person:morton klein

  • Lobby israélien aux Etats-Unis, le documentaire interdit,

    par Alain Gresh (Le Monde diplomatique, septembre 2018)

    https://www.monde-diplomatique.fr/2018/09/GRESH/59047

    À l’écran, il a tout du parfait gentleman. Malgré sa dégaine d’étudiant, James Anthony Kleinfeld, jeune Britannique juif bien sous tous rapports, diplômé de la prestigieuse université d’Oxford, parlant six langues, dont le néerlandais et le yiddish, s’orientant sans difficulté dans les arcanes des conflits au Proche-Orient, trouverait facilement sa place dans les bureaux d’un ministère des affaires étrangères occidental ou d’un think tank renommé. Pour l’heure, il a d’autres desseins : s’investir dans les organisations américaines favorables à Israël. Il est recruté par The Israel Project (TIP), qui s’occupe de soigner l’image d’Israël dans les médias. Accueilli à bras ouverts du fait de ses compétences, il côtoie durant cinq mois le gratin des responsables d’associations engagées dans la défense inconditionnelle d’Israël, notamment du puissant lobby pro-israélien aux États-Unis, l’American Israel Public Affairs Committee (Aipac). Il fraie avec eux dans les cocktails, congrès, conventions, stages de formation pour militants, se liant avec les uns et les autres. Avenant, chaleureux, efficace, il gagne la confiance de ses interlocuteurs, qui lui parlent à cœur ouvert, laissant au vestiaire la langue de bois et les « éléments de langage » convenus. Et leurs confidences sont explosives.

    Comment influence-t-on le Congrès ? « Les membres du Congrès ne font rien si on ne fait pas pression sur eux, et la seule manière, c’est l’argent. » Comment combat-on les militants favorables aux droits des Palestiniens sur les campus universitaires ? « Avec les anti-Israéliens, le plus efficace est de faire des recherches sur eux, que vous mettez en ligne sur un site Web anonyme et que vous diffusez par des annonces ciblées sur Facebook. » Avec une candeur d’autant plus grande qu’ils croient s’épancher auprès d’un ami, les interlocuteurs de Kleinfeld admettent qu’ils se livrent à des opérations d’espionnage de citoyens américains, avec l’aide du ministère des affaires stratégiques israélien.

    Créé en (...)

    • Lobby israélien, le #documentaire interdit

      Une enquête menée par la chaîne qatarie #Al-Jazira dévoile les méthodes des groupes de pression américains favorables à Israël. Mais, soucieux de ne pas s’aliéner ces organisations dans son contentieux avec l’Arabie saoudite, le Qatar a gelé la diffusion du reportage.

      À l’écran, il a tout du parfait gentleman. Malgré sa dégaine d’étudiant, James Anthony Kleinfeld, jeune Britannique juif bien sous tous rapports, diplômé de la prestigieuse université d’Oxford, parlant six langues, dont le néerlandais et le yiddish, s’orientant sans difficulté dans les arcanes des conflits au Proche-Orient, trouverait facilement sa place dans les bureaux d’un ministère des affaires étrangères occidental ou d’un think tank renommé. Pour l’heure, il a d’autres desseins : s’investir dans les organisations américaines favorables à Israël. Il est recruté par The Israel Project (TIP), qui s’occupe de soigner l’image d’Israël dans les médias. Accueilli à bras ouverts du fait de ses compétences, il côtoie durant cinq mois le gratin des responsables d’associations engagées dans la défense inconditionnelle d’Israël, notamment du puissant lobby pro-israélien aux États-Unis, l’American Israel Public Affairs Committee (Aipac) (1). Il fraie avec eux dans les cocktails, congrès, conventions, stages de formation pour militants, se liant avec les uns et les autres. Avenant, chaleureux, efficace, il gagne la confiance de ses interlocuteurs, qui lui parlent à cœur ouvert, laissant au vestiaire la langue de bois et les « éléments de langage » convenus. Et leurs confidences sont explosives.

      Comment influence-t-on le Congrès ? « Les membres du Congrès ne font rien si on ne fait pas pression sur eux, et la seule manière, c’est l’argent. » Comment combat-on les militants favorables aux droits des Palestiniens sur les campus universitaires ? « Avec les anti-Israéliens, le plus efficace est de faire des recherches sur eux, que vous mettez en ligne sur un site Web anonyme et que vous diffusez par des annonces ciblées sur Facebook. » Avec une candeur d’autant plus grande qu’ils croient s’épancher auprès d’un ami, les interlocuteurs de Kleinfeld admettent qu’ils se livrent à des opérations d’espionnage de citoyens américains, avec l’aide du ministère des affaires stratégiques israélien.

      Créé en 2006, ce dernier dépend directement du premier ministre Benyamin Netanyahou. L’une de ses responsables confie : « Nous sommes un gouvernement qui travaille sur un territoire étranger et nous devons être très, très prudents. » En effet, car certaines de ces actions pourraient se révéler passibles des tribunaux américains.

      À la fin du stage de « Tony », M. Eric Gallagher, son chef à TIP, se montre si satisfait de ses services qu’il lui propose de l’embaucher. « J’adorerais que tu viennes travailler pour moi. J’ai besoin de quelqu’un qui a l’esprit d’équipe, qui travaille dur, qui est passionné, curieux, bien formé, qui parle bien, qui a beaucoup lu. Tu es tout cela. »Mais son poulain refuse. Car, on l’aura deviné, il n’est pas tout à fait celui qu’il prétend être, même si ses diplômes et ses compétences ne sont pas contestables : il est un infiltré, missionné par la chaîne Al-Jazira, propriété de l’émirat du Qatar, pour réaliser un documentaire sur le lobby pro-israélien. Il a filmé en caméra cachée une partie des confidences qu’il a recueillies et il a réuni, avec d’autres membres d’une équipe dirigée par Phil Rees, de la cellule d’investigation de la chaîne, tous les ingrédients d’une enquête spectaculaire. La diffusion de celle-ci était d’autant plus attendue que, en 2017 déjà, un reportage d’Al-Jazira sur le lobby pro-israélien au Royaume-Uni (2) avait montré les ingérences d’Israël dans les affaires internes d’un pays étranger, et ses tentatives pour faire chuter un ministre considéré comme propalestinien — ce qui avait abouti à des excuses publiques de l’ambassadeur d’Israël à Londres et au retour précipité à Tel-Aviv d’un diplomate de haut rang.

      On pouvait donc s’attendre à un événement médiatique, avec ses démentis outragés et ses violentes polémiques. Mais non : la diffusion, programmée pour début 2018, a été reportée sine die, sans explications officielles. On a fini par apprendre, grâce à des articles dans la presse juive américaine (3), que le documentaire ne passerait pas, ce qu’a confirmé Clayton Swisher, directeur de la cellule d’investigation de la chaîne, dans un article où il regrettait ce choix ; quelques jours plus tard, la chaîne annonçait qu’il prenait un congé sabbatique (4). L’enquête a été sacrifiée dans la bataille sans merci que se livrent le Qatar d’un côté et l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis de l’autre pour gagner les faveurs de Washington dans le conflit qui les oppose depuis juin 2017 (5). Et quelle meilleure manière de l’emporter que de s’attirer les faveurs du puissant lobby pro-israélien, dont on connaît l’influence sur la politique américaine au Proche-Orient ?

      Pour faire pencher la balance, le Qatar a donc fait « reporter » la diffusion, obtenant en échange le secours inespéré d’une partie de l’aile droite d’un lobby déjà très à droite dans son ensemble. M. Morton Klein, le président de l’Organisation sioniste américaine (ZOA), un proche de M. Stephen Bannon, ancien conseiller du président Donald Trump, s’est même rendu à Doha et s’est réjoui d’avoir enterré le documentaire (lire « Le Qatar en quête d’amis »). Que de tels groupes, qui accusaient il y a peu le Qatar de financer le Hamas et le terrorisme, aient accepté de virer de bord en échange de la rétention de l’enquête en dit long sur le caractère embarrassant des révélations qu’elle contient.

      Cet enfouissement d’un travail qui a duré plus d’une année a suscité des remous au sein de la chaîne. Certains ont souhaité que ces révélations ne sombrent pas dans les sables mouvants des compromis géopolitiques. C’est la raison pour laquelle nous avons pu voir, grâce à un ami résidant dans le Golfe, les quatre épisodes du documentaire, de cinquante minutes chacun, dans leur version presque définitive.

      Ce qui frappe au visionnage, c’est la fébrilité qui a saisi le lobby depuis quelques années, due à une peur sourde de perdre son influence. Comment l’expliquer, alors que le soutien à Israël est massif aux États-Unis et que les élus des deux partis, républicain et démocrate, apportent un appui sans faille à n’importe quelle aventure d’Israël ? L’élection de M. Trump n’a-t-elle pas amené Washington à abandonner toute volonté de jouer les intermédiaires dans le conflit israélo-arabe et à se ranger sans aucun faux-semblant aux côtés du gouvernement le plus à droite de l’histoire d’Israël ? Sans doute ; mais, dans ce paysage en apparence favorable, un spectre hante le lobby : celui de Boycott, désinvestissement et sanctions (BDS).

      Ce mouvement lancé en 2005 se propose d’appliquer à Israël les méthodes non violentes qui ont fait leurs preuves contre l’Afrique du Sud de l’apartheid. Il a connu un essor sur les campus américains. Mais faut-il vraiment s’en alarmer, s’interroge M. David Brog, directeur des affaires stratégiques de Chrétiens unis pour Israël (CUFI) et directeur exécutif de la Maccabee Task Force, l’un des groupes qui combattent BDS ? « Israël est la “start-up nation”. Il reçoit plus d’investissements étrangers qu’à n’importe quel autre moment de son histoire. Alors pourquoi ne pas se calmer, comprendre que BDS ne vaut rien et l’ignorer ? » Il insiste : « Je ne pense pas que BDS ait jamais eu pour objectif que les universités retirent leurs investissements en Israël. En ce qui concerne l’argent, nous n’avons pas d’inquiétude à avoir ; mais les efforts déployés pour creuser un fossé entre nous, qui aimons Israël, et la génération montante, sont préoccupants. Parmi les jeunes nés après l’an 2000 et les étudiants, on en arrive au point où la majorité est plus favorable aux Palestiniens qu’aux Israéliens. » M. Jacob Baime, directeur exécutif de l’Israel on Campus Coalition, un groupe d’organisations qui emploie plus d’une centaine de personnes pour lutter contre BDS dans les universités, s’inquiète : « La seule chose que tous les membres du Congrès, tous les présidents, tous les ambassadeurs ont en commun est le fait d’avoir passé du temps sur les campus, et c’est durant cette période qu’ils ont été formés. » Seront-ils encore demain des « amis d’Israël » ?

      Discréditer le messager

      Un élément supplémentaire alarme le lobby. Le soutien à Israël a toujours transcendé les clivages entre démocrates et républicains. N’est-ce pas M. Barack Obama qui, quelques mois avant la fin de son mandat, a fait voter une aide inconditionnelle de 38 milliards de dollars (33 milliards d’euros) à Israël sur dix ans, en dépit de ses relations détestables avec M. Netanyahou ? Mais le paysage politique se transforme, et le ralliement inconditionnel du lobby à M. Trump réduit sa base, qui se résume de plus en plus au Parti républicain et à la droite évangélique. M. David Hazony, ancien directeur de The Tower Magazine et membre influent de TIP, le reconnaît dans le documentaire : « Le boycott immédiat d’Israël, ce n’est pas un problème. Le plus gros problème, c’est le Parti démocrate, les partisans de Bernie Sanders, tous ces anti-Israéliens qu’ils amènent dans le Parti démocrate. Être pro-israélien ne relèvera bientôt plus d’un consensus bipartisan, et chaque fois que la présidence changera, la politique à l’égard d’Israël risquera de changer. C’est une chose dangereuse pour Israël. C’est cela qui est en jeu dans la bataille sur les campus. » Ce que confirme John Mearsheimer, coauteur d’un célèbre livre (6) sur le lobby, dont les commentaires ponctuent le documentaire. Il constate que, désormais, le soutien à Israël croît au Parti républicain alors qu’il diminue au Parti démocrate : « Il y a une différence substantielle entre les deux partis. »

      Comment contrer cette évolution ? En engageant un débat politique ? Difficile, alors que, depuis l’échec des accords d’Oslo, signés en 1993, Israël est dirigé par des partis d’extrême droite qui refusent toute solution diplomatique. Il ne peut être question de discuter du sort des Palestiniens, de l’avenir des colonies ou du drame de Gaza. Et le ralliement du lobby à M. Netanyahou et à M. Trump est peu propice à susciter l’enthousiasme des étudiants américains. Le journaliste Max Blumenthal fait remarquer (Twitter, 15 février 2018) que c’est cette tactique du refus de la discussion que le lobby déploie au sujet du documentaire d’Al-Jazira : assimiler le journalisme d’investigation à de l’espionnage ; discréditer la chaîne en la réduisant à son propriétaire, le Qatar ; affirmer que le sujet est le « lobby juif », et non le soutien à Israël. Et ainsi éviter toute discussion sur le fond des révélations et sur la politique israélienne.

      Directeur exécutif du Comité d’urgence pour Israël (ECI), M. Noah Pollak synthétise la ligne adoptée face aux critiques : « Pour discréditer le message, il faut discréditer le messager. Quand vous évoquez BDS, vous devez dire que c’est un groupe qui prône la haine, la violence contre les civils. C’est-à-dire qu’il soutient le terrorisme. » Et, bien sûr, qu’il est antisémite. L’organisation Voix juives pour la paix (JVP) ? Il préfère l’appeler « Voix juives pour le Hamas »… Mais il reste optimiste, car, comme il l’explique à « Tony », la majorité des Américains reste favorable à Israël, alors qu’au Royaume-Uni « c’est de la haine pure. Vous avez laissé la moitié de ces Pakistanais de m… s’installer chez vous ».

      Pour « discréditer le messager », il faut accumuler des informations variées, qui vont de sa vie privée à ses activités professionnelles, en passant par ses convictions politiques. Le lobby pro-israélien a instauré ces dernières années un réseau d’espionnage. « Nos opérations de recherche,s’enorgueillit M. Baime, disposent d’une technologie de pointe. Quand je suis arrivé, il y a quelques années, notre budget était de quelques milliers de dollars ; il est aujourd’hui de 1,5 million, sans doute 2. Je ne sais même pas ; c’est énorme. » Mais ses amis et lui tiennent à rester « invisibles » : « Nous faisons cela de manière sécurisée et anonyme ; c’est la clé. »

      Parmi les groupes les plus redoutés par les militants favorables aux droits des Palestiniens figure Canary Mission (7), dont le financement, les membres et le fonctionnement restent secrets. Une journaliste proche du lobby explique son rôle : « Ceux qui le haïssent, ceux qui sont visés parlent de “liste noire”. Vous avez des noms, des étudiants et des professeurs d’université, des organisations qui ont des liens avec le terrorisme ou avec des terroristes qui ont appelé à la destruction de l’État juif. » Le site de l’organisation résume ainsi son objectif : « Assurez-vous que les radicaux d’aujourd’hui ne deviendront pas vos employés demain. » Surplombant la biographie de chaque victime clouée au pilori, ce slogan : « Si vous êtes raciste, le monde doit le savoir. »
      Kleinfeld a réussi à remonter à son fondateur et financier, M. Adam Milstein, président du Conseil israélien américain (IAC), condamné à une peine de prison pour fraude fiscale en 2009, ce qui ne l’a pas empêché de poursuivre ses activités du fond de sa cellule. Il expose au jeune homme sa philosophie : « Tout d’abord, mener des enquêtes sur eux [les militants favorables à la Palestine].. Quel est leur projet ? S’attaquer aux Juifs parce que c’est facile, parce que c’est populaire. Nous devons les démasquer pour ce qu’ils sont : des racistes, des gens hostiles à la démocratie. Nous devons les mettre sur la défensive. »

      Plusieurs étudiants témoignent des risques qu’ils encourent. Mme Summer Awad, qui a participé à la campagne pour les droits des Palestiniens à Knoxville (Tennessee), raconte comment elle a été harcelée sur Twitter, comment « ils » ont mis en ligne des informations à son sujet datant de plus de dix ans : « Ils creusent et creusent encore. Quelqu’un a contacté mon employeur et lui a demandé de me licencier, en le menaçant de le dénoncer comme antisémite s’il n’obtempérait pas. » Ces méthodes de délation peuvent signifier une mise à mort professionnelle ou, pour un étudiant, compliquer la recherche d’un emploi à la fin de son cursus. Certains des accusés ont donc envoyé des « messages de repentir » qui sont publiés dans une rubrique spéciale du site de Canary Mission (8) en échange du retrait de leur nom de la liste noire : des « aveux » anonymisés dans lesquels ils expliquent qu’ils ont été « trompés » et qui ressemblent à ceux arrachés aux suspects de sympathies communistes du temps du maccarthysme aux États-Unis dans les années 1950, ou dans les régimes autoritaires aujourd’hui. « C’est la guerre psychologique. Ils sont terrifiés, se réjouit M. Baime. Soit ils la ferment, soit ils passent leur temps à faire des recherches [sur les accusations portées contre eux] au lieu d’attaquer Israël. C’est très efficace. » Un autre interlocuteur de « Tony » regrette cependant que « diffamer quelqu’un en le traitant d’antisémite n’ait plus le même impact ».

      Ces croisades, qui s’appuient sur la récolte de données personnelles de citoyens américains, ne seraient pas possibles sans les moyens accordés par le ministère des affaires stratégiques israélien. Mme Sima Vaknin-Gil, sa directrice générale, le reconnaît lors d’une conférence à l’IAC : « En ce qui concerne la collecte de données, l’analyse de l’information, le travail sur les organisations militantes, la piste de l’argent, c’est quelque chose que seul un pays, avec les ressources dont il dispose, peut faire au mieux. » Elle ajoute : « Le fait que le gouvernement israélien ait décidé d’être un acteur-clé signifie beaucoup, parce que nous pouvons apporter des compétences que ne possèdent pas les organisations non gouvernementales impliquées dans cette affaire. Nous sommes le seul acteur du réseau pro-israélien à pouvoir combler les lacunes. (…) Nous avons le budget, et nous pouvons mettre sur la table des choses bien différentes. » Puis son propos se fait menaçant : « Tous ceux qui ont quelque chose à voir avec BDS doivent s’interroger à deux fois : est-ce que je dois choisir ce camp ou bien l’autre ? »

      Une violation des lois américaines

      Dans ce travail de collecte d’informations, Mme Vaknin-Gil admet : « Nous avons la FDD et d’autres qui travaillent [pour nous]. » La Fondation pour la défense des démocraties (FDD) est un think tank néoconservateur qui a joué ces dernières années un rôle important dans le rapprochement entre les Émirats arabes unis et Israël. Il a participé l’été dernier à la campagne contre le Qatar et contre Al-Jazira, accusée d’être un instrument de déstabilisation régionale. Or, selon la loi américaine, les organisations ou les individus travaillant pour un gouvernement étranger doivent s’enregistrer en tant que tels au ministère de la justice. Ce dernier osera-t-il traîner devant les tribunaux la FDD, qui n’a pas accompli ces démarches ?

      Comme le remarque Ali Abunimah, animateur du site The Electronic Intifada, « si vous aviez un enregistrement d’un haut responsable russe ou iranien, ou même canadien, reconnaissant que son pays mène des opérations clandestines d’espionnage de citoyens américains et utilise pour cela la couverture d’une organisation américaine, ce serait une bombe ! ». Car cette coopération ne se limite pas à la FDD, et nombre des interlocuteurs de Kleinfeld, comme M. Baime, l’admettent sous le sceau de la confidence, même s’ils ajoutent que le sujet est « délicat » et qu’il vaut mieux ne pas s’étendre.

      Le documentaire contient d’autres révélations, comme la manière dont les journalistes américains sont « pris en charge » à Jérusalem par TIP (9), cornaqués, mais aussi alimentés en sujets « clés en main » qu’ils n’ont plus qu’à diffuser aux États-Unis ; ou les pressions exercées sur les médias et les agences de presse pour qu’ils modifient leurs dépêches ou leurs articles…

      Bien que tout semble aujourd’hui sourire à Israël, ses partisans américains, en dépit de tous leurs moyens, sont nerveux. L’avenir leur paraît s’assombrir, y compris dans les milieux les plus susceptibles de les appuyer. Mme Vaknin-Gil l’admet : « Nous avons perdu la génération des Juifs nés après l’an 2000. Leurs parents viennent m’expliquer les difficultés qu’ils rencontrent avec leurs enfants durant des dîners de shabbat. [Les plus jeunes] ne reconnaissent pas l’État d’Israël et ne nous voient pas comme une entité à admirer. »

      #Alain_Gresh
      Directeur du journal en ligne Orient XXI

      #Palestine #BDS

  • “National security” cited as reason Al Jazeera nixed Israel lobby film | The Electronic Intifada
    https://electronicintifada.net/content/national-security-cited-reason-al-jazeera-nixed-israel-lobby-film/24566

    Al Jazeera’s investigative documentary into the US Israel lobby was censored by Qatar over “national security” fears, The Electronic Intifada has learned.

    These include that broadcast of the film could add to pressure for the US to pull its massive Al Udeid air base out of the Gulf state, or make a Saudi military invasion more likely.

    A source has confirmed that broadcast of The Lobby – USA was indefinitely delayed as “a matter of national security” for Qatar. The source has been briefed by a high-level individual in Doha.

    One of the Israel lobby groups whose activities are revealed in the film has been mounting a campaign to convince the US to withdraw its military forces from Qatar – which leaders in the emirate would see as a major blow to their security.

    The tiny gas-rich monarchy houses and funds satellite channel Al Jazeera.

    In April, managers at the channel were forced to deny a claim by a right-wing American Zionist group that the program has been canceled altogether.

    In October 2017, the head of Al Jazeera’s investigative unit promised that the film would be aired “very soon.”

    Yet eight months later, it has yet to see the light of day.

    In March, The Electronic Intifada exclusively published the first concrete details of what is in the film.

    The film reportedly identifies a number of lobby groups as working directly with Israel to spy on American citizens using sophisticated data gathering techniques. The documentary is also said to cast light on covert efforts to smear and intimidate Americans seen as too critical of Israel.

    Some of the activity revealed in the film could include US organizations acting as front operations for Israel without registering as agents of a foreign state as required by US law.

    The latest revelation over the censored film shows how seriously Qatar’s leadership is taking threats of repercussions should it air.

    Threats
    The Israel lobby groups reported on in the film could be expected to take legal action against Al Jazeera if it is broadcast.

    However, such threats alone would be unlikely to deter Al Jazeera from broadcasting the film.

    The network has a history of vigorously defending its work and it was completely vindicated over complaints about a documentary aired in January 2017 that revealed how Israel lobby groups in Britain collude with the Israeli embassy, and how the embassy interfered in British politics.

    Israel’s supporters are also pushing for the US Congress to force the network, which has a large US operation, to register as a “foreign agent” in a similar fashion to Russian channel RT.

    But the high-level individual in Doha’s claim that the film is being censored as “a matter of national security” ties the affair to even more serious threats to Qatar and bolsters the conclusion that the censorship is being ordered at the highest level of the state.

    A year ago, with the support of US President Donald Trump and his son-in-law Jared Kushner, Saudi Arabia and the United Arab Emirates cut off diplomatic relations with Qatar and imposed a transport and economic blockade on the country.

    Saudi rulers and their allies see Qatar as too independent of their influence and too open to relations with their regional rival Iran, and the blockade was an attempt to force it to heel.

    The Saudis and Israel accused Qatar of funding “terrorism,” and have taken measures to restrict Al Jazeera or demanded it be shut down altogether over what they perceive as the channel’s anti-Israel and anti-Saudi-monarchy biases.

    The blockade and the diplomatic assault sparked existential fears in Qatar that Saudi-led forces could go as far as to invade and install a more pliant regime in Doha.

    French newspaper Le Monde reported on Friday that the Saudi king has threatened “military action” against Qatar should it go ahead with a planned purchase of a Russian air defense missile system.

    In 2011, Saudi and Emirati forces intervened in Bahrain, another small Gulf nation, at the request of its ruling Khalifa monarchy in order to quell a popular uprising demanding democratic reforms.

    For three years, US and British-backed Saudi and Emirati forces have been waging a bloody and devastating war on Yemen to reimpose a Saudi-backed leadership on the country, clear evidence of their unprecedented readiness to directly use military force to impose their will.

    And no one in the region will have forgotten how quickly Iraqi forces were able to sweep in and take over Kuwait in August 1990.

    Air base
    The lesson of the Kuwait invasion for other small Gulf countries is that only the protection of the United States could guarantee their security from bigger neighbors.

    Qatar implemented that lesson by hosting the largest US military facility in the region, the massive Al Udeid air base.

    The Saudi-led bloc has pushed for the US to withdraw from the base and the Saudi foreign minister predicted that should the Americans pull out of Al Udeid, the regime in Doha would fall “in less than a week.”

    US warplanes operate from the Al Udeid air base near Doha, Qatar, October 2017. US Air Force Photo
    It would be a disaster from the perspective of Doha if the Israel lobby was to put its full weight behind a campaign to pull US forces out of Qatar.

    Earlier this year, an influential member of Congress and a former US defense secretary publicly discussed moving the US base out of Qatar at a conference hosted by the Foundation for Defense of Democracies (FDD).

    FDD is a neoconservative Israel lobby group that happens to be one of the subjects of the undercover Al Jazeera film.

    As The Electronic Intifada revealed in March, FDD is one of the groups acting as an agent of the Israeli government even though it is not registered to do so.

    In July 2017, FDD’s Jonathan Schanzer testified to Congress that it would be an “insane arrangement” to keep US forces at the Al Udeid air base while Qatar continued to support “terror.”

    It will concentrate minds in Doha that FDD was one of the lobby groups most dedicated to destroying the international deal with Iran over its nuclear energy program, a goal effectively achieved when the Trump administration pulled out of it last month.

    In a sign of how vulnerable Qatar feels over the issue, Doha has announced plans to upgrade the Al Udeid base in the hope, as the US military newspaper Stars and Stripes put it, “that the strategic military hub will be counted as one of the Pentagon’s permanent overseas installations.”

    The final straw?
    The cornerstone of Qatar’s effort to win back favor in Washington has been to aggressively compete with its Gulf rivals for the affections of Israel and its Washington lobby.

    Their belief appears to be that this lobby is so influential that winning its support can result in favorable changes to US policy.

    Qatar’s charm offensive has included junkets to Doha for such high-profile Israel supporters as Harvard law professor Alan Dershowitz and Morton Klein, the head of the Zionist Organization of America who publicly took credit for convincing Qatar’s ruler Emir Tamim bin Hamad Al Thani to veto broadcast of the documentary.

    While an all-out Saudi invasion of Qatar over a film series may seem far fetched, the thinking in Doha seems to be that broadcast of The Lobby – USA could be the final straw that antagonizes Qatar’s enemies and exposes it to further danger – especially over Al Udeid.

    With an administration in Washington that is seen as impulsive and unpredictable – it has just launched a trade war against its biggest partners Canada and the European Union – leaders in Doha may see it as foolhardy to take any chances.

    If that is the reason Al Jazeera’s film has been suppressed it is not so much a measure of any real and imminent threat Qatar faces, but rather of how successfully the lobby has convinced Arab rulers, including in Doha, that their well-being and longevity rests on cooperating with, or at least not crossing, Israel and its backers.

    Asa Winstanley is associate editor and Ali Abunimah is executive director of The Electronic Intifada.

    Qatar Al Jazeera The Lobby—USA Al Udeid air base Tamim bin Hamad Al Thani Donald Trump Jared Kushner Saudi Arabia United Arab Emirates Bahrain Iran Kuwait Foundation for the Defense of Democracies Jonathan Schanzer Morton Klein Alan Dershowitz Zionist Organization of America

    Gaza medic killed by Israel as she rescued injured
    Ali Abunimah 2 June 2018

    Who is the Labour Party’s “witchfinder general”?
    Asa Winstanley 31 May 2018

    Israeli minister threatens to destroy Gaza “once and for all”
    Ali Abunimah 30 May 2018

    Main menu
    FeaturesOpinion and analysisReviewsBlogs
    Search form Search

  • With Bannon banished from Trump World, pro-Israel hard-liners pin their hopes on Pence

    Far-right U.S. Jewish Republicans believed the one-time Breitbart supremo had their back, but his fall from grace shifts their focus to the vice president and a very unlikely blast from the recent past

    Allison Kaplan Sommer Jan 16, 2018

    Few American Jews shed tears at the downfall of Steve Bannon, whose humiliation was made complete Tuesday when he stepped down from Breitbart News following his ugly estrangement from President Donald Trump – confirmed by the insulting new nickname of Sloppy Steve.
    skip - Donald Trump tweet
    The catalyst for his fate were his uncensored remarks in Michael Wolffs White House tell-all book, Fire and Fury, alienating Trump and then, fatally, the Mercers (Bannons arch-conservative financial backers who bankrolled both Breitbart and his endeavors to become a renegade Republican kingmaker.)
    The vast majority of Americas overwhelmingly liberal and Democratic Jews viewed Bannon as either an anti-Semite or an anti-Semite enabler whose conspiratorial references to demonic global financiers awakened and emboldened white supremacists. His oft-quoted description of Breitbart as the platform for the alt-right white nationalist movement confirmed such views.
    But for the minority of staunchly hard-line, pro-Israel Jews (and evangelical Christians) who support Israels settlement enterprise, oppose a Palestinian state and any form of territorial compromise, Bannon was an important force in the White House.
    For this group, his out-of-the-box positions on Israel far outweighed any threats the views of the Trump-voting, alt-right fan base from which he drew his influence might pose.
    Notably, it was Morton Klein of the Zionist Organization of America – who invited Bannon to address his organizations annual gala last November – who was the sole loyalist quoted as willing to speak up for Bannon in a lengthy Politico piece on Sunday. Klein said: If there is anyone, like Bannon, who is a strong supporter of Israel and a strong fighter against anti-Semitism and that person ends up having less influence on the administration, that is something that would sadden me.

    In Fire and Fury, the extent to which Bannons position on Israel matched hard-liners like Klein was described in detail. The book not only revealed that Trumps then-strategic adviser planned to move the U.S. Embassy from Tel Aviv to Jerusalem on Day One after entering the White House, but, moreover, had an extreme and highly unorthodox approach to solving the Israeli-Palestinian conflict: Let Jordan take the West Bank, let Egypt take Gaza, says Bannon in the book. Let them deal with it. Or sink trying.
    He then claimed that both GOP megadonor Sheldon Adelson and Israeli Prime Minister Benjamin Netanyahu were all in on his plans.
    Taken as a whole, it is a depiction of an extreme right-wing cabal, one that could find its place on the right fringes of Likud, that has been guiding if not running [President Donald] Trumps Middle East policies, Haaretzs Chemi Shalev wrote. Shalev described it as an axis that dominated Trumps Middle East policies during his first year in office. It is an alliance that Netanyahu appears to have cultivated, with the assistance, or at the direction, of his Las Vegas benefactor, Adelson. All three operate under the premise ascribed to Bannon that the further right you were, the more correct you were on Israel.
    This hard-line trio of influence presumably acted as a counterweight against the more pragmatic former military men in the White House – most prominently National Security Adviser H.R. McMaster, but also former Secretary of Homeland Security and current Chief of Staff Gen. John Kelly and Defense Secretary James Mattis – whom, along with Secretary of State Rex Tillerson, the far right privately scorn as Arabists who are soft on Israel. It was also a bulwark against Trumps fantasies of making the ultimate deal, which they believed were being cultivated by Bannons nemesis – Trumps son-in-law and aide, Jared Kushner.
    Bannons banishment from the White House, and now his political self-immolation and disappearance from Trumps circle of influence, comes as a deep disappointment to those who embraced and celebrated his outlook and that of satellite foreign policy Bannonites like Sebastian Gorka.
    Sad, tragic and disappointing, one pro-Trump Republican on the Jewish far right told me, asking not to be identified by name. Israels lost a really important voice.
    With that sadness comes concern over the increased influence of the generals, as well as Javanka (Kushner and his wife Ivanka Trump), on Middle East policy. The Jewish Trump supporter said he believes the presidents son-in-law has got his head in a very dark place when it comes to this peace thing. I think Jared is really wrong on this whole peace plan and can only do damage, he noted.
    But the hard-liners are still hopeful, attributing their optimism that the Trump administration will avoid any Kushner-fueled peace attempts to three factors.
    First, and most prominently, their hopes are pinned on Vice President Mike Pence – who will visit Israel on January 22-23 – and the evangelical Christian base he represents. Rejecting the portrayal of a sidelined Pence in Wolffs book, they call him a powerful player, particularly on Israel.

    U.S. Vice President Mike Pence, January 9, 2018. JOSHUA ROBERTS/REUTERS
    Clear evidence for this, they argue, lies in the fact that last months declaration of recognizing Jerusalem as Israels capital and the plan for an embassy move came after Bannon left the White House. It was Pence and the evangelicals – not Adelson, Netanyahu and Bannon – who ultimately got something done, and they are the ones who will have Israels back in the post-Bannon era.
    Secondly, there are the Palestinians themselves, who called the Jerusalem declaration a kiss of death to the two-state solution.
    Third, there is Trump himself. Much as the president is portrayed as an utterly transactional empty vessel, his Jewish supporters dont believe his views were artificially foisted on him by Bannon, but instead come from his own core beliefs. It was the president himself who wanted to move the embassy at the very beginning of his administration, they say, and it was Netanyahu himself who told Trump it would be better to wait.
    skip - Conor Powell tweet
    Return of the Mooch?
    If there is now a vacuum in the conduit between the far-right Klein/Adelson crowd and the Trump White House, one figure is clearly eager to fill it. Former White House Communications Director Anthony Scaramucci is not only different from Bannon – as slick and public as Bannon is unkempt and secretive – but he is also Bannons nemesis.

    In this July 2017 file photo, Anthony Scaramucci blows a kiss after answering questions during the press briefing.Pablo Martinez Monsivais/AP
    Call it a coincidence, but on the same day Bannon departed from Breitbart, it was also announced that Scaramucci – who spent the day dancing on his grave – would be a keynote speaker at the annual meeting of the Republican Jewish Coalition in Las Vegas. The RJC confab is set for early February at Adelsons Venetian hotel and casino. In the past, ZOAs Klein has described Scaramucci as being supportive of Israel in the ZOA way, not in the mainstream Jewish way.
    Scaramucci has made a point of cozying up to the Adelson-backed Rabbi Shmuley Boteach. It was at a Boteach Hanukkah party that Scaramucci reportedly took a verbal detour from recounting his trip to Israel to insult Bannon, allegedly calling the former Trump aide messianic and a loser, warning that Hell be a stalwart defender of Israel until hes not. Thats how this guy operates. Ive seen this guy operate. He was a stalwart defender of me until it became better for him not to be.
    In the end, it was not his failure to defend Israel that proved to be Bannons undoing. It was his failure to defend Donald Trump.

    Allison Kaplan Sommer
    Haaretz Correspondent

    Send me email alerts

  • NBA star Dwight Howard blasted for #FreePalestine tweet
    http://www.haaretz.com/life/sports/1.605238

    Howard, who has some 15 million followers on Twitter, deleted the Tweet after 15 minutes, according to thewire.com. He followed this with a clarification: “Previous tweet was a mistake. I have never commented on international politics and never will.”

    The Zionist Organization of America, however, has urged a stronger condemnation, givemesport.com reported. “He should be publicly condemned as strong as Donald Sterling was,” the website cited ZOA President Morton Klein as saying.

    “Anyone who uses the phrase ’Free Palestine’ is either ignorant of the situation or hates the Jewish state of Israel. It’s a hateful position. Celebs have great influence. When he makes a ridiculously false statement like ’Free Palestine,’ it’s frightening,” Klein said.

    #terreur