person:nicolas hulot

  • Le cadmium, ce « tueur » caché dans les engrais qui divise l’Europe

    http://www.lemonde.fr/planete/article/2018/03/16/le-cadmium-ce-tueur-cache-dans-les-engrais_5271887_3244.html

    La Commision veut limiter la présence de ce métal cancérogène dans les fertilisants phosphatés. L’Espagne s’y oppose fortement, la France brille par sa discrétion.

    Voilà un dossier sur lequel la France s’est montrée jusqu’ici très discrète. On aurait pourtant pu penser qu’à défaut du ministre de l’agriculture, son homologue à la transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, se serait empressé de s’en saisir. Mardi 20 mars devait s’ouvrir une négociation serrée entre les Etats membres de l’Union européenne et le Parlement autour d’un projet de la Commission visant à réduire le taux de cadmium dans les engrais phosphatés. Cette discussion tripartite a été reportée au 11 avril a appris Le Monde. « Pour des raisons techniques et non politiques », précise-t-on à Bruxelles. L’affaire est sensible.

    Le cadmium est un métal lourd contenu dans les roches phosphatées. Il est utilisé pour fabriquer des engrais pour l’agriculture. Classé cancérogène pour l’homme par l’Organisation mondiale de la santé, il a des effets toxiques sur les reins, le squelette, l’appareil respiratoire, et est fortement suspecté d’être un perturbateur endocrinien. Or, l’utilisation d’engrais phosphatés dans les cultures est la principale cause de contamination des sols au cadmium, et donc de l’alimentation, qui représente 90 % de l’exposition à cette substance pour les non-fumeurs.

    Depuis près de dix ans, les agences sanitaires alertent sur ses dangers et la nécessité de réduire son exposition. En 2009, l’Autorité européenne de sécurité des aliments a fixé un niveau hebdomadaire d’ingestion – 2,5 microgrammes/kilo – à ne pas dépasser. Aussi, convaincue qu’il présente « un risque inacceptable pour l’homme et l’environnement », la Commission a décidé de durcir sa réglementation en introduisant une limite pour la teneur en cadmium des engrais phosphatés. Fixée à 60 milligrammes (mg)/kilo, elle doit être abaissée à 40 mg/kg après trois ans et à 20 mg/kg d’ici douze ans.

    Le projet de texte a reçu en octobre 2017 le soutien du Parlement européen, qui voudrait parvenir au 20 mg/kg en neuf ans. Le Conseil de l’Union européenne doit désormais se prononcer. Or, relève-t-on à Bruxelles, « les pays sont divisés ». Plusieurs gouvernements se sont déclarés favorables au texte, comme en Allemagne ou au Danemark. Quatorze Etats ont déjà instauré une limite inférieure ou égale à 60 mg/kg – et même à 20 mg/kg en Finlande, en Hongrie et en Slovaquie.

    Silence radio de la France

    D’autres pays, en revanche, s’opposent à ce texte : l’Espagne, le Royaume-Uni et la Pologne. Et la France ? Silence radio. Les ministères de l’agriculture et de la transition écologique n’ont pas répondu aux sollicitations du Monde. « Comment se fait-il que nous n’entendions pas la voix de la France ? », s’interroge le Réseau Environnement Santé (RES). Ce réseau, qui regroupe 28 associations nationales et locales, devait adresser, vendredi 16 mars, une lettre ouverte aux ministres de l’agriculture, de la transition écologique et de la santé pour demander à la France, « pays précurseur » dans la lutte contre les perturbateurs endocriniens, de « peser de tout son poids pour l’adoption du projet de la Commission européenne ».

    Associés à la baisse de qualité du sperme, aux malformations congénitales, à une puberté précoce, à l’obésité ou à l’autisme, « les perturbateurs endocriniens ne sont pas des substances comme les autres, rappelle André Cicolella, le président du RES. Il faut les éliminer à la source, car on ne peut pas les gérer par la dose. On s’est beaucoup focalisé sur les pesticides, mais le cadmium est un tueur caché, ajoute le toxicologue. Il est confirmé aujourd’hui qu’il est impliqué dans les cancers du sein et de la prostate ».

    Or les engrais phosphatés sont encore massivement utilisés en France. Selon les dernières ­données disponibles, l’agriculture française en a consommé 430 000 tonnes en 2015. Et une grande partie affiche des taux de cadmium élevés, selon RES. L’explication est simple. La majorité des fertilisants utilisés en France et en Europe sont fabriqués à partir des roches phosphatées marocaines, qui affichent des teneurs en cadmium comprises entre 30 mg/kg et 73 mg/kg.

    Le projet de réglementation de la Commission inquiète le Maroc. Le pays possède les plus grandes réserves minières en phosphates (évaluées à 50 000 millions de tonnes) de la planète. Le leader mondial du secteur, OCP, réalise 32 % de ses ventes dans l’Union européenne. Il avait proposé à Bruxelles de relever le seuil à 80 mg/kg. En vain. Le Maroc a aussi exprimé ses craintes à la France. Voilà qui pourrait peut-être expliquer en partie la prudence du gouvernement dans ce dossier.

    Autre élément : la peur des agriculteurs de voir s’envoler le coût des engrais. « Limiter le niveau de cadmium dans les engrais phosphatés aura un impact important sur le prix du produit fini en raison de la rareté des gisements de phosphates faibles en cadmium, a déjà prévenu Fertilizers Europe, le syndicat européen des producteurs d’engrais. L’augmentation des coûts sera transmise aux agriculteurs européens au détriment de leur compétitivité internationale. »

    Avec sa nouvelle réglementation, la Commission entend aussi encourager l’usage des engrais ­organiques et à base de déchets. Le projet de texte s’inscrit dans un train de mesures sur l’économie circulaire. Il précise que « l’UE importe environ 6 millions de tonnes de phosphates par an, mais pourrait remplacer jusqu’à 30 % de ce total par des boues d’épuration, des déchets biodégradables, des farines de viande et d’os ou du fumier ».

    « Conflit d’intérêts » en Espagne

    Des orientations qui ne semblent pas partagées par tous les Etats membres. Si la France n’a pas encore exprimé publiquement sa position, dans d’autres pays, le débat fait rage. L’Espagne a fait savoir qu’elle était opposée au projet de la Commission. « Des limites trop strictes de cadmium nous excluraient du marché des engrais phosphatés », a déclaré la ministre de l’agriculture et de l’environnement, Isabel Garcia Tejerina, le 21 février, devant les députés, affirmant que cette position était partagée par la France.

    La ministre espagnole a également assuré que les teneurs en cadmium actuelles ne représentaient « pas de risque pour les personnes ni pour l’environnement ». Le parti d’opposition Podemos accuse Mme Garcia Tejerina de « parrainer les engrais toxiques » et de « corruption » – une allusion au parcours professionnel de la ministre de l’agriculture. L’élue du Parti populaire a été, entre 2004 et 2012, directrice de la planification stratégique de Fertiberia, le premier producteur d’engrais en Espagne, et conseillère de Fertial (Société des fertilisants d’Algérie) appartenant au même groupe Villar Mir.

    A l’initiative de l’élu espagnol Florent Marcellesi, 38 députés européens, dont les écologistes français Yannick Jadot, Pascal Durand et Eva Joly, ont écrit à la pré­sidence bulgare du Conseil de l’Union européenne pour dénoncer un « conflit d’intérêts ».

  • #MeToo : à force de « mais », on n’avance pas | Slate.fr
    https://www.slate.fr/story/158344/metoo-mouvement-general

    MAIS il faut faire attention. MAIS ça va trop loin. MAIS les réseaux sociaux ne doivent pas être un tribunal populaire. MAIS il faut laisser la justice faire son travail. MAIS il y a des femmes qui mentent. MAIS il y a des femmes qui se victimisent. MAIS il y a des hommes qui sont persécutés. MAIS la séduction.

    Arrivée au point « séduction », en général, je sucre mon café avec un comprimé de valium, en me demandant si je vis sur la même planète que les personnalités qui se répandent dans les médias, toutes pétries d’inquiétudes face aux hordes féministes qui terrorisent le pays.

    Sur ma planète à moi, ça ne va pas trop loin : ça ne va nulle part

    Il ne se passe rien. Je cherche des exemples d’hommes dont la vie professionnelle et personnelle aurait été ébranlée par des accusations, mensongères ou pas. Je n’en vois aucun. Quel homme a été cloué au pilori du féminisme vengeur ?

    Prenons les cas les plus connus sur lesquels on prétend que les féministes enragées, comme moi, s’acharnent : la promo du dernier film de Woody Allen s’est bien passée, Roman Polanski devrait être un personnage du prochain film de Tarantino, Bertrand Cantat est en tournée (le 29 mai prochain il sera à l’Olympia et c’est déjà complet), Gérald Darmanin est toujours ministre de la République, Nicolas Hulot n’a pas perdu un point dans les sondages de popularité et reste le politique le plus apprécié des Français, le journaliste de LCP, Frédéric Haziza, qui était accusé d’agression sexuelle, a réintégré son poste et son accusatrice a démissionné, la cagnotte « Free Tariq Ramadan » a dépassé les 100.000 euros en quelques jours.

    Dans les médias, je ne peux citer qu’un cas où il s’est passé quelque chose. Patrice Bertin, célèbre voix de France Inter, mis en cause par plusieurs journalistes pour harcèlement et tentative de viol, est parti en retraite anticipée en novembre dernier. Je ne vais pas me prononcer sur ces cas, au demeurant forts différents les uns des autres. J’aimerais simplement qu’on se rende compte du décalage entre un discours général du « ça va trop loin » et le réel.

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    Vous savez où est Harvey Weinstein ?

    Quand on nous dit que ça va trop loin, on se fout tout bonnement de notre gueule. Vous savez où est Harvey Weinstein ? En Arizona, où il se fait des hôtels et des restaurants de luxe. On pense qu’il est aussi allé se dorer les poils du cul dans un centre qui traite les problèmes d’addiction, The Meadows (les prairies), où a également séjourné Kevin Spacey. Ça se trouve ils se sont fait des apéros sympas au bord de la piscine.

    Photo officielle tirée du site de la clinique The Meadows.

    Je crois que j’ai rarement assisté à un tel décalage entre un discours et le réel. Ça me rappelle la campagne électorale de Jacques Chirac en 2002, la manière dont il avait martelé sans cesse le mot « insécurité », qui était une nouveauté lexicale, et même « sentiment d’insécurité », réussissant à créer une impression de danger qui, peu de temps avant, était inexistante.

    Mais les détracteurs du mouvement #MeToo n’ont pas seulement décorrélé l’impression générale de la situation concrète. Ils ont enterré le mouvement grâce à un magnifique tour de passe-passe qui a consisté à déplacer des questions sociétales sur le terrain judiciaire en évoquant la présomption d’innocence, et sur le terrain moral en évoquant le puritanisme. Chapeau bas.

    Ce faisant, ils ont réussi à faire oublier le plus important. Si des centaines de milliers de femmes ont parlé, ce n’était pas pour faire condamner par le tribunal d’internet des centaines de milliers d’hommes. D’abord, ce ne sont pas les pires histoires qui ont été racontées. Ensuite, l’écrasante majorité n’a pas donné de nom. Il s’agissait de montrer la réalité massive des agressions sexuelles, que ce problème concernait tout le monde et méritait une prise de conscience collective. Ce qui comptait, ce n’était pas les noms mais le nombre.
    On a dit quoi ?

    On a parlé de cette sensation étrange que nos corps ne nous appartiennent pas vraiment, que n’importe qui s’autorise à les toucher, à les commenter, à les juger

    Comment peut-on s’approprier son propre corps quand on nous répète que ce qui est constitutif de lui, comme la cellulite ou les règles, est dégoûtant ? Il a fallu attendre 2016 pour populariser un peu la véritable forme du clitoris. On nous dit encore des trucs comme « il faut souffrir pour être belle » –et est-ce que ça, ça ne parasite pas aussi complètement notre rapport au corps ? Et le consentement, combien de fois je n’ai pas été pleinement consentante ? Est-ce qu’on ne peut l’être qu’à moitié ? On parle de tout ça, on s’interroge, on se questionne. Et en face, on nous répond quoi ? « Elles veulent changer la fin du Carmen de Bizet. » À un tel niveau d’incompréhension, j’ai du mal à croire à un simple malentendu.
    Ce dont #MeToo témoignait, c’est qu’être une femme en 2018 ce n’est pas être l’égale d’un homme

    Et cette inégalité fondamentale est protéiforme.

    C’est être perçue comme un objet sexuel, c’est être discréditée, ne pas avoir la même liberté de déplacement dans l’espace public, ne pas être prise au sérieux au travail, être moins écoutée, moins payée, se taper les tâches ménagères, c’est appartenir encore et toujours à la sphère privée et être au service des autres parce que nous sommes là pour rendre leur vie plus douce. Et c’est, quand on tente de sortir de ces cases, se trimballer le sentiment d’être une imposture vivante, de perpétuellement devoir quelque chose à quelqu’un, de n’être pas à la hauteur, soumise au jugement permanent de la société.

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    Être une femme, c’est ne pas s’appartenir pleinement. Face à tout ça, un homme qui réécrit la fin de Carmen, je m’en contrecarre le cul.
    On s’épuise... et parfois je me demande si ce n’est pas un peu fait exprès

    Mais polémiquer dessus, je reconnais que c’était une excellente diversion. À chaque « fake news » sur « les féministes », il faut que l’on perde du temps et de l’énergie à rétablir les choses, à expliquer que non, il n’y a pas une internationale vaginale qui exigerait de brûler toutes les copies de Blow-up ou que désormais les parents doivent s’échanger des exemplaires de la Belle au bois dormant sous le manteau sous risque d’être arrêtés par une milice féministe. Alors, on est là, on reste calmes, on répète que les oeuvres questionnent la société, et qu’à l’inverse, on a le droit de les questionner, de les analyser, de les décortiquer. Que critiquer, ce n’est pas censurer.

    Et on s’épuise à ça. Et parfois, je me demande... si ce n’est pas un tout petit peu fait exprès.

    Un peu comme le botté en touche des « il faut laisser la justice faire son travail ». C’est pratique ça, la justice doit faire son travail. Mais un mouvement, ce ne sont pas des cas particuliers alignés les uns derrière les autres. Ce mouvement dit quelque chose de notre société, et ce n’est pas la justice qui va changer la société. La justice s’occupe du cas particulier, le reste, l’addition de ces cas, c’est notre problème à tous. À nous de regarder la somme en face.

    Tous ces arguments qui suivent le « MAIS » sont une vaste mascarade.

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    Arrêtez de vous cacher derrière l’institution judiciaire ou la peur de la censure pour ne surtout pas réfléchir à tous les comportements au quotidien qui ne vont pas, à toutes les inégalités qu’on accepte et qu’on nourrit, à tous les stéréotypes qui font passer pour acceptable ce qui ne devrait pas l’être.

    #backlash #sexisme #misogynie #domination_masculine #masculinisme #féminisme

  • La semaine où Macron dévisse : bain de boue pour tous 26 Février 2018 - Jean-Luc Mélenchon
    https://melenchon.fr/2018/02/26/la-semaine-ou-macron-devisse-bain-de-boue-pour-tous

    Le coup monté du « service public » contre la « France Insoumise »
    C’est une des énigmes dont je n’ai pas la clef. Pourquoi nous haïssent-ils à ce point ? Je veux dire jusqu’à ce niveau où des personnes qui se disent « journalistes » finissent par n’avoir aucune honte à tomber dans des méthodes dont ils savent qu’ils ne ressortiront pas eux-mêmes indemnes.


    Nous subissons un bashing quotidien depuis six mois pleins. Il y a toujours une histoire contre nous en cours. Et à côté de cela, il y a aussi plusieurs tweets par jour de plusieurs bonzes du journalisme plus ou moins en détresse de notoriété, les agents des communautés qui débitent leurs éléments de langage, l’extrême droite et ainsi de suite. Tant de monde se bouscule au portillon pour nous salir ! Sans compter les humiliations et les mépris dont nous accablent les chapelles de la toute « petite gôche ».

    De cela, voyons le bon côté. En six mois de bashing ininterrompu, j’ai beaucoup appris sur l’art de la guerre politique sous un déluge de cette nature. Et je ne suis pas seul. Nous sommes devenus plus forts, plus expérimentés. Nous maitrisons mieux les temps de réponse à une attaque. Nous parons mieux les coups notamment sur le plan psychologique. Encore que tout le monde n’y arrive pas aussi bien, c’est vrai. Nous avons appris comment porter plainte, demander beaucoup, jusque contre les tweets. Nous savons mieux ne pas répondre souvent, laisser filer et ne pas nous laisser submerger par la haine qui est toujours une victoire de l’ennemi. Nous nous améliorons : notre capacité à rejeter tout ce qui vient de la caste médiatique est plus profond et mur. Quand, le lendemain de l’émission ONPC avec Quatennens, « France info » ne « retient » que l’échange sur le Venezuelaaaaa, après avoir bien ri, on reconnait la main à l’œuvre. Dommage qu’on n’ait pas parlé du papier hygiénique dans ce pays. https://melenchon.fr/2017/12/04/enfin-un-vrai-debat-y-a-t-il-assez-de-pq-au-venezuela
    Tout cela ne nous fait donc pas perdre de vue l’essentiel. Il s’agit de la lutte pour le pouvoir. Les neufs milliardaires payent cher pour qu’une armée de plumes et de lecteurs de prompteurs jaspinent dans les micros les derniers ragots qui peuvent être dégainés. L’ampleur de la décomposition morale et professionnelle de ce milieu a même mis à notre disposition un large réseau d’informateurs dans la place. Car les mœurs délétères des principales salles de rédactions rendent aussi l’atmosphère irrespirable en interne. Tout le monde n’est pas prêt à tout. Ça balance grave, comme ils disent ! Surtout au « service public de l’information » considéré comme une « honte nationale » par le président de la République Macron.

    Si la motivation personnelle des gens qui acceptent une aussi basse besogne m’échappe, le sens de la manœuvre est lui bien clair. Tout cela n’arrive pas autrement que comme un épisode à l’intérieur d’une bataille globale. La semaine passée témoignait d’une situation particulière. Le pouvoir et ses soutiens médiatiques entraient en panique. L’indépassable roi du monde, le président de la République, pourtant encensé à longueur de journée, a sombré dans les sondages. Le plus bas niveau depuis le début de la cinquième République à époque comparable. La meute, avec ou sans coup de fil des chefs suprêmes, se mit en mouvement sur une ligne d’offensive à front de bœuf : « Notre premier de cordée va mal. Tapons sur les premiers de banc adverses » ! Le JDD, messe du dimanche du macronisme, décrit en toutes lettres la manœuvre contre la FI : « ils auraient pu avoir un boulevard mais ils ont échoué ». Et ce parce qu’ils ont butté sur un « nid de poule » : des soupçons de surfacturation lors de la dernière campagne présidentielle évoqués cette semaine sur « France Info ». Et voilà toute la manœuvre mise en mots.

    De son côté, l’opposition de droite et nous avons pris de plein fouet deux « révélations » qui étaient de purs montages. Des rentre-dedans qui, bien sûr, ont leur impact immédiat de salissure. Et de panique à bord. C’est incontestablement efficace sur la sphère la plus vulnérable de chaque camp, les esprits impressionnables, les moutons de Panurge que la peur du loup fait sauter dans le vide. Mais le fond est stupide. Car les esprits construits voient vite les ficelles et leur endurance au feu d’insultes s’accroît en même temps que la haine des manipulateurs médiatiques. Je tire beaucoup d’autres conclusions de cet épisode. Mais je viens d’abord sur le tableau d’ensemble.

    Wauquiez s’est pris une lourde attaque globale du parti médiatique. « L’affaire » est ridicule : trois phrases volées dans une conférence. Mais « l’affaire » a tenu cinq jours de médias. Sans aucun contenu, l’opération est destinée à empêcher la droite de se regrouper autour de son parti traditionnel au moment où l’opération « Macron chef de toutes les droites » a du plomb dans l’aile du fait des sondages. On sent que cette équipe Wauquiez n’est pas encore rodée. Elle a eu du mal à trouver la réplique aux seaux de boue. Mais elle a fini par trouver son registre. Et les rangs se sont reformés. La salve est de mauvaise qualité. Elle fonctionne donc comme un vaccin pour la nouvelle direction de la droite.

    Déjà, Wauquiez a appris l’essentiel : ne pas reculer. Et même prendre appui sur l’effet voulu par la pauvre cloche de journaliste à la manœuvre. En effet, la plupart d’entre eux ne connaissent de l’art du combat que les méthodes des coups tordus des salles de rédaction. Ils ne savent rien de la façon avec laquelle se construit l’opinion populaire qui nous intéresse. Leur culture de classe les handicape. Dans l’épisode des « écoutes aux portes », Wauquiez a fortifié son autorité et s’est débarrassé d’une nouvelle poignée de traitres. De son point de vue il s’est renforcé. Autant de tireurs dans le dos de moins pour le prochain épisode.

    Mais la leçon reste. Dorénavant, on ne peut plus nulle part parler librement. La presse est ainsi la première ennemie de la liberté d’expression qui ne se confond pas avec la liberté de « tout répéter » ni avec le délire névrotique de la transparence absolue que réclament les médias (et qu’ils ne s’appliquent pas à eux-mêmes).

    Mais le fondamental est que, petit à petit, la scène politique à droite retourne à sa configuration ancienne RPR/UDF. D’un côté la droite de toujours, les bourgeois flanqués de petit bourgeois qui s’y croient. De l’autre le marais avec Macron. Mais encore faut-il qu’il en reste le roi. La spécialité du « centre » est l’émiettement et la guerre des chefs. Et l’opportunisme électoral… Ils se débanderont au premier coup de canon électoral tiré au but. Ici, les partielles jouent le rôle de tirs d’essai. Les LR ont gagné, les macronistes ont perdu. Et rien d’autre ne peut compter que la réalité.

    Quant à nous, nous avons dû subir « l’affaire des comptes de campagne ». Un pur coup monté. En première ligne : France inter, France info et le « service enquête de radio France », nom pompeux pour une équipe de bras cassés, une sorte de CIA médiatique vouée à propager les dénonciations, même pas très anonyme dans notre cas et à organiser des « coups » déstabilisateurs. Selon des sources internes, le coup est parti d’une commande de la hiérarchie. Au demeurant, le service ne rend de compte qu’à ce niveau. Selon certaines sources que je veux protéger, en ce moment, les agents traitants du service vivent une certaine ambiance qui leur interdit de dire non.

    Au cas précis, la demande ne coûtait pas trop de travail. Il n’était pas question pour eux d’examiner les 52 cartons de factures que nous avons remis à la commission. Il s’agissait seulement de reprendre les notes données par le rapporteur démissionnaire de la commission. Aucune « enquête » ni « investigation » comme ces Rouletabille voudraient le faire croire. Juste du copié collé. Nous pouvons en parler en connaissance de cause. La veille, les « enquêteurs » nous avaient envoyé une liste de « questions » suivant la technique désormais rodée de ce genre d’offensive. Trois pages sur un mode d’insinuations infamantes, juste destinées à pouvoir écrire « n’a pas souhaité répondre » et pour se donner bonne conscience. Les trois pages de questions sont des copiés-collés du document du dénonciateur dont nous avons aussi possession.

    Donc, le 22 février au matin, l’info numéro un, l’ouverture du journal de « France Inter », le premier évènement dans le monde, c’étaient nos comptes de campagne présidentielle. Ce jour-là on aurait pu annoncer que la neutralité du net est finie aux USA à partir du lendemain. Ou la fin du procès en appel de Jérôme Cahuzac. Ou que le gouvernement supprime une prime d’activité pour les handicapés. Ou bien que l’on venait de trouver des traces d’OGM dans les aliments d’animaux d’élevage. Ou que le Sénat proposait un texte pour encadrer les écoles libres hors contrat. Et peut-être même qu’une manifestation monstre était en cours en Argentine contre le gouvernement libéral reçu il y a peu en grand pompe par Macron. Mais j’admets que ce n’était pas le moment pour France Inter d’apprendre à ses auditeurs que le magazine satirique allemand « Titanic » venait de révéler la veille que le grand journal « Bild » était pris la main dans le sac pour une affaire montée de toute pièce avec des faux. Contre un leadeur politique, Kevin Kuhnert, le leader de la jeunesse du SPD qui combat la formation de la grande coalition de Merkel et du PS allemand. Comment ! une affaire montée de toutes pièces par un grand média avec des faux ! Ce n’est pas en France qu’on verrait ça !

    Signez la pétition pour la création d’un Conseil de déontologie du journalisme.


    Je ne crois pas à la dignité personnelle des gens qui montent de telles opérations. Il ne sert donc à rien d’essayer de les convaincre de quoi que ce soit. Je le dis d’autant plus volontiers que j’ai longtemps cru et agi comme si on pouvait les convaincre d’une erreur de leur part. C’est absurde. Leur pouvoir est sans recours. C’est le dernier pouvoir absolu du pays, sans contrepoids ni contre-pouvoir. Il s’agit d’une pure caste hors des droits communs de la démocratie. Ce n’est pas pour rien qu’ils ne veulent pas d’un « conseil déontologique des médias » comme le propose ma pétition https://www.change.org/p/pour-la-cr%C3%A9ation-d-un-conseil-de-d%C3%A9ontologie-du-journalisme-en-fra ! Ils ne peuvent pas changer. Leur métier c’est d’empêcher les autres de penser et de les maintenir en rang dans le troupeau. Pour cela les milliardaires ont acheté presque tous les médias et le gouvernement donne chaque année des millions « d’aide à la presse ». Répondre, c’est d’ailleurs ce qu’ils espèrent parfois pour faire « vivre » leur angle d’attaque. Certains n’attendent que cela pour faire exister l’inexistant. Ainsi quand « France Inter » nous sollicite pour venir « répondre » sur « le plateau du 13 heures » à leur attaque du matin 8 heures ! Encore une grosse manipulation. Car c’était leur manière de « créer l’affaire », avec notre participation évidemment. De l’intérieur on nous prévint aussitôt. Personne n’est donc allé faire la chair à canon sur ce plateau.

    Si la haine des médias et de ceux qui les animent est juste et saine, elle ne doit pas nous empêcher de réfléchir et de penser notre rapport à eux comme une question qui doit se traiter rationnellement dans les termes d’un combat. À chaque attaque, sa réplique particulière. Beaucoup d’amis n’ont pas encore compris que nous n’avons pas d’autre adversaire concret que le « parti médiatique ». Lui seul mène bataille sur le terrain, en inoculant chaque jour la drogue dans les cerveaux. Ce ne sont pas les autres militants politiques, ceux des autres partis. Ils sont inexistants sur le terrain et restent à portée de polémique. Le parti médiatique, je l’ai dit, est sans recours. Sa condition de survie est de le rester. D’ailleurs, le but du parti médiatique est de détruire tous les autres « émetteurs » de pensée : parti, syndicat, autorité morale de quelque nature qu’elle soit. Tout est bon alors pour atteindre ce but. Tout. C’est un pur effet de système. Le moindre journal comporte au moins chaque jour une « révélation », incontrôlable, destinée à salir quelqu’un vivant ou mort. La méthode est ample. Pas un jour une information qui donne la pêche, rend confiant dans l’humanité, fait croire au futur. La peur et le dégoût comme nourriture quotidienne, c’est le terreau du pouvoir médiatique qui vous « révèle » ce que personne ne veut que vous sachiez. Le pouvoir médiatique est d’essence complotiste.

    Au cas de cette histoire tordue de « compte de campagne » faisons pour nos lecteurs la contre-épreuve de notre démonstration. Car qui le voudrait pourrait se poser les questions qui sautent à l’œil. Puisque que nos comptes de campagne sont validés, où est le problème ? Les sommes non remboursées ne sont pas litigieuses. Nous avons tout déclaré, tout jusque dans les détails pour éviter d’être invalidés comme dans l’affaire Bygmalion et comme vient de l’être ce député du Tarn accusé d’avoir sous-évalué ses dépenses. Les non-remboursements sont de la libre appréciation de la commission. C’est même son second objet après la vérification de la régularité des comptes et de leur non dépassement du plafond.

    Mais si on s’interroge sur elles, pourquoi seulement les nôtres ? Si on parle des salaires et des contrats de nos employés dans la campagne, pourquoi jamais ceux des autres ? Pourquoi n’y en a-t-il pas une ligne nulle part ? Comment expliquer les écarts de coûts de campagne ? C’est-à-dire comment expliquer que neuf mois ou trois mois de campagne coûtent davantage que quinze mois ? S’il s’agissait d’informer sur les comptes de campagne, ces questions seraient traitées. Mais il ne s’agit pas d’information. Juste de bourrage de crâne et de dénigrements. Que les naïfs nous fassent l’amitié d’aller gémir plus loin et de ne pas nous retenir les bras pendant que nous rendons les coups.

    Jusqu’à ce que la poussière retombe
    Tout le champ des partis politiques est en ébullition. L’extrême droite voit ressurgir une nouvelle opération « Maréchal-Le Pen » et un pilonnage de presse déprimant qui atteint la chefferie suprême. La période du lepénisme médiatique a fait son temps semble-t-il. Madame Le Pen a joué son rôle dans la présidentielle pour permettre à quelqu’un qui a fait 23 % au premier tour (4 points de plus que nous seulement) d’être élu au second tour par 60 % des suffrages. De son côté, la droite n’a pas trouvé son centre de gravité. Wauquiez sait que le problème en France, c’est la grève civique du peuple : les gens ne vont pas voter, pensent que tout cela est une comédie et n’accordent aucune confiance à personne. C’est pour cela qu’il essaie de reprendre pied dans le peuple profond de droite acquis aujourd’hui au Front National. C’est une stratégie qui comporte un grand risque si elle n’aboutit pas.


    Car Macron est là comme candidat à être le chef raisonnable de toutes les droites raisonnables. Une sorte de Giscard mâtiné de Sarkozy… L’oligarchie le soutient fermement et ne veut pas d’autre champion. Le coup monté des « écoutes aux portes » à l’école de commerce de Lyon montre comment le parti médiatique, qui est dans la main des neufs milliardaires, est prêt à le hacher menu. Le discours de Wauquiez montre qu’il renonce aux secteurs « modérés » de la droite traditionnelle à cette étape. Il durcit son discours pour aspirer le vote Front National. Il ajoute donc au trouble et à l’instabilité. Résultat : les turbulences sont incroyables dans les familles de droite. Elles sont mises face à un choix qu’elles ne souhaitaient pas faire. Les divers secteurs de la droite sont déboussolés. Aucun dénominateur commun n’apparait. C’est pourquoi la « peur des extrêmes » est devenu l’argument de vote essentiel dans cette famille. C’est pauvre. Mais d’une certaine façon, cela nous sert. La centralité de Macron à droite nous aide car elle empêche l’ancienne droite de se recomposer et de construire un rassemblement autour d’elle. La dynamique du changement peut alors rester de notre côté.

    Côté vieille gauche, l’ambiance est morose et les dynamiques de reconstruction inexistantes. Les socialistes vont avoir un congrès démoralisant. L’onde de choc de leur effondrement n’a pas fini de les dévaster. La configuration du choix de congrès est destructrice. L’immobilisme et la gestion patrimoniale des restes de l’appareil avec Faure, la connivence Macroniste avec Le Foll, le socialisme traditionnel d’avant Hollande avec Maurel, le candidat de la gauche du PS, contre lequel les trois autres sont prêts à tout pour l’empêcher de parvenir à la première place. Le Parti communiste est également en proie à un débat interne particulièrement vif. Nous n’avons donc aucun interlocuteur stable. Attendons qu’ils aient fait leurs choix. Tous.

    Car du côté de Benoît Hamon, le fil des sinuosités s’embrouille certains jours. Il offre son alliance de tous côtés. Mais en réalité il ne se cache pas de vouloir siphonner. Nous avons connu ça déjà dans l’élection présidentielle. Il a surtout posé un acte stupéfiant. En effet, il a tenu une réunion en Grèce avec Syriza où ils ont affirmé la « volonté d’en finir avec l’Europe de l’austérité ». Tout ça une semaine après un nouveau plan d’austérité et la limitation du droit de grève par Tsípras ! Après quoi il dit qu’il nous laisse la porte ouverte « si nous changeons de position sur l’Europe ». Renoncer à nos idées pour avoir un accord ? Même pas en rêve !

    La consigne, c’est donc la patience. Et de ne nous mêler de rien. Une fois le paysage mieux dessiné, on avisera utilement. Jusque-là, tout ne peut être que vaine agitation.

    Le Mexique à l’horizon !
    En ligne, c’était lui : AMLO le Mexicain. Notre candidat à l’élection présidentielle qui va avoir lieu en juillet prochain au Mexique. Nous avons eu une bonne conversation. Une conversation pleine d’amitié car nous avons sympathisé ensemble à l’occasion de son passage à Paris. Il m’avait lui aussi appelé et soutenu moralement pendant notre campagne présidentielle. Il était si heureux de penser qu’on pouvait y arriver ici en France dans l’un des cœurs du capitalisme-monde. Son nom entier est Andres Manuel Lopez Obrador. D’où l’abréviation amicale « AMLO ». L’élection lui a déjà été volée deux fois. Actuellement, les narcotrafiquants et leurs marionnettistes nord-américains sont en embuscade.


    De fait la CIA est aux abois. La propagande du parti médiatique, les France Inter et compagnie locaux tournent sur les mêmes thèmes que partout ailleurs : l’agressivité du candidat, ses liens avec le Venezuela et Cuba. Il y a eu aussi la séquence sur « les moyens de sa campagne ». Du classique sans imagination. Ça ne fonctionne pas. Les gens sont blindés car c’était déjà le cas la dernière fois. Ils ont aussi beaucoup essayé de jeter le soupçon sur ses moyens et sa « fortune » personnelle comme ils l’ont fait contre Lula au Brésil. Bref tous les stéréotypes y sont passés. Une victoire de notre camp contre eux au Mexique mettrait fin à l’actuelle phase de la contre-offensive de l’oligarchie contre les nôtres sur le continent. La pression se relâcherait sur le Venezuela sans doute. En tous cas ce serait un formidable appel d’air pour beaucoup de secteurs en lutte politico-sociale dans la région.
    Donc, le 1er juillet prochain auront lieu les élections générales au Mexique. Le Mexique compte parmi les pays les plus inégalitaires du monde. La pauvreté y est immense et généralisée. Plus de la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté soit 63 millions de Mexicains. Dans le même temps, une poignée de milliardaires amasse toujours plus de richesse. En 2017, la fortune de Carlos Slim, le plus riche du Mexique, s’est accrue de 4,5 milliards de dollars soit l’équivalent du salaire annuel de 3,5 millions de mexicains.

    La situation de la masse des Mexicains ne cesse de se dégrader depuis que leurs dirigeants ont signé un accord de libre-échange avec États-Unis, l’ALENA. Le Mexique a été le cobaye du libre-échangisme nouvelle génération avec nivellement des normes en plus de l’abaissement des droits de douanes et tribunaux d’arbitrage pour les multinationales. L’agriculture subventionnée et industrielle des États-Unis a depuis détruit l’agriculture paysanne mexicaine. 5 millions d’emplois agricoles ont été perdus et 2 millions d’hectares sont laissés en jachère. Le Mexique, qui était autosuffisant pour son alimentation en 1994, dépend maintenant des États-Unis pour 40% de ses besoins. L’ouverture totale du pays au capital états-unien a essentiellement créé de la pauvreté et des vagues d’exil forcé aux États-Unis.

    Mais le voisin du Mexique refuse d’assumer une quelconque responsabilité pour la misère qu’il a lui-même créé. Déverser ses marchandises : oui. Accueillir les pauvres : pas question. Ils traitent donc la question des migrants mexicains de façon militaire. Le mur de Donald Trump n’est en réalité qu’une étape supplémentaire. Car en vérité il y a déjà un mur à la frontière. Plus de 1000 kilomètres de murs de bétons et de grillages disposés de manière discontinue le long d’une frontière qui en fait 3000.

    La proximité des États-Unis favorise au Mexique le développement des narcotrafics. Un mélange de traitement brutal du problème pour le gouvernement de de corruption font que cette situation a dégénéré pour devenir l’une des plus violente du monde. La fédération internationale des droits de l’Homme considère que le Mexique est « la pire situation du continent en matière de droits de l’Homme ». Depuis 2012, 100 000 personnes sont mortes dans la « guerre contre la drogue », 310 000 ont été déplacées et 31 000 ont disparu. 35 journalistes ont été assassinés et 426 agressés dont la moitié par des fonctionnaires de police. Vous n’en entendez jamais parler par les soi-disant défenseurs de la liberté de la presse au Venezuela du type de la dame Debray (la fille par le père). D’après le rapporteur spécial du haut-commissariat des Nations Unies aux droits de l’Homme, les militants des droits humains sont vus par le gouvernement comme des « ennemis de l’État ».

    Le gouvernement, c’est celui de Enrique Peña Nieto, du PRI, le parti qui a été pouvoir 76 années sur les 90 dernières. Ce parti est membre de l’internationale socialiste. Il est donc entièrement soumis au libéralisme. En 2013, Peña Nieto, a privatisé le secteur de l’énergie et notamment la compagnie nationale pétrolière. Celle-ci était sous contrôle de l’État depuis 1938. Cette privatisation appauvrit considérablement l’État mexicain. Un tiers du budget fédéral du Mexique était constitué des recettes apportées par l’entreprise publique. Elle ouvre par contre la voie aux compagnies privées polluantes américaines qui pourront désormais exploiter les réserves du sous-sol mexicain, y compris par fracture hydraulique.

    L’élection du 1er juillet 2018 vise notamment à élire le successeur de Peña Nieto. Les sondages donnent aujourd’hui une avance importante à notre candidat humaniste Andres Manuel Lopez Obrador. Dans son programme, il propose de durcir la lutte contre la corruption de « la mafia du pouvoir ». Pour le peuple, il propose l’augmentation du salaire minimum, des pensions des retraités, la gratuité de l’école et des soins.

    Sa campagne est pour l’instant marquée par l’enthousiasme populaire, les meetings dans les rues et sur les places et donc une avance dans les sondages. Les deux autres candidats principaux sont loin derrière lui, tellement leurs partis respectifs sont détestés au Mexique. Cependant, les précédentes élections présidentielles de 2006 et 2012 ont montré que l’oligarchie mexicaine n’hésitait pas à frauder pour empêcher l’arrivée d’AMLO au pouvoir. En 2006, selon l’université nationale autonome du Mexique « un million et demi de bulletins de vote sont apparus d’on ne sait où, ou bien se sont volatilisés ». Résultat : une avance de 0,3% pour le candidat de la droite. Candidat dont le beau-frère était propriétaire de la société qui gérait les listes et les données électorales. En 2012, AMLO arrive à nouveau en deuxième position, derrière Peña Nieto. Il a été établi que le parti au pouvoir avait massivement acheté des voix, notamment par l’entremise d’un syndicat des enseignants.

    Cette fois, les partisans d’AMLO s’organisent pour surveiller les urnes autant qu’ils le peuvent. S’ils parviennent à déjouer les plans contre eux et gagnent l’élection, ce sera un changement considérable pour le Mexique et toute l’Amérique latine. Pour la première fois, le pays frontalier des États-Unis serait dirigé par notre camp. Cela donnera un signal puissant à tous les nôtres dans tout le continent : la bataille n’est pas perdue, nous pouvons encore infliger des défaites à l’oligarchie et a sa patrie universelle, les États-Unis.

    Bure nous appelle : sortons du nucléaire
    Alors que le secrétaire d’Etat, Sébastien Lecornu, arrivait à Bure, le gouvernement procédait à une expulsion violente du bois Lejuc, de la maison de la résistance, hauts lieux de l’opposition à la construction de la poubelle nucléaire. Plus de 500 gendarmes mobiles ont été mobilisés à cette occasion. La coïncidence est-elle un coup monté pour pourrir le séjour du ministre ? Ou bien une démonstration de force voulue et orchestrée ? Car le cas n’est pas banal. En effet, des recours judiciaires sont en cours. Ils contestent précisément la légalité de l’occupation de la forêt par l’Andra et le début des travaux relatifs au projet d’enfouissement des déchets nucléaires ! La police avant les juges. Voilà la démonstration.


    Le libéralisme à la sauce d’Emmanuel Macron s’exerce contre nos libertés. Mais pourquoi faut-il que l’écologie du ministre Nicolas Hulot s’exerce contre les écologistes. Pourtant, il disait encore il y a peu « on ne peut pas imposer ces déchets comme ça à des populations locales (…) sans concertation, sans transparence ». En fait de transparence, Hulot n’a fait étudier aucune alternative, lui non plus. Comme autrefois à Notre-Dame-des-Landes. Et fait de concertation, il n’y aura eu qu’une répression de plus. Cela fait sans doute plaisir au ministre de l’Intérieur. Il s’aime dans le rôle de celui qui est fort avec les faibles. Mais au-delà de lui, c’est tout le gouvernement qui est engagé, bien sûr.

    Mathilde Panot a montré dans l’hémicycle une photo qui a beaucoup tourné sur les réseaux. On y voit Hulot avec une pancarte contre le site de Bure. Où est passé cet Hulot ? C’est la question que lui a posé la députée du Val-de-Marne le jour même à l’Assemblée nationale. Pendant ce temps, sur le terrain, Caroline Fiat se joignait au rassemblement de tous ceux qui accouraient sur place. Les insoumis essaient d’être utiles au combat commun contre le nucléaire des nombreuses forces qui y sont attelées depuis des années. Car toute l’actualité montre que ce combat est celui de l’intérêt général.
    https://www.youtube.com/watch?v=wImnJAfFUEg

    Chaque semaine j’aborde ce sujet ici, depuis le lancement de la campagne des insoumis pour la sortie du nucléaire https://lafranceinsoumise.fr/nos-campagnes/campagne-sortie-nucleaire qui va culminer avec la votation citoyenne de la semaine du 11 au 18 mars. À présent, je veux revenir sur la question des coûts. Car elle a été pendant longtemps l’argument massue du lobby pro-nucléaire. À présent on l’entend beaucoup moins. Et pour cause.
    Le nucléaire nous coûte déjà cher. Il va nous coûter beaucoup plus cher dans les années à venir. Car durant les dernières décennies, les investissements nécessaires n’ont pas été réalisés. La propagande du lobby nucléaire aura coûté cher pour masquer les problèmes. Et l’omission du sujet par les usines à bourrer le crâne genre « le service public » de « l’information » montre ici sa nocivité. Le résultat de cette mauvaise gestion volontairement masquée par ces médias est que désormais, les pannes, les incidents se multiplient dans les centrales. 18 réacteurs ont dû être mis à l’arrêt il y a quelques mois. La production d’électricité en France a baissé en 2016 selon les chiffres publie le 15 février dernier. Une baisse due aux installations nucléaires. Il donc fallu importer de l’électricité ! Ce qui a provoqué une hausse du coût de l’électricité sur le marché européen et donc celui des importations.

    Les coûts de maintenance ont explosé : de 800 millions d’euros par an dans les années 2000, ils sont passés à plus de 4 milliards d’euros. Dans les années à venir, l’addition du nucléaire va s’alourdir. 17 réacteurs arrivent à la fin de la durée de vie prévue pour eux d’ici la fin de cette mandature. Ce sera ensuite le cas pour les trois quarts du parc d’ici 2027. Si le pays fait le choix de prolonger la dépendance au nucléaire, il faudra faire d’immense travaux dans ces centrales. Il y en a pour 100 milliards d’euros. Autant de ressources qui ne pourront pas être utiliser dans la nécessaire transition énergétique de notre pays. La France est le pays le plus nucléarisé du monde. C’est aussi le pays européen qui accuse le plus de retard par rapport aux objectifs de production en énergies renouvelables. Il n’y a toujours pas en France une seule éolienne en mer. Malgré nos 3000 km de côtes. Malgré les entreprises, les ouvriers, les techniciens qui savent le faire et que nous avons dans notre pays. L’obstination à continuer dans le sens du nucléaire nous lie les mains. Elle nous empêche d’engager la conversion écologique de notre production dans son ensemble.
    Dès lors, il faut lutter. Seule la bataille d’opinion, l’ancrage des arguments dans le débat public, l’éducation de masse peut contribuer à faire avancer l’idée que nous mettrons en œuvre le moment venu : sortir du nucléaire. C’est l’objectif de notre campagne sur le thème. C’est le sens de la votation citoyenne que nous engageons du 11 au 18 mars prochains. Aidez-nous à ouvrir et tenir des bureaux de vote partout dans le pays. https://lafranceinsoumise.fr/groupes-appui/les-evenements-locaux

    Détruire les services publics, c’est détruire l’État
    Jeudi 1er février, Gérald Darmanin et Edouard Philippe ont annoncé les contours du plan du gouvernement pour la fonction publique. Pour l’occasion, tout le vocabulaire managérial du secteur privé était convoqué. Il s’agit de « moderniser et d’assouplir » la fonction publique. De la rendre « plus agile et plus véloce ». Les suppressions de postes prévues sont renommées « plan de départ volontaire ». Les annonces s’apparentent davantage à une entreprise de démantèlement de l’État.


    L’opération doit permettre d’appliquer le plan d’austérité de près de 80 milliards d’euros qu’Emmanuel Macron a promis à l’Union européenne. Le plus grand plan social du pays dans les prochaines années sera donc mis en place par le gouvernement lui-même. Il prévoit de supprimer 120 000 postes de fonctionnaires. Pour légitimer cette saignée, le gouvernement et ses relais auront bien sûr recours à la fable selon laquelle la France regorgerait de fonctionnaires inutiles. Ce discours idéologique des libéraux est bien loin de la réalité. Un récent rapport de France Stratégie nous apprend que notre pays compte, proportionnellement à sa population, bien moins de fonctionnaires que le Canada, la Finlande, la Suède, le Danemark ou encore la Norvège. Le nombre d’emplois publics est par ailleurs en baisse depuis 15 ans.

    Ainsi, le nombre d’emplois publics dans l’éducation est passé de 30 pour 1000 habitants à 26 pour 1000 habitants. Avec les conséquences que l’on connait sur la dégradation de notre système scolaire. Dans la santé, le nombre de fonctionnaires stagne depuis 2000 alors que les besoins ont considérablement augmenté, notamment du fait du vieillissement de la population. Rajouter à cela de nouvelles réductions d’effectifs aggravera les dysfonctionnements des services publics. La qualité du service rendu baissera inévitablement, quel que soit le dévouement des agents. Ce qui servira de prétexte, le moment venu, pour privatiser.

    L’attaque contre les fonctionnaires et le service public ne s’arrête pas là. Elle comprend un volet de précarisation. Le gouvernement veut appliquer aux salariés des services publics les mêmes recettes qu’il a mis en œuvre pour les salariés du privé avec les ordonnances. Ainsi, il annonce un recours accru aux contractuels. Ce mot désigne les agents du service public qui ne sont pas des fonctionnaires titulaires mais embauchés avec des contrats précaires. Une précarité qui peut s’avérer extrême : dans la fonction publique, il est autorisé de renouveler des CDD pendant 6 ans. Le plan prévoit aussi de s’attaquer aux instances de représentation du personnel, sur le modèle de la destruction des CHSCT opérée par les ordonnances dans le privé. Deux mesures qui vont accroitre considérablement le mal-être au travail qui touche déjà la fonction publique comme l’ont montré les mobilisations dans les EPHAD et dans les prisons. Au moment même où ces annonces étaient faites, les députés de la majorité refusaient de discuter de la proposition de loi de la France insoumise pour reconnaitre les conséquences du burn-out comme maladies professionnelles.

    En vérité, pour une grande partie de la fonction publique, le mouvement de contractualisation – précarisation est déjà bien engagé. Un agent sur cinq est précaire dans les services publics. Dans la fonction publique territoriale, les contractuels représentent désormais une majorité des nouvelles embauches. Le gouvernement souhaite poursuivre et amplifier ce mouvement, notamment en l’ouvrant aux hauts-cadres de l’État, pour l’instant épargnés. Cela revient à dire qu’en lieu et place d’agents titulaires dédiés au service de l’État, le gouvernement veut privilégier pour diriger les administrations des gens qui seront de passage dans la fonction publique, entre deux postes à la tête d’entreprises du CAC40.

    On comprend mieux pourquoi, cet été, il refusait systématiquement nos amendements à la loi de moralisation pour interdire le pantouflage dans la haute fonction publique et prévenir les conflits d’intérêts. Il ne veut pas interdire ces pratiques mais les généraliser. Emmanuel Macron construit un État capté par la caste et tourné vers le service de ses intérêts. C’est dans ce sens qu’il faut également comprendre la loi sur le droit à l’erreur. Elle signifie concrètement moins de contrôles et de sanctions pour les entreprises frauduleuses. Par exemple, plus d’amendes pour celles qui ne respectent pas le droit du travail.
    Le statut de la fonction publique, dans le collimateur du gouvernement, n’est pas un cadeau fait aux fonctionnaires. Il existe pour garantir l’existence d’un corps dédié à l’intérêt général et protégé de l’influence des intérêts privés. C’est pourquoi nous opposons à l’entreprise de destruction du gouvernement la titularisation des précaires des fonctions publiques et la revalorisation des salaires, gelés depuis 2010. Nous proposons de durcir les règles pour les hauts-fonctionnaires contre les conflits d’intérêts, d’allonger les périodes d’interdiction d’exercer une fonction privée après avoir exercé une activité publique dans le même secteur. Nous sommes pour un État au service de l’intérêt général. La vraie réforme dont la fonction publique a besoin est celle qui la mettra à l’abri des puissances de l’argent qui veulent détourner ses missions à son profit.

    Tu fumes ?
    L’industrie du tabac est l’une des plus meurtrières du monde. Son commerce engendre de fortes dépendances et provoque 7 millions de décès prématurés par an. Le lobbying des multinationales du tabac est puissant. Nous en avons eu un nouvel exemple lors de l’élaboration par la Commission européenne d’une directive sur le sujet en 2014. L’épisode fut notamment marqué par la démission d’un commissaire européen qui était soupçonné d’avoir reçu des pots de vin.


    En décembre dernier, la Commission a présenté les actes d’application de cette directive. Sans surprises, ils sont extrêmement favorables aux cigarettiers. Notamment en ce qui concerne la lutte contre le marché noir des cigarettes. Ce n’est pas un petit sujet puisque ce marché noir pourrait représenter jusqu’à 10% du marché légal. Il sape les politiques de santé publique anti-tabac mises en place par les États. Il représente un manque à gagner fiscal pour les États de 10 milliards d’euros en Europe.

    Les cigarettiers sont reconnus par tout le monde comme étant des acteurs centraux de ce marché illégal. Plusieurs d’entre eux ont été condamnés par la justice pour avoir organisé eux-mêmes le marché noir. Pourtant, la Commission européenne n’a rien trouvé de mieux que de confier une grande partie du processus de traçabilité et de suivi aux multinationales elles-mêmes. C’est eux qui sont responsables pour l’apposition des codes qui permettent le suivi sur les paquets. Puis, c’est encore à eux que la Commission européenne confie la gestion, et la transmission des données relatives à la production dans les usines. Les mêmes usines à partir desquelles est organisé le marché parallèle, avec la complicité des cigarettiers.

    Ces différents textes auraient dû passer inaperçus, sans vote. Il y aura finalement le vote du Parlement européen. C’est uniquement du fait du député insoumis Younous Omarjee. Parce qu’il l’a demandé. Il a, en effet, pris la tête de ceux qui, au niveau européen, refusent que les collusions entre la Commission et les fabricants de cigarettes ne mettent en péril les efforts de santé publique mis en œuvre par les États membres.

    Car la directive européenne, trop laxiste, pourrait compromettre l’application d’un protocole de l’Organisation Mondiale de la Santé signé par divers États et qui devrait entrer en vigueur d’ici cet été. Ce protocole pose le principe de l’exclusion des cigarettiers de la lutte contre le marché noir. Les parties prenantes reconnaissent « la diversité des stratégies et tactiques employées par l’industrie du tabac pour parvenir à s’ingérer dans l’élaboration et la mise en oeuvre des mesures de lutte antitabac » . 35 États, dont la France, ont déjà ratifié ce protocole. Il deviendra contraignant lorsque ce nombre montera à 40 États, ce qui devrait être le cas d’ici juillet. L’OMS s’inquiète que l’Union européenne fasse passer des textes contraires juste avant l’entrée en vigueur de son protocole. L’organisation voit donc d’un bon œil le renfort qu’apporte au sein des institutions européennes Younous Omarjee. L’eurodéputé insoumis et le directeur général de l’OMS ont d’ailleurs co-signé une tribune.

    Le mardi 20 février, Younous Omarjee s’est retrouvé seul contre tous à défendre son « objection », puisque c’est ainsi que s’appelle la procédure parlementaire qu’il a utilisée. Devant la Commission environnement du Parlement européen, presque tous les membres ont voté contre lui. Et donc, avec les empoisonneurs et leurs complices de la Commission.

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    • Extraits de l’analyse

      Mais le fondamental est que, petit à petit, la scène politique à droite retourne à sa configuration ancienne RPR/UDF. D’un côté la droite de toujours, les bourgeois flanqués de petit bourgeois qui s’y croient. De l’autre le marais avec Macron. Mais encore faut-il qu’il en reste le roi. La spécialité du « centre » est l’émiettement et la guerre des chefs. Et l’opportunisme électoral… Ils se débanderont au premier coup de canon électoral tiré au but. Ici, les partielles jouent le rôle de tirs d’essai. Les LR ont gagné, les macronistes ont perdu. Et rien d’autre ne peut compter que la réalité.

      La peur et le dégoût comme nourriture quotidienne, c’est le terreau du pouvoir médiatique qui vous « révèle » ce que personne ne veut que vous sachiez. Le pouvoir médiatique est d’essence complotiste.

      La centralité de Macron à droite nous aide car elle empêche l’ancienne droite de se recomposer et de construire un rassemblement autour d’elle. La dynamique du changement peut alors rester de notre côté.

    • « J’appelle Benoit Hamon à se retirer de la vie politique »
      https://www.lemediatv.fr/articles/j-appelle-monsieur-benoit-hamon-quitte-la-vie-politique

      Macron et le CAC40 peuvent compter sur les médias pour assommer la population et dénigrer La France Insoumise. Mais je m’aperçois que personne n’est meilleur que Hamon pour nuire à la gauche. BHL, Schneidermann, Pierre Laurent ou Plenel ne lui arrivent pas à la cheville.

      Ce matin le JDD publie « l’appel » de Benoît Hamon à la France insoumise qui devrait « mettre entre parenthèses sa stratégie solitaire ». Pourtant, une semaine plus tôt Hamon refusait de participer à la campagne pour la sortie du nucléaire, une campagne pensée pour l’unité d’action, sans logos ni code couleurs qui pourraient rappeler LFI. Son mouvement était sollicité depuis décembre pour participer à ce combat crucial. Sa porte-parole a tenté d’expliquer l’inexplicable dans une bouillie de langue de bois si chère au PS agonisant :

      « Lorsque la France insoumise nous a contacté, nous avons consulté les ONG avec qui nous avons l’habitude de travailler. Nous avons estimé que ces dernières menaient depuis longtemps un travail de long terme, et qu’il ne fallait pas les court-circuiter avec une votation citoyenne. C’est pourquoi nous n’avons pas rejoint le comité de pilotage. » La porte-parole précise la stratégie de Génération-s : « Nous sommes bien évidemment pour la sortie du nucléaire, mais nous pensons qu’il faut proposer un plan économique et social plus cohérent, au sein duquel le sujet trouverait sa place, de concert avec les ONG. Nous n’avons pas à nous substituer à elles. »

      Donc, un jour il refuse l’unité politique, une semaine plus tard il la réclame, dénigrant ceux là même qui la mettent en oeuvre. C’est de la bêtise ou de la malveillance ? En tous cas, c’est médiocre et mal intentionné :

      « Il y a unité syndicale, il doit y avoir unité politique à gauche. Ce qui est en jeu dépasse nos petites personnes. C’est le service public : son avenir ou sa fin. J’appelle donc les dirigeants de La France insoumise à mettre entre parenthèses leur stratégie solitaire pour ajouter leur force à la mobilisation unitaire », souligne M. Hamon.

      Il se prend pour qui ? Si seulement il avait montré par le passé une capacité à rassembler et à construire une opposition. Mais non. Rien de rien. Que des moulinets et des invocations, des paroles, des gesticulations.
      N’était-il pas solitaire, lui plutôt, avec ses 6% du premier tour, quand il était insulté par ses anciens amis Valls et Hollande, mais justifiait son incapacité à quitter le PS uniquement par la nécessité de rembourser les dépenses électorales ? Dépenses qui ont atteint des montants astronomiques rapportées au nombre de voix et à la durée de la campagne. Dépenses que l’on va éplucher avec intérêt car il serait intéressant de comprendre comment il est possible de dépenser autant d’argent en si peu de temps, pour des meetings vides (des jauges grand maximum à 2000 personnes à Lille, souvent quelques centaines), une communication indigente, une absence de militants pour tracter ou « dépenser » des supports de campagne.

      Il va falloir commencer à s’intéresser sérieusement à un personnage d’une telle duplicité.

      Par exemple, de véritables tactiques d’apparatchik sont pratiquées par Hamon en Juillet 2016 pour laisser passer la loi travail : Il préférait une tribune dans la presse au dépôt d’une motion de censure !!! Lisez l’article, le rappel des faits est gratiné. Il montre que 7 mois avant sa candidature à l’élection présidentielle, Benoît Hamon n’est toujours pas de gauche et ne veut toujours rien tenter contres ses amis « progressistes » néolibéraux du PS. Cette phrase du journaliste résume bien la fermeté des convictions du personnage : « certains avaient évoqué l’hypothèse d’un raté calculé, et ce afin de ne pas se faire exclure du PS. Le Premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis a lui toujours indiqué que le dépôt d’une motion de censure contre le gouvernement aurait pour conséquence l’exclusion du parti. »

      Lutter contre la loi travail semble ainsi bien difficile pour celui qui a intrigué en faveur de Valls quelques mois plus tôt. Et il est effectivement logique de penser qu’en aidant Valls à devenir premier ministre, en coulant Ayrault, Hamon savait qu’il aurait à couvrir des menées ultra libérales, voire les soutenir. On ne devient pas Ministre de l’Education pour quelques mois en soutenant un type comme Valls sans se compromettre avec quelques promesses de soutien le moment venu. Ce Rastignac du PS est finalement très simple à lire. Un Macron aux petits pieds.

      Le récit du complot dans la presse : « Benoît Hamon, alors ministre délégué à l’Économie sociale et solidaire, apporte la caution de l’aile gauche à la manigance qui aboutit le 30 mars 2014, soir de déroute pour le gouvernement aux élections municipales. Les maroquins tournent : Arnaud Montebourg voit ses prérogatives élargies à l’Économie, Benoît Hamon est promu à l’Éducation nationale. »

      « La caution de l’aile gauche »... Comme en 2012 contre Mélenchon. Hamon n’existe que par la capacité de nuisance qu’il construit patiemment et offre aux néolibéraux comme un rempart le moment venu. Il est ainsi le chien de garde de cette sociale démocratie à bout de souffle qui a élevé Macron en son sein. Toutes ses indignations sont feintes. A la fin il ne rallie jamais la gauche. Il lui demande de se rallier à lui. Incroyable vanité ! Et désespérante bêtise des quelques centaines de milliers de gens, souvent très diplômés, qui n’ont pas été assez rigoureux pour comprendre l’esbroufe.

      Pourtant le tombeur de Ayrault est-il un mystificateur si chevronné ?

      En juin 2017 il perd les élections législatives dans sa commune de Trappes sérieusement ébranlée par le communautarisme. Or à Trappes aux présidentielles, il avait fait 24,23 % quand Mélenchon faisait 32,62 % et Macron 17,65 %. On s’aperçoit que le peuple d’une banlieue en grande difficulté, qui l’a vu à l’oeuvre pendant 5 ans, comprend mieux la vacuité du personnage que les cadres supérieurs et les intellectuels des centre-villes qui pensent voter pour un défenseur du bien commun. Les citoyens savent qu’une caution, un rempart, un faux nez, ne peut rien changer à leur vie quand ils ont besoin que les politiques soient charpentés et déterminés pour affronter les multinationales de l’eau ou de l’électricité qui coupent les robinets….

      Cette duplicité est aussi révélée par le fait que sa femme n’est pas la simple citoyenne ayant droit à la confidentialité qu’il réclame pour elle en invoquant le féminisme :

      « Je trouve incroyable qu’en 2016, une femme puisse dire d’une autre qu’il faille qu’elle se cache derrière son compagnon, en l’occurrence moi, avait répliqué Benoît Hamon.
      J’ai une grande admiration pour ma femme. Elle souhaite rester discrète sur sa vie, on est au 21e siècle, on a deux carrières différentes et ce n’est pas parce que je fais de la politique que je dois l’imposer à ma femme et à mes filles ».

      Mystification à nouveau. Séchons vite les larmes des « progressistes » sociaux démocrates bouleversés par l’évocation de la femme et des enfants et intéressons les aux faits : sa femme est bel et bien une activiste politique, Gabrielle Guallar, qui a bataillé pour le compte de son employeur en faveur de l’ouverture des magasins le dimanche, a défendu la casse sociale des lois Macron au sein même du sénat, le 10 mars 2015 devant une commission spéciale chargée d’examiner la loi Macron. Elle est lobbyiste pour Bernard Arnault. Ses activités professionnelles lui imposent d’aller contre les idées que son mari professe, voire d’intriguer comme le font les lobbyistes pour amender les propositions de loi, les rédiger carrément, obtenir des révisions en catimini au petit matin, inviter les plus récalcitrants en voyage ou les couvrir de cadeaux. C’est ce que font les lobbyistes comme elle. Lire l’article ici.

      On ne lui interdit pas de l’être d’ailleurs. A chacun son éthique et sa morale. Les lobbyistes sont l’ADN de l’Europe et ils ont pignon sur rue. Ils représentent même la quintessence de la réussite politique de notre temps : être capable d’influencer au point que les lois sont contournées, détournées, dévoyées, et de telle manière que le citoyen ne pourra jamais défendre l’intérêt publique. Oui Madame Hamon peut parfaitement passer ses journées professionnelles à pourrir la vie de Monsieur Hamon, soi-disant représentant du peuple de gauche. Mais on interdit à Monsieur Hamon de nous le cacher. Ainsi, quand il est devenu Ministre de l’éducation nationale, Monsieur Hamon n’a pas expliqué aux citoyens que le chef de Madame Hamon chez Arnault était aussi le Président du conseil d’administration du CNED, un organisme financé par… l’Education nationale. Même le Canard enchaîné s’en était offusqué.

      Beaucoup de cachotterie pour quelqu’un qui donne des leçons à la terre entière. Et pourtant, cela nous l’aurait presque rendu sympathique finalement, s’il avait eu ce petit sursaut d’exigence morale, et nous avait révélé qu’il vivait avec un ennemi politique direct, très haut placé et très actif. On aurait imaginer les empoignades idéologiques et les crêpages de chignon, la difficulté d’expliquer aux enfants que papa veut réformer l’Europe mais que maman ne veut pas… Mais je déraille. Voilà que je parle des enfants comme un vulgaire Hamon.

      Il aurait pu dire : "ok, elle est de droite, d’extrême centre, je suis de gauche, on vit comme cela, ça ne vous regarde pas ». Il aurait aussi pu dire : « son salaire extravagant (ce genre de poste est au-delà des 10 000 euros bruts mensuels) ne me pousse pas à mener la grande vie et notre appartement n’est pas (indirectement) payé par Bernard Arnault, car je mets un point d’honneur à dissocier ma vie privée de ma vie politique » .

      Mais au lieu de cela il la fait passer pour une oie blanche dont il se dit fier des diplômes (Collège d’Europe de Bruges, le ENA européen, particulièrement ultra libéral), en escamotant la réalité de ce qu’elle est : une activiste politique au service direct d’un des oligarques les plus voraces de la place. Il nous la fait passer pour une brave femme innocente et inoffensive qu’il conviendrait de protéger, et nous prend pour des abrutis. Récurrent chez ce monsieur. La duplicité comme art de vivre.

      Et les sujets d’étonnements ne s’arrêtent pas là.

      Dans le JDD ce jour, il rappelle qu’il ne « fait pas partie de ceux qui pensent que la reconquête des classes populaires passe par l’abandon de l’Europe » .
      « Nous sommes d’accord sur le constat. L’Union européenne est mal gouvernée. Mais nous avons un désaccord stratégique car LFI envisage sérieusement une sortie de la France de l’euro et de l’union européenne. C’est une erreur majeure. »

      Or il s’allie avec Varoufakis qui a craqué lors du bras de fer avec l’Eurogroupe et contribué à plonger la Grèce dans le moyen âge social. L’histoire de Tsipras et Varoufakis est en train de s’écrire. Il est désormais clair qu’ils ont joué un rôle actif de défense du système ultra libéral imposé par l’Europe aux Etats. Et Hamon ne trouve rien de mieux que de s’allier à eux.
      Mais ce type n’a t’il aucune pudeur ? Est-il prêt à toutes les combines pour s’inventer une façade « progressiste » respectable ? Il fonctionne tout le temps sur des manoeuvres d’appareil, des alliances de circonstances, l’incapacité profonde à se forger une conviction. Tout pour la survie politique et le remplissage de l’égo. C’est ce qui le caractérise le mieux finalement : le tout à l’égo.

      Voici plus bas ce qui est disponible entre autres concernant Varoufakis et la Grèce (sur le site d’Olivier Berruyer les-crises.fr). C’est une longue analyse sérieuse et documentée qui montre que l’Europe actuelle ne se réformera pas. Elle se quittera. Les forces à l’oeuvre au sommet ne laisseront jamais le pouvoir leur échapper. La Grèce en a apporté la preuve. Les paradis fiscaux constitutifs de l’Europe actuelle en apportent une seconde preuve.

      Un passage de l’étude d’Eric Toussaint :

      Dès le mardi matin 24 février, les médias ont affirmé que le retard était la preuve que Varoufakis était incompétent. Varoufakis commente : « Une accusation à laquelle je ne pouvais pas répondre sans dire que j’avais secrètement négocié avec les créanciers avant de soumettre officiellement ma liste » (p. 286). Le pire était à venir : quelques heures plus tard, la presse grecque révélait le contenu du document envoyé par Varoufakis à l’Eurogroupe et annonçait que ce document avait été écrit par Declan Costello de la Commission européenne, ce qui était largement vrai. Comme le reconnaît Varoufakis : « Mon sang n’a fait qu’un tour, j’ai pris mon ordinateur portable, ouvert ma liste de réformes, cliqué sur « Dossier », puis sur « Propriétés », et j’ai vu qu’à côté d’« Auteur » apparaissait « Costello Declan (ECFIN) [Affaires économiques et financières] », et juste en dessous, après « Entreprise », deux mots couronnant mon humiliation : « Commission européenne » » (p. 287). [5
      Varoufakis poursuit son récit et dit que toute honte bue, il se rend à la réunion du Conseil des Ministres. Il affirme qu’après deux heures de discussion, il a obtenu le feu vert
      des ministres pour poursuivre les négociations sur la base du texte qu’il avait envoyé la veille à l’Eurogroupe. Varoufakis ne donne aucun détail sur la discussion qui a eu lieu lors de cette réunion ni sur les personnes qui étaient présentes.
      Heureusement, d’autres sources sont disponibles pour se faire une idée correcte des discussions qui ont eu lieu lors de ce Conseil des Ministres restreint. Voici un extrait d’un article rédigé par une journaliste bien informée du quotidien grec Kathimerini : « Dans les sommets gouvernementaux, les frictions internes se sont exprimées lors de la réunion du Conseil Gouvernemental d’hier, où le ministre de la Reconstruction productive, de l’environnement et de l’énergie, Panagiotis Lafazanis, a exprimé de fortes réserves à l’égard des engagements pris par le gouvernement avec une liste des réformes envoyées aux partenaires et a demandé des clarifications, principalement au sujet des privatisations, qui concernant son ministère, mais aussi en référence à l’engagement pris de poursuivre l’harmonisation du marché de l’électricité et du gaz naturel avec les normes du marché et la législation de l’UE. Mme Nadia Valavani [6] a soulevé la question de la mise en œuvre rapide du règlement des arriérés de dette. De la part d’autres ministres, cependant, on percevait des murmures de désapprobation quant au fait qu’ils n’avaient pas vu le texte dans sa forme finale avant qu’il ne soit envoyé. » [7]

      Et LFI ferait une erreur majeure en s’éloignant des liquidateurs de l’Eurogroupe ? Ceux qui ont traité le nouvel allié de Hamon d’une telle manière et qui ne sont pas élus ? Par quel miracle Hamon imagine-t’il les combattre quand le vote n’est même pas une solution ? On comprend pourquoi il ne dit jamais rien des moyens qu’il compte utiliser pour réformer en profondeur l’Europe actuelle de l’intérieur. Il ment par omission. Il n’a aucun plan.

      Hamon est un enfumeur professionnel qui surfe sur la peur des gens à remettre en question sérieusement le système de prédation dans lequel ils vivent depuis toujours. Il trouvera toujours des angles d’attaque destinés à leurrer ceux qui sont influencés par la propagande du "no alternative ». C’est son fond de commerce.

      On l’ a vu avec le revenu universel. La LFI se bat pour une reconstruction du travail et de l’emploi en luttant contre les multinationales (LVMH notamment !) qui ne paient pas d’impôts quasi légalement, qui poussent Valls (poussé par Hamon !) et Macron pour financer leur recherche ou leurs licenciements, qui tronquent leurs données concernant leurs empreintes environnementales, etc. Alors, au lieu de rejoindre LFI, Hamon doit inventer pour se différencier et appâter les naïfs qui n‘ont plus aucune culture politique, et surtout aucune velléité de creuser : il invente le miroir aux alouettes d’un revenu qui bénéficierait à toutes et à tous… Avec l’argent de qui ? En taxant les multinationales sans quitter l’Europe ? Par simple pouvoir de conviction verbal ? Tartuffe. Ici un article qui remet les pendules à l’heure sur cette énième esbrouffe :

      « Ainsi, la redistribution des richesses et la fin de l’exploitation ne passera pas par la proposition de revenu universel d’un Hamon, qui a fait ses bancs d’école au PS et au gouvernement. Il y a, sur ce terrain là, une bataille à mener. De plus, il serait pour le moins utopique de croire que les classes dominantes laisseraient tout à coup financer un revenu universel à la hauteur d’un niveau de vie décent, acceptant ainsi une redistribution des richesses à laquelle elles passent au contraire leur temps à s’opposer - en refusant d’interdire les licenciements, en faisant pression sur les salaires à la baisse, en détricotant la sécurité sociale et le droit du travail, en organisant le chômage. Ainsi, si l’on veut imaginer un véritable « revenu universel », cela passera d’abord par la lutte pour la baisse du temps de travail, via son partage entre toutes et tous. »

      Dans le registre de la vacuité des propositions, cette note de blog ici, avec ce passage :

      « On trouve des tas de choses séduisantes dans le programme de Hamon, comme mettre “une dose de proportionnelle” dans les élections législatives, reconnaître le vote blanc ou encore un “49.3 citoyen” qui permettrait à des gens d’avoir une incidence sur la proposition ou le vote d’une loi. Bref, ça ne mange pas de pain comme on dit. D’autres points consistent essentiellement à réparer les dégâts commis par le gouvernement dont Hamon fut un temps ministre : abroger la loi travail, par exemple, passe pour une mesure particulièrement “de gauche”, même si Hamon n’aurait pas eu besoin de le proposer s’il avait voté la motion de censure déposée par l’opposition au moment du passage en force de la loi. D’autres mesures sont carrément anecdotiques et ne parlent qu’aux cadres et professions intellectuelles qui, il est vrai, ont constitué la plus grande part des votants à la primaire de la “Belle Alliance populaire” qui n’avait de populaire que le nom. Par exemple, le droit à la déconnexion (pourtant déjà présent dans la loi Travail qu’il se propose d’abroger) qui ne concerne guère les employés et ouvriers, ou encore le revenu universel, qui comme son nom l’indique, est versé aux pauvres comme aux classes moyennes ou aux gens aisés. »

      Voilà, j’ai pris quatre heures à bosser sur le cas de ce sinistre personnage parce qu’il m’a mis en colère avec cette nouvelle démonstration de sa cuistrerie dans le JDD, et aussi parce que j’en suis arrivé à penser que c’était une erreur de l’ignorer. L’insignifiance intellectuelle et politique ne supprime pas le danger. Au contraire. La démagogie est la plus insidieuse des armes à combattre et Hamon est plus dangereux que la droite et le CAC40 réunis finalement.

      Il va falloir que nous soyons costauds en face de gens dénués de toute fierté. Il faudra éplucher leurs arguments et les dénoncer un à un, en leur opposant toujours notre programme politique.

      Mais le timing est bon. Il faut les démasquer maintenant et ne pas avoir à le faire 6 semaines avant le premier tour…

      Deeplo.

      http://www.lejdd.fr/politique/benoit-hamon-jappelle-la-france-insoumise-a-mettre-entre-parentheses-sa-strate

      http://revolutionpermanente.org/Benoit-Hamon-et-la-fausse-bonne-idee-du-revenu-universel

      https://blogs.mediapart.fr/revue-frustration/blog/130217/hamon-est-il-vraiment-tres-gauche

  • #Vandana_Shiva : « Pas besoin de glyphosate pour nourrir le monde »
    https://www.mediapart.fr/journal/france/270218/vandana-shiva-pas-besoin-de-glyphosate-pour-nourrir-le-monde

    L’activiste et auteure indienne, lauréate du Nobel alternatif en 1993, appelle dans un entretien vidéo accordé à Mediapart, les agriculteurs français à sortir de l’âge des engrais et à se réconcilier avec la nature. Elle publie un livre d’entretien avec Nicolas Hulot, où elle défend une vision combative de la biodiversité et de la transition énergétique.

    #France #Culture-Idées #agriculture #Ecoféminisme #Ecologie #OGM

  • Le gouvernement lance l’évacuation du site de #Bure
    https://www.mediapart.fr/journal/france/220218/le-gouvernement-lance-l-evacuation-du-site-de-bure

    Le ministre de l’intérieur, #Gérard_Collomb, a lancé l’évacuation du site de Bure, jeudi matin très tôt. Cette évacuation intervient le jour même où Sébastien Lecornu, secrétaire d’État auprès de Nicolas Hulot, se rend dans la Meuse. Les associations, qui contestent ce projet d’enfouissement de #Déchets hautement radioactifs, excluent désormais toute rencontre avec le secrétaire d’État. Notre dossier sur Bure.

    #France #Ecologie #nucléaires

  • « Emmanuel Macron est capable d’audace et de transgression » ; une "révolution énergétique a commencé sous l’impulsion de Nicolas Hulot", nous dit une tribune d’Edgar Morin (Sociologue et philosophe), LE MONDE | 21.02.2018

    Chacun possède une dualité, voire une multiplicité intérieure, mais certains personnages historiques sont remarquables par une dualité politique étonnante. Ainsi de Gaulle, à la fois rebelle et rassembleur national pendant la guerre, porté au pouvoir par l’Algérie française et renversant ses géniteurs putschistes pour reconnaître l’Algérie algérienne, politiquement rénovateur et socialement conservateur durant sa présidence.

    Pour comprendre Macron, je partirais d’un fait de vie privée qui traduit un choix de vie audacieux et une capacité de transgression extraordinaire : contre vents et marées et plutôt contre les obstacles des milieux conformistes bourgeois de province, il épouse sa professeure de lycée plus âgée que lui et déjà mère de deux enfants, et il assume cette transgression ouvertement tout au long de sa carrière.

    QUAND IL SE LANCE DANS L’AVENTURE PRÉSIDENTIELLE, IL TRANSGRESSE TOUTES LES RÈGLES DU JEU APPAREMMENT INAMOVIBLES DE L’ADOUBEMENT PAR UN PARTI
    Quand il se lance dans l’aventure présidentielle, il transgresse toutes les règles du jeu apparemment inamovibles de l’adoubement par un parti et il part aventureusement, créant de toutes pièces un rassemblement dynamique d’éléments captés dans les partis, qui s’en disloquent, ce qui, évidemment dans des circonstances favorables, le conduit à la présidence de la République. On peut dire qu’il y a du Bonaparte, du Boulanger, du de Gaulle dans cela, mais la différence est qu’il n’y a au départ aucun prestige ni gloire militaire, mais un jeune civil audacieux.

    Par ailleurs, une autre étonnante dualité réside dans le fait d’être un intellectuel littérairement et philosophiquement cultivé et un homme qui fait carrière aux antipodes de la philosophie, dans la banque et la finance.

    Hulot ou l’antagonisme au gouvernement

    D’où une autre dualité. Il remet à l’actualité le souci du grand destin de la France, se hausse au niveau de l’intérêt national supérieur, mais, en même temps, sa pensée politico-économique demeure totalement conforme au néolibéralisme et plus encore à la vulgate technocratique économique régnante dans les classes dirigeantes, comme chez ses prédécesseurs, fondée sur la compétitivité, les économies budgétaires, les faveurs aux entrepreneurs et les restrictions aux salariés, et respectant comme évident le pouvoir financier. Et lui-même a plusieurs fois affirmé sa conviction que la richesse nationale vient principalement des riches.

    Les cabinets ministériels sont truffés plus que jamais de jeunes technocrates qui ne voient le réel qu’à travers les chiffres. On arrive même à une contradiction entre sa pensée humaniste affirmée et le comportement concret du ministre de l’intérieur, des instances policières et judiciaires à l’égard des réfugiés.

    SUR NOTRE-DAME-DES-LANDES, IL NE SE RALLIE PAS À LA CONCEPTION DES ZADISTES, MAIS IL TRANSGRESSE LA VISION TECHNO-ÉCONOMIQUE DOMINANTE
    Enfin, Emmanuel Macron a instauré de lui-même, sinon une contradiction, du moins un antagonisme, au sein de son gouvernement, non tant en mêlant ministres issus de la gauche et de la droite, mais en y installant à une place noble [ministre de la transition écologique] Nicolas Hulot, symbole des problèmes écologiques devenus vitaux et d’une nouvelle politique.

    Cela dit, deux actes macroniens témoignent d’un début de transgression de la vulgate techno-économique. Le premier est la riposte à la décision du président Trump de renoncer à l’accord international sur le réchauffement climatique, dans le discours où s’énonce pour la première fois une pensée planétaire, « Make our planet great again ». Le second est dans le renoncement à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes où s’étaient cristallisées et radicalisées deux conceptions de la société. Il ne se rallie certes pas à la conception des zadistes, mais il transgresse, dans ce cas symbolique, la vision techno-économique dominante dont il était le promoteur.

    Une autre pensée économico-politique

    Va-t-il évoluer et passer de la transgression au renoncement, du renoncement à l’adoption d’une autre pensée économico-politique ? Cette autre pensée a déjà été formulée. C’est celle d’une grande politique de salut public, dont la révolution énergétique (qui a commencé sous l’impulsion de Nicolas Hulot) serait un premier élément, et comporterait une grande politique des villes visant à dépolluer et déstresser la vie urbaine, une grande politique des campagnes faisant régresser l’agriculture et l’élevage industrialisés, ravageurs des terres, dont les produits standardisés sont insipides et insanes, au profit de l’agriculture fermière, raisonnée, et bio.

    Lire aussi : Petite philosophie du macronisme

    L’une et l’autre politique auront besoin de main-d’œuvre, fourniraient du travail, feraient régresser le chômage, l’une et l’autre auraient un apport décisif à la santé publique et susciteraient d’énormes réductions dans les dépenses de pharmacie, de médecine, des hôpitaux.

    Enfin, ces deux volets politiques auraient besoin d’être complétés par un grand projet de solidarité qui oriente le service national annoncé des jeunes en service national de solidarité, qui opère la création dans tout le tissu urbain français des maisons de solidarité, qui effectue prêts ou subventions favorisant et stimulant toutes entreprises ayant un caractère d’entraide de secours et de solidarité.

    La transgression peut être une progression

    La promotion conjointe de responsabilité et de solidarité seraient elles-mêmes favorisées par une réforme profonde de l’éducation dont est capable le ministre en exercice, Jean-Michel Blanquer, qui enseignerait le mieux-vivre. C’est bien là la nouvelle voie qui permettrait à M. Macron de réaliser son aspiration profonde, qui est d’inscrire sa marque historique dans le destin national et d’infléchir le destin planétaire. C’est à cette ultime transgression, qui serait alors une grande progression, que le convient les forces vives du pays.

    Emmanuel Macron ira-t-il soit progressivement, soit par conversion rapide, vers un grand destin national, lequel est inséparable d’une grande politique, pas seulement extérieure, mais intérieure ? Autrement, il n’y aura pas de grande présidence. Au moment de conclure, une voix me dit que j’ai aussi mon double « je » :
    « Cet espoir est-il crédible ? N’est-il pas déjà trop installé dans son credo techno-économique ? N’a-t-il pas acquis définitivement le culte de la réussite et le dédain pour les laissés-pour-compte ?
    – Peut-être, je ne sais pas… Mais je sais qu’il est capable d’audace et de transgression. »

    Après Emmanuel Carrère et François Dosse (j’ai du en louper), une autre présentation du énième président des riches en intellectuel "complexe", de quoi raffermir un anti intellectualisme déjà bien présent dans l’hexagone.

    #com' #présidentialisme #carpettes

    • Emmanuel Macron : « Paradoxalement, ce qui me rend optimiste, c’est que l’histoire en Europe redevient tragique »

      Le président de la République, qui polit son image intellectuelle, a accordé un entretien à « La Nouvelle Revue française », dans lequel il revient sur la littérature et l’exercice du pouvoir. Extraits.

      LE MONDE | 27.04.2018 à 12h02
      Y a-t-il encore dans la politique quelque chose de « romanesque » ? C’est la question que pose La NRF dans son 630e numéro, à paraître au mois de mai. Pour tenter de répondre à cette question, le rédacteur en chef, Michel Crépu, et l’avocat et écrivain Alexandre Duval-Stalla ont confronté le chef de l’Etat, Emmanuel Macron, à son propre rapport à la littérature.

      Dans quelle mesure votre pratique de la littérature joue-t-elle avec votre travail de président de la République, concrètement, à travers vos contacts avec les dirigeants du monde entier ?

      Emmanuel Macron : Cela dépend des situations. Pour moi, le premier apport de la littérature est de m’avoir transmis certaines choses avant même que je les connaisse. J’ai connu les odeurs des fleurs d’abord chez Colette ou Giono avant de les respirer moi-même… Ma grand-mère m’a initié au premier Giono, celui de Regain et de Colline, au merveilleux Giraudoux que plus personne ne lit aujourd’hui, à Colette énormément. Ensuite, au cours de l’adolescence, il y a eu Gide et Camus. Proust et Céline sont venus après. Un livre comme Les Nourritures terrestres a été très important pour moi, en même temps que j’étais touché aussi par Camus. D’un côté, Gide l’intellectuel devenu sensuel, et de l’autre côté, Camus arrivant de la Méditerranée, avec son côté brut, minéral, devenant intellectuel engagé. Il y eut aussi René Char, pour la poésie.
      Ce que je veux dire, c’est que tout cela construit un cadre sensible et intellectuel qui demeure et qui influence le regard qu’on porte sur le monde. J’ai fait beaucoup de philosophie, mais c’est surtout la littérature qui m’a structuré, à la fois pour les « grands personnages » et le sens du détail. On se souvient de la phrase de Stendhal : « Au séminaire, il est une façon de manger un œuf à la coque qui annonce les progrès faits dans la vie dévote. » Cette façon d’esquisser à grands traits la fresque historique tout en étant capable soudain de ces détails minutieux qui disent tout de la grande aventure, voilà la littérature.
      Et les personnes ?

      Cela dépend. Avec un homme comme Vladimir Poutine, l’art, la musique, la littérature, l’histoire ont une résonance forte. Je l’ai constaté à Versailles récemment à travers la figure de Pierre le Grand. Angela Merkel est plus « scientifique » que littéraire dans son approche des choses, mais la musique a pour elle une grande importance. En Afrique, avec certains dirigeants ou dans certains cercles, cela joue un vrai rôle, car l’ombre de Senghor est toujours là et la francophonie nous questionne sur notre rapport avec le langage, donc avec les œuvres qui en sont faites.
      Mais en fait, l’aspect le plus décisif est le rapport aux Français. Il y a toujours deux choses au sein du pays, deux dimensions qui ne se confondent pas : l’exercice du pouvoir et l’incarnation du pays. Ces deux dimensions entrent en tension lorsque il n’y a pas une histoire, un drame, le sentiment pour la société d’une destinée qui se joue. Les Français sont malheureux quand la politique se réduit au technique, voire devient politicarde. Ils aiment qu’il y ait une histoire. J’en suis la preuve vivante ! Je suis très lucide sur le fait que ce sont les Français et eux seuls qui m’ont « fait » et non un parti politique.
      Du point de vue du système politique traditionnel, je suis une aberration. Si la politique se résumait à cette sorte de chimie qui fait son œuvre comme si de rien n’était, je ne serais pas là. En réalité, je ne suis que l’émanation du goût du peuple français pour le romanesque : cela ne se résume pas en formules, mais c’est bien cela le cœur de l’aventure politique. En somme, on est toujours l’instrument de quelque chose qui vous dépasse.
      Avez-vous ressenti cela au moment des funérailles de Johnny, qui incarnait symboliquement quasiment Victor Hugo, descendu de l’Arc de triomphe au Panthéon devant des millions de Parisiens ? Cela aurait amusé Jean d’Ormesson !

      Johnny, c’est encore autre chose que Jean d’Ormesson, où entrait la dimension d’hommage officiel. Johnny Hallyday, je le connaissais et je connais des admirateurs ; je savais qu’ils ne voulaient pas d’un discours. J’ai passé une nuit à l’écrire en sachant parfaitement que ce discours ne servirait à rien, que les gens n’en voulaient pas et surtout pas d’un discours du président de la République !
      Alors pourquoi ?

      Cela fait des décennies que le pouvoir politique est sorti de l’émotion populaire. Il faut considérer cela : l’émotion populaire se moque des discours. Le jour des obsèques, je savais très bien que la foule qui était là n’était pas acquise. Elle n’attendait pas un discours officiel. Elle était dans l’émotion brute du moment. C’est cette émotion que j’ai partagée avec la foule. Rien d’autre. Les gens ne vous reconnaissent comme un des leurs que si vous prouvez que vous êtes capable de partager leur émotion. Que vous ne les prenez pas de haut. Je ne sais pas si j’y suis arrivé, mais beaucoup sont venus me remercier pour ce que j’avais dit à ce moment-là. Encore une fois, il ne faut jamais oublier que vous représentez à la fois le pouvoir et la nation, ce sont deux choses qui vont de pair mais que l’on ne peut confondre. Cette dualité est constitutive de ma fonction.
      (…)
      Les intellectuels français éprouvent toujours à l’endroit du pouvoir une méfiance instinctive qui est tout à fait absente chez le Mauriac du « Bloc-notes » – il y a au contraire une jubilation à se confronter à la réalité politique…

      J’assume totalement la « verticalité » du pouvoir, qui croise l’horizontalité de l’action politique. J’assume les choix qui sont faits, et je hais l’exercice consistant à expliquer les leviers d’une décision : il y a un temps pour la délibération, un temps pour la décision, ils ne peuvent se confondre. Cela n’a rien à voir avec l’autoritarisme, car j’assume aussi de ne pas décider trop vite, de réfléchir, comme en ce moment sur les questions religieuses, par exemple. Il faut que les choses circulent. Que la société les mûrisse pour son compte. Mais il faut aussi faire attention à ce que le délibératif ne devienne pas de l’indéterminé. Le délibératif est une phase transitoire, il n’est pas le préalable au nihilisme.
      On a beaucoup accusé Mai 68 d’être à la source d’un mode d’indifférenciation…

      Mai 68 a été, voici cinquante ans, un moment de confrontation avec le pouvoir. Cela correspond à un instant historique qui avait ses fondements et son actualité alors. Aujourd’hui, nous vivons quelque chose de très différent dans le rapport entre la société et le pouvoir. Mai 68, ce fut un moment. Il est passé. Nous sommes dans une autre configuration.
      Quel est l’enjeu, aujourd’hui ? Quelle est la confrontation ?

      Le grand enjeu, c’est de sortir de l’insignifiance. Nous vivons depuis trente ans une forme de postmodernisme mal digéré. L’enjeu, c’est de retrouver la possibilité de construire, en assumant la part parfois univoque, unilatérale de toute décision.
      Qu’est-ce qui vous rend optimiste, si tel est bien le cas ? Et pessimiste ?

      Rien n’incite tant au pessimisme que le nihilisme qui partout menace, et qui conduit au cynisme, à l’absence de tout désir et de toute ambition. Paradoxalement, ce qui me rend optimiste, c’est que l’histoire que nous vivons en Europe redevient tragique. L’Europe ne sera plus protégée comme elle l’a été depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Ce vieux continent de petits-bourgeois se sentant à l’abri dans le confort matériel entre dans une nouvelle aventure où le tragique s’invite. Notre paysage familier est en train de changer profondément sous l’effet de phénomènes multiples, implacables, radicaux. Il y a beaucoup à réinventer. Et dans cette aventure, nous pouvons renouer avec un souffle plus profond, dont la littérature ne saurait être absente.
      Propos recueillis par Michel Crépu et Alexandre Duval-Stalla

      « Politique et littérature, l’énigme Macron »
      Pour l’écrivain et rédacteur en chef de « La Nouvelle Revue française », Michel Crépu, la vie politique et la littérature vont de pair en France. Et c’est pour connaître le rapport qu’entretient le président Emmanuel Macron avec les lettres que « La NRF » l’a interrogé.

      LE MONDE | 27.04.2018 à 12h02 | Par Michel Crépu (écrivain, rédacteur en chef de « La Nouvelle Revue française »)

      Tribune. En Amérique, le président jure sur la Bible, en France il pose devant la bibliothèque. Les reliures pourpres sont là, personne ne les lit jamais, mais il est essentiel qu’elles soient dans le champ visuel. Que l’on sache que l’esprit des lettres imprègne invisiblement la conscience du nouvel élu. Pour la photo officielle, l’actuel président Macron a joué d’une certaine ambiguïté, en laissant traîner sur le guéridon quelques Pléiades à peine identifiables. C’était une façon désinvolte de ne pas insister sans oublier l’existence des grands auteurs.
      En France, pour ce qui est de la politique et de la littérature, les choses sont allées de pair, de Joinville au général de Gaulle, dans une relation d’intimité complice, jusqu’à ce que le lien se défasse, faute de personnel. François Mitterrand, nous le savons maintenant grâce à la publication de sa correspondance avec Anne Pingeot, a gardé la littérature pour l’amour plus que pour la politique. Ses successeurs n’ont pas fait montre, de leur côté, d’ambitions particulières. En un sens, cela valait mieux.
      Chirac n’y pensait tout bonnement pas, Sarkozy par foucades débridées, Giscard au retour de la chasse, Hollande préférant la lecture du journal. Il faut remonter à Pompidou avant Jésus-Christ pour entendre Eluard à l’Elysée. Et Macron ? C’est le travail d’une revue de chercher à le savoir. D’où cet entretien, qui paraît aujourd’hui dans La NRF de mai 2018, cinquante ans après les événements fameux.
      On ne jure pas sur la Bible mais on fait un peu son Montaigne
      Du temps, pas si éloigné, où le principe d’une conversation avec le pouvoir était voué sur-le-champ aux gémonies, une telle chose était impensable. L’histoire politique de La NRF, riche en bouleversements idéologiques, montre pourtant combien, de Gide et Rivière à Paulhan, la politique a fait l’objet d’un intérêt passionné. L’époque des années 1930 se cherchait un centre de gravité, La NRF y joua sa partie. On touche là au vif de ce que représente aujourd’hui une revue telle que La NRF, avec beaucoup d’autres : arriver à nommer son temps, les figures et les idées qui l’animent. Ainsi, dans ce même numéro, un journal de bord de tournage par l’acteur Melvil Poupaud, voisine-t-il avec les perplexités présidentielles sur la future destinée romanesque du continent européen.
      Le roman a-t-il encore ses chances dans la politique mondiale ? Que signifie faire du cinéma ? Sans faire la prophétesse de malheur ni la bonimenteuse de paradis, La NRF choisit de voyager avec ces questions. Car l’espace d’une revue sert précisément à cela : voyager avec certaines questions qui valent mieux que d’autres. On ne jure pas sur la Bible mais on fait un peu son Montaigne : c’est mieux que vivre sous l’hypnose du mage Houellebecq. Dévider la bobine sans s’obséder d’avoir le dernier mot. « Nonchalant » de lui comme Montaigne l’était de sa propre mort. Après tout, la politique n’est-elle pas un autre nom du réel ? C’est aussi bien le cas de la littérature, expérience délicieuse et douloureuse à la fois de la contradiction illimitée.

      Intello en carton qui, par exemple, confond langue et langage.

      https://seenthis.net/messages/598516

      Le philosophe et le président
      FRANÇOIS DOSSE
      http://www.editions-stock.fr/livres/essais-documents/le-philosophe-et-le-president-9782234084483

      François Dosse : « La métaphore de la cordée permet à Emmanuel Macron de définir une forme originale de libéralisme »
      https://www.lopinion.fr/edition/politique/francois-dosse-metaphore-cordee-permet-a-emmanuel-macron-definir-forme-1362

  • Pourquoi Emmanuel Macron fait-il la cour aux chasseurs ?
    https://www.20minutes.fr/politique/2220187-20180214-pourquoi-emmanuel-macron-fait-cour-chasseurs
    https://s14-eu5.ixquick.com/cgi-bin/serveimage?url=https:%2F%2Fwww.agoravox.fr%2Flocal%2Fcache-vignette

    Voyez un peu la scène : nuit polaire sur le château de Chambord, Emmanuel Macron se recueille sous les flambeaux en compagnie des présidents des fédérations de chasse française, tous en bottes. En face de la petite troupe, une autre mal en point. Une trentaine de sangliers se vident de leur sang au son des cors. Sublime journée de chasse. Le chef de l’Etat, de passage au domaine pour son anniversaire mi-décembre, tient à saluer un à un les participants.

    Le Président de la République @EmmanuelMacron était au @domainechambord ce soir. Il a salué la contribution de la #chasse à la #nature. pic.twitter.com/m24UVc4G09
    — Chasseurs de France (@ChasseursFrance) December 15, 2017

    « La présence d’un président à Chambord pour le tableau de chasse est une première depuis quarante ans, se félicite Thierry Coste, conseiller du président sur la chasse et la ruralité. Emmanuel Macron n’hésite en rien à utiliser les symboles. Il a compris que "le tableau" parle à tous les passionnés, même dans le plus petit village de France. »

    Depuis la campagne présidentielle, le natif d’Amiens prend grand soin de caresser les chasseurs dans le sens du poil. Le président de la République recevra d’ailleurs jeudi à l’Elysée le patron de la FNC (Fédération nationale des chasseurs), Willy Schraen.

    « Emmanuel Macron avait fait une très grosse impression à notre Congrès [le 14 mars dernier], se souvient le président de la très puissante fédération. Il avait dit qu’il assumerait les chasses présidentielles [officiellement abolies par Jacques Chirac mais toujours pratiquées] plutôt que de les cacher et il les reconnaissait comme faisant partie du patrimoine français. Il avait marqué des points. A lui maintenant de concrétiser. »

    « Macron, c’est un provincial. Un vrai, un Picard »

    Emmanuel Macron serait-il un chasseur né ? Thierry Coste appuie le trait : « Il a un rapport extrêmement sain avec la question pour une raison toute bête : contrairement à l’image qu’on veut lui donner d’un président des villes, c’est un provincial. Un vrai, un Picard. Quand on est d’Amiens, on est imprégné par cet univers. » Un proche du président rectifie le tir :

    « Emmanuel Macron n’est pas un chasseur. Il n’avait jamais vu un tableau de chasse avant novembre. Il ne connaissait pas la chasse, mais il a compris son importance : il considère que ça fait partie du patrimoine et de la ruralité », dit le sénateur François Patriat.

    Cet intérêt nouveau pour la battue est aussi une question de réseau. C’est le sénateur de Côte-d’Or, macroniste de la première heure, qui a présenté son ami Thierry Coste au président. Ce dernier est également lobbyiste auprès… de la FNC.

    Tout ce petit monde connaît bien le sujet. François Patriat, le tout nouveau président du conseil d’orientation du domaine de Chambord, possède d’ailleurs à son palmarès quelques sangliers, cerfs et mouflons. Entre deux photos de trophée, il précise : « Pendant la campagne, j’ai signé au nom d’Emmanuel Macron des engagements, pour discuter des dates de la saison de l’oie et de la popularisation du permis. »
    « La nomination de Hulot a perturbé les chasseurs et les ruraux en général »

    Car Willy Schraen espère des annonces de la part du chef de l’Etat. « C’est une réunion de travail. Il y a des points de crispations. Et un peu de dissonance entre ce que dit l’Elysée et ce qu’il se passe dans les ministères… La chasse à l’oie a semé le trouble. Nicolas Hulot nous a opposé une fin de non-recevoir, ce n’est pas digne d’un ministre de l’Ecologie. »

    La décision de ne pas accorder de dérogation pour prolonger la période de chasse à l’oie au-delà du 31 janvier a entraîné la colère d’un millier de chasseurs, descendus dans la rue au début du mois. Une déclaration de l’ancien animateur télé sur la chasse à courre avait également fait monter la tension fin décembre.

    >> A lire aussi : Nicolas Hulot dénonce une « pratique d’une autre époque »

    « Emmanuel Macron a fait un sans-faute pendant la campagne mais la nomination de Hulot a perturbé les chasseurs et les ruraux en général. Mais, depuis, mis à part quelques points, Nicolas Hulot fait preuve de pragmatisme. Il est d’ailleurs le ministre de tutelle de la chasse française. Il est conscient que le président aime et soutient la chasse », rappelle avec malice Thierry Coste.
    « Laurent Wauquiez est davantage en harmonie avec le monde rural »

    Ce soutien ne fait pas l’unanimité. « Je ne vois pas en quoi les chasses présidentielles ont un quelconque intérêt pour promouvoir la grandeur de la France. Ça vient d’un autre temps, je ne comprends pas trop la position d’Emmanuel Macron sur cette question », s’étonne le député MoDem du Finistère Erwan Balanant.

    Avec 1,2 million de chasseurs en France, la question est aussi très politique. La campagne a montré que cet électorat, difficile à débusquer, est très disputé. D’autant que le parti Chasse, pêche, nature et traditions, qui rassemblait les fusils de droite comme de gauche il y a quinze ans, peine aujourd’hui à exister.

    « Pour l’instant, il n’y a rien de concret pour nous. Cette fameuse rencontre à Chambord, les chasses présidentielles, ça ne nous intéresse pas particulièrement. Nous, c’est la chasse populaire qu’on veut défendre, celle du samedi et du dimanche », grince Erick Marolleau, vice-président du CPNT, désormais associé au parti Les Républicains. « Laurent Wauquiez est davantage en harmonie avec le monde rural. Il suffit de voir ce qu’il a mis en place dans sa région, 3 millions d’euros de subventions pour les chasseurs [en 2016]. »

    #EnMarcheVersAF #chasse #virilité #virilo-carnisme

  • Gérald Darmanin accusé d’« abus de faiblesse », une enquête ouverte - Libération
    http://www.liberation.fr/france/2018/02/14/gerald-darmanin-accuse-d-abus-de-faiblesse-une-enquete-ouverte_1629709

    Déjà visé par une enquête pour viol, Gérald Darmanin est accusé par une habitante de Tourcoing de lui avoir proposé un relogement en échange de faveurs sexuelles.

    Déjà visé par une enquête pour viol, le ministre de l’Action et des Comptes publics fait l’objet d’une deuxième procédure pour des faits présumés à caractère sexuel, affirme le Point ce mercredi. Selon le magazine, une enquête préliminaire a été ouverte par le Parquet de Paris après le dépôt, mardi, d’une plainte pour abus de faiblesse. Domiciliée à Tourcoing, commune du Nord dont Gérald Darmanin a été maire d’avril 2014 à septembre 2017, la plaignante, qui occupait un logement insalubre, se serait vue proposer un relogement en échange de faveurs sexuelles. Elle a été auditionnée par les enquêteurs dans la foulée de son dépôt de plainte. Contactés par Libération, le cabinet et l’avocat du ministre n’ont pas encore donné suite.

    Auprès de l’AFP, le Premier ministre Edouard Philippe a appelé à respecter « la parole du plaignant comme la présomption d’innocence ». Il a réaffirmé la doctrine posée en début de quinquennat, selon laquelle seule une mise en examen doit entraîner le départ d’un ministre mis en cause. Cette règle n’avait cependant pas valu pour les ministres François Bayrou et Richard Ferrand : objets de simples enquêtes, ceux-ci n’en avaient pas moins quitté l’exécutif peu de temps après leur entrée en fonction.

    Fin janvier, le Monde avait déjà révélé l’existence d’une enquête préliminaire pour « viol » à l’encontre du ministre de 35 ans, pour des faits datant de 2009. Gérald Darmanin est accusé par la plaignante de lui avoir imposé une relation sexuelle en échange de son intervention dans un dossier judiciaire. Le ministre a été entendu lundi par les enquêteurs, dans le cadre d’une audition libre. Niant le caractère contraint du rapport, il avait indiqué avoir lui-même porté plainte pour « dénonciation calomnieuse ». Il a reçu, dans cette affaire, le soutien du chef de l’Etat et du Premier ministre. Edouard Philippe avait manifesté « toute sa confiance » à Gérald Darmanin. Quant à Emmanuel Macron, il s’est inquiété mardi soir, devant la presse présidentielle, de l’avènement d’une « République du soupçon ».

    Les nouvelles accusations visant Gérald Darmanin affaire s’ajoute aux soupçons d’abus sexuel visant le ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot. Le magazine Ebdo a notamment rapporté l’existence d’une plainte pour « viol » déposée à son encontre en 2008, et classée sans suite.
    Dominique Albertini

    Le personnage commence à se préciser. Tous des éléments qui dévoilent une personnalité plutôt encline à utiliser son pouvoir dans un but de domination sexuelle. Face à quelqu’un dans un logement insalubre en plus ! On attend quoi pour qu’il subisse le même sort que Ramadan ? J’éprouve une grande admiration pour le courage de ces femmes qui osent raconter ces méfaits. J’espère qu’elles sont bien entourées.
    #Darmanin #viol #domination_masculine #abus_de_faiblesse

  • Hulot pris dans la tourmente d’accusations de #violences_sexuelles
    https://www.mediapart.fr/journal/france/080218/hulot-pris-dans-la-tourmente-d-accusations-de-violences-sexuelles

    Une plainte, classée sans suite, a été déposée en 2008 contre #Nicolas_Hulot pour des faits de violence sexuelle. « Je n’ai rien à me reprocher », répond le ministre de la transition écologique et solidaire, quelques jours après la mise en cause d’un autre membre du #gouvernement, Gérald Darmanin. Nicolas Hulot à la sortie du conseil des ministres, le 8 février. © Reuters

    #France #Ecologie

  • Hulot pris dans la tourmente d’accusations de #violences_sexuelles
    https://www.mediapart.fr/journal/france/080218/hulot-pris-dans-la-tourmente-daccusations-de-violences-sexuelles

    Une plainte, classée sans suite, a été déposée en 2008 contre #Nicolas_Hulot pour des faits de violence sexuelle. « Je n’ai rien à me reprocher », répond le ministre de la transition écologique et solidaire, quelques jours après la mise en cause d’un autre membre du #gouvernement, Gérald Darmanin. Nicolas Hulot à la sortie du conseil des ministres, le 8 février. © Reuters

    #France #Ecologie

  • Accusations contre Hulot : Matignon et l’Elysée soutiennent le ministre
    http://www.leparisien.fr/politique/accusations-contre-hulot-aucune-raison-de-douter-de-sa-parole-selon-edoua

    Le Premier ministre a adressé un « message de soutien » à son ministre, accusé de harcèlement sexuel. L’Elysée a écarté toute démission.

    Là tout de suite on se moque de savoir si Hulot est ou non coupable, gesticulation de #grands_hommes au pouvoir qui s’arcboutent pour défendre le #patriarcat.

    Pour moi, c’est une forme de féminicide symbolique, un message de soutien aux violeurs.

  • News - La vache d’#Hérens contre les attaques du #loup ? En France on y croit - Rhône FM, la radio de l’info en Valais
    http://www.rhonefm.ch/fr/news/la-vache-d-herens-contre-les-attaques-du-loup-en-france-on-y-croit-1004777

    La vache d’Hérens, une réponse aux attaques du loup : en France, des éleveurs y croient.
     
    C’est en tout cas la conviction du président de la race d’Hérens en France, Gilles Dupenloup. Depuis plusieurs années, il mène une étude sur cette vache combattante. Et une conclusion, parmi un troupeau de bovins, la vache d’Hérens ferait fuir le loup et éviterait les attaques.
     
    Les promoteurs de la « vache d’Hérens France » ont sollicité leurs dirigeants. Ils ont écrit entre autre à Nicolas Hulot, Ministre de la Transition Ecologique, en juillet dernier, avec l’intention de proposer la création d’une filière spécialisée dans le futur. Pour l’heure, le ministre n’a pas répondu.
     
    Alors ce qui marche pour les troupeaux de vaches, peut-il être reproduit avec des moutons ? Gilles Dupenloup y songe sérieusement et compte mener l’expérience. Pour le président de la race d’Hérens France, cette pratique pourrait intéresser les régions concernées telles que le Val d’Aoste, la Savoie/haute-Savoie et bien sûr le Valais.
     
    Les différents éleveurs valaisans contactés se montrent sceptiques. Exemple avec Benoit Berguerand, vice-président de la Fédération suisse d’élevage de la race d’Hérens : « Je n’ai jamais entendu parler d’une telle pratique, honnêtement, je doute que cela puisse marcher dans nos régions ».

    #combat_de_reines

  • Pas de bonne résolution cette année.

    Non. Je continue sur ma lancée des années précédentes. Par exemple, au réveil, tout à l’heure, j’ai allumé une clope en attendant que le café chauffe. C’est là que je me suis dit que, décidément non, fallait surtout pas que je me lance dans une énumération de trucs à changer ou à faire pour moi, pour mes proches, pour la planète.

    Cependant, cette année, enfin, ce matin, je me suis surpris à souhaiter que certaines personnes en prennent, et surtout, les mettent en œuvre sans trop tarder, afin de ne pas trop ruiner mon moral, celui des gens que j’aime et contribuent à faire reculer la date de la fin du monde.

    En vrac, comme ça, ce qui m’est venu :

    – Que Manuel Valls se retire définitivement de la vie publique,
    – Que Léa Salamé prenne un peu de recul sur sa pratique professionnelle,
    – Que Nicolas Hulot pète un câble, se rebiffe et déclare publiquement : « Oui, le coup de la chasse à courre, c’est pas mon idée, c’est pour se foutre de la gueule du monde, c’est pour faire diversion, comme ça, on cause pas d’hydrocarbure ni de nucléaire. Je suis un imposteur »,
    – Que @klaus mette un peu plus de contexte en français dans ses recensions germanophones :p (bisous mec),
    – Que @monolecte écrive au moins un billet de blog optimiste ;-) (bisous meuf) (et bon anniv ! :D),
    – Que Jean-Michel Apathie glisse sur une peau de banane (sans forcément se faire mal, hein), histoire qu’il renouvèle un peu ses sketches,
    – Qu’@intempestive écoute la série Calls de Timothée Hochet, si ce n’est déjà fait (Mes hommages, madame),
    – Que La Force ne soit plus avec nous, s’il vous plaît...

    Bref, le café est tiède maintenant, c’est malin.

  • Emmanuel Macron, ou l’oligarchie au pouvoir (2) - Le blog de Bernard Gensane
    http://bernard-gensane.over-blog.com/2017/10/emmanuel-macron-ou-l-oligarchie-au-pouvoir-2.html

    Au diable la flexi-sécurité à la sauce danoise ! Le peuple français va plonger vers une véritable #flexi-pauvreté, un peu comme celle qu’avait connue l’Allemagne après les « réformes » du marché du travail de 2003 à 2005 qui avaient, certes, fait reculer le taux de chômage, mais qui avaient également créé treize millions de nouveaux pauvres avant de produire des millions de retraités à 1 200 euros par mois. Les lobbies financiers vont donc prendre directement le pouvoir économique, avec l’aide des grands médias, propriétés de ce que le communiste Georges Marchais appelait en son temps « le grand capital ». Economique, le projet de Macron est également civilisationnel. La République française doit devenir une start-up nation, sa vie politique étant complètement managérialisée, à l’image du développement de son parti En Marche, la formation la moins démocratique depuis l’après Deuxième Guerre mondiale. Il faudra faire vite car l’adhésion des Français au macronisme ne concerne guère plus de 10% de l’électorat. Selon un sondage Opinionway, Macron (dont la cote de popularité personnelle ne cesse de chuter depuis trois mois) n’a recueilli que 55% d’adhésion directe parmi ses électeurs, 45% l’ayant choisi comme « vote utile » pour éviter un second tour Le Pen-Fillon.

    • Lorsqu’il a pensé ses équipes de direction, son management de la France, Emmanuel Macron a joliment brouillé les cartes en s’adjoignant des personnalités du secteur public et surtout de l’entreprise privée, sans vraiment s’embarrasser de conflits d’intérêts. L’assureur et financier Gilles de Margerie a été nommé directeur de cabinet de la ministre de la Santé. Il saura « réformer » les retraites dans le bon sens et articuler le rôle de l’Assurance-maladie et des assureurs privés. Dans cette optique, le profil de la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, ne manque pas d’intérêt. Brillante professeur de médecine âgée de 55 ans, belle-fille de Simone Veil, elle est proche de grands laboratoires pharmaceutiques qui l’ont rémunérée. Comme par hasard, elle a décidé d’augmenter de trois à onze le nombre de vaccins obligatoires pour les enfants. Son mari dirige l’INSERM (Institut national de la santé et de la recherche médicale), dont la cotutelle politique est le ministère de la Santé. Le gouvernement du Premier ministre Edouard Philippe compte de nombreuses personnalités issues de ce qu’on appelle désormais la « société civile » (on disait autrefois « la population active »). Parmi elles, le très médiatisé militant écologiste et animateur de télévision Nicolas Hulot – qui avait flirté un temps avec les équipes de Jean-Luc Mélenchon avant de voter Hamon au premier tour de la Présidentielle – comme ministre de la Transition écologique et solidaire. Le ministre de l’Education nationale est Jean-Michel Blanquer, ancien directeur de l’Ecole supérieure des sciences économiques et commerciales (ESSEC), première école de commerce française à s’associer aux grandes entreprises pour créer des chaires d’entreprise. Le jeune entrepreneur Mounir Mahjoubi (exemple remarquable de l’intégration réussie d’un immigré de deuxième génération) est nommé secrétaire d’Etat chargé du numérique. Il a rejoint le mouvement de Macron en janvier 2017 après avoir été proche de Ségolène Royal puis de François Hollande. Antoine Foucher symbolise, à lui seul, la pénétration du ministère du Travail par les patrons : il fut directeur général adjoint du Medef, avant de rejoindre Schneider Electric. Il est désormais directeur de cabinet de la ministre du Travail Muriel Pénicaud. Il lui reviendra la tâche de piloter les contre-réformes hostiles aux travailleurs. Muriel Pénicaud, fut elle-même directrice des ressources humaines de Danone puis de Dassault Systèmes. Chez Danone, elle organisa, malgré des bénéfices pour l’entreprise de près de deux milliards d’euros, un licenciement massif qui fit grimper le cours de ses propres stock-options. Dans les milieux patronaux et syndicaux, elle est connue comme une spécialiste du lean management, la gestion sans graisse, au plus juste, qui vise à accroître les marges au détriment de l’emploi et des conditions de travail.

      Macron rime avec clarification

      Quoi qu’il lui arrive, Macron aura été très utile à la France. En précipitant la fin d’un parti socialiste acquis depuis des décennies aux lois d’airain du capitalisme financiarisé, il aura opéré une vraie clarification du spectre politique français. Il aura ouvert, peut-être pas un boulevard, mais en tout cas une belle avenue à la gauche de gauche : la France insoumise, les communistes, et tous ceux pour qui le combat écologique est forcément articulé à une vraie transformation économique et sociale. Et il aura offert la preuve que les banques dirigent effectivement le pays, sans la caution, sans l’intermédiaire, des deux grandes formations politiques traditionnelles.

  • Les 7 millionnaires du #gouvernement et... les véhicules polluants de M. Hulot
    https://www.mediapart.fr/journal/france/161217/les-7-millionnaires-du-gouvernement-et-les-vehicules-polluants-de-m-hulot

    La #Haute_autorité_pour_la_transparence_de_la_vie_publique vient de publier les déclarations de #patrimoine des membres du gouvernement. On dénombre plusieurs millionnaires issus de la société civile. Plus inattendus, les véhicules du ministre de la transition écologique #Nicolas_Hulot font mauvais genre. Nicolas Hulot sortant d’une voiture en mai 2017 © Reuters/Benoît Tessier

    #France #Edouard_Philippe #Emmanuel_Macron #Françoise_Nyssen #Gérard_Darmanin #Muriel_Pénicaud

  • Les 7 millionnaires du #gouvernement et... les 9 véhicules polluants de M. Hulot
    https://www.mediapart.fr/journal/france/161217/les-7-millionnaires-du-gouvernement-et-les-9-vehicules-polluants-de-m-hulo

    La #Haute_autorité_pour_la_transparence_de_la_vie_publique vient de publier les déclarations de #patrimoine des membres du gouvernement. On dénombre plusieurs millionnaires issus de la société civile. Plus inattendus, les véhicules du ministre de la transition écologique #Nicolas_Hulot font mauvais genre. Nicolas Hulot sortant d’une voiture en mai 2017 © Reuters/Benoît Tessier

    #France #Edouard_Philippe #Emmanuel_Macron #Françoise_Nyssen #Gérard_Darmanin #Muriel_Pénicaud

  • Nucléaire : EDF va prolonger la durée de vie de ses centrales | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/economie/291117/nucleaire-edf-va-prolonger-la-duree-de-vie-de-ses-centrales?onglet=full

    Si un·e automobiliste oublie le contrôle technique de sa voiture, la police peut l’immobiliser. Si EDF omet de soumettre ses réacteurs nucléaires au réexamen complet de sûreté obligatoire à 40 ans, pourquoi peuvent-ils continuer à tourner ?

    Le vieillissement des centrales nucléaires est le point aveugle de l’annonce par Nicolas Hulot du report après 2025 de l’abaissement de la part du nucléaire dans la production d’électricité. Construites en rafales à partir de 1977 (Fessenheim), les centrales approchent de la quarantaine. Trente-quatre réacteurs sur un total de 58 auront 40 ans avant 2025. Historiquement, ils ont été autorisés sans limitation de durée de fonctionnement.

    Déjà complexe, ce processus fait aujourd’hui face à une sérieuse difficulté : l’ASN ne pourra pas rendre son avis générique sur la prolongation des réacteurs nucléaires en 2018, comme cela était prévu. « Il doit être rendu en 2020, a expliqué son président, Pierre-Franck Chevet, devant les députés début novembre. Il faudra attendre l’année suivante, 2021, pour qu’il devienne une prescription juridiquement opposable. » Pourquoi ? « C’est un travail de très grande ampleur, explique à Mediapart Julien Collet, directeur général adjoint de l’ASN. Le réexamen dure plusieurs années. EDF nous a transmis des éléments et en transmettra d’autres. Par rapport au planning prévu, cela a pris quelques mois de retard. Ça décale d’autant la fin de l’instruction. » Devant les députés, Pierre-Franck Chevet a expliqué que « les questions se sont avérées particulièrement compliquées, nécessitant du travail d’abord chez EDF. Il y a une partie qu’on attend de leur part. Et c’est l’arrivée de ces dossiers qui conditionne ensuite notre prise de position ».

    Autrement dit, les retards de l’exploitant empêchent l’autorité de sûreté d’assurer le contrôle des centrales nucléaires à la date prévue par la loi. Or, en l’absence de l’avis générique de l’ASN, impossible de conclure les réexamens de sûreté des vieux réacteurs. Pourtant, dans la loi, rien n’oblige EDF à fermer ses réacteurs le temps que leur visite des 40 ans se soit déroulée en entier. Or d’ici à la fin de l’année 2021, 22 réacteurs auront atteint la quarantaine. Et selon le calendrier légal, le réexamen de six d’entre eux devra être terminé : les deux tranches de Fessenheim (censées fermer à l’ouverture de l’EPR de Flamanville), deux autres au Bugey (Ain) et les deux dernières à Tricastin (Drôme et Vaucluse).

    Quelques mois plus tard, en octobre, EDF déclare un autre défaut générique, non identifié jusque-là. Il concerne cette fois-ci les stations de pompage qui servent à refroidir les réacteurs nucléaires. Elles ne résisteraient pas en cas de séisme sur 29 réacteurs du parc. L’incident a, lui aussi, été classé au niveau 2 sur l’échelle INES. « Depuis des mois ou des années, plus des deux tiers du parc étaient sans qu’on le sache sous la menace d’une panne totale d’alimentation électrique ou de refroidissement en cas de séisme de forte intensité », analyse Yves Marignac, pour qui « c’est d’autant plus inquiétant que ces diesels de secours et stations de pompage étaient au cœur des préoccupations dans le cadre des évaluations complémentaires de sûreté qui ont été menées après la catastrophe de Fukushima ».

    Il y a quelques années, EDF prévoyait de les utiliser pendant quarante ans, puis de les remplacer par des réacteurs de nouvelle génération, par exemple des EPR. Mais en 2009, le groupe change de stratégie et annonce vouloir les exploiter « significativement au-delà de 40 ans ».❞

    Privatisation et sécurité peuvent-ils faire bon ménage ? Demandez à Tepco des nouvelles...

    « Je n’ai jamais été aussi inquiet d’un risque grave d’accident sur une installation, considère Yves Marignac. Il y a un problème systémique majeur : le système d’évaluation et de contrôle de la sûreté a été pensé et développé dans les années 1970, 1980 et 1990, à une époque où les choses étaient fondamentalement différentes. Avec la loi de 2006, on a créé une autorité indépendante, l’ASN. En même temps, EDF s’est vu doté d’un statut privé de société anonyme. À partir de là, les intérêts de la sûreté et les intérêts industriels sont devenus indépendants les uns des autres. Mais le fonctionnement n’a pas été adapté. Aujourd’hui, l’ensemble de la chaîne de sûreté est défaillante à un point inacceptable. »

    #Nucléaire

  • Revue de presse du jour comprenant l’actualité nationale et internationale de ce mercredi 8 novembre 2017
    https://www.crashdebug.fr/revue-de-presse/14161-revue-de-presse-du-jour-comprenant-l-actualite-nationale-et-interna

    Bonjour à toutes et à tous, nous sommes le mercredi 8 novembre 2017, et voici notre habituelle Revue de presse, comme d’habitude en complément, la Defcon Room, se tient à votre disposition.

    Bonne lecture, bonne journée, et merci de votre confiance.

    L’Amourfou / Contributeur anonyme / Chalouette

    Actualités françaises :

    08.11.2017

    Subventions : les associations de consommateurs en danger ? (FranceTvInfo.fr)

    Nicolas Hulot abandonne l’objectif de réduire le nucléaire de 50 % d’ici 2025 (Atlantico.fr)

    Assemblée nationale : les députés au régime sec (FranceTvInfo.fr)

    07.11.2017

    Carte grise et permis de conduire : désormais, tout se passe en ligne (Le Figaro.fr)

    L’Assemblée vote la surtaxe exceptionnelle sur les grandes sociétés (Le Point.fr)

    Irma : de nouvelles aides pour Saint-Martin et (...)

  • Entretien avec François Asselineau – Questions d’actualité n° 52 du 1er novembre 2017. « Catalogne – Italie – Brexit – Outre-mer – Russie – USA – Irak – Uluru » (UPR)
    https://www.crashdebug.fr/diversifion/14144-entretien-avec-francois-asselineau-questions-d-actualite-n-52-du-1e

    Source : UPR.fr

    Informations complémentaires :

    Crashdebug.fr : Entretien avec François Asselineau – Questions d’actualité n° 51 du 19 octobre 2017. « Jugeons l’UE avec ses retombées : Industrielle, sociale, et environnementale » (UPR)

    Crashdebug.fr : De Pompidou à Macron, le système Rothschild tire toujours profit de la dette publique...

    Crashdebug.fr : Dette publique et « loi Rothschild » : la cécité volontaire des médias

    Crashdebug.fr : Plage de La Baule : Nicolas Hulot tranche en faveur de Veolia, mécène de l’une de ses fondations

    Crashdebug.fr : La France vend son patrimoine à des états plus endettés...

    Crashdebug.fr : Le fantôme de Charles De Gaulle nous rappelle aimablement, une des raisons de cette crise désormais métastatique en 1" 52 Chrono...

    Crashdebug.fr : Dette de la France (...)

  • Les insectes disparaissent... mais un nouveau pesticide tueur d’abeilles va être commercialisé ! | Le Bon Sens
    https://le-bon-sens.com/2017/10/31/insectes-disparaissent-un-nouveau-pesticide-tueur-dabeilles-etre-commer

    Selon une étude publiée le 18 octobre dernier par la revue PlosOne,plus de 75% des insectes volants ont disparu au cours des 30 dernières années. Une disparition massive qui aurait également des impacts en cascade sur de nombreuses autres espèces, compte tenu de la place des insectes dans la chaîne alimentaire.

    Les chercheurs ayant mené cette étude se sont basés sur l’analyse de 63 aires protégées en Allemagne depuis 1989. Leurs chiffres rejoignent ceux obtenus par des chercheurs du CNRS en France, qui constatent par exemple une disparition de 85% de la population d’une espèce de carabidé (Poecilus cupreus) au cours des 23 dernières années sur une zone d’observation située dans les Deux-Sèvres.
    Les pesticides responsables ?

    En procédant par éliminations successives, les chercheurs se rejoignent sur un point : la cause la plus probable de disparition des populations d’insectes est l’utilisation de pesticides dans l’agriculture chimique.

    Pourtant, c’est au lendemain même de la publication par PlosOne de cette étude au long cours qu’a été autorisée la mise sur le marché d’un nouveau pesticide : le sulfoxaflor. Il s’agit, selon l’Union nationale de l’apiculture française (UNAF), d’un pesticide néonicotinoïde extrêmement dangereux pour les abeilles. Et lorsque les apiculteurs ont interrogé le cabinet du ministre de l’écologie, Nicolas Hulot, sur cette mise sur le marché, « ils ont eu l’air surpris, cette autorisation aurait été décidée dans leur dos », si l’on en croit les propos de Gilles Lanio, président de l’UNAF, rapportés par Le Monde.

  • Nicolas Hulot va-t-il avaler la nouvelle couleuvre du prolongement de la #licence du #glyphosate ?
    http://reformeraujourdhui.blogspot.com/2017/10/nicolas-hulot-va-t-il-avaler-la.html

    Au printemps 2016, pour sortir de l’impasse et éviter un vide juridique, la Commission de Bruxelles avait temporairement prolongé de 18 mois la licence du glyphosate qui arrivait à expiration. Cette autorisation de prolongation s’achève fin décembre 2017 et le renouvellement de la licence fait l’objet d’un nouveau débat à Bruxelles… Depuis les années 2000, des voix de plus en plus nombreuses s’élèvent pour dénoncer la nocivité du glyphosate sur l’environnement comme sur la santé. De l’Amérique latine à l’Europe, les preuves scientifiques pleuvent. En 2012, l’étude du professeur Gilles-Éric Séralini sur la toxicité à long-terme du Roundup fait grand bruit avant que le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), qui dépend de l’OMS, classe le glyphosate parmi les cancérogènes probables pour (...)

    #pesticides #tribunal

    • #paywall alors :

      Pesticides « tueurs d’abeilles » : une nouvelle couleuvre majeure pour Nicolas Hulot ?
      Coralie Schaub, Libération, le 19 octobre 2017
      http://www.liberation.fr/france/2017/10/19/pesticides-tueurs-d-abeilles-une-nouvelle-couleuvre-majeure-pour-nicolas-

      Un nouveau pesticide neonicotinoïde, le sulfoxaflor, vient d’être autorisé en catimini en France, vidant leur interdiction de sa substance. Leur toxicité est pourtant en cause dans l’effondrement des populations d’insectes, et leurs effets nocifs sur la santé humaine inquiètent.

      C’est une nouvelle bombe dans le dossier décidément ultra-explosif des pesticides. Pendant que tous les projecteurs sont braqués sur le glyphosate, la très toxique substance active de l’herbicide Roundup de Monsanto qui doit être réautorisée (ou pas) dans l’Union Européenne, les industriels n’oublient pas d’avancer leurs pions sur les tout aussi toxiques néonicotinoïdes, une autre famille de pesticides dits « tueurs d’abeilles », et dont l’impact sur notre santé inquiète de plus en plus. Et ils viennent de remporter une victoire majeure, mettant dans l’embarras le ministre de la Transition écologique et solidaire Nicolas Hulot.
      Interdiction des néonicotinoïdes « vidée de sa substance »

      L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement, et du travail (Anses), a en effet autorisé en septembre la mise sur le marché en France de deux pesticides (le Closer sur plusieurs fruits, légumes et plantes vertes, et le Transform sur des céréales à paille et sur le lin) contenant du sulfoxaflor, une molécule produite par l’entreprise américaine Dow AgroSciences. Or, mine de rien, ces deux autorisations « vident de sa substance l’interdiction des néonicotinoïdes » à partir du 1er septembre 2018 prévue par la loi sur la biodiversité de 2016 (un engagement que le candidat Macron avait pourtant promis de maintenir), s’alarment les apiculteurs de l’Union nationale de l’apiculture française (Unaf). Ces derniers ont découvert l’affaire mardi, au détour d’un rendez-vous à l’Anses pour faire le point sur cette interdiction.

      « C’est extrêmement grave, nous sommes révoltés, abasourdis, assommés », a lancé Gilles Lanio, le Président de l’Unaf, jeudi matin, lors d’une conférence de presse prévue de longue date pour alerter une énième fois sur une année catastrophique pour les abeilles (la récolte de miel en 2017 est à nouveau inférieure à 10 000 tonnes) et présenter un rapport très complet, détaillant comment les butineuses sont toujours largement exposées aux néonicotinoïdes, encouragés par le système agricole français.

      Et Gilles Lanio de s’expliquer : « A notre grande surprise, nous avons appris avant-hier qu’on va a priori arrêter l’usage des néonicotinoïdes, mais qu’on va les remplacer par un nouveau néonicotinoïde, le sulfoxaflor ! On nous dit : "C’est vrai, c’est un neurotoxique, il agit de la même façon, mais ça n’est pas un néonicotinoïde." C’est faux ! On se moque de nous, je n’en reviens pas. C’est scandaleux, honteux et irresponsable. Cela s’est fait en catimini, je ne sais pas qui a fait ce coup-là, mais c’est pas mal… »
      « Hautement toxique pour les abeilles »

      L’astuce est bien trouvée. Comme le fait Dow AgroSciences, il suffit de nier le fait que le sulfoxaflor est un néonicotinoïde, puisque ces derniers ont désormais mauvaise presse. Omniprésents dans l’environnement et dans le corps humain (leurs effets sur le développement du cerveau, en particulier des enfants, inquiètent notamment de plus en plus), ils sont aussi présents dans 75% des miels produits dans le monde. Et ce sont eux qui seraient les principaux responsables de l’effondrement de 80% en trente ans des populations d’insectes en Europe, comme le suggère une étude publiée mercredi dans la revue PLoS One.

      Pourtant, « plusieurs publications scientifiques établissent que le sulfoxaflor appartient bien à la famille des néonicotinoïdes », insiste l’UNAF. Dans un avis rendu en mai 2014, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), qui n’est pourtant pas connue pour être alarmiste (et c’est un euphémisme), a qualifié l’insecticide de « hautement toxique pour les abeilles ». Et en septembre 2015, une décision de justice américaine, annulant l’autorisation du sulfoxaflor à la demande d’apiculteurs et d’ONG, lui reconnaissait aussi l’appartenance à la famille des néonicotinoïdes.

      Gilles Lanio ne décolère pas : « On alerte l’Anses sur les dangers de cette molécule depuis 2015, ils nous ont dit : "Ne vous inquiétez pas, on ne va pas l’autoriser, et de toute façon on vous tiendra informés." On leur a reposé la question il y a quelques mois, tout allait pour le mieux. Et là, on apprend que l’affaire est passée en catimini. L’Anses avait aussi la possibilité de lancer une consultation du public sur le sujet, elle ne l’a pas fait. C’est scandaleux, triste, pitoyable. »

      L’Unaf s’inquiète aussi du fait que le sulfoxaflor soit mis sur le marché alors qu’aucune étude n’a été menée sur sa teneur dans les pollens et nectars des fleurs. Or, avance le syndicat d’apiculteurs, cette molécule a toutes les chances de s’y trouver, puisqu’elle est systémique, comme les autres néonicotinoïdes : une fois absorbée par la plante, elle circule jusque dans sa fleur. Comme elle a une longue persistance dans la plante, on pourrait même en retrouver des résidus dans les récoltes.
      « Double langage »

      « Plus de vingt ans après l’arrivée des néonicotinoïdes en France en 1994, on continue de les homologuer à la légère en disant : "On verra bien après !", s’insurge Henri Clément, le porte-parole de l’Unaf. On mettra ensuite dix ou quinze ans à retirer ces produits toxiques et pendant ce temps, chaque année, il y aura 300 000 à 400 000 colonies d’abeilles qui mourront, sans compter l’impact sur les eaux, les pollinisateurs, etc. »

      L’affaire est d’autant plus scandaleuse, selon lui, « qu’on est toujours dans le double langage. D’un côté le gouvernement dit : "On préserve l’environnement, les abeilles, on prend soin de la nature et de votre santé", et puis, par-derrière on poursuit cette politique d’agrochimie, avec tous les impacts qu’elle peut avoir sur le plan environnemental, de la santé etc. C’est inacceptable, pitoyable, pathétique et irresponsable, c’est un manque de courage des pouvoirs publics qui est lamentable, un manque de responsabilité vis-à-vis de l’avenir et des générations futures ».
      « En démocratie, ce ne sont pas les lobbys qui gouvernent »

      L’Unaf demande à obtenir les données sur lesquelles s’est basée l’Anses pour autoriser les produits Closer et Transform. Et demande à ce que le sulfoxaflor – ainsi qu’un autre « néonic » non encore autorisé, le flupyradifurone – « soient intégrés de toute urgence dans le projet de décret définissant les substances actives de la famille des néonicotinoïdes présentes dans les pesticides, afin que l’interdiction prévue dans la loi biodiversité couvre cette molécule ».

      Or, selon l’ancienne ministre de l’Ecologie de François Hollande et actuelle députée PS Delphine Batho, en pointe dans la lutte contre les néonicotinoïdes, ce projet de décret – dont la publication serait prévue dans les prochains jours, sans le sulfoxaflor – n’a tout simplement pas lieu d’être. « La loi sur la biodiversité dit que les produits à base de néonicotinoïdes seront interdits à partir de 2018, avec des dérogations possibles jusqu’au 1er juillet 2020, mais elle ne dit pas que le gouvernement doit prendre un décret pour dire quelles substances – ou molécules – entrant dans la composition de ces produits sont des néonicotonoïdes. Cette liste n’a pas de raison d’exister car la réglementation des substances est de la compétence européenne. Il s’agit d’un stratagème des firmes pour contourner la loi interdisant les néonicotinoïdes », explique-t-elle à Libération.

      Delphine Batho poursuit : « Cette affaire ne date pas de ce matin. Depuis des semaines, on savait que ce projet de décret est très sujet à caution, c’est une peau de banane destinée à ce qu’on ait des problèmes avec l’Europe. Et en plus, comme par hasard, le sulfoxaflor n’y figure pas. Je demande le retrait immédiat de l’autorisation de l’Anses des deux pesticides qui en contiennent. Nicolas Hulot doit réagir vivement et faire respecter la loi et l’esprit de la loi, car en démocratie, ce ne sont pas les lobbys qui gouvernent. »
      Embarras et couacs

      « Dès qu’on a appris l’autorisation de mise sur le marché de l’Anses, on a contacté le cabinet de Hulot, raconte Gilles Lannio. Ils sont franchement embarrassés, apparemment eux aussi se seraient fait surprendre. Je ne m’explique pas cela. On entend un président de la République qui dit : "Je veux mettre tout le monde en ordre, on évite les couacs." Si ça n’en est pas un…. On peut se demander aujourd’hui s’il y a un pilote dans l’avion sur ces sujets. »

      Au cabinet de Nicolas Hulot, on confirme que le ministre a bel et bien apposé sa signature sur le décret, aux côtés de ses collègues de l’Agriculture et de la Santé, ce texte « permettant de sécuriser l’interdiction des néonicotinoïdes, pour qu’elle soit opérationnelle au niveau européen ». Quant à l’autorisation des deux produits contenant du sulfoxaflor par l’Anses, le ministère de la Transition écologique « savait que c’était dans les tuyaux » : « Cela ne nous plaît pas du tout, donc on cherche des solutions ». Une réaction officielle est prévue ce vendredi.

      Fin juin, le premier « couac » gouvernemental, et premier bras de fer entre Nicolas Hulot et l’un de ses collègues, avait concerné… les néonicotinoïdes. Le ministre de l’Agriculture Stéphane Travert avait dit vouloir revenir sur leur interdiction, aussitôt contredit par Nicolas Hulot. Le Premier ministre Edouard Philippe avait apparemment donné raison à ce dernier… tout en laissant la porte ouverte aux lobbys.

      « La question politique de fond, la voici : quel est le pouvoir du ministère de l’Environnement par rapport au ministère de l’Agriculture ? interroge Henri Clément. Depuis vingt-cinq ans, en règle générale, c’est toujours le ministère de l’Agriculture et sa cohorte de la FNSEA qui a le pouvoir sur toutes les décisions du monde agricole. Soyons clairs : dire l’inverse est une aberration. Nicolas Hulot est ministre d’Etat, on aimerait bien qu’il arrive à s’imposer face à Travert. » S’il ne le faisait pas, sur cette nouvelle affaire, ce ne serait pas une couleuvre, qu’il avalerait, mais un anaconda.

  • "Notre maison brûle et nous votons ailleurs",

    Tribune pour expliquer en quoi les reculs sur la loi Nicolas Hulot sur les hydrocarbures sont aussi problématiques sur le fond que du point de vue de ce qu’ils signifient : à chaque fois qu’il s’agit de restreindre la liberté d’entreprendre, le droit commercial et de l’investissement au nom de l’urgence climatique, l’Etat et le gouvernement reculent. En creux, voilà donc ce qui doit définir l’agenda de la lutte contre les dérèglements climatiques dans les mois à venir.

    http://www.huffingtonpost.fr/maxime-combes/les-reculs-sur-le-projet-de-loi-hulot-prouvent-que-notre-maison-brule

    #hydrocarbures #LoiHulot #Gazdeschiste

  • Entretien avec François Asselineau – Questions d’actualité n° 49 du 27 septembre 2017 (Partie 1) : Alstom-Siemens, budget, Macron et la « refondation de l’Europe », Sénatoriales (UPR)
    https://www.crashdebug.fr/diversifion/14048-entretien-avec-francois-asselineau-questions-d-actualite-n-49-du-27

    Un entretien que j’ai trouvé de bonne facture, (meilleur que le dernier), franchement ça fait du bien de sortir de la propagande médiatique.

    Source : UPR.fr via Contributeur anonyme

    Informations complémentaires :

    Crashdebug.fr : UPR et François Asselineau : Les Preuves accablantes de la Censure du système…

    Crashdebug.fr : CSG et cotisations : voici le gain de salaire net que vous aurez finalement en 2018

    Crashdebug.fr : Taxe d’habitation : en 2018, pas de suppression mais 30 % de réduction

    Crashdebug.fr : Mertzwiller : forcés à déménager pour loger des migrants ?

    Crashdebug.fr : Plage de La Baule : Nicolas Hulot tranche en faveur de Veolia, mécène de l’une de ses fondations

    Crashdebug.fr : La France vend son patrimoine à des états plus endettés...

    Crashdebug.fr : Le fantôme de (...)