l’intention qui compte.

      Manipuler, je l’entendais dans le sens de « manoeuvrer », faire bouger, déplacer. Effectivement on doit composer avec des résistances : mon gamin n’a pas forcément envie que je l’éduque. Moi j’ai enfant de lui donner des informations qu’il n’a pas envie de recevoir. Je veux l’amener à se mettre dans une position où il pourra recevoir correctement mon information, en suscitant sa curiosité, son envie, en activant les mécanismes que lui-même ignore encore mais qui pourtant vont le mettre en mouvement, et qu’il découvrira de fait avec l’expérience ou avec notre éclairage.
      Et j’accepte en retour qu’on me manipule pour me transmettre des infos que je ne saurais pas forcément recevoir en temps normal.

      Quand on communique, quand on cherche à se convaincre mutuellement de sujets sur lesquels on est soi même convaincus, on peut s’opposer à la volonté de l’autre s’il ne pense pas pareil, est-ce pour autant malveillant ?

    • je comprend mieu ce que tu voulais dire mais dans le mot « manipuler » il me semble qu’il y a une réification ou objectivation qui est impliqué, on manipule les objets-outils en général et quant on l’applique à une personne il y a l’idée qu’elle est transformer en objet.
      Les exemples avec ton enfant que tu informe, eveille sa curiosité, active des mecanismes, tout ceci ne me semble pas être de la manipulation, tu ne lui ment pas.
      Je pense par exemple à la psychologie inversée, ou precher le faux pour avoir le vrai.
      Par rapport à la communication, s’opposer à l’autre ce n’est pas le manipulé. Ce qui serait le cas dans une conversation c’est par exemple cacher tes idées ou faire croire à l’intelocuteurE que tel idée viens d’ellui alors que ce n’est pas le cas.
      Le truc c’est utilisé des methodes objectivantes pour le bien d’autrui du coup il n’y a pas l’idée de malveillance ca me rappel plutot l’expression « l’enfer est pavé de bonnes intentions »
      bon merci en tout cas @aude_v et @petit_ecran_de_fumee je vais faire tourner tout ca dans ma tête.
      Bonne journée

    • @mad_meg : oui « l’enfer est pavé de bonnes intentions », j’entends bien ton appel à la prudence. Je considère aussi que l’enfer est tout autant pavé d’indifférence. Je crois que la bienveillance, quand elle est bien dépouillée de toute tentation paternaliste, ça reste mon « hygiène de vie ». Bienveillance ne veut pas dire que l’on veut jouer les sauveurs. Mais qu’on se montre disponible, en mettant à disposition des choses qui nous semblent utiles. Sinon je reste dans mon coin et j’attends que chacun se révèle, on ne partage plus rien.
      En attendant, et dans cette optique de partage, ces discussions ça m’a inspiré ça. C’est un sujet difficile, je m’attends à être malmené si ça chatouille des points sensibles, mais autant le savoir au plus vite, on y verra plus clair...
      http://seenthis.net/messages/198033

    • 32:20 vite relevé
      Marie Darrieussecq : vous en arrivez à écrire des généralités qui me heurtent, comme « beaucoup plus que les femmes, les hommes aiment baiser pour baiser et ce depuis la nuit des temps »
      Nancy Huston : « La règle c’est que … physiologiquement (chez les femmes) il n’y a pas quelque chose qui s’accumule … les hommes se masturbent, les femmes ont leurs règles… »
      Merde, Nancy Huston là je te suis plus.

    • Il est très à la mode de taper sur Nancy Huston dans de nombreux milieux féministes parce qu’elle a le malheur de nuancer la théorie du genre et de ne pas occulter l’héritage biologique dans sa vision féministe.

      Dommage que les réactions hâtives empêchent d’écouter le fond de son propos. Pour ma part je l’ai parfaitement suivie dans ses « égarements », sa façon d’appréhender les choses est très proche de la mienne..

    • Nancy Huston était plutôt assez appréciée dans les « milieux féministes » avant de sortir ces âneries, @petit_ecran_de_fumee n’en fais pas une victime punie d’avoir osé toucher à un hypothétique autel du Genre ! Ce qu’elle écrivait ne permettait tout simplement pas de comprendre les mythes qu’elle défend maintenant, franchement lis l’article du monde pour voir qu’on en rigole pour ne pas pleurer.
      A la lire et l’entendre, je suis navrée de ce qu’elle énonce et non seulement je ne m’y reconnais plus mais son blougiboulgasexobiologique du XIXem siècle mêlées aux luttes féministes est exaspérant dans la confusion qu’il entretient.
      Je ne l’avais jamais encore perçu sous ce regard de repentance.

    • Justement, c’est parce que j’ai lu ce qu’elle énonce à différentes occasions, déjà relayées sur seenthis, que je la suis dans son approche philosophique
      (et que je refuse les pseudo-débats scientifiques sur la question.. je suis physicien de formation, j’aime la science, mais franchement que ce soit dans un sens ou dans l’autre, vouloir apporter des preuves scientifiques, qui des neuro-sciences, qui de la tribu isolée au fin fond de l’amazonie, pour valider sa théorie, c’est à la portée de tout le monde et ça ne sert à rien..)

      Selon moi on ne peut user de preuves scientifiques comme arguments dans un débat philosophique, en revanche on modélise la réalité avec des modèles plus ou moins valables selon l’état des connaissances, notre rigueur/honnêteté intellectuelle et nos valeurs morales.
      Tout au plus je peux reprocher à Nancy Huston de parler de règles et d’exceptions quand il faudrait à mon sens parler de schémas/comportements/habitus majoritaires et d’autres minoritaires, au sens statistique.

      Il y a une différence entre l’usage de la biologie au XIXè siècle, fait des mecs pour théoriser/rationnaliser et donc justifier la réalité de la domination masculine, avec la lecture que fait Nancy Huston pour demander de ne pas occulter ce que nous dit l’observation de la nature, même si ce n’est pas politiquement correct, ne serait-ce que pour mieux la dompter.
      Je ne m’associe donc pas à ceux qui veulent lui faire un procès en #confusionnisme, je pense que c’est une personne sincère et honnête (normal me direz-vous vu que je vois les choses comme elles :-)
      Ma philosophie en gros c’est ça :
      http://seenthis.net/messages/141746

    • Ça ne veut rien dire « ce que nous dit l’observation de la nature », ou plutôt à l’inverse ça peut vouloir dire tout et n’importe quoi. Observer un comportement récurent (y compris récurent depuis des centaines d’années) ne signifie en aucun cas qu’il est « naturel ». Si pendant des centaines d’années on dit à des générations de femmes (ou d’hommes) « vous êtes comme ceci, vous êtes comme cela », il n’y a pas de surprise à ce que la majorité d’entre elles, une fois adultes, deviennent et soient « comme ceci » ou « comme cela ».

      Quant à la comparaison avec d’autres cultures, fussent-elles rares, bien sûr que si ça a un sens : cela prouve que des humains avec 100% du même ADN que nous (ce ne sont pas des espèces différentes !), ont des comportements sociaux différents. Donc qu’il n’y a rien de « naturel » dans ces comportements.

      Enfin, pour ce qui est de l’état des connaissances (et donc de la science), ça ne donne évidemment pas l’ensemble des réponses aux questions philosophiques, mais encore heureux que ça les guide ! Je te rappelle qu’il fut une époque où savoir si les noirs étaient vraiment humains était une question « philosophique ». Lorsque la science a montré qu’on avait absolument tout pareil, et plus tard encore, qu’on avait 100% le même ADN, le soi-disant débat philosophique n’existait plus : on est pareil, point : reste le combat culturel (qui n’est évidemment pas à négliger, mais c’est autre chose). Donc si si si, la neurologie, la découverte de l’impressionnante plasticité cérébrale, joue forcément sur notre savoir de ce qui est biologique ou culturel.

    • Sa position intellectuelle est seulement intenable.
      Et bien heureusement tu ne la suis pas sur son plan pseudo-scientifique. Dire qu’il y aurait des habitus majoritaires dans la sexualité depuis la nuit des temps c’est s’exposer aux moqueries. Appuyer son discours sur la femme enfante et l’homme chasse va juste mener à renoncer aux quelques avancées féministes sous prétexte de sciences en renforçant (justification voulue ou non et pas politiquement correct parce que justifiant) la domination masculine qui s’est toujours reporté sur ces lois biologiques. Cette règle de domination est énoncée dès l’enfance et rappelée en litanie à toute femme tout au long de sa vie, voire également aux hommes, elle préside malheureusement à l’organisation sociale. Mais ça ne suffit pas, il faut aussi subir les retournements de Nancy Huston, #ex-féministe, qui voit dans les concepts de Genre un danger « d’éliminer la maternité » menant à une « contradiction inextricable ».
      Une fois cela dit, elle reprend sans sourciller un discours féministe pour énoncer qu’il est bien que les hommes s’occupent des enfants. Franchement intenable.

      Sinon, je trouve assez bon l’article que tu cites.
      http://www.lemonde.fr/societe/article/2013/05/25/masculin-feminin-cinq-idees-recues-sur-les-etudes-de-genre_3174157_3224.html

  • Le Distilbène fait sentir ses effets sur trois générations | Elle
    http://www.elle.fr/elle/Societe/News/Le-Distilbene-fait-sentir-ses-effets-sur-trois-generations/(gid)/1546987

    Ce cauchemar n’aura donc jamais de fin :

    Les petits-enfants des femmes traitées avec du Distilbène sont 40 à 50 fois plus exposés au risque de l’hypospadias

    À lire, des textes de Marie Darrieussecq sur le site des filles-DES :
    http://www.des-france.org/association-reseau-DES/marraine.php

    #pharma #chimie #santé