person:maurizio lazzarato

  • Le neurocapitalisme et la nouvelle servitude volontaire
    https://aoc.media/analyse/2018/10/17/neurocapitalisme-nouvelle-servitude-volontaire

    Le capitalisme contemporain n’exploite plus les travailleurs mais leurs émotions : on est entré dans le neurocapitalisme. Nouveaux instruments de la servitude volontaire, les technologies de l’information se font toujours plus addictives et socialement indispensables. Nos vies privées sont ainsi monétisées et c’est notre commune humanité qui s’en trouve menacée.

    Par Giorgio Griziotti

    Le neurocapitalisme est la phase biocognitive de la valorisation : la connexion entre esprit, corps, appareils et réseaux semble inextricableet détermine l’omniprésence envahissante de la médiation technologique.Le sujet, ses désirs, son potentiel, sont entièrement « mis en valeur »dans la dimension d’hyperconnexion mondiale où toute l’humanité, des savanesà la métropole, est maintenant, à des degrés divers, complètement immergée. —Giovanni Iozzoli

    De nombreux textes, études et analyses sur le rôle des réseaux informatiques et des médias numériques soutiennent que le développement du capitalisme contemporain serait le résultat d’une ou plusieurs découvertes technoscientifiques plutôt que celui des conditions matérielles et politiques déjà formées au sein du capitalisme industriel. Cette hypothèse pose ainsi une discontinuité entre les différentes formes du capitalisme.

    La Ford T et Linux, deux objets techniques universellement connus, peuvent ainsi être présentés comme les symboles des deux ères du capitalisme contemporain : l’ère industrielle et l’actuelle, que certains économistes appellent cognitive [1] car elle met au centre de la production l’exploitation de la connaissance. Partir de ces deux objets représentatifs permet de rendre plus clairs, même pour les non-initiés, les chemins et passages qui ont guidé la naissance de réalités comme le logiciel libre, ou qui ont facilité la diffusion si rapide de la téléphonie mobile, une des technologies qui a le plus influencé les changements de subjectivité.

    Le biohypermédia : ce que le numérique fait au cerveau humain et vice-versa

    Le pas suivant dans cette approche nous conduit au concept de « biohypermédia » comme dimension actuelle de la médiation technologique qui nous enveloppe. Les réseaux et les technologies connectées et portables, incluant l’internet des objets, nous soumettent à une perception multi-sensorielle dans laquelle espaces réel et virtuel se confondent, étendant et amplifiant les stimuli émotionnels. Le biohypermédia est alors « le cadre dans lequel le corps, dans son intégralité, se connecte aux dispositifs de réseau de façon si intime qu’ils entrent dans une symbiose dans laquelle se produisent des modifications et des simulations réciproques » (Neurocapitalisme, p. 132).

    Le concept de biohypermedia se construit dans un moment qui voit émerger la déconstruction de l’anthropocentrisme, l’écologie politique, la bioéconomie, la société de contrôle, la subsomption vitale, et le general intellect. Il s’agit aussi bien d’une nouvelle frontière du capitalisme, qui, de cognitif, devient biocognitif, qu’un instrument heuristique de lecture des transformations anthropologiques : « la pression principale de la séduction numérique est, en réalité, neuronale dans la mesure où elle met au premier plan l’interpénétration de la conscience humaine avec le réseau électronique global. Les technologies actuelles de l’information et des communications extériorisent et dupliquent électroniquement le système nerveux humain » (Rosi Braidotti, The Posthuman, Polity Press, 2013, p. 97).

    Conséquence de cette interpénétration, les affects et les sentiments sont également impliqués dans ce continuum entre vivant et machine. Le jeu d’influence exercé par le neurocapitalisme dans le biohypermedia avec les techniques du marketing sensoriel ou celui de « l’expérience client » se concentre alors sur les émotions. Les grandes lignes directrices de ces méthodologies de manipulation neuronale imposent de saturer le quotidien du type d’émotions qui favorisent la consommation, la superficialité, la faiblesse des liens et tentent d’empêcher leur cristallisation dans des sentiments accomplis.

    « La marchandisation, la gamification et la désensibilisation de la réalité nous poussent vers l’état d’organismes simples, capables de se comporter sans processus mentaux ; des émotions mais pas des sentiments » (Neurocapitalisme, p. 167). Il est désormais scientifiquement établi que la rationalité du comportement fait défaut chez les personnes qui ne peuvent pas ressentir pleinement les émotions et les sentiments (Antonio Damasio, L’erreur de Descartes : la raison des émotions, 1995). Des questions troublantes se posent alors sur notre société, dans laquelle ils sont si fortement et continuellement influencés, manipulés et provoqués dans une perspective obsédante de rationalité financière, de méritocratie.

    La servitude volontaire, aubaine du neurocapitalisme

    En l’espace de deux générations une profonde mutation anthropologique a eu lieu, et les liens des appartenances (ouvrières, prolétariennes, locales et de nombreuses autres catégories), qui avaient caractérisé le capitalisme industriel, ont lâché, nous mettant face au grand large où tout est possible. Y a-t-il des chemins et des processus réels et existants, où le commun et la coopération diffuse pourraient retrouver leur autonomie ? Nous voyons émerger une société des traversées qui semble constituée par des nomadismes existentiels, des dérives, des refus d’appartenance qui dessinent le profil d’individus sans port d’attache, vivant dans la sphère biohypermédiatique, leurs sens perpétuellement saturés, dans un espace constamment redéfini par des algorithmes et des automatismes conçus pour classer et valoriser des milliards de singularités et leurs pratiques. Tel le système de crédit social (SCS) mis en place par le pouvoir chinois et qui rappelle Black Mirror ou 1984. Le SCS est un exemple extrême d’un neurocapitalisme (d’État) basé à la fois sur l’assujettissement social et l’asservissement machinique induit par des algorithmes de classement social.

    Mais en Occident la situation n’est pas forcément très différente : Facebook (FB) est un bon exemple du devenir-machine, avec sa capacité de transformer deux milliards d’« amis » en servo-éléments d’une mégamachine mumfordienne [2]. Un endroit où « on travaille et on produit toujours dans et par un agencement collectif. Mais le collectif ne comprend pas que des individus et des éléments de subjectivité humaine. Il inclut aussi des “objets”, des machines, des protocoles, des sémiotiques humaines et non humaines, des affects, des rapports micro–sociaux, pré-individuels et supra-individuels, etc. » (Maurizio Lazzarato, Signs and Machines : Capitalism and the Production of Subjectivity, Semiotexte,2014, p. 29).

    Qui peut nier que FB soit un territoire global de stimulations comportementales, émotionnelles, affectives et neurales qui construit des processus de symbiose entre objet technique et corps humain ? Les jeux vidéo s’inscrivent dans la même dynamique et ont en commun avec FB une auto-adhésion généralisée. Cependant, il existe des différences substantielles et notamment la quasi-obligation des jeunes générations de rejoindre FB en tant que lieu de coopération et de travail, sous peine d’exclusion productive et sociale. De plus aucun des éditeurs des jeux vidéo ne peut prétendre avoir l’influence de Zuckerberg.

    Il y a cinq siècles, La Boétie dénonçait la « servitude volontaire » envers le « tyran » dans un monde où les sujets de cette servitude étaient les courtisans et les couches intermédiaires du pouvoir. La « servitude volontaire » promue par Facebook obéit et amplifie les règles dominantes de la subjectivité.

    Faire ensemble et défaire le neurocapitalisme

    Les mouvements actuels, à la différence de ceux des années soixante-dix ou quatre-vingt, semblent donner la priorité à l’action et au « faire », et cela est aussi une conséquence logique des dynamiques de la traversée, évoquée auparavant. Le « faire » est directement politique et la conviction est très répandue que dans toute entreprise, de l’expression artistique à la recherche de revenus, il est possible de s’exprimer politiquement. D’autre part, les relations au sein de ces mouvements ont développé un morphisme de la structure d’internet, au sens où les entités et les initiatives autonomes qui le constituent sont reliées d’une manière souple et souvent éphémère et constituent un « réseau de réseaux » d’instances de type divers.

    Ce même « faire », en se déployant sur le territoire, est capable d’inventer le futur dans un remixage des objets techniques et des savoirs de la nature globale. Il peut alors fonctionner comme le moyen d’accès privilégié à une reformulation de l’écologie-monde, selon la définition de Jason Moore (Anthropocene or Capitalocene ? 2016), dans la continuité de Gorz et Guattari. « Faire » réinvente les formes de coopération autonome à partir même des résultats les plus avancés de la technologie, pour les soustraire à la domination de l’idéologie néolibérale et au contrôle financier.

    On reproche souvent à ces pratiques sociales et économiques répandues et virales un manque de stratégie politique. Sauf que c’est précisément dans ce manque que réside peut-être une force souterraine. Dans les modestes déploiements d’un large éventail de possibilités, parfois contradictoires entre elles, mais capables de mettre en jeu des tentatives, des hésitations, des peurs ou des petites stratégies pour essayer de recréer cet humus qui peut faire fermenter une nouvelle possibilité (pas une sortie, car en réalité ne sort jamais de rien). Résister à l’entropie, la défaite ultime de notre aventure en tant qu’humain, telle est la question véritablement en jeu dans les tentatives d’affronter le neurocapitalisme.

    –—

    [1] Voir par exemple Carlo Vercellone, « La Thèse du capitalisme cognitif : une mise en perspective historique et théorique », 2009. https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00401880/document

    [2] Lewis Mumford, Le Mythe de la machine, Fayard (2 volumes). Mumford a introduit en 1967 le concept de mégamachine en tant que complexe social et technologique qui modélise de grandes organisations et des projets où les humains deviennent des pièces interchangeables ou des servo-unités.

    Giorgio Griziotti a récemment publié
    Neurocapitalisme. Pouvoirs numériques et multitudes, C&F Éditions, 2018
    https://cfeditions.com/neurocapitalisme

    #neurocapitalisme #production_immatérielle #postfordisme

  • Sujets imprévus, guerres civiles, points de rupture, Maurizio Lazzarato, CIP-IDF
    http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=8488

    Une lecture du livre de Davide Gallo Lassere, Contre la Loi Travail et son Monde. Argent, précarité et mouvements sociaux (Eterotopia-France, novembre 2016)

    Le beau livre de Davide me semble fournir une excellente occasion de discuter de ce que le colloque C17 qui s’était tenu à Rome à la mi-janvier avait appelé « les taches que doivent accomplir les communistes ». Je dis « beau » parce qu’il pose des questions pertinentes et je voudrais, plutôt que de rédiger une recension, instaurer un dialogue à partir de certaines réponses possibles à ces questions.

    Davide se demande comment il est possible qu’après une succession de victoires qui a culminé dans les années 70, on ait pu subir une défaite_stratégique comme celle que nous a infligée le néolibéralisme. J’ajouterais qu’il s’agit de comprendre aussi les raisons des défaites ultérieures - celle subie par les mobilisations contre la Loi Travail n’étant que la dernière d’une longue série.

    C’est justement des concepts de « travail » et de « production » que j’aimerais partir. En réalité, ces derniers ne peuvent être compris (et cela depuis la conquête des Amériques) indépendamment du travail des esclaves dans les colonies et du travail de reproduction des femmes [3]. Or c’est une chose que le marxisme a eu du mal à intégrer politiquement quand il ne l’a pas ignorée ; elle ne joue en tout cas aucun rôle dans sa théorie de la « valeur ».

    #livre #défaite_stratégique #néolibéralisme #Loi_Travail #travail #marxisme

    https://seenthis.net/messages/573555
    https://seenthis.net/messages/567050

  • Daniel Templon : «Beaubourg, victime de Marcel Duchamp»
    http://www.lefigaro.fr/arts-expositions/2017/01/23/03015-20170123ARTFIG00262-daniel-templon-beaubourg-victime-de-marcel-ducham

    Ses directeurs successifs, comme la plupart de ses conservateurs, continuent d’aborder l’art actuel comme relevant avant tout d’une approche conceptuelle, au lieu d’une approche réaliste et sensible.

    « L’intelligence française (!) », celle dont le père tout-puissant s’appelle Marcel Duchamp, que je prends pour un grand mystificateur, a provoqué des dégâts considérables sur notre création picturale.

    Quelle est aujourd’hui la place internationale de nos peintres en face de ceux de l’Allemagne : Georg Baselitz, Gerhard Richter, Anselm Kiefer, Sigmar Polke ( bien loin du duchampisme considéré par eux comme une catégorie intellectuelle) qui ont été soutenus sans relâche par toutes leurs institutions ?

    #Duchamp

  • Guerres et capital, Éric Alliez, Maurizio Lazzarato
    http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=8322

    1. Nous vivons dans le temps de la subjectivation des guerres civiles. Nous ne sortons pas de la période du triomphe du marché, des automatismes de la gouvernementalité et de la dépolitisation de l’économie de la dette pour retrouver l’époque des « conceptions du monde » et de leurs affrontements mais pour entrer dans l’ère de la construction des nouvelles machines de guerre.

    2. Le capitalisme et le libéralisme portent les guerres en leur sein comme les nuages portent la tempête. Si la financiarisation de la fin du xixe siècle et du début du xxe a conduit à la guerre totale et à la Révolution russe, à la crise de 1929 et aux guerres civiles européennes, la financiarisation contemporaine pilote la guerre civile globale en commandant à toutes ses polarisations.

    3. Depuis 2011, ce sont les multiples formes de subjectivation des guerres civiles qui modifient profondément à la fois la sémiologie du capital et la pragmatique des luttes s’opposant aux mille pouvoirs de la guerre comme cadre permanent de la vie. Du côté des expérimentations des machines anticapitalistes, Occupy Wall Street aux USA, les Indignés en Espagne, les luttes étudiantes au Chili et au Québec, la Grèce en 2015 se battent à armes inégales contre l’économie de la dette et les politiques d’austérité. Les « printemps arabes », les grandes manifestations de 2013 au Brésil et les affrontements autour du parc Gezi en Turquie font circuler les mêmes mots d’ordre et de désordre dans tous les Suds. Nuit Debout en France est le dernier rebondissement d’un cycle de luttes et d’occupations qui avait peut-être commencé sur la place Tiananmen en 1989. Du côté du pouvoir, le néolibéralisme, pour mieux pousser les feux de ses politiques économiques prédatrices, promeut une postdémocratie autoritaire et policière gérée par les techniciens du marché, tandis que les nouvelles droites (ou « droites fortes ») déclarent la guerre à l’étranger, à l’immigré, au musulman et aux underclass au seul profit des extrêmes-droites « dédiabolisées ». C’est à celles-ci qu’il revient de s’installer ouvertement sur le terrain des guerres civiles qu’elles subjectivent en relançant une guerre raciale de classe. L’hégémonie néofasciste sur les processus de subjectivation est encore confirmée par la reprise de la guerre contre l’autonomie des femmes et les devenirs-mineur de la sexualité (en France, la « Manif pour tous ») comme extension du domaine endocolonial de la guerre civile.
    À l’ère de la déterritorialisation sans limite de Thatcher et Reagan succède la reterritorialisation raciste, nationaliste, sexiste et xéno- phobe de Trump qui a d’ores et déjà pris la tête de tous les nouveaux fascismes. Le Rêve américain s’est transformé en cauchemar d’une planète insomniaque.

  • Le refus du travail aujourd’hui - Maurizio Lazzarato
    http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=7930

    Il y a, politiquement, deux partis, clairement distincts : un parti où l’on définit l’art comme révolutionnaire en soi, comme autonomie, indépendance, comme critique du capitalisme ; et un deuxième parti, où l’art se voit complètement intégré au capitalisme – tourisme, économie, aménagement du territoire. Dans le premier cas, les catégories sont fondamentalement marxistes, situationnistes. Elles remontent aux années 1960 : de l’École de Francfort à Marcuse ou Debord, tous ont une conception de l’art comme indépendance, autonomie. Puis, dans un second temps, ces catégories se voient intégrées par le capitalisme. Dès lors, on sait si peu comment les utiliser qu’on ne les utilise juste plus. Préserver l’autonomie de l’art, c’est très difficile. Au début des années 2000, cette question devient, véritablement, l’impasse que l’on doit dépasser. (...)

    ...de mon côté, ce concept du travail, j’ai essayé de le remobiliser. La question est celle, aussi, de la division : avant, il y avait une division entre art et capitalisme. Mais selon moi, la division n’est pas là ; la division, il faut la faire. Elle n’est pas « là », la division, il faut la produire. Il faut la produire par un acte, par une action. Et cette action, fondamentalement, c’est le refus du travail.

    Il y a, selon moi, deux manières d’aborder le capitalisme. On peut partir du #capitalisme en faisant l’analyse du travail, ce que fait Marx, entre autres. Ou bien, on peut partir du refus du travail. Ce n’est pas du tout la même démarche. Ce ne sont pas les mêmes catégories, ni la même méthodologie. Je pense qu’il faut partir du refus du travail. Et je vais, à l’appui de cette idée, introduire quelques concepts, et montrer pourquoi Duchamp, de ce point de vue, est particulièrement intéressant. En quoi Duchamp peut-il nous aider à comprendre ce qu’est le refus du travail aujourd’hui ?

    Le refus du travail est une catégorie qui a été élaborée dans les années 1960, en Italie. Elle renvoie surtout au comportement qu’avaient les ouvriers, dans l’industrie : refus du #commandement, de la subordination. Cette catégorie est à la fois théorique et politique, car elle implique, automatiquement, un #conflit. On ne peut pas parler de refus du travail sans conflit.

    #refus_du_travail

  • Friedrich Nietzsche et la cruauté de la relation créanciers débiteurs dans la généalogie de la morale
    http://www.lesauterhin.eu/friedrich-nietzsche-et-la-cruaute-de-la-relation-creanciers-debiteurs-da

    L’accord européen sur la Grèce est un tel défi au bon sens qu’il fait vaciller la raison. Vite un bouc émissaire ! Tiens un casque à pointe qui passe ! Il tombe bien celui-là… Brouillage de l’esprit. Source : Le SauteRhin

    • C’est vrai que l’explication religieuse a ses limites, mais... y a pas un livre qui s’appelle « l’éthique protestante et l’esprit du capitalisme » ? Et si Nietzsche prend les Juifs comme point de départ du renversement des valeurs ("les derniers seront les premiers"), la fameuse victoire des esclaves sur les seigneurs, j’ai toujours eu l’impression que cette vision « chronologique » (généalogique en fait) avait des limites. Que les Juifs, comme premiers monothéistes, soient responsables « généalogiquement » de la prise de pouvoir de cette saloperie de morale monothéiste, franchement, je sais pas trop (et à vrai dire, on s’en fout de qui a commencé)... L’impression que le père Nietzche visait plutôt à détruire son propre protestantisme de fils de pasteur en s’attaquant à ça... Sans oublier le contexte anti-sémite du moment...

      Et puis, franchement, à part le délire religieux, je ne vois comment on peut encore croire à un tel programme :

      Efficient governments that can pay their bills are an essential precondition for economic growth. Only then can thy (sic) provide a good regulatory framework for businesses and ensure that their citizens enjoy essentials like a good education.

      http://seenthis.net/messages/392338

      #religion #monothéisme #protestantisme #morale #valeurs

    • Hum ! Vous récusez l’explication par l’éthique du protestantisme, mais vous convoquez Nietzsche – dont l’analyse est certes éclairante – et les mânes des anciens germains pour expliquer la politique du capitalisme allemand aujourd’hui. Faut-il rappeler qu’en Grèce antique, comme à Rome, une dette non remboursée conduisait à l’esclavage ? La démocratie athénienne a été fondée sur l’annulation de cette règle et les succès politiques de César ne s’explique pas seulement par ses talents militaires, mais aussi parce que l’annulation des dettes figurait à son programme. Plus prés de nous, la compagnie des Indes anglaises, puis les banques françaises et hollandaises ont utilisé l’arme de la dette pour constituer leur empire colonial. Ex : la Tunisie, l’Egypte, Bali… Ce qui est plus difficile à admettre, mais qui n’aurait certainement pas étonné Nietzsche, c’est que l’impérialisme allemand soit en train de se construire aujourd’hui un empire colonial au sein de l’Europe, réalisant par la dette ce qu’il n’a pas réussi par les armes. Chocking, isn’t ?

      http://www.lesauterhin.eu/friedrich-nietzsche-et-la-cruaute-de-la-relation-creanciers-debiteurs-dans-la-genealogie-de-la-morale/#comment-660

    • En y repensant, pour moi, l’étymologie, c’est comme l’astrologie et en fait, c’est un article d’astrologue ce truc.

      La focalisation exclusive sur la dette ne fait que renforcer son pouvoir sur les esprits.

      hahaha... Nan mais oh ? Comme si on avait choisit d’apprendre ce que sont des swaps à la vanille ? Comme si on était jouasse de se taper Nietzsche et Lazarato pour comprendre cette merde de rapport de dette ? On focalise pas mon gars, simplement tes « oikos » et tes « nomos » bidons, qui voudraient nous rappeler à une saine économie bien familiale, ça nous fait une belle jambe...

      la focalisation sur l’Allemagne seule responsable de …à peu près tout, ne fait que renforcer son pouvoir sans même qu’elle ait à chercher l’hégémonie,

      mouahaha, c’est vrai ça tiens, en fait, c’est tout de notre faute #intériorisation...

      Moi je soupçonne ce saute-rhin de #protestantisme_radical, voilà c’est dit.

      #'nimportequoicetrucenfait

  • À Radio France comme ailleurs, refondation "sociale" patronale for ever ?

    Dominique-Jean #Chertier vient d’être nommé "#médiateur" par le gvt au 23e jour de #grève à #Radio_France. Longtemps responsable du personnel chargé de la #restructuration de grandes #entreprises (Renault, Sacilor, Air Inter), conseiller social à Matignon de 2002 à 2003 (sous Raffarin), puis Directeur général de l’#Unedic pendant 10 ans :

    ... il a géré deux grandes #réformes du régime d’#assurance chômage : la #dégressivité des #allocations de #chômage au début des années 1990, puis la création du plan d’aide au retour à l’#emploi (#PARE) mis en œuvre en 2001. Il est devenu en 2002, #DRH Snecma, puis pdt du C.A de #Pôle_emploi.

    http://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2015/04/09/radio-france-pellerin-a-missionne-dominique-jean-chertier_4613288_3236.html

    Sur le PARE, acte décisif de la #refondation_sociale_patronale, auquel il a contribué, des éléments d’analyse :

    Refondation sociale » patronale : Le gouvernement par l’individualisation, Maurizio Lazzarato
    http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=3279

    Refondation « sociale » patronale : Le Pare, une entreprise travailliste à la française
    http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=3184

    Refondation sociale patronale : L’éthique du bouffon, Valérie Marange
    http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=3183

    • Ah oui, c’est pas Jean-Dominique, #merci. Du coup je rectifie, en espérant que ce seenthis et les prolongements critiques qu’il propose continue à circuler par touitaire et falsebook. C’est important de savoir à quoi ce type a dédié sa vie, en particulier parmi les grévistes de RF mais aussi parmi ceux qui auraient conservé quelque indulgence pour le #PS.

    • Le recours à un médiateur avait été posé comme préalable par les #syndicats de Radio France à la reprise des discussions avec la direction et préconisé par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), qui avait nommé Mathieu Gallet à la tête de la radio au début de l’année dernière.
      (...)
      « La première étape de ma mission est terminée. » Dominique-Jean Chertier, le médiateur chargé de dénouer la crise sociale à Radio France, a quitté la Maison de la radio dimanche 12 avril dans la soirée, après avoir remis son texte à la direction et aux syndicats. « Sans attendre leur réponse », a-t-il précisé.
      Ces propositions sont l’aboutissement de discussions menées depuis vendredi avec les deux parties pour trouver une issue au conflit qui se poursuit depuis 25 jours. (...)

      Les syndicats sont en effet apparus un peu surpris et globalement déçus par l’issue de ces négociations [sic...] et la teneur du document de 3 pages remis par le médiateur. « On a l’impression que le médiateur n’a pas servi à grand-chose », a estimé Guillaume Baldy, du syndicat Unsa. « Nous allons soumettre en #assemblée_générale et à nos adhérents le texte, qui comporte des points de #blocage », a-t-il ajouté, regrettant par exemple que la mutualisation des programmes des stations locales de France Bleu, contestée par les syndicats, « reste possible ».
      Les syndicats s’opposent à plusieurs mesures du plan stratégique du président de l’entreprise publique, Mathieu Gallet, qui prévoit notamment une « réduction nette d’effectifs de 250 à 330 équivalents temps plein », avec 300 à 380 #départs_volontaires.

      Pour Jean-Paul Quennesson, délégué SUD, ce document donne « peu de garanties » sur la question de l’emploi. « A ce stade, on émet beaucoup de réserves », a-t-il dit, tout en reconnaissant que cette médiation avait permis des avancées, notamment en donnant la parole aux syndicats.

      « On a une impression amère », a commenté Jean-Eric Ziolkowski, de la CFDT, pour qui ces trois jours de discussions avec le médiateur se sont apparentés à une « thérapie de groupe ».

      http://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2015/04/12/radio-france-vers-une-sortie-du-conflit_4614610_3236.html

    • Fleur Pellerin a mis fin, lundi 13 avril dans la soirée, aux derniers espoirs des grévistes de Radio France, qui lui avaient demandé, plus tôt dans la journée, une nouvelle négociation sur leurs préavis de grève, après 26 jours de blocage. Venue en personne à la Maison de la radio pour y rencontrer la direction et les syndicats grévistes, la ministre de la culture a expliqué que le document de compromis élaboré pendant le week-end par le médiateur qu’elle avait missionné ne changerait pas. Mais elle s’est aussi portée garante du respect durable de ce document et d’un dialogue social sincère dans l’entreprise.
      Cette garantie suffira-t-elle à permettre la levée des préavis de grève ? La réponse sera donnée, mardi, lors d’une assemblée générale des salariés de Radio France, convoquée à 15 heures. (...)

      Le médiateur – et à travers lui, le #gouvernement – avait laissé aux grévistes un marché entre les mains - qualifié par plusieurs d’« #ultimatum » ou de « chantage ». En échange de la levée des préavis de grève, le médiateur s’engageait à être présent lors des trois prochains mois pour accompagner la préparation du contrat d’objectifs et de moyens (COM), où la stratégie de Radio France pour les cinq prochaines années sera consignée. Si les syndicats maintenaient leurs préavis, Dominique-Jean Chertier ne revenait pas.

      http://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2015/04/13/a-radio-france-le-dilemme-des-grevistes_4615065_3236.html

    • Radio France : 4 syndicats sur 5 appellent à la reprise du travail
      http://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2015/04/14/radio-france-la-greve-reconduite_4615824_3236.html

      Vingt-quatre heures de plus. Les grévistes ont voté, mardi 14 avril, pour la poursuite du mouvement lors de l’assemblée générale du personnel à la Maison de la radio. Du moins ceux qui s’étaient déplacés.
      Car quatre syndicats sur cinq – CFDT, SNFORT, sud, UNSA – avaient clairement appelé à l’arrêt du mouvement : contre l’avis de l’#assemblée_générale parisienne, mais en s’appuyant sur la consultation de leurs militants.
      La CGT a eu une position plus ambiguë : ses représentants ont voté pour la poursuite de la grève, mais l’un d’eux avait expliqué plus tôt que la CGT se rallierait aux autres organisations pour préserver l’unité syndicale. Ce qui maintient un doute sur la position finale de ce syndicat. Isolée, la CGT ne semble cependant pas en mesure de maintenir le blocage des antennes et la grève unitaire en vigueur depuis le 19 mars a donc vécu.

  • Inquiets sur leurs études, les étudiants-infirmiers dans la rue
    http://campus.lemonde.fr/campus/article/2014/12/18/inquiets-sur-leurs-etudes-les-etudiants-infirmiers-dans-la-rue_454347

    En cause : le risque, apparu ces dernières semaines, de devoir rembourser, pour certains, leurs frais de scolarité après avoir accédé au concours de ces écoles en trois ans, très sélectives et souvent fréquentées lors de conversions professionnelles. « On ne veut pas payer, sacrifiés en premier », ont scandé les jeunes professionnels de santé. « Etudiants en colère », ont-ils crié en chœur.

    #dette

  • CIP-IDF > La forme politique de la #coordination - Maurizio Lazzarato
    http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=7347

    Fondé sur le mode de la « coordination », la lutte des « intermittents et précaires d’Ile de France » est un véritable laboratoire susceptible de mettre en lumière la péremption du schème politique issu de la tradition socialiste et communiste. Là où cette dernière insiste sur une logique de la contradiction, de la représentation politique d’un tort qui met en scène des identités remarquables, la forme politique « coordination » se veut résolument expressive, transformiste, attentive à la dynamique instable des identités post-identitaires qui tissent la réalité de notre monde. La coordination ne vise pas tant la constitution d’un collectif unitaire recherchant à tous prix l’égalité de ses membres que le devenir des singularités qu’elle compose au sein d’une multiplicité instable, en réseau, amoureuse du patchwork - excédant toute définition théorique comme tout repérage syndical ou étatique. Politique de l’#expérimentation qui dépose les savoirs préalables et s’ouvre à l’inconnu sans lequel nulle vie nouvelle n’est envisageable.

  • Les intermittents luttent pour nos biens communs - Page 2 | Mediapart
    http://www.mediapart.fr/en/journal/france/100614/les-intermittents-luttent-pour-nos-biens-communs?page_article=2

    Edwy Plenel a lu « Intermittents et Précaires » d’Antonella Corsani et Maurizio Lazzarato - il en est tout ému...

    (vous aussi, vous pouvez le lire ici : http://www.cip-idf.org/IMG/pdf/Intermittent-Ultimate-interior-file.pdf)

    Entre progrès social et régrès libéral, la bataille de l’intermittence concerne donc le monde du travail tout entier, véritable laboratoire de l’affrontement entre une logique de mutualisation du risque, qui impose des solidarités collectives, et une idéologie de capitalisation, qui livre les personnes à des combats solitaires, avec cette conviction aveugle que le chômage serait de la responsabilité des seuls individus et non pas de celle de la société. Mais, loin d’avoir pour unique adversaire le néolibéralisme patronal, le combat des intermittents rencontre en chemin des conservatismes syndicaux qui n’envisagent le travail que sous la forme de l’emploi salarié et permanent, qui s’accrochent à sa défense exclusive au point de délaisser les nouvelles formes d’emplois et de trajectoires professionnelles et qui, de ce fait, aggravent leur déjà faible représentativité par l’ignorance de nouvelles catégories de travailleurs, notamment parmi la jeunesse.

    #communs #expertise #intermittence #chômage #précaires #néo-libéralisme

  • CIP-IDF > Marcel Duchamp et le refus du travail
    http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=7151

    A une époque où le néo-libéralisme exige de chacun qu’il se fasse « entrepreneur de lui-même » et « capital humain », l’artiste sert de modèle à de nouveaux modes d’asservissement, fondés sur le contrôle, l’auto-exploitation, la course en avant productive, la soumission aux règles du marché. Pour rompre avec cette logique, Maurizio Lazzarato propose de se souvenir de Marcel Duchamp qui prônait le non-mouvement et l’action paresseuse.

    #refus_du_travail

    • Marx avait dit que les révolutions sont la locomotive de l’histoire mondiale. Mais peut-être les choses se présentent-elles tout autrement. Il se peut que les révolutions soient l’acte par lequel l’humanité qui voyage dans ce train tire le frein d’urgence.
      Walter Benjamin

      On ne peut plus se permettre d’être un jeune homme qui ne fait rien. Qui est-ce qui ne travaille pas ? On ne peut pas vivre sans travailler, c’est quelque chose d’affreux. Je me rappelle un livre qui s’appelait Le droit à la paresse ; ce droit n’existe plus.
      Marcel Duchamp

      « Vous préférez la vie au travail d’artiste ? » « Oui » répondit Marcel. Entretien avec Marcel Duchamp

      « John Cage se vante d’avoir introduit le silence dans la musique, moi je me targue d’avoir célébré la paresse dans les arts » dit quelque part Marcel Duchamp. La « grande paresse » de Marcel Duchamp a bouleversée l’art de façon plus radicale et durable que la débauche d’activité et de productivité d’un Picasso avec ses 50.000 œuvres.
      Duchamp pratique un refus obstiné du travail, qu’il s’agisse du travail salarié ou du travail artistique. Il refuse de se soumettre aux fonctions, aux rôles et aux normes de la société capitaliste. Ce refus n’interroge pas seulement l’artiste et l’art car, en se différenciant du « refus du travail des ouvriers » théorisé par l’#opéraïsme italien dans les années soixante, l’attitude de Duchamp peut nous aider à interroger les refus qui s’expriment depuis 2008 sur les places et dans les rues de la planète (Turquie, Brésil, Espagne, États-Unis, etc.).

      D’une part il élargit son domaine d’action, puisque ce refus concerne non seulement le travail salarié, mais toute fonction ou rôle auquel nous sommes assignés (femme/ homme, consommateur, usager, communicateur, chômeur, etc. ). Comme la grande majorité de ces fonctions, l’artiste n’est pas subordonné à un patron, mais à une panoplie de dispositifs de pouvoir. De la même manière que le « capital humain » dont l’artiste est devenu le modèle dans le néo-libéralisme, il doit se soustraire non seulement à ces pouvoirs « externes », mais aussi à l’emprise de son « égo » (créateur pour l’artiste ou entrepreneur pour le capital humain) qui donne à l’un et à l’autre l’illusion d’être libres.
      D’autre part, il permet de penser et de pratiquer un « refus du travail » en partant d’un principe éthico-politique qui n’est pas le travail. Il nous fait ainsi sortir du cercle enchanté de la production, de la productivité et des producteurs. Le travail a été à la fois la force et la faiblesse de la tradition communiste. Émancipation du travail ou émancipation par le travail ?
      Ambigüité sans issues.

      Le mouvement ouvrier a existé seulement parce que la grève était, en même temps, un refus, un non-mouvement, un désœuvrement radical, une inaction, un arrêt de la production qui suspendait les rôles, les fonctions et les hiérarchies de la division du travail dans l’usine. Le fait de problématiser un seul aspect de la lutte, la dimension du mouvement, a été un grand handicap qui a fait du mouvement ouvrier un accélérateur du productivisme, un accélérateur de l’industrialisation, le chantre du travail. L’autre dimension de la lutte, impliquant le « refus du travail », le non– mouvement ou la démobilisation a été délaissée ou insuffisamment problématisée dans le contexte du néolibéralisme.
      Le refus du travail ouvrier renvoie toujours, dans la perspective communiste, à quelque chose d’autre que lui-même. Il renvoie au politique, selon une double version, le parti ou l’État, tandis que Duchamp suggère de nous arrêter sur le refus, sur le non–mouvement, sur la démobilisation, et de déployer et expérimenter tout ce que l’action paresseuse crée comme possibles pour opérer une reconversion de la subjectivité, en inventant des nouvelles techniques d’existence et des nouvelles manière d’habiter le temps. Les mouvements féministes, après le refus d’exercer la fonction (et le travail de) « femme », semblent avoir suivie cette stratégie, plutôt que l’option politique classique.

      #artiste #capital_humain #livre_en_ligne

  • La crise traversée par l’Equateur après la constitutionnalisation de l’indépendance de sa banque centrale en 1998 devrait sembler bien familière aux Européens. A une semaine des #élections dans l’Union, l’avertissement du président Rafael Correa s’adresse autant à la Banque centrale européenne qu’au Parlement et à la Commission qui surgiront du vote des citoyens des vingt-huit : une politique qui se donne pour priorité la stabilisation des prix doit savoir qu’elle renonce, « en pratique, [au] plein emploi des ressources dans l’économie ».

    « L’Europe endettée reproduit nos erreurs », par Rafael Correa (décembre 2013)
    http://www.monde-diplomatique.fr/2013/12/CORREA/49902

    Equateur, 1998 http://www.monde-diplomatique.fr/2013/12/CORREA/49910

    Enquête dans le temple de l’euro http://www.monde-diplomatique.fr/2011/11/DUMINI/46897

    • • Autre extrait :

      Les banques européennes ont prêté à la Grèce en prétendant ne pas voir que son déficit budgétaire était près de trois fois supérieur à celui déclaré par l’Etat. Se pose à nouveau le problème d’un surendettement dont on omet d’évoquer la contrepartie : l’excès de crédit. Comme si le capital financier n’avait jamais la moindre part de responsabilité.

      #dette #austérité #stabilité #économie #politique

      Gouverner par la dette, de Maurizio Lazzarato (Les prairies ordinaires)
      http://www.lesprairiesordinaires.com/gouverner-par-la-dette.html

      « Que devient l’homme endetté pendant la crise ? Quelle est sa principale activité ? La réponse est très simple : il paye. »

      Les 20 premières pages du #livre : http://www.lesprairiesordinaires.com/uploads/2/1/0/6/21065838/lazzarato.pdf

      • Bruxelles : trois fonctionnaires pour surveiller la France (Le Parisien)
      http://www.arretsurimages.net/breves/2014-05-19/Bruxelles-trois-fonctionnaires-pour-surveiller-la-France-Le-Parisien

      L’objectif est connu : la France doit ramener son déficit à 3% du PIB. Les moyens pour y parvenir sont également connus : ce sont les 50 milliards d’euros d’économies du plan Hollande/Valls. Mais quand on dit que la France est sous la surveillance de Bruxelles, de qui s’agit-il ? "D’une armée de technocrates diplômés jusqu’aux dents, intraitables et froids comme une ligne budgétaire ?", se demande Le Parisien. Pas vraiment : le journal a rencontré la cellule chargée du suivi. Celle-ci n’est composée que... de trois hauts fonctionnaires.

      (...)

      Le Parisien raconte : "La journée d’un analyste-prévisionniste de l’unité France débute la plupart du temps vers 9 heures, « par la lecture de la presse hexagonale ». La suite est généralement consacrée « à des réunions avec d’autres unités pour mutualiser les informations ». L’après-midi est occupée par le cœur du métier : l’analyse économique". Une après-midi pour analyser les comptes à partir de documents envoyés par Bercy ? "Je continue souvent à travailler chez moi, par mail", s’empresse de préciser l’un des fonctionnaires qui quitte le bureau vers 20h. Et avec la crise, ils ont même fait des heures supplémentaires : "Ces dernières années, je crois avoir explosé mon record d’heures travaillées", ajoute ce fonctionnaire.

      Et si ces hauts fonctionnaires passent leur temps à analyser des données chiffrées, ils vont aussi sur le terrain. "Trois fois par an, les technocrates bruxellois montent dans le Thalys pour un studieux voyage de deux-trois jours à Paris, raconte Le Parisien. Direction Bercy bien sûr, siège du ministère des Finances, mais aussi les locaux de la Banque de France, de l’OCDE, la Cour des comptes et différents instituts de recherche économique". Histoire de récupérer un peu de doc.

  • CIP-IDF > Gouverner par la dette, lexique introductif, #Maurizio_Lazzarato
    http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=7089

    (…) la #dette, dans le système capitaliste, n’est pas d’abord une affaire comptable, une relation économique, mais un rapport politique d’assujettissement et d’asservissement. Elle devient infinie, inexpiable, impayable, et sert à discipliner les #populations, à imposer des réformes structurelles, à justifier des tours de vis autoritaires, voire à suspendre la démocratie au profit de « gouvernements techniques » subordonnés aux intérêts du #capital.

    La #crise économique de 2008 n’a fait qu’accélérer le rythme de formation d’un « nouveau capitalisme d’État », qui organise une gigantesque confiscation de la richesse sociale par le biais de l’impôt. Dans un inquiétant retour à la situation qui a précédé les deux guerres mondiales, l’ensemble du procès d’accumulation est tout entier gouverné par le capital financier, qui absorbe des secteurs qu’il avait jusqu’alors épargnés, comme l’éducation, et qui tend à s’identifier avec la vie même. Face à la catastrophe en cours et au désastre qui s’annonce, il est urgent de sortir de la valorisation capitaliste, de nous réapproprier nos existences, savoir-faire, technologies et de renouer avec le possible en composant, collectivement, un front du refus.

    Lexique introductif
    Austérité
    Dette publique
    Impôt
    Croissance
    Crise
    Capitalisme d’état
    Gouvernementalité
    Lutte de classe
    Finance
    Transversalité
    Capital humain
    Réformisme
    Refus du travail
    Rupture
    Destitution/Institution
    Représentation
    Possible
    Machines et signes
    Le capital est un opérateur sémiotique
    Force

  • CIP-IDF > Intermittents et Précaires, Antonella Corsani, Maurizio Lazzarato - #Livre_en_ligne
    http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=3885

    Depuis 1992, les Coordinations des intermittents du spectacle se sont construites sur d’un constat et d’une revendication : la discontinuité de l’emploi qui caractérise le secteur du spectacle concerne un nombre grandissant de travailleurs et pas uniquement les artistes et les techniciens du cinéma, du théâtre, de la télévision, du cirque, de la danse, etc. [1] Pour #combattre la #précarisation et la paupérisation de couches de plus en plus importantes de la population, le régime de l’intermittence doit être élargi à tous les travailleurs soumis à la flexibilité de l’emploi.

    Les participants au mouvement social qui a débuté en juin 2003, ont, pour la première fois, assumé d’être à la fois « intermittents » et « précaires ». La Coordination des #Intermittents et #Précaires a ainsi porté le conflit à un niveau supérieur en le déplaçant sur un terrain politique.

    En démontrant que le travail déborde l’emploi, que le temps de chômage est aussi un temps d’activité, que ces activités restent invisibles à l’entreprise et aux institutions, les intermittents se battent pour des « nouveaux droits sociaux », pour la continuité des droits et du revenu en situation de discontinuité de l’emploi, plutôt que pour l’emploi à plein temps.

    Ce livre retrace la genèse, les développements et les résultats d’une recherche qui a été le fruit d’une coopération et d’une coproduction entre « savants » et « profanes », entre des chercheurs universitaires et les militants des collectifs et des coordinations.

  • Chômage : ce que conseille Peter Hartz à la France - Challenges
    http://www.challenges.fr/economie/20140128.CHA9725/chomage-ce-que-conseille-peter-hartz-a-la-france.html

    L’instigateur des réformes du marché du travail allemand sous Schröder vient de publier un livre en France dans lequel il donne ses conseils(…).

    Critiquées autant qu’enviées par les partis de gauche en Europe, les #lois_Hartz I à Hartz 4 ont été à l’origine du développement des « mini-jobs » payés 450 euros par mois, du durcissement des conditions d’indemnisation des chômeurs et de la mise en place d’indicateurs de performance pour les organismes de placements.

    #assistance_aux_entreprises #chômage_partiel

    Dette et austérité, le modèle allemand du #plein_emploi_précaire, #Maurizio_Lazzarato
    http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=6023

  • Depuis 24 heures, grosse #polémique dans le petit monde de la #sociologie universitaire française, avec un clash sur #facebook entre Didier #Eribon (qui a l’air d’avoir un sacré melon) et Jean-Louis #Fabiani, qui prenait la défense de #Boltanski accusé par Eribon d’être un « idéologue catholique ».
    Gros #bordel, mais il n’est pas inintéressant de voir jusqu’où mène l’appropriation (pas si ancienne que ça dans les sciences sociales) par des #universitaires des réseaux sociaux : vers une publicité des clashs et des invectives qui restaient jusque là dans les salles de séminaires.

    REMARQUES SUR LA PENSÉE RÉACTIONNAIRE ET SUR LES OPÉRATIONS DE RECHRISTIANISATION DE LA VIE INTELLECTUELLE
    http://didiereribon.blogspot.fr/2014/01/remarques-sur-la-pensee-reactionnaire.html

    On me raconte que, pour défendre son maître Boltanski, un certain Jean-Louis Fabiani (?) m’attaque sur sa page Facebook en me reprochant de n’avoir « jamais fait » de sociologie. Il s’indigne même qu’on ait pu me donner une « chaire » dans l’université française !
    Est-ce le même Fabiani que celui qui a publié un livre pathétiquement mauvais sur l’histoire de la philosophie en France, il y a quelque chose comme 25 ans, et qui, sans doute devenu conscient de ses limites après cela, n’a plus jamais rien fait depuis ?
    Et qui, bien sûr, siège (il a tout le temps pour ça) dans toutes les instances de contrôle (le CNU) de ce qu’il considère comme « sa » discipline ?
    Si c’est le cas, je suis fier de n’avoir jamais fait de « sociologie » au sens où il l’entend, et l’on comprendra aisément pourquoi je suis favorable à la suppression du CNU : pour que de telles nullités intellectuelles ne soient plus en mesure d’exercer leur faculté de nuisance et de reproduction éternelle de leur médiocrité.

    Jean-Louis Fabiani
    https://www.facebook.com/jeanlouis.fabiani?fref=ts

    Je voudrais rappeler à ceux qui, honte à eux, osent me traiter d’homophobe que je suis le seul universitaire français à avoir accepté de diriger la thèse de Geoffroy Daniel de Lagasnerie, au nom de la liberté d’expression, sans partager un seul de ses points de vue ?

    • D’ailleurs, comme lien vers les articles ou commentaires, il faudrait essayer de trouver les vrais liens y amenant directement et non le flux général, car une semaine, une mois, un an plus tard, ce ne sera plus pareil. Souvent ces liens sont sur les dates ou horaires (twitter, facebook, seenthis, etc). Par exemple là le vrai lien c’est :
      https://www.facebook.com/jeanlouis.fabiani/posts/10152112650029651

    • C’est vrai, mais la solution supérieure serait sans doute de réussir à intégrer le message lui-même dans le corps du billet, ce qui faciliterait la lecture et permettrait de le conserver même s’il est effacé.
      Je pense notamment au système des articles sur lemonde.fr, qui réussit à intégrer le post facebook ou twitter et sa mise en forme au corps de l’article. Mais j’avoue que je n’ai aucune idée de comment ils font…

    • C’est avec #Oembed, de la même manière que pour les vidéos ou images ici : on donne l’URL uniquement, et le système sait afficher le contenu distant en interne.

      Pour Twitter, ça pourrait être ajouté à @seenthis, car on sait que c’est court, mais si chaque lien FB (je parle du vrai lien du post) était intégré en entier, ça pourrait être énorme (sans parler des droits), sauf si on force la citation en n’affichant que les premiers N caractères.

    • J’ai une petite question, je ne suis pas sur moi même : pensez-vous qu’il st intéressant de donner autant de visibilité à ces querelles microcosmique ? Je n’ai pas trop l’impression ici qu’on soit dans une critique constructive utile, qui fait avancer le schmilblick (si je puis dire), mais je m trompe peut-être, l’alternative est que ce soit un stupide règlement de compte auquel cas l’intérêt pour le public est à peu près proche de zéro.

      Mais bon, je ne sais pas trop comment interpréter cela.

      #dubitatif

    • Le sociologue Luc Boltanski a écrit des pièces de théâtre en versets claudéliens, pas nulles d’ailleurs, mais qui rejoignent clairement des positions anti-IVG dans un style catholico-mystique assez fumeux. Vu le contexte ("Manif pour Tous", interdiction de l’avortement en Espagne, etc), Didier Eribon fait son boulot en le signalant. Non ?

    • @rastapopoulos, ok, merci beaucoup, mais quels problèmes de droits ça pourrait créer, si (comme en l’occurrence) le post est public ? Tu veux dire que c’est facebook que ça pourrait gêner ?
      @reka, Effectivement vu le tour que ça prend je suis en train d’être de plus en plus dubitatif moi-même. Cela dit, à la base, c’était plutôt parce que ça permet d’identifier un certain nombre de fractures et de chapelles différentes dans le milieu, ce qui n’est pas sans influence sur le contenu des travaux. Ce n’est pas vraiment le cas ici, mais en général je trouve que ça donne un arrière-texte intéressant à avoir en tête quand on lit certaines productions (notamment des articles ou des comptes-rendus critiques), que seuls quelques habitués des séminaires (dont je ne suis pas) peuvent vraiment contextualiser au sein du paysage universitaire.

    • En effet, pas simple, oui Irène et oui Alexandre. Je signale qu’en Norvège, puisqu’on parle de régression, la droite et l’extrême droite (coalition au pouvoir) proposent un projet de loi qui permettraient aux médecins de refuser de procéder à des avortements. La Norvège aussi, donc...

    • @cie813 Peut-être, mais pour le coup je n’ai pas l’impression que ça réponde à une grande nécessité du moment, et franchement (vu le ton) ça m’a plutôt l’air d’un réglement de comptes pour des motifs extérieurs de la part d’Eribon. Je n’ai pas particulièrement entendu Boltanski ces derniers temps, et je ne vois donc pas vraiment de raison de convoquer sa personne et ses écrits passés sur le débat, d’autant que c’est assez sévèrement ad hominem :

      ce pauvre Boltanski se situait du côté de la pensée critique quand ça lui semblait être payant (il était un disciple de Bourdieu), puis a dénoncé la pensée critique quand il est devenu payant de se rattacher à la révolution néo-conservatrice (rejoignant les cénacles chrétiens et insultant Bourdieu, et jusqu’au jour de sa mort), et il est fort probable qu’il cherche désormais à récupérer la « critique » qu’il a pratiquée puis dénoncée (ou de faire croire qu’il la récupère, tout en maintenant ses options idéologiques spiritualistes en assimilant notamment la sociologie critique à une théorie paranoïaque du complot - vieux discours de la droite, vieille rengaine de la pensée bourgeoise), puisque cela redevient peut-être payant...

      Enfin, je suis un poil sceptique sur la notion de « boulot » pour un sociologue dénonçant des sociologues, surtout qu’en l’occurrence l’ironie est qu’Eribon passe son temps à se lâcher sur « les flics de la pensée »

    • @alexandre, par défaut, sans licence explicitant autre chose, un texte appartient à son auteur, et seul lui peut décider où il veut le publier. Si tu le mets autre part, tu ne peux en mettre que des petits bouts : c’est le « droit de citation ». Mais pas plus. Un texte publié (donc public) ne veut pas dire qu’il est dans le « domaine public » !

      Avec tes références au « monde universitaire », j’eus cru que tu savais cela. :)

    • @rastapopoulos Je comprends, mais en l’occurrence c’est la notion de « texte » qui me paraît problématique : un post facebook aurait ce statut et pas un tweet ? Parce que lemonde.fr (pour y revenir) ne se gêne pas pour intégrer des tweets, y compris (me semble-t-il mais je ne suis plus certain tout à coup) anciens voire effacés par leurs auteurs.
      A partir de là, j’ai supposé (sans doute abusivement) que la différence était que la publicité du message sur twitter permettait de contourner ça.
      Donc par curiosité, tu sais si c’est la licence de twitter qui permet ça, ou si c’est juste le statut journalistique du monde.fr qui fait qu’ils ne s’encombrent pas de ça en disant qu’ils ne font que rapporter des infos ?

      Mais je suis loin d’être tout-terrain sur le « monde universitaire », d’autant que (comme on le voit un peu), quand il se transfère sur le numérique ça fait un beau bordel à tous points de vue ;)

    • C’est différent suivant plusieurs critères : la longueur du texte de base, et le but et l’auteur de la citation. Lorsqu’il s’agit pour un journal de « rendre compte de l’actualité », il peut être permis de citer un texte en entier, par exemple.

      De plus Twitter c’est une phrase ou fort peu de phrases, donc à mon avis ça revient à citer une parole de quelqu’un à l’oral, qu’il aurait prononcé à la radio ou à la télé. Quand ça devient un texte de plusieurs paragraphes, ce n’est pas forcément de la même nature.

    • @cie813, entendu dire (…) que Boltanski ayant changé de femme, il a moins de goût pour le catholicisme (réac), avec la réussite de sa carrière, cela irait jusqu’à "expliquer" son retour à des thèses plus critiques (?). Mais si on ne s’en tient pas qu’à cet aspect, on lira une recension critique de son livre phare Le Nouvel Esprit du Capitalisme dont le conservatisme des thèses de Boltanski ne sortent guère indemnes :

      La thèse qui court tout au long du « Le nouvel esprit du #capitalisme » est la suivante : la #critique_artiste (fondée sur, et revendiquant la liberté, l’autonomie et l’#authenticité) et la #critique_sociale (fondée sur, et revendiquant la solidarité, la sécurité et l’#égalité) « sont le plus souvent portées par des groupes distincts » et sont « incompatibles ».[1] Le flambeau de la critique artiste, transmis par les artistes aux étudiants de #mai_68, aurait été repris par la suite par les gens « branchés » qui travaillent dans les médias, la finance, le show business, la mode, Internet, etc., c’est-à-dire, les « créatifs » du « haut de la hiérarchie socioculturelle ». La critique sociale, par contre, portée par les ouvriers de 68, aurait été reprise par les petits gens, les subordonnés, les exclus du libéralisme. Critique artiste et critique sociale sont donc « largement incompatibles ».

      La « critique artiste » suscite un malaise chez les auteurs, voir un certain mépris, qu’ils ont du mal à cacher. De leur point de vue, cela se comprend aisément, puisque la « critique artiste […] n’est pas spontanément égalitaire ; elle court même toujours le risque d’être réinterprétée dans un sens aristocratique » et « non tempérée par les considérations d’égalité et de solidarité de la critique sociale peut très rapidement faire le jeu d’un libéralisme particulièrement destructeur comme nous l’ont montré les dernières années ». D’ailleurs, la critique artiste n’est « pas en soi nécessaire à la mise en cause efficace du capitalisme comme le montrent les succès antérieurs du mouvement ouvrier sans les renforts de la critique artiste. Mai 68 était, de ce point de vue, exceptionnel ». A la lecture, on sent aussi que le livre est parcouru par un ressentiment contre mai 68 qui, depuis quelques années, traverse les élites intellectuelles françaises, et dont font les frais, ici aussi, comme chez l’ancien ministre de l’Education Nationale, Michel #Foucault, Gilles #Deleuze et Félix #Guattari, qui, en tant que maîtres de la pensée 68, auraient déposés des germes de libéralisme dans les têtes de gens sans y prendre garde.

      Donc non seulement la critique artiste n’est pas nécessaire, sinon à « modérer le trop d’égalité de la critique sociale » qui risque de « faire fi à la liberté » (sic), mais en plus elle joue le cheval de Troie du libéralisme, à qui elle est apparenté par le goût aristocratique de la liberté, de l’autonomie et de l’authenticité que les artistes auraient transmis d’abord aux « étudiants », et qui aurait ensuite transité chez les « bobos ». Boltanski et Chiapello nous rejouent ici l’opposition de la liberté et de l’égalité , de l’autonomie et de la sécurité, d’une autre époque, sur laquelle d’ailleurs se sont cassés les dents aussi bien le socialisme et le communisme,.

      extrait de Les malheurs de la « critique artiste » et de l’emploi culturel
      http://eipcp.net/transversal/0207/lazzarato/fr

      @alexandre, quand même, Didier Eribon, entre son Retour à Reims et son D’une révolution conservatrice et de ses effets sur la gauche française, où les #socialistes sont de façon tout à fait argumentée vigoureusement étrillés, c’est un des rares académiques dont les travaux relèvent au moins pour partie de la question de l’émancipation, non ?

      #Maurizio_Lazzarato

    • @colporteur, pour être très honnête je n’ai pas lu Eribon, mais j’ai lu et entendu pas mal de choses intéressantes sur ces deux livres qui m’ont effectivement plutôt donné envie de me rattraper, encore qu’il me semble que tout cela n’a un rapport qu’assez lointain avec une démarche et une méthode sociologique. Ce n’est pas un mal, et peut-être qu’une lecture détaillée montrerait que je me trompe, mais puisque toute cette histoire est partie de là (et que c’est à cause de ça qu’Eribon a pris le bourdon)…

      Cela dit, ça n’était franchement pas mon propos (d’ailleurs je n’avais pas de propos à la base, je signalais juste le truc), mais simplement ça me paraît curieux cette mentalité mi-cour de récré, mi-ubu roi, où la situation au final c’est un type qui traite la terre entière (et notamment des universitaires qui ne sont pas tout à fait insignifiants) d’intégristes cathos, de nains de la pensée et de flics universitaires, et des réactions qui se centrent autour du fait qu’il écrit des bons bouquins à côté (ce qui me paraît un peu à côté du souci du moment).

      Au final, un propos qui a quand même fini par mûrir, c’est que voir comme ça les conflits d’égos éclater en place publique numérique, ça permet de mesurer la relativité d’une certaine pondération/nuance qu’on attend généralement des chercheurs, et de se rappeler qu’un bon paquet d’entre eux attendent essentiellement de s’engueuler comme des poissonniers (c’est juste qu’on le voit).
      Et, accessoirement, qu’il me paraît vraiment très discutable de convoquer des notions de « boulot » pour une sorte de veille documentaire intellectuelle des idées de la terre entière (btw, @cie813, Eribon a sauté dessus et a repris la chose sur sa page facebook) - mais c’est discutable, et ça peut faire partie de l’éthique d’engagement de certains. Je suis loin de supporter les anti-IVG et leurs soutiens idéologiques, mais enfin Boltanski a quand même le droit de penser et d’écrire ce qu’il veut (surtout quand c’est aussi dépourvu d’intention militante que ce qu’on convoque là) sans qu’on le rabatte sur un débat où il n’a pas voulu se pointer (à ma connaissance), pour lui faire porter une responsabilité indirecte sur une bande d’allumés.

  • Slavoj Zizek : « Le mariage éternel entre capitalisme et démocratie est fini » | Humanite
    http://www.humanite.fr/tribunes/slavoj-zizek-le-mariage-eternel-entre-capitalisme-546531

    Interview de Zizek dans L’Huma.

    La logique immanente de l’histoire n’est pas de notre côté. Si on la laisse incliner vers sa tendance naturelle, l’histoire continuera d’aller vers l’autoritarisme réactionnaire. En cela les analyses de Marx doivent être notre point de départ. Il faut poursuivre cette ligne tout en s’intéressant à d’autres questions, soulevées par exemple par les autonomistes italiens, dont Maurizio Lazzarato, qui défend l’idée que, dans l’idéologie quotidienne, notre servitude nous est présentée comme notre liberté. Il montre comment nous sommes tous traités comme des capitalistes qui investissons dans notre propre vie. L’endettement remplit une fonction disciplinaire, c’est aujourd’hui une des manières nouvelles de maintenir sous contrôle les individus. Tout en nous donnant l’illusion que cela relève de choix libres. Même la fragilité des parcours professionnels, l’insécurité chronique, nous est présentée comme une chance de pouvoir nous réinventer tous les deux ou trois ans. Et ça fonctionne très bien.

    #dette #Europe #communisme

    • A mes yeux, le projet démocratique est un projet de dilution/répartition du pouvoir. Que les réalisations aient en tous temps été améliorables est une quasi évidence. Que par ailleurs ce projet ne puisse pas, n’ait jamais pu, se limiter à un système de représentation basé sur l’élection et l’égalité des droits politiques, cela semble échapper à beaucoup de nos contemporains.

      Aujourd’hui, alors que le pouvoir réel se trouve plus que jamais dans les sphères financières et multinationales, en bonne collusion avec une bonne part des grands de ce monde, il est plus que temps que le projet démocratique se réoriente radicalement pour appliquer son projet de dilution/répartition à ces sources de pouvoir.

  • Vacarme / pour une culture sans « exception »
    http://www.vacarme.org/article1639.html

    Le rapport Lescure entend défendre le droit d’auteur et "l’exception culturelle".

    Ce qui me rappelle un texte de 2003, signé Christophe d’Hallivillée, Brian Holmes & Maurizio Lazzarato.

    Les tenants de l’exception culturelle sont aussi de farouches défenseurs du droit d’auteur. Là encore, on trouve une convergence entre la droite et la gauche. Le droit d’auteur, le brevet et le copyright ont été inventés au moment des révolutions française et américaine pour défendre d’une part l’auteur (ou l’inventeur) et lui assurer une rémunération de son activité, et d’autre part pour assurer la liberté du public et la circulation des savoirs. Ces formes de rémunération et de garanties avaient peut-être un sens parce que la production culturelle ou l’invention technique étaient une « exception » et que le public était constitué par des élites. Encore qu’on puisse soutenir qu’à cette époque également, l’invention brevetée intervenait déjà comme simple surplus par rapport à l’accumulation/production de savoirs non brevetés, ou le texte d’auteur comme recomposition de textes antérieurs, etc. Reste que nous sommes confrontés aujourd’hui à une situation très différente : celle de l’« intellectualité de masse » où les producteurs de savoirs comme les publics ne sont plus constitués par des élites, mais par des coopérations larges et des multitudes d’usagers. Dans ces nouvelles conditions de la production et de la réception de la culture, le droit d’auteur et le copyright ne rémunèrent plus les auteurs et n’assurent plus la circulation des savoirs. Au contraire, ils garantissent un monopole et donc une rente aux multinationales de la communication et de la production audiovisuelle et entravent la libre circulation des savoirs.

    #copyright #exception_culturelle #hadopi #intermittence #revenu_garanti #art #droit_d'auteur

  • « La dette neutralise le temps, matière première de tout changement politique ou social » - Contrôle social - Basta !
    http://www.bastamag.net/article2561.html

    Emprunt, crédit, créanciers, débiteurs, déficits, remboursement, taux d’endettement, « pacte budgétaire »… La #dette est partout, elle a envahi nos vies. Or la dette n’est pas seulement économique, elle est avant tout une construction politique. Elle n’est pas une conséquence malheureuse de la crise : elle est au cœur du projet néolibéral et permet de renforcer le contrôle des individus et des sociétés. « Le remboursement de la dette, c’est une appropriation du temps. Et le temps, c’est la vie », nous explique le sociologue et philosophe Maurizio Lazzarato (La Fabrique de l’homme endetté). Entretien.

    #politique #banques #capitalisme #néolibéralisme

  • La dette ou le vol du temps | Maurizio Lazzarato
    http://www.monde-diplomatique.fr/2012/02/LAZZARATO/47416

    Le phénomène de la dette ne se réduit pas à ses manifestations économiques. Il constitue la clé de voûte des rapports sociaux en régime néolibéral, opérant une triple dépossession : d’un pouvoir politique déjà faible, d’une part grandissante de la richesse que les luttes passées avaient arrachée à (...) / #Banque, #Capitalisme, #Dette, Économie, #Finance, #Histoire, #Idées, #Idéologie, #Religion, #Spéculation, #Néolibéralisme - 2012/02

    #Économie #2012/02

  • CIP-IDF > Sonore : La fabrique de l’homme endetté, essai sur la condition néolibérale
    http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=5938

    L’entretien avec Maurizio Lazzarato qui suit a été réalisé par Antoine Mercier sur France Culture, lors d’une série d’entretiens intitulée LA CRISE ET NOUS…

    Vous venez de faire paraître aux éditions Amsterdam un essai sur la condition néolibérale qui s’intitule « La fabrique de l’homme endetté, essai sur la condition néolibérale ». Nous sommes, avec ce livre, au cœur de l’actualité puisque cette question de la dette est comme on le sait, devenue centrale. Vous dites que l’économie de la dette modèle la subjectivité humaine. Un homme endetté serait selon vous amputé d’une partie de son avenir et donc d’une partie de lui-même. Comment décrivez-vous ce processus ?

  • La fabrique de l’homme endetté, essai sur la condition néolibérale / Maurizio Lazzarato (Le silence qui parle)
    http://lesilencequiparle.unblog.fr/2011/09/26/la-fabrique-de-lhomme-endette-essai-sur-la-condition-neolib

    En Europe, après d’autres régions du monde, la lutte des classes se déploie et se concentre aujourd’hui autour de la dette. La crise de la dette touche maintenant les États-Unis et le monde anglo-saxon, autrement dit les pays où sont nés non seulement la dernière débâcle financière, mais aussi et surtout le néolibéralisme. Maurizio Lazzarato 1 F. Nietzsche, op. cit., p. 102. Pour la dette dans l’œuvre de Kafka, voir mon ouvrage Expérimentations politiques, Paris, Éditions Amsterdam, (...) Source : Le silence qui parle