person:michel foucault

  • Interview de Bernard Stiegler pour Atlantico
    http://www.atlantico.fr/decryptage/voila-pourquoi-marine-pen-sera-probablement-au-gouvernement-en-2017-bernar

    Quant à la gauche, sa responsabilité est grande. Mais avant d’être celle des hommes politiques, c’est d’abord la responsabilité des « intellectuels de gauche ». Cela fait 30 ans que le monde intellectuel a cessé de penser et de critiquer tout cela. Une sorte de complicité moite et parfois même poisseuse s’est installée.

    Un parti de gauche, en principe, s’appuie sur « l’héritage des Lumières ». Sauf que cet héritage a été remis en cause – par exemple par Adorno et Horkheimer dans La dialectique de la raison, puis par une époque fastueuse de la pensée française entre 1950 à 1980, avec des gens comme Michel Foucault, Gilles Deleuze, Jacques Derrida, etc. Cette époque a remis en question nombre d’idées des Lumières. Le problème est que cette tâche n’a été menée qu’à moitié, et c’est ainsi que toute la critique du pouvoir d’Etat conduite par Michel Foucault a été récupérée par les néo-libéraux, est devenue une critique de l’action publique, et a empêché de penser et de critiquer le nouveau pouvoir véritable, qui n’est plus l’Etat depuis bien longtemps, mais le pouvoir économique des multinationales qui ont remplacé l’action publique par le marketing – sous la houlette de Milton Friedman. Cela ne pourra pas durer : même les multinaitonales deviendront impuissantes quand elles auront tout à fait détruit la société. « Il faut défendre la société » comme disait Foucault, mais il faut le faire contre le nouveau pouvoir, et par un nouveau savoir.

    #Bernard_Stiegler #FN #politique #France

  • L’Europe en crise - Notes d’Analyse Géopolitique
    http://notes-geopolitiques.com/europe-crise

    Dans un ouvrage remarqué, le philosophe et historien néerlandais Luuk van Middelaar propose une grille de lecture éminemment géopolitique du Passage à l’Europe, qui fait la part belle aux représentations. Partant de la réflexion de Michel Foucault pour qui « le discours n’est pas simplement ce qui traduit les luttes ou les systèmes de domination, mais ce pour quoi, ce par quoi on lutte, le pouvoir dont on cherche à s’emparer » (L’Ordre du discours), il distingue trois discours idéologiques à la source de l’Union européenne. Soit l’Europe des États, l’Europe des Citoyens et l’Europe des Bureaux, qui s’opposent et se complètent. Elles renvoient respectivement aux notions de confédéralisme, de fédéralisme et de fonctionnalisme. « Chaque discours a une préférence pour une ou plusieurs institutions européennes données, adopte un style politique et des recettes propres. Chaque discours entretient un rapport particulier avec le temps historique. » Ce sont ces conceptions de l’Europe qui s’affrontent encore et structurent le présent.

    ...

    Et demain ?

    Au-delà du « vouloir faire l’Europe« , quels points communs pour ces trois visions ? Étonnamment, si l’on songe au préambule du projet de Constitution européenne de 2005, la religion chrétienne est omniprésente. Le discours de l’Europe des États est né à une époque où la chrétienté se confondait avec le continent. Celui des Citoyens s’inspire à l’origine des valeurs chrétiennes. Quant à l’Europe des Bureaux, elle fut portée par des hommes affichant ostensiblement leur appartenance à l’Église. Quelles qu’en soient les raisons, il apparaît que ce lien ne suffit pas, ou plus, à faire ciment.

    Pourtant, sans conscience de ses origines, l’Europe ne peut définir ni sa fin, ni son objectif. Concrètement, le libéralisme économique et social, trop souvent présenté comme « horizon indépassable » de l’Union, ne suffit pas à définir son Être. Il n’évacue pas notamment la question essentielle des frontières. Bien au contraire. Jusqu’où s’élargir dès lors que les discours actuels n’affichent plus de référents supranationaux partagés ?

  • http://pixhost.me/avaxhome/a7/0f/000e0fa7.jpeg

    « Cette chasse nouvelle aux sexualités périphériques entraîne une incorporation des perversions et une spécification nouvelle des individus. La sodomie - celle des anciens droits, civil ou canonique - était un type d’actes interdits ; leur auteur n’en était que le sujet juridique. L’homosexuel du XIXe siècle est devenu un personnage : un passé, une histoire et une enfance, un caractère, une forme de vie ; une morphologie aussi, avec une anatomie indiscrète et peut-être une physiologie mystérieuse. Rien de ce qu’il est au total n’échappe à sa sexualité. Partout en lui, elle est présente : sous-jacente à toutes ses conduites parce qu’elle en est le principe insidieux et indéfiniment actif ; inscrite sans pudeur sur son visage et sur son corps parce qu’elle est un secret qui se trahit toujours. Elle lui est consubstantielle, moins comme un péché d’habitude que comme une nature singulière. Il ne faut pas oublier que la catégorie psychologique, psychiatrique, médicale de l’homosexualité s’est constituée du jour où on l’a caractérisée – le fameux article de Westphal en 1870, sur les « sensations sexuelles contraires », peut valoir comme date de naissance - moins par un type de relations sexuelles que par une certaine qualité de la sensibilité sexuelle, une certaine manière d’intervertir en soi-même le masculin et le féminin. L’homosexualité est apparue comme une des figures de la sexualité lorsqu’elle a été rabattue de la pratique de la sodomie sur une sorte d’androgynie intérieure, un hermaphrodisme de l’âme. Le sodomite était un relaps, l’homosexuel est maintenant une espèce. »

    (Michel #Foucault, Histoire de la sexualité, , Tome 1 : la volonté de savoir)

    http://www.revue-ganymede.fr/pour-une-strategie-nouvelle-reflexion-sur-les-termes-homosexualite-ho

  • Les mains coupées des Maliennes - Cause toujours !
    http://grosse.fatigue.free.fr/causetoujours/spip.php?article170

    Mais c’est gênant et j’ai presque honte. A l’époque où j’étais encore croyant, à l’époque où j’étais abonné, à l’époque où j’essayais de lire Michel Foucault en me demandant comment l’appliquer à la vie quotidienne, j’étais sûr que l’on avait le temps, le temps du recul, le temps de l’élan. Réfléchir, réfléchir, réfléchir. Ça fait des plombes que je réfléchis à tout cela et la pendule du lapin fait tic-tac et voilà la fin. Je ne suis jamais allé au Mali ni nulle part, pour des tas de raisons. En cela : nous sommes nombreux. Il est vrai que l’on a d’autres priorités, plus pragmatiques, débattues à l’Assemblée par nos élus, ces gens si pressés de traiter de l’actualité qui les hante. Les faits divers l’emportent partout, et chacun y va de son commentaire et nous vivons dans la peur, cette peur sereine des gens qui ont des mains pour taper sur des claviers. Bénéfice occidental.

    • Ça tombe bien, justement, je voulais dire quelque part que j’avais du mal à expliquer à un ami de Gao, dont la famille a vécu dans cet enfer pendant plusieurs mois, que l’action de l’armée française c’était mal. Le problème, c’est que je ne sais pas bien l’expliquer, mais va falloir retrousser ses manches et essayer.

  • T’es doux ? Ta gueule. - Cause toujours !
    http://grosse.fatigue.free.fr/causetoujours/spip.php?article165

    « Qu’est-ce que tu sais faire ? ». Ah, en voilà de l’architecture, du sémaphore, du socialisme XIXème ! Pour un temps, j’abordais toutes les bimbos en leur demandant ce qu’elles savaient faire, afin de satisfaire mon syncrétisme anarcho-dix-huitième siècle, égalitaire et libidineux. Ce fut un échec cuisant. Très vite, les filles ne comprenaient cette question qu’au niveau purement sexuel et - bien que ce niveau était à l’évidence ; et continue à l’être ; le plus intéressant dans la plupart des rapports hommes-femmes, surtout entre imbéciles, parce qu’il se passe assez bien, du moins au début, de dialogues - et donc, euh. Ah oui : j’étais donc déçu de ce réductionnisme qui, à la fin des années quatre-vingt, me faisait indubitablement penser à celui de Michel Foucault dans son histoire de la folie... Le savoir-faire n’est plus à la mode et les écoles de commerce, en bonnes usurpatrices du monde soi-disant post-industriel, enseignent le « savoir-être » comme la baronne de Rotschild enseignait les bonnes manières.

  • Foucault and Architecture: The encounter that never was | The Funambulist

    A certain amount of architects often refers to Michel #Foucault ’s work as an inspiration to their design or their theoretical interpretation of our societies. The concepts invoked are almost always the same, and it is not rare to find in an #architecture text, the notions of panopticon, heterotopia and/or utopian body. The thesis that I would like to defend in this text does not consist so much in the demonstration of architects’ misunderstanding of Foucault’s concepts, but rather that those spatial notions constituted only the frail premises of what could have been the Foucauldian interpretation of space.
    http://thefunambulist.net/2012/10/17/foucault-foucault-and-architecture-the-encounter-that-never-was

    #espace #panoptique

    via @prac_6 et ce #blog à suivre
    http://progressivegeographies.com

    ainsi que http://itself.wordpress.com #philosophie

  • Préface de Michel #Foucault à la traduction américaine du livre de Gilles #Deleuze et Felix #Guattari, L’Anti-Oedipe : capitalisme et schizophrénie.
    http://1libertaire.free.fr/PrefaceFoucaultDeleuezGuattari.html

    D’où les trois adversaires auxquels L’Anti-Œdipe se trouve confronté. Trois adversaires qui n’ont pas la même force, qui représentent des degrés divers de menace, et que ce livre combat par des moyens différents.

    1) Les ascètes politiques, les militants moroses, les terroristes de la théorie, ceux qui voudraient préserver l’ordre pur de la #politique et du discours politique. Les bureaucrates de la révolution et les fonctionnaires de la Vérité.

    2) Les pitoyables techniciens du désir, les psychanalystes et les sémiologues qui enregistrent chaque signe et chaque symptôme, et qui voudraient réduire l’organisation multiple du désir à la loi binaire de la structure et du manque.

    3) Enfin, l’ennemi majeur, l’adversaire stratégique (alors que l’opposition de L’Anti-Œdipe à ses autres ennemis constitue plutôt un engagement tactique) : le #fascisme. Et non seulement le fascisme historique de Hitler et de Mussolini qui a su si bien mobiliser et utiliser le désir des masses, mais aussi le fascisme qui est en nous tous, qui hante nos esprits et nos conduites quotidiennes, le fascisme qui nous fait aimer le pouvoir, désirer cette chose même qui nous domine et nous exploite.

    - ne tombez pas amoureux du #pouvoir.

  • Michel Foucault voulait être considéré comme un cartographe...

    Episode 4: The Cartography of Power | The Funambulist

    http://thefunambulist.net/2012/06/24/foucault-episode-4-the-cartography-of-power

    In the last ‘episode’, I was evoking the will of Michel Foucault to be considered as a cartographer. In a text written for the journal Critique (dec 1975), Gilles Deleuze proposes an analysis of the book Surveiller et Punir: Naissance de la prison (Discipline and Punish: The birth of the prison) under the title: Un Nouveau Cartographe (A new cartographer). Through this text, Deleuze introduces Foucault’s method to map the mechanisms of power (which legitimizes somehow the fact that he has been called a structuralist) as well as his very definition of power: (French original version is at the end of this article)

  • #Michel_Foucault Les formations historiques. 
Année universitaire 1985-1986. La voix de #Gilles_Deleuze
    http://www2.univ-paris8.fr/deleuze/rubrique.php3?id_rubrique=21
    http://www2.univ-paris8.fr/deleuze/IMG/mp3/22_10_1985_1-2.mp3
    http://www2.univ-paris8.fr/deleuze/IMG/mp3/22_10_1985_2-2.mp3
    http://www2.univ-paris8.fr/deleuze/IMG/mp3/22_10_1985_3-2.mp3
    http://www2.univ-paris8.fr/deleuze/IMG/mp3/29_10_1985_1-2.mp3
    http://www2.univ-paris8.fr/deleuze/IMG/mp3/29_10_1985_3-2.mp3
    http://www2.univ-paris8.fr/deleuze/IMG/mp3/29_10_1985_4-2.mp3
    http://www2.univ-paris8.fr/deleuze/IMG/mp3/05_11_1985_1-3.mp3
    http://www2.univ-paris8.fr/deleuze/IMG/mp3/05_11_1985_2-2.mp3
    http://www2.univ-paris8.fr/deleuze/IMG/mp3/05_11_1985_3-2.mp3
    http://www2.univ-paris8.fr/deleuze/IMG/mp3/05_11_1985_4-2.mp3
    http://www2.univ-paris8.fr/deleuze/IMG/mp3/12_11_1985_1-2.mp3
    http://www2.univ-paris8.fr/deleuze/IMG/mp3/12_11_1985_2-2.mp3
    http://www2.univ-paris8.fr/deleuze/IMG/mp3/12_11_1985_3-2.mp3
    http://www2.univ-paris8.fr/deleuze/IMG/mp3/12_11_1985_4-2.mp3
    http://www2.univ-paris8.fr/deleuze/IMG/mp3/19_11_1985_1-2.mp3
    http://www2.univ-paris8.fr/deleuze/IMG/mp3/19_11_1985_2-2.mp3
    http://www2.univ-paris8.fr/deleuze/IMG/mp3/19_11_1985_3-2.mp3
    http://www2.univ-paris8.fr/deleuze/IMG/mp3/19_11_1985_4-2.mp3
    http://www2.univ-paris8.fr/deleuze/IMG/mp3/19_11_1985_5-2.mp3
    http://www2.univ-paris8.fr/deleuze/IMG/mp3/26_11_1985_1-2.mp3
    http://www2.univ-paris8.fr/deleuze/IMG/mp3/26_11_1985_2-2.mp3
    http://www2.univ-paris8.fr/deleuze/IMG/mp3/26_11_1985_3-2.mp3
    http://www2.univ-paris8.fr/deleuze/IMG/mp3/26_11_1985_4-2.mp3
    http://www2.univ-paris8.fr/deleuze/IMG/mp3/10_12_1985_1-2.mp3
    http://www2.univ-paris8.fr/deleuze/IMG/mp3/10_12_1985_2-2.mp3
    http://www2.univ-paris8.fr/deleuze/IMG/mp3/10_12_1985_3-2.mp3
    http://www2.univ-paris8.fr/deleuze/IMG/mp3/10_12_1985_4-2.mp3
    http://www2.univ-paris8.fr/deleuze/IMG/mp3/10_12_1985_5-2.mp3
    http://www2.univ-paris8.fr/deleuze/IMG/mp3/17_12_1985_1-2.mp3
    http://www2.univ-paris8.fr/deleuze/IMG/mp3/17_12_1985_2-2.mp3
    http://www2.univ-paris8.fr/deleuze/IMG/mp3/17_12_1985_3-2.mp3
    http://www2.univ-paris8.fr/deleuze/IMG/mp3/17_12_1985_4-2.mp3

  • Se défendre, Michel Foucault (CIP-IDF)
    http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=6191

    Voici deux textes qui clarifient ce qu’il peut en être du rapport au droit de ceux qui refusent de se laisser gouverner. Ils portent avant tout sur le droit pénal mais la logique qu’ils proposent peut aussi bien viser un autre terrain d’application, partout où « ayant-droits » et collectifs sont engagés dans des batailles sur des litiges en matière de droit social. Source : CIP-IDF

  • Se défendre, inédit de Michel Foucault
    http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=6191

    1- Evitons d’abord le problème ressassé du réformisme et de l’anti-réformisme. Nous n’avons pas à prendre en charge les institutions qui ont besoin d’être transformées. Nous avons à nous défendre tant et si bien que les institutions soient contraintes de se réformer. L’initiative doit donc venir de nous, non pas sous forme de programme mais sous forme de mise en question et sous forme d’action.

    2- Ce n’est pas parce qu’il y a des lois, ce n’est pas parce que j’ai des droits que je suis habilité à me défendre ; c’est dans la mesure où je me défends que mes droits existent et que la loi me respecte. C’est donc avant tout la dynamique de la défense qui peut donner aux lois et aux droits une valeur pour nous indispensable. Le droit n’est rien s’il ne prend vie dans la défense qui le provoque ; et seule la défense donne, valablement, force à la loi.

    3- Dans l’expression « Se défendre », le pronom réfléchi est capital. Il s’agit en effet d’inscrire la vie, l’existence, la subjectivité et la réalité même de l’individu dans la pratique du droit. Se défendre ne veut pas dire s’auto défendre. L’auto-défense, c’est vouloir se faire justice soi-même, c’est-à-dire s’identifier à une instance de pouvoir et prolonger de son propre chef leurs actions. Se défendre, au contraire, c’est refuser de jouer le jeu des instances de pouvoir et se servir du droit pour limiter leurs actions. Ainsi entendue, la défense a valeur absolue. Elle ne saurait être limitée ou désarmée par le fait que la situation était pire autrefois ou pourrait être meilleure plus tard. On ne se défend qu’au présent : l’inacceptable n’est pas relatif.

    4- Se défendre demande donc à la fois une activité, des instruments et une réflexion. Une activité : il ne s’agit pas de prendre en charge la veuve et l’orphelin mais de faire en sorte que les volontés existantes de se défendre puissent venir au jour. De la réflexion : se défendre est un travail qui demande analyse pratique et théorique. Il lui faut en effet la connaissance d’une réalité souvent complexe qu’aucun volontarisme ne peut dissoudre. Il lui faut ensuite un retour sur les actions entreprises, une mémoire qui les conserve, une information qui les communique et un point de vue qui les mettent en relation avec d’autres. Nous laisserons bien sûr à d’autres le soin de dénoncer les « intellectuels ». Des instruments : on ne va pas les trouver tout faits dans les lois, les droits et les institutions existantes mais dans une utilisation de ces données que la dynamique de la défense rendra novatrice.

    #Michel_Foucault

    • Il aurait quand même 86 ans l’animal... Et vu que les cafards sont à Montreuil et que son appart était dans le XVe, je pense plutôt qu’il aurait fait des choses à la CIP...
      Bon, serait-il passé dans les nouveaux locaux ? C’est ça la question.
      Tout en se demandant, aussi, s’il n’aurait pas retourné sa veste comme l’autre chien d’Ewald...

  • A qui les archives de Michel Foucault ?
    http://passouline.blog.lemonde.fr/2012/04/29/a-qui-les-archives-de-michel-foucault

    Sous la houlette du banquier Jean-Claude Meyer, On y fera appel à la générosité de quelques fondations (Louis Roederer, Pierre Bergé, Total, Lagardère, l’Oréal, Getty, Louis Vuitton et autres foucaldiens de choc) pour acquérir le fonds Foucault.

    Quelle triste ironie ...
    On rendra donc hommage à

    Daniel Defert, qui partagea la vie du philosophe et hérita de leur propriété, a en effet décidé, à 75 ans et au lendemain d’une opération du cœur, de s’en séparer ;

    mais pas à n’importe quel prix, hein ...
    beurk !

  • Grand Entretien avec Moishe Postone dans la revue « Les Mondes du travail » - Critique radicale de la valeur
    http://palim-psao.over-blog.fr/article-grand-entretien-avec-moishe-postone-dans-la-revue-les-m

    L’entretien est organisé en deux temps : Postone y résume les points centraux d’une critique renouvelée de la société capitaliste-marchande (la nécessité de reconceptualiser le travail, le capital, le temps) et aborde son rapport théorique critique à Marx, au marxisme, à l’Ecole de Francfort, à Michel Foucault, à G. Lukacs - qui semble avoir été un théoricien important dans la reformulation théorique de Postone. Puis l’entretien amène Postone a parler de ce qu’il pense pouvoir être une opposition et des formes de résistances. Refusant d’ailleurs la notion de résistance (lui préférant les notions d’opposition, « discontent » et aussi désir d’un changement fondamental), il discute les limites des formes de freinage et de sabotage (cf. le bouquin coordonné par S. Bouquin, « Résistances au travail ») et prend à rebrousse poil l’ensemble des critiques et résistances contemporaines qui se font entendre dans les luttes de ces dernières décennies autour de l’antilibéralisme, de l’altermondialisation, des marxistes traditionnels, des partis de la gauche socialiste-keynésienne ou de l’extrême-gauche.

    #postone #critique_du_capitalisme #thibnton

  • Les archives du philosophe Michel Foucault classées « trésor national »
    http://www.lemonde.fr/culture/article/2012/04/14/les-archives-du-philosophe-michel-foucault-classees-tresor-national_1685632_

    L’Etat français a décidé de classer « trésor national » les archives du philosophe Michel Foucault et interdit leur exportation, par un avis publié samedi 14 avril au Journal Officiel.

    Saisie par le ministère de la culture, la Commission consultative des Trésors nationaux fait valoir que cette réunion de 37 000 feuillets, manuscrits et textes dactylographiés couvrant quarante années, « est unique pour la compréhension et l’étude de l’oeuvre de Michel Foucault », décédé en 1984. « En conséquence, cet ensemble de biens présente un intérêt majeur pour le patrimoine national du point de vue de l’histoire et de l’art et doit être considéré comme un trésor national ».

    ah bon ? Je ne savais pas que le travail de Foucault était si précieux au regard de l’État français

  • Le Pouvoir pastoral

    "D’origine religieuse, ce type de pouvoir s’est constitué comme une institution destinée au gouvernement quotidien des hommes dans leur vie individuelle, sous prétexte d’assurer leur salut.

    L’État occidental moderne a intégré, sous une forme politique nouvelle, une vieille technique de pouvoir qui était née dans les institutions chrétiennes. Cette technique de pouvoir, appelons-là le pouvoir pastoral. Et, pour commencer, quelques mots sur ce pouvoir pastoral. On a souvent dit que le christianisme avait donné naissance à un code d’éthique fondamentalement différent de celui du monde antique. Mais on insiste en général moins sur le fait que le christianisme a proposé et étendu à tout le monde antique des nouvelles relations de pouvoir.

    Le christianisme est la seule religion à s’être organisée en Église. Et en tant qu’Église le christianisme postule en théorie que certains individus sont aptes, de par leur qualité religieuse, à en servir d’autres, non pas en tant que princes, magistrats, prophètes, devins, bienfaiteurs ou éducateurs, mais en tant que pasteurs. Ce mot, toutefois, désigne une forme de pouvoir bien particulière.

    1 - C’est une forme de pouvoir dont l’objectif final est d’assurer le salut des individus dans l’autre monde.
    2 - Le pouvoir pastoral n’est pas simplement une forme de pouvoir qui ordonne ; il doit aussi être prêt à se sacrifier pour la vie et le salut du troupeau. En cela, il se distingue donc du pouvoir souverain qui exige un sacrifice de la part de ses sujets afin de sauver le trône.
    3 - C’est une forme de pouvoir qui ne se soucie pas seulement de l’ensemble de la communauté, mais de chaque individu particulier, pendant toute sa vie.
    4 - Enfin, cette forme de pouvoir ne peut s’exercer sans connaître ce qui se passe dans la tête des gens, sans explorer leurs âmes, sans les forcer à révéler leurs secrets les plus intimes. Elle implique une connaissance de la conscience et une aptitude à la diriger.

    Cette forme de pouvoir est orientée vers le salut (par opposition au pouvoir politique). Elle est oblative (par opposition au principe de souveraineté) et individualisante (par opposition au pouvoir juridique). Elle est coextensive à la vie et dans son prolongement ; elle est liée à une production de la vérité - la vérité de l’individu lui-même.

    Mais, me direz-vous, tout cela appartient à l’histoire ; la pastorale a, sinon disparu, du moins perdu l’essentiel de ce qui faisait son efficacité. C’est vrai, mais je pense qu’il faut distinguer entre deux aspects du pouvoir pastoral : l’institutionnalisation ecclésiastique, qui a disparu, ou du moins perdu sa vigueur depuis le XVIIIème siècle, et la fonction de cette institutionnalisation, qui s’est étendue et développée en dehors de l’institution ecclésiastique.

    Il s’est produit, vers le XVIIIe siècle, un phénomène important une nouvelle distribution, une nouvelle organisation de ce type de pouvoir individualisant. Je ne crois pas qu’il faille considérer l’« État moderne » comme une entité qui s’est développée au mépris des individus, en ignorant qui ils sont et jusqu’à leur existence, mais au contraire comme une structure très élaborée, dans laquelle les individus peuvent être intégrés à une condition : qu’on assigne à cette individualité une forme nouvelle et qu’on la soumette à un ensemble de mécanismes spécifiques. En un sens, on peut voir en l’État une matrice de l’individualisation ou une nouvelle forme de pouvoir pastoral.

    Je voudrais ajouter quelques mots à propos de ce nouveau pouvoir pastoral.
    1 - On observe, au cours de son évolution, un changement d’objectif. On passe du souci de conduire les gens au salut dans l’autre monde à l’idée qu’il faut l’assurer ici-bas. Et, dans ce contexte, le mot « salut » prend plusieurs sens : il veut dire santé, bien-être (c’est-à- dire niveau de vie correct, ressources suffisantes), sécurité, protection contre les accidents. Un certain nombre d’objectifs « terrestres » viennent remplacer les visées religieuses de la pastorale traditionnelle et ce d’autant plus facilement que cette dernière, pour diverses raisons, s’est toujours accessoirement assigné certains de ces objectifs ; il suffit de penser au rôle de la médecine et à sa fonction sociale qu’ont longtemps assurée les Églises catholique et protestante.

    2 - On a assisté conjointement à un renforcement de l’administration du pouvoir pastoral. Parfois, cette forme de pouvoir a été exercée par l’appareil d’État, ou, du moins, une institution publique comme la police. (N’oublions pas que la police a été inventée au XVIIIe siècle non seulement pour veiller au maintien de l’ordre et de la loi et pour aider les gouvernements à lutter contre leurs ennemis, mais pour assurer l’approvisionnement des villes, protéger l’hygiène et la santé ainsi que tous les critères considérés comme nécessaires au développement de l’artisanat et du commerce.) Parfois, le pouvoir a été exercé par des entreprises privées, des sociétés d’assistance, des bienfaiteurs et, d’une manière générale, des philanthropes. D’autre part, les vieilles institutions, comme par exemple la famille, ont été elles aussi mobilisées pour remplir des fonctions pastorales. Enfin, le pouvoir a été exercé par des structures complexes comme la médecine, qui englobait à la fois les initiatives privées (la vente de services sur la base de l’économie de marché) et certaines institutions publiques comme les hôpitaux.

    3 - Enfin, la multiplication des objectifs et des agents du pouvoir pastoral a permis de centrer le développement du savoir sur l’homme autour de deux pôles : l’un, globalisant et quantitatif, concernait la population ; l’autre, analytique, concernait l’individu.

    L’une des conséquences, c’est que le pouvoir pastoral, qui avait été lié pendant des siècles - en fait pendant plus d’un millénaire - à une institution religieuse bien particulière, s’est tout à coup étendu à l’ensemble du corps social ; il a trouvé appui sur une foule d’institutions. Et, au lieu d’avoir un pouvoir pastoral et un pouvoir politique plus ou moins liés l’un à l’autre, plus ou moins rivaux, on a vu se développer une « tactique » individualisante, caractéristique de toute une série de pouvoirs multiples : celui de la famille, de la médecine, de la psychiatrie, de l’éducation, des employeurs, etc." (Michel Foucault)

    #Foucault
    #Pouvoir_pastoral
    #Christianisme

  • Affaire Mohamed Merah : de l’importance de la lecture de Michel Foucault

    "L’utilisation politique des délinquants - sous la forme de mouchards, d’indicateurs, de provocateurs - était un fait acquis bien avant le XIXe siècle . Mais après la Révolution, cette pratique a acquis de tout autres dimensions : le noyautage des partis politiques et des associations ouvrières, le recrutement d’hommes de main contre les grévistes et les émeutiers, l’organisation d’une sous-police - travaillant en relation directe avec la police légale et susceptible à la limite de devenir une sorte d’armée parallèle -, tout un fonctionnement extra-légal du pouvoir a été pour une part assuré par la masse de manoeuvre constituée par les délinquants : police clandestine et armée de réserve du pouvoir. Il semble qu’en France, ce soit autour de la Révolution de 1848 et de la prise de pouvoir de Louis-Napoléon que ces pratiques aient atteint leur plein épanouissement . On peut dire que la délinquance, solidifiée par un système pénal centré sur la prison, représente un détournement d’illégalisme pour les circuits de profit et de pouvoir illicites de la classe dominante. L’organisation d’un illégalisme isolé et refermé sur la délinquance n’aurait pas été possible sans le développement des contrôles policiers. Surveillance générale de la population, vigilance « muette, mystérieuse, inaperçue... c’est l’oeil du gouvernement incessamment ouvert et veillant indistinctement sur tous les citoyens, sans pour cela les soumettre à aucune mesure de coercition quelconque... Elle n’a pas besoin d’être écrite dans la loi . » Surveillance particulière et prévue par le Code de 1810 des criminels libérés et de tous ceux qui, déjà passés par la justice pour des faits graves, sont légalement présumés devoir attenter de nouveau au repos de la société. Mais surveillance aussi de milieux et de groupes considérés comme dangereux par des mouchards ou des indicateurs dont presque tous sont d’anciens délinquants, contrôlés à ce titre par la police : la délinquance, objet parmi d’autres de la surveillance policière, en est un des instruments privilégiés. Toutes ces surveillances supposent l’organisation d’une hiérarchie en partie officielle, en partie secrète (c’était essentiellement dans la police parisienne le « service de sûreté » qui comprenait outre les « agents ostensibles » — inspecteurs et brigadiers — les « agents secrets » et des indicateurs qui sont mus par la crainte du châtiment ou l’appât d’une récompense ). Ils supposent aussi l’aménagement d’un système documentaire dont le repérage et l’identification des criminels constituent le centre : signalement obligatoire joint aux ordonnances de prise de corps et aux arrêts des cours d’assises, signalement porté sur les registres d’écrou des prisons, copie de registres de cours d’assises et de tribunaux correctionnels adressée tous les trois mois aux ministères de la Justice et de la Police générale, organisation un peu plus tard au ministère de l’Intérieur d’un « sommier » avec répertoire alphabétique qui récapitule ces registres, utilisation vers 1833 selon la méthode des « naturalistes, des bibliothécaires, des négociants, des gens d’affaires » d’un système de fiches ou bulletins individuels, qui permet d’intégrer facilement des données nouvelles, et en même temps, avec le nom de l’individu recherché, tous les renseignements qui pourraient s’y appliquer. La délinquance, avec les agents occultes qu’elle procure mais aussi avec le quadrillage généralisé qu’elle autorise, constitue un moyen de surveillance perpétuelle sur la population : un appareil qui permet de contrôler, à travers les délinquants eux-mêmes, tout le champ social. La délinquance fonctionne comme un observatoire politique. Les statisticiens et les sociologues en ont fait usage à leur tour, bien après les policiers. Mais cette surveillance n’a pu fonctionner que couplée avec la prison. Parce que celle-ci facilite un contrôle des individus quand ils sont libérés, parce qu’elle permet le recrutement d’indicateurs, et qu’elle multiplie les dénonciations mutuelles, parce qu’elle met des infracteurs en contact les uns avec les autres, elle précipite l’organisation d’un milieu délinquant clos sur lui-même, mais qu’il est facile de contrôler : et tous les effets de désinsertion qu’elle entraîne (chômage, interdictions de séjour, résidences forcées, mises à la disposition) ouvrent largement la possibilité d’imposer aux anciens détenus les tâches qu’on leur assigne. Prison et police forment un dispositif jumelé ; à elles deux elles assurent dans tout le champ des illégalismes la différenciation, l’isolement et l’utilisation d’une délinquance. Dans les illégalismes, le système police-prison découpe une délinquance maniable. Celle-ci, avec sa spécificité, est un effet du système ; mais elle en devient aussi un rouage et un instrument. De sorte qu’il faudrait parler d’un ensemble dont les trois termes (police-prison-délinquance) prennent appui les uns sur les autres et forment un circuit qui n’est jamais interrompu. La surveillance policière fournit à la prison les infracteurs que celle-ci transforme en délinquants, cibles et auxiliaires des contrôles policiers qui renvoient régulièrement certains d’entre eux à la prison. Il n’y a pas une justice pénale destinée à poursuivre toutes les pratiques illégales et qui, pour ce faire, utiliserait la police comme auxiliaire, et comme instrument punitif la prison, quitte à laisser dans le sillage de son action le résidu inassimilable de la « délinquance ». Il faut voir dans cette justice un instrument pour le contrôle différentiel des illégalismes. Par rapport à lui, la justice criminelle joue le rôle de caution légale et de principe de transmission. Elle est un relais dans une économie générale des illégalismes, dont les autres pièces sont (non pas au-dessous d’elle, mais à côté d’elle) la police, la prison et la délinquance. Le débordement de la justice par la police, la force d’inertie que l’institution carcérale oppose à la justice, cela n’est pas chose nouvelle, ni l’effet d’une sclérose ou d’un progressif déplacement du pouvoir ; c’est un trait de structure qui marque les mécanismes punitifs dans les sociétés modernes. Les magistrats ont beau dire ; la justice pénale avec tout son appareil de spectacle est faite pour répondre à la demande quotidienne d’un appareil de contrôle à demi plongé dans l’ombre qui vise à engrener l’une sur l’autre police et délinquance. Les juges en sont les employés à peine rétifs. Ils aident dans la mesure de leurs moyens à la constitution de la délinquance, c’est-à-dire à la différenciation des illégalismes, au contrôle, à la colonisation et à l’utilisation de certains d’entre eux par l’illégalisme de la classe dominante." ( Michel Foucault , Surveiller et punir )

  • The Danger of Child Sexuality - an interview with Michel Foucault
    http://www.ipce.info/ipceweb/Library/danger.htm

    alias La loi de la pudeur

    Ce texte a des implications qui vont loin au delà des questions évoquées dans son titre. Il est d’une grande actualité car il discute l’avènement de la société sécuritaire et ses définitions. Malheureusement sur le web on ne trouve l’intégralité du texte qu’en anglais.

    Cette phrase de Michel Foucault risque d’intéresser Julian Assange :

    Listen to what the child says and give it a certain credence. This notion of consent is a trap, in any case. What is sure is that the legal form of an intersexual consent is nonsense. No one signs a contract before making love.

    Dans le même contexte il est intéressant de voir à quel point en 1977 l’idée de la liberté sexuelle était présente dans toutes le couches de la sociétie et dans la majorité des courants politiques :
    Pétitions françaises contre la majorité sexuelle http://fr.wikipedia.org/wiki/P%C3%A9titions_fran%C3%A7aises_contre_la_majorit%C3%A9_sexuelle

    Voire aussi
    http://fr.wikipedia.org/wiki/La_loi_de_la_pudeur
    http://en.wikipedia.org/wiki/Sexual_Morality_and_the_Law

  • Des nouveaux philosophes

    « De l’autre côté de la scène, de jeunes « entrants » dans le champ intellectuel de l’époque, les « nouveaux philosophes », font de l’« antitotalitarisme » leur fonds de commerce. L’année 1977 est celle de leur consécration médiatique. André Glucksmann et Bernard-Henri Lévy publient respectivement cette année-là Les Maîtres penseurs et La Barbarie à visage humain . La thèse des « nouveaux philosophes » est que tout projet de transformation de la société conduit au « totalitarisme », c’est-à-dire à des régimes fondés sur le massacre de masse, où l’État s’assujettit l’intégralité du corps social. L’imputation de « totalitarisme » est adressée non seulement à l’URSS et aux pays du « socialisme réel », mais à l’ensemble du mouvement ouvrier. L’entreprise « révisionniste » de François Furet en matière d’historiographie de la Révolution française, puis ses analyses relatives à la « passion communiste » au XXe siècle, s’appuient sur une idée analogue. Au cours des années 1970, certains « nouveaux philosophes » – dont beaucoup sont issus de la même organisation maoïste, la Gauche prolétarienne – conservent une certaine radicalité politique. Dans Les Maîtres penseurs, A. Glucksmann oppose la plebs à l’État (totalitaire) avec des accents libertaires que ne renieraient pas les adeptes actuels de la « multitude », et qui expliquent en partie le soutien qu’il reçut à l’époque de Michel Foucault. Le temps passant, ces penseurs se sont toutefois progressivement acheminés vers la défense des « droits de l’homme », de l’ingérence humanitaire, du libéralisme et de l’économie de marché. Au cœur de la « nouvelle philosophie », figure un argument relatif à la théorie. Cet argument a ceci d’intéressant qu’il provient de la vieille pensée conservatrice européenne, et particulièrement d’Edmund Burke. André Glucksmann le résume en une formule : « Théoriser, c’est terroriser ». Burke attribuait les conséquences catastrophiques de la Révolution française (la Terreur) à l’« esprit spéculatif » de philosophes trop peu attentifs à la complexité du réel, et à l’imperfection de la nature humaine. Selon Burke, les révolutions sont le produit d’intellectuels toujours prêts à accorder davantage d’importance aux idées qu’aux faits qui ont passé le « test du temps ». Dans une veine similaire, A. Glucksmann et ses compagnons soumettent à critique la tendance qui, dans l’histoire de la pensée occidentale, prétend saisir la réalité dans sa « totalité », et entreprend sur cette base de la modifier. Une tendance qui remonte à Platon, et qui, via Leibniz et Hegel, débouche sur Marx et le marxisme. L’assimilation de la « théorisation » à la « terreur » repose sur le syllogisme suivant : comprendre le réel dans sa totalité revient à vouloir se l’assujettir ; or, cette ambition conduit inéluctablement au goulag. On conçoit, dans ces conditions, que les théories critiques aient déserté leur continent d’origine à la recherche de contrées plus favorables. Le succès des « nouveaux philosophes » a valeur de symptôme. Il en dit long sur les transformations subies par le champ politique et intellectuel de l’époque. Ces années sont celles du renoncement à la radicalité de 1968, de la « fin des idéologies », et de la substitution des « experts » aux intellectuels. La création en 1982 de la Fondation Saint-Simon – qui fit se rencontrer, selon l’expression de Pierre Nora, « des gens qui ont des idées avec des gens qui ont des moyens » –, par Alain Minc, François Furet, Pierre Rosanvallon et quelques autres, symbolise l’émergence d’une connaissance du monde social supposée exempte d’idéologie.[...] L’atmosphère des années 1980 est à mettre en rapport avec les bouleversements « infrastructurels » qui affectent les sociétés industrielles depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. L’un des principaux est l’importance prise par les médias dans la vie intellectuelle. Les « nouveaux philosophes » furent le premier courant philosophique télévisé. Sartre et Foucault apparaissent certes eux aussi à cette époque dans des entretiens filmés, mais ils auraient existé, ainsi que leurs œuvres, en l’absence de télévision. Il en va autrement de Bernard-Henri Lévy et d’André Glucksmann. À bien des égards, les « nouveaux philosophes » sont des produits médiatiques, leurs ouvrages – en plus de signes reconnaissables : chemise blanche, mèche rebelle, posture « dissidente » – étant conçus en tenant compte des contraintes de la télévisionnote. L’intrusion des médias dans le champ intellectuel bouleverse les conditions d’élaboration des théories critiques. Elle constitue un élément supplémentaire expliquant le climat hostile qui s’instaure en France à partir de la fin des années 1970. Ainsi, l’un des pays où les théories critiques avaient le plus prospéré au cours de la période précédente, avec les contributions d’Althusser, Lefebvre, Foucault, Deleuze, Bourdieu, Barthes et Lyotard notamment, a vu sa tradition intellectuelle dépérir. Certains de ces auteurs ont continué à produire des œuvres importantes au cours des années 1980. Mille Plateaux de Deleuze et Guattari paraît en 1980, Le Différend de Lyotard en 1983, et L’Usage des plaisirs de Foucault en 1984. Mais la pensée critique française a alors perdu la capacité d’innovation qui avait été la sienne antérieurement. S’instaura alors une glaciation théorique, dont à certains égards nous ne sommes pas encore sortis. » (Razmig Keucheyan, Hémisphère gauche. Une cartographie des nouvelles pensées critiques )

    #Nouveaux_philosophes

  • " Comparer les œuvres à peu près contemporaines de Michel Foucault et de #Frantz_Fanon est un rappel instructif d’une déplorable situation. Tous deux partagent la problématique incontournable de l’immobilisation, de l’enfermement, au centre du système occidental de savoir et de discipline. Mais, si le projet même de l’œuvre de Fanon consiste à étudier ensemble les sociétés coloniales et métropolitaines en tant qu’entités discordantes mais liées, celui de Foucault s’éloigne de plus en plus de toute prise en compte sérieuse des tonalités sociales pour se concentrer sur l’individu, qu’il voit dissous par les progrès inéluctables d’une « microphysique » du pouvoir à laquelle il serait vain de résister. Fanon représente les intérêts d’une double base, indigène et occidentale, qui passe de l’enfermement à la libération. En ignorant le contexte impérial de ses théories, #Foucault paraît en fait représenter un irrésistible mouvement de colonisation qui, paradoxalement, renforce simultanément le prestige du chercheur solitaire et du système qui l’englobe. Tant Fanon que Foucault ont dans leur héritage Hegel, Marx, Freud, Nietzsche, Canguilhem, mais seul Fanon met ce formidable arsenal au service d’un combat anti-autoritaire." (#Edward_Said, Culture et impérialisme)