D’abord, je sais qu’il est impudique de parler d’elle. D’en parler ici, à ma manière.
En parler tout simplement, je ne fais que ça depuis que la nouvelle m’est tombée dessus, puisque parler de mathématiques, de mathématiciennes et de mathématiciens, c’est justement mon métier (voir : ▻https://www.sciencesmaths-paris.fr/fr/maryam-mirzakhani-838.htm ).
C’est impudique, oui, car à défaut de pouvoir parler d’elle mieux qu’un autre, je ne parlerai que de moi, je le sais.
Parce que, soyons honnête, si j’ai pleuré à l’annonce de sa mort, pleuré comme jamais je n’ai pleuré une parfaite inconnue, de tristesse et de rage, n’était-ce pas avant tout pour moi-même ?
En parlant d’elle – et voilà que me vient le blues d’India Song – je l’ai redécouverte, elle que j’avais à peine croisée en 2014, elle à qui je voulais parler, encore plus qu’aux trois autres, mais qui n’avait pu, contrairement aux trois autres, m’accorder d’interview, de même qu’elle n’avait pu donner sa conférence de lauréate, parce que déjà la maladie, déjà la fatigue…