Nicolas Casaux au festival « Bien l’bourgeon »
▻https://nantes.indymedia.org/articles/45060
Nicolas Casaux au festival « Bien l’bourgeon » ►https://grenoble.indymedia.org/articles-4/locaux/nicolas-casaux-au-festival-bien-l-bourgeon
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Nicolas Casaux au festival « Bien l’bourgeon »
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Locaux | Féminisme / Genres / Sexualités, Alternatives / Contre-culture Le nouveau chantre de l’écologie profonde, Nicolas Casaux sera présent au festival « Bien l’bourgeon » le 19/05 afin de participer à une table ronde intitulée : Collapsologie et résilience écologique « Peut-on compter sur la collapsologie et la transition écologique pour éviter l’effondrement : responsabilités individuelles et/ou institutionnelles ? » Ce n’est pas pour critiquer le sujet de cette discussion que j’écris, bien qu’il serait surement possible de le faire autour de la construction identitaire (...)
#Locaux #Féminisme_/_Genres_/_Sexualités #Alternatives_/_Contre-culture
#collapsologie en mode administration du désastre parce que ce terme est tellement galvaudé qu’il est devenu le “backdoor” de tous les suppôts du productivisme en mode “globalized” qui nous enjoignent de devenir “résilients”. La “résilience” est un vaste enfumage, seule la Résistance paiera.
Un texte de Nicolas Casaux (Deep Green Resistance) #DGR qui commence par cette introduction :
J’ai récemment proposé une tribune à Reporterre. Elle ne leur a pas plu. Je la publie donc ici avec, en complément, un passage rapidement traduit du dernier livre de Theodore Kaczynski, Anti-Tech Revolution, Why and How ? [Révolution anti-tech, pourquoi et comment ?], qui rejoint l’objet de ma tribune.
Le ton est donné, je vous livre la suite :
▻http://partage-le.com/2019/02/sauver-la-civilisation-sauver-le-monde-regler-tous-nos-problemes-etc
Il y a un lien vers DGR qui envoie vers FB avant d’arriver à DGR... Voici le vrai lien final...
▻https://editionslibre.org/produit/deep-green-resistance-un-mouvement-pour-sauver-la-planete-derrick-jen
Tu veux dire sur la page de partage_le.com @biggrizzly ?
Je viens de vérifier (désolé pour mon manque de réactivité) et ouais, c’est étrange ce truc. Une explication, ami·e·s expert·e·s ?
Pour mémoire (la mienne, œuf corse) la bio de Theodore Kaczinsky (alias « Unabomber ») : ►https://fr.wikipedia.org/wiki/Theodore_Kaczynski
Bien évidemment, les technophiles ne parviendront pas à « déterminer les avancées » du progrès technique, ni à s’assurer qu’elles « améliorent la société » et soient amicales envers les humains. Sur le long terme, les avancées technologiques seront « déterminées » par les luttes de pouvoir intestines entre les différents groupes qui développeront et utiliseront la technologie à seule fin d’obtenir plus de pouvoir. […]
Et donc, suite à la lecture de la « fiche » du bonhomme sus-cité (wow !), j’en conclus que la « deep green resistance » fait fausse route si elle n’a à nous proposer comme référence que ce genre d’allumé. Il faudra que j’en parle à Nicolas Casaux (quand j’aurai un moment).
" Pourquoi l’avenir n’a pas besoin de nous ". Par Bill Joy
L’avis du co-fondateur et Directeur Scientifique de Sun Microsystems, et coauteur de La Spécification du Langage Java sur les prévisions de Theodore Kaczinsky :
« Je ne suis aucunement un apologiste de Kaczynski. Ses bombes ont tué trois personnes pendant une campagne de terreur de 17 ans et ont blessé plusieurs autres. Une de ses bombes a gravement blessé mon ami David Gelernter, un des informaticiens les plus brillants et les plus visionnaires de notre temps. Comme beaucoup de mes collègues, j’ai senti que j’aurais facilement pu être la cible suivante d’ Unabomber.
Les actions de Kaczynski étaient meurtrières et, à mon avis, d’un fou criminel. Il est clairement un Luddite, mais se limiter à cette affirmation n’écarte pas son argument ; aussi difficile qu’il soit pour moi de le reconnaître, il y a un certain mérite dans le raisonnement de ce passage. Je me suis senti contraint d’y faire face. »
▻https://enuncombatdouteux.blogspot.com/2010/06/pourquoi-lavenir-na-pas-besoin-de-nous_24.html
J’ajoute quand même ces liens à la troisième compilation :
►https://seenthis.net/messages/680147
#effondrement #collapsologie #catastrophe #fin_du_monde #it_has_begun #Anthropocène #capitalocène
Pas de problème @sinehebdo ça mérite d’être mentionné dans cette compilation (travaux de compilations pour lesquels on ne te remerciera jamais assez) et ça mérite qu’on en reparle ici même parce que, je sais pas vous, mais ça me laisse un peu perplexe, toute cette comm’ de Nicolas Casaux. Enfin, je suis peut-être parano ...
@sinehebdo J’ai envie de supprimer cette discussion parce qu’elle ne débouchera sur rien et que la problématique que j’ai évoquée plus haut me prend la tête. J’ai écrit à Nicolas Casaux par le biais de sa page Facebook. Les réponses (la sienne plus celle d’un autre participant) que j’ai eues ne me satisfont pas vraiment, pour ne pas dire pas du tout, à part des recommandations à lire certains livres. Pourrais-tu éditer ton post où tu mentionnes cette discussion et en remplacer le lien
(▻https://seenthis.net/messages/680147#message760828) par celui qui mène directement à l’article de Nicolas Casaux sur son site partage-le.com ?
C’est Theodore Kaczinsky qui te gêne ? Le gars est en prison à vie, il paye pour ce qu’il a fait, on peut quand même lire ce qu’il écrit si c’est intéressant, non ?
Oui, on peut lire ce qu’il a écrit. Et je me reconnais dans ses idées mais pas dans ses actes. Et non, je ne crains pas qu’il sorte un jour de sa prison ou envoie des porte-flingues pour me butter. Il paie sa dette à la société ? Très bien. Seulement, comme je l’ai écrit à N. Casaux :
je ne peux m’empêcher de penser que Kaczynski était un meurtrier. Vous me rétorquerez peut-être que c’était pour une « juste cause ». Mais à mon avis, la plus juste et plus noble des causes ne justifie pas que l’on use de tels procédés pour la défendre. Oui, on peut être amené à tuer pour défendre sa propre vie ou celle de ses proches mais ici, nous avons à faire à autre chose : une personnalité au mental perturbé reclus dans une cabane isolée et lui-même coupé de toute vie sociale qui fomente ses mauvais coups pour se venger de qui ou de quoi : du mauvais sort que lui a réservé la vie ? Alors il est vrai que je n’ai pour info que celles livrées par Wikipédia. Ce n’est peut-être pas objectif. Éclairez-moi je vous prie car lorsque vous mettez en exergue ce genre d’auteur emprisonné depuis 20 ans et qui parvient tout de même à faire sortir ses publications de son cachot hautement sécurisé, je ressens comme une sorte de blocage.
C’est une sorte d’empêchement « moral » à cautionner ce qui a été publié sur partage-le.com et ses avatars facebookiens.
mais bon, ceci dit, je peux aussi me désabonner de la page de Casaux sur Facebook. J’aurais peut-être dû commencer par là d’ailleurs. Par contre il n’est pas trop tard pour le faire.
Euh tu fais ce que tu veux sur tes fils hein, mais concrètement c’est quoi l’intérêt de supprimer un seen comme ça ? C’est pas juste une conversation, avant tout seenthis sert à référencer des contenus, faire de la veille, et là bah c’est un article parmi d’autres sur le sujet, et gardé en mémoire par 10 autres personnes. Donc pourquoi le supprimer ?
Voir ma réponse ci-avant @rastapopoulos mais sinon, je peux supprimer juste le baratin (le mien, j’entends ainsi que les réponses qui lui ont été apportées) qui pollue le seen. C’est toujours possible, me semble-t-il. Par contre, c’est vrai que j’avais oublié le but premier de Seenthis, à savoir référencer des infos et éviter de faire part de ses états d’âmes. Cela m’a déjà été reproché. So sorry ...
Bah non chacun fait part de ses commentaires… ou pas. Chacun fait ce qu’il veut. On l’utilise comme bon nous semble, c’est un outil protéiforme. Mais de mon point de vue, une fois qu’on a référencé un contenu sur internet et qu’il a eut l’air d’intéresser plusieurs personnes (en bien ou en mal, mais qui ont pensé que c’était intéressant de le garder en mémoire), alors c’est un peu dommage ensuite de le supprimer. Ce qui n’empêche ni de supprimer des commentaires ou de les modifier pour enlever ou changer des phrases.
une personnalité au mental perturbé reclus dans une cabane isolée et lui-même coupé de toute vie sociale qui fomente ses mauvais coups pour se venger de qui ou de quoi : du mauvais sort que lui a réservé la vie ?
C’est peut-être plus compliqué que ça
▻https://www.theatlantic.com/magazine/archive/2000/06/harvard-and-the-making-of-the-unabomber/378239
Salut @Sombre.
Pour avoir tenté de discuter plusieurs fois avec Nicolas Casaux, en particulier sur des écrits où il fait de la transphobie au prétexte que les trans demandent les mêmes droits à la procréation assistée et favorisent la marchandisation du corps, reprenant le discours de certains chez Deep Green Résistance, je te confirme qu’il a basculé du côté obscur du mec qui adore s’écouter « penser » en public sur facebook quitte a dire des énormités.
Je l’ai viré de ma liste des gens éclairants et, s’ il continue, il rejoindra celle des confusionistes puisque son explication était qu’il se basait sur la définition anglaise de la trans-identité... je vous laisse juges de l’argument mais pour moi c’est de la fumisterie.
Ce que je voulais dire c’est qu’il est parfois intéressant de lire des textes de personnes qu’on désapprouve par ailleurs, et c’est encore mieux si on fait précéder ce texte de réserves, d’un commentaire, d’une mise en contexte, d’une mise en garde, un peu comme tu fais ici, et c’est très bien comme ça, non ?
Ah oui, j’avais bien aimé l’article de The Atlantic quand je l’avais lu...
Harvard and the Making of the Unabomber
Alston Chase, The Atlantic, June 2000
@val_k qui dit que :
Pour avoir tenté de discuter plusieurs fois avec Nicolas Casaux, en particulier sur des écrits où il fait de la transphobie au prétexte que les trans demandent les mêmes droits à la procréation assistée et favorisent la marchandisation du corps, reprenant le discours de certains chez Deep Green Résistance, je te confirme qu’il a basculé du côté obscur du mec qui adore s’écouter « penser » en public sur facebook quitte a dire des énormités.
Je connaissais son point de vue sur la question. Bon, en tout cas, comme ce n’est pas vraiment son domaine d’expertise, je ne m’étais pas focalisé plus que ça sur son avis. Pour ce qui est du « reste », euh ... force est de constater que tu n’as pas tout à fait tort, au vu de la réponse qu’il a adressée à mon commentaire sur sa page FB.
Et sinon, quand on veut de la doc sur un sujet précis, il faut bien reconnaître qu’on l’obtient assez rapidement ici. Et donc, merci à toutes celles et tous ceux qui documenteront ce fil de discussion mais sans tomber dans une exégèse de la « pensée Kaczynski »
" La nef des fous " par Théodore Kaczynski ( 1999 )
▻http://enuncombatdouteux.blogspot.com/2016/12/la-nef-des-fous-par-theodore-kaczynski.html
Il était une fois un navire commandé par un capitaine et des seconds, si vaniteux de leur habileté à la manœuvre, si pleins d’hybris et tellement imbus d’eux-mêmes, qu’ils en devinrent fous. (...)
Le mousse se racla la gorge :
-- Hem. Vous avez tous de bonnes raisons de vous plaindre. Mais il me semble que ce qui est vraiment urgent c’est de virer de bord et de mettre le cap au sud, car si nous continuons d’aller vers le nord, nous sommes sûrs de faire naufrage tôt ou tard, et alors vos salaires, vos couvertures et votre droit à sucer des bites ne vous serviront à rien, car nous serons tous noyés.
Mais personne ne lui prêta la moindre attention : ce n’était que le mousse. (...)
Mais comparées à notre vrai problème – le fait que le navire continue vers le nord – vos réclamations sont mineures et insignifiantes, parce que si nous ne virons pas bientôt de bord, nous allons tous sombrer avec le navire.
-- Fasciste ! dit le professeur.
-- Contre-révolutionnaire ! s’écria la passagère.
Et l’un après l’autre, tous les passagers et membres de l’équipage firent chorus, traitant le mousse de fasciste et de contre-révolutionnaire. Ils le repoussèrent et se remirent à maugréer à propos des salaires, des couvertures à donner aux femmes, du droit de sucer des bites et de la manière dont on traitait le chien.
Le navire continua sa route vers le nord, au bout d’un moment il fut broyé entre deux icebergs. Tout le monde se noya.
8 février 2010.
Christopher Lynn Hedges (né le 18 septembre 1956 à Saint-Johnsbury, au Vermont) est un journaliste et auteur américain. Récipiendaire d’un prix Pulitzer, Chris Hedges fut correspondant de guerre pour le New York Times pendant 15 ans. Reconnu pour ses articles d’analyse sociale et politique de la situation américaine, ses écrits paraissent maintenant dans la presse indépendante, dont Harper’s, The New York Review of Books, Mother Jones et The Nation. Il a également enseigné aux universités Columbia et Princeton. Il est éditorialiste du lundi pour le site Truthdig.com.
Nous sommes à l’orée d’un des moments les plus dangereux de l’humanité…
Aleksandr Herzen, s’adressant, il y a un siècle, à un groupe d’anarchistes qui voulaient renverser le Tsar, leur rappela qu’il n’était pas de leur devoir de sauver un système mourant, mais de le remplacer : « Nous pensons être les médecins. Nous sommes la maladie ». Toute résistance doit admettre que le corps politique et le capitalisme mondialisé sont morts. Nous devrions arrêter de perdre notre énergie à tenter de les réformer ou à les supplier de bien vouloir changer. Cela ne signifie pas la fin de la résistance, mais cela implique de toutes autres formes de résistance. Cela implique d’utiliser notre énergie pour construire des communautés soutenables qui pourront affronter la crise qui se profile, étant donné que nous serons incapables de survivre et de résister sans un effort coopératif.
Ces communautés, si elles se retirent de façon purement survivaliste sans tisser de liens entre elles, à travers des cercles concentriques formant une communauté étendue, seront aussi ruinées spirituellement et moralement que les forces corporatistes déployées contre nous. Toutes les infrastructures que nous édifions, tels les monastères du Moyen-âge, devraient chercher à maintenir en vie les traditions artistiques et intellectuelles qui rendent possible la société civile, l’humanisme et la préservation du bien commun. L’accès à des parcelles de terres cultivables deviendra essentiel. Nous devrons comprendre, comme les moines médiévaux, que nous ne pouvons pas altérer la culture plus large, qui nous englobe, au moins à court terme, mais que nous devrions être en mesure de conserver les codes moraux et la culture pour les générations qui viendront après nous. La résistance sera réduite à de petits et souvent imperceptibles actes de désobéissance, comme l’ont découvert ceux qui ont conservé leur intégrité durant les longues nuits du fascisme et du communisme du 20ème siècle.
Nous sommes à la veille d’une des périodes les plus sombres de l’histoire de l’humanité, à la veille de l’extinction des lumières d’une civilisation, et nous allons entamer une longue descente, qui durera des décennies, sinon des siècles, vers la barbarie. Les élites nous ont effectivement convaincu du fait que nous ne sommes plus aptes à comprendre les vérités révélées qui nous sont présentées, ou à combattre le chaos entrainé par la catastrophe économique et environnementale. Tant que la masse de gens effrayés et désorientés, gavée d’images permettant son hallucination perpétuelle, demeure dans cet état de barbarie, elle peut périodiquement se soulever avec une furie aveugle contre la répression étatique croissante, la pauvreté étendue et les pénuries alimentaires. Mais la capacité et la confiance nécessaires pour remettre en question et défier à petite et grande échelle les structures de contrôle lui feront défaut. Le fantasme des révoltes populaires étendues et des mouvements de masse renversant l’hégémonie de l’État capitaliste n’est que ça : un fantasme.
Mon analyse se rapproche de celles de nombreux anarchistes. Mais il y a une différence cruciale. Les anarchistes ne comprennent pas la nature de la violence [Pas d’accord du tout avec ce passage et ces déclarations sur « la violence » et « les anarchistes », la violence (définit comme l’utilisation de la force, ou la lutte armée) est une tactique de lutte, elle peut être complémentaire de la non-violence, les deux ne s’excluent pas mutuellement, Chris Hedges se contredit d’ailleurs puisque dans plusieurs articles très récents il incite à l’insurrection et à des « formes de résistance physique », NdT]. Ils comprennent l’étendue de la putréfaction de nos institutions culturelles et politiques, ils comprennent la nécessité de sectionner les tentacules du consumérisme, mais pensent naïvement que cela peut être accompli par des formes de résistance physique et des actes de violence. Il y a des débats au sein du mouvement anarchiste — comme celui sur la destruction de la propriété — mais lorsque vous commencez à utiliser des explosifs, des innocents commencent à mourir. Et lorsque la violence anarchique commence à perturber les mécanismes de gouvernance, l’élite au pouvoir utilisera ces actes, aussi anodins soient-ils, comme une excuse pour déployer une quantité disproportionnée et impitoyable de force contre des agitateurs suspectés et avérés, ce qui ne fera qu’alimenter la rage des dépossédés.
Je ne suis pas un pacifiste. Je sais qu’il y a des périodes, et j’admets qu’il est possible que celle-ci en soit une, où les êtres humains sont obligés de riposter contre la répression croissante par la violence. J’étais à Sarajevo durant la guerre de Bosnie. Nous savions exactement ce que les forces serbes entourant la ville nous feraient si elles parvenaient à percer les défenses et systèmes de tranchées de la ville assiégée. Nous connaissions l’exemple de la vallée de Drina ou de la ville de Vukovar, ou un tiers des habitants musulmans avaient été tués, et le reste regroupé dans des camps de réfugiés ou de déplacés. Il y a des moments où le seul choix qui reste, c’est de prendre les armes pour défendre votre famille, votre quartier, votre ville. Mais ceux qui se sont avérés les plus aptes à défendre Sarajevo provenaient invariablement des milieux criminels. Lorsqu’ils ne tiraient pas sur les soldats serbes, ils pillaient les appartements des Serbes ethniques de Sarajevo, les exécutaient parfois, et terrorisaient leurs camarades musulmans. Lorsque vous ingérez le poison de la violence, même au nom d’une juste cause, cela vous déforme, vous corrompt, vous pervertit. La violence est une drogue, c’est peut-être même le plus puissant narcotique qui soit pour l’espèce humaine. Les plus accros à la violence sont ceux qui ont accès à des armes et un penchant pour la force. Et ces tueurs émergent à la surface de tout mouvement armé et le contaminent à l’aide du pouvoir toxique et séduisant qui accompagne la capacité de détruire. J’ai observé cela, guerre après guerre. Lorsque vous empruntez ce chemin, vous finissez par confronter vos monstres aux leurs. Et le sensible, l’humain et le gentil, ceux qui ont une propension à protéger et prendre soin de la vie, sont marginalisés et souvent tués. La vision romantique de la guerre et de la violence est prévalente chez les anarchistes et la gauche profonde, comme dans la culture dominante. Ceux qui résistent par la force ne renverseront pas l’État capitaliste, et ne soutiendront pas les valeurs culturelles qui doivent être défendues, si nous voulons un futur qui vaille le coup d’être vécu.
De mes nombreuses années en tant que correspondant de guerre au Salvador, au Guatemala, à Gaza et en Bosnie, j’ai appris que les mouvements de résistance armés sont toujours des produits mutants de la violence qui les a engendrés. Je ne suis pas naïf au point de penser qu’il aurait été possible pour moi d’éviter ces mouvements armés si j’avais été un paysan sans terre du Salvador ou du Guatemala, un Palestinien de Gaza ou un Musulman de Sarajevo, mais cette réponse violente à la répression est et sera toujours tragique. Elle doit être évitée, mais pas au prix de notre propre survie.
Traduction de Nicolas Casaux sur son site : ▻http://partage-le.com/2015/12/effondrement-du-systeme-point-zero-par-chris-hedges
L’original en anglais : ▻http://medialeft.org.uk/index.php?option=com_content&view=article&id=113:chris-hedges-zero-poi
Par contre, ne cherchez pas la source d’origine : y a plus rien à voir ! ...
Sur l’auteur de l’article : ▻https://en.wikipedia.org/wiki/Chris_Hedges
VIDEO. Climat : « On n’est jamais trop petit pour faire une différence » : le discours fort de Greta Thunberg
▻https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/cop24/video-climat-on-n-est-jamais-trop-petit-pour-faire-une-difference-le-di
Son discours a fait le tour du monde. À tout juste 15 ans, Greta Thunberg a bousculé les délégués présents à la COP24 - qui s’est tenue à Katowice en …
Appels sans suite (1) : le climat, par Frédéric Lordon (Les blogs du Diplo, 12 octobre 2018)
►https://blog.mondediplo.net/appels-sans-suite-1
Et pendant ce temps, l’hypocrisie médiatique fait son beurre — son beurre symbolique, s’entend, parce que question tirages… Quand les médias soutiennent toutes les insurrections climatologiques en même temps qu’ils font élire un banquier d’affaire, interdisent de questionner le néolibéralisme essentiel de l’Union européenne, disent l’archaïsme des résistances sociales et la modernité des dérégulations, ou bien ils ne savent pas ce qu’ils font ou bien ils savent ce qu’ils font, et aucun des deux cas n’est à leur avantage. Gageons d’ailleurs que, dans les rédactions, les hypothèses concurrentes de la bêtise ou du cynisme doivent se départager différemment selon les étages, si bien qu’aucune ne devrait être écartée a priori. En tout cas le fait est là : il s’agit de travailler à laisser délié ce qui devrait impérativement être relié. Car, non, on ne peut pas éditorialiser simultanément sur le changement climatique et pour faire avaler les déréglementations de Macron ; on ne peut pas expliquer que la planète est en danger et que les magasins doivent ouvrir le dimanche ; alarmer maintenant tous les quinze jours sur le bord du gouffre et célébrer l’efficacité de la privatisation générale, c’est-à-dire la remise aux logiques de l’accumulation du capital de pans entiers d’activité qui lui échappaient.
Une discussion en rapport ici-même :
►https://seenthis.net/messages/723372
Climat : comment expliquer une aussi criminelle apathie face au drame annoncé ? (Synthèse de Frédéric Joignot)
▻https://lemonde.fr/idees/article/2018/10/06/bienvenue-dans-le-capitalocene_5365671_3232.html
Nous avons « parfois l’impression d’observer une tragédie grecque », dans le sens où « vous savez ce qu’il va se produire, et vous voyez les choses se produire ! », confessait, le 26 septembre, sur France Info, la paléoclimatologue Valérie Masson-Delmotte, inquiète des dernières mesures sur la dégradation du #climat. Il faut dire qu’un rapport publié la veille, conjointement par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), l’ONU Environnement et le Groupe de la Banque mondiale, n’était pas fait pour rassurer : on apprenait que, sur les 180 signataires de l’accord de Paris de 2015 (COP21), neuf pays seulement ont soumis aux Nations unies des programmes concrets pour limiter les émissions de gaz à effet de serre (GES).
En attendant que les 171 autres respectent leur engagement devant l’opinion mondiale, l’OCDE constate sombrement que « les gouvernements continuent de consacrer près de 500 milliards de dollars par an [430 milliards d’euros] pour subventionner le pétrole, le charbon et le gaz, et que la plupart d’entre eux n’ont pas su mettre fin à leur dépendance à l’égard des recettes provenant des énergies fossiles ». Ils n’ont pas non plus pris les mesures suffisantes pour placer leurs économies sur « une trajectoire “bas carbone” ». Le secrétaire général de l’organisation, Angel Gurria, prévient : « Cette inertie risque de nous faire perdre la guerre contre le réchauffement climatique », c’est-à-dire l’objectif d’un réchauffement maximal de 2 degrés.
Comment expliquer une aussi criminelle apathie face au drame annoncé ? Depuis quelques années, des chercheurs, historiens, économistes, et non des moindres, avancent une explication radicale. Nous ne sommes pas entrés dans l’anthropocène avec la révolution industrielle et la mondialisation des économies, tant et si bien que l’empreinte colossale des activités humaines a précipité la terre dans une nouvelle ère géologique, où tous les écosystèmes sont affectés. Nous sommes entrés dans le « capitalocène » : l’ère du système capitaliste triomphant, incapable de contenir sa course effrénée au profit.
Ainsi, Andreas Malm, professeur au département d’écologie humaine à l’université de Lund (Suède), explique, dans L’Anthropocène contre l’histoire. Le réchauffement climatique à l’heure du capital (La Fabrique, 2017), que ce n’est pas tant une « espèce humaine » abstraite qu’il faut rendre responsable du désastre écologique, mais d’abord l’Empire britannique. Il retrace ainsi l’histoire de la machine, puis de la locomotive à vapeur, brevetée par l’Ecossais James Watt en 1784, et décrit la manière dont les capitalistes anglais les ont popularisées en Europe, dans leurs colonies, puis dans le monde entier, démarrant ainsi la révolution industrielle.
Malm rappelle ensuite comment l’exploitation des sources d’énergie a mené à la mise en place d’une « économie fondée sur la consommation croissante de combustibles fossiles », « en lien étroit avec le processus d’accumulation du capital qu’elle suppose ». C’est cette logique économique qui se perpétue aujourd’hui, générant « une croissance continue des émissions de gaz à effet de serre ». Pour Malm, « blâmer l’humanité du changement climatique revient à laisser le capitalisme se tirer d’affaire ».
De leur côté, les chimistes américain et néerlandais Will Steffen et Paul J. Crutzen (Prix Nobel 1995), inventeurs du concept d’anthropocène, rappelaient en 2008, dans le Journal of Human Environment, comment la pression destructrice des activités humaines sur l’environnement a connu une « grande accélération » à partir des années 1950 : pollution industrielle massive, sixième extinction animale, acidification des océans, désertification, surpêche, fonte des glaces, concentration des GES, réchauffement, tout s’est aggravé – mondialisé. Si bien que le sociologue américain John Bellamy Foster comme la journaliste d’investigation canadienne Naomi Klein parlent d’un capitalisme dévastateur.
En France, en 2016, Jean-Baptiste Fressoz, historien des sciences et des techniques, a ajouté un chapitre intitulé « Capitalocène » à la dernière édition de L’Evénement anthropocène. La Terre, l’histoire et nous (Seuil), livre qu’il a publié avec l’historien des sciences Christophe Bonneuil – popularisé par Thomas Piketty à l’Ecole d’économie de Paris. Ils expliquent que nous vivons aujourd’hui la confrontation violente du « système terre » et du « système monde » du capitalisme mondialisé, grand consommateur de matières premières et de ressources minérales, qui s’est « construit au moyen d’un accaparement des bienfaits de la terre et d’une externalisation des dégâts environnementaux, par le biais de phénomènes de dépossession et d’“échange inégal” ». Pour les auteurs, parler de « capitalocène » plutôt que d’anthropocène est stratégique : c’est désormais la fin du capitalisme qu’il faut penser, et non la fin du monde.
Lordon, Casaux, Ziegler, etc. : faut-il être anticapitaliste pour « sauver la planète » ? | Jean Gadrey | Les blogs d’Alternatives Économiques
▻https://blogs.alternatives-economiques.fr/gadrey/2018/10/16/lordon-casaux-ziegler-etc-faut-il-etre-anticapitalist
Il se trouve que, comme signataire de certains de ces appels, je suis concerné par ce réquisitoire, que je prends d’ailleurs au sérieux en dépit de son ton polémique, qui fait partie des charmes d’écriture de Frédéric Lordon. J’ai un peu de mal à me situer entre la niaiserie humaniste et le refus catégorique de prendre parti sur le capitalisme…
Lordon n’est pas le seul à sembler faire du combat explicite contre le capitalisme la précondition ou le cadre nécessaire de toute mobilisation pour sauver le climat, ou ce qui peut encore l’être. C’est ainsi que Jean Ziegler estime pour sa part que « Pour sauver la planète, il faut détruire le capitalisme » et que Nicolas Casaux, que je ne connaissais pas avant de le découvrir sur Facebook, s’en prend aux nombreux jeunes youtubeurs talentueux qui se sont engagés collectivement pour le climat (et dont la vidéo a été vue à ce jour plus de 9 millions de fois !). Il écrit ainsi : « nos youtubeurs… embrayent directement sur divers problèmes plus ou moins spécifiques… sans poser de diagnostic, sans déterminer la cause des problèmes, sans cibler le système économique dominant — le capitalisme. »
J’explique en deux temps mon désaccord (partiel) avec ces points de vue, en privilégiant l’analyse de Frédéric Lordon qui est la plus complète et la plus radicale. Je serai bref sur le rôle du capitalisme dans l’effondrement écologique en cours, un peu plus explicite sur la condamnation sans appel de ces appels divers et de diverses autres initiatives, dont celles qui concernent la décroissance ou la post-croissance. Il faut d’ailleurs reconnaître à Lordon une certaine constance dans son manque d’appétence pour la critique de la croissance : « C’est d’ailleurs là le mot magique : pour ne pas avoir à dire « capitalisme », il suffit de dire « décroissance » ou, si la chose sent encore un peu trop le macramé, « post-croissance ». Brillant comme d’hab. mais pas forcément juste, j’y viens.
LE CAPITALISME, ARME DE DESTRUCTION MASSIVE DE LA PLANÈTE ? OUI
Sur ce premier point, je vais faire court car je m’en suis souvent expliqué ici et là, notamment dans ce billet de blog de 2010, qui m’a valu quelques réserves des plus sociaux-démocrates de mes amis (ils se reconnaîtront) : « Peut-on s’en sortir dans le cadre d’un capitalisme réformé ? ». J’y présentais « neuf caractéristiques structurelles du capitalisme qui font douter de sa capacité à nous sortir de la zone des tempêtes à répétition. » et je concluais ainsi : « il me semble que ceux mes amis qui pensent qu’un capitalisme régulé pourrait faire l’affaire devraient tenter soit de répondre aux questions qui précèdent, soit de m’expliquer en quoi elles sont mal posées. »
Je suis donc d’accord avec Lordon, Ziegler, Casaux et d’autres sur l’énorme responsabilité (dans l’effondrement écologique mais aussi dans d’autres domaines) du capitalisme et de ses acteurs, et plus encore du capitalisme financier dont Lordon est l’un des meilleurs analystes. Il y a certes cet argument : on a connu, dans l’histoire, des systèmes non capitalistes tout aussi productivistes et destructeurs des écosystèmes. Exact, mais… il n’y en a plus… Une variante : certaines grandes entreprises publiques (non capitalistes) ont été ou sont encore clairement « climaticides », de même que certaines collectivités locales qui encouragent et financent de « grands projets inutiles », des aéroports par exemple, etc. C’est vrai, mais on peut rétorquer que le capitalisme néolibéral, avec ses lobbies, ses moyens de corruption, sa capacité à faire élire certains de ses meilleurs avocats et à orienter les grands médias (qu’il possède), est très largement à la manœuvre dans ces orientations publiques.
On peut donc passer au point suivant.
FAUT-IL ÊTRE EXPLICITEMENT ET PRIORITAIREMENT ANTICAPITALISTE POUR « SAUVER LA PLANÈTE » ?
Pour moi, cette option désigne une stratégie d’une part perdante, d’autre part contradictoire avec ce que Frédéric Lordon lui-même écrivait dans son livre de 2009 « la crise de trop », qui est toujours pour moi une grande référence, je reste un étudiant de la « Lordon School of Economics »… Dans ce livre, les perspectives d’un dépassement du capitalisme ne sont évoquées qu’à l’extrême fin, dans une « projection » fort intéressante intitulée « Et pourquoi pas plus loin ? ». Mais le gros des propositions pour sortir de la crise, rassemblées dans les parties I (« Arraisonner la finance ») et II (« Défaire le capitalisme antisalarial » [traduisez : capitalisme actionnarial et financier]), est constitué de « réformes » certes ambitieuses mais qui ne consistent en rien à se débarrasser du capitalisme. Je cite : « à défaut du grand saut postcapitaliste, une transformation suffisamment profonde des structures actionnariales et concurrentielles serait déjà à même de produire le renversement non pas du capitalisme tout court, mais de ce capitalisme-là, le capitalisme antisalarial » (p. 160). Et, deux pages avant : « Le parti que je prends ici tient l’hypothèse que la sortie du capitalisme, dût-on le regretter, est l’issue la moins probable de la crise actuelle ». Positions que je partage depuis longtemps.
Ce qui me sépare des points de vue critiques des « appels » en tout genre sur le climat ou sur le dogme de la croissance, ou de la critique des youtubeurs par Casaux, ne réside pas dans la portée, assez faible, de ces appels que je signe parfois. Non, ce qui me sépare est qu’il ne me viendrait pas à l’idée de reprocher à des initiateurs/trices ou signataires de ces textes, ou aux youtubeurs, de ne pas désigner explicitement le capitalisme comme adversaire principal. La seule question que je me pose avant de signer ou pas est : la cause ou les causes que ce texte met en avant, et ce qu’il revendique, invitent-ils ou non à agir en vue d’une réforme significative du « système » actuel dans ce qu’il a de plus détestable ? Ce n’est guère différent de mon attitude à l’égard de ce que Lordon propose pour « arraisonner la finance ».
Prenons l’exemple de l’appel « nous voulons des coquelicots » (encore un que j’ai signé, en me déplaçant jusqu’à une mairie le 5 octobre pour le faire connaître). J’imagine que ça fait bien rigoler Lordon, Casaux et d’autres, qui doivent trouver ça au mieux « fleur bleue », si j’ose dire. Or de quoi est-il question : d’interdire les pesticides de synthèse, en tentant de mobiliser bien au-delà des cercles écolos usuels. Difficile de trouver plus clairement « anticapitaliste » : les multinationales des pesticides sont les premières cibles, avec l’agrobusiness. C’est assez comparable à l’interdiction des produits toxiques… des banques. Pourtant, le capitalisme n’est pas désigné en tant que tel dans l’appel. Ni dans les innombrables actions de désobéissance civique menées pour mettre fin aux paradis fiscaux ou aux investissement « climaticides » des banques.
Depuis plus de quinze ans que j’ai quitté la recherche, je baigne dans des réseaux associatifs militants et je vois autrement les possibilités de s’en prendre au « système » en le mettant en difficulté par tous les bouts possibles, partout où il s’en prend à des biens communs auxquels les gens tiennent. Parmi ces biens communs à reconquérir en les « sortant du capitalisme financier », on trouve la monnaie et le climat, mais aussi la protection sociale, l’égalité entre les femmes et les hommes dans tous les domaines, une alimentation saine, la qualité de l’air en ville, les terres arables et les sols vivants, les forêts, etc.
Mon hypothèse est, d’une part, que le néolibéralisme et le capitalisme financier ont plus à craindre de ces nouveaux mouvements sociaux autour de biens communs multiples que des discours anticapitalistes. Et que, d’autre part, la prise de conscience de la nocivité du « système » du capitalisme financier et de ses multinationales a plus de chances de se développer au cours de ces mouvements qu’en l’exigeant comme préalable à l’action.
Quant aux « appels », un peu d’observation de ce qu’ils produisent est utile. Pour certains, rien de significatif, c’est vrai. Mais d’autres produisent du débat public et de l’action collective, par exemple le 8 septembre et le 13 octobre dernier à propos du climat. Et ce que j’ai vu, en participant à des réunions de préparation des actions (300 personnes à Lille pour préparer une marche qui a rassemblé 5000 personnes), c’est la forte présence de personnes, souvent jeunes, qui n’avaient jamais milité nulle part. Et qui sont souvent venues à la suite de ces « appels », dans la mesure où ils ont été relayés sur le terrain.
« Après l’effacement de tant de systèmes politiques au cours des 50 derniers siècles et alors que de toutes parts nous parviennent des rapports sur les bouleversements qui affectent la Terre, n’est-il pas téméraire de considérer le capitalisme industriel et consumériste comme immortel ? Étant donné qu’il est la cause du dérèglement planétaire, il me semble plutôt intéressant de penser son effondrement, voire même de le préparer !
Comment ?
En multipliant par exemple les actes de non-coopération avec le modèle consumériste, en résistant aux dérives fascisantes ou aux oppressions que la crise écologique ne manque pas de favoriser, en s’opposant aux projets inutiles et à la poursuite de l’extraction des énergies fossiles comme des minerais, en renforçant les alternatives qui émergent. A l’image du « dernier homme » post-apocalyptique et individualiste hollywoodien, je préfère plutôt l’image des collectifs qui participent à l’effondrement d’un vieux monde productiviste : ceux qui bloquent les mines et font chuter le cours des actions des multinationales, ceux qui réinventent des communs – du mouvement de la transition aux zones à défendre. Une autre fin du monde est possible ! »
Appels sans suite (2)
Migrants et salariés
►https://blog.mondediplo.net/appels-sans-suite-2
Or c’est bien ce qu’il y a à discuter ici si l’intention particulière du « Manifeste » n’est pas tant d’attirer l’attention sur le sort des migrants en général que d’en finir avec l’imputation faite aux migrations d’entretenir la misère salariale. Donc de relever les migrants d’une causalité qui ne leur appartient pas, en tout cas pas en première instance, et de lui substituer la bonne : celle qui évite de dresser un salariat contre un autre. Mais alors, la logique élémentaire devrait commander, d’abord de nommer les vraies causes avec la plus grande clarté, et ensuite de s’en prendre très directement à elles, avec normalement le double bénéfice et d’améliorer les effets pour tous et d’en finir avec les débats mal posés. C’est à ce moment qu’on prend la mesure des blocages mentaux qui, le problème déplié, empêchent de se rendre à sa solution — et ni les migrants, ni les salariés nationaux ne sont sortis de l’auberge.
Car on voit bien que la « frénésie » et la « ronde incessante » avaient surtout vocation à faire faire l’économie des mots — et surtout de ce qui peut s’en suivre une fois qu’on les a lâchés. Il fallait bien suggérer un petit quelque chose, mais le priver autant que possible de sa consistance logique et même de sa force nominale. Il est vrai qu’ayant fait à des degrés divers campagne pour savonner la planche de la seule force politique qui pouvait entraver la marche consulaire de Macron (c’est-à-dire entraver l’approfondissement des causes en question ici même !), voire pour certains ayant positivement servi la soupe à ce dernier, on ne pouvait guère attendre des initiateurs du « Manifeste » qu’ils prissent tout soudain une ligne autre que compatible avec leur projet foncier de reconstitution d’une force finalement socialiste-courtoise (satellites compris), avec une réelle amplitude de débat puisqu’on autorisera de discuter de tout pour savoir si c’est Benoît Hamon ou Christiane Taubira qui doit en prendre la tête — en tremblant même du fol espoir que Raphaël Glucksmann puisse faire don de son corps à l’Europe sociale et à l’accueil de l’Autre. De là d’ailleurs ce cycle asymétrique caractéristique, indexé sur le calendrier électoral, qui fait assaut de toutes les audaces pendant quatre ans et demi, puisqu’elles sont essentiellement verbales, et pendant les six mois qui précèdent l’élection enjoint de retourner à l’écurie pour voter Hollande, Macron, ou bien le prochain équivalent fonctionnel, il faut quand même être raisonnable — ou bien faire barrage. En tout cas ne rien commettre d’irréparable qui dérangerait l’ordre contemporain autrement qu’en mots (et encore).
La question de l’euro n’étant que la projection régionale du problème global de la mondialisation, les élections européennes promettent de tracer à nouveau la ligne de fracture qui sépare les courtois, ou disons plutôt les stupéfiés : ils sont face à l’ordre du monde, en voient le principe mais, saisis de tremblements, se refusent à le changer et lui demandent simplement de bien vouloir jouer autrement (une autre Union européenne, une autre mondialisation, un autre commerce international, un autre appareil génital de ma tante pour qu’on puisse l’appeler mon oncle), et d’autre part ceux qui cherchent les voies pour mettre une ligne politique au bout d’une analyse. Pendant ce temps, Salvini donne au défi à l’Europe la plus sale gueule possible. Il aurait tort de se gêner : le boulevard est désert — ou plutôt déserté. Il est vrai qu’aux mauvais vouloirs et aux rationalisations démissionnaires, cette sale gueule-là s’avère parfaitement fonctionnelle.
En tout cas l’inconséquence, qui est partout, donne la mesure de la profondeur à laquelle l’ordre présent a vissé dans les têtes l’idée de sa propre immuabilité, et conforté les tempéraments portés à l’accommodation. Aussi bien en matière de changement climatique que de migrants, les appels se partagent entre ceux qui ne voient même pas ce qu’il y a à voir et ceux qui ne veulent surtout rien faire quand bien même ils ont un peu vu. Ainsi donc, ce n’est pas tant la pratique des appels en général qui est à mettre en question (l’auteur de ces lignes en a signé suffisamment pour ne pas se déjuger au mépris de toute logique) que les usages qu’on en fait : pour dire quoi, ou pour éviter de dire quoi — et alors pour tirer quelles sortes de bénéfices de ces évitements...
À propos de ces youtubeurs qui font la promotion de l’#écologie capitaliste (par Nicolas Casaux) – Le Partage
▻http://partage-le.com/2018/09/a-propos-de-ces-youtubeurs-qui-font-la-promotion-de-lecologie-capitalist
Considérer qu’un mouvement de défense du monde naturel pourrait être composé d’une branche capitalo-compatible et d’une autre anticapitaliste, cela revient à croire qu’un mouvement pour l’émancipation des femmes pourrait se construire avec des hommes masculinistes, ou qu’un mouvement pour l’émancipation des Noirs pourrait se construire avec des membres du Ku Klux Klan, ou qu’un mouvement pour l’émancipation des travailleurs pourrait se construire avec le Medef. C’est simplement absurde.
Le problème de la collapsologie (par Nicolas Casaux) – Le Partage
►http://partage-le.com/2018/01/8648
« Qualifier la société de thermo-industrielle permet aussi de négliger tout ce qui d’ores et déjà s’y produit en matière de coercitions et d’embrigadement, sans contribuer, ou si peu, à l’épuisement des ressources énergétiques. On passe d’autant plus volontiers là-dessus qu’on y trempe soi-même, à l’Éducation nationale ou ailleurs. Attribuer tous nos maux au caractère « thermo-industriel » de cette société est donc assez confortable, en même temps qu’assez simpliste pour combler les appétits critiques des niais et des crétins arrivistes, déchets ultimes de l’écologisme […]. »
Pour mieux comprendre (mais vous devez déjà tous et toutes être au courant ; y’a que moi qui débarque) : ►https://www.youtube.com/watch?v=1vWgLOB7nE0
Ca me rappelle la discussion sur l’effondrement dans la revue #Contretemps que j’avais résumée dans ma troisième compilation sur la collapsologie :
►https://seenthis.net/messages/680147
D’abord avec une interview passionnante mais assez intense de #Pablo_Servigne par #Sarah_Kilani, qui remet en cause sa vision de la collapsologie comme étant presque trop « apolitique », parce qu’elle refuse de mettre le capitalisme au sommet des causes de cet effondrement en cours :
Effondrement ou autre futur ? Entretien avec Pablo Servigne
Pablo Servigne et Sarah Kilani, Contretemps, le 6 mars 2018
►https://seenthis.net/messages/703733
La revue en rajoute une couche avec cet article de #Daniel_Tanuro qui prétend que ce n’est justement qu’en reconnaissant que le capitalisme est la source du problème qu’on entrevoit la solution et qu’on peut envisager d’éviter la catastrophe et la fin du monde :
L’effondrement des sociétés humaines est-il inévitable ?
Daniel Tanuro, Contretemps, le 19 juin 2018
►https://seenthis.net/messages/703555
Enfin, et pour abonder dans ce sens, #Renaud_Bécot vante le livre d’#Andreas_Malm, qui préfère le mot capitalocène à celui d’anthropocène, qui lie l’avènement du #changement_climatique aux contradictions du #capitalisme_tardif, et les mobilisations sociales et environnementales :
L’anthropocène contre l’histoire. À propos d’un livre d’Andreas Malm
Renaud Bécot, Contretemps, le 14 juin 2018
►https://seenthis.net/messages/703553
Je rajouterai plus tard, quand j’aurai le temps, cet article de Nicolas Casaux sur ma compile...
#effondrement #collapsologie #catastrophe #fin_du_monde #it_has_begun #anthropocène #capitalocène
De grands mercis deux ou trois fois Dror@sinehebdo pour ces compilations. Je me rends compte que c ’est absolument ce qui me manque. Je suis un très mauvais lecteur systématique mais je me réjouis toujours et chaque jour que dieu fait de connaître #seenthis.
Sur cette interview parue dans contre temps.
Elle est vraiment très bien mais je trouve encore l’ami Pablo un peu timide et pas assez en colère.
#colère
Déjà là aussi avec un autre lien :
►https://seenthis.net/messages/714669
L’écotartuffe du mois, par Nicolas Casaux
▻https://www.facebook.com/nicolas.casaux/posts/10155970187972523?__tn__=K-R
Voudriez-vous voir se former un mouvement de résistance sérieux contre le capitalisme ? Si oui, oubliez Aurélien Barrau.
Cet astrophysicien a récemment acquis une certaine notoriété à cause de sa perspective écologiste : il a récemment publié un appel signé par plein d’idiots utiles de l’industrie du divertissement (d’Alain Delon à Muriel Robin) demandant la restriction de certaines libertés individuelles afin de sauver la planète. Que ceux qui ont le plus profité des conforts et des luxes de la civilisation industrielle, qui sont parmi les plus privilégiés des privilégiés, se permettent de demander aux autorités qu’elles restreignent les libertés du peuple, tout de même, il fallait oser — même si l’expression "libertés individuelles" est une triste blague dans le cadre de la société technocapitaliste, bien entendu, mais c’est une autre histoire. Ainsi, cet appel est une sorte de plaidoyer en faveur de l’écofascisme prédit par Bernard Charbonneau il y a plusieurs décennies :
« L’écofascisme a l’avenir pour lui, et il pourrait être aussi bien le fait d’un régime totalitaire de gauche que de droite sous la pression de la nécessité. En effet, les gouvernements seront de plus en plus contraints d’agir pour gérer des ressources et un espace qui se raréfient. [...] Si la crise énergétique se développe, la pénurie peut paradoxalement pousser au développement. Le pétrole manque ? Il faut multiplier les forages. La terre s’épuise ? Colonisons les mers. L’auto n’a plus d’avenir ? Misons sur l’électronique qui fera faire au peuple des voyages imaginaires. Mais on ne peut reculer indéfiniment pour mieux sauter. Un beau jour, le pouvoir sera bien contraint d’adopter une façon de faire plus radicale. Une prospective sans illusion peut mener à penser que le virage écologique ne sera pas le fait d’une opposition dépourvue de moyens, mais de la bourgeoisie dirigeante, le jour où elle ne pourra plus faire autrement. Ce seront les divers responsables de la ruine de la terre qui organiseront le sauvetage du peu qui en restera, et qui après l’abondance géreront la pénurie et la survie. Car ceux-là n’ont aucun préjugé, ils ne croient pas plus au développement qu’à l’écologie : ils ne croient qu’au pouvoir. »
Ecofascisme qui ne résoudrait bien évidemment rien du tout, puisqu’il n’implique aucun changement fondamental.
Aucune critique du capitalisme et de ses implications économiques mondialisées (il reconnait, certes, que le capitalisme pose quelques problèmes mais trouve qu’il a aussi des vertus), de l’idéologie qui l’anime, aucune critique du pouvoir, aucune critique des mécanismes de coercition sur lesquels il repose (il ne blâme pas plus les dirigeants que tout le peuple, nous sommes responsables, nous avons les dirigeants que nous méritons, etc., il ne comprend manifestement pas comment le pouvoir s’est organisé et se maintient), aucune critique de l’imposture démocratique, espoir placé en des actions potentielles que nos dirigeants pourraient prendre, croyance en une civilisation industrielle rendue verte grâce aux EnR, le cocktail habituel des vendeurs d’illusions de l’écocapitalisme.
Mais pourquoi ? Pourquoi demander leur avis à des astrophysiciens ? Pourquoi demander leur avis à des gens — à des gens de la haute — qui passent leur existence à travailler sur des sujets aussi éloignés du quotidien de toutes les espèces vivantes et des réalités du monde, du monde à la mesure de l’être humain ? Bref, on a trouvé celui qui succèdera à Hubert Reeves dans le rôle de caution d’autorité astrale de l’écocapitalisme.
(C’est une question rhétorique, bien évidemment. Le fait de demander son avis à un astrophysicien n’est qu’une incarnation de la domination de l’autorité Science, de l’expertocratie, et de l’idéologie progressiste, fascinée par l’univers et sa conquête. L’astrophysicien, qui connait (?) les trous noirs, ces choses incroyablement complexes qui nous dépassent, nous, simples mortels, doit forcément connaître la situation socioécologique terrestre. C’est une illustration parfaite de ce que c’est qu’un argument d’autorité. C’est un grand scientifique, il doit savoir. Malheureusement pas, (ultra-)spécialisation oblige. L’appel d’Aurélien Barrau et son plaidoyer pour plus encore d’embrigadement étatique sont également très bien anticipés, parfaitement même, dans le livre "Catastrophisme, administration du désastre et soumission durable" de René Riesel et Jaime Semprun.)
Gogo que je suis, relire B.Charbonneau et retrouver le bouquin de Riesel & Semprun.
►https://seenthis.net/messages/721033
Rapport à la vidéo partagée par @marcimat : C’est surtout le « nous » qui me dérange dans ce genre de discours, comme si la responsabilité était collective et les mauvaises décisions cautionnées par 7,5 milliards d’êtres humains alors que les vrais décideurs sont tout au plus quelques milliers et qu’ils ne nous laissent guère le choix à savoir danser sur la musique qu’ils nous jouent.
Celui qui tient le site éco-socialiste et anti-industriel « Le partage » (partage-le.com)
Juste pour modérer un tout petit peu, quand bien même je ne suis pas forcément d’accord avec lui : il n’est pas que astrophysicien, il a aussi un doctorat en philosophie, il participe pas mal à des trucs sceptiques (au sens méthode scientifique) et de vulgarisation et il est aussi artiste, poésie, vidéo. Enfin pour dire que ce n’est pas que en tant qu’astrophysicien par argument d’autorité de science dure de haut niveau qu’il dit ce qu’il dit.
C’est une critique possible mais il ne faudrait pas faire l’inverse, un argument d’anti-autorité automatique, du genre « c’est un ouf en science dure ultra pointu donc il a tord », ça ferait un raisonnement tout aussi faux.
En tout cas, la critique d’ultra-spécialisation dans le texte de Casaux est fausse au regard des diplômes et des travaux de Barrau, il est clairement pas cloisonné dans sa physique.
Ce qui n’empêche pas d’être en désaccord avec lui, mais avec des arguments pas ad hominem. :)
un argument d’anti-autorité automatique, du genre « c’est un ouf en science dure ultra pointu donc il a tort, disait RastaPopoulos...
Les gens qui disent "DONC il a tort" quand il parle écolopolitique ont tort, désolé Monolecte.
Tout à fait très très bien, je souscris à 100% ! (sauf les fautes à corriger :p)
Non en fait je croyais en avoir vu 2 ou 3 à la première lecture, mais j’avais mal lu, finalement juste une. :p
un quart des émissions dues aux transports
Là je crois que c’est le quart qui est dû
Le changement c’est maintenant
▻https://youtu.be/zGFI7hMwpGI
Un livre inédit de Bernard Charbonneau (1910-1996), voilà qui a de quoi réjouir les objecteurs de croissance tant la pensée de ce précurseur est une des plus abouties de ce mouvement. Le texte est relativement récent puisqu’écrit en 1990. De surcroît, il ne s’agit pas d’un manuscrit oublié volontairement mais au contraire d’une réflexion centrale sur le « changement ». Un slogan prôné par tous à commencer par certains « écologistes » : « L’homme du changement c’est celui qui prend l’avion pour jeter un pleur sur le dernier Indien. » Avis à Nicolas Bertrand. En lisant Bernard Charbonneau, c’est toute la rhétorique déversée continuellement par le système politique et médiatique qui est décomposée. #Bernard_Charbonneau ne remet pas en cause le changement en tant que tel, bien au contraire - « La société humaine est celle qui satisfait tant soit peu les besoins contradictoires de conservation et de progrès » - mais le « changement pour le changement, au nom de la Révolution ou du marché, [qui] enchaîne l’homme à un ordre de fer… ». Comme la croissance, la production, la science ou le développement, le changement devient sa propre finalité, entraînant la société dans une religion furieuse et fanatique : « Le progrès c’est l’indiscutable, donc indicible : la Vérité autant que la réalité par excellence. » Le reste ne se contente pas d’un résumé et est dans le livre. Pour seulement 12 euros 50, précipitez-y vous tant l’œuvre de Bernard Charbonneau est essentielle pour comprendre notre époque.
V.C., La Décroissance n° 104, novembre 2013.
►http://www.lepasdecote.fr
▻https://seenthis.net/messages/360994#message361056
▻https://seenthis.net/messages/199817
Bon, plus je réfléchis à cet emballement médiatique à propos du climat (pour faire court), plus je me dis que la démission de Nicolas Hulot y est pour quelque chose, comme si la médiasphère/médiacratie n’attendait que cette rupture de vanne pour se déverser abondamment à ce sujet. Mais ce n’est sûrement qu’une impression.
Un condensé des angoisses qui « nous » étreignent face à cette avalanche collapsologique de mauvaises nouvelles :
▻https://grisebouille.net/collapsologie-psychohistoire
(Grise Bouille est un blog-BD humoristique et hétéroclite où se côtoient fictions absurdes, vulgarisation scientifique et satire politique...)
Très bien ta réponse à cet appel @aude_v . Peut-être y ajouter un lien vers le dit appel, non ? Histoire que le lecteur puisse mesurer l’ampleur du désastre.
Heu ... oui, tout à mes recherches de nouvelles perceptions sur le sujet, j’ai oublié de dire à @aude_v que son article correspond tout à fait à la perception que j’ai de tout ce battage médiatique autour de la défense de l’environnement. Même ressenti pour les « coquelicots » également.
@sombre Oui mais il parlait à priori d’un lien sur l’article, pour les lecteurices de là-bas, pas d’ici.
bah l’article final publié sur le blog d’Aude quoi, ya le lien au-dessus
Par contre pour mieux situer le personnage d’Aurélien Barrau (c’est assez pénible à lire mais instructif) : ▻https://zilsel.hypotheses.org/2201
En cette rentrée 2015, le Carnet Zilsel a publié une première salve de billets on ne peut plus constructifs. Dans l’offre surabondante de références, il est toujours bon d’affirmer des préférences et de le faire avec conviction. Ce travail, procédant par l’affinité cognitive, a son pendant critique. Honorant son programme initial qui consiste à provoquer du dissensus là où persévèrent l’atonie et l’indifférence, le Carnet Zilsel est aujourd’hui ravi de publier une mise au point critique de Vincent Debierre sur les ambitions scientifico-philosophico-esthétiques du physicien théoricien Aurélien Barrau. L’analyse est implacable (et lisible au format PDF : Aurélien Barrau, phobosophe, CZ, 9 oct. 2015). Les réflexions sur les crêtes de la métaphysique apparaissent pour ce qu’elles sont : tirées par les cheveux. En bout d’argumentaire, on repérera un héros familier des lecteurs du Carnet, Jean-Pierre Tremblay, qui se trouve embarqué par M. Barrau dans une défense et illustration hors-sujet de la philosophie « postmoderne ». Certes, nous avons beaucoup discuté en amont. Si la petite équipe autogérée du Carnet approuve sans réserve le travail de sape rationnelle auquel se livre notre camarade Vincent Debierre, les avis ont été partagés notamment sur l’usage quasi-systématique d’Impostures intellectuelles comme étalon de vérité et la critique d’auteurs que certains d’entre nous continuent de lire avec un intérêt certain (J. Derrida, G. Deleuze…). Mais tout compte fait c’est secondaire. De la même façon que Manuel Quinon et Arnaud Saint-Martin ont tenté en mars dernier de secouer (un peu) le cocotier dans la discipline sociologique qui est la leur, Vincent Debierre propose une utile contribution à la démystification des prétentions intellectuelles les plus bruyantes.
@aude_v , c’est vrai que ça ne vole pas haut, mais venant de lire le lien envoyé par @sombre ci-dessus, je commence a avoir une perception franchement hostile du personnage, et donc ne me priverais pas personnellement de montrer l’inanité de son initiative. Et puis ça permettrait aux lecteurs de ton billet de bien voir de qui tu parles, et pourquoi tu en parles.
Nous y voilà (relevé dans l’interview de libé dont le lien est envoyé par @vanderling ci-dessus :
Lui [Macron], comme la plupart des dirigeants politiques continuent de vouloir concilier écologie et capitalisme. Est-ce possible ?
Quoi qu’on réponde, on est coincés. Si on répond oui, les altermondialistes n’écoutent plus. Si on dit non, les plus conservateurs, qui veulent faire un effort mais sans remettre en cause les fondements du système, n’écoutent plus non plus. On ne peut pas se permettre de trop restreindre. Tout le monde est d’accord pour dire qu’on ne doit pas envoyer la vie dans le mur. Les autres combats n’ont aucun sens si celui-là est perdu. Commençons par l’action : effondrons les émissions de CO2 et arrêtons d’envahir les espaces naturels. Et on verra bien quel système permet de le faire efficacement ! La vraie question est : pourrons-nous défendre notre bilan dans cinquante ans ? Non. Même si vous êtes ultralibéral, vous ne pourrez jamais expliquer que vous avez décidé de flinguer l’essentiel des vivants parce qu’il fallait gagner deux points de croissance. Cela transcende les divergences d’analyse économique.
Autrement dit : l’action écologique est complètement dissociée des choix économiques, donc des choix de société compte tenu du fait qu’on est dans une société dont le futur est décidé par l’économie... Ben voyons...
Emmanuel Macron sacré « champion de la Terre » à New York, ça vous inspire quoi ?
Si cette récompense consacre une action passée, elle est incompréhensible. L’année 2017 a été la pire de l’histoire en termes de rejets de CO2 et la France a été parmi les mauvais élèves. Nous ne sommes pas sur la bonne voie. En revanche, que Macron ait reçu cette médaille ne me choque pas. Je la vois comme une incitation. Parfois, endosser le costume de super-héros peut vous donner envie de vous comporter comme tel. C’est ce que j’espère : il aurait l’opportunité de rester dans l’histoire comme celui qui a commencé à sauver le monde. Ça serait pas mal, quand même ! A sa place, je me laisserais tenter, je crois !
@ericw je me suis arrêté là, Aurélien Barrau est astrophysicien mais on a dû lui chié dans la tête pour confondre Macron avec Superman. Moi, ça me choque !
▻https://twitter.com/twitter/statuses/1045352732197081089
« Parmi les participants, Bill Gates, la directrice du FMI Christine Lagarde, le gouverneur de la banque d’Angleterre Mark Carney, le président de la banque interaméricaine de développement Luis Alberto Moreno, ou le PDG d’Unilever Paul Polman. Aussi le vice-président de la commission européenne Valdis Dombrovskis, la première ministre de Norvège Erna Solberg, ou le PDG du fonds public d’investissement d’Arabie saoudite Yasir bin Othman Al-Rumayyan. » AFP 13/09
et Super Macron, on est sauvés.
#réunion_de_chantier
En 2009, on disait : « Si le climat était une banque, on l’aurait déjà sauvé. »
Neuf ans plus tard, puisque le climat est « bankable », on va tout faire pour sauver l’âme des banquiers.
(On avance, on avance ...)
Usul. Macron, champion de la terre ?
►https://www.youtube.com/watch?v=7TQQIroOKlU
Et voilà-t-y pas que le Barrau nous annonce avec une grande condescendance qu’il va lâcher l’affaire :
Plein de liens d’ici ajoutés à la troisième compilation :
►https://seenthis.net/messages/680147
#effondrement #collapsologie #catastrophe #fin_du_monde #it_has_begun #Anthropocène #capitalocène
Faire pipi sous la douche et sauver la planète !
La Libre Belgique, le 13 octobre 2014
►https://seenthis.net/messages/303751
Et Aurélien Barrau « rhabillé pour l’hiver » par Frédéric Lordon :
►https://blog.mondediplo.net/appels-sans-suite-1
Avec ce supplément de naïveté qui fait parfois leur charme, les scientifiques des sciences dures, qui ont le plus souvent une conscience politique d’huître (il suffisait d’entendre Cédric Villani parler de politique pour être convaincu d’abandonner l’hypothèse folle d’une sorte de convertibilité automatique des formes d’intelligence entre elles), les scientifiques « durs », donc, se jettent dans la bataille avec pour tout viatique la pensée politique spontanée des savants, c’est-à-dire une sorte de maïzena à base de grands enjeux et d’humanité réconciliée. Au moment précis où les termes du conflit fondamental devraient être aiguisés comme jamais.
Ainsi, Aurélien Barrau, astrophysicien et vedette de la cause climatique, d’abord préempté par Le Monde pour une tribune à célébrités suscitée par la démission de Nicolas Hulot — misère sans fond… —, puis rattrapé par Libération qui lui fait livrer sa pensée politique, enfin justement non : tragiquement dénuée de politique, Aurélien Barrau explique qu’il ne faut surtout pas poser le problème dans les termes du capitalisme : trop conflictuel, trop d’inutiles divisions quand est d’abord requise la bonne volonté, la bonne volonté des hommes de bonne volonté, celle qui a le souci de réunir l’« homme », qui « transcende les divergences d’analyse économique »
C’est tellement vrai de la plupart de nos contemporains (et proches), absorbés sinon noyés dans leur quotidien...
une conscience politique d’huître
Quelques petits problèmes concernant le discours d’Aurélien Barrau (par Nicolas Casaux)
▻https://www.partage-le.com/2018/10/quelques-petits-problemes-concernant-le-discours-daurelien-barrau-par-ni
Nicolas Casaux, membre du collectif Le Partage et de l’organisation d’écologie radicale internationale Deep Green Resistance
▻https://reporterre.net/Deep-Green-Resistance-un-mouvement-pense-pour-demanteler-l-economie
L’appel en question est reparti sous une forme différente pour le monde d’après...
▻https://seenthis.net/messages/850923
Je reposte le billet de blog qui n’y était plus.
▻http://blog.ecologie-politique.eu/post/Des-mesures-potentiellement-impopulaires
De la récupération médiatico-politique des luttes pour la défense de l’environnement.
Les marches mondiales pour le climat ou le triomphe de l’ingénierie sociale (par Nicolas Casaux) – Le Partage
▻http://partage-le.com/2018/09/les-marches-mondiales-pour-le-climat-ou-le-triomphe-de-lingenierie-socia
Certains d’entre nous se joindront probablement à la marche mondiale organisée ce 8 septembre, mais non pour soutenir les objectifs de ses organisateurs. Certains d’entre nous croyaient auparavant aux mirages absurdes dénoncés dans le texte qui suit. Loin de nous l’intention de blâmer les manifestant-e-s.
Tel est l’objectif de la marche mondiale pour le climat édition 2018, le même que celui des marches précédentes. Année après année, le mouvement écologiste mondial tend à se réduire à ce mouvement pour le climat. C’en est fini du mouvement environnemental ou écologiste, du mouvement « pour sauver l’environnement » qui était celui de la mobilisation du 22 avril 1990, organisée pour la Journée de la Terre, en France, qui reste à ce jour la plus importante de l’histoire du mouvement écologiste français. Ce jour-là, on manifestait contre toutes les pollutions, contre le nucléaire, pour la préservation de la forêt amazonienne et des forêts françaises, etc., et même Haroun Tazieff, lors de son passage au journal télévisé, dénonçait « la pollution des eaux », « la pollution des sols », et « la pollution de l’air ».
Le problème de la collapsologie — Nicolas CASAUX
▻https://www.legrandsoir.info/le-probleme-de-la-collapsologie.html
Reprenons l’examen de la collapsologie. Une des raisons pour lesquelles les médias grand public s’autorisent à la promouvoir, c’est qu’elle considère l’effondrement de la civilisation industrielle comme une « catastrophe », un drame, une terrible nouvelle. Du point de vue de la culture dominante, qui détruit les biomes et les espèces du monde entier pour satisfaire sa frénésie de croissance et de progrès, cette perspective est logique. Mais pour tous ceux qui se sont défaits de l’aliénation qu’elle impose, pour les peuples autochtones du monde entier, menacés de destruction (et non pas d’extinction) à l’instar de toutes les espèces vivantes, pour les rivières, les saumons, les ours, les lynx, les loups, les bisons, pour les forêts, pour les coraux, et ainsi de suite, la catastrophe est la civilisation industrielle, et son effondrement, lui, constitue la fin d’un désastre destructeur qui accable la planète depuis bien trop longtemps.
Considérer l’effondrement de la civilisation industrielle comme la catastrophe, c’est perpétuer le paradigme destructeur qui le précipite. Si la culture dominante, la civilisation industrielle, se dirige vers son effondrement, si elle détruit les écosystèmes du monde entier, c’est entre autres parce qu’elle ne considère pas le monde naturel et ses équilibres et ses dynamiques comme primordial. Au contraire, ce qu’elle considère comme primordial, c’est elle-même, son propre fonctionnement, sa croissance, son développement, ses industries, etc.
C’est précisément parce que la civilisation industrielle est profondément et fondamentalement narcissique, qu’elle ne se soucie que d’elle-même, qu’elle est amenée à détruire tous les autres (les autres espèces et les autres cultures), tout ce qui n’est pas elle.
Ainsi, considérer l’effondrement de la civilisation industrielle comme la catastrophe, c’est perpétuer le paradigme destructeur qui le précipite, c’est perpétuer le narcissisme qui est au cœur de ses pulsions destructrices.
Dans le même temps, je trouve ce positionnement très « grand sage qui se pense au-dessus des contingences de la vie occidentale » alors qu’il est écrit par une personne qui vit en plein dedans. La société industrielle, c’est désormais la majorité du monde entier en terme de surface et de population surtout, faut quand même le dire, c’est des milliards de personnes (y compris donc en plein désert du moyen orient, au fond de la Chine, ou au cœur de l’Afrique), et son effondrement, ça signifie très concrètement des guerres et des famines pour ces milliards de personnes. À assez court terme.
Dans le même temps, je trouve ce positionnement très « grand sage qui se pense au-dessus des contingences de la vie occidentale » alors qu’il est écrit par une personne qui vit en plein dedans.
@rastapopoulos certes, mais dans ce cas on ne peut plus discuter de rien si sa position personnelle permet d’invalider ses idées.
@aude_v
Je n’ai pas entendu son discours de la même oreille, mais plutôt comme une critique pour se secouer les méninges et sortir de la position de spectacteurices. Car à contrario on nous sert une soupe d’angoisse du futur et ses solutions durables d’agriculture raisonnée de poudre aux yeux. Pour nous faire croire encore à la société industrielle qui permet de repousser les méchantes décisions drastique par des faux semblants (genre choisir de ralentir individuellement sur le périph). Je pense qu’on est en pleine catastrophe, c’est pas demain qu’elle adviendra, on y est présentement dans le mur. L’administration du désastre est devenue une stratégie industrielle, exemple de l’indexion du pôle nord qui n’en a absolument rien à foutre de l’écologie.
En France des anarchistes naturiens de la fin du XIXe siècle à de nombreux écologistes du 20ème siècle (on peut penser à ceux du journal La Gueule Ouverte), en passant par les situationnistes, les auteurs de l’Encyclopédie des Nuisances, et bien d’autres (Bernard Charbonneau, Jacques Ellul, Ivan Illich, etc.), beaucoup nous ont averti et nous avertissent depuis longtemps de l’insoutenabilité de la civilisation industrielle.
Ainsi #Pierre_Fournier écrivait dans le journal Hara-Kiri Hebdo du 28 avril 1969 :
« Pendant qu’on nous amuse avec des guerres et des révolutions qui s’engendrent les unes les autres en répétant toujours la même chose, l’homme est en train, à force d’exploitation technologique incontrôlée, de rendre la terre inhabitable, non seulement pour lui mais pour toutes les formes de vie supérieures. Le paradis concentrationnaire qui s’esquisse et que nous promettent ces cons de technocrates ne verra jamais le jour parce que leur ignorance et leur mépris des contingences biologiques le tueront dans l’œuf. »
sinon @loutre a posté une superbe itw de Samir Amin décédé
ces jours-ci (un économiste lucide que je découvre)
▻https://seenthis.net/messages/714783#message714800
Les premiers monopoles apparaissent comme réponse à cette crise du capitalisme. Ils sont analysés par les sociaux-démocrates Hilferding et Hobson, et Lénine en tire les conclusions : nous sommes entrés dans l’ère de la possibilité des révolutions socialistes. Cette sénilité du système signifie que nous sommes dans un monde, non plus de destruction créatrice à la Schumpeter, mais de destruction destructrice. L’écologie le montre, mais elle n’en est que l’un des aspects.
Quand les riches conspirent pour nous laisser derrière.
L’année dernière, j’ai été invité à donner une conférence dans un complexe hôtelier d’hyper-luxe face à ce que je pensais être un groupe d’une centaine de banquiers spécialisés dans l’investissement. On ne m’avait jamais proposé une somme aussi importante pour une intervention - presque la moitié de mon salaire annuel de professeur - et délivrer mes visions sur « l’avenir de la technologie ».
Article original:
Le problème de la collapsologie
Nicolas Casaux, Le Partage, Janvier 2018
►http://partage-le.com/2018/01/8648
Aussi ici:
▻https://seenthis.net/messages/723854
On l’ajoute à la troisième compilation :
►https://seenthis.net/messages/680147
#effondrement #collapsologie #catastrophe #fin_du_monde #it_has_begun #Anthropocène #capitalocène
Si vous allez à San Francisco, vous y verrez des seringues et de la merde (par Nicolas Casaux)
▻http://partage-le.com/2018/07/si-vous-allez-a-san-francisco-vous-y-verrez-des-seringues-et-de-la-merde
(Revue de presse Les Crises : ►https://www.les-crises.fr/revue-de-presse-du-12-08-2018 )
La ville de San Francisco est régulièrement promue dans les médias de masse comme un modèle de gestion écologique des déchets pour son taux de recyclage de 80%. En France, le film documentaire #Demain, réalisé par et #Cyril_Dion, a beaucoup participé à la diffusion de cette idée. Partout où il passe, Cyril Dion brandit le cas de San Francisco comme une preuve de ce qu’il est possible de rendre une ville écolo-durable (« L’exemple le plus impressionnant, que nous présentons dans le film, est celui de la ville de San Francisco qui recycle 80 % de ses déchets »). Si seulement.
Affirmer que San Francisco est un modèle de ville durable est une sacrée performance. Ou peut-être est-ce au contraire d’une simplicité confondante : il suffit de répéter cette affirmation sans l’étudier, sans aucun esprit critique. En creusant un peu, on réalise rapidement qu’elle se base sur un certain nombre d’absurdités. À commencer par le fait que le taux de 80% est une arnaque comptable[1]. La ville comptabilise en effet dans son calcul du taux de déchets recyclés, entre autres bizarreries, les déchets du bâtiment et des travaux publics. Ce qu’aucune ville ne fait[2]. Sans ce tour de passe-passe, le taux de recyclage de la ville serait plutôt de l’ordre de 60%. Au passage, on notera que Recology, l’entreprise chargée de la gestion des déchets de la ville, a été condamnée à payer 1,3 million de dollars en 2014 pour des pratiques frauduleuses. Mais cette arnaque comptable n’est rien au regard de ce qui suit.
La ville de San Francisco (870 000 habitants) produit chaque année toujours plus de déchets, en 2013 elle en a produit plus de 2 millions de tonnes, quand la communauté urbaine Marseille Provence Métropole (plus d’un million d’habitants) n’en produisait que 653 226 tonnes. Un modèle. La ville de San Francisco génère chaque jour environ 1 200 tonnes[3] de déchets non recyclables et non compostables qui sont enfouies sous terre. Un modèle.
En outre, ce qu’ils (les gouvernements, les entreprises et les médias de masse) qualifient de #recyclage n’a rien d’écologique. Le traitement des déchets se fait toujours loin hors de la ville, dans des usines énergivores (sauf pour le bois/papier qu’ils brûlent en usine de biomasse, une autre catastrophe écologique). Dans le film Demain, on ne voit que la part des déchets qui est compostée, et c’est tout. Sachant que les déchets compostés constituent la part la moins importante des déchets collectés dans la ville. Ce qu’ils n’expliquent pas dans le documentaire, c’est qu’une grande partie des déchets (métaux, plastiques, etc.), uniquement triée, est exportée et disséminée à travers le globe, jusqu’en Chine, aux Philippines et au Vietnam — d’ailleurs, depuis que la Chine a restreint ses importations de déchets en 2017, #Recology se retrouve face à un problème relativement gênant, celui de trouver comment écouler les tonnes d’ordures qu’elle expédiait habituellement vers l’empire du Milieu. C’est-à-dire que ces déchets produits par les San-Franciscains sont compressés en balles en usine puis expédiés à l’autre bout du monde pour être recyclés — sachant que le recyclage n’est pas une véritable solution, d’abord parce que le recyclage infini est un mythe[4], ensuite parce que le recyclage du plastique est particulièrement inefficace[5], et enfin et surtout parce que le recyclage, dans le cadre d’une société industrielle capitaliste de croissance, ne résout aucun des problèmes fondamentaux qu’elle implique (de #surconsommation de ressources, y compris énergétiques, de pollutions en tous genres, d’étalement urbain, de croissance démographique, etc., etc.).
Récapitulons. Ce qu’ils nous présentent comme un #modèle de vertu écologique, de durabilité, c’est une ville dont la production de déchets par personne, relativement élevée, ne cesse de croître, et dont la gestion de ces #déchets consiste à en enfouir une partie, à en expédier une autre en Chine et ailleurs, et à en brûler une partie en incinérateur ; c’est aussi une ville qui trafique ses calculs de taux de recyclage. Un modèle.
Mais nous ne devrions pas avoir besoin de discuter ainsi de la soi-disant #durabilité d’une ville comme San Francisco. Comme toutes les grandes métropoles du monde, San Francisco dépend directement de l’ensemble des infrastructures et des pratiques toutes plus insoutenables les unes que les autres de la civilisation industrielle. Il faut une sacrée dose d’ignorance historique et écologique pour ne pas comprendre que l’urbanisation de la baie de San Francisco a dramatiquement ravagé ce qui était jusqu’à il y a moins de 300 ans un écosystème sain (non pollué) et plein de vie. Où sont passés les condors de Californie, les wapitis, les ours, les loups et ainsi de suite, qui pullulaient dans la baie ? Les conséquences du développement de la civilisation industrielle dans la baie de San Francisco rappellent les conséquences de son développement partout sur la planète : extermination et disparition de nombreuses espèces vivantes, pollution des eaux (aujourd’hui, on retrouve un peu de tout dans les eaux de San Francisco, du mercure, des résidus de médicaments en tous genres, des huiles de moteur usagées, des déchets plastiques, et ainsi de suite ; cinq des plages les plus polluées de Californie se trouvent dans la baie, qui ne cesse de s’acidifier), pollution de l’air (en ce moment, la qualité de l’air dans la baie n’est pas loin d’être la pire de tous les États-Unis[6]), etc.
Leur manière de mesurer la qualité écologique de la ville — et d’une ville en générale — est grotesque. Comme si on pouvait se contenter de statistiques concernant le « recyclage » des déchets produits par une ville pour l’estimer. Comme si on pouvait occulter les nombreux impacts environnementaux (sans parler des impacts sociaux), entre autres choses, de la production mondialisée des appareils électroniques les plus couramment utilisés par les San-Franciscains — iPods, iPads, iPhones, Google Glass… — ou de leurs voitures, réfrigérateurs, téléviseurs, ou de leur nourriture, ou de la construction des infrastructures qu’ils utilisent et des bâtiments dans lesquels ils vivent, et ainsi de suite. Si toutes ces choses étaient prises en compte, on s’apercevrait immédiatement de l’insoutenabilité totale de la civilisation industrielle et de son mode de vie. Mais elles ne le sont pas, évidemment, propagande oblige.
Et comment ne pas parler des inégalités sociales ? San Francisco est une des villes les plus chères des USA. La gentrification en cours n’a pour cesse d’épurer la ville de ses habitants les plus pauvres[7] :
« La ville de San Francisco connaît un processus de #gentrification d’une violence sans commune mesure avec ce que l’on peut constater en France. On l’a longtemps appelé embourgeoisement, ou changement urbain dans le contexte de la recherche académique française, sans pour autant y mettre les significations que contient le terme anglo-saxon. Il faut pourtant être clair : il est bien question ici de processus similaires dans leurs conséquences, bien que la rapidité à laquelle ils se produisent diffère, ou que leur visibilité ne permette pas de les identifier aussi facilement. »
Et comment ne pas voir toute la folie et l’inhumanité de la civilisation industrielle dans le fait que la ville ne parvient toujours pas à gérer les problèmes qui découlent de la présence des nombreux #sans-abri, souvent atteints de troubles psychiatriques, qui errent dans ses rues, résultat des politiques calamiteuses des gouvernements qui se sont succédé et symptôme du mal-être qui ronge la modernité ? On estime qu’ils sont 7 500 à vivre dehors sur une population totale de 870 000 habitants (presque 1% de la population). Très récemment, la nouvelle maire de San Francisco, London Breed, dans une des premières interviews[8] qu’elle a accordées depuis son entrée en fonction, a expliqué qu’il y avait « plus d’excréments sur les trottoirs » que jamais, et qu’on « ne parle pas que de crottes de chiens, mais de matières fécales humaines ». Au cours des six premiers mois de l’année 2018, plus de 16 000 plaintes concernant des « excréments » ont été déposées auprès des autorités de la ville. La présence de déchets en tous genres, y compris de seringues, est actuellement un véritable problème pour la municipalité. Ainsi que l’explique le San Francisco Chronicle dans un article[9] intitulé « Pourquoi San Francisco fait face à un déluge de seringues » : « La ville de San Francisco distribue plus de seringues gratuites aux toxicomanes — 400 000 par mois, un chiffre qui ne cesse de croître — que la ville de New York, dix fois plus peuplée ». La consommation de drogue en public est un problème croissant dans toute la ville. Des habitants se plaignent, entre autres, de « devoir enjamber des gens qui s’injectent de l’héroïne dans les stations de métro ».
▻https://www.youtube.com/watch?time_continue=1&v=HWdurZWys4I
Ainsi que l’a récemment titré[10] le Business Insider, « Le centre-ville de San Francisco est davantage jonché de seringues, de déchets et d’excréments que certains des plus pauvres bidonvilles du monde ». Dans l’article, on apprend notamment que « la contamination de certains quartiers de San Francisco est pire que celle de certains endroits du Brésil, du Kenya ou de l’Inde ». Un modèle.
Je me suis promené dans les rues de San Francisco. Je ne connaissais pas grand-chose de l’histoire de la ville. J’ai été stupéfait par le nombre de #clochards, de #toxicomanes et de malades mentaux qu’on y rencontre. Parfois au pied d’immeubles de luxe réservés aux super-riches, ou devant les bureaux d’#Uber, de #Microsoft, ou de #Twitter. J’ai vu les gratte-ciels, ces manifestations délirantes de l’hubris de la société industrielle, dont les constructions sont autant de désastres écologiques. Les travaux incessants qui font de toutes les villes d’interminables chantiers. Les magasins de luxe de l’#hypercapitalisme actuel. Les businessmen pressés — de faire du profit, toujours plus, en exploitant les hommes et en détruisant la planète, toujours plus — qui ignorent machinalement tous les clochards qu’ils croisent lors de leur jogging matinal. Je n’ai pas vu « des gens doux et gentils, le long des rues de San Francisco », me parler de fleurs et devenir mes amis. Je n’ai pas vu de fleurs dans les cheveux mais des oreillettes Bluetooth et des smartphones dans les mains. Bref, j’y ai vu la démence commune de la modernité.
Il n’y a rien de #durable à #San_Francisco. Comme beaucoup d’autres, cette ville incarne précisément l’insoutenabilité, l’iniquité et la folie qui gangrènent la civilisation industrielle. Ceux qui se servent de son cas pour suggérer qu’on pourrait la rendre durable ou écologique sont les idiots utiles du #capitalisme_vert. C’est l’évidence même. Ceux qui ne le comprennent (toujours) pas aujourd’hui ne manqueront pas de le constater d’ici quelques années.
L’Islande est un désastre écologique, contrairement à ce qu’affirme Arte (par Nicolas Casaux) – Le Partage
▻http://partage-le.com/2018/08/lislande-est-un-desastre-ecologique-contrairement-a-ce-quaffirme-arte-pa
L’Islande est finalement un parfait exemple d’une économie intégralement précaire, tout sauf résiliente, absolument dépendante du commerce mondialisé. Le « manger local », s’il y a un jour été possible, à une époque où ses habitants se nourrissaient des produits de la mer, de l’élevage et des autres denrées adaptées au climat islandais, est devenu impensable. Maintenant que, comme dans beaucoup d’endroits, les Islandais se sont habitués aux produits d’importations tropicaux (fruits, cacao, sucre, etc.), leur alimentation repose en grande partie sur l’agrobusiness international. Leur dépendance à d’autres industries particulièrement antiécologiques (et antidémocratiques), comme toutes celles du domaine des high-tech, ainsi que leurs importations de combustibles fossiles (pour leurs 4×4), finissent de faire de l’Islande un bel exemple de désastre environnemental (et social).
La société industrielle n’est pas viable et ne peut pas l’être. Elle ne peut pas être rendue écologique. Une société écologique (et démocratique) est nécessairement une société la plus autonome possible et reposant sur des basses technologies
Le narcissisme pathologique de la civilisation (par Nicolas Casaux) – Le Partage
▻http://partage-le.com/2018/07/le-narcissisme-pathologique-de-la-civilisation-par-nicolas-casaux
Le 4 mai 2018, à l’université de St. Olaf, dans le Minnesota, aux États-Unis, Noam Chomsky a prononcé un discours organisé autour, selon lui, de « la plus importante question jamais posée dans l’histoire de l’humanité », à savoir « si oui ou non la vie humaine organisée survivra », sur la planète Terre, aux nombreux problèmes de notre temps, qui se posent de manière urgente, sur le court terme plutôt que sur le long.
Dans une tribune récemment publiée sur le site du journal Libération, Élise Rousseau, écrivaine naturaliste, et Philippe J. Dubois, écologue, affirment que la « destruction de la nature » est un « crime contre l’humanité ». Il fallait oser. Cela revient grosso modo à dire que la destruction des abeilles (et de tout ce qui vit) est un crime contre Monsanto, la destruction du golfe du Mexique un crime contre BP, la destruction de Bornéo un crime contre Ferrero, etc.
Ce qui relie cette tribune de Libé au discours de Chomsky, c’est une même perspective culturelle, quasi hégémonique aujourd’hui, qui considère que l’humanité (et plus précisément : la civilisation) est la principale (la seule ?) chose dont l’humanité (la civilisation) devrait se soucier. Stratégie discursive ou véritable conviction ? La question est ouverte. Seulement, quoi qu’il en soit, l’idée est mauvaise.
Oui certes, beaucoup de remue-méninge dans cet article angoissé et cependant les deux derniers paragraphes semblent laisser entrevoir une lueur, celle mise en évidence par Murray Bookchin avec son concept d’"écologie sociale", justement. Quant à savoir si c’est un bienfait pour « la planète » que l’humanité disparaisse (totalement ou du moins sous sa forme organisée), je pense que nous n’aurons jamais la réponse, ni nous à notre échelle de vie ni les générations survivantes à venir. Car même si les membres de cette humanité restreintes continuent à (se) raconter des histoires et à les transmettre, de là à ce que ces nouvelles « cultures » fassent le tour de la planète en quelques semaines et imprègnent les pensées de toutes et tous comme c’est actuellement le cas, non, ce ne sera plus possible. Donc, là non plus, pas la peine de creuser dans ce genre de sillon, nous n’avons d’autres choses plus utiles à faire.
On l’ajoute à la troisième compilation :
►https://seenthis.net/messages/680147
#effondrement #collapsologie #catastrophe #fin_du_monde #it_has_begun #Anthropocène #capitalocène
De l’impossibilité de l’éco-fuite et de l’inefficacité de la #consom’action (Nicolas Casaux, Le Partage)
►http://partage-le.com/2017/11/8324
Les 10% d’individus les plus riches du monde sont responsables de la moitié des émissions de GES d’origine anthropique. La moitié la plus pauvre de l’humanité est responsable d’environ 10% des émissions de GES d’origine anthropique.
[…]
Et pourtant les gouvernements, comme toutes les institutions et la doxa dominantes, suggèrent qu’une manière de diminuer les #émissions_de_CO2 afin de faire un geste pour la planète consiste en ce que les gens ordinaires se brossent les dents à sec et s’éclairent avec des ampoules basse consommation.
[…]
Ce qu’on peut remarquer c’est qu’on ne lit que très rarement voire jamais de suggestion incitant les riches à cesser d’acheter des yachts ou des jets privés et de les utiliser. Tandis qu’on incite le citoyen moyen à faire preuve d’une certaine #vertu_écologique, les riches du monde, qui sont de plus en plus nombreux, consomment toujours plus. Pas non plus de recommandations concernant l’achat ou l’utilisation de smartphones, de téléviseurs et d’appareils électroniques en général, dont les ventes sont mondialement croissantes, dont les productions épuisent les #ressources non-renouvelables tout en émettant des quantités astronomiques de #gaz_à_effet_de_serre […].
La plupart des suggestions grand public consistent en des changements minimes des #modes_de_vie individuels, elles ne visent jamais à s’opposer frontalement aux logiques de #croissance et de #consommation qui dirigent la civilisation industrielle et son #biocide planétaire.
La solution au désastre #socio-écologique en cours passe nécessairement par la #décroissance. Seulement, cette décroissance n’adviendra certainement pas par l’ascèse écologique (très relative) d’une minorité d’individus parmi ceux qui n’étaient déjà pas les pires pollueurs et émetteurs de GES du monde.
[…]
Nous avons besoin d’un « contre-frottement pour stopper la machine » (Thoreau), d’une résistance politique proactive et organisée à même d’entreprendre des actions véritablement déstabilisantes et perturbatrices de la #civilisation_industrielle mondialisée.
Au lieu de quoi les médias supposément alternatifs/libres/indépendants (parfois les trois à la fois, marketing oblige) prennent les illusions de l’#écocapitalisme pour l’« antithèse » du #capitalisme, pour une solution aux problèmes de notre temps.
Cyril Dion : coli-briseur de l’écologie radicale (La Brique)
►http://labrique.net/index.php/thematiques/politicaille/954-cyril-dion-coli-briseur-de-l-ecologie-radicale
Cette vision individualiste et déculpabilisante permet à chacun.e de naviguer au milieu des pires systèmes d’#oppression tout en se préservant une certaine #pureté_morale. C’est pourquoi elle est plébiscitée par le public... et sponsorisée par les pires #pollueurs. Ces derniers y trouvent de quoi laver leur honneur, détourner l’attention et faire du pognon en inventant toujours plus de services et de gadgets éco-trucs à vendre.
N’en déplaise aux #éco-citoyen.nes, on ne rachète pas si facilement son #empreinte_carbone. Jean-Baptiste Comby, sociologue, rappelle dans son ouvrage que la pression qu’exerce un foyer sur l’environnement dépend de ses revenus et non pas de son niveau de #conscience_écologique. Bah oui, tous les #éco-gestes mis bout à bout ne compenseront jamais la semaine de vacances passée sous les tropiques, quand bien même on la passerait dans un éco-lodge à chier dans la sciure. Selon le sociologue, cette morale écocitoyenne sert un enjeu politique qui est de « masquer les #inégalités, en confortant les styles de vie les plus prédateurs et en maintenant les #privilèges symboliques et moraux de la petite bourgeoisie. » En réalité les inégalités face à la #pollution se creusent pour deux raisons : l’externalisation des nuisances, à l’instar des quartiers bourgeois qui se gardent les espaces verts tandis que les centres commerciaux et les usines vont en périphérie ; et la recherche toujours plus aiguisée d’un bien-être environnemental pour les plus aisé.es.
Dépossession, gigantisme et irresponsabilités renouvelables (par Nicolas Casaux) – Le Partage
▻http://partage-le.com/2018/02/depossession-gigantisme-et-irresponsabilites-renouvelables-par-nicolas-c
C’était attendu parce que les énergies dites « renouvelables » s’inscrivent dans la même société de l’irresponsabilité totale que tout le reste. Personne, ou presque, ne sait de quoi, comment, où et par qui les panneaux solaires et les éoliennes sont fabriqués (quelques vagues idées circulent qui n’apprennent strictement rien). Mais encore une fois, ce qui devrait être évident, c’est que les panneaux solaires et les éoliennes sont des produits de la modernité antidémocratique et de son esclavage salarial, au même titre que les télévisions, les voitures, les smartphones, etc., bref, au même titre que tout ce qui constitue la civilisation industrielle. Et il ne peut en être autrement. En tant que hautes technologies, leur fabrication requiert une organisation sociale de masse, une mégamachine inhumaine (dans le sens de qui n’est pas à la mesure de ce qu’un être humain peut supporter), antidémocratique, ou « autoritaire », pour reprendre l’expression que Lewis Mumford emploie dans son discours intitulé « techniques autoritaires et techniques démocratiques[10] ».
De l’impossibilité de l’éco-fuite et de l’inefficacité de la consom’action
▻https://archive.org/details/ImpossibiltEcoFuite
Article de Nicolas Casaux paru sur Le Partage, en novembre 2017 ►http://partage-le.com/2017/11/8324 /.../ "La plupart des suggestions grand public consistent en des changements minimes des modes de vie individuels, elles ne visent jamais à s’opposer frontalement aux logiques d....This item has files of the following types: Apple Lossless Audio, Archive BitTorrent, Columbia Peaks, JPEG, JPEG Thumb, Metadata, Ogg Vorbis, PNG, VBR MP3
#audio/opensource_audio ,_croissance,_capitalisme
▻https://archive.org/download/ImpossibiltEcoFuite/format=VBR+MP3&ignore=x.mp3
De l’impossibilité de l’éco-fuite et de l’inefficacité de la consom’action (par Nicolas Casaux) – Le Partage
►http://partage-le.com/2017/11/8324
« Reconnaitre cela peut nous aider à éviter de perdre notre temps en de naïfs efforts. Par exemple, dans des efforts pour apprendre aux gens à économiser l’énergie et les ressources. De tels efforts n’accomplissent rien. Cela semble incroyable que ceux qui prônent les #économies d’énergie n’aient pas remarqué ce qui se passe : dès que de l’#énergie est libérée par des économies, le système-monde technologique l’engloutit puis en redemande. »
Theodore Kaczynski, Anti-Tech Revolution : Why and How
Les 10% d’individus les plus #riches du monde sont responsables de la moitié des émissions de GES d’origine anthropique[1]. La moitié la plus pauvre de l’humanité est responsable d’environ 10% des émissions de GES d’origine anthropique. L’industrie du jet privé qui enregistrait 263 ventes sur l’année 1989[2] en enregistre ces temps-ci environ 700 par an[3]. Dans un récent rapport prévisionnel, il est estimé que l’industrie du yacht, qui se porte à merveille et qui a été évaluée à 8,123 milliards de dollars en 2016, atteindra 14,987 milliards de dollars entre 2017 et 2025[4]. De manière générale, les industries du #luxe se portent très bien et devraient continuer ainsi sur la décennie à venir[5]. La France compte 713 golfs, un nombre en augmentation constante ; selon les estimations utilisées par le Sénat, un golf consomme en moyenne autant d’eau qu’une commune de 12 000 habitants ; l’ensemble des golfs, donc, autant que 8 millions de personnes. Le poids de l’#industrie de l’armement ne cesse de grandir (la France figure d’ailleurs parmi les champions de la vente d’armes), or on sait que les émissions de CO2 des secteurs militaires des pays du monde sont colossales (à elle seule, l’armée US a consommé en 2011 presque autant de pétrole que toutes les voitures du Royaume-Uni)[6].
Et pourtant les gouvernements, comme toutes les institutions et la doxa dominantes, suggèrent qu’une manière de diminuer les émissions de CO2 afin de faire un geste pour la planète consiste en ce que les gens ordinaires se brossent les dents à sec et s’éclairent avec des ampoules basse consommation. Tout récemment, une réitération d’un avertissement signé par de nombreux scientifiques (15 000) suggérait plusieurs mesures dont le fait de devenir végétarien, de faire du vélo au lieu d’utiliser une voiture, de ne plus prendre l’avion, ainsi que le déploiement massif d’infrastructures industrielles pour développer le réseau énergétique « renouvelable » (ce qui constitue une immense catastrophe écologique[7]).
Autant de manières de se donner bonne conscience en se soulageant dans un violon, ou pire, en faisant empirer la situation (adopter une consom’action responsable visant à acheter des produits un peu moins nuisibles pour le monde naturel et les êtres vivants, c’est toujours participer à l’empirement de la situation).
Ce qu’on peut remarquer c’est qu’on ne lit que très rarement voire jamais de suggestion incitant les riches à cesser d’acheter des yachts ou des jets privés et de les utiliser. Tandis qu’on incite le citoyen moyen à faire preuve d’une certaine vertu écologique, les riches du monde, qui sont de plus en plus nombreux, consomment toujours plus. Pas non plus de recommandations concernant l’achat ou l’utilisation de smartphones, de téléviseurs et d’appareils électroniques en général, dont les ventes sont mondialement croissantes, dont les productions épuisent les ressources non-renouvelables tout en émettant des quantités astronomiques de gaz à effet de serre (le KTH Royal Institute of Technology de Stockholm estimait en 2010 que les secteurs des technologies de l’information, de la télécommunication, des médias et du divertissement émettaient presque autant de CO2 que le secteur de l’aviation).
La plupart des suggestions grand public consistent en des changements minimes des modes de vie individuels, elles ne visent jamais à s’opposer frontalement aux logiques de croissance et de #consommation qui dirigent la civilisation industrielle et son biocide planétaire.
Faut-il vraiment limiter la population mondiale pour sauver la planète ? - Basta !
►https://www.bastamag.net/Faut-il-vraiment-limiter-la-population-mondiale-pour-sauver-la-planete
C’est une alerte solennelle qui permet de remettre l’urgence climatique au cœur des débats. Le 13 novembre, plus de 15 000 scientifiques de 184 pays ont publié un cri d’alarme sur l’état de la planète pointant la « trajectoire actuelle d’un changement climatique potentiellement catastrophique » et un « phénomène d’extinction de masse » [1]. Si ce texte, largement relayé par les médias, souligne l’échec des gouvernements à réévaluer le rôle d’une économie fondée sur la croissance, il met surtout l’accent sur « la croissance démographique rapide et continue » perçue comme « l’un des principaux facteurs des menaces environnementales et même sociétale ». Qu’en est-il vraiment ?
Le principal problème n’est pas l’accroissement de la population mondiale mais la tendance « croissante » qu’ont certaines populations à adopter le mode de vie consumériste « occidental » érigé en modèle par de nombreux médias.
Donc pas la peine de hurler : « Sauvons la planète : tuons-les tous ! (et Dieu reconnaîtra les siens, comme d’hab ...) »
Jour après jour, les #médias de l’#oligarchie nous rabâchent la chanson des #surnuméraires.
@monolecte : alors oui, dans le genre, l’émission « 28 minutes » de l’oligarchique chaîne de télé Arte à partir de la 13ème minute où l’on sous-titre « COP 23 : faut-il limiter les naissances pour sauver la planète ? » Ça envoie du bois ...
Je laisse le lien (ôkazou)
▻https://www.arte.tv/fr/videos/075223-058-A/28-minutes
De manière très inquiétante, c’est même depuis quelques temps un thème banal de la culture populaire américaine (par exemple Inferno, version livre, est odieux par exemple – à tel point que le film inverse la fin par rapport au bouquin).
Et du coup je reprend les liens du doublon:
#Eco-malthusianism: the spontaneous philosophy of the scientists | Richard Seymour
►https://www.patreon.com/posts/eco-spontaneous-15374651
I’m an environmental journalist, but I never write about overpopulation. Here’s why.
►https://www.vox.com/energy-and-environment/2017/9/26/16356524/the-population-question
#environnement #contrôle_démographique #croissance_démographique
Quand bien même on vivrait mieux, plus sainement et plus égalitairement, on mangerait mieux, on gaspillerait moins, etc (oui ya de la marge), je ne vois pas comment on peut dire de manière catégorique que ce n’est pas du tout un problème, comme vous le dites tou⋅te⋅s.
L’article se focalise sur « la pollution » et « les émissions de gaz », mais ça reste quand même lié au fait qu’on a à la fois des ressources limitées, et une surface habitable limitée. Fatalement plus on est, plus on doit s’étaler en prenant de la place sur les forêts et les cultures et/ou en s’entassant encore plus dans les villes (souvent ce sont les deux). Je ne suis pas pour la maison individuelle pour tou⋅te⋅s, et je ne suis pas non plus pour les cages à lapin pour tou⋅te⋅s, il y a un entre-deux…
C’est évidemment utilisé par les riches, les gens de pouvoirs, pour réduire les surnuméraires, mais ce n’est pas parce que c’est instrumentalisé par des méchants que ça n’existe pas du tout. Il faut arrêter de se focaliser uniquement sur le réchauffement climatique, il y a plein d’autres problèmes liés à l’étalement des humains sur l’environnement qui les entoure.
Merci @rastapopoulos
Je suis bien d’accord avec toi et j’ajouterais que la lutte contre cette pression nataliste serait un bienfait en particulier pour les femmes pour qui le coût de la reproduction est bien plus exorbitant que pour les hommes.
@rastapopoulos @mad_meg +1
Vous croyez vraiment que les riches se préoccupent d’éliminer les surnuméraires ?
@sombre En quoi l’émission d’Arte est un festival ? Deux invités sur trois qui ne croient pas à une baisse de la natalité comme solution (la troisième étant peu prise au sérieux) et qui disent exactement ce qui est dit ici et dans l’article de Basta...
Par rapport au sujet d’Arte je trouve que la question est mal posé. « Le contrôle de la population est-elle la clé aux problèmes environnementaux ? » C’est sur qu’il y a pas de « la clé ». Un problème aussi complexe que la dégradation de l’environnement demande des réponses multiples et adaptés. La baisse de la natalité n’est pas la solution, c’est une des nombreuses solutions qu’on a.
On pourrait etre 20milliards de végétaliens ca pourrait tenir. Le problème des politiques qui parlent de baisse de natalité c’est que ca va consisté à stériliser de force des femmes pauvres vivant en Afrique. Les populations qui ont besoin de se contrôler sont celles des pays riches. Les hommes hétéros en particulier devraient prendre cause pour une contraception sérieuse afin de ne plus fécondé les femmes par accident comme ils sont toujours à le faire au prix parfois de la santé et de la carrière de celles qu’ils prétendent affectionné.
Une bonne option de dénatalisme en pays riche serait une promotion du remonte-couille toulousain pour tous et dès la majorité sexuelle. On pourrait apprendre aux garçons à les fabriquer en cours de techno et apprendre le principe de la spermatogénèse en svt et on leur expliquerait l’égalité, le respect des femmes et l’importance écologique et ethique du contrôle de ses gamètes en éducation civique et en philo.
Les hommes doivent se contracepter, car dans un monde égalitaire la contraception c’est pour tous et toutes (et en particulier pour des personnes qui peuvent en fécondé d’autres). Sans avoir besoin de stérilisé qui que ce soit, si les hommes arretaient de fécondé n’importe comment et prennaient des contraceptifs on aurait deja pas mal résolu de problèmes.
edit : je dit pas que le port du rtc doit etre obligatoire, mais on devrait le promouvoir fortement et apprendre à l’école comment les fabriquer, comment ca marche, à quoi ca sert et pourquoi c’est la base de l’égalité, ca ferait bouger les mentalités et ca permettrait aux garçons qu’il y a des solutions simples, efficaces, ecologiques et economique pour pas détruire potentiellement la vie des femmes d’une seule éjaculation et de préservé la planète.
La pauvreté et le planning familial sont deux concepts très populaires dans les ONG qui s’intéressent au « développement du tiers monde ». Des institutions importantes comme la Banque mondiale prétendent souvent que la pauvreté du Sud ne pourra être enrayée que lorsqu’on freinera la croissance rapide de la population.
Cette façon de penser est fondée sur le néo-malthusianisme. Le raisonnement est le suivant : « Les ressources comme le pétrole, l’eau et la nourriture ne sont pas inépuisables. Un jour, le monde ne disposera plus de suffisamment de ressources pour nourrir une population en augmentation constante. Les statistiques montrent que la croissance démographique est plus rapide dans le tiers monde. C’est pourquoi nous devons tout particulièrement ralentir la croissance démographique dans ces régions du globe. »
Politiques démographiques et lutte contre la pauvreté (2007) sur le site mondialisme.org
▻http://mondialisme.org/spip.php?article1098
Dans son Essai sur le principe de la population , publié en 1798, Malthus s’inquiète de la surpopulation alors que les matières premières s’épuisent. Même si les fléaux naturels (famines, épidémies et guerres) rétablissent périodiquement l’équilibre, il lui paraît plus logique que l’humanité prenne l’initiative de restreindre les naissances avant qu’un trop grand déséquilibre ne s’installe.
Paul Robin, précurseur de la propagande néomalthusienne, fonde en 1896 la Ligue de la regénération humaine et publie le journal Regénération (1896-1908). Rejetant la chasteté souhaitée par #Malthus, il préconise la « libre maternité » par des méthodes anticonceptionnelles, l’émancipation de la femme, « l’amour libre » et dénonce le mariage, jugé « immoral ».
En 1900, à Paris, se tient la prmière conférence internationale des ligues néomalthusiennes, à laquelle participent des médecins et des intelletuels gagnés par le mouvement. Secondé par Eugène Humbert à partir de 1903, Paul Robin s’exalte : « La révolution est proche ; elle sera pacifique. C’est par le néomalthusianisme qu’elle se réalisera. »
Toutefois, ni Proudhon, ni Bakounine, ni Kropotkine n’ont admis comme moyen de combat social la « limitation des naissances prolétariennes ».Kropotkine croyait à la possibilité d’accroître sans limites les moyens de subsistance, et disait à Robin : « Tu ridiculises l’émancipation du travail. »
Élisée Reclus, de son côté, récusait les articles de Robin, considérant la limitation des naissances comme « une grande mystification ». La maternité doit être absolument libre, disait-il. Néanmoins, le néomalthusianisme figura vite au rang des principes libertaires.
Il ne faut pas confondre le néomalthusianisme et l’eugénisme, terme créé en 1883 et qui propose le « contrôle écologique des naissances ». L’eugénisme s’est d’abord propagé aux États-Unis, l’Indiana se proposant en 1907 de voter une loi pour stériliser les crimininels et les malades mentaux. L’eugénisme se répandit ensuite en Europe en 1920, et atteignit une dimension criminelle en Allemagne nazie où des milliers de malades mentaux furent éliminés, sans parler des Juifs et des Tziganes.
Michel Ragon - Dictionnaire de l’Anarchie - Albin Michel
Si la question démographique se pose à long terme, elle risque d’être utilisée pour évincer les vraies priorités et responsabilités : une meilleure gestion et répartition des ressources et une remise en cause du modèle consumériste.
Ce sont les pays riches dont nous faisons partie et non les pays pauvres qu’il faut réprimander pour sauver la planète ; nous devons absolument remettre en question nos modes de consommation.
L’approche du texte est très bien, mais les figures doivent être retravaillées.
Pour ta question @mona
Vous croyez vraiment que les riches se préoccupent d’éliminer les surnuméraires ?
ce matin je suis tombé sur cette phrase de Luc Ferry qui répond que ca le démange gravement de ce coté là :
Si on supprimait les 15% de quartiers pourris qu’il y a en France – des établissements où il y a 98 nationalités représentées et où on n’arrive pas à faire cours -, eh bien nous serions premiers du classement Pisa
Voilà : pour franchir les premiers la ligne d’arrivée, « supprimons » celleux qui nous ralentissent. Les habitant·e·s de ces « quartiers pourris » devraient se grouper en association et porter plainte en diffamation contre Luc Ferry.
Tout provient de cette tribune :
Le cri d’alarme de quinze mille scientifiques sur l’état de la planète : Deuxième avertissement
William J. Ripple, Christopher Wolf, Thomas M. Newsome, Mauro Galetti, Mohammed Alamgir, Eileen Crist, Mahmoud I. Mahmoud, William F. Laurance et 15,364 scientifiques signataires de 184 pays
Le Monde, le 13 novembre 2017
►https://seenthis.net/messages/644427
Le débat passionnant de cette page peut être enrichi de :
Climat : « La priorité est de réduire le train de vie des plus riches, pas la natalité des plus pauvres »
Gaël Giraud, Le Monde, le 24 novembre 2017
►https://seenthis.net/messages/647140
De l’impossibilité de l’éco-fuite et de l’inefficacité de la consom’action
Nicolas Casaux, Le Partage, Novembre 2017
►https://seenthis.net/messages/647066
Mais aussi de l’avis contradictoire de Franck Courchamp :
Une alerte sans précédent pour la planète
Philippe Testard-Vaillant, Le Journal du CNRS, le 22 novembre 2017
►https://seenthis.net/messages/646679
malaise devant cette campagne de pub à Montréal, même si je sais que ça part d’un bon sentiment :
En marge du sommet du G20 à Hambourg, un journaliste ivoirien a interrogé le président Emmanuel Macron sur les moyens alloués par les pays riches pour « sauver l’Afrique »...
Le chef de l’État français lui a répondu qu’il ne servait à rien « de dépenser des milliards d’euros » dans « des pays qui ont encore sept à huit enfants par femme ». Une déclaration jugée « raciste » et « condescendante » par de nombreux observateurs sur le continent. Mais le président français a-t-il eu tort en pointant du doigt la démographie galopante du continent dans le problème de la lutte contre la pauvreté ? Nous avons posé la question à Jean-François Kobiané, démographe à l’université de Ouagadougou, au Burkina Faso, et directeur de l’Institut supérieur des sciences des populations (ISSP).
▻http://www.jeuneafrique.com/457519/societe/natalite-africaine-demographe-burkinabe-jean-francois-kobiane-repond-a
Pour réussir son « dividende démographique », il faut investir massivement dans l’éducation des jeunes
Contrairement a ce que dit notre president raciste, le taux de fécondité en Afrique est de 4,7 enfants par femme.
Les différences en Afrique subsaharienne épousent en partie les contours des deux anciens empires coloniaux français et britannique. La France avait imposé au sein de ses colonies la loi de 1920, qui interdit toute forme de contraception.
Même chose en matière d’éducation, où l’on observe des différences notables. La France avait davantage pour ambition de former des commis, qui puissent servir de petites mains pour l’administration coloniale. L’enseignement y était plus limité que dans les colonies britanniques. Même si les différents pays ont voulu rattraper leur retard au moment des indépendances, on ressent encore certaines séquelles laissées par le colonisateur.
...les analyses de Marx sont un antidote parfait aux thèses (néo)malthusiennes qui ont malheureusement refait surface dans un récent manifeste de scientifiques qui proposent de « déterminer à long terme une taille de population humaine soutenable et scientifiquement défendable (sic) tout en s’assurant le soutien des pays et des responsables mondiaux pour atteindre cet objectif vital »
Marx a-t-il inventé l’écosocialisme ?, Michel Husson
▻http://alencontre.org/ecologie/marx-a-t-il-invente-lecosocialisme.html
Qui sont les surnuméraires ? (dystopie)
Dror, #Psikopat, février 2018
Sujet abordé par la suite encore :
►https://seenthis.net/messages/647140
►https://seenthis.net/messages/727987
►https://seenthis.net/messages/731554
Et croise parfois les discussions sur : #childfree #no_kids #nullipare
Et si le problème, c’était la civilisation ? (par Nicolas Casaux) – Le Partage
▻http://partage-le.com/2017/10/7993
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’effondrement de notre civilisation est une bonne chose. Du moins, c’est ainsi que le perçoivent ceux qui placent « le monde avant la vie, la vie avant l’homme » et « le respect des autres êtres avant l’amour-propre » (Lévi-Strauss). Notre civilisation est actuellement synonyme de sixième extinction de masse des espèces, et d’ethnocide vis-à-vis de la diversité culturelle humaine (ainsi que l’ONU le reconnaît : « Les cultures autochtones d’aujourd’hui sont menacées d’extinction dans de nombreuses régions du monde »). Cet écocide et cet ethnocide ne sont pas des accidents de parcours, ils découlent du fonctionnement normal de la civilisation (les autres civilisations ne se comportèrent pas autrement).
Cependant, une grande partie du mouvement écologiste grand public, en plus d’ignorer l’ethnocide en cours, ne considère l’écocide que comme un problème vis-à-vis de la continuation de la civilisation. Son principal objectif consiste à sauver la civilisation. D’où le prosélytisme en faveur des énergies faussement « vertes »[10], d’où la multitude d’éco-innovations, d’où l’oxymore du « développement durable »[11]. Autant de nouvelles nuisances pour le monde naturel, qui, de surcroît, ne sont d’aucune aide dans la lutte contre les inégalités sociales inhérentes à toute civilisation.
La transition anti-écologique : comment l’#écologie capitaliste aggrave la situation (par Nicolas Casaux) – Le Partage
▻http://partage-le.com/2017/09/7654
Mais l’#insoutenabilité de la #civilisation industrielle est plus fondamentale encore.
Les infrastructures et les réseaux de #transport qu’elle a développés — routes (terrestres et maritimes), couloirs aériens, voies ferrées — ne sont pas soutenables. Un tiers de la consommation de ressources de l’UE correspond au secteur de la construction[7] (logements et infrastructures). Leur seule maintenance consomme trop de ressources, ce qui signifie qu’elle nécessite trop de destructions du monde naturel.
Mais il y a plus : ces réseaux de transport (terrestres, principalement) sont établis et étendus de telle manière qu’ils fragmentent bien trop excessivement les écosystèmes du monde, ce qui nuit à leur santé. En d’autres termes, nos routes et nos voies ferrées fractionnent le monde naturel bien au-delà de ce que ses biomes et ses biotopes sont en mesure de supporter, ce qui précipite leur anéantissement ainsi que celui des espèces qu’ils abritent. Ce problème est étudié et amplement documenté[8]. Cela fait des années que de nombreux chercheurs tentent de nous avertir. Cette situation n’est pas viable (ni durable, ni soutenable).