person:nellie bly

  • " Nellie Bly, voyageuse de génie et pionnière du journalisme d’investigation " par Olivier Favier
    http://enuncombatdouteux.blogspot.com/2019/03/nellie-bly-voyageuse-de-genie-et.html

    « Seul un homme peut le faire », répète la direction du New York World à Nellie Bly alors qu’elle s’est mise en tête de faire le tour du monde en moins de 80 jours. « Très bien, répond-elle en colère. Trouvez votre homme et je commencerai le même jour pour un autre journal et je le battrai. »


     D’allure fragile, celle qu’on surnommait Pinkie dans son enfance pour son goût immodéré du rose, cache en fait une combattante et une innovatrice invétérée.

    Nellie veut désormais battre le record fictif de Phileas Fogg, et faire le tour du monde en moins de 80 jours. Elle n’emporte qu’une seule robe, un manteau, une valise et la somme nécessaire pour payer son voyage. Elle part le 14 novembre 1889. Jules Verne, qu’elle visite à Amiens, lui prédit un succès en 79 jours.

    Lorsqu’elle atteint San Francisco le 21 janvier, Nellie Bly a deux jours de retard sur le calendrier prévu. Mais Pulitzer loue un train privé et Nellie Bly atteint New York après un voyage de 72 jours, 6 heures, 11 minutes et 14 secondes. Sa rivale, dont elle n’a appris l’existence qu’à Hong Kong, est battue d’une journée. De l’autre côté de l’Atlantique, Jules Verne pousse des hourras. Elle est la première femme à avoir accompli un tour du monde en solitaire.

  • Nellie Bly : mieux que Phileas Fogg, un tour du monde en 72 jours
    https://www.franceculture.fr/medias/nellie-bly

    Lorsqu’il publiait Le Tour du Monde en 80 jours en 1872, Jules Verne pouvait-il imaginer qu’une journaliste entreprendrait de faire un tour du monde en un temps plus rapide que son personnage fictif, Phileas Fogg ? Et pourtant ! C’est le défi qu’a relevé l’américaine Nellie Bly en 1889. L’histoire a cependant retenu le nom d’un héros fictif, aussi célèbre soit-il, plutôt que celui d’une femme.

    En utilisant bateaux, montgolfières, trains, l’intrépide journaliste a fait le tour du monde en 72 jours, 6 heures et 11 minutes en passant par Londres, Amiens, Suez, Singapour, Hong Kong ou encore, Yokohama et San Francisco. Un périple qu’elle a elle-même raconté dans son livre Le tour du monde en 72 jours :

    La gare était remplie de milliers de concitoyens et, lorsque je posai enfin pied à terre, la foule cria comme un seul homme, suivie par les canons de Battery et Fort Greene qui tonnèrent en mon honneur. J’ôtai mon chapeau et criai joyeusement avec la foule, non parce que j’avais accompli mon tour du monde en soixante-douze-jours, mais parce que j’étais de nouveau parmi les miens.

    • Et donc elle n’était pas que ça, aussi pionnière de l’investigation :

      Lorsqu’elle embarque pour son tour du monde, Nellie Bly a déjà initié dans la presse américaine un nouveau journalisme. Elle s’est infiltrée dans une usine pour décrire la réalité des femmes ouvrières, puis dans un asile psychiatrique en se faisant passer pour folle. Dans l’émission « Les Chemins de la philosophie », Jacques Munier s’entretenait avec Géraldine Muhlmann, spécialiste de l’histoire du journalisme américain, et revenait notamment sur le rôle de Nellie Bly en tant que pionnière du journalisme d’investigation :

      Nellie Bly sera considérée comme la première stunt-girl, littéralement une fille du coup de force [...] Ce sont des journalistes qui pratiquent de l’investigation en allant dans des institutions occultes, par exemple un asile psychiatrique [...] Toute la démarche de Nellie Bly sera de dire : « On en parle beaucoup, mais personne n’est allé y voir. »

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Nellie_Bly

      Le premier reportage confié à Nellie Bly, en 1880, concerne une fabrique de conserves. Elle raconte alors la vie des ouvrières et leurs conditions de travail très difficiles, dans le froid, la saleté et le danger. Ce premier reportage, accompagné de photographies, fait exploser les ventes du Pittsburgh Dispatch. Elle a alors rapidement le libre choix de ses articles et se concentre essentiellement sur les conditions de vie du monde ouvrier.

      Malheureusement, les industriels commencent à mettre sous pression le journal. Madden lui demande donc de ne plus s’occuper que des rubriques théâtrales et artistiques. Mais elle finit par le convaincre de revenir à son thème de prédilection, le monde ouvrier. Elle se fait alors embaucher dans une tréfilerie pour écrire un article « de l’intérieur ». Ce sera le premier reportage du genre, prémices du journalisme d’immersion et d’investigation. Le reportage fait sensation mais Nellie est forcée par les industriels à revenir aux rubriques théâtrales.

      Et encore :

      Pulitzer lui promet alors un contrat si elle parvient à s’infiltrer dans un asile. Elle accepte. Sa première tâche consiste ainsi à écrire un article au sujet d’un asile de fous pour femmes, le Blackwells Island Hospital à Roosevelt Island. Elle se fait passer pour malade et s’invente des problèmes psychiatriques afin d’y être internée. Après une nuit d’entraînement, l’illusion est parfaite : tous les médecins la déclarent folle et se prononcent pour son internement. Elle reste dix jours dans l’hôpital. Le reportage fait la une de toute la presse et fait scandale en dévoilant les conditions épouvantables des patientes et les horreurs des méthodes utilisées (nourriture avariée, eau souillée, bâtiments infestés). Il amènera un changement radical des pratiques. Elle publie son aventure sous le pseudonyme de L. Munro : Ten Days in a Mad-House (1887). Ce mode de journalisme, le reportage clandestin, devient sa spécialité.

      Mais pourquoi n’y a-t-il pas un film biopic sur sa vie, ça ferait un sacré film d’aventure ! (Il y a eu un film sur son passage à l’asile apparemment, mais il faudrait un film sur sa vie entière…)

      #Nellie_Bly #journalisme #investigation #aventurière

  • Le Tour du monde en quatre-vingts jours
    http://www.lesia.obspm.fr/perso/jacques-crovisier/JV/verne_TM.html

    En 1936, Jean Cocteau (1889–1963) entreprend avec son ami Marcel Khill (alias Passepartout) un tour du monde en 80 jours qu’il relate dans les colonnes de Paris-Soir, puis dans son livre Mon premier Voyage (1936, Gallimard). Même plus de 60 ans après le Tour du monde de Jules Verne, il n’était pas si facile de rester dans les temps (les voyageurs s’étant interdit toute étape en avion). Voici ce que Cocteau raconte sur le jour fantôme :
    « 21 mai – La semaine des deux mardis.

    C’est demain que se produit un phénomène que la science explique fort bien mais qui reste une énigme poétique comme la longueur d’onde et le pigeon voyageur. Demain mardi 28 au soir, les passagers s’endorment et... se réveillent mardi matin. Le 28 se prolonge jusqu’à devenir un jour anonyme. La semaine des deux mardis. La semaine des trois dimanches permet à un personnage d’Edgar Poe, capitaine de corvette, d’épouser une jeune fille. Le père refusait ce mariage. « Vous l’épouserez », criait-il, « la semaine des trois dimanches. » Grâce à ses calculs le capitaine parvint à rendre cette imposibilité possible. Il est à noter que Poe et Verne se ressemblent souvent. (Arthur Gordon Pym.)

    Donc, demain, notre marche à la rencontre du soleil nous fera vivre un jour fantôme. Phénomène qui trompa Philéas Fogg et lui fit croire son pari perdu. On touche du doigt la notion conventionnelle du temps humain. »
    (Jean Cocteau, Mon premier Voyage.)

    On pourrait conclure en portant le problème dans le cadre relativiste avec le paradoxe des jumeaux de Langevin (L’Évolution de l’espace et du temps, 1911, Scientia, 10, 31–54) et le boulet de Jules Verne.

    Chronologie du jour fantôme
    http://www.lesia.obspm.fr/perso/jacques-crovisier/JV/chrono_jour_fantome.html

    1321 – Le sultan kurde Ismail Abu’l-Fida (1273–1331) et le Taquin al-Buldan. (Considérations théoriques sur le jour fantôme. Selon R. R. de Freitas Mourão.)

    ca 1377 – Nicolas Oresme (ca 1325–1382) et le Traité de la sphère. (Considérations théoriques sur le jour fantôme. Selon R. R. de Freitas Mourão.)

    1522 – Les compagnons de Magellan (ca 1480–1521) achèvent leur tout du monde et constatent avec surprise un écart d’un jour par rapport à leur journal de bord.

    1524 – Antonio Pigafetta publie le récit de ce voyage Premier voyage autour du monde sur l’escadre de Magellan (traduction de C. Amoretti, Jansen imprimeur-libraire, Paris, 1801.) [Voir pp. 228–229.]

    1580 – Le corsaire anglais Francis Drake (ca 1545–1596) achève son tour du monde (historiquement le deuxième après celui de Magellan), clôturant plus de deux ans de rapines et de dévastation des possessions espagnoles. Il constate un écart d’un jour en arrivant à Plymouth le 26 septembre 1580. (F. Drake, 1652, The World encompassed, edt. F. Fletcher. [Voir p. 108.])

    1629 – Publication posthume de l’ouvrage de Nicolas Bergier (1567–1623) Le Point du jour, ou Traité du commencement des jours, et de l’endroit où il est établi sur la Terre (Reims, 1629).

    1692 – Pierre Bayle (1647–1706) publie la première version de ce qui deviendra sa Dissertation sur le jour dans son Projet et fragments d’un dictionnaire critique (pp. 322–353, Rotterdam, 1692). « Ceux qui font le tour du monde gagnent ou perdent un jour. Il n’est pas nécessaire d’expliquer ceci ; car personne n’ignore que ceux qui ont fait le tour du monde par l’Orient, se sont trouvés à leur retour plus avancés d’une journée, que ceux qui avaient demeuré dans le pays, & que le contraire est arrivé à ceux qui ont fait le tour du monde par l’Occident. » [Voir p. 330 ff.]

    1825 – L. Ciccolini, dans une lettre au baron de Zach, présente une étude bibliographique du problème du jour fantôme. (1825, Correspondance astronomique, géographique, hydrographique et statisitique du baron de Zach, 13, pp. 363–362.)

    1833 – L’astronome John F. W. Herschel (1792–1871) publie A Treatise on Astronomy (Longman et al. & John Taylor, Londres ; première édition américaine : 1836, Carey, Lea & Blanchard, Philadelphie). [Voir paragraphe 211.]

    1834 – Parution du Traité d’astronomie de John F. W. Herschel en traduction française par Augustin Cournot (Paulin, libraire-éditeur, Paris). [Voir également paragraphe 211.]

    1841 – Edgar A. Poe (1809–1849) publie A Succession of Sundays dans le Saturday Evening Post du 27 novembre. La nouvelle deviendra Three Sundays in a Week dans les éditions ultérieures (1845–).

    1852 – Hervé Faye (1814–1902) publie ses Leçons de cosmographie (librairie Hachette, Paris). [Voir Chap. VII, pp. 119–121 (2ème édition, 1854).]

    1856 – Publication de La Semaine des trois dimanches, traduction de Léon de Wailly, dans L’Ami de la Maison (1(14), pp. 217–219).

    1862 – Publication de La Semaine des trois dimanches, traduction de William L. Hugues, dans les Contes inédits d’Edgar Poe (Hetzel, pp. 141–153).

    1864 – Jules Verne publie son essai Edgard Poë et ses œuvres dans Le Musée des Familles (31(7), pp. 193–208) où il commente La Semaine des trois dimanches.

    1866–1867 – Armand Audoy (1825–1891) publie sous le pseudonyme X. Nagrien Prodigieuse Découverte (qui évoque le jour fantôme ; voir Chap. 7) dans la Revue Moderne (Vol. 39 (1 dec. 1866), pp. 511–540 et Vol. 40 (1 jan. 1867), pp. 129–162), puis chez Hetzel.

    1872 – Une série de lettres dans le courrier des lecteurs de la revue britanique Nature discutent le problème des méridiens et changements de date. Question posée par James Pearson le 12 décembre (Vol. 7, p. 68) suivie le 28 novembre des réponses de George Greenwood, J. K. Laughton et Edward Roberts (Vol. 7, p. 105).

    1872–1873 – Jules Verne publie Le Tour du monde en quatre-vingts jours dans Le Temps (6 nov. au 22 dec. 1872), puis chez Hetzel.

    1873 – Le 4 avril, Jules Verne lit à la Société de géographie de Paris son rapport sur Les Méridiens et le Calendrier (1873, Bull. Soc. Géog., 6, pp. 423–428). Son article, avec variantes, sera repris dans le Journal Officiel (12 avril 1873, No 101, pp. 2559–2570), le Journal d’Amiens (14–15 avril 1873, No 4968), La Presse (29 avril 1874), L’Explorateur (1er avril 1875, 1(9), pp. 207–209). (Voir également V. Dehs, À propos d’une communication, Bull. Soc. Jules Verne 182, 31–32, avril 2013.)

    1874 – La communication de Jules Verne est en partie reproduite dans l’article Méridien du Grand dictionnaire universel du XIXe siècle de Pierre Larousse (tome 11, pp. 75–76).

    1878 – Jules Verne publie Découverte de la Terre – Les premiers explorateurs (Hetzel), incluant le voyage de Magellan. [Voir p. 325.]

    1883 – A. Lepaute publie sur le même sujet, mais sans référence à Jules Verne, l’article Où commence lundi ? — Où finit dimanche ? (L’Astronomie, 2, pp. 97–102). Selon P. Scheinhardt, c’est Camille Flammarion lui-même qui a écrit cet article pour la revue qu’il éditait, prenant comme pseudonyme le nom de l’horloger Lepaute.

    1901 – Alphonse Allais (1854–1905) évoque le jour fantôme dans l’une de ses chroniques, Un curieux cas de conscience (Le Sourire, 17 août 1901, republié dans Œuvres posthumes, coll. Bouquins, Laffont, 1984, pp. 664–666.) [Alphonse Allais a également publié Le Tour du monde en pas tout à fait quinze jours (Le Journal, 13 août 1901, republié dans Œuvres posthumes pp. 663–664). Il y propose de construire des autoroutes sur viaducs tout autour de la Terre. Des auomobliles roulant à 120 km/h (pas mal pour l’époque) feraient ainsi le tour du monde en environ 14 jours. Il conclut « Sur la route, dame, il ne faudra pas perdre de temps à embrasser l’excellent papa Jules Verne, en passant... », évoquant ainsi le détour de Nellie Bly à Amiens lors de son tour du monde en 1889.]

    1936 – Jean Cocteau (1889–1963) relate son tour du monde dans Paris-Soir (août-septembre 1936), puis dans Mon premier Voyage (1936, Gallimard). Le jour fantôme y tient une bonne place (La semaine des deux mardis).

    1994 – Umberto Eco (1932–2016) publie son roman L’Île du jour d’avant (L’isola del giorno prima).

    Jour perdu ou jour gagné ? Fin d’une controverse.

    On lit, au fil des différents textes, que le voyageur partant vers l’est (ou vers l’ouest) gagne (ou perd) un jour – ou l’inverse. Ces incohérences qui ont fait couler beaucoup d’encre ont été mises sur le compte d’erreurs de traduction ou de recopie. À notre avis il n’en est rien. Ce n’est qu’une question de point de vue et d’imprécision du language. Au jeu, ce qui est gain pour une partie est perte pour l’autre. Un jour de moins peut être considéré comme une perte (par rapport au nombre de jours) ou un gain (de temps). Et comme rien n’est clairement explicité, que la règle du jeu n’est pas donnée, tout le monde a raison !

    Jacques Crovisier

    #littérature #géographie #horaire #date