person:michel raymond

    • 32:20 vite relevé
      Marie Darrieussecq : vous en arrivez à écrire des généralités qui me heurtent, comme « beaucoup plus que les femmes, les hommes aiment baiser pour baiser et ce depuis la nuit des temps »
      Nancy Huston : « La règle c’est que … physiologiquement (chez les femmes) il n’y a pas quelque chose qui s’accumule … les hommes se masturbent, les femmes ont leurs règles… »
      Merde, Nancy Huston là je te suis plus.

    • Il est très à la mode de taper sur Nancy Huston dans de nombreux milieux féministes parce qu’elle a le malheur de nuancer la théorie du genre et de ne pas occulter l’héritage biologique dans sa vision féministe.

      Dommage que les réactions hâtives empêchent d’écouter le fond de son propos. Pour ma part je l’ai parfaitement suivie dans ses « égarements », sa façon d’appréhender les choses est très proche de la mienne..

    • Nancy Huston était plutôt assez appréciée dans les « milieux féministes » avant de sortir ces âneries, @petit_ecran_de_fumee n’en fais pas une victime punie d’avoir osé toucher à un hypothétique autel du Genre ! Ce qu’elle écrivait ne permettait tout simplement pas de comprendre les mythes qu’elle défend maintenant, franchement lis l’article du monde pour voir qu’on en rigole pour ne pas pleurer.
      A la lire et l’entendre, je suis navrée de ce qu’elle énonce et non seulement je ne m’y reconnais plus mais son blougiboulgasexobiologique du XIXem siècle mêlées aux luttes féministes est exaspérant dans la confusion qu’il entretient.
      Je ne l’avais jamais encore perçu sous ce regard de repentance.

    • Justement, c’est parce que j’ai lu ce qu’elle énonce à différentes occasions, déjà relayées sur seenthis, que je la suis dans son approche philosophique
      (et que je refuse les pseudo-débats scientifiques sur la question.. je suis physicien de formation, j’aime la science, mais franchement que ce soit dans un sens ou dans l’autre, vouloir apporter des preuves scientifiques, qui des neuro-sciences, qui de la tribu isolée au fin fond de l’amazonie, pour valider sa théorie, c’est à la portée de tout le monde et ça ne sert à rien..)

      Selon moi on ne peut user de preuves scientifiques comme arguments dans un débat philosophique, en revanche on modélise la réalité avec des modèles plus ou moins valables selon l’état des connaissances, notre rigueur/honnêteté intellectuelle et nos valeurs morales.
      Tout au plus je peux reprocher à Nancy Huston de parler de règles et d’exceptions quand il faudrait à mon sens parler de schémas/comportements/habitus majoritaires et d’autres minoritaires, au sens statistique.

      Il y a une différence entre l’usage de la biologie au XIXè siècle, fait des mecs pour théoriser/rationnaliser et donc justifier la réalité de la domination masculine, avec la lecture que fait Nancy Huston pour demander de ne pas occulter ce que nous dit l’observation de la nature, même si ce n’est pas politiquement correct, ne serait-ce que pour mieux la dompter.
      Je ne m’associe donc pas à ceux qui veulent lui faire un procès en #confusionnisme, je pense que c’est une personne sincère et honnête (normal me direz-vous vu que je vois les choses comme elles :-)
      Ma philosophie en gros c’est ça :
      http://seenthis.net/messages/141746

    • Ça ne veut rien dire « ce que nous dit l’observation de la nature », ou plutôt à l’inverse ça peut vouloir dire tout et n’importe quoi. Observer un comportement récurent (y compris récurent depuis des centaines d’années) ne signifie en aucun cas qu’il est « naturel ». Si pendant des centaines d’années on dit à des générations de femmes (ou d’hommes) « vous êtes comme ceci, vous êtes comme cela », il n’y a pas de surprise à ce que la majorité d’entre elles, une fois adultes, deviennent et soient « comme ceci » ou « comme cela ».

      Quant à la comparaison avec d’autres cultures, fussent-elles rares, bien sûr que si ça a un sens : cela prouve que des humains avec 100% du même ADN que nous (ce ne sont pas des espèces différentes !), ont des comportements sociaux différents. Donc qu’il n’y a rien de « naturel » dans ces comportements.

      Enfin, pour ce qui est de l’état des connaissances (et donc de la science), ça ne donne évidemment pas l’ensemble des réponses aux questions philosophiques, mais encore heureux que ça les guide ! Je te rappelle qu’il fut une époque où savoir si les noirs étaient vraiment humains était une question « philosophique ». Lorsque la science a montré qu’on avait absolument tout pareil, et plus tard encore, qu’on avait 100% le même ADN, le soi-disant débat philosophique n’existait plus : on est pareil, point : reste le combat culturel (qui n’est évidemment pas à négliger, mais c’est autre chose). Donc si si si, la neurologie, la découverte de l’impressionnante plasticité cérébrale, joue forcément sur notre savoir de ce qui est biologique ou culturel.

    • Sa position intellectuelle est seulement intenable.
      Et bien heureusement tu ne la suis pas sur son plan pseudo-scientifique. Dire qu’il y aurait des habitus majoritaires dans la sexualité depuis la nuit des temps c’est s’exposer aux moqueries. Appuyer son discours sur la femme enfante et l’homme chasse va juste mener à renoncer aux quelques avancées féministes sous prétexte de sciences en renforçant (justification voulue ou non et pas politiquement correct parce que justifiant) la domination masculine qui s’est toujours reporté sur ces lois biologiques. Cette règle de domination est énoncée dès l’enfance et rappelée en litanie à toute femme tout au long de sa vie, voire également aux hommes, elle préside malheureusement à l’organisation sociale. Mais ça ne suffit pas, il faut aussi subir les retournements de Nancy Huston, #ex-féministe, qui voit dans les concepts de Genre un danger « d’éliminer la maternité » menant à une « contradiction inextricable ».
      Une fois cela dit, elle reprend sans sourciller un discours féministe pour énoncer qu’il est bien que les hommes s’occupent des enfants. Franchement intenable.

      Sinon, je trouve assez bon l’article que tu cites.
      http://www.lemonde.fr/societe/article/2013/05/25/masculin-feminin-cinq-idees-recues-sur-les-etudes-de-genre_3174157_3224.html

  • Réponse de Stuart Hall à l’article de Nancy Huston et Michel Raymond à propos de la "#Race".. .

    « La science possède une fonction culturelle dans nos sociétés. Ce qui m’intéresse, ce dont je veux parler ici, c’est la fonction culturelle de la science, et je soutiens que cette fonction, dans les langages et les discours du racisme, a eu pour objet de garantir une différence absolue, une certitude que les autres systèmes de connaissance n’avaient jusque-là pas pu fournir. Et c’est pour cette raison que la trace scientifique est restée un instrument remarquablement puissant dans la pensée humaine, non seulement dans l’Université, mais partout dans les discours du sens commun, dans les discours des personnes ordinaires. Pendant des siècles, la lutte consista à établir une distinction binaire entre deux sortes de personnes. Mais avec la pensée des Lumières qui affirme que tous les humains appartiennent à une seule et même espèce, il a fallu commencer à trouver un moyen de marquer la différence à l’intérieur d’une espèce. Il n’y a plus deux espèces, mais une seule dont il s’agit de savoir comment, pourquoi, telle partie est différente - plus barbare, plus arriérée, ou plus civilisée que les autres. On invente ainsi une autre manière de marquer la différence au sein même du système. Souvenez-vous seulement de ce qu’écrit Edmund Burke à Robertson en 1877 « Nous n’avons plus besoin de l’histoire pour retracer les différentes époques et les différents stades de la connaissance de la nature humaine. Pourquoi ? Parce qu’aujourd’hui, la grande carte de l’humanité est tout entière sous nos yeux, car il n’existe aucune barbarie ou aucun raffinement que nous ne puissions embrasser au même instant et d’un seul regard. C’est là le coup d’œil panoptique des Lumières -la totalité de ce qui est humain est maintenant sous l’œil de la science. Et, sous ce regard, il devient possible de marquer les différences qui comptent réellement. Et quelles sont-elles ? « Les courtoisies si différentes de la Chine et de l’Europe, la barbarie des Tartares et de l’Arabie, et l’état primitif de l’Amérique du Nord et de la Nouvelle-Zélande. »

    Ce que je cherche à dire ici, c’est que ce n’est pas la science en tant que telle, mais tout ce qui se trouve pris dans le discours de la Culture qui fonde la vérité à propos de la diversité humaine. C’est la science en tant que discours culturel qui prétend déchiffrer le secret des relations qu’entretiennent la nature et la Culture, qui dénoue et explique ce fait troublant de la différence humaine, de cette différence qui compte tellement. Ce qui importe ici, ce n’est pas que ces discours soient ou non porteur de la vérité scientifique à propos de la différence, mais bien qu’ils aient pour fonction de fonder le discours de la différence raciste. Ces discours fixent et sécurisent ce qui autrement ne saurait l’être. Ils justifient et garantissent la vérité de ces différences qu’ils ont eux-mêmes construites discursivement.

    L’idée, ici, c’est que la Culture est conçue comme découlant de la nature, la culture s’appuyant sur la nature pour se justifier elle-même, à tel point que chacune fonctionne comme la métaphore exacte de l’autre. Nature et culture opèrent de manière métonymique. Et le discours de la race en tant que signifiant a pour fonction de faire correspondre ces deux systèmes entre eux - la nature et la culture - afin que l’on puisse toujours lire l’un à partir de l’autre. Si bien qu’une fois que vous connaissez la place d’une personne dans la classification des races humaines naturelles, vous pouvez légitimement en inférer ce qu’elle pense, ce qu’elle ressent, ce qu’elle produit ou encore la qualité esthétique de ses productions. La fonction première de la race en tant que signifiant est de constituer un système d’équivalence entre la nature et la culture. À mes yeux, le recours à la trace biologique, en tant que système discursif, ne cessera pas tant que des systèmes raciaux seront là pour faire appel à sa fonction naturalisante et essentialisante, fonction qui consiste à arracher la différence raciale à l’histoire et à la culture pour la mettre en un lieu où elle n’est plus susceptible de changer.

    Toutefois, ce n’est pas selon moi la seule raison pour laquelle le raisonnement biologique. Aussi erroné soit-il, continue à hanter tous les débats sur la race. Souvenez-vous, Du Bois commençait précisément par ces grossières différences physiques de couleur de peau, de cheveux et d’os. Ce sont ces différences-là qui, en définitive, fondent les langages de la race que nous parlons tous les jours. Ces faits physiques, grossiers et têtus. Toutefois, ces différences physiques grossières ne se fondent pas sur des différences génétiques, mais sur ce qui est nettement visible à l’œil. Elles sont ce qui fait de la race une chose perceptible pour l’œil non scientifique ou peu instruit. Ce qui fait de la race quelque chose dont nous continuons à parler. En un sens, ces différences sont incontestables. Ce sont des faits physiques et biologiques bruts qui relèvent de ce qui apparaît dans le champ de vision humain. Ce champ dans lequel voir, c’est croire. »

    [ Stuart Hall , La race comme signifiant flottant ]

    #Stuart_Hall

  • « Sexes et races, deux réalités » : une réponse à Nancy Huston et Michel Raymond
    http://cafaitgenre.org/2013/05/20/sexes-et-races-deux-realites-une-reponse-a-nancy-huston-et-michel-raymo

    La romancière Nancy Huston et Michel Raymond, « spécialiste de biologie évolutionniste », ont publié le 17 mai dans Le Monde une tribune intitulée « Sexes et races, deux réalités ». La première a publié récemment un ouvrage qui se veut une charge contre la fameuse « théorie du genre » : Reflets dans un oeil d’homme (Actes Sud, 2012). Son cheval de bataille : la reconnaissance du déterminisme biologique façonnant notamment les comportements sexuels des hommes et des femmes, qui serait nié par le genre, (...)

  • « Sexes et races, deux réalités » 2 réalités socialement construites.
    http://www.crepegeorgette.com/2013/05/19/sexes-et-races-deux-realites-2-realites-socialement-construites

    Dire que seules les femmes ont un utérus ou que les hommes ont davantage de testostérone n’est pas et n’a jamais été un propos idéologiquement neutre. Comme je l’ai expliqué ultérieurement, la façon de définir une femme s’est fondée sur des critères arbitraires visibles (et certainement pas sur la présence ou non d’un utérus à moins que vous vous baladiez avec un spéculum). Vous ne définissez pas une personne comme femme, dans la rue, parce qu’elle a un utérus que vous avez (désolée) très peu de chances de voir.
    Je prétends qu’il n’est pas neutre pour les auteurs de présenter les femmes comme « porteuses d’un utérus » et les hommes comme « plein de testostérone » à l’heure où l’on nous présente en permanence les hommes comme agressifs par nature et les femmes toutes contenues dans leur fonction maternelle.

    • Rien à faire.
      Je ne peux qu’être d’accord avec Nancy Huston et Michel Raymond.
      Je n’arrive pas à comprendre la levée de boucliers qu’il suscite.
      Je n’arrive pas à comprendre pourquoi il faudrait absolument opposer théorie du genre et évolutionnisme.
      Pourquoi ce besoin de fonctionner de façon binaire.
      Soit tout noir, soit tout blanc.
      Comme si appeler un chat un chat allait nous conduire à la catastrophe. Pour moi on peut parler de race si ça correspond à une définition factuelle, comme on peut parler de genre et de sexe, de nos origines et de nos héritages biologiques. Oui au premier abord ça semble plus rendre service aux racistes, machos et tous les réacs de la terre, mais éviter les tabous servira à terme à tous les humanistes qui veulent parler d’égalité et de respect des individus. On s’en fout que les noirs sautent plus haut ou courent plus vite, qu’est-ce que ça a à voir avec nos valeurs morales, la politique et l’égalité des droits ?
      Arrêtons la parano et les faux-débats, oui on est tous des animaux, oui on a des instincts primitifs, ben justement débarrassons-en nous, au lieu rester sur nos postures outrées et de chipoter en instrumentant la science pour camper sur nos positions

      La conclusion de Crêpe Georgette résume en tous cas bien le malaise... Comment peut-on débattre de façon constructive en concluant sur un tel procès d’intention ? Darwin a-t-il introduit l’idée de la sélection naturelle pour promouvoir l’eugénisme ?

      La grande escroquerie est de penser que ces concepts ont été inventés, puis détournés à des fins racialistes ou sexistes alors qu’ils ont été inventés et créés que dans ce but unique. La nature sert toujours à justifier a posteriori des oppressions et des rapports de classe.