person:michael burawoy

  • Le colonialisme et la révolution : quand Fanon rencontre Bourdieu | Michael Burawoy
    http://www.contretemps.eu/burawoy-colonialisme-revolution-fanon-bourdieu

    En ce jour anniversaire de la mort de Pierre Bourdieu, le 23 janvier 2002, nous publions le troisième volet des « conversations avec Bourdieu » du sociologue marxiste Michael Burawoy. Après avoir fait dialoguer Bourdieu avec Marx puis avec Gramsci, Burawoy confronte les œuvres du sociologue et de l’auteur des Damnés de la terre, autour notamment du colonialisme et de la révolution algérienne. Source : Contretemps

  • Contretemps | « Aucun #marxisme sociologique n’a vraiment fait école en France ». Entretien avec Quentin Ravelli
    http://www.contretemps.eu/entretien-ravelli-burawoy

    Quentin Ravelli est chargé de recherche au CNRS en #sociologie et auteur de La Stratégie de la bactérie. Une enquête au cœur de l’industrie pharmaceutique. Sous le titre Produire le consentement (dont on pourra lire ici un extrait, et ici un compte-rendu), il a traduit récemment Manufacturing Consent, de Michael Burawoy, grand classique de la sociologie marxiste. Lors de cet entretien nous revenons sur l’héritage du marxisme dans l’ethnographie et les sciences sociales françaises.

    CT : Tu as récemment traduit et publié Produire le consentement du sociologue marxiste britannique Michael Burawoy. Ce n’est pas une figure encore très connue en France. Pourrais-tu le présenter ? De quoi parle donc son livre ?

    QR : Vu depuis la France, Michael Burawoy peut avoir l’air d’un animal étrange, car il est à la fois ethnographe, marxiste et nord-américain. On peut être ethnographe marxiste, voire marxiste américain, mais marxiste américain et ethnographe marxiste, cela fait beaucoup. Pourtant, dans un pays où l’anticommunisme a été si virulent, le marxisme est en fait plus répandu et assumé dans les sciences humaines qu’il ne l’est en France. Peut-être justement parce que, cantonné aux universités, à une radicalité académique, il apparaît moins dangereux ? En tout cas, malgré la forte influence des idées communistes en France pendant la guerre froide et la « chasse aux sorcières » du maccarthysme aux États-Unis, les chercheurs se réclamant explicitement du matérialisme historique sont aujourd’hui plus présents outre-Atlantique. En témoigne, entre autres, l’existence d’une section « Marxist Sociology » au sein de l’American Sociological Association, la principale association professionnelle en la matière. Ce type d’organisation se distingue de l’influence, en France, de francs-tireurs – souvent des philosophes – comme Alain Badiou, Étienne Balibar ou Georges Labica...

    #Diaporama #Enquête #Théorie #Burawoy #exploitation #Pierre_Bourdieu #travail

  • BALLAST Michael Burawoy : « C’est une bonne nouvelle que la #sociologie soit attaquée publiquement »
    http://www.revue-ballast.fr/michael-burawoy

    Il y a ces deux focales dans la lutte des classes. Classiquement, historiquement, la lutte des classes laborieuses se joue autour de la #production et de l’#exploitation. C’est la conception marxiste orthodoxe. La question est de savoir si l’on peut penser la lutte des classes en termes de #marchandisation et d’échange. Dans la période présente, les luttes de ces classes laborieuses fondées sur la production sont devenues de plus en plus faibles, à mesure que le prolétariat se transformait en #précariat. La "précarité entre dans l’expérience des travailleurs, qui veulent s’accrocher à leur #travail dans un temps où il s’avère très incertain. Nous assistons, de fait, à une réduction de la lutte des classes orthodoxe autour de la production. La question est de savoir s’il y a, au même moment, une émergence d’une forme différente de lutte – appelez-la « lutte des classes » si vous voulez – autour de la marchandisation... Il y a des luttes de classe autour de la marchandisation de ces « marchandises fictives », [telles que la terre, la monnaie, le travail, ndlr] dont parle Polanyi ; il y a bien une lutte qui porte sur la marchandisation du travail et la #résistance des travailleurs contre une marchandisation excessive — on peut le voir dans les luttes en Amérique ou en Inde... Il y a des luttes contre le changement climatique et pour l’environnement (surtout dans les pays du Sud). Et puis il y a les luttes concernant la marchandisation de la connaissance.

    #lutte_des_classes

    • Produire le consentement, de Michael Burawoy

      http://www.revue-ballast.fr/cartouches-7

      Trente-six ans après sa parution, voici enfin traduit en français un ouvrage de référence dans la sociologie du travail. Ce livre pose une question à rebours du sens commun : pourquoi les ouvriers travaillent-ils aussi dur ? Question pour le moins étrange dans une littérature dominante qui, depuis les années 1930, était engoncée dans l’étude de « l’organisation scientifique du travail ». Les hypothèses théoriques et psychologiques liées aux ouvriers et la « culture d’entreprise » n’avaient comme objectifs que la rentabilité et la productivité. La question n’a pas perdu de sa pertinence. Burawoy, ethnographe d’obédience marxiste, fait un travail de terrain approfondi comme ouvrier spécialisé dans une usine de pièces de moteur, dans la banlieue de Chicago, durant un an. En renversant le paradigme des théories dominantes, il n’en fait pas seulement une critique, mais met à jour ce qu’il appelle le making out. Sorte de jeu, de challenge que s’imposent les travailleurs afin d’atteindre un objectif de production plus élevé que l’objectif standard et, ce faisant, augmenter leur salaire. Ce qui implique une transformation des rapports sociaux et des conditions de travail. Ce making out comme rapport de force, marge de manœuvre, autonomie, recherche de satisfaction, est au final bien accepté par la direction : « Dans le cas où il est institutionnalisé, le jeu devient une fin en soi [...], tant que les ouvriers sont insérés dans un jeu qui engage leur rapport à la machine, ils acceptent leur subordination au procès de production. » Cet ouvrage savant, d’une grande limpidité, est loin de porter un regard noir et pessimiste sur la condition ouvrière : certes, il œuvre à une description analytique de la « servitude volontaire », mais sans se dérober aux conséquences politiques qu’il faut tirer lorsque l’on s’insère dans le grand mouvement de l’émancipation. Mentionnons également une postface particulièrement roborative – et indispensable à lire pour qui veut saisir l’essence du livre. Burawoy y fait un retour critique, trente ans plus tard : sorte de making of d’une étude sociologique engagée, pointant les limites et ouvrant sur de nouvelles perspectives.