person:nicolas béniès

  • Silicon Valley sans fard | Entre les lignes entre les mots
    https://entreleslignesentrelesmots.blog/2019/02/18/silicon-valley-sans-fard

    Visages de la Silicon Valley se veut un essai de Fred Turner, professeur de communication à la Stanford University, avec des photographies, qu’il faut prendre le temps de regarder, de de les scruter, de les contempler pour les faire « parler ». Mary Bett Mehan, la photographe, sait donner à voir comme le texte lui-même. Le tout se veut éclairages sur la réalité du mythe. Combinaison de diplômés et de pauvres qui dévoile une des réalités de la révolution numérique : l’approfondissement des inégalités entre les très qualifiés et les non-qualifiés lié à un éclatement des qualifications moyennes.

    Visage de la Silicon Valley est à la fois un « beau livre » – les images sont bien mises en valeur en affirmant leur nécessité esthétique – et une sorte de réquisitoire contre cette Amérique qui fait cohabiter extrême richesse et extrême pauvreté en perdant le sens même de la notion de solidarité. Ce livre indique simultanément les réactions, actions de résistance, de résilience pour éviter le délitement et dessiner un avenir différent – le socialisme redevient présent outre atlantique – par la lutte contre les mutations climatiques, la crise écologique.

    L’essai de Fred Turner, si américain dans ses références, donne à comprendre le concept de « Silicon Valley » et la réalité du piège qu’il comporte, piège de l’imagerie. Les photographies de Mary Bett Mehan deviennent fondamentales à ce niveau pour abandonner cette mythologie. Cet essai critique à deux voix permet de comprendre tout en laissant percevoir d’autres possibles.

    Fred Turner & Mary Bett Mehan : Visages de la Silicon Valley, C&F éditions, 33€

    Nicolas Béniès

  • Le Souffle de la Révolte, 1917-1936 : Quand le Jazz est là… | Couleurs JAZZ
    https://couleursjazz.fr/le-souffle-de-la-revolte-1917-1936-quand-le-jazz-est-la/?lang=fr

    L’originalité de cette approche, chronologiquement à rebours, est de proposer, non pas une histoire du jazz telle que l’on pourrait la lire dans une encyclopédie, mais d’inscrire le jazz dans l’histoire.
    Cette association du jazz et de l’histoire prend corps avec le choix, comme point de départ du livre, de l’année 1917 marquée à la fois par l’enregistrement du premier disque de jazz par l’Original Dixieland Jass Band, la révolution russe qui bouleversera l’échiquier politique européen et l’arrivée en France, dans les fourgons du 369ème régiment d’infanterie du lieutenant noir James Reese Europe, du jazz.

    L’auteur montre comment cette « catastrophe apprivoisée », pour reprendre l’expression de Jean Cocteau, présidera, en France et en Europe, à l’émergence de musiciens de jazz de valeur : (Alix Combelle, André Ekyan), trouvera un terreau fertile dans la chanson française avec Charles Trenet et Jean Sablon et inspirera des intellectuels comme l’ethnologue Michel Leiris, le poète Philippe Soupault et le compositeur du Groupe des Six, Darius Milhaud qui fera le voyage aux États-Unis pour prendre la mesure de ces sons nouveaux.
    Sans donner à son argumentation un tour exhaustif, Nicolas Beniès examine les origines et la maturation du blues et du jazz en tant qu’art à part entière au travers des réalisations les plus abouties de chefs de file comme Louis Armstrong, Sidney Bechet, Bix Beiderbecke, Bessie Smith, Jelly Roll Morton, Coleman Hawkins, Benny Carter, Duke Ellington, Count Basie, Billie Holiday, Lester Young, Django Reinhardt…
    Ce phénomène est rendu possible par les progrès des techniques d’enregistrement et de reproduction sonore. En découlera une reproduction à l’identique incarnée par le disque qui, en saisissant l’instant présent, jouera un rôle évident de transmission du patrimoine avec comme conséquence inévitable de conférer au jazz, selon les critères de l’économie capitaliste, la double identité d’objet d’art et d’objet de marchandise (Walter Benjamin). De là viendra la vogue des orchestres de danse : ceux de Paul Whiteman et Guy Lombardo aux États-Unis et, en France, ceux regroupés sous l’appellation Jazz de scène (Ray Ventura, Fred Adison). En positionnant avec de nombreuses références, la place du jazz dans la littérature et le cinéma, l’auteur, et c’est là son mérite, en fait une référence artistique incontournable de la culture américaine.

    #Nicolas_Beniès #Jazz #Souffle_révolte #C&F_éditions

  • [livre] Nicolas BENIÈS : « Le souffle de la révolte (1917-1936)... (...) - CultureJazz.fr
    http://www.culturejazz.fr/spip.php?article3384

    Il en connaît forcément un rayon : longtemps animateur d’une émission de jazz pour TSF 98 et auteur de conférences dans le cadre de l’Université populaire de Michel Onfray (qui annonce publiquement à la date de ce 28 septembre qu’il quitte ses fonctions) sans oublier -ce qui lui vaut de figurer dans cette rubrique- auteur de deux précédents volumes [1] d’une histoire du jazz dont le dernier opus en date vient de paraître. C’est peut-être pour cette raison que notre auteur caennais ose, ce qu’aucune rivière ne saurait faire, remonter à la source. Non pas ici en faisant l’histoire du jazz à partir de ses origines mais en l’achevant par ses débuts. info document - voir en grand cette imageCe dernier volume porte en effet sur la naissance du jazz. Qu’on se rassure, l’ordre chronologique reprend vite ses droits dans cette histoire des commencements. On la connaît ou l’on croit la connaître. Cela est vrai dans les grandes lignes. Le chant de la révolte des esclaves, la naissance du blues, Louis Amstrong, Sidney Bechet, les orchestres blancs dansants, Al Johnson et Le Chanteur de jazz, le jazz aux Etats-Unis, le jazz en France, Ray Ventura, Charles Trenet, Django, Boris Vian, Jean-Paul Sartre et son célèbre air attribué faussement à une chanteuse noire (La Nausée), Jean Cocteau jouant de la guitare, Pierre Boulez détestant le jazz (qui peine en effet à lui rendre hommage en retour !) et tutti quanti. On révise, on découvre et cela est déjà un exercice plaisant. L’ouvrage n’est pas pour autant réductible à cette fonction vulgarisatrice. Frappe en effet la masse de documentation convoquée par l’auteur, tous domaines confondus. Il suffit de regarder les notes en bas de page qui livrent les sources pour s’en convaincre. Donc, on apprend beaucoup.
    Qui connaît, en effet, le destin du lieutenant noir au nom de James Europe chargé en 1916 de recruter des soldats-musiciens afin de construire un grand orchestre qui tournera en France réunissant des milliers de spectateurs et popularisant déjà le jazz avant la lettre …. et son destin tragique( poignardé par l’un de ses musiciens à Boston en 1919) ? Ou bien l’existence du premier musicien de jazz, le cornettiste Buddy Bolden (né à La Nouvelle Orléans en1877) et son groupe (1900-1906) qui mourra dans un asile d’aliénés (cette musique l’ayant rendu fou ?) sans avoir apparemment rien enregistré ? Nicolas Beniès consacre de nombreuses pages à ces figures méconnues et mythiques en faisant partager à ses lecteurs les hypothèses déjà émises par des historiens voire par les romanciers américains eux-mêmes.
    Sans oublier l’histoire des instruments (de leur apparition dans les formations), l’histoire des enregistrements, des lieux de concerts….

    Histoire du jazz, histoire culturelle, histoire tout court. L’ambition est légitime mais non sans risque ; celui des raccourcis spatio-temporels. Par exemple, 1917 premier disque de jazz signé par l’ODJB (Original Dixieland Jazz Band) et révolution russe : comment lier un mouvement de révolte et d’émancipation que porte le jazz aux États-Unis et celui d’une révolution qui marque le début de la fin des libertés en URSS où le jazz sera interdit pour cause de décadence (comme il le sera deux décennies plus tard sous le joug des nazis comme musique dégénéré) ? Avec un peu de dialectique, à l’inverse tout s’éclaire. Condamner le succès de jazz sous sa double forme discographique et spectaculaire au nom de la loi du marché relèverait par exemple de la cécité idéologique si l’auteur ne prenait soin de préciser avec raison que « le jazz fait donc partie de la sphère de la marchandise, tout en constituant un objet artistique, donc en dehors de la marchandise. » CQFD.

    Alors certes il y a bien quelques redites (la forme « conférence » oblige ?), des gimmicks comme en musique. Ainsi nos vieilles connaissances Adorno (et son anti-art) Walter Benjamin (et la reproduction), le capitalisme bien sûr toujours là (qui doit se sentir bien seul, soit dit en passant)… mais la morale de l’histoire demeure : quand le jazz est là… tout va.

    Last but not least : le CD joint au livre par les soins de l’auteur évoquant la naissance du jazz en 25 titres.

    #C&F_éditions #Nicolas_Beniès #Souffle_révolte

  • J’ai besoin de toi pour accéder à notre avenir | Entre les lignes entre les mots
    https://entreleslignesentrelesmots.blog/2018/08/24/jai-besoin-de-toi-pour-acceder-a-notre-avenir

    Laisser reposer. Mettre le cd sur la platine. Suivant les goûts, écouter pour (re)connaître et savourer. Ou lire les vint-cinq petites notices autour de ces plages de l’ordre de trois minutes chacune. Bien des surprises…

    Reprendre le Parcours. N’oublier ni la grande boucherie ni la révolution russe. « Le jazz, musique des opprimés, des laissés pour compte de la société américaine a été reçu comme un saut dans l’inconnu. Les instruments pleuraient, riaient. D’un seul coup c’est la vie qui entrait, un scandale pour les biens-pensants, pour faire exploser tous les codes. Une musique du corps, du sexe, tout autant que de l’esprit ». Des disques – l’auteur s’attarde sur le rôle des galettes des moments où les créations rencontrent le public. Si le souffle qui s’élève ne peut être réduit à ses conditions socio-économiques, l’ignorance de celles-ci ne permet pas de saisir ce qui à permis l’émergence de cette « musique noire », de ces nouvelles configurations imaginatives.

    Nicolas Béniès aborde, entre autres, les réactions et les impacts de cette musique, les réceptions et les effets des écoutes, « Il s’agit ici non pas d’une histoire du jazz, mais de la place du jazz dans l’histoire, d’une pierre dans le chantier culturel ».

    Une remarque avant de poursuivre, l’auteur fait de multiples écarts, retours en arrière, projections au futur. Il mêle les temps, les lieux. Certain·es, trop habitué·es aux chemins balisés contre l’errance, pourraient en perdre le fil. Un conseil donc, laissez-vous porter par la musique, le surgissement des instruments, la présence de musicien·nes, les contrastes ou les analyses socio-politiques. Entendez chaque passage, chaque proposition comme autant de reprises ou d’arrangements d’un standard, « L’arrangement, cette manière de transformer le thème, est un travail obscur qui permet de se servir de la tradition pour construire une nouvelle tradition ».

    #Souffle_révolte #Nicolas_Beniès #C&F_éditions

  • visuelimage.com l’art en train de se faire - Chroniques d’un bibliomane mélancolique
    http://www.visuelimage.com/hebdo/index.php?ad=0&id_news=8902

    `Chronique par Gérard-Georges Lemaire

    Le Souffle de la révolte, Nicolas Bénies, « livre musical », C & F Editions, 236 p., 29 euros

    Il n’est pas aisé de trouver en librairie des ouvrages sur l’histoire du jazz par les temps qui courent. Celui-ci vient donc à point nommer combler un vide. L’histoire du jazz n’est pas tout fait simple à raconter car on ne sait même pas quand il est né. D’aucuns disent les premières années du XXe siècle à La Nouvelle Orléans. Possible, mais pas sûr. L’auteur songe qu’il est apparu simultanément dans plusieurs villes des Etats-Unis. A l’époque, il n’avait pas de nom. C’était ma musique sauvage, la musique du diable, qui plongeait ses racines dans le Negro Spiritual, le Blues et le ragtime, mais aussi était influencé par le duende espagnol, la musique klemzer, et par bien d’autres musiques d’origine européennes. Cet ouvrage est une vraie mine d’informations ; on découvre l’histoire du jazz depuis ses origines jusqu’à la fin des années 1930. Et pas seulement : l’auteur explique comment cette musique s’est diffusée par le disque, puis par la radio, comment elle a eu rapidement du succès après la Grande guerre (c’est d’ailleurs cette guerre que les Français l’on découverte grâce à l’orchestre que Jim Europe avait constitué pour partir sur le front et qui a conquis déjà le coeur des Français qui ont pu l’entendre alors. Nicolas Béniès nous fait rencontrer les grands créateurs dans ce domaine, les orchestres les plus célèbres, comment divers instruments ont été introduits dans les ensembles, quelle est leur histoire spécifique et quels ont été les musiciens qui leur ont donné leur lettre de noblesse. Et il nous présente aussi les grandes chanteuses, comme Billy Holiday, mais aussi les orchestres féminins, plus nombreux qu’on le pense. Il explique l’histoire des Minstrels qui interprétaient des parodies des Noirs comme spectacle d’amusement et aussi l’apparition d’orchestre de jazz avec des musiciens blancs (il était impossible alors de créer des orchestres mixtes). Il évoque trop rapidement à mon goût les danseurs de claquette, comme le génial Billy Robinson, qui a été le maître de Fred Astaire, qui lui a rendu un hommage vibrant dans un de ses films. De plus, il nous montre quels rapports ont eu les écrivains avec cette nouvelle musique, comme Francis Scott Fitzgerald et Ernest Hemingway, mais aussi E. Cadwell et Philippe Soupault, jusqu’à Michel Leiris et Jean-Paul Sartre. Il explique de quelle façon ces grands noms qui ont fait évoluer le jazz ont connu le succès à l’étranger, à Paris, à Londres, mais aussi en Russie. Bref, on découvre cet univers complexe, car on ignore pas mal de choses faute de documents, d’enregistrements, et témoignages crédibles (la légende, bien entendu, s’est vite imposée). Qu’aime ou non le jazz, ce livre (accompagné d’un CD avec certains des premiers disques diffusés aux Etats-Unis) est indispensable pour comprendre comment le monde afro-américain a fait entendre sa voix dans son propre vite, et très presque dans le monde entier et engendrer à l’échelle planétaire le Swing Time.

    #Nicolas_Beniès #Souffle_révolte #C&F_editions

  • Publications de C&F éditions au premier semestre 2018 - Courte présentation.
    https://cfeditions.com

    Pour le livre, septembre est un mois charnière. Donc pour nous le temps de faire un bilan de nos publications du début d’année... en attendant les surprises de la fin 2018. Voici donc quelques lignes sur les parutions récentes, par ordre chronologique depuis janvier.

    1 - Neige

    Nous avons commencé l’année par un cadeau : un petit livre numérique sur le domaine public, qui est aussi un catalogue complet de nos publications. Même s’il n’est plus appelé en première page de notre site, ce livre gratuit est toujours disponibles. OK, l’été que nous avons connu n’incite pas à se pencher sur la structure de la neige.
    https://cfeditions.com/voeux2018

    2 - Le livre-échange : vies du livre et pratiques des lecteurs

    Dans cet ouvrage, Mariannig Le Béchec, Dominique Boullier et Maxime Crépel font une sociologie de la lecture en partant d’un objet : le livre lui-même. Que font les lectrices et lecteurs avec cet objet, comment vit-il dans leurs mains, comment circule-t-il ? Un regard différent indispensable pour les professions du livre et de la documentation.
    https://cfeditions.com/livre-echange

    3 - Neurocapitalisme : pouvoirs numériques et multitudes

    Un ouvrage traduit de l’italien (et aujourd’hui également publié en espagnol et en anglais). Giorgio Griziotti retrace le passage de l’ère industrielle à celui du capitalisme cognitif, ou plus spécifiquement du biohypermédia, quand les usages du numériques ont des conséquences sur nos subjectivités, individuelles et en groupes. Un passage de l’ordre des appartenances à celui des traversées, qui change beaucoup de choses dans l’analyse du monde contemporain comme dans les perspectives pour le subvertir.
    https://cfeditions.com/neurocapitalisme

    4 - Le souffle de la révolte 1917-1936 : Quand le jazz est là

    Nicolas Beniès poursuit son exploration de la place du jazz dans l’histoire du XXe siècle en écrivant sur la période de révolte qui va de la Révolution russe au front populaire. Révolte populaire et intellectuelle, révolte dans les moeurs, révolte dans les coeurs sur le rythme trépidant du jazz naissant.
    https://cfeditions.com/souffle_revolte
    (le livre inclut un CD-audio pour découvrir la musique dont il est question dans le texte).

    5 - Révolution Paine : Thomas Paine penseur et défenseur des droits humains

    Reprise des deux textes fondateurs de Thomas Paine sur les droits de l’homme, accompagné d’une préface par Peter Linebaugh, historien spécialiste des communs ; d’une mise en perspective par Nicolas Taffin ; et d’un dossier sur les diverses déclaration des droits humains. Un livre réalisé avec les étudiantes du Master édition de l’Université de Caen
    https://cfeditions.com/paine

    6 - Culture participative Une conversation sur la jeunesse, l’éducation et l’action dans un monde connecté.

    Oui, ce livre date de la fin 2017... mais son actualité ne se dément pas. Par trois spécialistes des pratiques culturelles en ligne, Henry Jenkins, Mizuko Ito et danah boyd.
    https://cfeditions.com/cultureParticipative

    Bonne lecture

    #C&F_éditions #Shameless_auto_promo

  • Parution : Le souffle de la révolte, 1917-1936 : quand le jazz est là
    https://cfeditions.com/souffle_revolte

    J’ai le plaisir de vous annoncer la parution du troisième volet de la trilogie de Nicolas Beniès sur la place du jazz dans l’histoire du XXe siècle.

    Dans la collection « musique en livre », Nicolas Beniès a précédemment étudié la période de bascule de 1959 dans Le Souffle bleu (épuisé, en ré-édition, parution cet automne). Puis il a livré son regard sur le jazz durant l’occupation et à la libération dans Le souffle de la liberté (https://cfeditions.com/souffle1944).

    Le présent ouvrage, Le souffle de la révolte (https://cfeditions.com/souffle_revolte) parle des « débuts » du jazz et de sa relation avec les mouvements sociaux, artistiques, littéraires qui ont secoués les années vingt et trente.

    Le jazz arrive en France en 1917 dans les bagages de l’armée américaine, et connait immédiatement un grand succès populaire. Entre les deux guerres, pour tous les jazzmen et jazzwomen, Paris reste la capitale mondiale de l’accueil des artistes. Le jazz s’infiltre dans les autres arts, notamment la littérature. Durant ces années, le jazz, qui se transmet via l’explosion industrielle du gramophone, demeure un authentique travail artistique, chaque performance étant unique et dotée de l’aura d’oeuvre d’art que lui offre l’improvisation. Ses interprètes réinventent tous les instruments pour les faire sonner différemment. Et le jazz construit le melting-pot culturel, au point de devenir la musique spécifique des États-Unis, par delà le racisme qui perdure.

    Le jazz est un anti-art qui rythme l’esprit de l’époque et libère les corps. C’est la musique de cette révolte qui agite le monde depuis la révolution en Russie jusqu’au Front populaire.

    Le livre est disponible :
    - par commande auprès de votre libraire favori
    - sur les grandes librairies en ligne
    - directement auprès de C&F éditions sur le site https://cfeditions.com

    Bonne lecture

    #Souffle_revolte #Jazz #Musique #Nicolas_Beniès

  • Rencontre de cultures. Aux origines de la contre-culture aux Etats-Unis dans les sixties | Entre les lignes entre les mots
    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2018/02/02/rencontre-de-cultures-aux-origines-de-la-contr

    2017 a fêté un cinquantenaire un peu passé inaperçu sauf sur les lieux du crime. San Francisco, sur la Côte Ouest des Etats-Unis, a vu déferler tout ce que la Californie et au-delà comptaient de Hippies et autres survivants des années dites psychédéliques. 1967 est la date retenue pour la naissance de cette contre culture qui semble née de rien, sinon d’une réaction à la guerre du Viêt-Nam. Fred Turner, directeur du département des sciences de la communication à l’Université de Stanford et ancien journaliste a voulu comprendre les racines un peu cachées de cette émergence d’une culture de la jeunesse de ces sixties.

    Il propose, dans « Le cercle démocratique », une véritable enquête dans les soubassements culturels de la société américaine. Son point de départ : la réaction au fascisme et au nazisme qui se servent des nouveaux instruments de communication comme la radio pour embrigader les masses, les faire marcher au pas de l’Oie et tuer dans la répétition martiale tout esprit critique. Les intellectuels de toute sorte, surtout des ethnologues, Margaret Mead en particulier, vont se mobiliser pour lutter contre le fascisme extérieur et intérieur pour construire « l’être humain démocratique ». Construction qui passe par une réflexion sur tous les médias. La stratégie proposée sera celle de l’encerclement – « surround » – démocratique.

    Commencée dans les années 1930, cette stratégie rencontrera celle des créateurs du Bauhaus, à commencer par Grotius. C’est Noholy-Nagy qui jouera le rôle le plus importent en tant qu’ éducateur de cet esprit américain. Le Bauhaus, constitué après la Première Guerre Mondiale avait comme projet de s’inscrire dans l’industrialisation de la société pour, via le design, la contester de l’intérieur. L’objectif était de créer l’« homme nouveau » pour mettre en œuvre le socialisme. A l’épreuve de l’exil, cet « homme nouveau » deviendra « l’homme américain » porteur des valeurs démocratiques.

    L’auteur non seulement insiste sur cette rencontre permise par l’exil mais fait aussi la part de toutes les tentatives pour rompre avec la marchandisation, facteur de diffusion du fascisme. Ainsi la composition de John Cage, « Silence » mais un silence programmé de minutes et de secondes pour inciter les « auditeurs » à s’interroger sur l’organisation des sons.

    Il est donc question, comme le sous titre l’indique, du « design multimédia de la Seconde Guerre mondiale aux années psychédéliques », une sorte d’histoire culturelle du 20e siècle fomentant toutes les révolutions numériques qui marquent ce 21e siècle.

    Fred Turner : Le cercle démocratique, traduit par Anne Lemoine, préface de Larisa Dryansky, C&F éditions.

    Nicolas Béniès

    #C&F_éditions #Fred_Turner #Cercle_démocratique

  • Hélène Martin - La ballade de Bessie Smith (Fine Fleur 1967) - YouTube
    https://www.youtube.com/watch?v=RDY3BUL1wvw

    Hélène Martin chante « la ballade de Bessie Smith » (paroles d’André Benedetto, musique d’Hélène Martin).
    C’est un extrait du Gala de la Fine Fleur de la Chanson Française organisé par Luc Bérimont en août 1967.

    J’ai adoré cette chanson qui figurait sur un disque de chants militants de la fin des années soixante. Je viens de la retrouver sur YouTube. Une véritable bibliothèque... quel dommage que ce soit un acteur privé et monopolistique.

    Juste un extrait du prochain livre de Nicolas Béniès « Le souffle de la révolte » qui m’a donné envie de rechercher ce titre.

    Mezz Mezzrow, dans Really the blues - La rage de vivre1 -, écrit par Bernie Wolfe, en rajoutera en la transformant en victime du racisme. Elle meurt dans un accident de voiture le 26 septembre 1937 – elle a entre 43 et 45 ans – sur la route, loin de tout hôpital. Comme souvent, au moment où sa carrière redémarre. Elle a abandonné les blues pour se rapprocher des comédies musicales et elle redevient populaire. Mezz écrira que l’hôpital pour Blancs l’avait refusée, la laissant se vider de son sang devant la porte restée obstinément fermée. De quoi susciter l’émotion. Une belle histoire, bien édifiante, trop évidemment pour que ce soit vrai. À cette époque reculée, personne n’aurait eu l’idée de la transporter à un hôpital pour Blancs. Bessie Smith s’est vraiment vidée de son sang, les secours sont arrivés trop tard sur les lieux de l’accident, un fait malheureusement commun à cette époque et à quelques autres2. Le racisme, réel de cette société américaine, n’a, en l’occurrence, rien à voir.

    #Bessie_Smith #Hélène_Martin #Légendes

  • Sur les engagements antimilitaristes et anti-ségrégation de Jon Hendricks, chanteur de jazz qui vient de décéder. par Nicolas Beniès.

    Extraits du livre de Nicolas Béniès Le souffle de la liberté : 1944, le jazz débarque.
    https://cfeditions.com/souffle1944

    Les plages du débarquement sont encore pleines du sang de ces jeunes gens. De temps en temps le sable s’en souvient, avec horreur, et raconte des exploits pour cacher ce sang que les commémorations ne sauraient voir. Les cimetières sont trop abstraits pour pouvoir parler. Ils occultent cette abominable réalité.

    Fortement marquée par la ségrégation, l’armée américaine laisse peu de noirs débarquer. Ils seront 1770 à Omaha Beach (sur 29.714 Américains) et 1200 à Utah Beach (sur 31.912). On raconte que la hiérarchie avait peur de voir les soldats afro-américains armés prendre conscience de la possibilité de tuer les officiers. Ils furent souvent ceux qui maniaient les ballons explosifs tenus au bout de câbles d’acier destinés à bloquer les interventions aériennes. Il faudra attendre 2009, soit après l’élection de Barack Obama, pour que William Dabney, dernier survivant du 320e bataillon, entièrement composé d’Afro-Américains, ne soit décoré par la France de la Légion d’Honneur. Comme environ quatre-vingts pour cent des soldats, les Afro-Américains participèrent principalement aux opérations d’intendance, notamment à Cherbourg.

    Le vocaliste/poète/parolier Jon Hendricks, revenu sur les lieux cinquante ans après, et une dernière fois au festival Jazz sous les Pommiers de Coutances en mai 2013, s’en souvient avec acuité.

    Il ne trouvera son salut, comme beaucoup d’autres, que dans la fuite. Il racontera en mai 1994, à Pascal Vannier et à moi-même, son débarquement.

    Jon dénonce les conditions dans lesquelles il a fait son service militaire dans le Sud des États-Unis. Dans l’armée, les Noirs « étaient traités comme des esclaves », avec l’interdiction d’aller et de venir. « L’émancipation n’a pas apporté la liberté. Nous sommes passés de l’esclavage physique à l’esclavage économique. Comment aller et venir dans une société où le droit à un travail vous est refusé faute d’éducation ? »

    Il se retrouve dans une armée ségrégationniste qui le conduit à s’interroger sur la notion de démocratie, cette démocratie américaine qui dit combattre le nazisme « ressemble à une farce ». Comment dire, s’interroge-t-il, l’indicible, l’inexplicable ? Quels mots faut-il employer ? De quelle logique se servir quand on se trouve au-delà de toute logique ? « Finalement », dit-il avec ironie, « l’armée l’a compris et a intégré les Noirs... au moment où c’était le plus dangereux. »

    Dans l’armée « je me sentais complètement en porte à faux. Qu’est-ce que je fichais là ? Je venais tuer des gens alors que mon but était que les gens se sentent bien ». C’est le sens qu’il donne à son travail d’artiste. Sait-il qu’il rejoint Jacques Prévert lorsqu’il dénonce la stupidité de la guerre ? Ne pas regarder les Blancs dans les yeux, descendre du trottoir lorsqu’on croisait un Blanc, ces humiliations quotidiennes sont aussi le lot de tous les Noirs à cette époque. « J’ai fait mes classes dans le Sud. C’était laid et brutal. On ne pouvait pas descendre en ville sans se faire rosser... ou tuer. » Il ajoutera : « Tous les officiers étaient Blancs et racistes. “Bonjour” de notre part était, pour eux, une insulte. Tout se ramenait à la haine. »

    Jon Hendricks n’en rajoute pas. Les grands écrivains du Sud des États-Unis, à commencer par William Faulkner avec sa saga des Snopes, ont décrit toutes ces situations, ces lynchages, la bêtise raciste meurtrière. Faulkner disait que les Snopes lui faisaient peur... Erskine Caldwell enquêtera sur ce Sud pour retrouver son ami d’enfance Bisco, et ce récit est celui du racisme quotidien enraciné dans la « culture » de ces Blancs qui vivent pourtant dans des conditions similaires à celles des Noirs. Pour les écrivains récents, James Lee Burke, et son double Dave Robicheaux, savent rendre compte des permanences de cette société américaine, sans manichéisme.

    Cette non-intégration, ce mépris expliqueront en partie la conversion de beaucoup d’entre eux à la religion musulmane. Ainsi, ils changeront de nom pour rompre avec le passé esclavagiste – leur nom provient souvent du maître blanc – et avoir sur leur carte d’identité la mention « M » pour Muslim au lieu de « Black ».

    Jon Hendricks dit avoir rencontré un paysan normand « qui nous a sortis de la boue pour nous abriter dans sa grange. L’amour est fait de petites choses. Il nous a offert à manger. Il est allé déterrer le calvados. Cette attitude simple du paysan en France, comme celle du reste de la population, fut le premier signe d’humanité que nous avions rencontré. »

    Ce débarquement, pour Jon, est à l’origine de deux événements importants : « Ma relation d’amour avec la France a commencé à ce moment- là » et le « début d’une folie en moi s’est déclenchée [...] comme la haine de la guerre » et le rejet des politiciens. « Il faudrait peut-être se débarrasser des politiciens et donner le pouvoir aux artistes » conclut-il de sa référence à Platon, avec un sourire qui n’appartient qu’à lui.

    Rentré aux États-Unis, Jon fera des études de Droit, mettra ses compétences au service de la NAACP, la grande association qui défend les droits des Noirs. « Des prisonniers allemands comme Von Braun qui nous a bombardé de V1 et de V2 jouissait de plus de liberté que nous. »

    Plein d’autres anecdotes et analyses dans le livre de Nicolas Beniès Le souffle de la liberté.
    https://cfeditions.com/souffle1944

    #Jazz #Jon_Hendricks #Antiracisme #Débarquement #Nicolas_Beniès

  • Avant première du « Souffle de la révolte » à paraître en octobre 2017, pour fêter le centenaire de la révolution russe, du premier disque de jazz et l’arrivée de James Europe en France -
    http://soufflebleu.fr/2017/08/20/avant-premiere/#more-5116

    Nicolas Beniès commence à faire du teasing sur son prochain livre du « jazz dans l’histoire ».

    #C&Féditions #Nicolas_Beniès #Le_souffle_de_la_révolte

  • Le premier disque de « jazz »
    http://abonnes.lemonde.fr/festival/article/2017/08/05/le-premier-disque-de-jazz_5169008_4415198.html

    Le prochain livre de Nicolas Beniès, « Le souffle de la révolte » à paraître cet automne chez C&F éditions revient sur cette période de l’histoire et la place qu’y occupe le jazz.

    Bel article de Francis Marmande en attendant la parution...

    Le premier disque de jazz aurait été enregistré le 26 février 1917 à Chicago : un 78-tours gravé dans la cire par la compagnie Victor (fondée en 1901), de l’Original Dixieland « Jass » Band (ODJB) – les guillemets figurent sur l’étiquette. L’étiquette ? Un chien plongeant l’oreille dans le pavillon du gramophone, une invitation à la danse (« for dancing »), et un style : « fox-trot ». L’ODJB, ce sont quatre garçons cornaqués par Nick La Rocca. Tous nés à La Nouvelle-Orléans. Tous blancs, comme le suggère le terme de « Dixieland ». Blancs comme des hosties et tenant à le faire savoir, nom de Dieu ! En un an, plus de 1 million de copies sont vendues dans le pays. Le succès est foudroyant. C’est une révolution musicale, s’enflamment les gazettes. On connaît la chanson.

    C’est pourtant là que tout commence. Est-ce « le premier » ? Le premier quoi ? Vaste question… Une chronologie du jazz de Philippe Baudoin et Isabelle Marquis (Outre mesure, 2005) mentionne, de 1897 à 1917, une trentaine de références enregistrées, du cylindre au disque, en ragtime et autres blues. La Rocca lui-même s’entraînait en accompagnant un gramophone qui jouait les marches militaires de son idole, John Philip Sousa, un officier à bésicles aux airs de colonel bavarois.

    Toujours est-il que le mot « jazz », sans doute habité d’une étrange magie, « fait sensation, il est court, vif, sensuel, vulgaire et sert à tout et à n’importe quoi ». François Billard, dans sa très vivante Vie quotidienne des jazzmen, 1917-1950 (Hachette) n’a pas tort. L’histoire de l’ODJB est retracée par Jean-Christophe Averty (1928-2017), discographe de génie. On peut lire son récit, dans les Cahiers du jazz, créés par le philosophe Lucien Malson, no 3-4 (1961). Au passage, constatant que l’enregistrement impose ses normes, ses distances aux micros et ses durées, il pouvait lui arriver de dire, comme eût dit Alfred Jarry, son guide en provocations : 1917 signe la fin du jazz. Il ne juge guère. Il lui suffit de comparer. Il s’attarde peu sur la personnalité de Nick La Rocca (1889-1961).

    Lequel était, on s’en tient à ses propres propos, autocrate, déplaisant, raciste, mégalomane, et franchement mytho. Il se prenait pour « le Christophe Colomb du jazz ». Ce en quoi il était peut-être, sans le savoir, dans le vrai. Et le musicien ? Contemporain de Buddy Bolden, King Oliver, Freddie Keppard et Louis Armstrong, il joue comme une patate. Depuis l’enfance, il taquine le cornet à pistons. Son adolescence à La Nouvelle-Orléans tient de Ringolevio (Emmett Grogan) et de Mort à crédit (Céline). Pas un Noir à l’horizon.

    En 1917, les Etats-Unis déclarent la guerre à l’Allemagne. Dans les bateaux qui reviennent sur les lieux du crime, Saint-Nazaire, ­Bordeaux, il y a des musiciens. Notamment Jim Europe. Il avait d’ailleurs lui-même enregistré, dès 1913. Devant cette immense aventure qui commence, le symptomatique Original Dixieland Jass Band reste à sa juste place : celle d’un petit combo de gamins qui connurent leur quart d’heure de gloire et qu’une photo montre, en 1921, « apaisant les bêtes sauvages au zoo de Central Park ».

    #Musique #Jazz #Domaine_Public

  • Nicolas Béniès : « La zone euro vient de signer son arrêt de mort ! » - The Dissident - The Dissident
    http://the-dissident.eu/7941/nicolas-benies-la-zone-euro-vient-de-signer-son-arret-de-mort

    Le débat politique est un peu envahi par le « Grexit », qui est un faux problème. La question centrale, c’est la politique économique. Comment le gouvernement de Syriza peut-il mettre en place une politique autre que la ligne orthodoxe libérale des autres gouvernements ? Doit-on suivre une politique marquée du sceau de l’austérité ? Ou une politique de relance, de lutte contre les inégalités, qui essaie d’asseoir les légitimités nouvelles pour assurer une croissance économique et une éthique ? C’est ça, le vrai débat ! D’autant que tous les juristes sont d’accord sur le fait que rien, dans les traités, ne permet d’exclure un pays de la zone euro. Lui seul peut décider d’en sortir. Donc l’idée de Schauble de faire sortir de la Grèce de la zone euro est un non-sens juridique.

  • Il y a un an C&F éditions publiait « Le souffle de la liberté : 1944, le jazz débarque ». Cet ouvrage inscrivait le jazz dans l’histoire de cette période du débarquement.

    Il reste pleinement d’actualité quand, un an après, on célèbre la victoire sur le nazisme.

    Le projet de Nicolas Beniès est de montrer combien le jazz, cette musique de la révolte, une musique savante et construite, mais émergeant des pulsions profondes de ceux qui la jouent, accompagne tous les soubresauts de l’histoire du XXe siècle.

    Il s’agit de placer le jazz dans l’histoire, de faire des va-et-vient entre ce qui se passe dans le monde et ce qui est joué sur scène. De quelle liberté le be-bop est-il le signe ? Pourquoi au lendemain de la guerre a-t-il autant divisé la planète des critiques et des fans ? De quelle résistance le jazz a-t-il été porteur durant les années d’occupation ? Et pourquoi malgré tout jouer était autorisé... mais pas danser ?

    « Le souffle de la liberté » fourmille d’anecdotes, de situations attachées à l’histoire du jazz. Il fait également souffler le grand vent de l’histoire, les résistances, les usages militaires de la musique (du Major Glenn Miller au groupe de propagande nazi Charlie est son orchestre). Et puis les espoirs d’une nouvelle société qui sortirait de la barbarie, malgré le massacre de Sétif... justement ce 8 mai 1945.

    J’ai mis en place une sélection de vidéos pour illustrer ce qui est écrit dans le livre sur http://souffle1944.cfeditions.com

    Et bien entendu on peut commander le livre chez son libraire favori (ou directement sur le site de C&F éditions : http://cfeditions.com/souffle1944)

    <https://www.youtube.com/watch?v=gYdmk3GP3iM

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