person:mounir

  • Des drones policiers à Paris : Mounir Mahjoubi pousse en faveur de la surveillance technologique
    https://www.numerama.com/politique/508990-des-drones-policiers-a-paris-mounir-mahjoubi-pousse-en-faveur-de-la

    Candidat à la mairie de Paris, Mounir Mahjoubi dévoile ses pistes en matière de sécurité publique. L’une d’elles consiste à déployer des drones policiers capables d’aller sur les lieux d’un incident. La surveillance technologique s’invite dans les élections municipales de 2020 à Paris. Dans une interview accordée le 28 avril au Journal du Dimanche, l’ex-secrétaire d’État au numérique Mounir Mahjoubi annonce que s’il est élu maire, il demandera que soit déployé un drone « de protection » dans chaque quartier (...)

    #CCTV #drone #aérien #vidéo-surveillance #surveillance

    //c1.lestechnophiles.com/www.numerama.com/content/uploads/2019/03/mounir-mahjoubi-1.jpg

  • Numérique. Aurélie Jean, la Bretonne qui bouscule les codes
    https://www.letelegramme.fr/soir/aurelie-jean-comprendre-les-mecanismes-du-numerique-est-fondamental-num

    Docteure en sciences et entrepreneure, Aurélie Jean fait partie des personnalités pressenties pour remplacer Mounir Mahjoubi comme secrétaire d’État chargé du numérique. Cette Bretonne à la culture franco-américaine plaide pour que tous les citoyens développent leur connaissance des nouvelles technologies, afin de décider de manière éclairée dans quelle direction évoluera notre société.
    […]
    Vous vous définissez comme scientifique numérique...
    J’utilise le terme de sciences numériques et non d’intelligence artificielle, que j’apprécie peu. Le mot IA fait peur et nous distrait de la véritable qualité d’un ordinateur qu’est la docilité.
    […]
    Alors que les femmes sont à l’origine des premiers langages informatiques, le milieu de la tech est aujourd’hui très masculin. Le regrettez-vous ?
    Il ne faut jamais regretter, mais aller de l’avant ! Il faut, je pense, se concentrer sur les moyens pour attirer les filles dans le milieu scientifique. Pour ma part, je parle de mes travaux de recherche, de mes développements… et cela marche ! Je reçois de nombreux messages de filles et de garçons me disant que je les avais inspirés. Je leur demande en retour d’inspirer d’autres jeunes.

    Vous êtes de plus en plus visible dans les médias…
    J’écris toutes les semaines dans Le Point sur les sciences et les technologies. Je remercie Sébastien Le Fol, directeur de la rédaction (un Breton, lui aussi !), de m’avoir donné cette chance. Il y a beaucoup de femmes, de filles, qui me lisent. Je pense que le fait qu’une femme écrive sur ces sujets change la perception de la discipline.

  • L’Internet mondial visé par une vague d’attaques informatiques inédite
    https://www.latribune.fr/technos-medias/informatique/l-internet-mondial-vise-par-une-vague-d-attaques-informatiques-inedite-808

    L’internet mondial est actuellement visé par une vague d’attaques informatiques d’une ampleur inédite, qui consistent à modifier les adresses des sites internet pour les pirater. L’information a été confirmée ce lundi 25 février par le secrétaire d’État français chargé du numérique, Mounir Mahjoubi.

    Des pirates informatiques ont attaqué l’annuaire central de l’internet, l’#Icann, ce qui leur a donné potentiellement accès à toutes sortes de données, a confirmé ce lundi matin le secrétaire d’État français chargé du numérique, Mounir Mahjoubi. Fondée en 1998, l’Icann coordonne à l’échelle internationale les identifiants uniques qui permettent aux ordinateurs du monde entier de s’identifier entre eux. C’est cette organisation à but non lucratif qui a donné l’alerte le 22 février dernier.

    « Ce que les pirates ont réussi à faire est quelque chose de très rare : ils ont piraté l’annuaire et chaque fois que vous mettez l’adresse (d’un site internet), au lieu d’aller sur la vraie machine, ils nous amenaient sur une autre machine qui leur appartient. Vous avez l’impression d’être sur le site (...) sauf qu’en fait vous êtes sur la machine de ceux qui vous attaquent (...) Ils peuvent récupérer vos données, ils peuvent les utiliser pour se reconnecter, pour prendre de l’argent. »

    Mounir Mahjoubi a déclaré ne pas être en mesure de dire à ce stade qui était derrière ses attaques ni de savoir ce que les pirates avaient fait des connections qu’ils avaient pu établir. Aussi, il n’a pas dit si les attaques contre l’Icann avaient pu être neutralisées ou avaient cessé.

    Selon des experts extérieurs à l’ICANN interrogés par l’AFP, les pirates ciblent aussi bien des gouvernements que des services de renseignements ou de police, des compagnies aériennes ou l’industrie pétrolière et ce, au Moyen-Orient ou en Europe. L’un d’entre eux estime, en outre, que ces attaques ont pour origine l’Iran.

    Ils « s’attaquent à l’infrastructure internet elle-même », a indiqué vendredi à l’AFP David Conrad un des responsables de l’ICANN, qui évoque une campagne « inédite à très grande échelle », qui s’est extraordinairement intensifiée très récemment.

    « Il y a déjà eu des attaques ciblées mais jamais comme ça », a-t-il ajouté après une réunion d’urgence de l’organisation vendredi.

    • « Confirmé par le ministre » C’est merveilleux, la France. Rien ne s’est produit tant que ça n’a pas été confirmé par le ministre, même si ça ne relève en rien de son action. « Le ministre confirme que ce mois de février est chaud » « Le ministre confirme que les français soutiennent la politique du gouvernement »

    • Une attaque qui vise le cœur d’Internet serait en cours… pas si sûr !

      Sous un titre se voulant rassurant, un contenu qui ne l’est pas forcément…

      https://www.latribune.fr/opinions/tribunes/une-attaque-qui-vise-le-coeur-d-internet-serait-en-cours-808677.html

      L’attaque, qui fait peur à l’ICANN, a réussi à contourner cette double défense. La liste des sites qui ont pu être victimes de ce piratage subtil interpelle. On y trouve des sites webmail du gouvernement chypriote, du ministère des Affaires étrangères des Émirats arabes unis, du ministère des Finances du Liban. Des serveurs mails du ministère des Affaires étrangères égyptien, du bureau de l’aviation civile du Koweït, du ministère du Pétrole égyptien et celui d’une compagnie aérienne ont aussi été visés. Des sites web du ministère de la défense égyptien, des services secrets d’Albanie et de Jordanie, l’accès à distance au réseau informatique de la police d’Abu Dhabi terminent cette liste non exhaustive. Le trafic vers tous ces sites a pu être redirigé vers des serveurs contrôlés par les pirates. Les pays de ces sites sont très ciblés : Albanie, Chypre, l’Égypte, l’Iraq, la Jordanie, le Koweït, le Liban, la Libye , l’Arabie Saoudite, et les Émirats arabes unis. Il n’en a pas fallu plus pour mettre en cause l’Iran.
      […]
      Le piratage a été mis en évidence en vérifiant vers quels serveurs web pointaient les noms de sites web officiels de plusieurs pays du Moyen Orient repris ci-dessus. Alors qu’ils n’avaient pas changé depuis des années, subitement ces dernières semaines ces sites web pointaient désormais temporairement (de quelques heures à quelques jours) vers des serveurs hébergés en Allemagne.

      Deux gestionnaires de serveurs DNS ont été attaqués, l’un en Suède, l’autre en Californie. L’un et l’autre contrôlent un très grand nombre de noms de domaines (des serveurs racines de noms de domaines). Le gestionnaire suédois a d’abord vu la partie de son système sans DNSSEC attaquée, ce qui a permis plus facilement aux pirates de réaliser des modifications dans les tables de relation entre les noms des sites web et les adresses IP des serveurs correspondants. Pour ce faire, ils ont pu utiliser, peut-on penser, un login et un mot de passe volé auprès d’un service d’enregistrement de noms de domaines ; ce sont eux en effet qui annoncent les changements dans les noms de domaines, les nouveaux noms de domaines enregistrés, les modifications et les transferts. Le gestionnaire suédois a expliqué que ses clients, du Moyen Orient en l’occurrence, n’implémentent pas tous DNSSEC même si lui le fait pour sa propre infrastructure.

      Mais les pirates ont aussi réussi à compromettre la partie DNSSEC, et c’est toujours via le service d’enregistrement de noms de domaines qu’ils y sont parvenus... Depuis celui-ci, ils ont réussi à arrêter le protocole DNSSEC pendant un temps pour écouter les communications sur le réseau et de collecter les mots de passe des utilisateurs envoyés pour accéder à leurs emails et pour se connecter à distance au réseau de leurs entreprises. L’idée était sans doute de pouvoir accéder aux mails des officiels des pays imapctés. Là où ils n’ont pas pu (ou oublié d’) interrompre le protocole DNSSEC, les employés ont vu cette sécurité bien fonctionner : le service email fut interrompu sans que cela n’inquiète les utilisateurs). On a aussi pu mettre en évidence que les pirates ont réussi à obtenir de nouveaux certificats pour les sites web qu’il avait redirigés vers leurs serveurs.

      L’extrême sophistication de l’attaque met en émoi la communauté cyber : le protocole DNSSEC a été contourné par une accumulation de faiblesses organisationnelles périphériques : des certificats d’authenticité donnés un peu complaisamment, des services d’enregistrement de noms de domaines trop peu regardants sur la manière d’authentifier leurs agents, peu de précautions prises par ces derniers lors des demandes de modification d’un serveur qui héberge un site web ou un service mail. La leçon est toujours la même : lorsqu’un protocole semble sûr (DNSSEC), les pirates cherchent alors à profiter des faiblesses organisationnelles et des négligences humaines. Pour les 80% du web non encore protégé par DNSSEC, c’est encore plus simple. L’ICANN a raison de sortir de sa réserve.

    • suite à fausse manœuvre de ma part, le commentaire (msg 763227) de @stephane sur le deuxième article de la Tribune apparait en commentaire du commentaire (msg 763156) citant ce deuxième article et n’apparait donc pas ici… je le reprends donc pour garder le fil.

      Stéphane Bortzmeyer - 26/02/2019 14:59:55

      Plein d’erreurs techniques énormes dans cet article : si, DNS peut utiliser TCP, non DNSSEC n’introduit pas d’aléatoire (ils confondent avec SPR), non, DNSSEC ne chiffre pas, et ces attaques n’utilisaient pas de techniques DNS de tout façon.

  • Mahjoubi et Schiappa croient lutter contre la haine en méprisant le droit européen
    https://www.laquadrature.net/2019/02/14/mahjoubi-et-schiappa-croient-lutter-contre-la-haine-en-meprisant-le-dr

    Ce matin, Mounir Mahjoubi a présenté au public son « plan d’action contre les contenus haineux en ligne », qu’il compte mener aux côtés de Marlène Schiappa et de la députée En Marche Laetitia Avia. Au-delà de…

    #Non_classé

  • affordance.info : La cagnotte Leetchi, le philosophe abruti, et la faillite de la démocratie.
    https://www.affordance.info/mon_weblog/2019/01/cagnotte-leetchi-philosophe-abruti-faillite-democratie.html

    Ils sont devenus fous. Et clairement l’hypothèse psychiatrique n’est plus à exclure.

    L’histoire est donc celle de cette fameuse cagnotte Leetchi supposée permettre de payer les frais de justice du boxeur ayant attaqué des CRS, ou des gendarmes, je ne sais plus.

    Cagnotte « indigne » pour Mounir Mahjoubi, et cagnotte pour laquelle Marlène Schiappa voudrait que l’on puisse disposer du nom des donateurs, tous selon elle coupables de « complicité ». Carrément.

    Pendant ce temps, un autre qui n’a de philosophie que celle de la mise en scène de sa propre fatuité éructe sur Radio Classique qu’il faut que gendarmes et CRS n’hésitent plus à faire usage de leurs armes. Il s’appelle Luc Ferry. Il a été ministre de la république. Ministre de quoi ? De l’éducation. De l’éducation. Et aujourd’hui il n’est qu’un dingue de plus, pour qui la saillie audimateuse a remplacé toute forme de pensée. Demain il nous expliquera probablement que bien sûr c’était simplement une « posture », ou une « provocation ». Mais aujourd’hui il a demandé à ce que les gardes et l’armée de la république n’hésitent pas à faire usage de leurs armes létales sur cette foule haineuse de militants d’extrême droite ou d’extrême gauche. D’autres ont mis la philosophie dans le boudoir, lui ne doit rêver que de se faire greffer un Tonfa en guise de pénis.

    #mouvement_social #plateforme #démocratie #répression

  • Le mariage pour tous abordé lors du grand débat national ? « Nous n’interdisons aucun thème », répond Chantal Jouanno
    https://www.europe1.fr/politique/le-mariage-pour-tous-aborde-lors-du-grand-debat-national-nous-ninterdisons-a

    Invitée de la matinale d’Europe 1, lundi, la présidente de la Commission nationale du débat public Chantal Jouanno a indiqué qu’aucun thème n’était exclu du grand débat national qui débute le 15 janvier.

    Responsable de l’organisation du « #grand_débat_national », qui démarre le 15 janvier, Chantal Jouanno n’a pas exclu une réouverture du débat sur le mariage pour tous lors de ces échanges : « Peut-être que nos concitoyens voudront le faire. Nous n’interdisons aucun thème. C’est ensuite au gouvernement de décider ce qu’il en fera », a-t-elle assuré au micro d’Audrey Crespo-Mara sur Europe 1, lundi.

    Des opposants au mariage pour tous « libres » d’organiser une réunion. La présidente de la Commission nationale du débat public (CNDP) réagissait à la première place, parmi 5.000 propositions, de l’abrogation du mariage pour tous dans la consultation lancée par le #Conseil_économique_social_et_environnemental.

    #CESE

    • Gilets jaunes : 7 000 contributions déposées sur le site du Conseil économique, social et environnemental
      https://www.ouest-france.fr/societe/gilets-jaunes/gilets-jaunes-7-000-contributions-deposees-sur-le-site-du-conseil-econo

      Sur son site internet, le Conseil économique, social et environnemental (Cese) a lancé une consultation qui s’adresse à tous. 7 300 contributions ont été déposées, ce midi, vendredi 4 janvier. Le Cese proposait aux citoyens « avec ou sans gilet jaune » de s’exprimer sur six sujets : « inégalités sociales », « justice fiscale », « inégalités territoriales », « pouvoir d’achat », « participation des citoyens » et « transition écologique ».

      Les contributions les plus votées sont souvent celles issues de réseaux militants très marqués à droite comme celles de l’Institut pour la justice ou de collectifs opposés au mariage pour tous (en tête avec 4 700 votes) ou à la PMA.

      Dans les contributions les plus votées, figurent également des textes pour demander « la fin des subventions dans l’éolien », « le retour à l’universalité des allocations familiales », « la prise en compte du vote blanc » ou « la création d’un référendum d’initiative citoyenne » (900 votes).

    • La consultation du Cese détournée par les anti-mariages pour tous : « Une bonne pratique de ce qu’il ne faut pas faire », estime Mounir Mahjoubi - LCI
      https://www.lci.fr/social/la-consultation-du-cese-detournee-par-les-anti-mariages-pour-tous-une-bonne-prat

      La lecture du site du Conseil économique, social et environnemental (Cese) aura donné beaucoup de grain à moudre aux plus sceptiques dans le débat sur le Référendum d’initiative citoyenne. Le 15 décembre, l’assemblée constitutionnelle initiait une consultation en ligne, en réponse aux revendications des Gilets jaunes sur l’instauration de ce mode de démocratie directe. Elle permettait à tous les citoyens de proposer des mesures autour de six thèmes : inégalités sociales, justice fiscale, inégalités territoriales, pouvoir d’achat, participation des citoyens et transition écologique. 

      Des revendications bien loin des demandes portées par les Gilets jaunes

      Au vendredi 4 janvier, date de sa clôture, l’initiative avait recueilli plus de 9000 contributions, pour environ 31.000 participants. Et, en tête des propositions les plus populaires, une vieille rengaine : l’abrogation de la loi Taubira ouvrant le mariage et l’adoption aux couples gays et lesbiens de 2013. Non loin derrière, le retour de l’universalité des allocations familiales, un référendum d’initiative citoyenne sur le projet de loi bioéthique et l’abolition universelle de la GPA. Des propositions très éloignées des revendications portées par les Gilets jaunes : justice fiscale, pouvoir d’achat, référendum d’initiative citoyenne...

    • Chantal Jouanno, l’oligarque aux 176 000 euros  :  Cela ne dépend pas de moi et ça n’est pas lié au grand débat national
      wikipédia, extraits :
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Chantal_Jouanno

      Famille
      Elle est la fille de Jean-Louis Paul, chef d’entreprise de cartonnerie de Vernon dans l’Eure, et de Françoise Paul.

      Formation
      Après son baccalauréat, elle obtient un BTS en commerce international à Paris et débute comme assistante export zone Afrique puis Amérique latine en 1988 chez #Citroën, et effectue un stage au service de la comptabilité de la Banque internationale pour l’Afrique occidentale entre 1989 et 1990 1.

      Elle obtient ensuite une maîtrise d’administration économique et sociale à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et, après avoir sollicité #Martine_Aubry 2, elle est chargée d’un rapport sur le travail frontalier pour le ministère du Travail et de l’Emploi en 19921.

      Carrière professionnelle
      En 1994, elle est recrutée par #EDF pour y mettre en place un observatoire social. Puis, diplômée de #Sciences_Po Paris, elle entre à 28 ans à l’École nationale d’administration l’#ENA en 1997 (promotion Cyrano de Bergerac), dont elle sort en 1999 comme administrateur civil au ministère de l’Intérieur : sous-préfète, directrice de cabinet du préfet de la Vienne et de Poitou-Charentes, entre 1999 et 2001 1.

      Brièvement conseillère pour la réforme de la police auprès du directeur central de la sécurité publique au ministère de l’Intérieur en 2001, elle devient la même année directrice de cabinet du PDG de #Coframi1.
      . . . .
      Débuts
      Elle retrouve les bureaux de la place Beauvau en 2002, en qualité de responsable du bureau des statuts et de la réglementation des personnels territoriaux à la direction générale des collectivités locales.

      Elle est choisie par le ministre titulaire, #Nicolas_Sarkozy, comme rédactrice de ses discours à partir de juillet 2002, tout en étant officiellement chargée de la communication auprès de Michel Gaudin, directeur général de la #police_nationale.

      Sur les conseils de #Claude_Guéant, elle s’intéresse au #développement_durable, domaine pour lequel, avec les questions de sécurité routière, elle est nommée conseillère technique au cabinet du ministre en 2003. Quand Nicolas Sarkozy quitte le ministère de l’Intérieur, elle devient jusqu’en 2006, sa directrice de cabinet et de communication au Conseil général des Hauts-de-Seine où elle sera notamment chargée d’organiser la concertation publique pour élaborer le programme sur cinq ans du Conseil général, et d’installer le premier conseil départemental du développement durable.

      Elle suit ensuite Nicolas Sarkozy au ministère de l’Intérieur, comme conseillère pour le développement durable8, puis participe à son programme présidentiel. Quand il est élu président de la République, en 2007, elle est nommée conseiller développement durable à l’Élysée, et a la charge notamment des négociations du# Grenelle_Environnement 2.

      Elle est nommée le 6 février 2008 présidente de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (#Ademe) 3, et administratrice de l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (#ANDRA) le 30 juillet suivant.

      Membre du gouvernement
      Le 21 janvier 2009, elle est nommée secrétaire d’État chargée de l’#Écologie, en remplacement de Nathalie Kosciusko-Morizet.

      En tant que secrétaire d’État chargée de l’Écologie, elle doit porter devant le Parlement l’examen des lois dites « Grenelle I » et « Grenelle II » issues du Grenelle Environnement qu’elle a suivi pour l’Élysée et à l’Ademe9 et souhaite défendre « la biodiversité, la santé environnementale et la conso durable »2.

      Dans le cadre des élections régionales 2010, elle énonce les « principes d’une écologie de droite » qui seraient notamment la croissance, le progrès technologique, et l’utilisation de l’#énergie_nucléaire 10.

      Le 26 juillet 2010, Chantal Jouanno annonce que « seuls les ours tués ou morts accidentellement seront remplacés », stoppant ainsi le plan de réintroduction de ces animaux dans les Pyrénées11. Deux jours plus tard, elle présente le bilan qualité de l’air 2009, qui indique que la concentration en particules polluantes a augmenté par rapport à l’année précédente ; pour répondre à ce problème, la secrétaire d’État annonce plusieurs mesures dans le cadre d’un « plan particules », avec pour objectif de réduire de 30 % les émissions polluantes d’ici 201512.

      Chantal Jouanno est nommée le 14 novembre 2010 ministre des Sports dans le gouvernement #Fillon 3
      . . . .

  • CES Las Vegas 2019 : comment la French Tech tente de monter en gamme
    https://www.latribune.fr/technos-medias/ces-las-vegas-2019-la-french-tech-tente-de-monter-en-gamme-802601.html

    […]
    "What country is Occitanie" ? La France face au défi d’une présence plus cohérente
    Cocorico ? Pas vraiment. Ce nouveau record a plutôt tendance à embarrasser la Mission French Tech et Business France, qui fédèrent la présence française au CES et qui prévoyaient - pour ne pas dire espéraient - une petite décrue. Car la France a changé son fusil d’épaule.

    « Désormais, la stratégie est moins d’exhiber le plus de startups possible pour que le monde remarque que la France sait innover, mais de mettre en avant des futurs champions mondiaux, des belles boîtes dans des domaines d’excellence, pour attirer des talents du monde entier en France et montrer que notre écosystème tech est mature », explique Éric Morand, le directeur du département Tech et Services de Business France.

    Autrement dit, battre encore des records de présence est inutile quand on souhaite mettre l’accent sur la qualité plutôt que sur la quantité. « La course aux records au CES, c’est terminé », avait déclaré le secrétaire d’État au Numérique, Mounir Mahjoubi, au printemps dernier.

    Car, autant du côté de Bercy que de Business France ou de la Mission French Tech, l’édition 2018 avait laissé un arrière-goût amer. Certes, la France était immanquable l’an dernier à Las Vegas. Mais quel désordre ! Au lieu de présenter une délégation unique, thématiquement organisée autour des forces de la scène tech française - ce que font d’autres pays comme l’Italie ou l’Allemagne -, la France était arrivée avec des troupes en ordre dispersé. Chaque région avait envoyé sa propre délégation et menait sa propre politique d’attractivité. Mais, dans un immense salon international, cette logique s’est avérée improductive, voire absurde. « What country is Occitanie ? », a-t-on pu entendre près du stand toulousain.

    « C’était le bal des ego : chacun voulait tirer la couverture à soi. Du coup le message global de la marque France était complètement inaudible, admet Éric Morand. Il y a aussi eu une course à l’échalote pour amener la plus grande délégation possible, quitte à prendre des startups trop jeunes ou trop axées sur le marché professionnel, qui n’avaient rien à faire dans un salon grand public comme le CES », poursuit-il.

    D’après Olivier Ezratty, ces « erreurs de casting » représentent tous les ans jusqu’à 15 % de la présence française... avec une mention spéciale l’an dernier aux régions Nouvelle-Aquitaine (39 % de l’effectif total) et Occitanie (33 %).

  • Effet « #gilets_jaunes » oblige, les politiques français lâchent le CES de Las Vegas
    https://www.latribune.fr/technos-medias/effet-gilets-jaunes-oblige-les-politiques-francais-lachent-le-ces-802590.h


    Emmanuel Macron, alors en pleine campagne présidentielle, avait fait en personne le déplacement en 2017 au CES de Las Vegas, pour bénéficier de l’image alors positive de la "startup nation".
    Crédits : REUTERS/Steve Marcus

    Malgré la présence d’un nombre record de startups françaises (plus de 420) au CES de Las Vegas, qui se tient du 8 au 11 janvier, aucun ministre ni président de Région, pas même le secrétaire d’Etat au Numérique Mounir Mahjoubi, ne fera le déplacement. Un contraste saisissant avec les éditions précédentes, qui s’explique par la disgrâce dans l’opinion de la "#startup_nation" dans le contexte social tendu des "Gilets jaunes".

    Le CES de Las Vegas devient-il infréquentable ? Le mouvement des « Gilets jaunes », qui a fragilisé le pouvoir cet automne, a une conséquence inattendue : le plus grand salon technologique au monde, qui attirait pourtant depuis quelques années la crème de la crème des politiques, tombe totalement en disgrâce. Dans un contexte social très tendu où les fins de mois difficiles reviennent au cœur des débats, la « startup nation » n’a plus le vent en poupe auprès des élus et du gouvernement.

    « Personne ne veut s’afficher aux côtés de la France privilégiée qui crée des gadgets high-tech, dans la capitale mondiale du bling-bling. Ce serait complètement déconnecté », confie, sous couvert d’anonymat, un membre d’un cabinet ministériel à Bercy.

    Un constat valable aussi pour l’opposition et les présidents de régions, mais surtout pour la Macronie, traumatisée à l’idée que « l’affaire #Pénicaud  » (une coûteuse soirée en marge du CES en 2016 autour d’Emmanuel Macron, organisée par Business France sans appel d’offre) revienne encore hanter le président…

    • CES 2019 : un Mounir Mahjoubi virtuel confirme le « Next 40 », le CAC 40 de la French Tech
      https://www.latribune.fr/technos-medias/innovation-et-start-up/ces-2019-un-mounir-mahjoubi-virtuel-confirme-le-next-40-le-cac-40-de-la-fr

      Le secrétaire d’État au Numérique va venir trois fois au CES... de manière virtuelle, sous la forme d’un robot de téléconférence créé par la startup française Awabot. Lors de la soirée francophone en marge du salon, il a confirmé le lancement cette année d’un tout nouvel indice pour les startups, le Next 40.

      Cette année, aucun membre du gouvernement ni président de Région n’a fait le déplacement au CES. Et pour cause : dans le contexte social tendu des « Gilets jaunes », le plus grand salon technologique au monde, situé dans la capitale mondiale du bling-bling à Las Vegas, est devenu complètement infréquentable. Une situation délicate pour le secrétaire d’État au Numérique, Mounir Mahjoubi, peu enclin au risque politique de s’exhiber au milieu de la « startup nation » si impopulaire en ce moment, mais dont la présence était pourtant attendue de pied ferme par l’écosystème de la French Tech.

      Comme en son temps François Hollande, Mounir Mahjoubi a donc décidé de pratiquer l’art de la synthèse. Mardi 8 janvier, il a bien fait une apparition au CES... depuis Paris, de manière virtuelle. Une manière d’être là sans vraiment être là, de montrer son soutien à l’écosystème sans prêter le flanc à la critique d’un coûteux voyage.

  • Tunisia: Privacy Threatened by ‘Homosexuality’ Arrests

    Tunisian authorities are confiscating and searching the phones of men they suspect of being gay and pressuring them to take anal tests and to confess to homosexual activity, Human Rights Watch said today. Prosecutors then use information collected in this fashion to prosecute them for homosexual acts between consenting partners, under the country’s harsh sodomy laws.

    “The Tunisian authorities have no business meddling in people’s private sexual practices, brutalizing and humiliating them under the guise of enforcing discriminatory laws,” said Amna Guellali, Tunisia director at Human Rights Watch. “Tunisia should abolish its antiquated anti-sodomy laws and respect everyone’s right to privacy.”

    Human Rights Watch spoke with six men prosecuted in 2017 and 2018 under article 230 of the penal code, which punishes consensual same-sex conduct with up to three years in prison. One person interviewed was only 17 years old the first time he was arrested. Human Rights Watch also reviewed the judicial files in these cases and five others that resulted in prosecutions under either article 230 or article 226, which criminalizes “harming public morals.” In addition to violating privacy rights, these cases included allegations of mistreatment in police custody, forced confessions, and denial of access to legal counsel.

    Police arrested some of these men after disputes arose between them or after neighbors reported them. Two had gone to the police to report being raped.

    Some of the men spent months in prison. At least three have left Tunisia and applied for asylum in European countries.

    K.S., a 32-year-old engineer, entered a police station in Monastir in June 2018 to file a complaint of gang rape, and to get an order for a medical examination of his injuries. Instead of treating him as a victim, he said, the police ordered an anal test to determine whether K.S. was “used to practicing sodomy.” “How they treated me was insane,” K.S. told Human Rights Watch. “How is it their business to intrude into my intimate parts and check whether I am ‘used to sodomy’?”

    In another case, a 17-year-old was arrested three times on sodomy charges and was forced to undergo an anal examination, as well as months of conversion therapy at a juvenile detention center. Both harmful practices are discredited.

    Tunisian prosecutors have relied extensively in recent years on forced anal examinations to seek “evidence” of sodomy, even though the exams are highly unreliable and constitute cruel, degrading, and inhuman treatment that can rise to the level of torture.

    On September 21, 2017, during the Universal Periodic Review at the United Nations Human Rights Council, Tunisia formally accepted a recommendation to end forced anal exams. However, Tunisia’s delegation stated: “Medical examinations will be conducted based on the consent of the person and in the presence of a medical expert.” This stance is not credible because trial courts can presume that a refusal to undergo the exam signals guilt, Human Rights Watch said. Tunisia should abandon anal exams altogether.

    Prosecutions for consensual sex in private and between adults violate the rights to privacy and nondiscrimination guaranteed by the International Covenant on Civil and Political Rights, to which Tunisia is a party. The United Nations Human Rights Committee, which monitors compliance with the covenant, has stated that sexual orientation is a status protected against discrimination. The UN Working Group on Arbitrary Detention has found that arrests for same-sex conduct between consenting adults are, by definition, arbitrary.

    Tunisia’s 2014 constitution, in article 24, obliges the government to protect the rights to privacy and the inviolability of the home. Article 21 provides that “All citizens, male and female, have equal rights and duties, and are equal before the law without any discrimination.” Article 23 prohibits “mental and physical torture.”

    The Code of Criminal Procedure prohibits house searches and seizure of objects that could serve a criminal investigation without a judicial warrant, except in cases of flagrante delicto, that is when catching someone in the act.

    Article 1 of Law No. 63 on the protection of personal data stipulates that “every person is entitled to the protection of their personal data and privacy of information, viewed as a fundamental right guaranteed by the constitution. This data can only be used with transparency, loyalty and respect for the dignity of the person whose data is subject of treatment.” However, neither Law No. 63 nor any other domestic law regulates the conditions for seizing private data during a police investigation or its use.

    On June 12, the Commission on Individual Freedoms and Equality, appointed by President Beji Caid Essebsi, proposed, among other actions, to decriminalize homosexuality and to end anal testing in criminal investigations into homosexuality. It also proposed criminalizing the unlawful “interception, opening, recording, spreading, saving and deleting” of an electronic message.

    On October 11, 13 members of the Tunisian Parliament introduced draft legislation for a code on individual freedoms. It incorporated several proposals from the presidential commission including abolition of article 230.

    Parliament should move quickly on this draft legislation and abolish article 230, Human Rights Watch said. It should enact a law that effectively protects people’s privacy, through regulating the seizure and use of private data during criminal investigations, with consequences if such a law is violated.

    The Justice Ministry should meanwhile direct public prosecutors to abandon prosecutions under article 230. The Interior Ministry should investigate reports of the ill-treatment of people arrested based on their gender identity or sexual orientation.

    Human Rights Watch conducted face to face interviews with men in Tunisia and phone interviews with men who fled to European countries. Pseudonyms have been used to protect their privacy.

    Shams and Damj, local LGBT rights groups, provided assistance.

    Accounts by Men Prosecuted

    K.S., 32, engineer

    K.S. used to work for an international company in Tunis. He said that on June 8, he went to spend the weekend in at a friend’s house in Monastir, a coastal city. He had earlier chatted with a man from Monastir on Grindr, a social network application for gays. They made a date and they met that day in a café. The man invited K.S. to his house, but once there, the man became aggressive and showed K.S. a police badge. Two other men arrived, and they started insulting him, calling him “sick.” “One said, ‘You people of Loth [a demeaning term derived from the Biblical and Quranic story of Lot], you deserve to be killed, you are like microbes.’”

    They punched and slapped him on the face, he said. Then the man who had invited him said, “We will show you what sodomy is like.” The men then forced him to take off his clothes and bend over. Two of them held K.S. by the arms while the third inserted a baton in his anus. “It was unbearable, I felt that I will faint,” K.S. said. They finally let him leave.

    I was shivering and bleeding [when I reached my friend’s house]. The next day, I went to Fattouma Bourguiba hospital in Monastir. I just wanted to get medical treatment and to check that I did not have internal hemorrhaging.

    But, he said, the doctor refused to examine him without a police order:

    I went to the Skanes district police station in Monastir, to try to get the requisition order. I did not want to tell the police the full story, so I just said that three men had raped me. The policeman who was typing my statement left the room at some point, and that’s when I saw on the screen that he was instructing the doctor at Fatouma Bourguiba hospital to examine whether I am ‘used to practicing sodomy.’ I felt the blood freeze in my body.

    Human Rights Watch reviewed the June 9 police requisition order, in which the chief instructs the doctor to examine whether K.S. was “used to practicing sodomy” and whether he was victim of anal rape.

    K.S. said that, when the policeman returned to the office, K.S. asked if he could leave. The policeman replied: “And go where? You can’t leave before we check what kind of stuff you do.” The policeman called for a patrol car to drive K.S. to the hospital.

    The doctor told me that he has a requisition order to perform an anal test. “We want to check whether this is a habit,” he said. I was terrified. I told him that I didn’t want to do the test. But he insisted that he had to perform it. He told me to remove my pants and assume a prayer position [on hand and knees] on top of the medical bed. He put on gloves and started to examine me with his fingers. As soon as he did, I felt sick and told him I wanted to go to the toilet. I wanted to stop this humiliation. He let me go. I managed to avoid the policemen who were waiting for me in the corridor and left the hospital. Once in the parking lot, I started running until I felt safe, and then went to my friend’s house.

    K.S. said he took a flight on June 13 to Belgium, where he has filed a request for asylum.

    K. B., 41, documentary filmmaker

    K.B. spent 13 months in pretrial detention on accusation of sodomy and unlawful detention. He is married and the father of an 8-year-old girl. He told Human Rights Watch that on March 3, 2017, at around 9 p.m., he went to downtown Tunis for drinks. While he was sitting in a bar, S.Z., a young man, approached him. They chatted for a while, then K.B. invited him to his place. He said that, after having sex, he went to the kitchen to prepare some food. When he came back to the living room, he caught the man stealing money from his wallet. K.B. tried to force him out of his apartment, but the man locked himself in a bedroom, went to the balcony, and screamed for help. Policemen arrived, arrested them, and took them to the Aouina district police station.

    Police treated me with contempt. The first question the interrogator asked was whether I had sex with S.Z. I denied it categorically and told him we only had drinks together. But he said that S.Z. had confessed. The interrogator asked me: “Aren’t you ashamed of yourself?”
    K.B. said the police at the station confiscated his phone and looked at his social media history and his photo archives. They switched the phone off and did not allow him to call his family or a lawyer. They presented him with a statement to sign, but he refused. At 4 a.m., they transferred both men to Bouchoucha detention center. Later that morning, the police took the men to the Tunis first instance court, where a prosecutor ordered them to undergo an anal test. The police took them to Charles Nicole hospital, K.B. said, where he refused the test. “The idea of them intruding into my intimacy and into my body was so humiliating to me.”

    He was returned to detention and after a few weeks decided to undergo the test in the hope that negative results would prove his innocence. He said he informed the investigative judge during a hearing and the judge issued a requisition. Police officers took him again to Charles Nicole Hospital.

    It was the worst thing that ever happened to me. The doctor asked me to strip and get on the examination table. He asked me to bend over. There was one policeman in the room and one medical assistant, watching. The doctor put one finger into my anus and moved it around. I was so ashamed. It was very dehumanizing.

    K.B. said that even though the test result was negative, the investigative judge indicted him for sodomy. The order referring the case to trial said that the time elapsed between the alleged act and the test prevented the court from ruling out that K.B. was “used to the practice of sodomy.”

    In May 2018, 13 months after the court placed K.B. in pretrial detention, it acquitted and freed him.

    In the indictment, the investigative judge wrote that S.Z. had confessed to the police to “committing the crime of sodomy in exchange for money” and that he admitted that he “approached and dated men he met via Facebook.” The judge quotes the police report, which describes in crude terms the sexual intercourse between K.B. and S.Z. The judge also states that K.B has denied the accusation of sodomy, and instead stated that he and S.Z. were only having drinks at his place and did not have sex.

    The investigative judge notes that S.Z. later retracted his confession and says that he gave instructions for the forensic doctor in the Charles Nicole Hospital to administer an anal test to determine whether K.B “bore signs of the practice of homosexual activity” recently or whether he “practices sodomy in a habitual way.”

    The judge’s indictment of K. B. was based on S.Z.’s confession to the police, later repudiated, from “the circumstances of the case, which show that the two men had no other reason to go to K. B.’s house” and K. B.’s refusal to take the anal test. The judge wrote: “given that the test was performed 20 days after the reported incident, the forensic doctor was not able to find signs of anal penetration because those signs disappear five days after the act.”

    “Free” (nickname), 32, hairdresser

    Free said that on the night of April 5, 2018, he went with a female friend from Sousse to Monastir for drinks and to meet his boyfriend. When they arrived at around 9 p.m., he said, a police patrol stopped them and asked for their papers, then told the woman to accompany them to the station for further identity checks. Free waited outside the station.

    While waiting, Free received an angry message from his boyfriend asking him why he was late. Free explained where he was and snapped a photo of the station as proof. A police officer saw him and confiscated Free’s telephone, saying he had endangered state security. The officer took him to an interrogation room, where another officer handcuffed him to a chair. An officer searched the phone and finding nude photos of Free, then searched his social media activity and read the conversations he had with men on gay dating apps and his chats with his boyfriend on Facebook Messenger, some of them sexually explicit.

    Free said that the police officer turned to him and said, “I hate you, you sodomites. You will have to pay for your depravity.” Other police officers in the room insulted Free, he said. The officer interrogated him about his sexual activity, wrote a report, and told him to sign it. When Free refused, a policeman slapped him in the face and said, “Ah, now you are trying to be a man. Just sign here, you scum.” Free signed the report without reading it.

    At no point during the interrogation did the police advise Free of his right to speak to a lawyer. At around midnight, they moved him into a cell, where he spent the night. The following day, he was taken before a prosecutor, who charged him with sodomy but decided to release him provisionally pending trial. On June 6, he appeared before the first instance court in Monastir. The presiding judge closed the courtroom to the public.

    The first question he asked me was whether I am used to the practice of sodomy. I told him I was not. He asked the question again, then asked, “Then why did you confess?” I answered, “Because the police forced me to.” The judge asked, “But if you are not a sodomite, why do you dress like this, why do you look like one of them?”

    He said the judge adjourned the trial to June 14, when he convicted Free and sentenced him to a four-months sentence with probation, based on his phone conversations and his forced confession. Free has appealed.

    M. R., 26, paramedic

    M.R. worked in a hospital in Tebourba, a city 40 kilometers west of Tunis. He fled to France and applied for asylum after being charged under article 230 and granted pretrial release.

    M.R. said he had always hidden his sexual orientation because of severe social stigma. In November 2017, he chatted with a man on Facebook. The man, called A.F., sent him photos, and they decided to meet. When they did, M.R. realized that the photos were fake and told A.F. that he would not have sex with him. A few days later, on November 28, A.F. banged on his door at around 4 a.m. Fearing scandal, M.R. opened the door to find A.F. drunk and wielding a knife. A.F. slapped him on the face, ordered him to remove his clothes, and raped him, he said, threatening to cut his throat. After a few hours, A.F. told M.R. to buy A.F. cigarettes. M.R. went to the Tebourba police station and filed a rape complaint.

    When I told the police officers about the rape, they asked me how I knew the man and how we met. I dodged the questions, but they insisted. I told them that I am gay, and their behavior changed instantly. The station chief said: “Ah, so you were the one who initiated this, you are an accomplice to the crime, there is no rape here – you deserve this.” Then, he handed me a requisition order and told me to go get an anal test the following day at Charles Nicole Hospital.

    The police interrogated M.R., then accompanied him to his apartment, where they arrested A.F. The police told M.R. to undergo the anal examination, then report to the First Instance Court in Manouba. M.R. consulted the nongovernmental association Shams, which defends sexual minorities, and decided to skip the anal test. When he reported to the court, the investigative judge treated him as a criminal, not a victim. M.R. said:

    He asked questions about my sex life and when I started practicing sodomy with other men. He said that I deserved everything that had happened to me and that I should be ashamed of myself.

    M.R. said that the judge charged him with sodomy and granted him pretrial release. A.F. was kept in custody and charged with sodomy and rape.

    The indictment of M.R., prepared by the investigative judge and dated December 13, 2017, provides purported details from M.R.’s intimate life, including confessions that he is gay. The indictment also relies on the confession from A.F. and cites a condom seized at M. R.’s house as evidence.

    M.R. said that, three days after the encounter with A.F., he reported to work at the hospital. The director handed him a dismissal notice on the grounds that he was facing trial.

    I had to go back to my family’s place, as I had no salary anymore. It was like living in a prison. My father and older brother beat me many times, my father even burned me with a cigarette. They did not allow me to go out, they said they were ashamed of me.

    Having lost everything, he left Tunisia for France.

    I had no other choice, I felt rejected by everyone, my family, society, my colleagues. And I was afraid of going to prison.

    Mounir Baatour, M.R.’s lawyer, told Human Rights Watch that the case is stalled in the first instance court in Manouba, and has yet to go to trial. On May 15, 2018, indictment chamber sent the indictment to the cassation court for a legal review, which is pending.

    R. F., 42, day laborer, and M.J. 22, unemployed

    On June 12, 2018, police in Sidi Bouzaiane arrested R.F. and M.J. after R.F. went to the police to say that M.J. had refused to leave R.F.’s house.

    M.J. said that the police came to his house and took both men to the police station at around midnight. They interrogated them in the same room, asking them how they met. A police officer took R.F.’s phone and watched videos stored on it, then said to R.F., “So you are a miboun [a degrading term for gay]. M.J. said:

    One of the four officers present during interrogation slapped R.F. on the face. Then he turned toward me and asked, “So what were you both doing in the house? I’m sure you were having sex, so you too must be a miboun. You are staining this country,” he said.

    M.J. said that policemen beat him on his face, head, and back. When the police finished the interrogation at 3 a.m., they presented a written report and told M.J. to sign it. He said he asked to have a lawyer first, but they refused to let him call one and insulted him. He signed the report.

    The police report, reviewed by Human Rights Watch, states that neither man requested a lawyer. R.F.’s purported statement, as the police recorded it, describes in graphic terms how he habitually practices sodomy and has sex with men. The police report states that officers searched R.F.’s smartphone and found videos of R.F. having sex with men. The police confiscated his phone, the report says, as “evidence of the crime.”

    Two days after the arrest, M.J. said, he and R.F. appeared before a prosecutor, who asked them: “Aren’t you afraid of God’s judgment?” He ordered pretrial detention, and they were sent to the Sidi Bouzid prison. M.J. said that one of the prison guards harassed him and asked him vulgar questions such as: “How you do this? Are you getting fucked for money? Why are you fucking men? Aren’t there enough women to fuck in this country?”

    He said he was put in a cell with 100 other men, who seemed to have been informed about his “crime.” Over the following days, his cellmates insulted, beat, and sexually harassed him. He said that one night, he refused to have sex with the cell “strongman”, so the man and two others beat him. He said they held his arms, while the strongman slapped him on the face and punched him on the chin.

    After a week in detention, he appeared before an investigative judge, who asked him about his sexual behavior. M.J. said he admitted that he is gay. He said he had done nothing wrong, but the judge replied, “You are harming society.”

    The first instance court in Sidi Bouzid sentenced the two men on June 12 to three months in prison for sodomy. The appeals court upheld the sentence.

    S.C., 24 and A.B., 22

    Police arrested S.C. and A.B. in Sousse on December 8, 2016, when they were allegedly caught committing sodomy in public. They were sentenced, on March 10, 2017, to eight months in prison under article 230 of the penal code and not on charges related to public indecency. The police report describes their sexual intercourse in detail and concludes that S.C. “committed active sodomy,” while A.B. was a “passive sodomite.”

    The judgment from the first instance court in Sousse, which Human Rights Watch reviewed, states that both denied committing sodomy or being homosexuals. It states that they were both subjected to anal examinations on December 9, 2016, that turned out “negative.” The judge concluded that: “the results of the anal tests cannot exonerate the accused of the crime, especially given that the [tests] were performed sometime after the facts.” The court based the guilty verdict only on the declarations by police officers and wrote that: “it is appropriate to sentence them to eight months as an adequate and dissuasive sentence proportional to the offense that they have committed.”

    A.C., 18, student

    A.C. was arrested three times for sodomy. The first time was in August 2017, when he was 17. Police forces arrested him at his house after his two sisters denounced him as gay and took him to the Kasba police station in Tunis. He said that they interrogated him extensively about his sexual orientation and took his smart phone and searched his personal data. The next day, they took him to a forensic doctor in the Charles Nicole hospital for an anal examination. He said he did not have a lawyer and that the police did not inform him of his right to have one.

    I did not understand what was going on. The police told me that the test is mandatory. The doctor told me to go on an examination bed and to bend, and then he inserted his fingers in my insides. The doctor did not explain what the test is about.

    A.C. said he was released without charge after spending two days in the Kasba police station.

    On May 15, 2018, he went to the police station in Sijoumi, in Tunis, in response to a summons. He said police officers told him his family had filed a complaint and questioned him for almost four hours. A.C. confessed to being gay. The police took him to Bouchoucha detention center in Tunis, where he spent the night. The next day, May 16, he appeared before the Tunis first instance court in Sidi Hassine, where an investigative judge interviewed him. The judge asked him: “Why are you like this? Don’t you know that what you’re doing is haram [forbidden under Islam]?”

    I told the judge that I didn’t break any laws, that what I do is my personal business. I did not hurt anyone. This is my private life and should not be the concern of anyone else.

    He said the judge ordered his detention for two months in a juvenile rehabilitation center, as he was still a minor, and forced him to undergo “conversion therapy,” a thoroughly discredited method to change someone’s sexual orientation or gender identity. At the center, a psychiatrist visited him twice, telling him that “he should work on changing himself and his mind.” He appeared before another investigative judge, on June 25, who released him.

    A.C. said that on September 2, he was running some errands with his boyfriend when the police stopped them and asked for their identity cards. The police told A.C. that his family had filed a complaint against him. They took him to Hay Hlel police station in Tunis, where they questioned him about his sexual life, confiscated his phone, and looked at his photos and personal conversations. A prosecutor issued a warrant to detain him, and he spent eight days in the Bouchoucha detention center. On September 20, he appeared before a judge, who released him without charge.

    F.B, 28; N.A, 21 and B.K., 27, day laborers

    In Sousse, a coastal city, the police arrested three men in January 2017, after neighbors complained that they suspected the men were gay. In the indictment, which Human Rights Watch reviewed, the investigative judge states that the police went to the house where the men were staying, seized their phones, on which they found “evidence that they were sodomites,” as well as “women’s clothing,” and took the men to the police station.

    The investigative judge ruled that the men harmed public morals based on the content of the seized phones and “because they dressed up like women, used lipstick, and talked in a languid way.” The police report and the indictment, which usually would include information about a judicial warrant, did not indicate that the police had one. The three men were sentenced to two months in prison for the charge of harming public morals and served their terms.

    https://www.hrw.org/news/2018/11/08/tunisia-privacy-threatened-homosexuality-arrests

    #Tunisie #homophobie #homosexualité #COI #LGBT

  • 56,800 migrant dead and missing : ’They are human beings’

    One by one, five to a grave, the coffins are buried in the red earth of this ill-kept corner of a South African cemetery. The scrawl on the cheap wood attests to their anonymity: “Unknown B/Male.”

    These men were migrants from elsewhere in Africa with next to nothing who sought a living in the thriving underground economy of Gauteng province, a name that roughly translates to “land of gold.” Instead of fortune, many found death, their bodies unnamed and unclaimed — more than 4,300 in Gauteng between 2014 and 2017 alone.

    Some of those lives ended here at the Olifantsvlei cemetery, in silence, among tufts of grass growing over tiny placards that read: Pauper Block. There are coffins so tiny that they could belong only to children.

    As migration worldwide soars to record highs, far less visible has been its toll: The tens of thousands of people who die or simply disappear during their journeys, never to be seen again. In most cases, nobody is keeping track: Barely counted in life, these people don’t register in death , as if they never lived at all.

    An Associated Press tally has documented at least 56,800 migrants dead or missing worldwide since 2014 — almost double the number found in the world’s only official attempt to try to count them, by the U.N.’s International Organization for Migration. The IOM toll as of Oct. 1 was more than 28,500. The AP came up with almost 28,300 additional dead or missing migrants by compiling information from other international groups, requesting forensic records, missing persons reports and death records, and sifting through data from thousands of interviews with migrants.

    The toll is the result of migration that is up 49 percent since the turn of the century, with more than 258 million international migrants in 2017, according to the United Nations. A growing number have drowned, died in deserts or fallen prey to traffickers, leaving their families to wonder what on earth happened to them. At the same time, anonymous bodies are filling cemeteries around the world, like the one in Gauteng.

    The AP’s tally is still low. More bodies of migrants lie undiscovered in desert sands or at the bottom of the sea. And families don’t always report loved ones as missing because they migrated illegally, or because they left home without saying exactly where they were headed.

    The official U.N. toll focuses mostly on Europe, but even there cases fall through the cracks. The political tide is turning against migrants in Europe just as in the United States, where the government is cracking down heavily on caravans of Central Americans trying to get in . One result is that money is drying up for projects to track migration and its costs.

    For example, when more than 800 people died in an April 2015 shipwreck off the coast of Italy, Europe’s deadliest migrant sea disaster, Italian investigators pledged to identify them and find their families. More than three years later, under a new populist government, funding for this work is being cut off.

    Beyond Europe, information is even more scarce. Little is known about the toll in South America, where the Venezuelan migration is among the world’s biggest today, and in Asia, the top region for numbers of migrants.

    The result is that governments vastly underestimate the toll of migration, a major political and social issue in most of the world today.

    “No matter where you stand on the whole migration management debate....these are still human beings on the move,” said Bram Frouws, the head of the Mixed Migration Centre , based in Geneva, which has done surveys of more than 20,000 migrants in its 4Mi project since 2014. “Whether it’s refugees or people moving for jobs, they are human beings.”

    They leave behind families caught between hope and mourning, like that of Safi al-Bahri. Her son, Majdi Barhoumi, left their hometown of Ras Jebel, Tunisia, on May 7, 2011, headed for Europe in a small boat with a dozen other migrants. The boat sank and Barhoumi hasn’t been heard from since. In a sign of faith that he is still alive, his parents built an animal pen with a brood of hens, a few cows and a dog to stand watch until he returns.

    “I just wait for him. I always imagine him behind me, at home, in the market, everywhere,” said al-Bahari. “When I hear a voice at night, I think he’s come back. When I hear the sound of a motorcycle, I think my son is back.”

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    EUROPE: BOATS THAT NEVER ARRIVE

    Of the world’s migration crises, Europe’s has been the most cruelly visible. Images of the lifeless body of a Kurdish toddler on a beach, frozen tent camps in Eastern Europe, and a nearly numbing succession of deadly shipwrecks have been transmitted around the world, adding to the furor over migration.

    In the Mediterranean, scores of tankers, cargo boats, cruise ships and military vessels tower over tiny, crowded rafts powered by an outboard motor for a one-way trip. Even larger boats carrying hundreds of migrants may go down when soft breezes turn into battering winds and thrashing waves further from shore.

    Two shipwrecks and the deaths of at least 368 people off the coast of Italy in October 2013 prompted the IOM’s research into migrant deaths. The organization has focused on deaths in the Mediterranean, although its researchers plead for more data from elsewhere in the world. This year alone, the IOM has found more than 1,700 deaths in the waters that divide Africa and Europe.

    Like the lost Tunisians of Ras Jebel, most of them set off to look for work. Barhoumi, his friends, cousins and other would-be migrants camped in the seaside brush the night before their departure, listening to the crash of the waves that ultimately would sink their raft.

    Khalid Arfaoui had planned to be among them. When the group knocked at his door, it wasn’t fear that held him back, but a lack of cash. Everyone needed to chip in to pay for the boat, gas and supplies, and he was short about $100. So he sat inside and watched as they left for the beachside campsite where even today locals spend the night before embarking to Europe.

    Propelled by a feeble outboard motor and overburdened with its passengers, the rubber raft flipped, possibly after grazing rocks below the surface on an uninhabited island just offshore. Two bodies were retrieved. The lone survivor was found clinging to debris eight hours later.

    The Tunisian government has never tallied its missing, and the group never made it close enough to Europe to catch the attention of authorities there. So these migrants never have been counted among the dead and missing.

    “If I had gone with them, I’d be lost like the others,” Arfaoui said recently, standing on the rocky shoreline with a group of friends, all of whom vaguely planned to leave for Europe. “If I get the chance, I’ll do it. Even if I fear the sea and I know I might die, I’ll do it.”

    With him that day was 30-year-old Mounir Aguida, who had already made the trip once, drifting for 19 hours after the boat engine cut out. In late August this year, he crammed into another raft with seven friends, feeling the waves slam the flimsy bow. At the last minute he and another young man jumped out.

    “It didn’t feel right,” Aguida said.

    There has been no word from the other six — yet another group of Ras Jebel’s youth lost to the sea. With no shipwreck reported, no survivors to rescue and no bodies to identify, the six young men are not counted in any toll.

    In addition to watching its own youth flee, Tunisia and to a lesser degree neighboring Algeria are transit points for other Africans north bound for Europe. Tunisia has its own cemetery for unidentified migrants, as do Greece, Italy and Turkey. The one at Tunisia’s southern coast is tended by an unemployed sailor named Chamseddin Marzouk.

    Of around 400 bodies interred in the coastal graveyard since it opened in 2005, only one has ever been identified. As for the others who lie beneath piles of dirt, Marzouk couldn’t imagine how their families would ever learn their fate.

    “Their families may think that the person is still alive, or that he’ll return one day to visit,” Marzouk said. “They don’t know that those they await are buried here, in Zarzis, Tunisia.”

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    AFRICA: VANISHING WITHOUT A TRACE

    Despite talk of the ’waves’ of African migrants trying to cross the Mediterranean, as many migrate within Africa — 16 million — as leave for Europe. In all, since 2014, at least 18,400 African migrants have died traveling within Africa, according to the figures compiled from AP and IOM records. That includes more than 4,300 unidentified bodies in a single South African province, and 8,700 whose traveling companions reported their disappearance en route out of the Horn of Africa in interviews with 4Mi.

    When people vanish while migrating in Africa, it is often without a trace. The IOM says the Sahara Desert may well have killed more migrants than the Mediterranean. But no one will ever know for sure in a region where borders are little more than lines drawn on maps and no government is searching an expanse as large as the continental United States. The harsh sun and swirling desert sands quickly decompose and bury bodies of migrants, so that even when they turn up, they are usually impossible to identify .

    With a prosperous economy and stable government, South Africa draws more migrants than any other country in Africa. The government is a meticulous collector of fingerprints — nearly every legal resident and citizen has a file somewhere — so bodies without any records are assumed to have been living and working in the country illegally. The corpses are fingerprinted when possible, but there is no regular DNA collection.

    South Africa also has one of the world’s highest rates of violent crime and police are more focused on solving domestic cases than identifying migrants.

    “There’s logic to that, as sad as it is....You want to find the killer if you’re a policeman, because the killer could kill more people,” said Jeanine Vellema, the chief specialist of the province’s eight mortuaries. Migrant identification, meanwhile, is largely an issue for foreign families — and poor ones at that.

    Vellema has tried to patch into the police missing persons system, to build a system of electronic mortuary records and to establish a protocol where a DNA sample is taken from every set of remains that arrive at the morgue. She sighs: “Resources.” It’s a word that comes up 10 times in a half-hour conversation.

    So the bodies end up at Olifantsvlei or a cemetery like it, in unnamed graves. On a recent visit by AP, a series of open rectangles awaited the bodies of the unidentified and unclaimed. They did not wait long: a pickup truck drove up, piled with about 10 coffins, five per grave. There were at least 180 grave markers for the anonymous dead, with multiple bodies in each grave.

    The International Committee of the Red Cross, which is working with Vellema, has started a pilot project with one Gauteng morgue to take detailed photos, fingerprints, dental information and DNA samples of unidentified bodies. That information goes to a database where, in theory, the bodies can be traced.

    “Every person has a right to their dignity. And to their identity,” said Stephen Fonseca, the ICRC regional forensic manager.

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    THE UNITED STATES: “THAT’S HOW MY BROTHER USED TO SLEEP”

    More than 6,000 miles (9,000 kilometers) away, in the deserts that straddle the U.S.-Mexico border, lie the bodies of migrants who perished trying to cross land as unforgiving as the waters of the Mediterranean. Many fled the violence and poverty of Guatemala, Honduras, El Salvador or Mexico. Some are found months or years later as mere skeletons. Others make a last, desperate phone call and are never heard from again.

    In 2010 the Argentine Forensic Anthropology Team and the local morgue in Pima County, Ariz., began to organize efforts to put names to the anonymous bodies found on both sides of the border. The “Border Project” has since identified more than 183 people — a fraction of the total.

    At least 3,861 migrants are dead and missing on the route from Mexico to the United States since 2014, according to the combined AP and IOM total. The tally includes missing person reports from the Colibri Center for Human Rights on the U.S. side as well as the Argentine group’s data from the Mexican side. The painstaking work of identification can take years, hampered by a lack of resources, official records and coordination between countries — and even between states.

    For many families of the missing, it is their only hope, but for the families of Juan Lorenzo Luna and Armando Reyes, that hope is fading.

    Luna, 27, and Reyes, 22, were brothers-in-law who left their small northern Mexico town of Gomez Palacio in August 2016. They had tried to cross to the U.S. four months earlier, but surrendered to border patrol agents in exhaustion and were deported.

    They knew they were risking their lives — Reyes’ father died migrating in 1995, and an uncle went missing in 2004. But Luna, a quiet family man, wanted to make enough money to buy a pickup truck and then return to his wife and two children. Reyes wanted a job where he wouldn’t get his shoes dirty and could give his newborn daughter a better life.

    Of the five who left Gomez Palacio together, two men made it to safety, and one man turned back. The only information he gave was that the brothers-in-law had stopped walking and planned to turn themselves in again. That is the last that is known of them.

    Officials told their families that they had scoured prisons and detention centers, but there was no sign of the missing men. Cesaria Orona even consulted a fortune teller about her missing son, Armando, and was told he had died in the desert.

    One weekend in June 2017, volunteers found eight bodies next to a military area of the Arizona desert and posted the images online in the hopes of finding family. Maria Elena Luna came across a Facebook photo of a decaying body found in an arid landscape dotted with cactus and shrubs, lying face-up with one leg bent outward. There was something horribly familiar about the pose.

    “That’s how my brother used to sleep,” she whispered.

    Along with the bodies, the volunteers found a credential of a boy from Guatemala, a photo and a piece of paper with a number written on it. The photo was of Juan Lorenzo Luna, and the number on the paper was for cousins of the family. But investigators warned that a wallet or credential could have been stolen, as migrants are frequently robbed.

    “We all cried,” Luna recalled. “But I said, we cannot be sure until we have the DNA test. Let’s wait.”

    Luna and Orona gave DNA samples to the Mexican government and the Argentine group. In November 2017, Orona received a letter from the Mexican government saying that there was the possibility of a match for Armando with some bone remains found in Nuevo Leon, a state that borders Texas. But the test was negative.

    The women are still waiting for results from the Argentine pathologists. Until then, their relatives remain among the uncounted.

    Orona holds out hope that the men may be locked up, or held by “bad people.” Every time Luna hears about clandestine graves or unidentified bodies in the news, the anguish is sharp.

    “Suddenly all the memories come back,” she said. “I do not want to think.”

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    SOUTH AMERICA: “NO ONE WANTS TO ADMIT THIS IS A REALITY”

    The toll of the dead and the missing has been all but ignored in one of the largest population movements in the world today — that of nearly 2 million Venezuelans fleeing from their country’s collapse. These migrants have hopped buses across the borders, boarded flimsy boats in the Caribbean, and — when all else failed — walked for days along scorching highways and freezing mountain trails. Vulnerable to violence from drug cartels, hunger and illness that lingers even after reaching their destination, they have disappeared or died by the hundreds.

    “They can’t withstand a trip that hard, because the journey is very long,” said Carlos Valdes, director of neighboring Colombia’s national forensic institute. “And many times, they only eat once a day. They don’t eat. And they die.” Valdes said authorities don’t always recover the bodies of those who die, as some migrants who have entered the country illegally are afraid to seek help.

    Valdes believes hypothermia has killed some as they trek through the mountain tundra region, but he had no idea how many. One migrant told the AP he saw a family burying someone wrapped in a white blanket with red flowers along the frigid journey.

    Marta Duque, 55, has had a front seat to the Venezuela migration crisis from her home in Pamplona, Colombia. She opens her doors nightly to provide shelter for families with young children. Pamplona is one of the last cities migrants reach before venturing up a frigid mountain paramo, one of the most dangerous parts of the trip for migrants traveling by foot. Temperatures dip well below freezing.

    She said inaction from authorities has forced citizens like her to step in.

    “Everyone just seems to pass the ball,” she said. “No one wants to admit this is a reality.”

    Those deaths are uncounted, as are dozens in the sea. Also uncounted are those reported missing in Colombia, Peru and Ecuador. In all at least 3,410 Venezuelans have been reported missing or dead in a migration within Latin America whose dangers have gone relatively unnoticed; many of the dead perished from illnesses on the rise in Venezuela that easily would have found treatment in better times.

    Among the missing is Randy Javier Gutierrez, who was walking through Colombia with a cousin and his aunt in hopes of reaching Peru to reunite with his mother.

    Gutierrez’s mother, Mariela Gamboa, said that a driver offered a ride to the two women, but refused to take her son. The women agreed to wait for him at the bus station in Cali, about 160 miles (257 kilometers) ahead, but he never arrived. Messages sent to his phone since that day four months ago have gone unread.

    “I’m very worried,” his mother said. “I don’t even know what to do.”

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    ASIA: A VAST UNKNOWN

    The region with the largest overall migration, Asia, also has the least information on the fate of those who disappear after leaving their homelands. Governments are unwilling or unable to account for citizens who leave for elsewhere in the region or in the Mideast, two of the most common destinations, although there’s a growing push to do so.

    Asians make up 40 percent of the world’s migrants, and more than half of them never leave the region. The Associated Press was able to document more than 8,200 migrants who disappeared or died after leaving home in Asia and the Mideast, including thousands in the Philippines and Indonesia.

    Thirteen of the top 20 migration pathways from Asia take place within the region. These include Indian workers heading to the United Arab Emirates, Bangladeshis heading to India, Rohingya Muslims escaping persecution in Myanmar, and Afghans crossing the nearest border to escape war. But with large-scale smuggling and trafficking of labor, and violent displacements, the low numbers of dead and missing indicate not safe travel but rather a vast unknown.

    Almass was just 14 when his widowed mother reluctantly sent him and his 11-year-old brother from their home in Khost, Afghanistan, into that unknown. The payment for their trip was supposed to get them away from the Taliban and all the way to Germany via a chain of smugglers. The pair crammed first into a pickup with around 40 people, walked for a few days at the border, crammed into a car, waited a bit in Tehran, and walked a few more days.

    His brother Murtaza was exhausted by the time they reached the Iran-Turkey border. But the smuggler said it wasn’t the time to rest — there were at least two border posts nearby and the risk that children far younger travelling with them would make noise.

    Almass was carrying a baby in his arms and holding his brother’s hand when they heard the shout of Iranian guards. Bullets whistled past as he tumbled head over heels into a ravine and lost consciousness.

    Alone all that day and the next, Almass stumbled upon three other boys in the ravine who had also become separated from the group, then another four. No one had seen his brother. And although the younger boy had his ID, it had been up to Almass to memorize the crucial contact information for the smuggler.

    When Almass eventually called home, from Turkey, he couldn’t bear to tell his mother what had happened. He said Murtaza couldn’t come to the phone but sent his love.

    That was in early 2014. Almass, who is now 18, hasn’t spoken to his family since.

    Almass said he searched for his brother among the 2,773 children reported to the Red Cross as missing en route to Europe. He also looked for himself among the 2,097 adults reported missing by children. They weren’t on the list.

    With one of the world’s longest-running exoduses, Afghans face particular dangers in bordering countries that are neither safe nor welcoming. Over a period of 10 months from June 2017 to April 2018, 4Mi carried out a total of 962 interviews with Afghan migrants and refugees in their native languages around the world, systematically asking a series of questions about the specific dangers they had faced and what they had witnessed.

    A total of 247 migrant deaths were witnessed by the interviewed migrants, who reported seeing people killed in violence from security forces or starving to death. The effort is the first time any organization has successfully captured the perils facing Afghans in transit to destinations in Asia and Europe.

    Almass made it from Asia to Europe and speaks halting French now to the woman who has given him a home in a drafty 400-year-old farmhouse in France’s Limousin region. But his family is lost to him. Their phone number in Afghanistan no longer works, their village is overrun with Taliban, and he has no idea how to find them — or the child whose hand slipped from his grasp four years ago.

    “I don’t know now where they are,” he said, his face anguished, as he sat on a sun-dappled bench. “They also don’t know where I am.”

    https://abcnews.go.com/International/wireStory/global-lost-56800-migrants-dead-missing-years-58890913
    #décès #morts #migrations #réfugiés #asile #statistiques #chiffres #monde #Europe #Asie #Amérique_latine #Afrique #USA #Etats-Unis #2014 #2015 #2016 #2017 #2018
    ping @reka @simplicissimus

  • S’ouvrir à la diversité technologique : pensez aux solutions alternatives ! | Secrétariat d’Etat au Numérique
    https://www.numerique.gouv.fr/confiance-numerique/technologique-solutions-alternatives

    Avec l’évolution du numérique, de plus en plus de plateformes offrent des services numériques performants, faciles d’emploi et à coût nul pour leurs utilisateurs. Certains de ces services sont devenus très populaires et sont largement utilisés par les Français, mais il est nécessaire de mesurer les risques qu’implique leur usage (protection des données personnelles, respect du droit national et européen, etc.).

    Étant donné l’importance du numérique dans nos vies, créer les conditions d’une dépendance maitrisée et limitée à ces plateformes est une nécessité. Ainsi, Mounir Mahjoubi, Secrétaire d’État auprès du Premier ministre, chargé du Numérique, met à votre disposition plusieurs pistes de solutions alternatives ou complémentaires aux services proposés par les grandes plateformes ; vous les trouverez ci-dessous.

    Cette liste mérite évidemment d’être complétée, nous vous invitons donc à remonter les propositions de solutions alternatives que vous pourriez connaître via notre site internet www.numerique.gouv.fr

    #Dégoogliser

    • . . . . . . . .
      CI JOINT LA LISTE DES PERSONNALITÉS IRAKIENNES LIQUIDÉES, SELON LA LISTE ÉTABLIE PAR LE QUOTIDIEN EN LIGNE « AR RAI AL YOM »

      Dirigé par Abdel Bari Atwane, fondateur du journal trans-arabe Al Qods Al Arabi » : http://www.raialyoum.com/?p=454552

      Université de Bagdad (40 membres du corps enseignant asssassinés)

      1- Dr Mohamad Abdallah Al Rawi : Recteur de l’Université de Bagdad, Président de l’Ordre des Médecins iraien, assassiné à sa clinique sise quartier Al Mansour (Bagdad).
      2- Makki Habib Al Mou’men : diplomé de l’Université du Michigan (États-Unis), spécialiste de l’Histoire contemporaine, ancien professeur aux universités irakiennes (Bassorah, Bagdad, Irbil et Souleymaniyeh), ainsi qu’à l’Institut des Études Palestiniennes.
      3 – Mohamad Abdallah Moneim Al Azmiralli : Titulaire d’un doctorat en Chimie, scientifique distingué, en poste dans des centres de recherches spécialisés. Professeur à la Faculté des Sciences de l’Université de Bagdad, Département de Chimie. Cet égyptien, titulaire de la nationalité irakienne, a été liquidé par les Américains dans le camp aménagé à proximité de l’aéroport de Bagdad, en 2003.
      4- Issam Charif Al Takriti : Ancien ambassadeur d’Irak en Tunisie. Titulaire de la chaire d’Histoire à l’Université de Bagdad, il a été liquidé en compagnie de 5 de ses collègues, le 22 octobre 2003, dans le secteur d’Amiryah (Bagdad) .
      5- Majed Hussein Ali : Savant atomique, spécialiste de la physique nucléaire (Université de Bagdad, Faculté des Sciences), éliminé début 2004.
      6- Imad Sarsour : Doyen de la Faculté de médecine de Bagdad, spécialiste de la chirurgie réparatrice.
      7- Soubeiry Moustapha Al Bayyat i : Chef du département de géographie de l’Université de Bagdad , tué en 2004.
      8- Ahmad Al Raw i : Professeur d’agronomie à l’Université de Bagdad, en charge du centre d’épidémiologie. Tué avec sa femme, en 2004, sur l’autoroute Bagdad-Al Ghazalyah.
      9- Housni Kamal : Physicien, Faculté des Sciences, Université de Bagdad.
      10- Marwane Mouzher Al Hayti : Ingénieur chimiste ; Professeur à la Faculté des Sciences de l’Université de Bagdad.
      11- Moustapha Al Machahandi : Professeur de civilisation islamique. Faculté des lettres, Université de Bagdad.
      12- Khaled Mohamad Al Janabi : Titulaire de la chaire Histoire de l’Islam- Faculté des Lettres – Université de Bagdad.
      13- Hassan Abd Ali Daoud Al Rabihi : Vice doyen de la Faculté de Médecine de l’Université de Bagdad.
      14- Marwane Rachid : Vice-doyen de la Faculté de Génie- Université de Bagdad
      15- Abdel Latif Ali Al Mayyah : Adjoint au Directeur du Département du Monde arabe-Université de Bagdad. Assassiné en 2004 au lendemain de son apparition sur une chaîne de télévision arabe pour réclamer la tenue d’élections législatives.
      16- Hicham Charif : Chef département Histoire – Université de Bagdad
      17- Raad Chalah : Chef du département de Biologie – Faculté des Sciences-Université de Bagdad.
      18 -Fouad Ibrahim Mohamad Al Bayyati : Chef du département de l’Allemand (langue et civilisation allemandes) -Faculté des Langues- Université de Bagdad. Assassiné devant sa maison, quartier de Ghazala (Bagdad), le 19 avril 2005.
      19- Mohammad Kard Al Jammali : Spécialiste de la langue anglaise-Université de Bagdad. Directeur général du ministère de l’Éducation nationale. Assassiné le 10 juin 2004 dans le secteur d’Al Amiryah (Bagdad).
      20- Haifa Alawane Al Helli : Physicienne- Faculté des Sciences-Section féminine- Université de Bagdad.
      21- Abdel Razzak Al Na’as : Faculté des Sciences de la communication- Université de Bagdad. Assassiné le 28 janvier 2004.
      22- Haykal Mohammad Al Moussawi : Faculté de Médecine- Université de Bagdad.

      23- Hazem Abdel Hadi : Faculté de Médecine-Université de Bagdad.
      24- Abbas Al Attar : Doctorat en Sciences Humaines-Université de Bagdad
      25- Bassam Al Moudaress : Doctorat en Sciences Humaines-Université de Bagdad.
      26 – Bassel Al Kerkhi : Spécialiste Chimie. Faculté des Sciences – Université de Bagdad.
      27- Nasser Amir Al Obeidy : Université de Bagdad
      28- Nafeh Abboud : Spécialiste de la Littérature arabe- Université de Bagdad
      29- Marwane Al-Rawi : Génie civil – Université de Bagdad
      30- Rafi Sarkissian Vanagan : Magistère en Langue Anglaise – Professeur à la Faculté des Lettres- Université de Bagdad.
      31- Nafiha Hamad Khalaf : Professeur de Littérature arabe – Faculté des Lettres- Université de Bagdad
      32- Khalil Ismail Abd Ad Dahiry : Faculté de l’Éducation sportive – Université de Bagdad
      33- Ghaleb Al Hayti : Professeur de Chimie- Université de Bagdad. Assassiné en mars 2004.
      34- Hussein Ali Ibrahim Al Karbassy : Ingénieur géomètre- Spécialiste de la Topographie- Institut de Technologie Bagdad – Al Zaafaranyah. Assassiné le 16 avril 2006 dans le quartier Al Amiryah.
      35- Mohammad Al Douleimy : Faculté de Génie – Université de Bagdad. Assassiné en 2004.
      36- Hassan Al Rabihi : Faculté d’Art Dentaire – Université de Bagdad. Assassiné le 25 décembre 2004, alors qu’i roulait en voiture en compagnie de son épouse.
      39- Jassem Mohammad Al Issawi : Professeur de Sciences Politiques- Université de Bagdad. Membre du comité de rédaction du quotidien irakien « Al Syada » (La Souveraineté), un des négociateurs au sein du « Comité de Rédaction de la Constitution ». Assasiné le 22 juin 2005 dans le secteur Al Chaaba à Bagdad, à l’âge de 61 ans.
      40- Abdel Sattar Saber Al Khazarji : Faculté de Génie – Université de Bagdad – Assassiné le 4 juin 2005 dans la caserne « Madina Al Horra » (La Ville Libre) à Bagdad.

      Université de Bassorah – Sud de l’Irak (14)

      41 – Ala’a Daoud : Vice-Recteur de l’Université de Bassorah pour la division scientifique.
      42- Assad Salem Choureyda : Docteur en génie civil. Doyen de la Faculté de Génie- Université de Bass
      43- Omar Fakhry : Biologiste – Faculté des Sciences de l’Université de Bassorah.
      44- Khaled Chreyda : Titulaire d’un Doctorat en Génie civil -Faculté du Génie – Université de Bassorah.
      45- Abdel Latif Al Fadel : Spécialiste en Chimie. Faculté des Sciences- Université de Bassorah.
      46- Joumhour Karim Khamas Al Zarzani : Critique littéraire réputé. Chef du Département de Langue Arabe – Faculté de Lettres- Université de Bassorah. Enlevé le 7 juillet 2005, son cadavre a été retrouvé à Qiblah, à 3 kms de Bassorah.
      47- Ghadab Jaber Attar : Faculté de Génie – Université de Basssorah
      48- Kifaya Hussein Saleh : Faculté des Lettres – Université de Bassorah
      49- Ali Ghaleb Abed Ali : Faculté de Génie – Université de Bassorah
      50- Saad Al Rabihi : Biologiste- Faculté des Sciences. Université de Bassorah.
      51- Naoufal Ahmad : Faculté des Beaux-Arts-Université de Bassorah.
      52- Abdel Karim Hussein : Faculté d’Agronomie-Université de Bassorah. Assassiné le 11 avril 2006.
      53- Ala’a Abdel Hamid : Doyen Faculté de Médecine – Université de Bassorah.
      54- Haydar Al Ba’aj : Directeur du CHU de Bassorah.

      Université de Mossoul (Nord de l’Irak, capitale éphémère de L’Etat Islamique, dix ans après l’invasion américaine de l’Irak) : 12 membres

      55- Abdel Jabbar Moustapha : Doyen de l’Université de Mossoul ; Professeur de Sciences Politiques.
      56- Leila Abdallah Said : Doyenne de la Faculté de Droit de l’Université de Mossoul, assassinée en compagnie de son époux.
      57- Mounir Al Khaïrou : Professeur de Droit à l’Université de Mossoul, époux de la doyenne Leila Abdallah Said, tuée en sa compagnie.
      58- Imane Younes : Chef du département de l’Interprétariat – Université de Mossoul.
      59- Nouayl Boutros Mathew : Faculté de Médecine-Université de Mossoul.
      60- Mohammad Al-Douleimy : Génie mécanique. Faculté de Génie. Université de Mossoul.
      61- Khaled Faysal Hamad Cheikhou : Faculté de l’Éducation Sportive – Université de Mossoul.
      62- Mahmoud Younes Zannoune : Faculté des Lettres- Université de Mossou
      63- Imane Abdel Moneim Younés : Faculté des Lettres – Université de Mossoul
      64- Mahfouz Mohammad Hassan Al Kazzaz : Professeur de Lettres- Faculté des Sciences de l’Éducation – Université de Mossoul. Tué lors d’une intervention des forces d’occupation américaines, le 25 Décembre 2004, à proximité de la Mosquée Dr Oussama Kachmoula- Province de Ninive.
      65- Inmar Al Ticq : L’un des plus célèbres ophtalmologistes irakiens. Professeur à la Faculté de Médecine – Université de Mossoul. Assassiné en Octobre 2004.
      66- Madame Falha Saleh Ahmad : Professeure de Sciences Politiques- Université de Mossoul. Assassinée en 2004

      Université Al Moustansariyah (15 membres)

      67- Sabah Mahmoud Al Rabihi : Doyen de la Faculté des Sciences de l’Éducation -Université Al Moustansariyah
      68- Salem Abdel Hamid : Doyen de la Faculté de Médecine à l’Université d’Al Moustansariyah, spécialiste de la médecine préventive.
      69- Falah Ali Hussein : Doyen de la Faculté des Sciences- Université Al Moustansariyah.
      70- Ibrahim Talal Hussein : Vice-Doyen Faculté des Sciences de l’Éducation -Université Al Moustansariyah.
      71- Houba Eddine Ahmad Mahmoud : Chef du Département de l’Éducation- Faculté des Sciences de l’Éducation – Université Al Moustansariyah.
      72- Moussa Salloum Amir Al Rabihi : Vice-Doyen Faculté des Sciences de l’Éducation – Université Al Moustansariyah. Assassiné le 28 Mai 2005-Quartier Al Bayyyah (Bagdad).
      73- Abdel Samih Al Janaby : Doyen de la Faculté des Sciences -Université Al Moustansariyah. Poignardé lorsqu’il a mis en application une décision du ministère de l’enseignement supérieur prohibant la transformation des enceintes universitaires en tribunes religieuses.
      74- Mohammad Fakhr Al Douleimy : Titulaire d’un doctorat en Physique. Vice-Doyen de la Faculté des Sciences – Université Al Moustansari
      75- Zaki Zaker Al Ani : Professeur de Langue Arabe. Faculté des Lettres- Université Al Moustansariyah. Tué devant la porte d’entrée de l’Université, le 26 Août 2005.
      76- Hadi Abdel Karim : Faculté des lettres- Université Al Moustansariyah. Tué devant la porte d’entrée de l’Université, le 26 Août 2005.
      77- Mohamad Najib Al Kaissy : Département de la recherche – Université Al Moustansariyah.

      78- Samir Yelda Gergis : Vice-Doyen de la Faculté de Gestion et d’Économie- Université Al Moustansariyah. Enlevé devant l ‘entrée de l’Université, en Août 2005, son cadavre a été retrouvé un mois plus tard, dans une ruelle le 25 septembre 2005.
      79- Kazem Talal Hussein : Vice-Doyen de la Faculté de l’Enseignement Fondamental. Université Al Moustansariyah. Assassiné le 25 Novembre 2005 dans le quartier Moussayleh en compagnie de trois des ses gardes de corps.
      80- Ali Mouhaych : Doyen de la Faculté de Génie. Université Al Moustanssariyah. Assassiné le 13 Novembre 2006.
      81- Kazem Battine Al Hayani : Professeur de Psychologie – Faculté des lettres- Université al Moustanssariyah. Enlevé par des membres d’une milice religieuse le 3 Mars 2006. Son cadavre, mutilé, a été retrouvé à l’Institut Médico-légal.
      82- Mohammad Abdel Rabih Al Ani : Professeur de Droit à l’Université Al Moustansaryah. Doctorant à la Faculté des Sciences Islamiques à l’Université de Bagdad. Assassiné le 27 avril 2006 devant la Mosquée « Imam Farouq », proche de la Rue Palestine, dans le centre de Bagdad. Son cadavre a été retrouvé cinq jours plus tard le 2 Mai 2006 à l’Institut Médico-légal de Bagdad.

      Université de technologie Bagdad (8 membres)

      83- Mohie Hussein : Génie mécanique-Université de Technologie
      84- Mohammad Abbas Khodeyr : Génie mécanique- Université de Technologie.
      85- Qahtane Kazem Hatem : Faculté des Sciences-Université de Technologie.
      86- Amir Mouzher Al Dayni : Ingénieur Télécommunications.
      87-Mohamad Abdel Hassan Wahed : Institut de Gestion Technologique- Bagdad.
      88- Amr Ibrahim Hamza : Centre de Recherches sur le Cancer – Institut de Gestion Technologique.
      89- Issam Saad Abdel Karim : Géologue. Chercheur au Centre National des Recherches. Enlevé le 28 Septembre 2004, assassiné le 1 er Octobre 2005.
      90- Mohannad Saleh Mehdi : Centre de Recherches sur le Cancer – Institut de Gestion Technologique.
      91- Saad Yassine Al Ansari : Centre de Recherches sur le Cancer – Institut de Gestion Technologique.

      Université Al Anbar (Ouest de l’Irak qui abrite les deux villes rebelles à la présence américaine Ramadi et Falloujah) : (7 membres)

      92- Raad Okhsen Al Binno : Faculté de Médecine-Université Al Anbar.
      93-Ahmad Abel Rahman Al Qobeissy : Professeur faculté de Médecine-Université Al Anbar
      94- Ahmad Abdel Hadi Al Rawi : Faculté d’Agronomie – Université Al Anbar.
      95- Chaker Mahmoud Jassem : Faculté d’Agronomie – Université d’Al Anbar.
      96- Abdel Karim Mokhallaf Saleh : Faculté des Lettres – Département de Langue Arabe – Université d’Al Anbar.
      97- Nasser Abdel Hamid Moukhlef Al Douleimy : Université Al Anbar

      98- Hamid Faysal Antar : Faculté de l’Éducation Sportive – Université Al Anbar.
      99- Abdel Majid Al Karbouly : Université Al Anbar

      Université Al Nahrayne (Université des deux fleuves ; le Tigre et l’Euphrate). 3 membres

      100- Akil Abdel Jabbar Al Bahadl y : Vice-Doyen Faculté de Médecine-Université d’Al Nahrayne (Université des deux fleuves ; le Tigre et l’Euphrate).
      101- Laith Abdel Aziz Abbas : Faculté des Sciences – Université d’Al Nahrayne.

      102- Mohammad Falah Houeidy Al Jazairy : Chirurgie réparatrice- Faculté de Médecine – Université d’Al Nahrayne. Assassiné le jour de son retour du pèlerinage de La Mecque début 2006. Médecin au CHU (Centre Hospitalier Universitaire) d’Al Kazmiyah (Bagdad).

      Université de Dyala : (Ouest de l’Irak, 6 membres)

      103- Abdel Sattar Al Assady : Faculté des Lettres – Université de Dyalla. Assassiné le 19 avril 2006.
      104- Salem Hussein Al Mahdawi : Faculté des Lettres – Université de Dyalla. Assassiné le 9 avril 2006.
      105- Mouchhen Hardane Mazloum Al Alawi : Université de Dyalla. Assassiné le 19 avril 2006.
      106- Mayss Ghanem : Membre du corps professoral du Département de langue et de civilisation anglaise – Université de Dyalla.
      107- Abdel Sattar Jabbar : Faculté de Médecine Vétérinaire- Université de Dyalla. Assassiné le 22 avril 2006.
      108- Taleb Ibrahim Al Zahar : Spécialiste de physique nucléaire – Professeur-à la Faculté des Sciences- Université de Diyala. Assassiné à Ba’aqouba en Mars 2005.

      Université de Tikrit (centre de l’Irak, Région natale de Saddam Hussein)

      109- Fadl Moussa Hussein : Faculté de l’Education Sportive – Université de Tikrit.
      110- Mahmoud Ibrahim Hussein : Faculté des Lettres – Université de Tikrit

      Université Al Ma’moun

      111- Mohsen Abbas Khodeir Al Salmane : Chef du département au ministère de l’irrigation. Professeur à l’Université Al Ma’moun, tué à Falloujah en 2004

      Divers

      112- Wajih Mahjoub Al Taï : Directeur général de l’enseignement supérieur au ministère de l’Éducation Nationale
      113-Chaker Al Khafaji : Directeur de l’Office Central de la Maîtrise de la Qualité.
      114- Moustapha Abel Hamid Al Hayti : Spécialiste des maladies infantiles.
      115-Wissam Al Hachimi : Président de l’Association des Géographes d’Irak.
      116- Raad Abdel Latif Al Saadi : Linguiste. Conseiller en langue arabe au ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique. Assassiné le 28 mai 2005, quartier d’Al Bayyah (Bagdad).

      117- Hussein Nasser Khalaf : Chercheur à la Faculté d’Agronomie. Centre des études « Al Nakhil » (Palmiers-Dattiers) de Bassorah. Enlevé le 18 Mai 2005, son cadavre a été retrouvé, quatre jours plus tard, le 22 Mai 2005, dans le quatier Al Bayyah-Bagdad.
      118- Taqi Al Talqua’ay : Titulaire d’un doctorat en physique nucléaire.
      119- Khawla Mohammad Taqi : Faculté de Médecine-Université de Coufa
      120- Zaki Jaber Lafta Al Saadi : Faculté de médecine vétérinaire.
      121- Mohsen Souleimane Al Oujeily : Faculté d’Agronomie- Université de Babel.

      122- Dr Liwa Al Sannanne Abdel Jabbar Abou Halhal : Université Al Bakr pour les Hautes Études. Assassiné à la prison d’Abou Ghraib en 2004.
      123- Ali Mabak Al Malki : Expert comptable – Direction des impôts – Ministère des Finances.
      124- Achoura Awdat Al Rabihi : Titulaire d’un Magistère en Géographie Humaine de l’Université de Michigan. Directeur du Centre d’Études « Al Mansour ». Assassiné dans le quartier Al Amriyah (Bagdad) en 2004.
      125- Moujber Al Cheikh Issa al Jouboury : Juriste. Membre du « Comité de Rédaction de la Constitution.
      126- Damman Hussein Alaoui Al Obeidy : Doyen de la Faculté de Droit de l’Université de Salaheddine et membre du « Comité de Rédaction de la Constitution ». Assassiné le 12 juillet 2005 à Bagdad.
      127- Sabah Aziz Hachem : Institut de technologie – Province de Bassorah. Tué devant l’entrée de l’établissment le 11 Avril 2006.
      128 – Faydi Mohammad Al Faydi : Membre du Haut Comité des Théologiens de l’Islam. Titulaire d’un Doctorat de l’Université de Législation islamique (promotion 1990). Tué devant la Mosquée dans le secteur d’Al Mouthanna (district de Mossoul).
      129- Amid Mounzer Al Bayati : Médecin. Asssassiné le 16 juin 2005 devant sa maison située dans le quartier Al Sayyeh.
      130- Amid Sadeq Al Abadi : Medecin. Assassiné le 1 er septembre 2005 devant le complexe médical qu’iil avait édifié pour les soins aux nécessiteux.
      131- Amer Mohammad Falah : Chef du département de Chirurgie au Centre Hospitalier Universitaire (CHU) Républicain de Bagdad. Assassiné devant son domicile le 3 Octobre 2004.
      132- Reda Amine : Assistant technique – CHU de Kirkouk. Assassiné le 15 septembre 2004 à Kirkouk.
      133- Abdallah Saheb Younes : Hopital Naaman-Al A’Azamiyah-Bagdad. Assassiné le 18 Mai 2005.

      134- Ibrahim Ismail : Directeur général du Département de l’Éducation Nationale à Kirkouk. Assassiné le 30 Septembre 2004, alors qu’il était en route vers l’Institut de Technologie de Kirkouk.
      135- Rajeh Al Ramadani : Inspecteur au ministère de l’Éducation Nationale. Assassiné le 29 septembre 2004, alors qu’il sortait de la Mosquée Ziad Al Iraqi à Ninive.

      Source : Madaniya, René Naba, 21-09-2018

      #génocide

  • En Tunisie, l’exil sans fin d’une jeunesse naufragée - Libération
    http://www.liberation.fr/planete/2018/06/04/en-tunisie-l-exil-sans-fin-d-une-jeunesse-naufragee_1656619

    De la région minière de Metlaoui aux îles Kerkennah, d’où ils partent pour Lampedusa, « Libération » a suivi la route qu’empruntent les jeunes Tunisiens sans avenir, celle qu’avaient prise les passagers du bateau qui a sombré samedi en Méditerranée. Sept ans après la révolution, si la dictature a disparu, les espoirs de vie meilleure se sont fracassés, grossissant les rangs des candidats au départ.

    Des dizaines de cadavres ont été engloutis par la #Méditerranée après le naufrage, samedi soir, d’une embarcation au large de l’archipel des Kerkennah. A son bord, entre 180 et 200 personnes, selon les estimations des survivants. Soixante-huit émigrants ont été secourus par la marine tunisienne, et 48 corps sans vie ont été repêchés. Les recherches ont repris lundi avec l’aide de neuf unités navales, un hélicoptère et des plongeurs.Les passagers étaient presque tous tunisiens.

    Sept ans après la révolution, les jeunes fuient leur pays. Depuis le début de l’année, 2 780 Tunisiens ont choisi l’exil clandestin en Italie, selon l’Office international des migrations. Libération a suivi leur parcours entre le bassin minier de #Gafsa et les îles des pêcheurs de #Kerkennah. La route s’étire sur 300 kilomètres, en comptant le crochet par Sidi Bouzid. L’itinéraire barre horizontalement la Tunisie, passant des terres contestataires des « zones intérieures » à la riche cité côtière de Sfax. C’est celui qu’empruntent les chômeurs pour monter dans des bateaux qui rejoignent l’île italienne de #Lampedusa, porte d’entrée de l’Europe.

    A Metlaoui : « Ici, c’est le phosphate ou Lampedusa »

    La terre ne donne rien de végétal, à #Metlaoui. Même les oliviers ont renoncé à s’y accrocher : le sol semble mort, brûlé par un soleil trop grand et un ciel trop bleu. Les hommes, comme les plantes, n’ont pas grand-chose à faire ici. Ils sont pourtant venus fouiller le sol, et ils ont trouvé dans les replis des montagnes nues qui découpent l’horizon de la ville la plus grande richesse du pays, le phosphate. Autour de la Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG), a poussé la ville minière, à la fin du XIXe siècle. Aujourd’hui encore, la société étatique gratte chaque année 5 millions de tonnes de cette roche utilisée dans la composition des engrais.

    A la sortie ouest de Metlaoui, en direction de la frontière algérienne, un café sans nom jouxte un garage. Un auvent fournit de l’ombre. Mais en milieu d’après-midi, c’est à l’intérieur de la vaste pièce blanche aux murs nus qu’il fait le plus frais. Au fond de la salle sans fenêtre, cinq hommes attendent sur des chaises en plastique. Ce sont les seuls clients. Les aînés ont des moustaches, les jeunes du gel dans les cheveux. Le plus âgé, Mohamed Atrache, est un employé de la CPG à la retraite. Comme son père, et son grand-père avant lui, embauché en 1917. Quand son fils a été pris à son tour, en janvier, il a pleuré de joie. « Il avait tenté de passer en Europe, explique-t-il. A trois reprises. La première fois, le bateau est tombé en panne. La seconde, il a été arrêté par la police. La troisième, le temps était trop mauvais. »

    « A Metlaoui, le phosphate est le rêve de tous les jeunes. C’est ça ou Lampedusa », résume Ahmed Jedidi, 26 ans, titulaire d’un master de civilisation française. Il y a beaucoup de diplômés comme lui, à Metlaoui. Ahmed a été brièvement arrêté, en 2016, pour avoir pris la tête du mouvement des jeunes chômeurs qui avaient bloqué l’activité de la CPG pour exiger des embauches. La crise a duré deux mois et demi. Pourtant, la CPG recrute. Vorace, elle saute d’un gisement à l’autre, fourrageant dans les montagnes pour expédier ses wagons de cailloux noirs vers la côte. Elle a besoin de bras et de cervelles quand elle découvre un nouveau filon. La société organise alors des concours. En 2016, elle a recruté 1 700 techniciens. L’an dernier, 1 700 ouvriers non-qualifiés. C’est un pacte tacite : la compagnie doit nourrir la ville, sans quoi la ville mord la compagnie. Au total, depuis la révolution de décembre 2010, le nombre d’employés a été multiplié par trois, alors que sa production s’est effondrée. La CPG est devenue une soupape sociale pour éviter l’explosion de cette région contestataire.

    Khams Fajraoui, 21 ans, a échoué au concours de janvier. Il est le seul à rester muet autour de la table du café, il ne parle pas le français. Il a une crête sur la tête, des chaussettes dans des claquettes, et un regard fixe. Il est le benjamin d’une famille de cinq frères et sœurs, tous au chômage. Son père est décédé il y a cinq ans. Il fait les moissons, là où le blé pousse, plus au nord. Hors saison, il gagne 10 à 15 dinars (3 à 5 euros) trois fois par semaine en chargeant et déchargeant les camions du souk de Metlaoui. Il ne partira pas en Europe car « ses oncles et ses tantes lui ont demandé de rester ». Il veut un travail, « n’importe lequel ».

    « Ma femme ne m’a rien dit quand il est parti »

    Saïd Bkhairya avait aussi défendu à son fils d’émigrer. Un jour, en son absence, Koubaib, 17 ans, est parti quand même. Il faut passer sous l’ancien tapis roulant qui acheminait le phosphate vers la ville pour arriver chez Saïd. Ce cordon ombilical qui relie la mine à Metlaoui est comme une guirlande de tôle suspendue au-dessus de son quartier. Dans la cour de sa maison fatiguée, il a planté un citronnier. Black, le chien de Koubaib, est attaché derrière le poulailler. « Ma femme ne m’a rien dit quand il est parti. Elle avait peur de ma réaction », dit Saïd. Elle est assise à côté de lui sur le canapé. La mère a dans la main le smartphone qu’elle a acheté pour communiquer avec Koubaib sur Skype. Sa vue est mauvaise, elle doit approcher le visage tout près de l’écran pour appeler son fils. La conversation dure quelques secondes, deux ou trois phrases. « Il est fatigué, il couche dehors, explique-t-elle. Il ne fait rien, il demande de l’argent. »

    Saïd a déjà deux crédits à rembourser. Il envoie irrégulièrement des petites sommes à Koubaib, qui vivrait à Mestre, près de Venise. « Je m’en fous. Dès que j’aurai amassé assez, moi aussi, un jour, je partirai », assure Wael Osaifi, un cousin de Koubaib, après que son oncle a quitté la pièce. Il a été blessé il y a cinq ans dans un accident de voiture au terme d’une course-poursuite avec la police. Wael passait de l’essence de contrebande depuis l’Algérie. « Il y a un type qui organise les départs, il est très discret. C’est une mafia. Les prix ont augmenté. C’était 3 000 dinars, maintenant c’est 5 000 [environ 1 630 euros]. J’ai des amis en Italie, certains travaillent, certains trafiquent. » A Metlaoui, il boit parfois des bières avec des amis dans une maison abandonnée. « On n’a rien d’autre à faire. Les prix sont devenus invivables. Avec Ben Ali [le dictateur renversé par la révolution, ndlr], on avait une meilleure vie, lâche-t-il. Le paquet de cigarettes Royale valait 3,5 dinars, aujourd’hui c’est 5,5 dinars… » Koubaib a quitté Metaloui il y a dix mois, en même temps qu’un groupe de 18 jeunes de la ville. « Pour certaines familles, c’est un investissement », regrette Saïd. Sur les photos que le fils envoie depuis l’Italie, il a l’air très jeune. Il ressemble beaucoup à son petit frère, qui sert le jus de mangue aux invités. Sur les images plus anciennes, Koubaib pose souvent avec son chien. Dehors, Black aboie de temps en temps depuis qu’il est parti.

    A Gafsa : « Un travail légal, c’est une question de dignité »

    Leur énergie a quelque chose de déconcertant dans une ville comme Gafsa. On ne devine pas, en passant devant cette rue morne de la « capitale » régionale, qui affiche un taux de chômage à 26 % (plus de 40 % pour les jeunes diplômés), qu’un tel tourbillon d’activité agite le second étage de cet immeuble de la cité Ennour. Sirine, Nejma, Abir et Khora, une Française en stage, font visiter le local de leur association, Mashhed. Elles ont entre 19 ans et 23 ans. « Les séminaires ou les concours de jeunes talents, ce n’est pas notre truc, annonce Sirine, longs cheveux noirs et chemise rayée. Notre finalité, c’est la transformation sociale. On ne fait pas de l’art pour l’art. On ne veut pas non plus "sensibiliser". On fait, c’est tout ! Des poubelles dans la rue, des projections de cinéma, des lectures, des journaux, des festivals, du montage, des jeux, des manifestations… »

    Chacune a une clé du local. Elles passent à Mashhed le plus clair de leur temps. S’y engueulent, s’y échappent, s’y construisent. L’association compte 70 membres actifs et 300 adhérents. Les garçons sont les bienvenus, mais ce sont de toute évidence les filles qui mènent la danse. Les filles, elles, n’embarquent pas pour l’Europe.

    Sirine : « Mon petit frère a voulu partir, ça a choqué mes parents, on a essayé de lui faire entendre raison. »

    Abir : « C’est la faute d’un manque de communication dans les familles. Les gars ne trouvent personne avec qui partager leurs soucis. »

    Najla : « La France, ce n’est pourtant pas le paradis ! La fuite, c’est débile. Moi, je pense qu’on peut faire en sorte d’être heureux là où on est. C’est dans la tête, le bonheur. »

    Abir : « Ce n’est pas que dans la tête ! Il n’y a pas de travail. Tu sais combien c’est, un salaire de serveur, aujourd’hui ? »

    Khora : « Justement, je ne pige pas comment vous faites pour sortir et faire des festins tout le temps, alors que vous êtes au chômage ! Moi, quand je suis chômeuse, je reste chez moi à manger des pâtes. »

    Najla (en riant) : « C’est la solidarité arabe. Toi, tu ne connais pas ça ! »

    La nuit tombe vite sur Gafsa. A 22 heures, la ville s’éteint presque complètement. A la terrasse du café Ali Baba, désert, deux hommes fument dans le noir. Le gérant de l’établissement et son ami. Ils parlent de la révolution. Quand on leur demande leur avis sur la chose, Abdeslam, 28 ans, demande s’il peut répondre en anglais. « Notre déception est immense, parce que l’espoir qu’avait suscité la chute de Ben Ali était immense, explique-t-il. On ne sait pas qu’un café est amer tant qu’on n’a pas goûté un café sucré. Maintenant, on sait. »

    Il a voulu étudier le droit, s’est inscrit à l’université de #Sousse, sur la côte. Mais n’a jamais achevé sa formation, bouffé par les petits boulots qu’il effectuait pour payer ses études. Aujourd’hui, il travaille de temps en temps sur un chantier de bâtiment. « Des docteurs qui construisent des immeubles, c’est ça, la Tunisie », poursuit-il. Au fil de la discussion, le débit d’Abdeslam s’accélère. Son ami s’est levé pour ranger les tables. « Je ne veux pas partir sur la mer, je m’y refuse et puis j’ai peur. Je veux une vie adaptée, c’est tout. Je me fiche d’avoir une belle maison et une grosse voiture. Un travail légal, c’est tout ce que je demande, c’est une question de dignité. » Sa voix tremble dans le noir. Les cigarettes s’enchaînent.

    On ne pose plus de questions depuis longtemps, mais la détresse pousse Abdeslam à parler encore, de plus en plus vite. « A l’école, j’étais bon en philosophie. Je lis encore Kant, Spinoza, Heidegger, Sartre… Pourtant, cette société me méprise. Gafsa enrichit l’Etat, mais l’Etat nous crache dessus », conclut-il. Sa vieille mobylette est garée toute seule dans la rue vide. Il l’enfourche, plié en deux, pour aller dormir chez ses parents. Le gérant a fini de balayer, il tire le rideau de fer.

    A Bir el Haffey : « Aujourd’hui, le tourisme s’est effondré »

    Sur la route qui relie Gafsa à Sidi Bouzid, les voyageurs imaginent souvent être témoins d’un mirage. Au bord de la chaussée, des fourrures brillent au soleil, exposées dans toute leur splendeur. Du castor, du poulain, de l’ours, du lapin, du léopard… Cette panoplie appartient à un commerçant, d’un naturel méfiant. « Depuis la révolution, il y a des espions de la CIA et du Mossad partout, croit-il savoir. Il y a quinze ans, je cherchais des tours de cou, on m’a refilé un grand sac avec des manteaux à poils. J’ai commencé comme ça », dit-il pour justifier son activité insolite. Qui peut bien acheter ces fourrures à l’orée du Sahara ? « Détrompez-vous, les gens s’arrêtent. Avant, j’avais des Canadiens, des Allemands, les guides me les ramenaient. Aujourd’hui, le tourisme s’est effondré. J’ai tout de même de temps en temps des Algériens ou des Libyens. »

    A Sidi Bouzid : « Ils font ça juste pour avoir l’air beau »

    Dans son bureau, flotte un mélange de sueur et de parfum. Zeinobi Khouloud, 28 ans, gère une salle de sport, l’une des rares activités offertes aux jeunes de Sidi Bouzid. Derrière elle, des gants de boxe et des boîtes de protéines sont exposés sur l’étagère. Son père a ouvert le club, Abidal’s Gym, il y a deux ans, au rez-de-chaussée d’un immeuble dont les étages supérieurs ne sont pas terminés. La famille est rentrée d’Arabie Saoudite après la révolution, mais s’est à nouveau éparpillée pour faire des affaires. Zeinobi, elle, est restée dans la petite ville du centre de la Tunisie, connue dans le monde entier depuis qu’un vendeur de légumes du nom de Mohamed Bouazizi s’y est immolé, le 17 décembre 2010, pour protester contre la confiscation de sa charrette par la police. Son geste désespéré a été le point de départ d’une révolution qui a emporté le dictateur Ben Ali, avant de déborder dans tout le monde arabe.

    Sept ans plus tard, le visage géant de Bouazizi s’affiche en noir et blanc sur la façade d’un bâtiment municipal. Sa charrette emblématique a maladroitement été statufiée sur un terre-plein central. Mais même ici, les jeunes disent être déçus par les fruits du printemps tunisien. « Le chômage est toujours là, les jeunes n’ont rien à faire, c’est pour ça qu’ils viennent ici, décrit Zeinobi. Leurs parents les poussent à venir à la salle pour qu’ils ne traînent pas dans la rue toute la journée. Ils oublient leurs problèmes en faisant du sport. » Dans la salle, on croise des adolescents à lunettes avec des muscles de personnages de jeu vidéo. La plupart ont les cheveux rasés sur les côtés. Abidal’s Gym propose des cours de taekwondo, de muay-thaï, d’aérobic, de kick-boxing, mais ce sont avant tout les appareils de musculation, « importés d’Espagne », qui attirent les jeunes à 30 kilomètres à la ronde. « Ils font ça juste pour avoir l’air beau », se moque Zeinobi. Parmi les 900 clients, quelques femmes, « surtout l’été », précise-t-elle. « Les femmes ont beaucoup de responsabilité dans notre région, elles n’ont pas de temps libre. »

    Sur la route de Regueb : « 3 euros le kilo avant, 8 maintenant »

    La route est encadrée par les figuiers de barbarie de trois mètres de haut, dans lesquels viennent se ficher de loin en loin des sacs en plastique échappés des décharges à ciel ouvert.

    Dans un champ, un âne détale après avoir arraché le piquet qui le retenait prisonnier. Il s’éloigne en direction des collines pelées comme les bosses d’un chameau. Ce sont les derniers reliefs à franchir avant de basculer définitivement dans la plaine de Sfax, à l’est du pays. Sur leurs flancs, des restes de minuscules terrasses en pierre sèche, que plus personne n’est assez fou ou courageux pour cultiver désormais. Il reste uniquement des bergers dans cette vallée. Les plus vieux sont toujours bien habillés, en pantalons de ville et en vestes sobres. Leur mouton, au goût particulier, est réputé dans toute la Tunisie. Mais son prix a augmenté, passant de « 3 euros le kilo avant la révolution à 8 euros maintenant », reconnaît un vendeur de viande grillée installé au bord de la route. La raison en est simple : le prix des aliments pour le bétail a flambé depuis 2011, explique-t-il.

    A Regueb : « Notre seul loisir : aller au café »

    Nabil, 35 ans, mâchouille l’embout en plastique de sa chicha. Il recrache la fumée entre ses dents jaunies en fixant une partie de billard : « C’est tranquille, Regueb. Trop tranquille. Notre seul loisir, c’est d’aller au café. » Son ami Aymen, 25 ans, a ouvert cette salle de jeu il y a deux ans. En plus de la table de billard, il a installé neuf ordinateurs, deux PlayStation, un baby-foot. Investissement total : 2 600 euros. L’affaire ne marche pas : « Les jeunes jouent sur leurs téléphones. » Aymen va revendre, ou fermer. L’an prochain, de toute manière, il doit effectuer son service militaire.

    « Je voulais créer une petite unité de fabrication d’aliments pour le bétail, mais il fallait des papiers, et pour avoir ces papiers, on me demandait de l’argent, ressasse Nabil. L’administration est corrompue, j’ai dû renoncer. » Il vit chez ses parents, avec sa femme. Lui a pu se marier, mais « c’est rare, parce que c’est compliqué, sans travail », avoue-t-il.

    A Sfax : « Ici, les gens respectent le travail »

    Les industries de #Sfax signalent la ville de loin. La deuxième ville du pays est aussi son poumon économique. Les arbres d’ornementation sont étrangement taillés au carré, les rues sont propres, l’activité commerciale incessante dans la journée. La richesse des Sfaxiens est proverbiale, en Tunisie. Pourtant, Mounir Kachlouf, 50 ans, avoue qu’on s’y ennuie aussi. « Où tu vas sortir, ici ? Même moi, le week-end, je vais à Sousse ou à Hammamet ! » Il est le gérant du café-restaurant Mc Doner, installé le long de la petite promenade de Sfax, qui se vide de ses promeneurs au crépuscule. « Depuis 2002, on nous promet un port de plaisance, une zone touristique, mais on ne voit rien venir », dit-il. Le patron a même une théorie sur les raisons de cet échec : « Les Sfaxiens ont de l’argent. La Tunisie a besoin qu’ils le dépensent ailleurs pour faire tourner l’économie. S’ils développaient Sfax, les gens n’auraient plus besoin de sortir ! »

    Un groupe de six jeunes femmes pressées longe la corniche, valises à roulettes sur les talons. Elles rentrent de vacances. Le lendemain, elles reprendront toutes le travail. L’une est « technicienne d’esthétique et coach personnel », les autres sont vendeuses de tissu de haute couture dans une boutique de la médina. « Nous, les Sfaxiens, on est comme les Chinois, on travaille tout le temps, surtout les femmes, s’amuse Yorshelly. C’est bien pour l’économie, mais ça rend la ville fatigante, polluée, embouteillée. Il y a du travail ici, enfin, surtout pour les non-diplômés. » Aucune d’entre elles n’est mariée. « Il y a un gros problème de "racisme" chez les familles sfaxiennes, glisse Marwa. Les parents veulent que l’on épouse un Sfaxien. Nous, honnêtement, on s’en fiche. »

    Un homme a tendu l’oreille, inquiet qu’on dise du mal de sa ville dans un journal français. Il insiste pour témoigner lui aussi. « Je m’appelle Mahdi, j’ai 31 ans, je suis électricien, j’aime mon pays, je vis à Sfax car ici, les gens respectent le travail, dit-il, énervé. Les jeunes veulent de l’argent facile. Je les vois rester au café toute la journée. Je leur dis : "Venez bosser avec moi, il y a de quoi faire." Mais ils préfèrent être assis à boire et fumer ! »

    A Kerkennah : « La traversée est 100 % garantie »

    C’est l’île des départs. D’ici, près de 2 700 Tunisiens ont pris la mer depuis le début de l’année pour gagner Lampedusa, à 140 kilomètres en direction du Nord-Est. En 2017, ils étaient plus de 6 000. En 2018, ils représentent le plus important contingent de migrants arrivés en Italie, devant les Erythréens et les Nigérians. La traversée dure une nuit. Contrairement à une idée reçue, les émigrants ne montent pas sur des canots pneumatiques ou des barques vermoulues, comme en Libye voisine. A Kerkennah, les #passeurs comme les passés sont tunisiens. Un lien social les attache malgré tout, on ne risque pas des vies de compatriotes à la légère. « La traversée est 100 % garantie, c’est comme un aéroport », décrivait Ahmed Souissi, 30 ans, coordinateur de l’Union des diplômés chômeurs, quelques semaines avant le naufrage d’une embarcation surchargée le week-end dernier, au cours duquel plus de cinquante migrants sont morts noyés. « Les émigrants partent sur des bateaux de pêche qui ont été au préalable dépouillés de tous leurs accessoires. Quand on voit un bateau nu, on sait qu’il va y avoir un départ. »

    Il faut traverser les marais salants du centre de l’île, puis les grandes étendues vides piquées de tristes palmiers sans palmes (elles sont utilisées dans la fabrication des pêcheries fixes au large de Kerkennah) pour trouver la route du chantier, installé dans une ferme derrière le village de Chergui. Une dizaine de squelettes de navires flottent dans le ciel, au-dessus des copeaux de bois. Les charpentes sont en bois d’eucalyptus. Certaines sont déjà coloriées en rouge ou en bleu. Un peintre dont la blouse ressemble à une toile de Pollock désigne du bout de son pinceau la seule embarcation toute noire : « C’est le bateau utilisé par [le futur président] Bourguiba pour fuir en Egypte pendant la période coloniale, explique-t-il. Quelqu’un y a mis le feu il y a trois ans. On travaille à sa restauration. »

    Mohamed et Karim s’affairent sur le bâtiment le plus avancé du chantier. Ils sont tourneur soudeur et chaudronnier, et s’occupent de toute la partie métallique : armatures, bastingage, proue, etc. « Les migrants partent sur des 12-mètres comme celui-là, dit le premier, sans s’arrêter de souder. Il y a tellement de chômage que la police ferme les yeux. » Pollution des eaux, dégradation des fonds marins, réchauffement : « Les pêcheurs ont de moins en moins de poissons depuis deux ou trois ans, ils ont besoin d’un revenu, complète le second. Certains vendent leur bateau, des passeurs les remplissent avec 100, 120 jeunes, et les mènent à Lampedusa. Les bateaux restent là-bas. »

    Le leur est une commande de Boulababa Souissi. Le capitaine est dans sa cabine, la buvette improvisée du chantier, une canette de bière à la main. « Dans cinq jours, à ce rythme-là, c’est fini, savoure-t-il, l’œil guilleret. J’ai fait venir un moteur d’occasion d’Italie. Je vais enfin retourner pêcher. » Il baptisera son chalutier Oujden, le prénom de sa fille. Coût : 50 000 euros. Le précédent va-t-il continuer à naviguer ? « Il ne remontera plus de poisson », lâche le capitaine.

    Les visiteurs débarquent à Kerkennah, 15 500 habitants, par un ferry arrivant de Sfax. Puis, une route remonte l’archipel du Sud au Nord. La simplicité des maisons - des agrégats de cubes blancs - leur donne un air moderne. Des constructions, ou des agrandissements, sont souvent en cours. « C’est l’argent des harragas », ricane une femme, en passant devant un portail refait à neuf. Les « harragas », « ceux qui brûlent » en arabe, est le terme utilisé pour désigner les clandestins. « Ils ne se cachent même plus, comme au début. Dans une petite île où tout le monde se connaît, on les repère tout de suite, indique Ahmed Souissi. Pour la police, c’est difficile de contrôler les ports de Kerkennah. Les bateaux peuvent sortir de n’importe quelle ville ou plage. D’ailleurs, tout le monde les voit. » Ne sont-ils pas arrêtés ? « Les flics arrivent trop tard. Ou n’arrivent jamais. Pourtant, ça ne demande pas beaucoup d’intelligence de savoir qui organise les passages, dit l’activiste. Mais l’État n’est pas pressé de voir la fin des subventions européennes au titre de la lutte anti-immigration. Et puis, je crois que ça arrange tout le monde que les jeunes chômeurs sortent de Tunisie. »

    Tout au bout de la route, il y a le port de Kraten. En direction du Nord, quelques îlots plats, rocailleux, taches claires dans la mer sombre, sans vague. Les derniers mètres carrés solides de Tunisie. En cette fin de matinée, les pêcheurs démêlent et plient les filets, au soleil. Les camionnettes frigorifiques des acheteurs sont déjà reparties, à moitié vides. Sur le ponton, on marche sur des carcasses de crabes bruns qui craquent sous les chaussures. Les Tunisiens ont surnommé cette espèce « Daech ». « Ils sont arrivés d’Egypte il y a quelques années, et ils remontent le long de la côte, commente un marin, l’air dégoûté. Ils mettent les pêcheurs sur la paille : ils coupent les filets, ils bouffent le poisson ! Si ça continue, ils vont débarquer en Europe. La pêche n’est plus rentable. » Lui est là pour aider son père ce dimanche, mais en semaine il occupe un emploi de professeur de sport à Sfax.

    Au petit café de la jetée, le patron moustachu sert l’expresso le plus serré de Tunisie en bougonnant. Il jure qu’aucun bateau ne part de « son » port. « Les jeunes, ils peuvent aller se faire foutre, ils ne pensent qu’à l’argent. » Contre le mur, un pêcheur de 55 ans, « dont trente-quatre en mer », pull rouge et bonnet bleu, philosophe : « Cette révolution était un don. Elle nous a montré qu’on peut régler nous-mêmes nos problèmes, on doit garder ça en tête. Ce crabe Daech, par exemple, on ne doit pas le détester, Dieu nous a envoyé cette satanée bête pour qu’on corrige nos façons de pêcher. On me regarde comme un vieux fou quand je critique les collègues qui pêchent au chalut en ravageant les fonds, mais ce sont eux qui ont fait disparaître les prédateurs des crabes », assène Neiji.

    Son français est chantant. Il fait durer son café. « Les jeunes qui partent, c’est aussi naturel, reprend-il. Sans cela, ils rejoindraient peut-être le vrai Daech, qui sait ? C’est la logique humaine d’aller tenter sa chance. Moi, si je n’avais pas une femme et trois filles, je crois que j’aurais aussi filé. » Neiji tire sur sa cigarette en aspirant la fumée très lentement, avant d’expirer sans bruit. « Ce va-et-vient, c’est la vie. Les pêcheurs sont des gens intelligents, il faut me croire. »
    Célian Macé

    Très bon reportage, avec photos dans l’article source. La fin de l’article avec les propos du pêcheur, est à méditer.

    #chômage #tunisie #émigration #jeunesse #Afrique

  • Un billet d’Olivier Ertzscheid tout plein de testostérone, d’humour et de vérité :

    Qu’ils aillent Uberiser des bites en enfer ou disrupter leurs mamans
    mais qu’ils foutent la paix aux autres et à la démocratie.

    http://www.affordance.info/mon_weblog/2018/05/code-loi-start-up-nation-business-model-burnes.html
    #gouvernement #Mounir #numérique #loi #liberté #sécurité #disruption #startup #BMB

    • Il y a longtemps que Stiegler explique brillamment pourquoi la « disruption » est avant tout une stratégie de tétanisation de l’adversaire et ce qui fait « que vous arrivez toujours trop tard ». La disruption explique encore Stiegler, ce sont « des stratégies pour prendre de vitesse ses compétiteurs et ses régulateurs ». Et voilà très exactement de quoi relève le projet politique porté par Macron avec Mounir l’aventurier en première ligne et Collomb en back-office. Prendre de vitesse les régulateurs. Parce que la régulation n’est jamais bonne pour le Business Model.

      Il ne faut jamais sous-estimer un adversaire. A fortiori lorsqu’il a fait de la disruption son système de pensée unique et qu’il cherche en permanence à prendre de vitesse les régulateurs.

  • Salwa Toko nouvelle présidente du Conseil national du numérique ?
    https://www.latribune.fr/technos-medias/salwa-toko-nouvelle-presidente-du-conseil-national-du-numerique-778840.htm

    Mais après six mois d’agonie et d’hésitations quant à sa survie, le Conseil national du numérique s’apprête à renaître de ses cendres. D’après nos informations, c’est Salwa Toko, la fondatrice et présidente de l’association Becomtech, continuation du programme Wifilles, qui en prendrait la tête.
    […]
    La probable nouvelle présidente, qui devra remettre le #CNNum sur les rails, incarne un profil parfaitement compatible avec le gouvernement et surtout avec Mounir Mahjoubi, le secrétaire d’État au Numérique. En charge du grand chantier de la numérisation de l’État et VRP de la French Tech, l’ancien startuppeur promeut une vision inclusive et sociale de l’innovation, et tient à valoriser la diversité dans l’entrepreneuriat. Il va d’ailleurs annoncer dans les prochains jours la nomination officielle de Kat Borlongan, française d’origine philippine, à la tête de la Mission French Tech.

    D’après nos informations, le nouveau CNNum, en cours de validation, sera entièrement renouvelé... à l’exception de Gilles Babinet, qui en sera le vice-président. L’actuel « digital champion », représentant de la France auprès de la Commission européenne, a été le premier président du CNNum, créé par Nicolas Sarkozy en 2011. Le nouveau collège devrait se composer de membres de la société civile, d’entrepreneurs et de personnalités du monde scientifique et académique, respecter la parité et mettre l’accent sur la diversité. Aucun membre du CNNum de Marie Ekeland ne serait reconduit.

  • Numérique : mais qu’est-ce qu’on attend ?

    « S’opposer au numérique inclusif, c’est s’opposer à la liberté des esprits. » C’est un tweet de Mounir Mahjoubi, député En Marche et secrétaire d’État chargé du numérique. Il l’a écrit pour réagir à l’incendie de la Casemate, un centre de culture scientifique technique et industriel, qui a eu lieu fin novembre à Grenoble. C’était juste pendant le bouclage du dernier Postillon, alors on n’a presque rien écrit dessus. Pendant la distribution, beaucoup de gens nous en ont parlé, interloqués, dubitatifs, voire en colère.
    Moi, franchement, la liberté des esprits, je suis pour. Et c’est pour ça que je me pose plein de questions autour de l’invasion actuelle du « numérique inclusif » dans toutes les sphères de la vie, et du « grand remplacement » des humains par les robots. Des questions qui ne sont portées que par quelques esprits chagrins rompant l’enthousiasme général autour du tsunami numérique, et qui n’existent quasiment pas dans les centres de culture scientifique comme la Casemate, alors que cela devrait être leur raison d’être. Avec ces questions, je suis allé au festival Transfo, « le premier festival du numérique 100 % alpin », et à une rencontre avec la nouvelle directrice de la Casemate. Et j’en reviens avec la certitude que s’opposer au déferlement numérique est une nécessité impérieuse.

    La suite sur :
    https://www.lepostillon.org/Numerique-mais-qu-est-ce-qu-on-attend.html

    Extrait :
    " Les promoteurs de ce monde-là sont eux très radicaux, c’est sûr. On le sait désormais : ils iront jusqu’au bout. Ils dématérialiseront toutes les démarches administratives et fermeront tous les services publics avec des humains derrière un guichet. Ils rendront très compliquées des choses auparavant très simples (je profite de l’occasion pour insulter les dirigeants de SFR, vu que je me débats depuis des semaines avec leurs larbins du centre d’appel pour simplement avoir le téléphone sans payer cinquante euros par mois : bande de furoncles putrides sans morale, je vous méprise du plus profond de mon âme). Ils mettront des robots partout et pourriront de beaux métiers. Ils transformeront les menuisiers, les boulangers ou les paysans en opérateurs informatiques. Ils installeront des écrans et des interfaces partout, multipliant les sollicitations incessantes. Ils uberiseront, privatiseront, désorganiseront les luttes collectives et feront régner le chacun pour soi. Ils automatiseront, rationaliseront, calculeront, à peu près tout. Ils programmeront l’avenir avec des algorithmes. Ils feront de gigantesques banques de données pour les vendre à des intérêts privés. Ils pilleront les métaux rares partout dans le monde, et qu’importent les guerres et l’exploitation que ce pillage induit. Ils s’émerveilleront des progrès de l’intelligence artificielle, sans se rendre compte de ceux de l’indigence humaine. Ils écouteront gentiment les voix discordantes en disant que c’est intéressant, mais, quand même, vous ne voulez pas revenir à l’époque des bougies. Ils prétexteront soit la compétition internationale, soit la médecine, soit le sens du progrès, pour couper court à tout véritable débat. Ils rendront l’humain de plus en plus dépendant à la technologie, à l’électricité, aux multinationales. Ils rendront l’humain de plus en plus fainéant, de moins en moins autonome, de moins en moins imprévisible. Ils nous feront petit à petit ressembler à des robots. Qu’on les laisse faire, et ils le feront. "

    #numérique #incendie #transfo #luddisme

  • Revue de presse de l’April pour la semaine 15 de l’année 2018
    https://linuxfr.org/news/revue-de-presse-de-l-april-pour-la-semaine-15-de-l-annee-2018

    La revue de presse de l’April est régulièrement éditée par les membres de l’association. Elle couvre l’actualité de la presse en ligne, liée au logiciel libre. Il s’agit donc d’une sélection d’articles de presse et non de prises de position de l’association de promotion et de défense du logiciel libre. Sommaire

    [usine-digitale.fr] Scandale Facebook, RGPD, messagerie cryptée, compteurs Linky… Les positions de Mounir Mahjoubi sur la protection des données personnelles [ZDNet France] Linux est sous votre capot [VICE] L’homme qui voulait soigner sa maladie génétique dans son garage [Global Security Mag] Mozilla dresse le bilan de la santé d’Internet à travers l’Internet Health Report 2018 [The Conversation] Facebook et le « paradoxe de la vie privée » [Next INpact] Pôle emploi nous ouvre le code source de (...)

  • Revue de presse de l’April pour la semaine 11 de l’année 2018
    https://linuxfr.org/news/revue-de-presse-de-l-april-pour-la-semaine-11-de-l-annee-2018

    La revue de presse de l’April est régulièrement éditée par les membres de l’association. Elle couvre l’actualité de la presse en ligne, liée au logiciel libre. Il s’agit donc d’une sélection d’articles de presse et non de prises de position de l’association de promotion et de défense du logiciel libre. Sommaire

    [Contrepoints] Anarchie, cypherpunk et liberté : les racines philosophiques du bitcoin [Developpez.com] L’UE voudrait exiger que les plateformes filtrent le contenu téléchargé pour éviter des violations de copyright [ouest-france.fr] Vire. A la découverte des logiciels libres avec Vire’GUL [Les Echos] Darknet : Brève histoire du grand méchant web [Libération] Bercy attaque Apple et Google sur les pratiques de leurs magasins d’applications [FIGARO] Mounir Mahjoubi : « Je suis contre toute propriété (...)

  • ÉTATS GÉNÉRAUX DE LA BIOÉTHIQUE
    Quel monde voulons-nous pour demain… et quel débat pour aujourd’hui ?

    Les États généraux de la bioéthique viennent de s’ouvrir avec cette question : « Quel monde voulons-nous pour de- main ? » Le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) qui les préside est un organisme « indépendant » composé d’un président nommé par le chef de l’État, lequel nomme également 5 des 39 autres membres, 19 étant choisis par les ministres et les présidents d’assemblée et de grands corps d’État, les 15 derniers par leurs pairs dans le secteur de la recherche. Une large majorité est donc redevable au pouvoir en place, et nombre d’entre eux sont déjà acquis à la cause des lobbys. La consultation en cours n’est donc qu’un vaste trompe-l’œil et ce CCNE n’a rien d’éthique : fortement politisé (on a vu comment fin 2013 il fut remanié de fond en comble par François Hollande pour sa politique de diversion sociétale), il n’obéit à aucune charte éthique claire. Sa constitution laisse déjà présager des conclusions de ses travaux.

    On consacre le fait qu’il y aurait un « sens de l’histoire », qui ne peut qu’accompagner la libéralisation progressive des règles freinant le marché de la reproduction et de l’artificialisation de l’homme. Le généticien Jean-François Mattei, ancien rapporteur des lois de bioéthique, nous a avertis : « Dans le domaine bioéthique, chaque pas que nous faisons ne nous paraît pas absolument déterminant et repoussant, mais vient un jour où l’on se retourne et où l’on est arrivé plus loin que ce que nous aurions voulu. Pour éviter cette pente eugéniste, il a fallu se battre1. » Sous couvert d’avancées thérapeutiques, il s’agit d’imposer par le fait accompli le tri des êtres humains, la numérisation de nos existences et l’« augmentation » d’un homme préalablement diminué par ces mêmes technologies.

    Comme l’écrivait récemment le mathématicien Cédric Villani, chargé par le gouvernement d’une mission sur l’intelligence artificielle (IA) : « Il faut tout d’abord une initiation aux bases et à l’esprit de l’algorithmique et de la robotique dès le plus jeune âge […]. Si on ne rassure pas la population, on ne pourra pas avancer. Cela passe par la mise en place de comités d’éthique, qui pourront édicter des règles de bonne conduite, ou conseiller gouvernement et entreprises2… » Et Jacques Testart, le père du bébé-éprouvette, d’affirmer sur son blog Critique de la science que « la fonction de l’éthique institutionnelle est d’habituer les gens aux développements technologiques pour les amener à désirer bientôt ce dont ils ont peur aujourd’hui ».

    QUEL HOMME VOULONS-NOUS POUR DEMAIN ?

    On aura remarqué que la quasi-totalité des thèmes abordés ont trait au transhumanisme, cet ultime avatar du capitalisme et sa sortie de secours avant l’inéluctable effondrement : derrière le marché juteux de la reproduction artificielle de l’humain (procréation médicalement assistée, diagnostic préimplantatoire, contrats de location d’utérus, recherche embryonnaire, génétique et génomique), il sera aussi question d’intelligence artificielle, de robotique, de big data et de contrôle des comportements par les neurosciences.
    Pour mieux masquer l’idéologie générale qui sous-tend ces débats, l’ensemble sera fragmenté par régions, chacune n’ayant droit qu’à quelques thèmes de réflexion sur tel ou tel élément technique du système qu’on impose. Sera à l’honneur en Nouvelle-Aquitaine le big data, ce grand pourvoyeur de données pour l’intelligence artificielle qu’il nourrit – ou « éduque » comme disent les ingénieurs3. Le site officiel des États généraux nous suggère que l’IA implantée dans des robots permettra de pallier le manque de médecins dans les déserts médicaux, voire de prendre en charge les aînés dont plus personne ne souhaite s’occuper, comme c’est déjà le cas au Japon. Avant sans doute l’hybridation avec le cerveau humain sur laquelle travaillent les transhumanistes, pour compenser le déclin des capacités intellectuelles mesuré ces dernières années, déclin dont les pollutions chimiques, l’abrutissement par le monde virtuel et les prothèses technologiques sont, entre autres, la cause. Dans un monde où la déshumanisation veut s’imposer jusque dans l’intimité de la maladie et de la fin de vie, la protection des données personnelles n’a que peu d’importance. Ainsi Laurent Alexandre, qui conseille le député Cédric Villani et le ministre du Numérique Mounir Mahjoubi, demande que « la Cnil soit modifiée pour permettre aux IA françaises d’utiliser les données personnelles4 ».

    La technocratie, cette classe toute-puissante qui concentre désormais le pouvoir, le savoir et l’avoir, a intégré la leçon des sociologues de l’acceptabilité : « Faire participer, c’est faire accepter. » C’est ainsi que, après avoir dévasté notre milieu naturel et empoisonné nos organes – pensons seulement aux pesticides et autres perturbateurs endocriniens, largement responsables de l’infertilité qui justifie la PMA –, les technocrates requièrent notre assentiment pour parachever « dé- mocratiquement » la transformation de nos corps et de nos modes de vie. Coup double ! Ceux qui commercialisent les poisons facturent désormais les remèdes.
    C’est pourquoi ils nous invitent à valider l’avancée des technologies « convergentes » ou « exponentielles », selon la novlangue de la Silicon Valley, pendant que sondages et médias préparent l’opinion à l’adoption des mesures qui avaient été mises de côté il y a sept ans : libéralisation de la PMA et de la GPA, désormais sans justification médicale, suicide assisté… en attendant les prochaines sessions, qui pourraient désormais avoir lieu tous les cinq ans, afin de mieux coller à l’accélération des avancées technologiques. On y fera accepter le bébé à la carte, la FIV à trois parents, le clonage thérapeutique, l’utérus artificiel et ce qui en découlera : la formation d’un embryon à partir des chromosomes de deux femmes ou deux hommes, voire l’autoreproduction, à la demande des sujets postmodernes autoconstruits : « Parce que j’y ai droit, parce que c’est mon choix » ! Et l’on voit apparaître les concepts de « stérilité sociétale » ou d’« infertilité sociale » pour légitimer le « droit à l’enfant » et en appeler à la technologie afin de s’affranchir d’une nature humaine dénoncée comme arbitraire, inégalitaire, voire « fasciste » !

    CONTRE L’EUGÉNISME ET LA MARCHANDISATION DES CORPS

    Dans le cadre de la fabrication industrielle de l’humain, l’enfant devient une marchandise comme une autre. La location des ventres se révèle alors comme une nouvelle forme de l’exploitation humaine. Comme le proclamait Pierre Bergé, entérinant la prostitution de l’humanité comme un des rouages du système capitaliste : « Louer son ventre pour faire un enfant ou louer ses bras pour travailler à l’usine, quelle différence ? C’est faire un distinguo qui est choquant. »

    Quant à la procréation médicalement assistée, le diagnostic préimplantatoire qui en est une condition obligatoire conduit de fait à de nouvelles formes d’eugénisme. Déjà, des couples non stériles y ont recours pour sélectionner les caractéristiques de leur progéniture (on a même vu un couple de sourdes-muettes réclamer un enfant sourd-muet). Encore une fois, le problème central ne se résume pas à telle ou telle technique en particulier mais concerne le système dont elles sont l’avant-garde : la normalisation de la fécondation in vitro, couplée aux avancées de la prédiction génomique – déjà effective sur le bétail et les plantes grâce au big data – permettra d’étendre le diagnostic préimplantatoire à un ensemble de critères (taille, couleur des yeux, des cheveux, performances diverses…) qui n’ont plus rien à voir avec des maladies. On prépare des générations d’humains qui, pour la première fois, ne seront plus le fruit du hasard, mais celui d’une sélection d’embryons optimisée en salle blanche. Bienvenue à Gattaca… On se rappellera que l’eugénisme, avant que le nazisme n’en ternisse l’image, était un projet partagé par presque tous les progressistes au début du xxe siècle (la social-démocratie suédoise, par exemple, en fut une pionnière, ne l’abandonnant que dans les années 1970). Peut-on fonder une société humaine décente sur la transgression perpétuelle par la technique des limites biologiques et sociales afin de satisfaire des désirs particuliers ?

    Nous, simples humains qui souhaitons le rester, dénonçons la mascarade de ce débat qui consacre l’artificialisation du vivant. Nous refusons la marchandisation et la robotisation des corps et voulons naître, vivre, aimer, nous reproduire et mourir décemment, sans être incarcérés dans ces dispositifs d’assistance machinale. On ne nous trouvera ni dans les défilés des technoprogressistes des lobbys LGBT, ni avec les catho- réactionnaires de Civitas et consorts.

    Nous refusons l’accroissement indéfini de notre dépendance à des innovations qui nous privent de notre plus élémentaire liberté. Nous voulons stopper la dévastation du monde plutôt qu’adapter notre corps à un milieu saccagé. Et débattre sans intermédiaires, ni politiciens, ni journalistes, ni experts.

    Les Chimpanzés du futur gascons, février 2018
    chimpanzesgascons@riseup.net

    « Ceux qui décideront de rester humains et refuseront de s’améliorer auront un sérieux handicap. Ils constitueront une sous-espèce et formeront les chimpanzés du futur. » Kevin Warwick, cyborg transhumaniste

    --
    Notes
    1. La Croix, 30 janvier 2018.
    2. Le 1, janvier 2018.
    3. Ces données sont piégées sur la Toile ou recueillies par nombre de capteurs et mouchards électroniques, dont le très contesté compteur Linky.
    4. Discours à Bordeaux French Tech, 12 décembre 2017, disponible sur Internet.

  • Non, Mounir Mahjoubi, à l’école, chacun ne fait pas “le chemin qu’il veut” ! (Bondy Blog)
    http://www.bondyblog.fr/201801080913/non-mounir-mahjoubi-a-lecole-chacun-ne-fait-pas-le-chemin-quil-veut

    Vos enfants s’ils vont à l’école, si vous arrivez à les inclure dans un parcours qui leur ressemble, dans les talents qu’ils ont, chacun fera le chemin qu’il veut (…) La réussite c’est chacun qui la définit “. Ce mots sont signés Mounir Mahjoubi […] Pourtant, plus d’un demi-siècle après “Les Héritiers” de Bourdieu, les faits sont malheureusement toujours aussi têtus : la France produit toujours plus d’inégalités dans le champ scolaire. Les études, les chiffres, les enquêtes sont à ce sujet sans appel, toujours en 2018.

    Votre discours méritocratique n’a rien de disruptif, il est vieux comme le capitalisme et emblématique de l’idéologie libérale à l’œuvre en France. Il sert à convaincre que “quand on veut on peut” et à construire le mythe du self-made-man à l’américaine.

    #éducation #méritocratie #inégalités

  • Revue de presse de l’April pour la semaine 51 de l’année 2017
    https://linuxfr.org/news/revue-de-presse-de-l-april-pour-la-semaine-51-de-l-annee-2017

    La revue de presse de l’April est régulièrement éditée par les membres de l’association. Elle couvre l’actualité de la presse en ligne, liée au logiciel libre. Il s’agit donc d’une sélection d’articles de presse et non de prises de position de l’association de promotion et de défense du logiciel libre. Sommaire

    [l’essor] Label « Territoire numérique libre » : le Rhône récompensé [FIGARO] Mounir Mahjoubi : « Le Conseil national du numérique doit être proche du gouvernement » [lepopulaire.fr] Sécuriser ses échanges numériques, c’est possible [Le Monde.fr] Un partenariat avec la série « Mr. Robot » provoque la colère chez les utilisateurs de Mozilla Firefox [ZDNet France] Quelle est votre stratégie Open Source ? [Europe1.fr] Lobbies : l’Assemblée en quête de transparence lien n°1 : Aprillien n°2 : Revue de presse de (...)

  • (20+) L’indépendance du Conseil national du numérique n’est pas négociable - Libération
    http://www.liberation.fr/debats/2017/12/20/l-independance-du-conseil-national-du-numerique-n-est-pas-negociable_1617

    Alors qu’elle est au Caire, invitée par l’ONU en tant qu’influenceuse pour traiter de la haine sur Internet, voilà qu’elle essuie une nouvelle campagne… de haine sur Internet. Dès l’annonce de la composition du CNNum, un soulèvement de personnes et groupes très actifs sur Internet se fait entendre, tentant de faire plier le gouvernement. Et cela fonctionne. Après avoir communiqué la liste de nominations avec satisfaction, le ministre Mounir Mahjoubi fait machine arrière et demande deux jours plus tard à Marie Ekeland de proposer une nouvelle composition du conseil. Soutenue par l’extrême droite et le Printemps Républicain entre autres, cette frange réactionnaire de nos élites, de gauche comme de droite, prend à nouveau en otage le gouvernement, qui plie sous leur pression.

    Car ce n’est pas sans rappeler d’autres événements survenus récemment : l’annulation du service civique pour l’association Lallab dont le but est de faire entendre les voix des femmes musulmanes, les intimidations contre le festival afroféministe Nyansapo organisé par Mwasi, la campagne menée contre l’humoriste Yassine Belattar jusqu’à la couverture de Marianne titrant « faux comique, vrai danger »,… les manœuvres d’intimidation sont nombreuses. Cette volonté d’éviction de certaines idées, aux relents de maccarthysme, empêche tout débat public et met gravement en danger notre démocratie.

    Ces campagnes, dont les cibles sont systématiquement issues de groupes minoritaires déjà peu représentés dans l’espace public, contribuent à leur confisquer une parole qui leur est rarement donnée, au sein des institutions, bien qu’elle soit tout à fait légitime. Harcèlement, diffamation et rumeurs sont autant d’outils dont ces personnes se servent, avec l’appui de certains médias, pour discréditer la parole de leurs cibles, et in fine, les réduire au silence. Nous observons régulièrement des membres du gouvernement ou représentant·e·s d’institutions céder à ces pressions, tomber dans les pièges qui leur sont tendus, et, de fait, altérer le travail de nombreux militant·e·s dont l’unique objectif est de défendre l’égalité des chances, de protéger nos libertés fondamentales.

    Se battre pour l’indépendance de nos institutions, de nos associations, de nos universités, de nos centres nationaux de recherche et de formation, cela porte un nom : la résistance.

    En conséquence, nous, actrices et acteurs de la société civile, soucieux.ses de l’intégrité et de l’indépendance de nos institutions, demandons au gouvernement de prouver qu’il joue son rôle d’arbitre en restant le garant des valeurs de la République appliquées à tou·te·s, y compris celles et ceux qui le critiquent. Le gouvernement doit certes assurer l’unité de la nation, mais celle-ci ne peut se faire au détriment de la liberté d’opinion.

    #CNNum

  • Le CNNum explose à la figure du gouvernement | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/191217/le-cnnum-explose-la-figure-du-gouvernement?onglet=full

    Marie Ekeland a donc refusé de céder aux exigences du secrétaire d’État au numérique, Mounir Mahjoubi, qui lui avait demandé, mercredi dernier, de présenter une nouvelle liste de trente membres du CNNum excluant la militante féministe et antiraciste (lire notre précédent article ici). « Le projet que j’ai porté d’ouverture, d’indépendance de pensée et de diversité, a été mis à l’épreuve dès le démarrage, écrit l’ex-présidente dans un communiqué publié mardi matin sur le site du Conseil. Je ne vois pas aujourd’hui, comment continuer à le porter en maintenant son essence et de bonnes chances de réussite ».

    « Nous avons beaucoup travaillé de concert cette dernière semaine avec Mounir Mahjoubi et les membres du CNNum à trouver une solution qui permette d’en conserver son intégrité et son entièreté », précise Marie Ekeland. « Nous n’y sommes pas arrivés. J’ai donc présenté aujourd’hui ma démission à Mounir Mahjoubi afin de laisser la place à une autre vision au CNNum. »

    Mais pour le gouvernement, il s’agit en fait de céder à la droite raciste et anti-féministe.

    Le revirement de l’exécutif est intervenu le mercredi 13 décembre après 24 heures d’une polémique lancée tout d’abord sur Internet par une partie de la droite et du Printemps républicain. Le 12 décembre, le président du mouvement, Amine El-Khatmi, réagit ainsi sur Twitter à l’annonce de la nomination de Rokhaya Diallo : « Vous avez demandé le racisme d’État, ne quittez pas… »

    Le lendemain, la députée Les Républicains, Valérie Boyer, interpelle directement le premier ministre Édouard Philippe dans un courrier qu’elle publie sur Twitter. Dans celui-ci, la nouvelle secrétaire générale adjointe chargée des questions de société du parti de Laurent Wauquiez reproche plusieurs propos tenus par Rokhaya Diallo ces dernières années.

    L’élue rappelle notamment une interview accordée à la web-émission Regards par la militante féministe. « Je ne vois pas en quoi le fait de marquer la féminité par un voile, c’est plus sexiste que de le marquer par des talons aiguilles ou une minijupe », avait affirmé Rokhaya Diallo. Il existe un « déni extrêmement profond du fait qu’il y a une production du racisme qui est ancrée à gauche », poursuivait-elle.

    Les différents propos pointés par Valérie Boyer étaient déjà connus. Rokhaya Diallo, connue pour sa lutte contre l’islamophobie, est en effet une des cibles favorites de l’extrême droite et de certains mouvements laïcistes ou islamophobes. Ce qui est plus étonnant, c’est la célérité avec laquelle l’exécutif a cédé à leurs pressions alors qu’aucun élément nouveau n’est apparu.

    Du côté du secrétariat d’État au numérique, on assurait, la semaine dernière, que ce n’est pas la lettre de Valérie Boyer ni la mobilisation sur Internet, qui a conduit à l’éviction de Rokhaya Diallo. Les services de Mounir Mahjoubi auraient en effet reçu de nombreux messages de la part de personnes de « l’écosystème numérique ». On reconnaissait cependant avoir bien validé la composition du CNNum telle que présentée lundi. Et qu’à ce moment, elle ne posait aucun problème.

    Dans son communiqué annonçant sa démission, Marie Ekeland défend sa décision de nommer Rokhaya Diallo qui « déconstruit les mécanismes de la construction de la haine en ligne et défend les droits des afro-descendants et des minorités au sens large ». « Je ne renie rien, écrit-elle. J’ai été choquée par les caricatures auxquels Rokhaya Diallo et Axiom ont été réduits : elles n’ont rien à voir avec ce qu’ils sont vraiment. »

    L’exclusion de la militante est due, estime l’ex-présidente du CNNum, à « un emballement médiatique et politique violent, révélateur des tensions françaises et de la difficulté à les traiter sereinement. Nous en avons été les témoins impuissants », explique-t-elle.

    Le plus drôle vient quand même de la bouche du ministre

    Contacté par Le Figaro, Mounir Mahjoubi a assumé sa décision. « J’ai signé le décret, j’étais là à la nomination. Il n’y a eu aucune surprise. Le problème, ce sont les réactions et l’incapacité du CNNum à travailler dans la sérénité », affirme le secrétaire d’État. « Il ne s’agit pas d’une association, d’un parti politique ou d’un lobby. Le CNNum doit être proche du gouvernement pour nous orienter, et le gouvernement lui fait confiance sur ces sujets. Ce n’est pas une force d’opposition, même si conseiller peut signifier dire quand ça ne va pas. C’est cet équilibre subtil qui a été cassé », poursuit-il.

    La composition du nouveau CNNum devrait être prête au début de l’année 2018, précise encore Mounir Mahjoubi. Elle « sera faite d’experts du numérique. Elle aura aussi une plus grande représentativité des quartiers, de la ruralité ».

    ON va donc faire représenter les quartiers par des gens qui surtout ne font pas de vagues, ne sont ni activistes, ni rappeurs, peut être par exemple la nouvelle bourgeoisie de couleur du numérique... pourquoi pas ceux qui ont utilisé les ZRU et autres zones franches pour y mettre les click-travailleurs/ses ou des entrepôts de livraison amazoniens. Des experts du numérique qui surtout n’auront jamais l’idée d’utiliser le langage épicène. Des experts comme on les aime dans les cercles de pouvoir : experts en courbettes et génuflexions !

    Cela dit, je n’aimerais pas être à la place du futur nominé... Il ne s’agit plus d’avaler des couleuvres, mais bien des boas, des anacondas. Le CNNum est mort, mais ce n’est que le premier pas. Je ne veux plus voir une tête qui dépasse. Tiens, les honteux de l’audiovisuel comme Elise Lucet... ou les merdeux de SUD Education qui osent penser qu’il existe un racisme d’Etat. Mettez moi tout ça en ordre !

    #CNNUM #hypocrisie #Macronie

    • C’est pourtant clair, il suffit de lire les articles 1 des décrets successifs…

      • 2011-476 29/04/11 (Nicolas Sarkozy)

      Le Conseil national du numérique a pour mission d’éclairer le Gouvernement et de participer au débat public dans le domaine du numérique.

      Il peut être consulté par le Gouvernement sur tout projet de disposition législative ou réglementaire susceptible d’avoir un impact sur l’économie numérique.

      Il formule également de sa propre initiative des recommandations en faveur du développement de l’économie numérique en France et contribue aux réflexions prospectives sur ce secteur.

      • 2012-1400 13/12/12 (François Hollande)
      (l’article 8 abroge le précédent décret)

      Le Conseil national du numérique a pour mission de formuler de manière indépendante et de rendre publics des avis et des recommandations sur toute question relative à l’impact du numérique sur la société et sur l’économie.

      A cette fin, il organise des concertations régulières, au niveau national et territorial, avec les élus, la société civile et le monde économique.

      Il peut être consulté par le Gouvernement sur tout projet de disposition législative ou réglementaire dans le domaine du numérique.

      • 2017-1677 8/12/17 (Emmanuel Macron)
      (l’article 8 abroge le précédent décret)

      Le Conseil national du numérique est chargé d’étudier les questions relatives au numérique, en particulier les enjeux et les perspectives de la transition numérique de la société, de l’économie, des organisations, de l’action publique et des territoires. Il est placé auprès du ministre chargé du numérique.

      Dans son champ de compétence, il a pour missions :
      1° D’informer et de conseiller le Gouvernement dans l’élaboration, la conduite et l’évaluation des politiques et de l’action publiques ;
      2° De contribuer à l’élaboration des positions de la France aux niveaux européen et international ;
      3° De formuler de manière indépendante et de rendre publics des avis et des recommandations.

      A cette fin, il organise des concertations régulières, aux niveaux européen, national et territorial, avec les pouvoirs publics, les élus, les secteurs économique, associatif et académique, et la société civile.

      Il peut être saisi pour avis par le Premier ministre, par le ministre chargé du numérique et, le cas échéant, conjointement avec les autres ministres concernés, ou par la majorité de ses membres de toute question entrant dans son champ de compétence. Dans ce cadre, il peut se voir confier des missions de prospective, d’expertise, d’étude et de consultation.

      Il peut être consulté par le Gouvernement sur tout projet de disposition législative ou réglementaire dans le domaine du numérique.

      Dans cette dernière version, l’#indépendance n’est invoquée que dans la troisième mission. Pour les autres, on s’imprègnera de la signification de « l’indépendance » pour le ministre…

      CNNum : Marie Ekeland démissionne
      https://www.linformaticien.com/actualites/id/46908/cnnum-marie-ekeland-demissionne.aspx

      Réaction de Mounir Mahjoubi : « le CNNum doit être proche du gouvernement pour nous orienter, et le gouvernement lui fait confiance sur ces sujets. Ce n’est pas une force d’opposition, même si conseiller peut signifier dire quand ça ne va pas. C’est cet équilibre subtil qui a été cassé » explique au Figaro le secrétaire d’État au Numérique. La polémique née des nominations aurait rendu le CNNum « inaudible ».

    • Un bel exemple du principe bien connu des juristes : lister restreint. Plus on énumère des missions, plus on restreint le champ d’action.

      La mission tient en une phrase dans la version 2, on retrouve bien cette même phrase dans la version 3, mais en troisième rang d’une liste de missions…

  • Uber : 1,4 million d’utilisateurs français touchés par le piratage
    http://www.zdnet.fr/actualites/uber-14-million-d-utilisateurs-francais-touches-par-le-piratage-39861730.htm

    À la fin du mois de novembre, le secrétaire d’État chargé du numérique Mounir Mahjoubi demandait directement à Uber de publier plus de détails sur le nombre d’utilisateurs français touchés par l’attaque ont avait été victime en 2016 l’application de VTC. Uber a fini par s’exécuter et a publié vendredi les détails sur cette attaque : dans un post de blog, l’application précise qu’environ 1,4 million d’utilisateurs français ont été affectés par l’attaque. Uber précise néanmoins que ce chiffre n’est qu’une (...)

    #Uber #hacking

  • Emmanuel Macron, ou l’oligarchie au pouvoir (2) - Le blog de Bernard Gensane
    http://bernard-gensane.over-blog.com/2017/10/emmanuel-macron-ou-l-oligarchie-au-pouvoir-2.html

    Au diable la flexi-sécurité à la sauce danoise ! Le peuple français va plonger vers une véritable #flexi-pauvreté, un peu comme celle qu’avait connue l’Allemagne après les « réformes » du marché du travail de 2003 à 2005 qui avaient, certes, fait reculer le taux de chômage, mais qui avaient également créé treize millions de nouveaux pauvres avant de produire des millions de retraités à 1 200 euros par mois. Les lobbies financiers vont donc prendre directement le pouvoir économique, avec l’aide des grands médias, propriétés de ce que le communiste Georges Marchais appelait en son temps « le grand capital ». Economique, le projet de Macron est également civilisationnel. La République française doit devenir une start-up nation, sa vie politique étant complètement managérialisée, à l’image du développement de son parti En Marche, la formation la moins démocratique depuis l’après Deuxième Guerre mondiale. Il faudra faire vite car l’adhésion des Français au macronisme ne concerne guère plus de 10% de l’électorat. Selon un sondage Opinionway, Macron (dont la cote de popularité personnelle ne cesse de chuter depuis trois mois) n’a recueilli que 55% d’adhésion directe parmi ses électeurs, 45% l’ayant choisi comme « vote utile » pour éviter un second tour Le Pen-Fillon.

    • Lorsqu’il a pensé ses équipes de direction, son management de la France, Emmanuel Macron a joliment brouillé les cartes en s’adjoignant des personnalités du secteur public et surtout de l’entreprise privée, sans vraiment s’embarrasser de conflits d’intérêts. L’assureur et financier Gilles de Margerie a été nommé directeur de cabinet de la ministre de la Santé. Il saura « réformer » les retraites dans le bon sens et articuler le rôle de l’Assurance-maladie et des assureurs privés. Dans cette optique, le profil de la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, ne manque pas d’intérêt. Brillante professeur de médecine âgée de 55 ans, belle-fille de Simone Veil, elle est proche de grands laboratoires pharmaceutiques qui l’ont rémunérée. Comme par hasard, elle a décidé d’augmenter de trois à onze le nombre de vaccins obligatoires pour les enfants. Son mari dirige l’INSERM (Institut national de la santé et de la recherche médicale), dont la cotutelle politique est le ministère de la Santé. Le gouvernement du Premier ministre Edouard Philippe compte de nombreuses personnalités issues de ce qu’on appelle désormais la « société civile » (on disait autrefois « la population active »). Parmi elles, le très médiatisé militant écologiste et animateur de télévision Nicolas Hulot – qui avait flirté un temps avec les équipes de Jean-Luc Mélenchon avant de voter Hamon au premier tour de la Présidentielle – comme ministre de la Transition écologique et solidaire. Le ministre de l’Education nationale est Jean-Michel Blanquer, ancien directeur de l’Ecole supérieure des sciences économiques et commerciales (ESSEC), première école de commerce française à s’associer aux grandes entreprises pour créer des chaires d’entreprise. Le jeune entrepreneur Mounir Mahjoubi (exemple remarquable de l’intégration réussie d’un immigré de deuxième génération) est nommé secrétaire d’Etat chargé du numérique. Il a rejoint le mouvement de Macron en janvier 2017 après avoir été proche de Ségolène Royal puis de François Hollande. Antoine Foucher symbolise, à lui seul, la pénétration du ministère du Travail par les patrons : il fut directeur général adjoint du Medef, avant de rejoindre Schneider Electric. Il est désormais directeur de cabinet de la ministre du Travail Muriel Pénicaud. Il lui reviendra la tâche de piloter les contre-réformes hostiles aux travailleurs. Muriel Pénicaud, fut elle-même directrice des ressources humaines de Danone puis de Dassault Systèmes. Chez Danone, elle organisa, malgré des bénéfices pour l’entreprise de près de deux milliards d’euros, un licenciement massif qui fit grimper le cours de ses propres stock-options. Dans les milieux patronaux et syndicaux, elle est connue comme une spécialiste du lean management, la gestion sans graisse, au plus juste, qui vise à accroître les marges au détriment de l’emploi et des conditions de travail.

      Macron rime avec clarification

      Quoi qu’il lui arrive, Macron aura été très utile à la France. En précipitant la fin d’un parti socialiste acquis depuis des décennies aux lois d’airain du capitalisme financiarisé, il aura opéré une vraie clarification du spectre politique français. Il aura ouvert, peut-être pas un boulevard, mais en tout cas une belle avenue à la gauche de gauche : la France insoumise, les communistes, et tous ceux pour qui le combat écologique est forcément articulé à une vraie transformation économique et sociale. Et il aura offert la preuve que les banques dirigent effectivement le pays, sans la caution, sans l’intermédiaire, des deux grandes formations politiques traditionnelles.