person:mohamed lahouaiej-bouhlel

  • « Chérif Chekatt ou le faux djihadiste » (Farhad Khosrokhavar, Le Monde, 14.12.18)
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/14/cherif-chekatt-ou-le-faux-djihadiste_5397185_3232.html

    Ils souhaitent en découdre avec la société au nom de l’islam mais ils sont en réalité motivés par un sentiment d’#échec personnel et d’#injustice, en partie fondé, en partie fantasmé. Chérif Chekatt était sur le point d’être arrêté et remis pour la vingt-huitième fois en #prison, après l’arrestation de ses complices pour règlement de compte. La #radicalisation n’a dans ce cas que peu de chose à faire avec l’#islam, l’islam ne sert qu’à donner un semblant de légitimité au désir de #revanche et surtout assurer la promotion de l’individu qui devient, du jour au lendemain, grâce au #terrorisme religieux une star dans le monde entier.
    […]
    En affirmant que Chekatt est un individu animé par un #islamisme radical, on fait #peur à la société et on crée une atmosphère de #panique généralisée. Certes, la violence #djihadiste existe bel et bien, mais elle est distincte de celle de Chekatt – ou encore decelle de Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, qui a tué plus de 80 personnes à Nice avec son camion le 14 juillet 2016. Il n’avait aucun sérieux antécédent islamique ou islamiste. (...) Il ne faut pas traiter ce type de #violence comme du djihadisme. Ce dernier existe bien. Mohamed Merah, les frères Kouachi ou Koulibali étaient de véritables djihadistes. Mais la fusillade que nous venons de connaître n’est qu’un dérapage individuel d’un homme qui travestit sa #haine de la #société en quête de glorification au nom de l’islam radical. Sans la référence à l’islam radical, l’attaque relèverait plutôt d’un #fait_divers monstrueux.

  • Ces droits communs pris dans les filets antiterroristes : « Mon client me dit toujours : "Ce costume est trop grand pour moi !" » - Libération
    http://www.liberation.fr/france/2018/07/31/ces-droits-communs-pris-dans-les-filets-antiterroristes-mon-client-me-dit

    Dans les dossiers terroristes, combien de mis en cause ont une implication secondaire ? Si l’approche chiffrée est délicate, « Libé » a recensé quelques cas emblématiques dans les affaires les plus récentes, de Charlie à l’attentat de Nice.

    Dans les dossiers terroristes, combien de mis en cause relèvent en réalité du simple droit commun, et se voient appliquer des règles réservées aux détenus les plus dangereux ? L’approche chiffrée est délicate, tant l’appréciation relève du contenu même des investigations. Et évidemment de l’avis des magistrats instructeurs. Toutefois, Libération a pu recenser quelques cas emblématiques, ressemblant en tout point à la sombre destinée carcérale d’Aleksander H. : absence de radicalisation, implication très périphérique dans les projets terroristes, mais traitement tout aussi sévère que les auteurs directs, tant au plan des poursuites pénales que du régime de détention. « Effectivement, la justice antiterroriste semble souvent peu encline à distinguer les profils, observe l’avocate Clémence Witt. A fortiori dans les dossiers médiatiques, où sortir un client de prison, même quand il présente des garanties, tient du sacerdoce. La plupart du temps, la détention provisoire est prolongée artificiellement pour satisfaire le besoin de fermeté insatiable de l’opinion publique. »

    « Justice irrationnelle »

    En ceci, l’instruction sur l’attentat de #Nice – 86 morts et 458 blessés le 14 Juillet 2016 sur la promenade des Anglais – est éloquente. Les investigations distinguent en effet nettement deux cercles parmi les complices présumés du tueur, Mohamed Lahouaiej-Bouhlel. Celui des proches radicalisés et celui de ceux ayant contribué à la fourniture des armes. Parmi ces derniers, plusieurs membres de la diaspora albanaise des Alpes-Maritimes, ainsi que des petits délinquants. Brahim T. en fait partie. Comme Aleksander H. (Libé du 1er août), il a été incarcéré lors du coup de filet de décembre 2016 pour des faits mineurs. Et comme Aleksander H., il n’a rien à voir, de près ou de loin, avec l’Etat islamique. Concrètement, la justice lui reproche à lui aussi d’avoir participé indirectement à la fourniture d’un pistolet, en mettant en relation deux maillons de la chaîne de revente via ses réseaux de cocaïne.

    Pourtant, un an et demi après son arrestation, Brahim T. est toujours en détention, à la maison d’arrêt de Nanterre. Son état psychologique se dégrade et son corps est couvert par les piqûres d’insectes. « Dans ces dossiers, on a parfois l’impression de faire face à une justice irrationnelle. On attend d’un système aussi élaboré que le nôtre qu’il individualise et fasse bien la part des choses entre les personnes poursuivies. Au lieu de ça, on se heurte à des décisions de maintien en détention quasi automatiques, à revers du contenu des enquêtes, invoquant invariablement les risques de fuite et le trouble à l’ordre public. C’est au mieux décourageant, au pire révoltant », regrette l’avocate de Brahim T., Margot Pugliese.

    Le dossier des tueries de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher comporte la même équation. Les terroristes étant tous morts – les frères Kouachi pour le journal satirique, Amedy Coulibaly pour le magasin situé à la porte de Vincennes –, une quinzaine de complices présumés demeurent poursuivis. Comme pour l’attentat de Nice, les enquêteurs se sont essentiellement concentrés sur la chaîne d’approvisionnement des armes, les commanditaires demeurant mystérieux. Si certains mis en cause sont très impliqués dans cette logistique, d’autres le sont à l’évidence moins, et ne connaissaient pas les terroristes. Pourtant, la majeure partie est toujours en détention provisoire, plus de trois ans et demi après les faits. Leurs différents conseils craignent qu’ils y restent jusqu’au procès, au nom d’un principe de précaution qui ne dit pas son nom.

    « Petit voyou »

    « On se heurte à une question de politique pénale. Le sort de ces individus-là entre en opposition avec le principe fondamental de la personnalisation », abonde l’avocate Léa Dordilly, dont l’un des clients, Mohamed A., est soupçonné d’avoir fourni un pistolet à grenaille à l’auteur de l’attaque d’une militaire à Orly, le 18 mars 2017. Plus précisément, l’homme de 32 ans a conservé à son domicile, durant quelques jours, l’arme de Ziyed Ben Belgacem avec lequel il avait été mis en relation via un ami. Depuis, Mohamed A. est toujours en détention provisoire – une mesure qui, en matière criminelle, ne peut excéder un an, sans être réexaminée tous les six mois. Si le trentenaire possède à son casier judiciaire moult mentions, du délit routier aux stups, celui que ses proches décrivent comme un « petit voyou » totalement désintéressé de la religion n’a rien d’un terroriste. Les premiers éléments de l’instruction ont montré que le mis en cause n’était pas radicalisé, n’avait ni de lien avec l’Etat islamique ni de contact fiché S. Et encore moins de connaissance préalable du projet terroriste de Ziyed Ben Belgacem, ancien braqueur au profil trouble dont l’attaque a été qualifiée de « fuite en avant » par François Molins.

    « Mon client me dit toujours : "Ce costume est trop grand pour moi !" » poursuit Me Dordilly, qui a demandé en mars dernier un placement sous surveillance électronique assorti d’une assignation à résidence. Invoquant le risque de troubles à l’ordre public et de réitération des faits, la chambre de l’instruction a refusé cette libération conditionnelle. « On m’oppose aussi les nécessités de l’instruction, alors même qu’il n’a pas été entendu pendant une année entière », déplore le conseil. Depuis la prolongation de sa détention, Mohamed A. a maigri et peine à se projeter vers l’avenir… Dans son rapport 2015-2016, la commission de suivi de la détention provisoire, s’interrogeant sur les conséquences du contexte des attentats et de l’état d’urgence sur les pratiques judiciaires, notait : « L’idéologie du principe de précaution, de l’aversion au risque et du "zéro défaut" vient forcément colorer l’exercice du juge, de plus en plus tétanisé par les dénonciations en laxisme et en irresponsabilité : on ne saurait dès lors s’étonner de la raréfaction des mesures de remise en liberté et de la répugnance à recourir aux mesures alternatives à la détention. »

    « Démarches d’insertion »

    Sur cette question, le cas d’Adel #Kermiche est sans doute le plus emblématique. L’homme de 19 ans était sous contrôle judiciaire lorsqu’il a tué, avec Abdel-Malik Petitjean, le père Jacques Hamel en pleine messe dominicale à l’église de Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime), le 26 juillet 2016. Incarcéré à Fleury-Mérogis au printemps 2015 après une deuxième tentative de départ en Syrie, il faisait l’objet depuis quelques mois d’une libération conditionnelle assortie d’un placement sous bracelet électronique. Dans son ordonnance, dont le Monde avait dévoilé des extraits, la juge d’instruction motivait sa décision par le fait qu’Adel Kermiche disait avoir « pris conscience de ses erreurs » et se montrait « déterminé à entamer des démarches d’insertion ». Loin d’être convaincu, le parquet antiterroriste avait alors fait appel, mais la chambre de l’instruction n’avait pas suivi.

    A posteriori, la décision n’avait pas manqué de susciter l’ire de l’opinion publique et de certains politiques. « Question : que ressent la juge qui a ordonné – contre l’avis du parquet – la remise en liberté d’Adel Kermiche, le bourreau du père Jacques ? » avait tweeté Roselyne Bachelot, parmi d’autres. L’événement a-t-il suscité une certaine réticence chez les magistrats quant à remettre en liberté des profils impliqués, même à des niveaux périphériques, dans des dossiers terroristes ? Ou incité à jouer la carte de la prudence, en allongeant plus systématiquement la détention provisoire ? Si le cas Kermiche « a secoué » la galerie Saint-Eloi, « on essaie toujours d’individualiser les problématiques », assure un juge antiterroriste, qui précise : « Nous passons notre vie avec eux ! Nous menons des heures d’interrogatoires, qui donnent lieu à des échanges très aboutis. Ce sont des indications qui nous permettent d’apprécier chaque cas. Sur des faits d’attentats, d’une gravité particulière, il est absolument essentiel que tout l’environnement des auteurs présumés soit mis en évidence. Cette problématique du personnage périphérique va être remise en question au gré des investigations. C’est le principe même de l’instruction : on cherche. A charge ou à décharge. Si on s’aperçoit qu’il n’y a pas d’élément objectif, on peut retomber dans une qualification de droit commun. »

    Sorte de Jawad Bendaoud

    « Le prévenu se trouve pris dans les mailles d’un filet global qui ne recherche pas la responsabilité pénale individuelle », considère à l’inverse l’avocat Patrick Baudouin, pour qui la logique pénale actuelle, forte d’un puissant arsenal législatif antiterroriste, ne permet que très peu d’échapper à un traitement judiciaire indifférencié. Mais l’affaire ne serait pas nouvelle. Le président d’honneur de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) juge que « le vers est dans le fruit » depuis l’introduction dans le code pénal, en 1996, de la notion d’« association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste », l’AMT. « Une incrimination fourre-tout permettant d’emblée de mettre en examen très facilement et en bloc. »

    En 2004, le conseil avait défendu Samir Korchi, un Marocain soupçonné d’avoir apporté un soutien logistique indirect à des terroristes : il avait hébergé dans sa chambre de bonne des Algériens et des Tchétchènes fomentant un projet d’attentat (déjoué) contre la cathédrale de Strasbourg. L’homme de 30 ans avait été condamné à quatre ans de prison. « En terme intentionnel, c’était extrêmement discutable », se souvient Patrick Baudouin (FIDH). Une sorte de Jawad Bendaoud anté-13 Novembre ? « La logique est similaire, le tort est le même : celui d’avoir hébergé des terroristes. » Mais le médiatique « logeur de Daech » a été relaxé, lui. « C’est très rare, surtout dans une affaire de cette importance », souligne Patrick Baudouin. Le trentenaire ayant d’abord fait l’objet d’une mise en examen pour « AMT », avait vu celle-ci requalifiée en « recel de malfaiteurs ».

    Traitement rude

    Toujours est-il qu’en attendant d’être jugés, les mis en examen pour « AMT » font l’objet d’un traitement particulièrement rude en détention. Fouilles à corps abusives, fouilles de cellule fréquentes, absence d’activités ou de promenade… « On constate que les détenus impliqués dans des affaires de terrorisme ou suspectés de radicalisation font souvent l’objet d’une restriction de l’accès au travail ou à une formation professionnelle », rapporte la contrôleure générale des lieux de privation et de liberté (CGPL), Adeline Hazan, qui a d’ailleurs saisi le directeur de l’administration pénitentiaire en décembre 2017 après que des « consignes générales » visant ce type de détenus ont été émises à la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis. Or, rappelle Adeline Hazan, « tous les détenus qui le demandent devraient avoir accès à un travail ». Mais dans les faits, c’est plus compliqué : la décision revient à une commission pluridisciplinaire unique. « Il y a forcément une forme d’arbitraire », s’inquiète la CGPL qui dit rester « hypervigilante » : « Il faut veiller à respecter un équilibre entre les droits fondamentaux et les impératifs de sécurité. Encore plus dans ces dossiers. »
    Chloé Pilorget-Rezzouk

    #terrorisme #prison #justice

  • Attentat de Nice : accusé à tort de terrorisme, retrouvé pendu à Fleury - Libération
    http://www.liberation.fr/france/2018/07/31/attentat-de-nice-accuse-a-tort-de-terrorisme-retrouve-pendu-a-fleury_1670

    Arrêté en 2016 dans le cadre de l’enquête sur l’origine des armes de Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, Aleksander H. n’a eu de cesse de réfuter les accusations de #terrorisme. Il s’est suicidé début juin alors que la justice s’apprêtait à le reconnaître comme un prévenu ordinaire.

    Un corbeau ombrageux pour dernier visiteur. Mirage de son esprit fragile, le volatile se posait de temps à autre sur la fenêtre de sa cellule. Les jours mauvais, le diable en personne s’invitait dans son petit réduit de la maison d’arrêt de #Fleury-Mérogis (Essonne), lui faisant humer la mort. Le 8 juin, las de ses divagations hallucinées, Aleksander H., 38 ans, s’est suicidé peu après l’heure du déjeuner. Il s’est pendu avec un lacet aux barreaux de sa fenêtre, les mêmes qui servaient de perchoir à l’oiseau de mauvais augure. Lorsqu’un surveillant et des détenus auxiliaires l’ont découvert, Aleksander H. était à genoux, comme assoupi. Une heure de massage cardiaque n’y fera rien.

    Mis en examen pour son implication dans l’attentat de Nice (86 morts et 458 blessés le 14 juillet 2016), le quasi quadragénaire ne supportait plus la suspicion qui pesait sur ses épaules. Non pas que le golgoth, né le 24 mars 1980 à Gjocaj, en Albanie, soit un enfant de chœur : la prison, il connaissait, après plusieurs séjours effectués pour divers trafics. Mais cette fois-ci, les soupçons de terrorisme étaient trop lourds à porter pour celui qui disait vomir l’acte de Mohamed Lahouaiej-Bouhlel : un camion de 19 tonnes lancé à pleine vitesse sur la promenade des Anglais. Ironie de l’histoire, Aleksander H. se trouvait ce soir-là place Masséna, à quelques centaines de mètres du camion sanguinaire, avec sa femme, Liljana, et leur fils de 17 mois, Ludovik. Avant d’être complice présumé, il aurait pu être victime.

    Ce n’est que six mois après la tuerie, en ayant savamment remonté la piste des armes achetées par Lahouaiej-Bouhlel, que les policiers arrivent jusqu’à Aleksander H.. A cette époque, le jeune père de famille travaille au noir sur des chantiers et perçoit un salaire d’environ 800 euros par mois. En situation irrégulière, il sous-loue avec sa famille un petit appartement à « Diu », une connaissance. Happé par la faune locale, notamment la diaspora albanaise, Aleksander H. verse parfois dans divers trafics. Le 12 décembre 2016, lorsque la sous-direction antiterroriste de la PJ (Sdat) l’interpelle, elle s’intéresse au cheminement d’un pistolet et d’une kalachnikov tombés entre les mains de #Lahouaiej-Bouhlel. Le temps de cerner l’implication d’Aleksander H., sur le plan logistique ou idéologique, les juges le placent en détention provisoire. « Quand je l’ai rencontré, il était confiant, certain que la justice comprendrait vite qu’il n’avait aucun lien avec le terrorisme », se souvient son avocate, Olivia Ronen. Il lui clame : « Si tu crois en Dieu, tu fais jamais ça [les actes terroristes, ndlr]. » Aleksander H. se revendique d’ailleurs chrétien, à mille lieux de la doctrine jihadiste.

    « Je suis contre eux »

    Enfant, dans sa petite école nichée au cœur des montagnes albanaises, le garçonnet apprend le français. Sa maîtrise de la langue de Molière est si bonne que l’interprète qui l’assiste n’ouvre jamais la bouche lors des interrogatoires devant le juge. Après une scolarité classique, Aleksander H. décroche un diplôme de mécanicien. Mais il quitte subitement l’#Albanie, à 14 ans, pour s’établir en Grèce. Deux de ses quatre frères et une de ses quatre sœurs y sont alors installés. Est-ce par pression familiale ou quête d’un avenir meilleur qu’il fait le mur ? Nul ne le sait. Toujours est-il qu’Aleksander H. passe onze ans de sa vie en Grèce. Comme de nombreux citoyens albanais, il y subit un racisme débridé et vit dans des conditions précaires. C’est à cette époque, qu’il tombe peu à peu dans la délinquance. En 2012, après des passages éclairs en Italie, Aleksander H. tente sa chance à Paris. La France lui plaît tant qu’il envisage de s’y poser pour toujours. Mais sa faible qualification et son passé judiciaire ne plaident pas en sa faveur. Dans la roue d’un ami, vivotant de travaux dans la maçonnerie, il finit par gagner #Nice, où Liljana le rejoint en 2014. Signe de leur attirance pour les Alpes-Maritimes, la jeune femme dépose une demande d’asile et Ludovik naît quelques mois plus tard, à l’hôpital de l’Archet. Lorsqu’a lieu la tuerie de la promenade des Anglais, Aleksander H. semble enfin en voie de sédentarisation. Dès sa garde à vue, l’Albanais est très irrité d’être assimilé à un jihadiste :

    – « Avez-vous déjà côtoyé des musulmans radicaux ? interroge le policier.

    – « Non, cela ne m’intéresse pas, je suis contre eux.

    – « Que pensez-vous de l’organisation terroriste Daech ou Etat islamique ?

    – « Je ne suis pas d’accord avec eux, je les déteste. Ils pourraient tuer mon fils. »

    Puis, interrogé sur son ressenti à la suite de l’attentat de Charlie Hebdo, Aleksander H. laisse poindre un certain racisme : « C’est la faute de l’Etat français car vous donnez tout aux Arabes. »

    En prison, cette colère ne le quittera jamais. Au printemps, après plus d’un an de détention, son état se détériore gravement. Il parle seul, crie, ne dort presque plus. Surtout, il s’indigne que la direction de la maison d’arrêt lui interdise de travailler (une règle fréquente pour les détenus poursuivis pour terrorisme). Seul dans sa cellule, Aleksander H. désespère. Les matchs de foot dans la cour de promenade sont ses seuls moments de joie. Après son arrestation, Liljana et Ludovik sont retournés au pays. Au parloir, plus personne ne l’attend. Un soir de mélancolie tenace, l’Albanais avale une petite boulette de shit, qu’il a chapardé les jours précédents. Et décompense violemment. Inquiet, le personnel pénitentiaire le place d’urgence en service médico-psychologique régional, une unité de soins en santé mentale. Il y restera deux semaines. A son retour à Fleury, sa fragilité est telle que les surveillants ont ordre de passer le voir toutes les heures.

    « J’ai senti la mort »

    Rien n’y fait. Aleksander H. veut sortir ou mourir. Le 5 juin, un débat sur la prolongation de sa détention a lieu une nouvelle fois au palais de justice. Tentant le tout pour le tout, le jeune homme déclame sa détresse : « En détention, j’ai senti la mort. J’ai vu le diable en train de m’égorger. Je ne peux plus vivre comme ça, j’ai jamais pleuré mais là je suis mal, je veux me suicider. […] C’est la première fois que je pleure, j’aime bien la France. Les médicaments me mettent plus mal. J’ai un enfant de 3 ans, ma femme en Albanie et ma mère. Je pense qu’à me suicider, j’en ai marre. […] Je peux dormir au commissariat s’il le faut. »

    Maintenu à l’ombre, Aleksander H. se pend quatre jours plus tard, à 14 h 52. Cruelle confidence d’une source judiciaire à Libération : l’accusation et la juge chargées du dossier étaient à deux doigts de revoir les poursuites le visant. Ils comptaient épargner à l’Albanais les crimes terroristes, pour ne retenir que les délits connexes liés à la fourniture des armes. Dans les jours qui ont suivi son décès, son avocate, Olivia Ronen, s’est démenée pour que l’ambassade d’Albanie avance les frais de rapatriement du corps. Et éviter à Aleksander H. de sombrer dans l’anonymat de la fosse commune de Fleury-Mérogis.
    Willy Le Devin

    #prison #suicide #Aleksander_H

  • America’s Mass Shooting Problem Is a Domestic Violence Problem
    https://www.villagevoice.com/2017/11/08/americas-mass-shooting-problem-is-a-domestic-violence-problem

    Devin P. Kelley, the 26-year-old man who killed 26 people in a Texas church on Sunday, had a long and documented history of intimate violence. In 2012, Kelley was charged with assault and eventually received a “bad conduct” discharge from the Air Force after he kicked, beat, and choked his first wife. The charges against him included allegations he had pointed a loaded gun at his wife multiple times. Kelley also fractured his toddler stepson’s skull by hitting him with what was described in Air Force records as “a force likely to produce death or grievous bodily harm.”

    Over the course of the next two years, Kelley was investigated for violence against other women, including, according to a New York Times report, charges that he sexually assaulted and raped someone. He also brutally attacked his dog, hitting the animal repeatedly in the head.

    Kelley is emblematic of a strikingly consistent pattern: Most mass killers have histories of domestic violence that went unaddressed. He joins a long list, including Omar Mateen, the Orlando Pulse nightclub killer; Tamerlan Tsarnaev, accused in the bombing of the Boston Marathon; Adam Lanza, who killed his mother before walking into Sandy Hook Elementary School in Newtown, Connecticut, and killing 26 people; Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, who plowed a van through a crowd in Nice, France; and Khalid Masood, who did the same in Westminster, London.

  • Attentat de Nice : trois suspects mis en examen et écroués
    https://www.crashdebug.fr/actualites-france/12859-attentat-de-nice-trois-suspects-mis-en-examen-et-ecroues

    La encore, en complément de la vidéo de François Asselineau (UPR) ci-dessous, il est intéressant d’avoir d’autres informations, notament sur l’implication de la France avec des djihadistes (Attention peut choquer)

    Trois hommes suspectés d’avoir joué un rôle dans la fourniture d’armes à l’auteur de l’attentat du 14 juillet à Nice, Mohamed Lahouaiej Bouhlel, ont été mis en examen par un juge antiterroriste et placés en détention provisoire.

    Trois hommes soupçonnés d’avoir joué un rôle dans la fourniture d’armes à l’auteur de l’attentat du 14 juillet à Nice, Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, ont été mis en examen vendredi 16 décembre pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste pour l’un et de complicité d’association de malfaiteurs en (...)

  • Nice terrorist’s cousin reveals he is an ‘unlikely jihadist’ who flouted every rule of Islam | Daily Mail Online
    http://www.dailymail.co.uk/news/article-3691895/He-drank-alcohol-ate-pork-took-drugs-NOT-Muslim-Truck-terrorist-Mohamed

    EXCLUSIVE - ’He drank alcohol, ate pork and took drugs. He was NOT a Muslim - he was a s***’: Truck terrorist’s cousin reveals he is an ’unlikely jihadist’ who beat his wife and NEVER went to the mosque

    Truck terrorist who murdered 84 people in a horrific drive along the Nice seafront drank alcohol, ate pork and took drugs - all banned by Islam
    Cousin of his estranged wife said ’he was not a Muslim, he was a s***’ as he revealed he didn’t pray or go to mosque
    The couple separated after reports of domestic abuse two years ago and their divorce proceedings ’depressed’ him
    Detectives raided the family home and the flat where Bouhlel lived alone and took his wife into protective custody

    En termes plus savants, on appelle cela « l’islamisation de la radicalité » (Olivier Roy) mais c’est Gilles Kepel, « la radicalisation islamique » et « la guerre des civilisations » qu’on nous sert jusqu’à la nausée.

    Le même Kepel fait semblant de critiquer Valls qui utilise l’expression « guerre des civilisations » (http://video.lefigaro.fr/figaro/video/guerre-de-civilisation-kepel-juge-ambigus-les-termes-de-valls/4327653536001). Il vieillit et perd la mémoire (ou alors il se surmène) car c’est très exactement ce qu’il a dit, « à chaud » sur France-Culture : « C’est une guerre de civilisation qui menace la société dans toutes ses composantes. » (C’est à la minute 22 : http://www.franceculture.fr/emissions/l-invite-des-matins-d-ete/nice-apres-l-horreur-premieres-analyses-sur-un-terrorisme-3e?xtmc=gill

    )

    #palinodies #perroquets #girouettes

    • Nice : la fascination de Mohamed Lahouaiej-Bouhlel pour l’ultra-violence l’a poussé à agir pour l’EI
      http://www.europe1.fr/societe/nice-la-fascination-de-mohamed-lahouaiej-bouhlel-pour-lultra-violence-la-pou

      Selon les informations d’Europe 1, ils ont découvert son obsession pour les vidéos les plus abominables diffusées sur Internet par l’organisation Etat islamique. Mohamed Lahouaiej-Bouhlel regardait en boucle les séquences les plus abominables, celles où les atrocités sont filmées en détail. Or, on sait que depuis des années, le Tunisien infligeait des sévices à sa femme et ses enfants. A ce stade, les policiers sont convaincus que c’est avant tout sa fascination pour l’hyper-violence qui l’a poussé à s’intéresser tout seul à Daech. S’il a fini par commettre cet attentat, inspiré et incité par les messages de l’Etat islamique, c’est pour le « plaisir barbare » d’écraser un maximum de gens.

      Des considérations politiques plus que religieuses. Ce week-end, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a cependant évoqué la « radicalisation très rapide » de Mohamed Lahouaiej-Bouhlel. En réalité, depuis qu’il a décidé de passer à l’action, le Tunisien a commencé à épouser les codes religieux de Daech. Alors qu’il buvait régulièrement selon plusieurs témoignages, il a subitement arrêté de consommer de l’alcool. Auprès de son entourage, Mohamed Lahouaiej-Bouhlel avait commencé à parler de l’Etat islamique, mais sous un aspect géopolitique. Il expliquait que le groupe terroriste devrait être reconnu comme un Etat à part entière, avec un territoire. Des considérations politiques mais pas spécialement religieuses, donc. On peut avoir affaire à une radicalisation mais dans la violence, plus que dans l’islamisme.