person:michel guillou

  • Éduquer aux médias, certes, mais aux seuls médias validés par l’institution | Culture numérique
    http://www.culture-numerique.fr/?p=4804

    L’ouverture n’est prévue qu’au printemps pour des débuts officiels à la rentrée 2016 mais, déjà, la presse ne bruisse que de ça ! La dernière chance pour faire lire la presse aux adolescents, s’interrogent les journalistes ? Notre ministre de l’Éducation nationale s’enflamme :

    « Aujourd’hui, les élèves s’informent beaucoup via internet, mais souvent sans prêter attention à la source des informations qu’ils y trouvent. J’ai donc souhaité leur donner accès, par le biais du numérique, à des titres de presse qu’ils n’ont pas l’habitude de lire pour qu’ils en perçoivent la qualité et la diversité. »

    Et d’ajouter, dans le même mouvement :

    « [Ce kiosque] va ainsi contribuer à apprendre aux élèves à distinguer, d’une part, ce qui relève de contenus écrits par des journalistes professionnels et, d’autre part, ce qui relève moins de l’information que de l’opinion, parfois outrancière voire mensongère, qui est relayée sur les réseaux sociaux. »

    Je vous avoue que les bras m’en tombent. Ces deux phrases véhiculent des clichés convenus qui témoignent d’une profonde méconnaissance des pratiques médiatiques des jeunes et de la manière dont ils accèdent à l’information et la partagent. Caractériser et généraliser ainsi ces pratiques n’est pas très sérieux et il n’y a pas un mot ci-dessus qui ne puisse être contredit par les faits ou pour le moins questionné. Ces prolégomènes sont, comment dire ? complètement déconnectés de la réalité. On les dirait soufflés par les responsables de la presse écrite d’information générale partenaires du projet, dont le puissant syndicat de la presse quotidienne nationale.
    Le tampon institutionnel sur une presse qualifiée

    Par ailleurs, on se demande quelle mouche a piqué la ministre et ses conseillers. Je passe sur cette insupportable mode des portails web — à quand un portail de portails ? — qui accentuent la centralisation du web et de l’Internet. C’est inutile, il y a bien longtemps que les jeunes, les élèves, ont appris à se servir d’un moteur de recherche, même si la méthode leur fait parfois défaut, et ils n’ont nul besoin d’être ainsi pris par la main. Mais comment oser, au moment où l’on travaille en classe et dans les centres de documentation et d’information sur les tous les médias, oui, tous, comment oser restreindre l’échantillon, je cite, à « une quinzaine de titres de la presse écrite quotidienne nationale et étrangère, sélectionnés par le ministère » ou, comme dit par ailleurs, à « une presse qualifiée ».

    Qui sélectionne, qui valide, qui tamponne ? Qui ose faire ça ? Qui décide que Les Échos est une presse autorisée et qualifiée et que 20 Minutes ne l’est pas, non plus que les autres quotidiens gratuits, par exemple ? Qui a décidé qu’il n’était que de bonne information générale que sur le papier et que les journaux en ligne étaient exclus du panel ? Qui a décidé du choix des deux seuls journaux étrangers ? J’ai posé la question mais n’ai toujours pas reçu la réponse :

    Bonjour @lirelactu_fr Je repose ma question : que signifie la phrase « une presse qualifiée » ? #spme2016

    — Michel Guillou (@michelguillou) March 23, 2016

    Même s’il est question d’ouvrir plus tard ce portail à la presse quotidienne régionale et aux hebdomadaires d’information générale, qui pouvait s’attendre à ça ? Qui pouvait croire que ne soit ainsi présentée aux collégiens et aux lycéens, dans un pays démocratique, qu’une presse sélectionnée, qualifiée, validée, tamponnée par l’institution ?

    Il convient, a contrario, de travailler à la lecture et la compréhension critique et distanciée de l’information à laquelle accèdent vraiment les élèves, sur Facebook, Snapchat, Youtube ou ailleurs sur le web ou ses réseaux sociaux. De la même manière qu’il est vain de vouloir travailler à éduquer aux médias et à l’information en censurant massivement cette dernière (4) comme cela se pratique malheureusement sur les réseaux des établissements solaires, une information à laquelle accèdent pourtant les jeunes partout ailleurs qu’à l’école, il est tout aussi vain de vouloir « décrypter » ou déchiffrer quoi que ce soit dans le seul périmètre d’un échantillon restreint à une presse supposément qualifiée.

    #presse #éducation #propagande #la_liberté_c'est_l'esclavage #école

  • Profits gras et manger maigre , l’éditorial de Michel Guilloux | Humanite
    http://www.humanite.fr/social-eco/profits-gras-et-manger-maigre-561227
    http://www.humanite.fr/sites/default/files/imagecache/une_article_horizontal/hihi.jpg

    Pour eux, ça va, tout va, même. L’austérité, c’est bon pour les autres. Et grâce à elle, ça ira encore mieux pour eux. «  Eux ?  » Les actionnaires anonymes des groupes du CAC 40. Il paraît que certains finissent par y croire, mais la plupart n’en peuvent plus de rire à entendre répétées les formules «  compétitivité  », «  coût du travail  », «  performance  », sans oublier le mantra «  fin-de-l’État-providence  ».

    Plus l’espace public est saturé de discours de régression – grassement rémunérés ou purement bénévoles parfois –, plus le fatalisme gagne ainsi les consciences, et plus eux prospèrent. Un seul salarié de Sanofi leur rapporte ainsi 32 490 euros de bonus financier. Les seize premiers de la classe du CAC 40 ont distribué 19 milliards d’euros sur les 28 milliards dégagés en bénéfices, l’an passé. Et comme si cela ne suffisait pas, 
ils réclament, et obtiennent des aides publiques accordées sans aucun contrôle, ni aucune contrepartie, dont les montants grèvent le budget public mais ressemblent à de l’argent de poche. Rien n’a guère changé depuis Balzac, hormis la griffe du couturier ou le régime alimentaire : ces rapaces restent pingres dans l’âme et réciproquement.

    Il y a là le gratin dont l’inventaire vaut narration de société. Des qui ont joué hier à la crise mondiale et qui, aujourd’hui, réclament l’étranglement des peuples, Grèce en tête. Des qui le valent bien et peuvent passer sans encombre des pages saumon à celles des faits-divers. Des qui prospèrent sur le jeu avec la santé. Des qui se rêvent mini-États. D’autres s’accommodent d’avoir été nourris par l’État et de le voir encore rester à table tant qu’il ne se montre pas trop regardant, hors les effets de galerie. Penser à remercier monsieur Montebourg, à l’occasion, pour ses numéros, impayables justement.

    En un mot, voilà un système, le capitalisme, dans son essence la plus pure, détourner le travail jusqu’à le détruire pour assurer l’appétit sans bornes des accapareurs du XXIe siècle. Quand la droite, sous son modèle Sarkozy ou sa copie Copé, incarne ce système-là qui emmène hommes, société et planète dans le mur, nous sommes dans l’ordre des choses. Quand l’austérité la plus implacable, la soumission la plus veule aux discours des apparatchiks de la Commission européenne, du FMI et des agences de notation réunis, gardiens-répétiteurs de la doxa élus par personne, est à son tour prônée par ceux-là mêmes qui l’ont vouée aux gémonies, en français pour se faire élire – avant de traduire en anglais la fine blague –, 
les hommes et les femmes, les jeunes et les vieux qui rêvent juste d’une vie décente, d’un avenir qui ne soit pas barré, de solidarité, ont de quoi être sonnés depuis plusieurs mois.

    Certains, parmi ceux qui forment la caste dirigeante, ont déjà tiré un trait sur le mot, trop encombrant au fond, trop grand pour eux, trop beau, et sur ce qu’il revêt : peuple. Seuls comptent carrière et horizon quinquennal. Rendez-vous, dimanche, dans les urnes. Et dans la rue, ce matin, à l’appel des organisations syndicales qui refusent non pas la fatalité, mais tout bonnement le garrot économique, social et démocratique qu’est l’austérité. Demandez aux Grecs, massacrés pour l’exemple. Les urnes, la rue… petits ruisseaux et grandes rivières… L’avenir est à réinventer, toujours.

    #CAC40
    #profits
    #austérité
    #crise
    formules #compétitivité  # coût du travail  #performance, sans oublier le mantra #fin-de-l’État-providence
    #capitalisme
    #patrons-assistés

  • Profs débutants : 10 bonnes raisons d’échapper au numérique (Michel Guillou)
    http://gingko.neottia.net/post/60527894660/profs-debutants-10-bonnes-raisons-dechapper-au

    Première bonne raison : vous n’avez pas été formé. […]
    Deuxième bonne raison : personne ne vérifiera vos compétences dans ce domaine. […]
    Troisième bonne raison : vous n’avez, justement, pas de matériel, ni de ressources. […]
    Quatrième bonne raison : il n’y a pas d’Internet ! […]
    Cinquième bonne saison : l’ENT, c’est source de problèmes ! […]
    Sixième bonne raison : travailler avec le numérique, c’est mettre à mal l’organisation de la classe. […]
    Septième bonne raison : le numérique, ce n’est pas bon pour la santé
    Huitième bonne raison : vous venez d’écouter Alain Finkielkraut sur France-Culture. […]
    Neuvième bonne raison : c’est la posture du maître qui est mise à mal avec le numérique. […]
    Dixième bonne raison : vous n’avez pas envie, c’est votre liberté pédagogique, vous faites ce que vous voulez. […]

    #éducation #pédagogie #TICE